Les conseils de notre docteur Brigitte Milhau sur les sujets santé qui vous concernent dans #BonjourDrMilhau
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00:00 Bonjour, aujourd'hui dans la santé expliqué ma fille, je répondrai aux questions de Sacha sur les insomnies et nous vous donnerons des conseils pour bien dormir.
00:09 Puis avec le docteur Martin Blachier, nous verrons que le burn-out est en nette augmentation et il nous dira comment le reconnaître.
00:21 Sacha, ça a dû arriver à peu près à tout le monde de passer une mauvaise nuit. On est contrarié, on a fait un repas un peu trop copieux, un peu trop arrosé peut-être.
00:30 Ou alors on est malade, tout simplement, on rume, on dort mal, tout ça. Ou alors l'été, quand il fait trop chaud, tu sais souvent tu dors mal.
00:37 Mais aujourd'hui on ne s'intéresse pas à ça, on s'intéresse à l'insomnie mais l'insomnie en tant que maladie.
00:42 Alors ces insomnies-là, comment on peut les caractériser ? Qu'est-ce que c'est exactement une insomnie ?
00:48 On parle d'insomnie quand il y a un manque de sommeil et une mauvaise qualité du sommeil.
00:53 C'est la quantité et la qualité qui comptent mais surtout, ce qui est le plus important, c'est quand ça a un retentissement le lendemain.
00:59 Parce que si tu dors mal mais que le matin t'es en pleine forme, c'est pas une insomnie.
01:03 Il faut qu'il y ait un retentissement le lendemain, un retentissement physique, psychique, social. Là, on parle d'insomnie à ce moment-là.
01:10 Et concrètement, la nuit, ça se traduit comment une insomnie ?
01:13 Alors ça peut se traduire de plusieurs manières. Il y a des insomnies d'endormissement, t'as du mal à t'endormir.
01:19 Ah, donc c'est pas seulement se réveiller en plein milieu de la nuit et pas réussir à s'endormir.
01:23 Non, mais il y a aussi des insomnies d'éveil où tu te réveilles plusieurs fois la nuit.
01:27 Et il y a des insomnies de réveil précoce, c'est-à-dire qu'en fait, tu te réveilles très tôt le matin et tu n'arrives plus à t'endormir.
01:33 Et tu peux avoir parfois des insomnies d'endormissement plus des éveils. En fait, tu vois, tu peux avoir tout ça en même temps.
01:38 Et c'est fréquent, ça ?
01:39 Alors c'est très fréquent, c'est à peu près 20% de la population qui souffre d'insomnie.
01:45 Tu vois, c'est quand même une personne tout simple.
01:47 Qui ont des retentissements sur leur journée, en gros, c'est ça que je veux dire.
01:50 Et puis surtout, comment t'expliquer ? La vision du sommeil a changé, le regard que l'on porte sur le sommeil a changé.
01:56 Avant, c'était valorisé, tu voyais les gens qui travaillaient puis qui faisaient la sieste.
02:00 Maintenant, c'est presque honteux. Quand tu fais la sieste, tu le dis pas.
02:04 Quand tu fais une grasse mat', tu le dis pas. Mais oui, c'est pas très bien vu.
02:07 Et surtout, ce qui a changé, c'est que les gens ont l'impression que ça ne sert à rien.
02:11 Il y a une étude qui a montré que 20% des jeunes pensent que dormir ne sert à rien.
02:18 Alors que pas du tout.
02:20 Alors que pas du tout.
02:21 Rien d'indispensable.
02:22 Alors justement, réexplique-nous tout ce qui se passe la nuit et du coup, pourquoi c'est si important de bien dormir.
02:29 Alors déjà, juste une remarque toute simple.
02:31 Si on passe un tiers de sa vie à dormir, c'est que c'est utile.
02:35 Indispensable.
02:37 C'est vital. Il ne faut pas oublier que, par exemple, notre cerveau, il travaille encore plus la nuit que le jour.
02:45 Dans le cerveau, il se passe plein de choses.
02:47 D'un point de vue physique, il y a des récupérations physiques. Il faut récupérer ta journée.
02:53 Donc tu as des récupérations physiques avec une régénération cellulaire, avec la cicatrisation.
02:58 Tout ça à la nuit.
02:59 Tout ça à la nuit.
03:00 C'est-à-dire qu'en fait, il faudrait dire à nos enfants qui ont du mal à dormir, mais tu vas grandir.
03:04 Si tu dors bien, tu grandiras beaucoup plus.
03:06 Parce qu'il y a les hormones de la croissance qui sont sécrétées pendant la nuit.
03:09 Le poids. C'est pendant la nuit qu'on régule son poids.
03:13 D'ailleurs, la première question à vous poser, si vous avez des problèmes de poids, c'est est-ce que vous dormez bien ?
03:19 Parce que c'est pendant la nuit que les hormones sont régulées, sont sécrétées.
03:22 Tu veux dire que le fait de mal dormir, ça peut faire qu'on est en surpoids, en obésité ?
03:27 Et quand on voit que de plus en plus de jeunes dorment mal, on est en train de préparer une future génération d'obéses.
03:34 Il y a d'autres raisons.
03:35 Mais le mauvais sommeil est une des raisons aussi.
03:38 Après, tu vois, il y a un renforcement de ton immunité de travail aussi.
03:41 Mais il y a aussi une récupération psychique aussi.
03:45 Ce n'est pas que physique.
03:46 Psychiquement, ton cerveau, la nuit, il va aider à favoriser la mémorisation et puis aussi l'oubli.
03:54 Il va trier ce qui ne sert à rien, toutes les infos qui ne servent à rien.
03:56 Il va nettoyer un petit peu tout le cerveau qui a été un peu plein d'informations toute la journée.
04:01 Tu vois, il faut faire le ménage là-dedans pour l'apprentissage, pour la gestion des émotions.
04:06 Il va renforcer les connexions entre les neurones.
04:09 Donc tu vois, c'est indispensable.
04:10 Pourquoi ? Parce que le matin, il faut être prêt pour une nouvelle journée.
04:15 Il faut nettoyer, récupérer tout ce qu'on a fait la veille et aussi être prêt en énergie, en tout, pour une nouvelle journée.
04:22 Donc le fait de ne pas bien dormir, de ne pas avoir une bonne qualité ou pas assez enduré de sommeil,
04:29 ça veut dire que déjà, il ne peut pas se passer tout ça.
04:31 Mais en plus, ça a d'autres conséquences.
04:33 Ça veut dire que tu es somnolant toute la journée, il peut y avoir des accidents.
04:36 Il y a d'autres conséquences que ce qui n'arrive pas du coup.
04:40 Oui, et je pense que ce serait important d'arriver quasiment à faire une éducation au sommeil.
04:45 Il faut qu'on comprenne tout ça parce qu'on ne sait pas tout ce qui se passe pendant le sommeil.
04:48 Alors il y a les conséquences à court terme.
04:49 Comme tu le dis, le lendemain, tu es fatigué quand tu n'as pas bien dormi.
04:52 Donc il y a des conséquences sur la fatigue.
04:55 Tu es de mauvaise humeur, je ne sais pas si tu as déjà remarqué.
04:58 Irritable.
04:59 Tu es très irritable.
05:00 C'est vrai.
05:01 On a froid aussi quand on a mal dormi.
05:03 Quand tu as mal dormi, parce que pendant la nuit, il y a aussi la régulation de la température.
05:07 Et généralement, quand tu as mal dormi, tu as froid.
05:10 C'est vrai.
05:12 Après, évidemment, il y a des choses plus graves.
05:14 On peut, si on est somnolant, avoir des accidents de travail.
05:17 Mais aussi des accidents de la circulation.
05:19 Et puis après, il y a les conséquences à long terme.
05:22 Ça va augmenter les risques d'hypertension artérielle, de maladies cardiovasculaires,
05:27 de surpoids, d'obésité, de diabète.
05:30 Ça va augmenter la sensibilité à la douleur.
05:33 Tu deviens beaucoup plus sensible pour tout, pour un oui, pour un non.
05:36 Ça augmente le risque de cancer.
05:38 Et ça entraîne, tout à l'heure, tu l'as vu, il y avait notre immunité.
05:42 On la travaille pendant la nuit aussi.
05:44 On la reconstitue pendant la nuit.
05:46 Et donc, tu vas avoir une baisse de l'immunité.
05:48 Tu vas attraper plus facilement toutes les infections.
05:50 Et là, on n'a mis que les principaux.
05:53 Ça a des vraies conséquences de mal dormir, même sur la santé.
05:57 Bien sûr.
05:58 Qui est le plus touché par ces insomnies ?
06:02 Qui a le plus de troubles du sommeil ?
06:04 Les femmes, les hommes ?
06:06 C'est en fonction de quoi ?
06:08 Tout le monde peut être touché par les troubles du sommeil.
06:10 Il y a des insomnies qui sont réactionnelles, si tu veux.
06:15 Par exemple, un deuil, une séparation, une perte d'emploi.
06:19 Là, c'est assez souvent qu'on peut avoir des troubles du sommeil pendant un mois, deux mois.
06:24 Mais c'est réactionnel à quelque chose.
06:26 Après, il y a des maladies comme l'apnée du sommeil.
06:28 Tu veux dire que ça passe avec le temps.
06:29 Après, il y a des maladies comme l'apnée du sommeil,
06:31 comme des problèmes de rheumatismo, des douleurs, etc.
06:34 Où là, tu traites la maladie.
06:36 Généralement, on le sait, on connaît la cause.
06:38 Mais après, d'abord, il y a plus de femmes qui souffrent d'insomnie.
06:42 Et ensuite, les trois causes principales d'insomnie sont stress, anxiété et dépression.
06:48 Ce sont vraiment les causes majeures des insomnies.
06:51 Est-ce qu'on peut donner des petits conseils, pas des traitements,
06:56 mais des petits conseils de vie pratique pour essayer d'avoir le meilleur sommeil possible ?
07:01 Qu'est-ce qu'il faut faire ? Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire ?
07:03 Les petits conseils qui s'adressent à tout le monde.
07:05 Il faut comprendre que la meilleure amie du sommeil, c'est la régularité.
07:11 C'est important.
07:13 Tu sais que notre sommeil est réglé sur le jour et la nuit.
07:17 Donc, il faut essayer de se coucher le plus possible tous les soirs à peu près à la même heure.
07:22 Et surtout, se réveiller, parce que c'est plus facile d'agir sur le réveil que sur le coucher.
07:26 Donc, se réveiller à peu près tous les jours à la même heure.
07:30 Je vois ta tête.
07:32 Quand on fait une grasse matinée le week-end,
07:34 parce qu'on peut faire une grasse matinée et qu'on n'a pas à se lever pour travailler,
07:37 ça ne nous fait pas récupérer le sommeil dont on manquait pendant la semaine ?
07:42 Le sommeil, ça ne marche pas vraiment comme ça.
07:44 Ce n'est pas parce que tu vas dormir pendant deux jours dans le mois que tu vas récupérer toutes tes crises.
07:48 Pas du tout. Ça ne marche pas comme ça.
07:49 Comme je t'ai dit, il se passe plein de choses,
07:51 notamment pour nettoyer ce qui s'est passé dans la journée, pour faire le tri, etc.
07:54 Donc, si tu ne le fais pas au jour le jour, tu ne vas pas récupérer.
07:57 Ce que tu peux faire en plus, oui, tu peux faire une grasse mat,
08:00 mais l'idéal, c'est de la décaler de deux heures par rapport à ton heure de lever de la semaine.
08:05 C'est ça l'idéal, surtout que les grasses matinées,
08:07 tu sais qu'il y a ce qu'on appelle les synchroniseurs sociaux,
08:10 le bruit, la lumière, etc., qui font partie de l'éveil, si tu veux.
08:15 Or, quand tu fais une grasse mat, en général, il y a plus de bruit, il y a plus de lumière,
08:19 et surtout, le sommeil qu'on appelle récupérateur, on a parlé de récupération tout à l'heure,
08:23 le sommeil récupérateur, il est beaucoup plus présent en début de nuit qu'en fin de nuit.
08:29 Donc, tu récupéreras beaucoup mieux.
08:32 Il vaut mieux être régulier plutôt que d'essayer de tout rattraper des cannes, par exemple.
08:35 D'autres conseils ?
08:36 Alors, respecter des règles qui me paraissent de bon sens.
08:40 Digéno-diététique ?
08:41 Oui, c'est-à-dire qu'en fait, si tu fais un repas trop copieux,
08:43 on l'a dit tout à l'heure en exemple, tu vas avoir du mal à dormir,
08:46 trop arrosé, alors le vin est un faux ami, ça va vous aider à vous endormir,
08:50 mais après, vous aurez un sommeil de mauvaise qualité.
08:54 Après, on va éviter tous les excitants, café, thé, coca, les drogues aussi,
08:59 la cocaïne qui empêche de dormir.
09:02 Et une étude récente a montré aussi que ceux qui prennent du cannabis régulièrement,
09:07 parce que souvent, tu prends du cannabis justement pour t'aider un peu à dormir,
09:10 eh bien non, une étude de l'Inserm vient de montrer que de consommer du cannabis régulièrement
09:16 était un gros facteur d'insomnie.
09:18 Peut-être qu'ils n'arrivent plus à s'endormir, mais ils se réveillent.
09:21 Non, non, ils n'arrivent même plus à s'endormir.
09:24 Après, il y a la température.
09:26 On dort beaucoup mieux quand la température de la pièce est basse,
09:30 donc des chambres à 18-19 degrés, c'est idéal pour bien s'endormir,
09:34 mais pas que la température de la pièce, la température corporelle.
09:38 Mais comment tu la régules, ta température ?
09:39 Tu ne vas pas aller prendre un bain chaud le soir pour t'endormir,
09:41 tu ne vas pas faire du sport à 20 heures avant de t'endormir,
09:45 tout ça, il ne faut pas le faire.
09:47 En revanche, une activité physique la journée, ça oui,
09:52 parce qu'en fait, si tu as fait trois heures de randonnée,
09:55 tu dormiras mieux que si tu es restée toute la journée sur le canapé.
09:57 Donc une bonne nuit, ça se prépare la journée aussi.
10:00 Ensuite, limiter les écrans.
10:03 Oui, mais ça...
10:04 Oui, c'est facile à dire, je sais.
10:06 Mais il faut comprendre que la lumière bleue des écrans,
10:09 que ce soit téléphone, smartphone, tablette, ordinateur, etc.,
10:13 cette lumière bleue, elle bloque la sécrétion de la mélatonine.
10:18 La mélatonine, c'est l'hormone du sommeil
10:20 qui commence à être sécrétée avec l'obscurité.
10:23 Donc si vous lui mettez la lumière bleue,
10:25 elle va être bloquée et donc tu vas avoir du mal à t'endormir.
10:29 La télé aussi ?
10:30 La télé, non, parce que ce n'est pas une lumière bleue,
10:32 en plus elle est plus loin.
10:34 Après, il y a aussi les émotions sur les écrans
10:36 qui peuvent entraîner, réveiller, si tu veux, le processus d'éveil,
10:40 c'est le cas de le dire.
10:42 Après, il ne faut pas oublier qu'on a ce qu'on appelle...
10:46 Il y a plusieurs phases dans le sommeil.
10:48 Il y a une phase d'endormissement,
10:50 c'est-à-dire où on commence à avoir des petits signes,
10:52 on a les yeux qui brillent, on commence à bailler.
10:55 Donc là, il ne faut pas rater le train du sommeil.
10:58 Il faut y aller vite.
10:59 Sinon après, on est plus fatigué.
11:00 Sinon après, oui, si on rate la période d'endormissement,
11:03 après il y a des phases qui se suivent,
11:04 si on les rate, ça va être beaucoup plus difficile pour s'endormir.
11:07 S'endormir, la conscience tranquille,
11:09 le lit ce n'est pas un bureau.
11:11 Je veux dire, ce n'est pas un bureau,
11:12 il ne faut pas commencer à réfléchir à tout ce qu'on a à faire, etc.
11:15 Et s'endormir aussi, sans penser qu'on va mal dormir.
11:19 Si tu vas te coucher en disant "Oh là là, je ne vais pas y arriver",
11:21 penser au sommeil, c'est déjà nuire à son sommeil.
11:23 Il ne faut pas se dire "Pauvre que j'arrive à dormir", etc.
11:27 Tu sais bien souvent, quand tu dois te lever tôt,
11:29 tu ne dors pas parce que tu y penses.
11:31 Donc il ne faut pas penser à ça.
11:33 Ça c'est plus des conseils pour s'endormir,
11:35 mais si on se réveille en pleine nuit, qu'est-ce qu'on fait ?
11:39 Alors surtout, on ne regarde pas son téléphone.
11:42 Oui mais on regarde l'heure qu'il est.
11:44 Il y a la lumière bleue qui va bloquer la méatonine
11:46 et tu ne vas pas arriver à...
11:48 Donc si tu travailles en pleine nuit, tu ne touches pas à ton téléphone.
11:51 Tu ne touches pas, tu essayes de t'endormir.
11:53 En revanche, si au bout de 10 minutes, un quart d'heure,
11:54 tu n'es toujours pas arrivé à t'endormir,
11:56 l'idéal c'est de faire quelque chose,
11:59 évidemment pas allumer toutes les lumières,
12:01 plutôt dans l'obscurité, éventuellement une petite liseuse,
12:04 lire un peu, une activité calme,
12:06 tu ne vas pas te mettre à faire le ménage
12:08 qui va envoyer tous les signaux d'éveil au cerveau.
12:10 Et si malgré tous ces petits conseils un petit peu pratiques,
12:14 on a toujours des insomnies,
12:16 est-ce qu'il y a des traitements qui existent pour les soigner ?
12:19 Alors, des traitements, il y en a beaucoup.
12:21 Déjà, il faut essayer de retrouver la cause,
12:24 savoir pourquoi, ça c'est important.
12:26 Ensuite, on va commencer par faire des petits exercices de relaxation.
12:31 Tu sais, c'est très important, comme on le disait,
12:33 il faut avoir la conscience tranquille.
12:35 On peut aussi...
12:36 Il y a une étude qui a montré que dormir à deux, aussi,
12:38 c'était apaisant, on dormait mieux,
12:41 on avait moins d'insomnie parce qu'en fait,
12:43 il y a une sécrétion d'ocytocine, c'est l'hormone de l'attachement.
12:45 Et puis, une baisse de la sécrétion de cortisol.
12:48 Ça dépend avec qui on dort.
12:49 Ça dépend avec qui on dort, tu as raison.
12:50 Si c'est un ou une renfleuse,
12:52 ou un ou une tireur ou tireuse de couette,
12:55 là, c'est pas terrible.
12:56 Mais bref, tout ça pour dire qu'il y a tout un tas de petites méthodes comme ça.
13:01 On peut aussi, vous pouvez aussi aller demander conseil à votre pharmacien.
13:05 Il existe des tisanes à base de plantes, d'aubépines, de passiflore, de valériades
13:10 qui ont prouvé leur efficacité.
13:12 Il y a la mélatonine aussi,
13:14 des compléments alimentaires à base de mélatonine.
13:17 Donc, votre pharmacien peut vous les conseiller.
13:20 Et puis après, il y a les thérapies cognitivo-comportementales.
13:23 C'est-à-dire, vous avez des thérapies,
13:25 vous allez voir votre médecin qui va vous conseiller tout ça.
13:28 Il y a même des prises en charge maintenant pour 8 séances avec un psychologue.
13:32 Et les somnifères ?
13:33 Les somnifères, je suis désolée, mais on oublie.
13:36 Je sais, une fois de temps en temps, ponctuellement,
13:39 oui, ça va vous aider à dormir.
13:40 Mais en fait, ça ne vous endort pas réellement.
13:44 Ça vous anesthésie le cerveau.
13:46 C'est-à-dire qu'en fait, vous avez l'impression d'avoir dormi
13:48 parce que vous ne vous êtes pas réveillé, etc.
13:50 Mais en revanche, votre cerveau, il n'a pas fait tout le travail dont on a parlé de récupération.
13:54 Donc, c'est pour ça que ceux qui prennent des somnifères ont des problèmes de mémoire, par exemple,
13:58 ou alors sont somnolents la journée.
14:00 Donc, les somnifères, on oublie.
14:02 Et d'ailleurs, les recommandations, ce n'est pas plus de 4 semaines.
14:05 On sait que ce n'est pas dans la vie comme ça.
14:07 Mais voilà, donc le plus important, c'est de se souvenir qu'une insomnie,
14:12 on n'attend pas qu'elle devienne chronique 3 fois par semaine pendant 3 mois.
14:15 Non, on va tout de suite essayer de l'enrayer.
14:18 C'est très important.
14:19 Après, il faut bien comprendre que le sommeil, c'est utile, indispensable, vital.
14:24 En fait, l'insomnie, c'est quand notre horloge de l'éveil prend le pas sur l'horloge du sommeil.
14:30 Donc, il va falloir remettre les pendules à l'heure, en commençant par les petits conseils
14:34 et surtout, ne pas laisser une insomnie s'installer.
14:38 Docteur Martin Blachier, bienvenue.
14:45 Je rappelle que vous êtes médecin de santé publique, épidémiologiste.
14:48 Et aujourd'hui, on s'intéresse au burn-out.
14:51 On a l'impression qu'il y a de plus en plus de personnes qui en sont atteintes.
14:55 Alors déjà, pour commencer, comment peut-on définir le burn-out
14:59 et pourquoi est-il aussi fréquent ?
15:02 Le burn-out, c'est un concept qui vient du monde du travail
15:05 et qui a été développé dans les années 50-60 autour des professionnels soignants.
15:10 Pourquoi les professionnels soignants ?
15:12 Parce que le burn-out, c'est un épuisement professionnel
15:15 qui a lieu chez des gens qui sont surinvestis émotionnellement dans leur travail.
15:19 Autrement dit, vous êtes en train de me dire que celui qui s'en moque de son boulot, il n'aura pas de burn-out.
15:23 Ce que je veux dire, c'est que le burn-out, ce n'est pas une maladie de la personne
15:25 qui va être épuisée physiquement d'être debout trop longtemps dans la journée.
15:29 C'est vraiment quelqu'un qui s'investit tellement émotionnellement dans son travail
15:32 qu'il finit quelque part par s'épuiser sur un plan émotionnel.
15:35 On lui demande trop d'efforts d'adaptation au niveau personnel sur un temps relativement long.
15:41 Votre corps, en fait, il est capable de répondre à des moments de stress aigus.
15:45 Vous avez vos surrénales qui vont sécréter les hormones du stress
15:49 et à ce moment-là, votre corps va se mettre en ébullition
15:51 pour répondre à un moment précis, à ce qu'on appelle un rush professionnel, un coup de bourre.
15:55 Mais ça, ça ne peut pas durer des mois.
15:57 Parce qu'au bout d'un moment, si vous êtes en permanence en rush,
15:59 votre corps, il va commencer à s'épuiser et là, il va commencer à s'abîmer.
16:03 Et c'est là qu'on voit arriver les symptômes de ce concept qu'est le burn-out,
16:07 qui n'est pas un diagnostic de maladie psychologique psychiatrique,
16:09 qui est vraiment un concept d'épuisement lié au travail.
16:12 Vous avez des signes qui sont des signes cognitifs.
16:14 Le signe cognitif, c'est déjà que vous n'arrivez plus à travailler,
16:16 vous n'arrivez plus à vous concentrer, vous oubliez plein de choses,
16:19 vous n'avez plus la même attention.
16:21 Là, déjà, vous sentez que votre corps est en train de se fatiguer.
16:24 Simplement, il n'arrive plus à faire la tâche pour laquelle vous le sollicitez,
16:27 de façon beaucoup trop intense sur un temps long.
16:29 Ensuite, vous avez les syndromes physiques.
16:31 Vous n'allez plus réussir à dormir, vous n'allez plus manger habituellement,
16:34 soit trop, soit trop peu.
16:35 Vous allez commencer à avoir une fatigue des tensions musculaires,
16:38 donc votre corps est extrêmement tendu, il n'arrive plus à se réguler.
16:41 Vous avez tous les symptômes qui sont émotionnels.
16:43 Vous devenez irritable, anxieux, un petit peu triste.
16:46 Là, vous avez commencé à avoir votre psychisme qui, par l'épuisement,
16:50 commence à s'affaisser un petit peu également.
16:52 Et enfin, vous avez des choses qui sont comportementales.
16:54 Là, ce sont essentiellement les autres qui le voient.
16:56 Vous ne vous comportez plus comme à l'habitude dans l'entreprise
16:59 ou dans l'endroit où vous travaillez.
17:01 Vous n'êtes plus motivé, vous devenez cynique, vous dévalorisez tout.
17:04 Vous trouvez que plus rien n'a de sens.
17:06 Et là, vous commencez à avoir un tableau complet de burn-out.
17:08 Mais l'idéal, ce serait de ne pas attendre d'en arriver là,
17:11 de s'en apercevoir encore plus tôt.
17:13 On va y revenir.
17:14 Mais qu'est-ce qu'on fait justement quand on sent que ça ne va pas bien ?
17:18 Quand on sent qu'on a tous ces symptômes et qu'on est probablement en burn-out,
17:21 on va le voir sur la prochaine diapositive,
17:24 la première chose à faire, c'est de ne pas s'isoler.
17:26 D'abord, on a une tendance à s'isoler parce qu'on veut se cacher,
17:29 parce qu'en fait, la situation professionnelle continue de nous mobiliser
17:32 et on aimerait pouvoir faire face encore à la situation.
17:35 Or, on n'en est plus capable.
17:36 Donc, on va s'isoler parce qu'on va essayer de le cacher.
17:38 Ça, il ne faut surtout pas le faire.
17:39 Il ne faut surtout pas le faire parce que ça va aggraver tous les symptômes du burn-out
17:43 et on va s'enfoncer dedans.
17:44 Et après, derrière, on peut avoir des dépressions, des troubles anxieux.
17:46 Donc, le but, c'est de ne pas en arriver là.
17:48 Ce qu'il faut, avant tout, c'est en communiquer.
17:51 On a des gens qui sont là aussi pour nous aider à nous organiser dans notre travail,
17:54 peut-être avec l'équipe, déléguer certaines choses.
17:57 Et donc, il faut en parler à son manager, il faut en parler à son équipe.
17:59 Donc, au lieu de s'isoler, au contraire, ne pas avoir honte.
18:02 C'est normal d'être épuisé.
18:03 On a tous notre point de rupture et à ce moment-là,
18:05 on va en parler avec les gens qui vont réorganiser notre journée de travail.
18:08 Et puis, si jamais vraiment ça ne va pas, il faut aller consulter.
18:11 Il faut aller consulter la médecine du travail ou son médecin généraliste
18:14 qui va, elle, être en capacité, par exemple, de vous arrêter
18:17 ou de montrer que sur le plan médical, il faut faire quelque chose,
18:20 même si on a besoin de vous à votre poste pour continuer à vous surinvestir dans votre travail.
18:24 Alors, ça, ce sont les conseils vraiment au travail.
18:27 Mais c'est vrai que parfois, ce n'est pas évident de communiquer.
18:30 Vous avez d'autres conseils à nous donner ?
18:32 Alors, j'ai des conseils pour, effectivement, ne pas en arriver là.
18:35 Mais avant, je voudrais vous montrer qui est le plus à risque d'être en burn-out.
18:40 On n'est pas tous égaux devant le burn-out.
18:46 Effectivement. Donc, quand on regarde les chiffres, ce sont essentiellement les femmes.
18:50 Pourquoi ? Probablement parce qu'elles sont déjà très investies à la maison.
18:53 Elles sont surinvesties.
18:54 Elles sont surinvesties à la maison, donc on leur demande un surinvestissement au travail.
18:58 C'est trop. Donc, encore une fois, on peut fournir un certain nombre d'efforts,
19:01 mais au bout d'un moment, notre corps lâche et notre esprit lâche également.
19:05 Donc, les femmes sont plus à risque.
19:06 La charge mentale.
19:07 Exactement, la charge mentale, c'est exactement ça.
19:09 D'autant plus s'il y a des enfants jeunes à la maison.
19:11 Ensuite, ce sont les jeunes.
19:12 Alors, les jeunes sont quasiment deux fois plus touchés par le burn-out.
19:14 Et pourquoi ?
19:15 Parce qu'ils ne sont plus aussi touchés par le burn-out que ce qu'on considère comme les boomers.
19:19 Probablement parce que je crois qu'ils ne sont plus forcément capables de travailler comme les gens plus âgés travaillaient.
19:25 C'est-à-dire qu'ils n'ont plus forcément un état d'esprit qui soit cohérent avec la façon dont les gens plus âgés travaillaient.
19:33 On leur en demande plus, peut-être.
19:34 On leur demande plus.
19:35 Et puis, il y a aussi probablement les générations d'avant qui leur donnent un certain nombre de travail
19:39 qu'ils n'ont pas envie de faire ou les tâches les plus ingrates.
19:41 Et puis, il y a aussi le télétravail, qui est un télétravail algérien qui a changé avec une culture de la pression,
19:47 de la compétition qui vient essentiellement des pays anglo-saxons, qui n'est pas du tout pour protéger les gens au travail.
19:53 Ensuite, le télétravail.
19:54 Alors, ça, c'est évident.
19:55 Toutes les études le montrent.
19:56 Le télétravail fait faire des burn-out aux gens.
20:00 Pourquoi ?
20:01 Parce que les gens sont isolés chez eux.
20:02 Ils travaillent plus.
20:03 En plus, ils ont un mélange de leur milieu professionnel et de leur milieu personnel qui est extrêmement important.
20:08 En plus, il y a une perte de sens.
20:10 Quand ils vont au bureau et qu'on va sur le travail, ils ont du mal à se déconnecter.
20:15 On a l'impression, quand on écoute les gens, qu'ils sont contents d'être en télétravail.
20:19 Mais en fait, c'est plus en jeu pour leur remplir.
20:21 Oui, mais en fait, ils se piègent eux-mêmes.
20:22 C'est-à-dire qu'ils sont persuadés que ça va les aider justement à avoir plus de temps.
20:26 Et dans la réalité, l'investissement émotionnel, c'est ça qu'il faut bien comprendre.
20:30 Ce qui compte, ce n'est pas le nombre d'heures que vous passez au travail.
20:32 C'est la place dans votre émotion que va prendre le travail.
20:36 Quand vous êtes en télétravail, vous laissez le travail prendre à peu près toute la place.
20:40 Pour ne pas en arriver là, il y a un certain nombre de conseils qu'on peut donner aux gens.
20:44 Les conseils les plus importants, c'est de respecter une certaine hygiène de vie.
20:48 Par exemple, il ne faut pas prendre l'habitude de sauter le déjeuner.
20:50 Il faut faire une pause à midi pour serrer un petit peu l'esprit.
20:54 Même en télétravail.
20:55 Même en télétravail, exactement.
20:56 Il faut éviter de ramener du travail chez soi.
20:58 La logique sur le télétravail.
21:00 Il faut apprendre à déléguer.
21:01 Il faut savoir dire non.
21:02 C'est souvent des gens qui veulent être parfaits, qui font du bernat.
21:05 Ils veulent être parfaits, ils veulent répondre à tout.
21:06 Ils sont souvent les meilleurs.
21:07 Oui, tout à fait.
21:08 Mais ce ne sont pas les gens qui durent forcément le plus dans la durée.
21:11 Il faut savoir s'organiser.
21:12 Il faut prendre du temps pour soi.
21:13 Il faut faire attention à son sommeil.
21:15 Puisque si ça revient avec le sujet que vous avez traité précédemment,
21:18 si on laisse le sommeil se mélanger avec le burn-out, ça va être un cercle vicieux.
21:22 De toute façon, le maître mot, que ce soit pour les insomnies ou pour le burn-out,
21:26 ne jamais laisser les choses s'enquister, s'installer.
21:29 Exactement.
21:30 Et être conscient de l'état dans lequel on est.
21:32 Merci beaucoup, Dr Blaché.
21:33 Merci à vous de nous avoir suivis et restés en notre compagnie.
21:36 L'info continue sur CNews.
21:37 Ici Marie-Pierre Pelletier, Radio-Canada, Montréal.