• il y a 2 ans

L’ADEME a organisé en partenariat avec le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires l’événement PRIMEQUAL 2023 - Pollution de l’air en ville : de nouvelles connaissances pour réduire les émissions et les expositions.

Si la qualité de l'air en milieu urbain s'est globalement améliorée en quelques décennies, elle reste un enjeu majeur de santé publique.

Des recherches financées par l'Agence de la transition écologique, avec l'appui du ministère en charge de l'environnement, éclairent d'un jour nouveau les moyens pour réduire les émissions et les expositions des polluants atmosphériques en ville : politiques publiques, aménagement urbain, mobilité, mobilisation citoyenne, place du végétal...
Un colloque de restitution de ces travaux (issus du programme Primequal, mais aussi AACT-AIR et DIQACC) s'est tenu le 23 septembre 2023.

Événement adressé principalement aux acteurs et décideurs dans le domaine de la qualité de l’air (collectivités, aménageurs urbains, entreprises, services des ministères et DREAL, agences et instituts publics, associations, etc.) ainsi qu'aux chercheurs.

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00:00 Dans quelques instants, chantier et aménagement. Juste avant, je ne sais pas si je peux le
00:20 montrer à la caméra, c'est quelqu'un parmi vous, mais elle n'est pas revenue en salle,
00:26 qui a fait ce petit cadeau, un bouquin qui s'appelle "Respire", signé de Marielle
00:33 Massé aux éditions Verdier. En fait, ce bouquin, mon petit bouquin, un opuscule, raconte
00:42 nos asphyxies, raconte nos grands besoins d'air, parce qu'elle dit, c'est les constats
00:50 qu'on fait que ces atmosphères irrespirables risquent de devenir notre lot quotidien. Donc
00:58 détoxiquer les sols, les ciels, les relations, le quotidien, souffler, respirer tout court,
01:03 c'est un peu une ode à la bonne respiration. C'est vous madame qui ? Oui, voilà, vous
01:10 êtes en train de le lire.
01:11 Oui, il est très inspirant. Il a bien regardé les questions de pollution, c'est vraiment
01:17 sur rendre la vie respirable.
01:19 Eh bien merci pour ce petit cadeau. Nous allons donc maintenant entrer dans le thème
01:25 des chantiers et des aménagements.
01:27 Isabelle Auchvenbourg, ingénieure au service qualité de l'air de l'ADEME, va nous
01:42 présenter deux chantiers sur deux territoires, l'un qui concerne la ville de Lille et l'autre
01:48 la ville d'Annecy. Bienvenue madame. Et ensuite on accueillera Nicolas Chattel, qui peut venir
01:55 s'installer s'il le souhaite, puisqu'on enchaînera ensuite avec lui. Bienvenue à
02:00 vous.
02:01 Bonjour, donc je vais vous parler de comment limiter les émissions polluantes des chantiers
02:14 du BTP en m'appuyant sur deux exemples dans des projets territoriaux. Alors juste pour
02:22 rappeler quelques chiffres, les émissions du secteur de l'industrie manufacturière
02:29 et construction, donc pour les particules totales en suspension, c'est 24,6% des émissions
02:38 nationales, dont 70% sont émises par les chantiers du BTP, et pratiquement 20% des
02:44 émissions nationales de PM10, dont 20% sont émises par les chantiers du BTP. Alors, cette
02:52 problématique des émissions polluantes du secteur du BTP, ce sont des données encore
02:58 assez peu documentées. Donc là sur ce slide, je vous ai rappelé les principales activités
03:05 émettrices du bâtiment et des travaux publics. Je ne vais pas les redétailler, parce qu'on
03:09 a peu de temps. Et donc il y a un rapport de l'ADEME qui dresse un état des lieux,
03:15 qui est daté de 2017. Et donc j'ai extrait de ce rapport, donc ce tableau, qui s'inspire
03:24 d'une directive suisse sur la qualité de l'air et sur les chantiers, et donc qui recense
03:28 les différentes activités émettrices et les différents polluants émis, donc les
03:34 poussières, les COV, les gaz, les NOx, etc. avec les proportions émises faibles, moyennes
03:40 ou fortes. Voilà, c'était juste un petit rappel de contexte. Donc je vais vous parler
03:44 de ces deux chantiers, qui sont l'OREA de l'appel à projets acteurs de l'ADEME,
03:53 l'un qui a été réalisé par la ville de Lille, qui concerne les émissions de particules
03:59 lors de chantiers urbains et l'évaluation des mesures de prévention. Et puis un autre
04:05 projet qui a été réalisé par le Grand Annecy, et qui est une charte baptisée Air
04:13 Climat, qui a été adoptée en concertation avec les principaux donneurs d'or du territoire.
04:17 Donc le projet de la ville de Lille traitait essentiellement des émissions de poussières.
04:28 Les émissions de poussières sur les chantiers peuvent être regroupées selon leurs origines,
04:33 la dégradation des matériaux, les opérations de manipulation, les interfaces avec le sol,
04:37 les émissions d'échappement des engins de chantier. Les principales techniques de
04:44 réduction d'émissions sont basées soit sur des techniques utilisant l'eau, comme
04:48 la brumisation au sol ou sur pied amovible, ou l'arrosage manuel, comme vous pouvez
04:52 voir par exemple sur cette photo, ou alors des techniques de gestion de l'impact du
04:57 vent, comme la mise en place d'écrans de protection, le bâchage des gravats en stockage
05:02 ou lors du transport, la limitation de la vitesse de circulation sur les chantiers.
05:06 Voilà, c'est quelques petits exemples. Les objectifs de ce projet, c'était l'évaluation
05:13 sur site de l'impact des activités d'un chantier sur les niveaux de concentration
05:17 en poussière, l'évaluation de la mise en œuvre des techniques de réduction des émissions
05:21 et de leur efficacité, et la pertinence des différents types d'instrumentation. Alors
05:27 ce qu'il faut savoir, c'est que là on se heurte au terrain, et donc le choix du chantier
05:32 a été très très long, très très complexe, et que finalement au lieu de deux chantiers
05:36 ce qui était prévu au départ, il n'y en a qu'un seul qui a été étudié. C'est
05:40 un chantier de déconstruction d'un bâtiment, déconstruction mécanique, donc à l'aine
05:44 d'une pince classique, alors je ne suis pas une spécialiste du BTP. Donc la méthodologie,
05:51 c'était de faire des mesures de concentration massives en PM10, PM2.5, PM1, donc ça a
05:56 été réalisé en janvier 2021, à l'aide de capteurs à différentes hauteurs, micro-capteurs
06:03 à 2 mètres du sol, sur des drones, et par lidar pour observer l'étendue du panache
06:10 de pollution qui était générée par le chantier. Donc compte tenu des contraintes
06:17 de temps, d'organisation sur le chantier, seule une sélection réduite de techniques
06:21 de réduction a été testée, et donc seules des actions sur l'eau ont été sélectionnées
06:26 pour être expérimentées, donc de l'abromisation, de l'arrosage manuel à la lance à incendie,
06:33 des matériaux à déconstruire, et de l'arrosage monté sur la tête de pelle de déconstruction.
06:38 Alors au niveau des résultats, on a pu observer que les concentrations massives étaient similaires
06:46 au niveau du sol ou au niveau des centromètres par le lidar. Alors ce qu'il y a, c'est
06:54 que c'était en janvier 2021, donc il y a eu beaucoup de précipitations, et que durant
07:00 tout le suivi du chantier, c'était pas du tout propice aux expérimentations à sec,
07:05 vu qu'il pleuvait, et donc les conditions d'expérience extrêmement variables, plus
07:11 le faible nombre de réplicas, a fait que malheureusement on n'a pas pu tirer de conclusion
07:15 quant à l'influence de la mise en place des techniques de réduction sur les envols
07:18 de poussière, ni à l'efficacité d'une technique plutôt que d'une autre. Donc c'est
07:24 ce projet qui permet vraiment de mettre en avant que la complexité du choix du chantier
07:31 pour réaliser des mesures de qualité de l'air, que ce choix doit se faire très en amont,
07:36 ce qui n'a pas été le cas dans ce projet. Bon, ça a été en plus compliqué par le
07:40 contexte Covid, etc., mais il y a eu vraiment beaucoup de complications, et que les mesures
07:45 restributaient des conditions notamment météorologiques. Je vais vous parler maintenant du deuxième
07:51 projet, dont les objectifs qui étaient réalisés par la métropole du Grand Annecy, qui consistait
07:58 à mobiliser les acteurs du BTP pour diminuer les émissions de polluants sur les chantiers,
08:03 donc sur le territoire. La méthodologie est présentée ici. Ça consistait d'abord
08:11 en un benchmark des initiatives similaires recensées, qui pourraient être productives
08:16 sur le territoire du Grand Annecy. Ensuite, une phase de diagnostic pour identifier les
08:21 chantiers et les acteurs du territoire. Et enfin, la définition du contenu de la charte
08:27 chantier air-climat, et en parallèle, une expérimentation avec des tests de mesure
08:35 de la qualité de l'air sur les mesures de la charte sur des chantiers pilotes.
08:38 La charte a été élaborée avec trois niveaux d'application selon les enjeux du chantier
08:45 en termes d'émissions de polluants. Ainsi, on peut distinguer les chantiers de niveau
08:49 A, qui présentent de faibles enjeux, car peu émetteurs de polluants, de faibles envergures.
08:53 La charte propose des bonnes pratiques de base à mettre en œuvre en phase de conception,
08:57 puis sur le chantier. Ces pratiques sont simplement annexées au CCTP des travaux. Ensuite, vous
09:02 avez les chantiers de niveau B, qui concernent des travaux plus importants, ou qui s'inscrivent
09:06 en milieux urbains denses, et dont les opérations sont source de pollution importante. Comme
09:12 pour la classe A, il y a les bonnes pratiques de base qui sont mises en œuvre par les entreprises
09:15 sur le chantier, puis avec un inventaire des enjeux réalisé en phase de conception, et
09:20 la formulation de pratiques spécifiques au chantier en phase travaux. Ces pratiques
09:24 sont également intégrées au CCTP de l'opération, et mises en œuvre durant le chantier, sous
09:29 responsabilité de l'entreprise et sous couvert du maître d'œuvre. Enfin, les chantiers
09:33 de niveau C, qui sont situés en zone sensible, par exemple une zone urbaine, population
09:39 dense, mais aussi proximité d'un établissement sensible, et de longue durée, supérieure
09:43 à un an, sont fortement émetteurs de polluants. La démarche est donc identique au projet
09:48 de niveau B, mais avec en plus des micro-capteurs de polluants qui sont installés, et un système
09:54 d'alerte en cas de déplacement des seuils de pollution. Cela doit s'accompagner d'un
09:58 journal de chantier spécifique qui doit être mis en place pour faire le lien entre les
10:01 concentrations de polluants et les activités du chantier.
10:04 Je ne vais pas vous détailler cette slide, mais c'est juste pour vous dire que l'organisation
10:14 de la charte suit le cycle de vie du projet, en proposant une réflexion sur les enjeux
10:20 de qualité de l'air dès les phases de planification et de conception, afin qu'elle soit prise
10:23 en compte le plus en amont possible. Elle propose un système de boîte à outils pour
10:28 tous les acteurs du chantier, afin que chacun se retrouve dans la démarche.
10:32 Ce projet a abouti à une charte co-construite et détaillée, qui prenait en compte le type
10:40 de chantier, qui suivait le cycle de vie de ce chantier, et qui devra notamment être
10:44 utilisé dans la commande publique de la métropole du Grand-Densis. Les enseignements plus généraux
10:51 qu'on peut tirer de ce projet, c'est que la concertation avec les acteurs du chantier
10:55 du territoire a fait ressortir plusieurs points cruciaux pour permettre au secteur de s'approprier
11:01 les enjeux de qualité de l'air. Les enjeux de qualité de l'air sont peu connus par
11:05 les acteurs, et donc une montée en compétences serait nécessaire pour leur permettre d'appliquer
11:10 des mesures les plus efficaces. Que la pollution de l'air est difficilement mesurable et attribuable
11:16 directement à une activité spécifique, donc il faut que la charte propose plutôt
11:21 des solutions en termes de moyens plutôt qu'en termes de résultats. Les mesures
11:25 à appliquer sur le chantier sont difficiles à faire respecter par les entreprises, et
11:28 il est donc impératif d'aborder le sujet dès la phase de conception et de rendre
11:32 les mesures contractuelles dans la consultation de la maîtrise d'œuvre et des entreprises.
11:36 Il est extrêmement difficile de demander un engagement de la maîtrise d'œuvre ou
11:40 de faire respecter les mesures sur le chantier si ces points n'ont pas été abordés en
11:43 amont lors de la préparation du chantier. Par exemple, l'absence de journal de chantier
11:48 au fil de l'eau et des incidents qui peuvent arriver sur le chantier et qui sont émetteurs
11:55 de polluants, fait qu'on ne peut absolument pas analyser les mesures. Ce point a été
12:02 mis en exergue notamment lors du suivi d'un chantier pilote dans ce projet.
12:08 Juste pour terminer, je voudrais vous dire que la charte a été signée après la fin
12:15 du projet, puisque le projet s'est terminé au printemps en 2022, et la charte a été
12:20 signée en mars 2023 par de nombreux élus et acteurs du BTP et qu'elle engage ses signataires
12:24 sur des actions concrètes pour préserver la qualité de l'air aux abords des chantiers
12:28 menées sur la métropole du Grand-Anne. Voilà.
12:32 Merci beaucoup.
12:33 Je vous ai juste mis les contacts des personnes qui ont suivi ces projets dans les territoires.
12:40 Un grand merci. Rejoignez-nous. Un petit message à Nathalie, si elle est dans le coin. J'ai
12:51 eu un message de gens qui me disent qu'ils ne trouvent pas les fiches synthèses des
12:54 intervenants sur le site. Ou Angélica, si vous pouvez me donner la réponse.
13:01 Nicolas Chattel, gérant du bureau d'études Durabilis. Alors vous connaissez bien ANSI,
13:05 puisque vous travaillez sur ce... ANSI, l'agglo d'ANSI sur le projet... Vous la prononcez
13:14 CAQ ? Chantier Air Climat. Alors vous avez un passé d'entreprise. Vous avez travaillé
13:25 plus de 20 ans sur la maîtrise d'oeuvres. Et maintenant, à la tête du cabinet Durabilis,
13:32 vous êtes chef de projet, vous faites de l'AMO. Je vous cite. Mon fer de lance, c'est
13:38 comment on peut monopoliser et motiver les maîtres d'oeuvres à prendre en compte les
13:43 aspects qualité de l'air dès le début des projets. Expliquez-vous.
13:48 Oui, en fait, c'est vraiment ce que la charte sur ANSI a essayé de développer. Donc j'ai
13:55 travaillé pendant un an avec les différents donneurs d'ordre, mais aussi avec les entreprises.
14:00 Et je dirais que si je devais classer en termes de motivation les acteurs que j'ai rencontrés,
14:05 les plus motivés, c'est les entrepreneurs. C'est le syndicat des entrepreneurs qui s'est
14:09 montré le plus présent, le plus motivé, le plus attentif. Et je vais effectivement
14:14 aller un petit peu contre une idée reçue. C'est évidemment sur le chantier que la
14:20 partie se joue. Donc à un moment donné, on voit le camion qui soulève de la poussière,
14:25 on voit l'invisence directe du chantier et on dit c'est l'entrepreneur. Je suis assez
14:30 sensibilisé, j'ai commencé par l'entreprise maîtrise d'oeuvres et après assistance maîtrise
14:34 d'ouvrages. Et moi je m'inscris en faux. Je dis donner aux entreprises les moyens de
14:39 faire leur travail comme il faut. Si on attend la phase consultation sans avoir anticipé
14:45 tous les aspects pollution, qualité de l'air via les choix de matériaux, les choix de
14:50 process, les phasages, la détermination des transports induits par le chantier, etc. Pour
14:56 moi, la partie est déjà partiellement perdue et l'entrepreneur n'a plus que ses moyens
15:00 propres qui certes sont efficaces quand ils sont maîtrisés mais qui sont somme toute
15:04 réduits. Je prends un seul exemple qui me paraît très frappant. C'est que si on compare
15:11 l'impact direct de la phase chantier et de ce qu'il va y avoir comme moteur à combustion
15:16 sur le chantier, notamment par rapport à cet aspect là et de ce que peut dégager une
15:21 pelle et un atelier de Dunper sur un chantier. Et puis vous le comparez ensuite à l'atelier
15:25 transport qui est généré par le chantier et vous vous dites par exemple que sur la
15:28 couronne anisienne un camion chargé fait en moyenne 70 à 80 km quand il sort du chantier
15:34 parce qu'il n'y a pas les filières derrière structurées, inertes, etc. Je pense que dès
15:40 la phase conception, via des études sur le recyclage des matériaux, via des études
15:45 sur les niveaux de projet, sur les quantités de débris que l'on va y occuper en fonction
15:52 du projet, etc. le maître d'oeuvre a un poids considérable et notamment l'outil sur Annecy
15:56 1, un tableau simplifié qu'on a appelé l'outil tonne-km, qui demande au maître d'oeuvre
16:01 dès la phase de conception de quantifier et de comparer éventuellement différents
16:06 scénarios alors même que le projet n'est pas encore mûr.
16:08 Mais de quoi les collectivités ont-elles besoin pour objectiver les gains et les critères
16:13 environnementaux dans les marchés publics ? Parce que là vous lancez un guide à l'air
16:20 très clair. De quoi ont-elles besoin ?
16:22 Elles ont besoin de plusieurs choses. La première chose, c'est ce que me disait Madame
16:27 Auchvambour, c'est la montée en compétences. Je suis un généraliste du BTP, à titre
16:31 personnel je devrais être sensibilisé, je suis asthmatique. On n'a pas à notre disposition
16:37 de manière simplifiée, je dirais la lirature vulgarisée de tout ce qui s'est dit ce matin
16:42 sur les impacts sanitaires. Quand vous voulez expliquer à un maître d'oeuvre pourquoi
16:46 il fait ces efforts et qu'est-ce qu'il a comme effet bénéfique induit, c'est difficile
16:50 à faire passer. Je me rends compte que le niveau spécialiste est haut, est bon, mais
16:55 moi j'en appelle à avoir derrière peut-être d'une part la sensibilisation. Le deuxième
17:00 point c'est la montée en compétences du maître d'oeuvre pour s'investir sur ces
17:04 questions et notamment sur les aspects transport, sur les aspects process etc. Le maître d'oeuvre
17:09 considère que c'est le problème de l'entrepreneur. Lui il se contente de décrire ce qu'il
17:12 a à faire, mais il ne dit pas comment. Et le maître d'oeuvre, l'entreprise arrive
17:16 et dit comment. Eh bien je reprends une chef de service d'Annecy, j'aimais beaucoup
17:21 sa vision, elle me dit "quand j'impose, je suis sûr de gagner". Alors est-ce qu'il
17:26 faut attendre l'appel d'offres avec des critères, excusez-moi l'expression un peu
17:30 fumeux, critères environnementaux qu'on ne sait pas juger, ou est-ce qu'il faut
17:35 un cctp bien fait, draconien, qui détermine les mesures et qui invite l'entrepreneur
17:41 via des points d'arrêt à respecter des mesures dont on sait qu'elles sont efficaces.
17:44 Et croyez-moi, contrairement à une idée reçue, l'entrepreneur il demande ça. Parce
17:48 qu'il considère la concurrence déloyale que posent des critères environnementaux
17:52 mal définis, difficiles à juger, qui donne la prime aux grosses majors qui ont des bureaux
17:57 d'études qui sont capables de faire des SOPAC et des SOGET de 100 pages, comparé
18:01 à la petite PME qui sait peut-être aussi bien travailler mais qui ne sait pas défendre
18:04 son savoir-faire.
18:05 Alors, travaux pratiques. Actuellement vous bossez... il y en a deux qui sont d'accord.
18:10 Travaux pratiques. Actuellement vous bossez pour la ville de Chamonix. Alors qu'est-ce
18:17 qui se passe, qu'est-ce que vous essayez d'appliquer, comment êtes-vous challengé
18:22 par le client, la ville ?
18:25 Alors déjà, ça part souvent d'ennuis. La ville de Chamonix ça part d'un ennui,
18:29 concentration exceptionnelle dans le centre-ville et le maire se voit assailli de remontrance,
18:34 de citoyen mécontent, il se dit je ne peux pas rester comme ça, il a d'autres chantiers
18:38 à venir importants, il se dit je dois faire quelque chose. Donc définir un cadre commun.
18:42 Donc Chamonix prend le problème plus globalement, ce n'est pas que qualité de l'air. Définir
18:46 un cadre commun et définir... alors il l'a appelé charte de bonne pratique, on en est
18:51 au démarrage, qui va s'imposer au moment de la délivrance du permis de construire.
18:55 Donc là on est tôt. Et qui va demander aux différents promoteurs, services privés
19:02 et aménageurs privés ou publics de dialoguer avec les services de la ville, de rechercher
19:06 les meilleures solutions. Ça peut passer par de la saisonnalité, on l'a vu à Lille.
19:10 Pourquoi l'expérience de Lille fait des résultats mitigés ? Parce qu'il n'y a plus pendant
19:14 le chantier. Là c'est subi, mais à un moment donné, ne planifiez pas certains chantiers
19:19 en plein été avec des anticyclones très forts, avec tel type de sol, si vous ne savez
19:26 pas arroser, si vous ne savez pas humidifier. Donc si vous voulez, c'est vraiment de définir
19:30 un cadre qui va sécuriser le donneur d'ordre, parce que très tôt, on va faire rentrer
19:35 ces paramètres qualité de l'air via la programmation et via le maître d'oeuvre et via aussi, dernier
19:41 volet, des éco-comparateurs. C'est à dire que si on veut objectiver et si on veut motiver
19:45 les gens, il faut être capable d'objectiver également les gains. Et donc moi je milite
19:49 pour le développement d'outils simplifiés. On a été capable de faire la RE-2020 pour
19:54 le bâtiment. Pourquoi on ne serait pas capable de faire des outils plus simplifiés qui s'appliquent
19:59 à la partie infrastructure qui est fortement émettrice, démolition etc. et de quantifier
20:05 les gains en fonction de ce qu'on va proposer comme projet.
20:09 Alors je vous propose tous les deux, et vous aussi bien sûr, un pas de côté en écoutant
20:13 Sonia Lavadino, elle est anthropologue et géographe urbaine. Elle est spécialiste
20:21 des mobilités, elle bosse avec des tas de territoires, elle est suisse d'origine, elle
20:28 nous explique pour la ville du futur, elle nous alerte sur comment combattre les nuisances.
20:35 Alors, elles sont qualité de l'air, elles sont aussi sonores, c'est un tout. Écoutez-la.
20:45 Il faut non seulement qu'elles soient respirables, mais il faut aussi que du point de vue sonore
20:48 ça se passe mieux. On sait aujourd'hui que les nuisances, non seulement elles sont nuisantes,
20:55 mais également elles tuent. La pollution tue concrètement, la question sonore fait
21:00 qu'on a vraiment des déficits de santé au bout d'un moment, on devient littéralement
21:06 de plus en plus sourd. Et il y a effectivement aussi le fait qu'on ne peut pas tellement
21:11 être ensemble, parler ensemble en marchant par exemple, ou aller ensemble à vélo, c'est
21:16 beaucoup plus difficile si vous n'avez pas ces conditions de santé de base, qui sont
21:23 avoir plus d'espace, que cet espace soit au contact le plus fort avec la nature en
21:28 ville, le vivant en ville, et qu'on ait cette possibilité en effet de respirer un
21:33 air pur, dégagé, et qu'on puisse être dans un environnement apaisé, pas bruyant.
21:39 Et les villes qui ont le plus agi là-dessus, je pense par exemple à Pontevedra, qui est
21:44 en Europe la ville la plus piétonne, avec une parme d'alpiétone qui frôle les 70%,
21:52 et eux ont vraiment, ou à Oslo, qui a fait ça dans sa catégorie, et aussi une ville
21:59 qui a vraiment réussi à mettre la voiture à sa place, et la première chose qui frappe
22:03 dans ces villes, c'est le fait qu'on peut de nouveau réentendre les oiseaux, je rappelle
22:07 cette étude d'Harvard qui montre qu'une minute à écouter des oiseaux, ça représente
22:12 8 heures de bonheur subséquent, donc on voit à quel point ça c'est important, on l'a
22:17 vu d'ailleurs pendant la Covid, et on sent à quel point pour notre santé, ce sera indispensable
22:24 qu'on ait des villes qui non seulement sont rafraîchissantes, mais nous enveloppent dans
22:31 des conditions qui seraient optimales pour la santé de nos corps et de nos esprits.
22:36 Cela demande en effet d'élargir les espaces liés à ces vécus, qui sont des vécus qui
22:42 sont d'ailleurs pas que du simple transit, mais justement de pouvoir s'asseoir, de pouvoir
22:47 profiter de l'environnement, de pouvoir être sur une terrasse, et tout ça demande de la
22:53 place en effet. Cette place n'est pas forcément à créer de toutes pièces, il faut surtout
22:58 finalement réutiliser autrement la place existante, les rues existantes, les places
23:03 et les parcs existants, pour faire en sorte qu'on crée vraiment des réseaux qui soient
23:07 convaincants du point de vue de ce qu'ils offrent comme qualité d'espace public et
23:12 du point de vue de la qualité de l'expérience que les usagers vont avoir. Et à partir de
23:16 là, on peut aussi être sûr que les gens vont vouloir le faire à la fois plus souvent
23:22 et plus longtemps. Par exemple, un trajet que vous feriez précédemment, admettons
23:28 un arrêt de bus et le supermarché, que peut-être vous feriez à pied dans la douleur pendant
23:32 cinq minutes, vous pourriez peut-être plutôt avoir un choix qui consisterait à dire « je
23:37 vais passer un quart d'heure et ce sera un bon quart d'heure et ce sera justement dans
23:40 la joie, non pas dans la douleur. »
23:42 Et écouter les oiseaux. Un commentaire ? Madame, Monsieur ? Pas forcément sur les oiseaux.
23:52 Je veux juste rebondir sur le début de séance de cet après-midi sur les micro-capteurs.
23:58 On a expérimenté, c'est la catégorie C en fait, on met des micro-capteurs et on crée
24:06 une chaîne de communication entre ce qu'on mesure, une expertise derrière, donc il faut
24:11 une ASCA qui soit solide derrière pour expertiser la mesure, et puis la chaîne de chantier.
24:15 Alors la difficulté c'est que cette chaîne soit efficiente, c'est un sacré challenge,
24:19 mais les micro-capteurs ça fonctionne. Peu importe que la valeur de mesure soit juste,
24:25 ce qui nous importe c'est la comparaison. C'est-à-dire qu'on équipe des zones un
24:29 peu plus pacifiées avec ces micro-capteurs, on équipe le chantier et on mesure le différentiel.
24:33 Et dès que le différentiel devient important, on déclenche une alerte. Et on analyse pourquoi.
24:39 Peu importe la teneur de cette alerte, on analyse surtout si le dépassement peut être
24:42 induit par le chantier. Et par exemple, on a constaté qu'un certain nombre d'alertes
24:46 étaient en dehors des heures travaillées de chantier, parce que pendant la journée
24:49 on a sali les voies circulées et c'est réentraîné aux heures de pointe dans la métropole.
24:54 Une question de Virginie. Sur les chantiers, les seuils de déclenchement d'alertes sont-ils
24:58 sur des moyennes horaires ou des moyennes journalières ? On peut avoir des pics qui peuvent être
25:02 impactants pour les riverains sans pour autant dépasser les valeurs réglementaires, surtout
25:06 pour les particules ?
25:07 Ce qui nous intéresse, c'est donner le signal. Ce n'est même pas des moyennes horaires,
25:11 c'est qu'on va quasiment mesurer au quart d'heure près. On va mesurer un signal qui
25:15 nous dit qu'il se passe quelque chose. Et on se dit, puisqu'il se passe quelque chose,
25:20 on va voir ce qui se passe. Peut-être que le chantier n'y est pour rien. Et puis peut-être
25:24 que ça coïncide. On a vu par exemple sur le chantier du tram d'Annemas, quand ils ont
25:27 fait les bétons grenaillés avec du sablage, on avait des pics monstrueux. Ce qui nous
25:34 intéresse, ce n'est pas l'exactitude de la mesure, c'est surtout de déclencher une alerte
25:39 et de dire qu'il faut voir s'il se passe quelque chose sur ce chantier.
25:42 Ok. Un commentaire sur Sonia ?
25:44 Je ne suis pas sûre qu'on entend pas d'oiseaux sur les chantiers.
25:53 Sur le bruit, je pense qu'effectivement, si on parle du chantier du BTP, on ne s'est
26:02 pas occupé de cette problématique du bruit. Mais c'est certain qu'il y a aussi la problématique
26:08 du bruit qui serait à prendre en compte. D'ailleurs, les problématiques de bruit
26:15 sont souvent liées aussi à des problématiques qualiténières. Pour le transport, il y a
26:22 beaucoup de similarités. Mais je pense qu'effectivement, sur les chantiers, c'est aussi vrai.
26:28 Sur Youtube, il y a plein de contributions de Sonia Lavadino qui donne des retours d'expérience
26:35 sur les villes d'Europe du Nord essentiellement. Une question de Christophe. Oui, je suis d'accord
26:43 avec lui, je suis d'accord avec tout le monde. J'ai l'impression que vous manquez cruellement
26:49 de données pour avancer et passer à l'action. Il nous dit qu'il est difficile de connaître
26:56 en amont l'impact en matière de qualité de l'air d'un type ou d'une phase de travaux
27:01 parce qu'on n'a pas de données à disposition sur des exemples de chantiers.
27:05 C'est vrai qu'il y a assez peu de données, c'est ce que j'ai dit au début de ma présentation.
27:09 Il y a ce rapport de l'ADEME qui fait un état des lieux, des techniques d'existence, etc.
27:17 C'est un rapport qui date de 2017, je vous ai remis le lien, il est aussi sur la librairie.
27:21 Après, il y a un certain nombre d'initiatives qui ont été menées à l'étranger. A Londres,
27:27 il y a pas mal de choses, mais c'est en anglais. Il existe des documents, mais ce n'est pas
27:34 forcément des documents en français, c'est pas forcément des documents en français
27:38 surtout. Il existe des choses, mais c'est quand même un domaine sur lequel on manque
27:44 de données et c'est une des difficultés.
27:49 Il faut être pragmatique, on ne va pas faire comme l'expérience de tout à l'heure qui
27:53 met une coquille autour du chantier du BTP.
27:59 Il faut le tenir au milieu.
28:04 Je disais, il est difficile de mettre une coquille autour du chantier et d'arriver à
28:09 individualiser l'apport du chantier. Pour autant, il y a quand même des notions de
28:13 bon sens qui sont évidentes. Elles tiennent beaucoup à la teneur en eau, au phasage,
28:16 aux pistes de chantier, revêtues, pas revêtues. Et puis, moi j'insiste, les effets collatéraux,
28:21 le transport, qui aujourd'hui est mal appréhendé, voire pas appréhendé dans les appels d'offres.
28:27 On a deux personnes qui sont proches l'une de l'autre en coup. Il y en a une qui roule
28:30 beaucoup plus que l'autre. Ça n'est pas pris en compte et pourtant, c'est un effet
28:33 induit sur la pollution de l'air qui est manifeste.
28:35 Je pense qu'il faut vraiment insister sur le fait que ce sont vraiment des mesures
28:41 à prendre très en amont. Parce que ce n'est pas une fois qu'on a choisi les entreprises.
28:46 C'est son credo.
28:48 Oui, mais j'insiste là-dessus parce que c'est vraiment essentiel, je pense. Et c'est
28:52 aussi une des difficultés parce que pour que ce soit pris en compte en amont, il faut
28:56 qu'il y ait la connaissance aussi de cette pollution par les donneurs d'ordre.
29:01 Très bien. J'ai une minute pour prendre une question dans la salle et nous passerons
29:06 à la dernière séquence de notre journée. Qui veut intervenir ?
29:09 Oui, monsieur. Là-bas. On vous apporte un micro.
29:14 Ah oui, ça y est, elle va gagner. Non, parce que les gens qui sont en ligne ne vous entendront
29:27 pas.
29:28 Oui, bonjour. Je suis Arma Albergel, Aria Technologies, groupe Suez. J'ai plus un témoignage
29:37 mais j'ai une question concernant justement les chantiers. Avec l'Afimia, on avait organisé
29:41 il y a à peu près un an un voyage à New Delhi en Inde. Et la préoccupation majeure
29:47 des gens de New Delhi, c'était qu'il y a une loi qui était sortie et qui arrêtait
29:51 systématiquement les chantiers dès qu'un niveau de pollution dans la ville était atteint.
29:55 Et évidemment, tous les chantiers prenaient beaucoup, beaucoup de retard. Les chantiers
29:59 publics, ou les chantiers privés. Et donc, voilà. Je ne sais pas si effectivement,
30:06 il y avait un grand débat, est-ce que cette règle apportait vraiment un plus par rapport
30:11 à la qualité de l'air ou pas. C'est un peu le sens de la question.
30:15 Merci, monsieur.
30:17 Vous soulevez quelque chose qui est important. Il faut faire attention à ne pas cloisonner
30:23 les sujets. Et quand on raisonne qualité de l'air, on a des sujets antagonistes. Évidemment,
30:29 ne pas bosser quand il fait beau. Expliquez un entrepreneur de terrassement qui ne doit
30:31 pas bosser parce qu'il fait beau. La consommation d'eau, expliquez lui qui doit humidifier
30:36 ses pistes mais qui n'a pas de ressources en eau, etc. Donc, vous avez tout un tas d'effets
30:40 antagonistes. Et c'est ce qui me plaît avec la ville de Chamonix qui a décidé de l'aborder
30:43 de manière large, y compris le bruit, y compris les palissades de chantier, y compris
30:46 le tri des déchets. C'est qu'effectivement, on va du coup arriver à gérer ces effets
30:50 antagonistes en essayant de faire la balance. Et de temps en temps, la balance, elle risque
30:55 de ne pas être forcément toujours positive pour la qualité de l'air. Mais c'est un
30:59 peu la difficulté de l'exercice.
31:01 Merci. Bon, alors, allez, vite.
31:05 Moi, c'est une question pour la présentation précédente avec cette proposition d'obligation
31:13 de moyens. Alors que moi, je suis quand même un fervent défenseur de l'obligation de résultats.
31:19 Parce que le problème de l'obligation de moyens, c'est que souvent, ça entraîne
31:23 des biais et que ça n'apporte pas de solution. Donc, il y a peut-être plus une dynamique,
31:29 je pense, à développer pour bien identifier, bien caractériser les impacts des chantiers.
31:35 Quels sont les réels impacts des chantiers ? Pour pouvoir ensuite mettre en place, à
31:41 l'aide éventuellement d'obligations de moyens de mesure, mais surtout de réduction
31:45 des impacts.
31:47 Ok, Madame.
31:48 C'était essentiellement sur la charte qu'on exigeait des moyens, en fait. Parce que,
31:57 comme on l'a pu le voir dans le premier projet, si on se base uniquement sur des mesures,
32:04 on peut passer quand même à côté d'un certain nombre de choses. Et je pense que
32:08 c'était vraiment dans le cadre de la charte, en fait, que ce sont des engagements de moyens
32:12 et pas uniquement...
32:13 C'est quoi les engagements de moyens ?
32:14 C'est de mettre en place des choses, en fait. De mettre en place des mesures, pas
32:20 uniquement des mesures, enfin des pratiques, pas des mesures, justement, pas uniquement
32:25 des mesures. C'est vraiment des bonnes pratiques, en fait.
32:27 C'est une obligation de résultat attachée à des obligations de moyens ?
32:34 Oui, oui. Je vous prends un exemple. Obligation de résultat de ne pas dépasser 81 ppm sur
32:39 la pollution de l'air. Impossible à respecter parce que les causes de pollution étant
32:44 multiples.
32:45 D'accord.
32:46 Non, par contre, autre obligation de résultat, la voirie doit être propre. C'est une obligation
32:52 de résultat incontrôlable. Obligation de moyens, dans telle phase de terrassement,
32:56 un engin, disposition sur le chantier qui doit être à même de nettoyer les voiries,
33:00 etc. Ça c'est une obligation de moyens et pas de résultat.
33:03 Le bâchage, par exemple.
33:04 Bâchage, réduction des vitesses, etc.
33:07 Merci beaucoup, madame, monsieur. Merci. Nous allons aborder maintenant la dernière
33:12 séquence de notre journée.
33:14 [Musique]

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