Regardez "On refait le monde" avec Sandrine Josso, députée Les Démocrates de Loire-Atlantique (7e circonscription), Paul Vannier, député La France insoumise-Nouveau Front Populaire du Val-d'Oise (5e circonscription), Isabelle Saporta, éditorialiste politique, Philippe de Maria, chef de bureau régional RTL Grande Aquitaine, et Arnaud Gallais, activiste des droits des enfants, co-fondateur de MouvEnfants.
Regardez On refait le monde avec Yves Calvi du 19 février 2025.
Regardez On refait le monde avec Yves Calvi du 19 février 2025.
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00:00Yves Galvy. On refait le monde jusqu'à 20h sur RTL.
00:05Plus les jours passent et plus les plaintes s'accumulent.
00:08Ce sont désormais plus de 130 personnes qui ont saisi la justice pour des faits de violences physiques et sexuelles commises à Notre-Dame de Beth Haram,
00:15cet établissement scolaire catholique des Pyrénées-Atlantiques.
00:18François Bayrou, qui a scolarisé, je vous le rappelle, ses enfants, assurait la semaine dernière, devant l'Assemblée Nationale,
00:25n'avoir jamais été averti des faits qui ont donné lieu à des plaintes ou à des signalements.
00:30Le Premier ministre estime, au contraire, depuis hier, que si faute il y avait, pardonnez-moi, c'est davantage celle des ministres socialistes qui lui ont succédé,
00:40en l'occurrence Elisabeth Guigou, Claude Allègre ou encore Ségolène Royal.
00:43Qui était au courant de ce qui se passait derrière les murs de Beth Haram ?
00:47L'éducation nationale, la justice ont-elles failli ?
00:49Pour en parler avec nous ce soir, Sandrine Jossot, qui est députée modem de Loire-Atlantique.
00:53Bonsoir Madame Jossot.
00:55Isabelle Saporta, journaliste politique, éditorialiste sur RTL.
00:58Bonsoir Isabelle.
01:00Christian Mirand, juste d'instruction, chargé de l'affaire des accusations de violences physiques et sexuelles à Notre-Dame de Beth Haram en 1998.
01:07Vous êtes à distance et nous vous donnerons la parole dans un instant, Monsieur Mirand.
01:10Merci de nous avoir rejoints.
01:12Paul Vannier, député France Insoumise du Val-d'Oise.
01:14Et Philippe Demaria, le correspondant d'RTL dans le Sud-Ouest.
01:19Mais tout d'abord ceci.
01:20C'était bouleversant, purement et simplement l'expression de la vérité.
01:24De la vérité de vie dont toutes ont été atteintes et certaines sans doute ont été brisées.
01:31Alors est-ce qu'on aurait dû s'en apercevoir avant ?
01:34À coup sûr, bien sûr, évidemment.
01:36J'ai dit que je ne savais pas.
01:38Je savais pour cette plainte qui avait été posée sur une claque des séduits sexuels.
01:45Je n'avais jamais entendu parler et mes enfants étaient élèves dans la séduction.
01:50Bonsoir Philippe Demaria, François Bayrou.
01:52Bonsoir.
01:53À votre micro.
01:54C'était samedi après-midi, après un échange de trois heures et demie avec quelques-unes des victimes de Notre-Dame de Bétharham.
02:01L'affaire qui a pris depuis quelques jours une importante dimension politique et médiatique.
02:07Rappelez-nous Philippe, elle démarre quand cette affaire ?
02:10Tout démarre en fait Yves par un lanceur d'alerte.
02:13Il s'appelle Alain Esquerre.
02:15C'est un ancien élève de Bétharham.
02:17Il a été frappé régulièrement par un surveillant.
02:21Alors au fil des ans, en grandissant, Alain Esquerre tente de faire éclater la vérité.
02:25Mais ça n'imprime pas.
02:26Et en 2023, il croise son tortionnaire dans les rues de son village.
02:30C'est insupportable pour lui.
02:32Et là, il décide de fédérer, de réunir les victimes.
02:35Il ouvre sur un célèbre réseau social une page qui s'appelle « Les anciens du collège et lycée de Bétharham, victimes de l'institution ».
02:42C'est le terrible succès, si j'ose dire.
02:45C'est un déferlement de témoignages.
02:47« Enfin, je ne suis plus seul », dira Alain Esquerre.
02:50Il y a des dizaines d'anciens élèves qui racontent leurs histoires de coups, de tabassages, de viols.
02:56C'est un déferlement d'horreur.
02:58Et évidemment, ces témoignages sont recueillis officiellement et transmis à la justice.
03:02Donc l'enquête s'est accélérée aujourd'hui.
03:04Trois personnes sont en garde à vue.
03:06Oui, c'est le procureur de Pau, Rodolphe Jarry, qui communique à 14h.
03:10Les gendarmes de la section de recherche de Pau ont procédé cet après-midi à l'interpellation et au placement en garde à vue de trois hommes de 94, 70 et 60 ans.
03:19Des chefs de viols aggravés, agressions sexuelles aggravées et ou violences aggravées,
03:24susceptibles d'avoir été commis entre 1957 et 2004 au sein de l'établissement scolaire Notre-Dame de Bétharham.
03:33Ce sont donc les tout derniers développements.
03:35Mais l'enquête est active depuis un an.
03:37Donc 132 plaintes à l'heure actuelle.
03:39Les gendarmes ont mené près d'une centaine d'auditions.
03:42Et le dossier n'attend plus que l'ouverture d'une information judiciaire.
03:45Et donc la nomination d'un juge d'instruction, c'est très important.
03:49132 plaintes.
03:50Paul Vanier, c'est vous qui avez interpellé le Premier ministre, je le rappelle la semaine dernière à l'Assemblée nationale,
03:55quand il dit, et il l'a répété samedi, qu'il n'aurait jamais mis ses enfants dans cet établissement en connaissant la gravité des faits reprochés.
04:03Comment réagissez-vous et comment comprenez-vous cette affirmation ?
04:07Avec un profond malaise parce que les enfants de François Bayrou étaient scolarisés dans l'établissement avant la révélation des premiers faits en 1996.
04:15Et donc cette affaire de famille, le regard de lui, ses enfants, sa femme,
04:19moi ce que j'interroge c'est la responsabilité d'un Premier ministre qui fut ministre de l'éducation nationale,
04:24qui fut président du conseil général en charge de la protection de l'enfance,
04:28et qui informait en 1996 de faits de violences physiques, en 1998 de faits de violences sexuelles, de viols sur mineurs,
04:34ne fait rien. Ne fait rien alors qu'il a les moyens de faire et que si François Bayrou était intervenu à l'époque,
04:40s'il avait par exemple cassé le contrat d'association, s'il avait pris des mesures,
04:43et bien on peut imaginer que ceux qui ont été ensuite pendant des décennies encore victimes de ces violeurs en série,
04:49victimes de ces pédocriminels, auraient échappé à toutes ces violences.
04:53Je suis profondément écœuré par l'attitude de François Bayrou, qui a menti devant les députés à trois reprises,
04:58qui a menti devant les victimes aussi à peau, en prétendant par exemple, devant elle, devant la presse,
05:03ne pas connaître le père Caricard, qui était le directeur de l'établissement,
05:07le directeur de l'établissement dans lequel ses enfants étaient scolarisés,
05:10et cette déclaration ne résiste pas à celle du gendarme enquêteur,
05:14qui dimanche sur TF1 indiquait que François Bayrou était intervenu auprès du procureur général en 1998
05:20pour se saisir du dossier du père Caricard, car Caricard c'est donc qu'il le connaissait.
05:24François Bayrou a menti depuis mardi, il a changé quatre fois sa version.
05:27Il est le premier ministre de la France, il a menti devant des députés, il a menti devant des victimes,
05:31des victimes qu'il a reçues là, il y a quelques jours après les avoir ignorées pendant 30 ans.
05:35Parce que pendant 30 ans, elles ont appelé auprès de lui à se faire entendre, à ce que leur sort soit reconnu,
05:41et il a choisi pendant 30 ans de les ignorer, de les mépriser par son silence.
05:45Christian Miranda, vous avez été juge d'instruction, vous avez enquêté sur l'affaire,
05:49qu'est-ce qu'il vous paraît important ce soir de dire aux auditeurs d'RTL ?
05:55Eh bien sur les faits dont j'avais été saisi, je ne peux dire que ce que j'ai déjà dit à maintes reprises,
06:03que j'avais été saisi à l'époque d'une information judiciaire faite par le procureur de la République de Pau,
06:12qui avait ouvert l'information à mon cabinet.
06:15Il faut savoir qu'on était deux juges d'instruction et à tour de rôle de permanence.
06:21Donc j'étais ce jour-là de permanence et le dossier m'est échoué.
06:26À partir de là, l'information était ouverte contre X.
06:32J'avais donné une commission brugatoire à la section des recherches de gendarmerie de Pau,
06:41ceux-là même qui apparemment aujourd'hui ont en garde à vue trois personnes.
06:46Et à partir de là, l'enquête a démarré et a permis d'entendre la première victime à Bordeaux.
06:55Pardonnez-moi, je vous interromps.
06:57À l'époque, est-ce que vous avez rencontré François Bayrou ?
07:00Est-ce que vous l'avez informé de votre enquête et de votre travail ?
07:04Alors, il faut savoir qu'à l'époque, les médias locaux,
07:10c'est-à-dire l'épisode suivant, c'est que les gendarmes en poursuivant l'enquête
07:15ont entendu la première victime, l'ont confrontée avec Caricard
07:21dans le cadre de ma commission brugatoire.
07:23La victime étant venue à Pau à la gare et ils l'ont récupérée à la gare.
07:33À partir de là, il y avait un nom sur Caricard
07:38et qui m'a été présenté par la SR, par le gendarme.
07:43Il a été inculpé, mis en détention à la suite du réquisitoire du procureur de la République
07:54et mis en détention.
07:56Je rappelle que vous, pardonnez-moi, pour nos auditeurs,
07:58parce que cette affaire est un peu compliquée, pardonnez-moi de vous interrompre,
08:01que nous parlons du directeur de Notre-Dame de Bétarame
08:04accusé d'avoir violé deux élèves.
08:06C'est ça. Lui seul.
08:09Et à ce moment-là, je n'ai pas rencontré M. Bayrou.
08:13Simplement, il faut savoir que quand j'ai mis en détention Caricard,
08:19il a fait très rapidement une demande de mise en liberté que j'ai refusée.
08:25Il a fait appel et c'est la chambre d'accusation de la cour d'appel de Pau
08:30qui a eu à traiter sa demande.
08:33Sa demande de remise en liberté a été acceptée, apparemment.
08:41Il me semble que j'ai entendu dire que ça avait été fait sur les réquisitions du parquet général
08:49et à partir de là, Caricard a été exfiltré et il est parti au Vatican,
08:58ce qui paraissait être, je dirais, c'est le sentiment que j'avais eu à l'époque, comme une promotion.
09:04Donc, M. Bayrou, dont j'étais le voisin, est venu me voir.
09:14Excusez-moi, M. le juge, justement, samedi lors de sa conférence de presse
09:19et après avoir rencontré les victimes, le Premier ministre a dit qu'il avait rencontré le juge,
09:24vous donc, de façon fortuite, en tant que voisin.
09:27C'est de façon fortuite en tant que voisin qui s'est adressé à vous
09:31ou il vous a appelé, il s'est passé quelque chose de plus concret ?
09:35Alors, concrètement, parce que j'en ai un bon souvenir, il est venu me voir.
09:42Mais ce n'était pas fortuit.
09:44Donc, ce n'était pas fortuit, il est venu vous voir.
09:46Et M. le juge, je peux me permettre...
09:48Qu'il ait oublié les circonstances ne me surprend pas.
09:51Et là, on a parlé, il a commencé par me dire que l'un de ses enfants y était élève.
09:59Et tout ce qu'il savait, tout ce dont on a parlé,
10:02c'est ce que les médias avaient déjà exposé largement,
10:07puisque l'arrestation et la mise en examen de Karikar
10:12avaient bousculé un peu l'opinion locale.
10:17Il a fait pression sur vous ou pas ?
10:20Pardon ?
10:21Il a fait pression sur vous ?
10:22Pas du tout, non.
10:24Non, non, loin de là, non.
10:26Non, non, je lui ai simplement dit que son fils n'était pas concerné.
10:32Je l'ai rassuré.
10:34J'ai probablement dû lui dire que j'avais mis Karikar en détention,
10:40puisque la presse en était déjà fait l'écho.
10:43C'est-à-dire qu'à aucun moment je me suis bien gardé
10:46d'aborder le secret d'instruction, c'est-à-dire le fond du dossier.
10:50Je ne lui ai pas dit ce qu'il y avait dans le dossier,
10:53mais simplement confirmer ce que les médias avaient exposé déjà.
10:58Le député Paul Vannier vous pose une question.
11:01Bonsoir Monsieur le Juge.
11:02Oui, bonsoir.
11:04François Bayrou indique qu'il est venu vous rencontrer fortuitement
11:08et vous venez de confirmer que c'est à sa demande que vous l'avez vu.
11:11François Bayrou indique aussi que le moment où il vous rencontre
11:14est situé après la libération du père Karikar,
11:17et je crois que dans la presse vous aviez déjà indiqué
11:20que cette rencontre a lieu avant sa libération.
11:23Qu'en est-il de cette chronologie ?
11:25Vous savez, à ce moment-là, les choses se sont passées
11:28dans un laps de temps très court.
11:31Karikar, à peine dix jours,
11:38et c'est dans cet intervalle-là que j'ai eu la visite de Monsieur Bayrou.
11:44Entre temps et ou concomitamment, il a été remis en liberté.
11:51Je ne saurais vous dire si c'était avant que Bayrou vienne me voir ou après.
11:58On marque une première pause dans cette émission
12:00et on se retrouve avec nos invités dans quelques instants
12:02et après le rappel des titres.
12:04Yves Calvi, on refait le monde sur RTL.
12:07RTL, s'informer ensemble.
12:11Il est 19h30.
12:13RTL, soir, on refait le monde.
12:15Avec Yves Calvi.
12:16Le rappel de l'actualité avec vous, Rachel Sadodit.
12:18Donald Trump qualifie Volodymyr Zelensky de dictateur sans élection.
12:22C'est tout simplement faux et dangereux,
12:25la réaction ce soir du chancelier allemand Olaf Scholz.
12:28Après une nouvelle réunion sur la situation en Ukraine cet après-midi à l'Elysée,
12:32Emmanuel Macron annonce ce soir qu'il se rendra à Washington
12:35avec le Premier ministre britannique la semaine prochaine.
12:38Les toutes dernières analyses du pape montrent une légère amélioration de son état de santé
12:43selon le Vatican.
12:44Hospitalisé depuis six jours, François souffre d'une pneumonie aux deux poumons.
12:49La première ministre italienne lui a rendu visite cet après-midi.
12:52D'après elle, le pape est alerte et plaisante même.
12:55PSG-Brest barrage retour de la Ligue des Champions.
12:58Le coup d'envoi c'est dans une heure et demie.
13:00Les Parisiens ont trois buts d'avance.
13:02Les Bretons vont tenter l'exploit pour espérer se hisser en huitième de finale.
13:05Match à vivre en direct et en intégralité sur rtl.fr et l'application RTL.
13:09Merci Rachel Sanodine.
13:10Dans moins de 30 minutes, on retrouve Faustine Bollard pour son émission Héros.
13:13Et oui, ce soir une enquête passionnante autour d'un secret de famille.
13:16À 18 ans, Eric découvre qu'il est né sous X.
13:19Il décide alors de partir à la recherche de ses origines.
13:22Un voyage qui va l'emmener jusqu'au bout du monde avec quelques surprises en chemin.
13:27Rendez-vous à 20h avec Faustine Bollard.
13:29On vous retrouve à 20h pour plus de titres de l'actualité.
13:36On refait le monde sur RTL.
13:38Avec la députée Madame Delors-Atlantique, Sandrine Jossot.
13:41Isabelle Saporta, qui est journaliste politique et éditorialiste à RTL.
13:45Le juge d'instruction, Christian Miranda, chargé de l'affaire des accusations,
13:49des accusations de violences physiques et sexuelles à Notre-Dame-Bétarame en 1998.
13:54Et le député France Insoumise du Val-d'Oise, Paul Vannier.
13:58Nous sommes aussi avec Philippe Demarien, notre correspondant dans le Sud-Ouest.
14:03Monsieur Miranda, avez-vous été informé d'abus sexuels en tant que tel à l'époque où vous menez votre enquête ?
14:12Oui, puisque l'information a été ouverte pour viols et agressions sexuelles.
14:18Donc forcément, par le réquisitoire du procureur de la République, j'ai été informé.
14:26Et au moment où François Bayrou vient vous trouver, vous lui en parlez ?
14:31Alors, je lui en parle.
14:33Déjà, je ne me souviens pas si, quand il est venu me voir,
14:38Caricat était toujours détenu ou s'il avait été remis en liberté.
14:43Je vous disais tout à l'heure que cela s'est passé dans un laps de temps très court.
14:49Alors, il est venu me voir à propos de cette affaire,
14:54sachant que les médias locaux en avaient fait des grandes pages.
15:01Je ne puis que lui confirmer ce que la presse disait.
15:05Voilà, je n'ai pas été plus avant dans ce que je lui ai dit sur ce dossier.
15:10Vous avez senti un homme perturbé ?
15:14Franchement, oui. Oui.
15:19Parce que ce n'est pas le genre de François Bayrou.
15:22Moi qui l'ai très régulièrement interviewé, il a de l'aplomb.
15:26Et donc, vous, vous le voyez dans une situation où vous voyez un homme
15:30qui est au cœur d'un sentiment extrêmement varié et qui l'impressionne.
15:37On s'est bien compris.
15:39Oui, et d'autant qu'il n'y croyait pas.
15:43Il disait mais ce n'est pas possible, ce n'est pas possible.
15:46Bon, malheureusement, je lui ai dit que les faits n'étaient pas tant établis.
15:53Vous êtes parfaitement clair.
15:54Sandrine Jossot, députée Modem, comment vivez-vous toute cette affaire
15:58et les informations que l'on découvre ces derniers jours ?
16:02Moi, je pense surtout aux victimes parce que Bétarame, finalement, c'était quoi ?
16:07C'est le musée de l'horreur.
16:11Donc, il y a ça.
16:12Et puis, pour les enfants.
16:16Et on va dire, ils commencent à être nombreux à accepter de parler.
16:24Mais je sais aussi que quand on est victime, parfois, on n'a plus la force de parler.
16:31Et des taurométrismes comme ça, les châtiments corporels, les violences sexuelles,
16:38en fait, ce sont des petites morts.
16:42On tue les enfants.
16:44C'est ça, en fait.
16:45Et aujourd'hui, ce qu'on constate, c'est que pendant des décennies,
16:53on a appliqué ce qu'on appelle le détournement du regard.
16:59On ferme les yeux.
17:01Et puis, on dit, il ne faut pas faire de vagues.
17:07Je ne m'en mêle pas.
17:09Sauf qu'à force de ne pas vouloir faire de vagues,
17:13qu'est-ce qui se passe aujourd'hui ?
17:14Eh bien, on a un tsunami.
17:17On est en train de parler quand même du leader du parti politique
17:19dans lequel vous vous êtes engagé.
17:23Comment vivez-vous, vous-même, à titre personnel en ce moment,
17:28le comportement et les informations qu'on commence à avoir
17:32sur le rôle de votre leader politique depuis de nombreuses années ?
17:35Je suis très à l'aise sur ce sujet parce que moi, j'ai toujours dit les choses.
17:41Je pense que c'est important quand on est femme, homme politique,
17:47de dire les choses.
17:49Ça demande aussi d'avoir une certaine forme de force,
17:56d'engagement sur des sujets.
17:58Moi, il sait très bien, François Payrou, que je suis du côté des victimes
18:03parce que les victimes, depuis trop de temps, sont seules.
18:09Il faut aujourd'hui incarner le maximum de choses
18:16qui sera en faveur de toutes ces personnes,
18:19enfants, victimes, femmes, hommes, victimes de violences.
18:25Et qui aujourd'hui incarne ?
18:27Eh bien, en fait, peu de personnes, mais il faut le faire.
18:31Et c'est important de le faire.
18:33Et je me sens tout à fait en cohérence.
18:35Et je suis très à l'aise de pouvoir le faire.
18:39Et je continuerai à le faire du mieux possible
18:42parce que sinon, ces victimes, elles sont dans un enfer du silence.
18:46Et c'est terrible pour elles.
18:48Aujourd'hui, certains voient l'enfer de la vérité.
18:51Eh bien, cet enfer, il est là aujourd'hui.
18:54Il va falloir qu'on fasse des choses concrètes
18:57parce que ça ne peut plus tenir comme ça.
18:59Philippe Demaria, quels sont finalement les témoignages
19:02que vous avez pu recueillir, vous, correspondant d'Hertel dans le sud-ouest ?
19:06Ce sont des hommes de 40, 50, 60 ans, des hommes, tous.
19:11Ils sont très dignes.
19:12Ils étaient neufs à rencontrer François Bayrou.
19:14Je me souviens d'un de ces hommes
19:16qui a été véritablement torturé par un surveillant
19:19sur une longue période à Bétarame.
19:21Lui, il évoque évidemment son traumatisme,
19:23les coups, évidemment, lorsqu'il était enfant.
19:25Et pour lui, la plus grande peur,
19:28c'était que ses enfants et ses petits-enfants
19:32tombent sur le même style de détraqué,
19:35comme il le disait lui-même.
19:36Il avait des mots d'ailleurs un petit peu plus fleuris pour le dire.
19:39Et ça a été sa peur toute sa vie.
19:41C'est-à-dire, c'est un homme de 70 ans,
19:43et depuis donc 60 ans, puisqu'il a été torturé à cet âge-là,
19:46eh bien, il avait cette peur qu'il y ait une répétition dans sa famille,
19:52qu'encore une fois, ses enfants, ses petits-enfants,
19:55voient face à une telle horreur, une telle terreur,
19:58à l'âge qu'il avait, lui, lorsque ça lui est arrivé.
20:00– Philippe, vous avez employé deux fois le terme de torture,
20:03ce sont les termes qu'employait le témoin que vous avez rencontré,
20:06cet homme de 70 ans.
20:07– Oui, parce qu'un tabassage régulier d'un enfant sans défense
20:12sous les yeux de ses camarades,
20:14au bout d'un moment, c'est de la maltraitance.
20:17Et oui, je pense que la torture n'est pas très très loin quand même,
20:22en tout cas, ce qui ressort de ces 132 plaintes pour le moment,
20:27c'est le caractère habituel,
20:29c'est-à-dire qu'il y a une répétition dans l'horreur.
20:32Si ça, c'est pas, si on ne peut pas...
20:35Alors, torture, peut-être que ça ne sera pas le qualificatif
20:38qui sera retenu par l'information judiciaire, on verra ça,
20:41ça sera le temps judiciaire.
20:43Mais en tout cas, ce que disent ces personnes-là,
20:45c'est qu'effectivement, véritablement, c'était de la torture.
20:48J'ai rencontré une autre personne, beaucoup plus jeune,
20:51qui est originaire de Bordeaux, une autre victime.
20:54Lui me dit carrément, je suis en train de vous raconter
20:57ce que j'ai vécu, les coups, les baffes, les tortures,
21:00les tabassages, mais j'ai oublié plein de choses.
21:04J'ai des blackouts, c'est-à-dire que cette personne,
21:07cette victime, sait qu'elle est elle-même,
21:10comme elle est victime de quelque chose d'habituel
21:15et qu'elle a les mêmes symptômes qu'une personne
21:18qui a vécu des scènes de guerre avec des blackouts,
21:21c'est-à-dire des souvenirs complètement effacés.
21:23On marque une nouvelle pause dans cette émission
21:26et nous serons dans quelques instants avec une victime
21:29en direct au téléphone.
21:32Jusqu'à 20h, Yves Kelvy refait le monde sur RTL.
21:38RTL soir, on refait le monde avec Yves Kelvy.
21:42Et nous invitez pour commenter cette actualité
21:44tout à fait dramatique et inquiétante.
21:46J'ai fait un rapport qui ne tient pas la route.
21:48C'est ce que reconnaît aujourd'hui l'ancien inspecteur d'académie
21:51chez nos confrères de Radio France.
21:53C'est lui qui avait enquêté à l'époque sur l'établissement en 1996
21:56et estimé que Notre-Dame de Bétarame n'était pas un établissement
21:59où les élèves étaient brutalisés.
22:01Ça traduit peut-être aussi, Paul Vanier,
22:05un climat et une capacité à dire les choses,
22:08ou en tout cas, je ne dirais pas les enfouir,
22:11mais en quelque sorte ne pas oser utiliser les termes
22:13de ce qui se passait réellement.
22:15En tout cas, il est très bizarre ce rapport.
22:17D'abord, il est très bref.
22:18Il fait trois pages, un rapport d'inspection sur un établissement
22:21comme ça, dans un contexte aussi grave, ça fait plutôt 30 pages.
22:24Là, c'est un inspecteur seul qui se rend une journée seulement sur place.
22:27En pareille circonstance, on envoie une équipe.
22:30Il reste plusieurs jours, ils vont cribler l'établissement.
22:32Là, il va rencontrer à peine une vingtaine de personnes
22:34et il ne rencontre pas notamment l'enseignante lanceuse d'alerte
22:37qui fait passer le message qu'il y a des violences dans l'établissement.
22:40Ce rapport, il est très bizarre parce qu'il a à la fois des conclusions
22:42qui sont plutôt indulgentes pour l'établissement,
22:44mais en même temps, dedans, quand on le lit,
22:46il décrit des châtiments corporels qui sont insupportables.
22:48Il décrit par exemple le châtiment du perron,
22:50c'est-à-dire des enfants qui sont mis dans la cour,
22:52la nuit, nus, pour les punir.
22:54Le rapport dit qu'il y a des élèves surveillants,
22:56des élèves chargés de surveiller les autres élèves.
22:58Le rapport dit qu'il y a des problèmes dans la conception de la discipline.
23:01Et imaginez que François Bayrou, il est ministre de l'Éducation,
23:03il reçoit ce rapport sur son bureau, il connaît l'établissement,
23:05ses enfants sont scolarisés, et il sait qu'il y a déjà un père
23:08en 96, qui a porté une plainte parce que son enfant,
23:11il a pris une gifle, un coup de la part d'un surveillant qui l'a rendu sourd.
23:14Et François Bayrou, il lit ce rapport,
23:16et il lit cette description de châtiment terrible.
23:18Et il ne fait rien.
23:20Et il ne fait rien.
23:21Et c'est là où il y a quelque chose qui
23:23vraiment pose gravement question,
23:25à la fois sur le silence de François Bayrou sur ces faits très graves,
23:28mais aussi sur son inaction.
23:30Et c'est sans doute l'explication de ces mensonges répétés depuis 10 jours maintenant.
23:33Ces mensonges cherchent à dissimuler son inaction,
23:36prenant connaissance de faits extrêmement graves,
23:38alors qu'il avait les moyens de les faire cesser.
23:40Vous avez déjà eu cette analyse d'Isabelle Saporta ?
23:42Écoutez-moi, tout ce qu'on entend depuis ce soir,
23:44avec le juge Miranda,
23:46tout ce qui a été mis au jour,
23:48c'est toujours un petit peu la même histoire au fond.
23:50On a des notables de province,
23:52avec un pensionnat, une école,
23:54qui était une école où tous les enfants de notables de province étaient,
23:56qui se tiennent en fait.
23:58Le juge, quand il vous dit, il est venu me voir.
24:00Il n'est pas venu au détour, le juge Miranda.
24:02Il est venu me voir, et il n'y croyait pas.
24:04Il n'a pas envie d'y croire.
24:06Le scandale serait bien trop grand.
24:08C'est toujours la même chose.
24:10C'est toujours le risque du scandale.
24:12Ils s'en foutent.
24:14Ils s'en foutent des enfants.
24:16Il y a une différence entre couvrir une baffe et couvrir des viols.
24:18Je suis entièrement d'accord,
24:20mais qu'est-ce que vous dit le juge Miranda ?
24:22Je ne veux pas y croire. Il ne voulait pas y croire.
24:24Et c'est toujours la même chose.
24:26Sandrine Josso, tout à l'heure, avant cette émission, vous me disiez
24:28la force qu'il m'a fallu au fond
24:30pour affronter le regard des autres
24:32et leur dire que ça se passe comme ça.
24:34On ne veut pas voir, on ne veut pas savoir.
24:36Quand cet inspecteur d'académie dit
24:38aujourd'hui je regrette,
24:40il a 88 ans.
24:42Cette histoire s'est passée en 1996.
24:44En 1996, il ne fait pas ce qu'il faut.
24:4610 ans de sévices supplémentaires pour les enfants.
24:48Si vous voulez ce qu'il faut,
24:50c'est que demain, la peur change de camp.
24:52C'est-à-dire que les gens aient peur
24:54de couvrir ces choses ignobles.
24:56Demain,
24:58on ferme ces établissements,
25:00qu'il y ait une dissolution de ces établissements
25:02dès qu'on est au courant
25:04et qu'en fait, on poursuive
25:06ceux qui ont couvert, ceux qui ont regardé ailleurs.
25:08Parce qu'en fait, ça n'est plus possible,
25:10on est en 2025 aujourd'hui, ça n'est plus possible
25:12de continuer à regarder ailleurs
25:14et de voir des gens qui ont 94 ans.
25:16Parce que les trois prévenus, il y en a un de 70,
25:18un de 60, un de 94 ans
25:20avec des histoires qui ont
25:2270 ans.
25:24Vous vous rendez compte ? C'est-à-dire que demain,
25:26si ça se trouve, il y a des enfants aujourd'hui qui sont en train de se faire violer.
25:28Pas forcément là, ça peut être à l'ASE,
25:30ça peut être à l'Aide sociale à l'enfance,
25:32dans une colonie de vacances, ça peut être n'importe où
25:34et on va attendre encore 70 ans pour les écouter ?
25:36Nous sommes en tout cas
25:38en ligne avec une victime
25:40qui a été dans cet établissement.
25:42Bonsoir Pascal, merci beaucoup de prendre
25:44la parole sur l'antenne d'Airtel
25:46ce soir.
25:48En quelques mots, est-ce que vous
25:50pouvez nous expliquer ce que vous avez
25:52subi dans cet établissement ?
25:58Pascal ?
26:00Alors visiblement, nous, la liaison
26:02n'est pas établie,
26:04on revérifie. Pascal, est-ce que vous êtes
26:06bien avec nous ? Est-ce que vous m'entendez ? Yves Calvi
26:08sur Airtel. Voilà.
26:10Donc on l'avait avec nous il y a quelques instants, on va essayer de
26:12le recontacter.
26:14Je vous voyais quasiment
26:16désespéré Sandrine Josseau
26:18en entendant l'ensemble des témoignages
26:20que nous avons ce soir
26:22et la découverte au fur et à mesure
26:24de plus en plus importante de ce qui s'est passé
26:26dans cet établissement.
26:28Une chose très importante,
26:30tout le monde dans cette région
26:32voulait, enfin,
26:34espérait en tout cas pouvoir inscrire
26:36ses enfants dans cette école.
26:38Moi, c'est ce qui me frappe depuis le début,
26:40c'est-à-dire qu'on a l'impression que c'est l'endroit où de toute façon
26:42on devait inscrire ses enfants.
26:44Des notables qui se tiennent par la barbichette ?
26:46Alors, des notables qui se tiennent par la barbichette,
26:48ça vous semble rendre compte de la situation ?
26:50Madame la députée ?
26:52Moi, je pense que
26:54il y a beaucoup de choses.
26:56Il y a une sorte
26:58d'immaturité
27:02dans la société
27:04qui a perduré pendant
27:06nombreuses années par rapport aux violences.
27:08Les violences,
27:10en fait, c'était
27:12normal.
27:14Les enfants, par exemple,
27:16il fallait les dresser.
27:18On entend
27:20encore ça. Moi, j'habite dans un
27:22territoire avec
27:24des endroits où on est en ruralité
27:26mais j'ai déjà entendu
27:28ça, moi, dans les campagnes
27:30que
27:32voilà,
27:34la force par
27:36le dressage
27:38des enfants.
27:40C'est comme ça qu'on voit
27:42encore les choses parfois
27:44et c'est plus
27:46entendable des violences pareilles.
27:48Un enfant, ça ne se
27:50dresse pas, mais
27:52certaines personnes, malheureusement,
27:54continuent parce que
27:56de génération en génération, on leur a
27:58dit qu'il fallait faire comme ça.
28:00Et aujourd'hui,
28:02on comprend que quand on fait comme ça,
28:04en fait,
28:06on bousille des vies.
28:08C'est ça, aujourd'hui.
28:10En tout cas, nous avons recueilli le témoignage
28:12de quelqu'un qui habitait dans la région
28:14et il semblerait qu'on disait aux enfants
28:16en gros, si tu ne te comportes pas comme il faut,
28:18on va t'inscrire à Betaram.
28:20C'était la menace, la pire qu'on pouvait faire
28:22dans la région. Donc, en effet, il y avait une connaissance
28:24absolue et générale,
28:26si ce n'est de ce qui s'y passait,
28:28en tout cas, qu'il s'y passait de drôles de choses.
28:30Pascal a été sur place,
28:32élève
28:34sur place. On va le retrouver dans quelques
28:36instants.
28:46Nous allons donner la parole maintenant à Pascal,
28:48l'un des élèves de cet établissement
28:50dont vous entendez tous parler maintenant,
28:52depuis une petite semaine.
28:54Pascal, merci de prendre la parole ce soir
28:56sur RTL. Expliquez-nous en quelques mots
28:58ce que vous avez vécu là-bas
29:00et surtout, si vous en aviez la moindre idée,
29:02en tout cas, avant d'arriver dans l'établissement.
29:04Bonsoir.
29:06Je suis Pascal. En effet, j'étais élève dans l'établissement
29:08de 83 à 86.
29:10J'avais, à ce moment-là, 14 ans
29:12quand j'y suis rentré.
29:14Je suis rentré là-bas, comme le disait
29:16votre interlocutrice
29:18tout à l'heure, qui disait,
29:20pour me faire redresser, entre guillemets,
29:22je ne travaillais pas à l'école, j'étais un peu dissipé,
29:24donc à partir de là, il fallait me dresser.
29:26Voilà.
29:28Le but d'aller là-bas, à la base,
29:30c'était ça. Je savais que ce serait dur,
29:32que ce serait forcément plus difficile que dans un
29:34collège public normal
29:36d'Air-Sur-Adour, où j'étais avant.
29:38Mais rien de particulier, que je ne m'attendais
29:40pas à ça. Mais pardonnez-moi,
29:42à l'époque, on ne parlait pas de Notre-Dame de Bétarame
29:44comme l'endroit où on allait, enfin,
29:46quasiment d'une maison de redressement, où on envoyait
29:48ses gosses quand ça n'allait pas. Il y avait des enfants
29:50de milieux très différents. Ce n'est pas une maison
29:52de correction. Vous comprenez ce que je veux dire.
29:54Non, non, non. Absolument.
29:56Non, non, ce n'était pas une maison de correction.
29:58On savait que c'était un collège
30:00et un lycée qui étaient difficiles.
30:02Il fallait étudier. Mais
30:04c'était quand même, à la base, une école
30:06d'excellence, où il y avait d'excellents
30:08résultats, normalement, au bout.
30:10C'est ce que vous avez observé
30:12en y faisant une partie de vos études ?
30:14Alors, observer,
30:16on sort très vite de ce contexte-là,
30:18malheureusement. C'est-à-dire qu'en effet,
30:20quand on entre là-dedans, on est plein d'espoir,
30:22et on se dit, voilà, ma vie va commencer maintenant.
30:24Je l'ai mal débutée,
30:26j'ai une chance peut-être d'y arriver maintenant.
30:28Et en fait, en étant
30:30interne, et c'est là,
30:32toute la différence se fait là. Quand on est interne,
30:34en fait, on ne vit pas ça du tout de la même manière.
30:36Alors, bien sûr, il y a des études forcées,
30:38du soir, du matin,
30:40mais là, jusque-là, il n'y a rien de bien grave.
30:42C'est juste pour nous obliger
30:44à travailler, donc ça, jusque-là, tout va bien.
30:46Mais après, c'est la violence,
30:48c'est la vraie violence psychologique
30:50et physique qui rentre en jeu.
30:52Et malheureusement, après,
30:54tout ce qui est violence sexuelle.
30:56Et dans les deux cas, vous y avez été confronté,
30:58si ce n'est vous, en tout cas,
31:00vous saviez que c'était en train
31:02de se passer dans votre établissement
31:04à l'époque où vous y étiez, nous sommes bien d'accord.
31:06Absolument, puisque
31:08la violence psychique était
31:10de toute façon quotidienne,
31:12la violence physique était
31:14au moins une fois par semaine. Donc, quand je dis
31:16violence physique, entendons-nous bien,
31:18on est dans les années 80, prendre une tournion
31:20ou une beigne, ça ne choque personne.
31:22On est bien d'accord, il faut mettre les choses dans leur
31:24contexte, malheureusement.
31:26Mais par contre, après...
31:28Une beigne de la part de qui, à l'époque ?
31:30D'un surveillant, je veux dire,
31:32c'est une gifle. Même moi, je veux dire,
31:34à ce moment-là...
31:36Ça ne vous surprenait même pas ?
31:38Non, même pas. Parce que
31:40par rapport à ce qu'on pouvait voir, je veux dire,
31:42autour de nous, moi j'ai pris une beigne,
31:44mais ce n'est vraiment pas grand-chose.
31:46Mais qu'est-ce qu'on voyait du coup ?
31:48On voyait des tournions,
31:50on voyait vraiment des...
31:52C'était des violences gratuites.
31:54J'ai vu mon collègue,
31:56mon voisin de table, puisque
31:58c'était le bureau avec des tables
32:00qui se lèvent avec nos affaires à l'intérieur,
32:02qui a pris un coup de...
32:04Comment dirais-je ?
32:06De table, parce qu'il l'a levée,
32:08parce qu'il n'avait pas son bouquet pour faire les maths.
32:10Ils lui ont fermé la table sur les doigts, c'est ça en fait ?
32:12Pas sur les doigts, là c'était sur la tête.
32:14Ils lui ont collé dans le visage.
32:16Violemment.
32:18Et puis c'était...
32:20Il ne fallait juste rien dire.
32:22C'était un silence de mort,
32:24il ne fallait juste rien dire.
32:26Ce qui est frappant, Christian Miron,
32:28je rappelle que vous êtes juge d'instruction,
32:30justement, de silence
32:32qui s'est quand même imposé pendant des années et des années
32:34dans une communauté
32:36où il y avait des enfants qui étaient victimes
32:38et visiblement,
32:40ça ne choquait personne, en tout cas,
32:42ça n'a fait réagir personne.
32:44Moi, pour ma part,
32:46j'étais au courant
32:48de la réputation
32:50de l'Estelle Bétharame,
32:52en ce sens que
32:54les gens savaient
32:56qu'il y avait une grande rigueur,
32:58une grande discipline
33:00et que les résultats
33:02scolaires
33:04étaient brillants,
33:06notamment des réussites aux examens,
33:08aux concours, etc.
33:10Mais à part ça, je dirais moi,
33:12dans mon coin,
33:14j'ignorais qu'il ait pu se passer
33:16autant de choses.
33:18Je n'en ai découvert qu'une partie.
33:20Tante Leparquet
33:22a ouvert une information judiciaire
33:24contre X pour viol.
33:26Ce n'est qu'à ce moment-là
33:28que j'ai découvert une partie
33:30du problème.
33:34Mais quand le père de famille,
33:36je sais que vous, vous n'étiez pas saisis de cette affaire,
33:38mais quand le père de famille, déjà en 1996,
33:40disait « mon fils a perdu 40% de son audition,
33:42il va voir les professeurs,
33:44tout le monde tourne le dos »
33:46et quand il était en train de tracter devant l'école
33:48en disant « c'est insupportable »,
33:50il y avait quand même une omerta de tous les locaux.
33:52Oui, je me souviens bien de cela
33:54parce que les journaux locaux
33:56s'en étaient saisis.
33:58Et l'avocat de l'institution,
34:00c'était Maître Legrand,
34:02avait fait même une intervention
34:04dans un journal local
34:06pour relativiser
34:08l'incident.
34:10Je m'en souviens bien de ça.
34:12Mais à partir de là, moi,
34:14je ne peux rien dire de plus.
34:16Avant 1998.
34:18Paul Vanier.
34:20En juin 1998,
34:22où j'ai été saisi du dossier.
34:24Paul Vanier,
34:26quelles sont les suites qu'il faut donner à ce qu'on découvre en ce moment ?
34:28La démission du Premier ministre.
34:30Parce que le Premier ministre,
34:32dans ses responsabilités passées, successives,
34:34de Ministre de l'Éducation, de Président du Conseil Général
34:36de députés, il a été député 20 ans
34:38de la circonscription où se trouve Bétarame.
34:40A menti à l'Assemblée Nationale,
34:42trois fois. Mardi, il y a huit jours,
34:44il disait, je le cite, « n'avoir jamais
34:46été informé de quelconque violence
34:48que ce soit, a fortiori de violences sexuelles ».
34:50Et le juge Miranda vient de nous dire qu'en
34:521998, il l'informe directement
34:54de faits de viol et il dit que
34:56les faits ne sont pas tant avérés. Ce sont les mots qu'il a
34:58employés. Donc M. Bayrou, à l'époque, est Président
35:00du Conseil Général, en charge de la protection de l'enfance.
35:02Il sait, il ne fait rien, comme il n'a
35:04rien fait deux ans plus tôt, en ayant reçu
35:06le rapport de l'inspection sur les violences physiques
35:08cette fois pratiquées à Bétarame.
35:10Donc il doit démissionner, ça me paraît être
35:12évident. Et après, le cas Bayrou,
35:14parce que j'aimerais qu'on passe à autre chose,
35:16il y a la question de ces violences, il y a la question
35:18des établissements privés sous contrat, des défaillances
35:20du contrôle, des modalités du contrôle
35:22par les services de l'État, parce que comment comprendre
35:24que pendant 60 ans, dans cet établissement, autant
35:26de crimes, autant de victimes, sans qu'aucun
35:28service de l'État, ni du côté de
35:30l'Éducation Nationale, ni du côté de la Préfecture,
35:32il y ait une détection,
35:34il y ait une intervention, et que ces crimes
35:36durent aussi longtemps avec des générations d'enfants ravagés.
35:38Il va falloir travailler. Ce matin, une commission
35:40d'enquête parlementaire a été votée.
35:42Elle est lancée, cette commission ? Elle est lancée, j'en ai fait la
35:44proposition. Elle a été votée par les membres
35:46de la commission, il reste quelques étapes, mais je crois qu'elle va
35:48se mettre en place, elle va pouvoir travailler, et elle va
35:50devoir investiguer. Elles seront aussi interrogées,
35:52Monsieur... Pardonnez-moi, Madame
35:54Guigou, ou les autres noms
35:56qui ont été cités ? Pour l'instant, les rapporteurs
35:58de cette commission ne sont pas désignés, ce sera à eux de faire
36:00ce... Non, mais est-ce que vous souhaitez qu'on fasse ce travail ?
36:02Je souhaite que toute la lumière soit faite, entièrement,
36:04sur tous les aspects de ces
36:06questions, et que, surtout, on en tire des
36:08conclusions, qu'on fasse éventuellement évoluer
36:10la législation pour qu'il n'y ait plus de Bétharame,
36:12pour qu'il n'y ait pas d'autres Bétharame.
36:14Mais pour qu'il n'y en ait pas d'autres, cela commence par
36:16que le chef du gouvernement cesse de mentir
36:18comme il le fait, et qu'il assume ses responsabilités.
36:20Je ne...
36:22Les siennes, pas d'autres, pas celles d'éventuellement
36:24d'autres acteurs qui auraient des choses à se reprocher,
36:26mais les siennes, et elles sont graves,
36:28ces responsabilités à Monsieur Bayrou.
36:30J'imagine que vous ne me direz pas autre chose,
36:32Sandrine Chausseau ?
36:34Moi, ce que j'ai envie de dire, c'est que
36:36ces sujets,
36:38ça nous regarde tous.
36:40Pourquoi ? Parce qu'il y a
36:42plein d'endroits où on instaure un climat
36:44de terreur pour que les gens ne parlent pas.
36:46Et malheureusement,
36:48les personnes sont enfermées dans un système
36:50avec des tactiques,
36:52et évidemment,
36:54à Bétharame,
36:56on constate tout ça, mais il y a plein d'autres
36:58endroits où toutes ces
37:00techniques de contrôle, de terreur
37:02qui permettent finalement
37:04d'accepter la violence,
37:06eh bien, aujourd'hui,
37:08ce n'est plus accepté dans la société.
37:10Il va falloir concrètement mettre
37:12des choses en place et se battre pour y arriver.
37:14Merci infiniment les uns et les autres
37:16d'avoir participé à cette émission.
37:18RTL, il est 20h.