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Qui pour succéder à Michel Bernier ? Quel avenir pour le Nouveau front populaire ? Raphaël Glucksmann, député européen du groupe Alliance progressiste des socialistes et démocrates (S&D), et coprésident du mouvement Place Publique, est l'invité de Thomas Sotto.
Regardez L'invité de RTL avec Thomas Sotto du 06 décembre 2024.

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Transcription
00:00RTL Matin
00:04Mais en attendant il est 7h41 et l'invité d'RTL Matin c'est Raphaël Glucksmann, député européen place publique.
00:10Bonjour et bienvenue sur RTL, Raphaël Glucksmann.
00:12Bonjour.
00:13Jupiter et Robespierre c'est fini, vous savez qui a dit ça ?
00:16Raphaël Glucksmann ?
00:17Oui exactement, c'était fin août avec Emmanuel Macron dans le rôle de Jupiter et Jean-Luc Mélenchon dans celui de Robespierre.
00:23Les deux font de la résistance, on va prendre les personnages dans l'ordre, Jupiter, Emmanuel Macron, vous les regardez hier soir ?
00:27Oui.
00:28Qu'est-ce que vous en retenez ce matin ?
00:30Je retiens d'abord cette incapacité totale à se remettre en cause.
00:35Les trois premières minutes de son intervention j'étais en train de regarder et j'étais complètement sidéré.
00:41C'est-à-dire que tout le monde est irresponsable sauf lui.
00:45Il a quand même dit que la dissolution n'avait pas été comprise et qu'il en prenait sa part.
00:48Elle n'a pas été comprise parce qu'en fait nous ne sommes pas assez intelligents pour avoir compris cette mesure.
00:52Mais elle était inéluctable dit Emmanuel Macron.
00:57J'ai retenu qu'un homme qui préside au destiné de la nation française depuis sept ans déjà est incapable de se compter parmi les responsables de la crise qu'on traverse.
01:11Mais maintenant, ce n'est pas la chose principale aujourd'hui.
01:14En un sens, ce n'est plus le problème même.
01:17Le problème c'est est-ce que nous serons capables, nous, les forces politiques qui ont participé au front républicain, qui ont oeuvré au front républicain,
01:25est-ce que nous serons capables d'empêcher le pays de sombrer dans l'abîme ?
01:29Justement, pour ceux qui font plonger le pays dans l'abîme, comme vous dites, il a rendu hommage à Michel Barnier, Emmanuel Macron.
01:35Il s'est montré à la hauteur quand tant d'autres ne l'ont pas été.
01:38Il a été censuré parce que l'extrême droite et l'extrême gauche se sont unis dans un front anti-républicain.
01:43Est-ce que vous vouleriez voter cette censure pour qu'on comprenne bien d'où vous parlez ?
01:47Oui, pour une raison simple, c'est que depuis le début je dis la même chose.
01:50Le 7 juillet, il y a eu simplement un vote pour barrer la route au Rassemblement National,
01:57et que donc le gouvernement devait s'appuyer sur une majorité à l'Assemblée Nationale,
02:01comme ça se passe dans tous les pays.
02:03Ce n'est pas le choix qui a été fait, et le résultat, c'est que des mois d'errance
02:08ont conduit le gouvernement à faire la danse du ventre devant le Rassemblement National,
02:12alors même que c'était la force que les Français ont renvoyée dans l'opposition le 7 juillet.
02:16Et à ça, vous rajoutez du chaos avec la censure ?
02:19Mais en fait, vous savez, vous ne pouvez pas dire
02:22« on va faire plaisir au Rassemblement National »
02:24et exiger de des autres forces politiques qu'elles acceptent cela et qu'elles disent « c'est parfait ».
02:28Maintenant, moi je ne me réjouis pas du tout de la censure.
02:32Et je pense qu'aujourd'hui, là, au moment où on se parle,
02:35notre responsabilité, c'est de sortir de nos malmoins.
02:38Vous savez, depuis le 7 juillet, je dis la même chose.
02:40Depuis le 7 juillet à 20h05, j'étais sur un plateau de télévision, sur France 2,
02:44vous pouvez aller vérifier, et j'ai dit une chose très simple.
02:46La gauche est arrivée en tête, mais elle n'a pas la majorité absolue.
02:49Donc la nécessité, c'est d'aller parler avec les forces qui constituent le front républicain,
02:55d'aller parler avec les forces politiques qui permettraient de créer une majorité
02:59que nous n'avons pas, une majorité pour empêcher le Rassemblement National
03:04de se retrouver en position de décider de la politique de la nation.
03:07Donc ce matin, vous êtes d'accord avec ce qu'a proposé Emmanuel Macron hier,
03:10un arc de gouvernement et un gouvernement resserré d'intérêt général.
03:13Là, vous dites « banco, chiche, on y va ».
03:15Mais moi, ce que je dis, et je dis la même chose depuis le début,
03:17et Emmanuel Macron n'était pas d'accord, et la majorité des forces politiques n'étaient pas d'accord,
03:21il faut qu'on se mette autour d'une table et qu'on décide d'un contrat de législature.
03:28Oui, Jean-Luc Mélenchon n'est pas d'accord.
03:29Et alors ?
03:30Mais c'est votre famille politique, c'est pour ça qu'on comprend mieux.
03:32C'est pas ma famille politique.
03:33Le Nouveau Front Populaire, il y a le Parti Socialiste.
03:35Je pourrais le répéter un million de fois, c'est pas ma famille politique.
03:37Il y a eu un accord de résistance au Rassemblement National,
03:43je l'ai toujours présenté de cette manière.
03:45Moi, je n'ai pas lié mon destin à Jean-Luc Mélenchon.
03:47Vous connaissez les divergences que je suis sans doute celui à gauche qui assume le plus.
03:52Alors pourquoi le PS est à la con comme ça, Jean-Luc Mélenchon ?
03:54On voit aujourd'hui que ces divergences se matérialisent,
03:58et que nous, les autres forces de gauche, nous avons à peu près maintenant le même discours.
04:03Ce n'était pas le cas en juillet, mais c'est le cas maintenant.
04:05Et on dit « oui, il faut se mettre autour d'une table et il faut négocier un contrat soit de non-censure,
04:10soit de gouvernement, ça on verra dans les discussions, mais posons des points sur la table. »
04:17C'est comme ça qu'on aurait dû faire depuis le début.
04:21On arrive, nous on dit « voilà ce qu'on pense des retraites,
04:23voilà ce qu'on demande sur le SMIC,
04:25voilà ce qu'on demande sur la transition écologique,
04:27sur les réformes institutionnelles, sur la proportionnelle, voilà.
04:30Et vous, qu'est-ce que vous en pensez ?
04:32Eh bien, ils arrivent avec leurs points, et en fait finalement, ce qu'on doit faire...
04:36Vous êtes prêts à vous mettre autour de la table avec des centristes, avec des macronistes, avec des LR, avec des socialistes, avec des écologistes ?
04:42Moi, je suis prêt à me mettre sur la table avec tous les gens qui sont
04:45certains qu'il ne faut pas laisser le Rassemblement National décider de la politique du pays.
04:50D'où qu'ils viennent ?
04:51Non, pas du Rassemblement National.
04:53D'accord, j'ai compris.
04:54Et ni d'Eric Ciotti.
04:56Des LR, oui. Des macronistes, oui.
04:58D'abord, c'est le cœur du Front Républicain, c'est-à-dire, oui, avec les macronistes, il va falloir discuter, évidemment.
05:04Et ensuite, avec toutes les forces qui acceptent de s'émanciper de la mainmise de Le Pen.
05:09Je rappelle, les Françaises et les Français, le 7 juillet, ils ont fait un effort considérable.
05:13Il y a des gens de droite qui ont voté pour des gens de gauche au deuxième tour.
05:16Il y a des gens de gauche qui ont voté pour Laurent Wauquiez ou pour Gérald Darmanin.
05:20Vous imaginez la difficulté ?
05:21Pour qu'au final, l'extrême gauche et l'extrême droite votent ensemble pour faire tomber le gouvernement.
05:24Non, pour qu'au final, un gouvernement décide d'avoir comme interlocutrice principale Marine Le Pen.
05:30Précisément, la personne qu'on a repoussée en dehors du pouvoir.
05:33Et donc, ce qu'il faut faire, c'est que la classe politique fasse exactement ce que les Français ont fait le 7 juillet.
05:41Et vous savez, moi, mes collègues européens...
05:43Marine Le Pen, sans elle, les filles qui font partie du nouveau Front Populaire n'auraient pas renversé le gouvernement, et vous le savez.
05:47Écoutez, aujourd'hui, on est dans une situation où on doit décider si on préfère nos meubles, nos postures,
05:54ou l'intérêt général du pays qui menace de sombrer.
05:57Parce que moi, ce que je veux vous dire, c'est qu'aujourd'hui, la France, elle a perdu depuis le 9 juin, depuis la dissolution,
06:02un crédit incroyable en Europe et dans le monde.
06:06Qu'aujourd'hui, on va avoir Trump à la Maison Blanche.
06:08Qu'on a la guerre sur le continent européen.
06:10Qu'on a un décrochage économique faramineux de l'Europe en général, de la France en particulier.
06:15Qu'on a les entreprises, les usines qui ferment les unes après les autres.
06:18Et qu'on ne peut pas laisser le pays s'installer dans une crise permanente.
06:22Il n'y a pas d'autre choix que de faire l'effort de discuter avec des gens qu'on n'aime pas, dont on ne partage pas la vision du monde.
06:29Mais c'est précisément ce que les électrices et les électeurs français ont fait dans les urnes.
06:33Moi, ce que je veux, c'est qu'on soit fidèle à ce qui s'est passé le 7 juillet,
06:36qui était un immense sursaut républicain qui a surpris tous les sondeurs, tous les politiques,
06:41et dont la classe politique ne s'est pas montrée digne depuis le 7 juillet.
06:45Il est encore temps pour le PS de se ressaisir et de s'affranchir de l'extrême gauche,
06:48a dit Gabriel Attal à l'Assemblée mercredi.
06:50Est-ce que vous êtes d'accord avec ça ?
06:53Mais il est encore temps pour toute la classe politique d'être à la hauteur de son point de vue.
06:57Moi, je dirais à Gabriel Attal, il est encore temps pour Gabriel Attal de comprendre qu'on va continuer...
07:01Pourquoi vous ne répondez pas ?
07:02Mais bien sûr ! Parce que c'est ce que je dis depuis le début.
07:04Mais ce n'est pas Gabriel Attal qui va me dire...
07:06François Hollande, il en pense quoi de ça ? François Hollande qui...
07:09Je ne sais pas ce qu'en pense François Hollande. Invitez-le.
07:11Bien sûr, je l'invite. Vous représentez...
07:14Moi, je lis ce que disent aujourd'hui. Déjà, je représente Place Publique.
07:17Oui, mais vous représentez le même courant social-démocrate. On est d'accord.
07:21Mais moi, je représente ce que je dis depuis le début.
07:24J'ai une forme de constance que vous pouvez me reconnaître.
07:27Dès le 7 juillet à 20h05, je le disais.
07:29Oui, mais si vous êtes seul dans votre couloir, vous ne voulez rien.
07:31Mais je ne suis pas seul dans mon couloir.
07:32Regardez ce que dit aujourd'hui le Parti Socialiste, dans son ensemble d'ailleurs.
07:37Mais vous lui dites à Hollande, François, maintenant il faut couper avec LFI ou pas ?
07:40Mais... Mais...
07:41Ça, c'est concret.
07:42Là, si on va à la table des négociations pour pousser notre agenda avec les macronistes et avec les forces de l'arc républicain,
07:52évidemment que ça coupe avec LFI.
07:54LFI a annoncé que leur but, leur but c'était quoi ?
07:57Leur but, c'est la destitution d'Emmanuel Macron et des présidentielles anticipées
08:02qui ne feraient qu'ajouter le chaos et à nouveau ouvrir les voies du pouvoir à Marine Le Pen
08:08dans le cadre d'une constitution que de toute façon nous devons réformer
08:11parce qu'elle comprend des articles qui donneraient les pleins pouvoirs potentiellement à une force d'extrême droite.
08:15Et donc, moi ce que je vous dis de manière extrêmement grave aujourd'hui,
08:20parce qu'en fait on ne se rend pas compte de ce qui se produit,
08:22on ne refait pas des gouvernements de minorité là.
08:24On ne peut pas. Le même scénario va produire les mêmes résultats.
08:28Il n'y aura pas un gouvernement de minorité de gauche, il n'y aura pas un gouvernement de minorité de droite qui soit sable.
08:32Donc là vous dites, pour qu'on comprenne bien.
08:33On s'assoit autour d'une table, on fait un contrat, un contrat de législature, de gouvernement,
08:38de motion, de non-censure, de tout ce que vous voulez,
08:40mais on s'accorde sur des points pour que le pays puisse sortir de l'ornière.
08:44Et ça, si Emmanuel Macron vous appelait pour dire Monsieur Glucksmann, venez à Matignon.
08:48Mais moi je ne suis pas là en train de faire acte de candidature, je l'ai dit.
08:51Mais est-ce que vous pourriez participer à ce gouvernement ?
08:53Moi ce que je peux faire déjà, c'est participer à l'élaboration de ce contrat.
08:56Ce gouvernement ne fonctionnera pas, écoutez-moi bien, ne fonctionnera pas
09:00si c'est un casting, s'il n'y a pas un accord entre les forces.
09:03Ce n'est pas une question de casting, c'est une question d'urgence.
09:05Il n'y a personne qui n'a plus de Premier Ministre, il y a un gouvernement qui gère les affaires courantes.
09:09Si on ne se pose pas les questions des personnes maintenant, on se les posera quand ?
09:11Mais d'abord, si vous voulez que ça tienne, il faut qu'à l'Assemblée Nationale,
09:16qui est le cœur du pouvoir désormais, on l'a vu là encore,
09:19il y ait un accord entre des forces capables de construire une majorité.
09:23Moi je veux dire, on est le seul pays où on se dit que ce n'est pas important de construire une majorité.
09:27Si vous voulez qu'un gouvernement soit stable, il faut qu'il soit potentiellement majoritaire.
09:31Il faut qu'il y ait une majorité à l'Assemblée Nationale qui s'accorde pour ne pas le censurer,
09:34pour ne pas le contrer, pour ne pas s'opposer à ce qu'il propose.
09:37Et donc forcément, ce sera un minima.
09:39On ne va pas convertir aujourd'hui nos adversaires politiques à notre politique sociale,
09:43ou à notre politique écologique, ou à notre politique sociale.
09:45Il n'y a pas d'amour, il n'y a que des preuves d'amour.
09:47Ma dernière question est simple. Il faut que chacun prenne ses responsabilités.
09:50Si on vous propose d'entrer au gouvernement pour mettre en musique tout ça,
09:53vous dites oui, vous dites non, vous dites je ne sais pas. Et on s'arrête là.
09:55Je ne suis pas là pour vous dire que je veux être ministre, que je veux être Premier ministre.
09:59J'ai déjà répondu à cette question et je vous le dis très simplement.
10:02Moi, si je peux aider, et je peux aider aussi sur une chose,
10:05c'est que je travaille à l'échelle européenne et que tous mes collègues européens,
10:09ils regardent l'Assemblée Nationale. Ce n'est pas des génies.
10:11Moi non plus, je ne suis pas un génie.
10:13Mais pourquoi j'ai compris le 7 juillet que ça n'allait pas fonctionner,
10:15les stratégies des uns et des autres ?
10:17Pour une raison simple, je sais faire des maths et je regarde.
10:19Pour qu'un gouvernement tienne, il faut une coalition majoritaire.
10:22Pour qu'un gouvernement tienne, il faut qu'il n'y ait pas de majorité pour le censurer.
10:25Mais ce n'est quand même pas Einstein ça.
10:27On aurait pu le comprendre le 7 juillet.
10:29Je pense qu'aujourd'hui, les forces politiques de l'arc républicain sont prêtes à le comprendre
10:33et donc il faut qu'on avance vite.

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