Cela fait plus de 60 ans que la question se pose, que les brouilles succèdent aux réconciliations face à un régime obsédé par sa relation avec l'ancien colonisateur et qui appuie sur le ressentiment anti-français à chaque fois qu'il veut ressouder autour de lui.
Retrouvez « L'édito politique de Patrick Cohen » sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-edito-politique
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00:00« Le 7-10 sur France Inter ». L'édito politique Patrick Cohen, Bruno
00:07Retailleau, l'Algérie et les coups de menton.
00:09Comment faire avec l'Algérie ? Plus de 60 ans que la question nous est posée que
00:13les bruits succèdent aux réconciliations, les coups de froid au réchauffement face
00:17à un régime obsédé par sa relation avec l'ancien colonisateur et qui appuie sur
00:21le ressentiment anti-français à chaque fois qu'il veut ressouder autour de lui.
00:25Mais la crise, cette fois, n'a jamais été aussi profonde.
00:28Entre la reconnaissance par la France de la souveraineté marocaine sur le Sahara fin
00:32juillet et le refus par l'Algérie d'admettre sur son sol l'un de ses ressortissants expulsés
00:37pour propos violents il y a deux semaines, il y eut, mi-novembre, l'emprisonnement
00:42pour délit d'opinion d'un écrivain franco-algérien âgé et malade, Boadem Sansal,
00:47dans ce qui ressemble à la prise d'otage d'un combattant de la liberté.
00:51« L'Algérie que nous aimons entre dans une histoire qui la déshonore », avait
00:55dit Emmanuel Macron début janvier, et l'évocation de ce déshonneur avait suscité une nouvelle
00:59bordée d'invectifs de l'autre côté de la Méditerranée.
01:02Alors, que faire avec l'Algérie ? Si vous demandez au gouvernement, ça dépend
01:05si vous vous adressez au GoodCop ou au BadCop, c'est un peu comme dans un commissariat
01:09mais cela compose une invraisemblable cacophonie.
01:12GoodCop, le chef de la diplomatie Jean-Noël Barraud, qui fait de la diplomatie, il est
01:17là pour ça, il se dit prêt à aller à Alger pour aplanir les difficultés et fustige
01:23les effets de manches et de plateaux.
01:25Tiens, sur la même ligne, le ministre de la Défense, Sébastien Lecornu, qui était
01:29ici il y a deux jours et qui a sous son autorité le chef de la DGSE, Nicolas Lerner, dont le
01:33Figaro nous apprend qu'il vient de renouer le lien avec Alger lors d'une visite éclair.
01:38Mais c'est encore le BadCop qui les couvre de sa grosse voix pour menacer d'employer
01:43la manière forte.
01:44C'est dans une longue interview que Bruno Retailleau a accordé à L'Express, tout
01:48en plaidant pour « dépassionner la relation ». Le ministre ajoute aussitôt « puisque
01:53la manière douce n'a pas suffi », avant d'évoquer la remise en cause de l'accord
01:58franco-algérien de 68, la fin des facilités de voyage pour les dignitaires et de l'accord
02:04pour les soins en France.
02:05Dans le même entretien, le ministre de l'Intérieur admet qu'il n'avait pas consulté les autorités
02:10algériennes avant de placer dans l'avion l'influenceur Doualem.
02:14Il n'y était pas obligé, mais comme il se dit que le Quai d'Orsay l'avait averti
02:19du refus probable d'Alger de l'accueillir, on peut se demander quel est le but recherché
02:24quand Bruno Retailleau accuse ensuite l'Algérie d'avoir voulu « humilier la France ».
02:28« Vous trouvez qu'il en fait trop ? » Son annonce erronée hier matin de l'arrestation
02:31d'un autre influenceur algérien, dénoncée comme une « fuite prématurée par le parquet
02:36de Paris » dans un recadrage rarissime, montre qu'il y a de la fibrilité sur ce
02:41dossier.
02:42Pour le reste, je ne sais pas si les coups de menton assénés comme preuve de fermeté
02:46à l'opinion française ont un effet quelconque sur les autorités algériennes, je ne sais
02:50pas quelle est la bonne méthode, je sais qu'il n'en faut qu'une, et c'est le plus embarrassant
02:54pour ce gouvernement, le problème de la stratégie suivie, c'est qu'il n'y a pas de stratégie.