• il y a 2 ans
Le sénateur Les Républicains, Gérard Larcher, a été réélu président du Sénat ce lundi 2 octobre. Il s'agit de son cinquième mandat à la tête de la chambre haute du Parlement français.

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00:00 Voici le résultat du scrutin pour l'élection du président du Sénat.
00:06 Nombre de votants 348, bulletin blanc 22, bulletin nul 6, suffrage exprimé 320,
00:15 majorité absolue 161.
00:18 Ont obtenu, M. Gérard Larcher, 218 voix.
00:25 M. Patrick Cannaire a obtenu 64 voix.
00:29 Mme Cécile Kuckerman, 20 voix.
00:31 Et M. Guillaume Gontard, 18 voix.
00:33 Donc M. Gérard Larcher ayant obtenu la majorité absolue des suffrages exprimés au premier tour de scrutin,
00:39 je le proclame élu président du Sénat.
00:42 M. le doyen, M. le ministre, mes chers collègues secrétaires du bureau,
00:51 chers collègues présidents du groupe, mes chers collègues.
00:56 Merci tout d'abord, M. le doyen, cher Jean-Marie Vanhoenberg, pour vos propos
01:03 et la réflexion que vous nous avez fait partager sur la démocratie, sur le Parlement,
01:08 sur la dimension sociétale et sociale de notre action
01:13 et pour la métaphore maritime qui a indiqué le bon port.
01:18 Je souhaite remercier les secrétaires du bureau d'âge,
01:23 fonction éphémère que j'ai connue, c'était il y a quelques années.
01:29 C'est un moment un peu particulier.
01:33 Je voudrais souhaiter la bienvenue à nos nouveaux collègues.
01:37 Ils deviennent les héritiers et les porteurs du bicamérisme.
01:43 Du Conseil des anciens de 1795 au Sénat d'aujourd'hui,
01:49 près de 230 années où notre pays n'a connu que trois périodes sans deux assemblées parlementaires.
01:58 La Convention avant octobre 1795,
02:05 mais il y eut la terreur et la nécessité du Conseil des anciens.
02:10 La Deuxième République en 1848, mais qui, après des débuts remplis d'espérance et de liberté,
02:19 s'est terminée par un coup d'État le 2 décembre 1852.
02:25 Une période particulièrement noire.
02:28 L'État français où le Parlement et la République avaient disparu.
02:34 Mes chers collègues, le bicamérisme est indispensable à notre démocratie parlementaire.
02:43 (Applaudissements)
02:52 Je veux avoir une pensée de gratitude pour celles et ceux qui ne siègent plus parmi nous aujourd'hui.
02:58 Ils ont apporté au Sénat et au pays.
03:02 Et vous avez eu, M. le doyen, une pensée particulière pour eux.
03:07 Permettez-moi de remercier très sincèrement celles et ceux qui m'ont témoigné leur confiance.
03:12 Je m'engage à présider notre Assemblée avec la légitimité que me donne la majorité,
03:18 mais aussi dans le respect de vos diverses sensibilités.
03:23 Je vous propose de n'avoir pour boussole que l'intérêt de notre pays
03:28 et de poursuivre la construction du Sénat de demain.
03:33 Je voudrais saluer sincèrement Patrick Cannaire, Cécile Kuckermann et Guillaume Gontard,
03:39 les présidents de groupe qui ont été candidats.
03:42 Ils ont témoigné de la pluralité de notre Assemblée.
03:46 Je veux leur dire que je serai comme hier,
03:49 très attentif au respect des groupes minoritaires et d'opposition, comme d'ailleurs,
03:54 attentif à chaque groupe politique et à chaque sénateur où qu'il siège.
04:01 Oui, il existe une manière particulière au Sénat d'exercer la fonction parlementaire.
04:09 Être sénatrice, être sénateur, c'est faire vivre la démocratie,
04:15 être au service de la République et des citoyens.
04:19 Quand 62% des Français jugent que le Sénat joue un rôle important dans la vie politique française,
04:26 on mesure le chemin parcouru depuis neuf années.
04:31 Nous incarnons plus que jamais ce pôle de stabilité,
04:35 ce point d'équilibre que vous m'avez souvent entendu évoquer.
04:39 Oui, je pense que le Sénat est plus que jamais au cœur de notre vie démocratique.
04:47 Être sénatrice, être sénateur, c'est être autonome, livre et indépendant.
04:54 C'est aussi se respecter les uns les autres.
04:57 C'est donner à nos compatriotes le visage d'une Assemblée où on débat,
05:01 où on propose, où parfois on s'oppose,
05:04 mais jamais dans le mépris, l'invective ou la violence.
05:10 Mes chers collègues,
05:12 il y a, semble-t-il, une façon sénatoriale de faire de la politique,
05:16 avec sérieux, calme, détermination.
05:21 C'est la bonne méthode pour recoudre un pays fracturé,
05:24 sans craindre de dire la vérité même si elle dérange,
05:28 en ne reculant jamais devant l'obstacle.
05:32 Fort de ces principes, il nous faut imaginer et construire ensemble le Sénat de demain,
05:37 pour mieux répondre aux attentes de nos concitoyens et des territoires,
05:41 pour retrouver la confiance.
05:44 Notre pays qui souffre, doute, au fond qui n'a plus confiance,
05:49 a besoin d'une Assemblée attentive,
05:52 et j'ose le dire, une Assemblée presque affective vis-à-vis de nos compatriotes.
06:00 Ces dernières années, j'ai sillonné le pays,
06:04 j'ai rencontré de nombreux élus locaux et nombre d'acteurs économiques et sociaux.
06:10 Vous le sentez bien, nous traversons une crise profonde.
06:15 Aggravation des fractures territoriales,
06:17 montée de l'abstention et des votes contestataires,
06:20 dégradation de nos services publics et de la présence médicale,
06:25 envolée de la dette publique et des déficits,
06:27 montée des violences et des émutes urbaines,
06:31 inquiétude au quotidien face à l'inflation,
06:35 une jeunesse inquiète elle aussi, notamment face aux défis climatiques.
06:41 Nous l'avons tous ressenti pendant la campagne électorale,
06:46 pour ceux qui étaient candidats que nous venons de vivre.
06:49 Il nous faudra rompre avec cette spirale du déclin,
06:52 et le Sénat devra y prendre toute sa part.
06:57 Mes chers collègues,
06:59 c'est le sens du projet pour les trois années à venir
07:02 que j'ai fait parvenir à chacune et à chacun d'entre vous,
07:07 le Sénat de la République, aujourd'hui et demain.
07:12 D'abord, notre mission constitutionnelle.
07:16 Le président de la République a par deux fois, en 2017 et en 2022,
07:21 annoncé son intention de procéder à une réforme des institutions.
07:27 J'ai souhaité à chaque fois que le Sénat soit en anticipation.
07:32 Notre groupe de travail transpartisan se réunit depuis novembre 2022,
07:38 et il fera des propositions d'ici la fin de cette année.
07:43 Nous sommes prêts à envisager toute réforme qui serait utile
07:47 à l'amélioration du fonctionnement de notre démocratie,
07:50 si elle permet de recoudre le pays,
07:52 si elle permet au peuple de retrouver la confiance
07:55 en ses parlementaires, ses gouvernants, sa justice.
07:58 Mais je le redis, notre constitution ne se modifie pas
08:03 en fonction des pulsions du moment.
08:07 (Applaudissements)
08:15 La loi,
08:18 vous êtes des législateurs,
08:21 elle est le cœur de notre mission.
08:24 Ces trois dernières années, au travers de notre mission de législateur,
08:27 nous avons défendu, ensemble, dans la diversité de nos groupes politiques,
08:31 les prérogatives du Parlement,
08:34 face à toutes les tentatives de contournement.
08:37 Nous avons lutté contre le recours excessif aux ordonnances
08:42 qui dépossèdent le Parlement du débat et du droit d'amendement.
08:46 La loi, pour retrouver sa force et son efficacité,
08:50 doit obéir à quelques principes.
08:52 Simplicité, lisibilité,
08:56 efficacité, subsidiarité.
09:00 Il nous faut donc moins légiférer pour mieux légiférer.
09:04 Et cela nous concerne tous, exécutifs,
09:08 comme nous tous dans chacune de nos assemblées,
09:12 pour atteindre cet objectif qui me paraît essentiel.
09:15 (Applaudissements)
09:19 Trop de lois ne sont jamais appliquées ou inefficaces.
09:25 Nous devons les évaluer avant et après vote.
09:29 L'annonce d'un projet de loi est trop souvent devenue un outil de communication
09:34 pour les réseaux sociaux et les médias.
09:37 Méfions-nous des lois de pulsion
09:39 qui produisent cette inflation législative qu'il nous faut combattre.
09:45 Notre mission de contrôle,
09:48 elle est essentielle au contre-pouvoir que nous incarnons.
09:51 Nous avons été fidèles à l'esprit des lois.
09:54 « Oui, le pouvoir doit arrêter le pouvoir »,
09:57 c'est ce qu'écrivait Montesquieu.
09:59 Et la société a droit de demander compte à tout agent public de son administration.
10:03 C'est l'article 15 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen.
10:08 C'est ce que nous avons fait au cours de ces trois années,
10:11 c'est ce que nous ferons.
10:13 Enfin, nous portons la voix des territoires.
10:18 Convaincus que la gouvernance verticale,
10:20 la suradministration,
10:22 l'hyperconcentration du pouvoir
10:25 sont en partie à l'origine des maux dont souffre notre pays.
10:30 Nous devons remettre les maires au cœur de la décision,
10:34 gérer en proximité,
10:35 imposer un nouveau souffle de décentralisation.
10:40 Mais à décentralisation forte,
10:42 il faut un État territorial fort.
10:45 Nos collectivités ont besoin de plus de liberté.
10:49 C'est vrai pour les communes, c'est vrai pour les départements,
10:51 c'est vrai pour les régions.
10:54 Il nous faudra trouver un juste équilibre
10:57 entre différenciation et unité de la République.
11:03 Le 6 juillet dernier,
11:05 15 propositions pour rendre aux élus le pouvoir d'agir
11:09 ont été rendues publiques
11:11 et adressées au président de la République et à la Première Ministre.
11:16 Simplification,
11:18 autonomie fiscale et financière,
11:20 statut de l'élu,
11:22 relation entre les services de l'État et les maires,
11:25 logement et bien d'autres points encore.
11:28 C'est donc une main tendue loyalement
11:30 et concrètement par le Sénat à l'exécutif.
11:34 Je souhaite que l'exécutif saisisse cette main tendue.
11:39 (Applaudissements)
11:46 En ces temps où l'équilibre institutionnel
11:50 a été profondément modifié,
11:52 du fait de l'absence de majorité à l'Assemblée nationale,
11:55 où le fait majoritaire n'est plus,
11:58 le Sénat a un rôle essentiel dans le fonctionnement de nos institutions.
12:03 Il est parvenu à être le point d'équilibre d'une démocratie à la peine.
12:07 Une Assemblée qui assume ses différences,
12:10 qui résiste à la désinformation parfois alarmante,
12:13 à la justice expéditive des réseaux sociaux.
12:19 Michel Debré l'anticipait déjà devant le Conseil d'État,
12:22 je le cite, c'était en août 1958.
12:27 Il est facile de comprendre pourquoi il faut à la France
12:29 une puissante deuxième chambre.
12:32 Notre régime électoral peut nous empêcher de connaître
12:36 les majorités cohérentes qui assurent sans règle détaillée
12:40 la bonne marche du régime parlementaire.
12:44 C'est donc aujourd'hui pour nous une responsabilité supplémentaire,
12:48 et pour la première fois d'ailleurs, réellement depuis 1958.
12:55 La démocratie représentative, mes chers collègues, est fragile.
12:58 Il faut en prendre soin.
13:00 Attention à l'image que nous projetons dans l'opinion.
13:04 Faisons la vivre en étant ouverts, disponibles, à l'écoute.
13:08 Soyons attentifs au pouls de la société.
13:13 À l'extérieur du pays, naît un doute sur le rôle
13:18 et le rang de la France dans le monde.
13:21 J'ai, dans mes déplacements à l'étranger, rencontré
13:23 nos compatriotes établis hors de France.
13:26 Nous devons y être particulièrement attentifs
13:29 à ces compatriotes et être solidaires.
13:32 Je pense aujourd'hui à ce que nous vivons,
13:35 à ce qu'ils vivent en Afrique.
13:38 Soyons attentifs aux puissances nouvelles qui émergent
13:42 sur le continent africain et en Indo-Pacifique,
13:45 et qui bouleversent des équilibres qui semblaient
13:48 durablement être installés.
13:51 Nous devons faire face à de nouveaux défis,
13:54 crise migratoire, crise climatique,
13:57 sur lesquels nous devons être particulièrement mobilisés.
14:01 Face au champ où la démocratie, mais surtout la diplomatie
14:07 parlementaire peut être utile.
14:09 Je veux, mes chers collègues, avoir une pensée
14:11 toute particulière et solidaire en cette journée
14:17 du 2 octobre pour l'Arménie et les Arméniens,
14:21 qui ont le sentiment qu'ils sont à nouveau bien seuls
14:24 et qu'ils sachent que nous sommes à leurs côtés.
14:28 (Applaudissements)
14:45 Ensemble, nous allons vivre trois années d'engagement
14:48 au service des Français, au service de la République.
14:53 Je crois profondément que le Sénat aura une responsabilité
14:57 particulière pour mobiliser les forces vives de notre pays
15:01 et faire vivre la démocratie.
15:03 Nous devrons rester l'assemblée du débat apaisé,
15:07 une assemblée responsable face aux défis qui se présentent,
15:10 intransigeante à chaque fois que les intérêts de la France
15:13 l'exigeront.
15:14 C'est comme cela que nous réussirons à rassembler
15:17 les Français pour retrouver un sentiment commun
15:21 d'appartenance à la nation.
15:24 Oui, nous devons retrouver confiance et espérance.
15:28 Alors, ce que je vous propose, c'est de participer ensemble
15:33 à cette ambition collective.
15:35 Nous avons une responsabilité particulière
15:39 pour les trois années qui viennent,
15:41 une responsabilité que nous devrons assumer
15:44 dans la diversité de ce que nous sommes,
15:46 de ce que nous représentons,
15:49 que nous soyons en métropole dans nos Outre-mer.
15:52 Quelque part, nous incarnons une France qui connaît,
15:56 chers doyens, son cap, qui doit tenir son cap.
16:00 Le cap, c'est l'intérêt de la France pour que vive le Sénat,
16:04 vive la République et vive la France !
16:06 (Applaudissements)
16:09 (...)

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