La comédienne et humoriste Muriel Robin est l'invité du 20 heures BFM. Elle évoque ses 30 ans d'alcoolisme, le viol dont elle a été victime dans l'enfance et la double peine de l'alcool au féminin.
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00:00Ce soir, un témoignage auquel personne ne s'attendait.
00:03Celui d'une comédienne ultra populaire qui a décidé hier soir de tout dire,
00:07de tout révéler de son addiction à l'alcool.
00:10Bonsoir Meryl Robin.
00:11Bonsoir.
00:11Merci beaucoup d'être avec nous ce soir.
00:14Je suis vraiment très heureux de vous avoir avec nous.
00:16Tout de suite, pendant qu'on était en duplex à Cannes,
00:18vous êtes arrivée sur ce plateau, on vous a remercié d'être là,
00:22et tout de suite vous avez dit que c'est important, je dois être là.
00:24Oui, je ne suis pas là pour moi, pour parler de moi,
00:26et je vais un peu parler de moi parce que je pense, je me dis que peut-être,
00:33d'abord c'est important de voir qu'on peut, puisqu'on va parler de l'alcool,
00:36plutôt au féminin, mais évidemment je pense aussi aux hommes qui connaissent la même détresse.
00:42Mais là, on ne pardonnera si je parle un peu plus, je vais adresser un peu plus aux femmes.
00:48Je veux surtout aussi, ça paraît très important de parler de cette zone grise
00:51que Carole Toussard, je crois que je n'ai encore pas son nom,
00:55dont elle parle dans son livre « Zéro alcool ».
00:57Parce que moi, dans le reportage, d'ailleurs, quand Marina me dit
01:02« Pensez-vous que vous avez été alcoolique ? »
01:05On voit bien que je prends quelques bonnes secondes pour dire
01:08« Si je disais non, je mentirais ? »
01:11Parce que quand on pense à l'alcool le matin, c'est quoi ?
01:14C'est un vrai souci.
01:16Donc j'aime bien cette idée de zone grise et en plus, je pense qu'elle est très importante
01:21pour que les personnes se reconnaissent dedans.
01:24C'est-à-dire qu'on ne peut pas dire « Ah ben il est alcoolique, il est pointé. »
01:27On boit pour faire la fête, on boit trop en tout cas.
01:30On boit trop.
01:31Et là, c'est quand même une forme d'alcoolisme.
01:33On verra l'extrait dont vous parlez dans une seconde.
01:36Les gris et l'extrait.
01:37Non, c'est pas ça, parce que je voulais d'une certaine manière
01:40qu'on mette les pieds dans le plat tout de suite
01:41et que le mot d'alcoolisme soit posé tout de suite.
01:43Mais on verra l'extrait dans une seconde.
01:45Je voulais simplement savoir si, depuis que ce documentaire,
01:48« L'alcool au féminin » qui est passé hier sur France 5,
01:52depuis que ce documentaire a été diffusé,
01:54est-ce que ça va mieux ?
01:55Est-ce que vous vous sentez mieux d'une certaine manière ?
01:57Moi, ça ne va pas changer.
02:02Moi, ce qui compte, c'est d'essayer de transmettre quelque chose,
02:05d'essayer de aider, si je peux sauver une femme.
02:09Je me retrouve un peu comme quand j'avais tourné Jacqueline Sauvage
02:11où, tout d'un coup, les journalistes me disaient
02:14« Qu'est-ce que vous pensez faire ? »
02:15Et j'avais eu la bonne idée de leur dire
02:18« Et vous aussi, que pensez-vous faire ? »
02:19C'est comme ça que JDD m'avait dit
02:21« Écoutez, Myriam, on est avec vous. »
02:23Et pouf, un dimanche, six pages.
02:25Et c'est fini.
02:25Et à partir de là, ça ne sera plus jamais comme avant.
02:27C'est fini, les deux lignes.
02:29Ça sera...
02:29Et puis, on sait maintenant où on en est.
02:31Voilà, ça a bougé les choses.
02:33C'est Jacqueline Sauvage.
02:34Il se trouve que c'est moi qui l'incarne.
02:35Et moi, je suis messager.
02:36C'est tout.
02:37Donc, et pour répondre à votre question,
02:39moi, j'irais bien, mais jamais.
02:41Parce que tant que les autres iront mal,
02:43j'ai toujours une part de moi.
02:44J'ai de la compassion au bord du cœur depuis toujours.
02:47Donc, j'espère surtout que, peut-être,
02:49dans un cœur, dans un cerveau,
02:52il y a eu un déclic de quelque chose
02:53qui se disent...
02:54Peut-être que certaines femmes, déjà, se disent
02:55« Ah, peut-être que c'est le début de quelque chose,
02:57on va peut-être nous aider. »
02:58Si Muriel Robin en parle, peut-être que...
03:00C'est un tel désert.
03:01On est au J1, à mon avis,
03:02un peu comme Jacqueline Sauvage,
03:04où on en parlait,
03:04mais ça n'intéressait personne.
03:06Oui, les violences faites aux femmes,
03:07c'était pas...
03:07C'est que les gens se sentent concernés.
03:09Et c'est le début,
03:10comme on le disait hier, d'ailleurs,
03:12dans ce documentaire.
03:13C'est que...
03:13Et on parlait encore là, tout à l'heure,
03:15de quelqu'un qui boit beaucoup,
03:16qui attaque le matin,
03:17le rosé le matin,
03:18vers 11h, le blanc,
03:20et à midi, évidemment,
03:22et qui dit « Moi, je ne bois pas. »
03:23Si on ne se dit pas « Je bois »,
03:25c'est foutu.
03:26Mais peut-être, pour certains,
03:27ça peut faire réfléchir
03:28et se poser la question,
03:29parce que ça commence par là,
03:30se dire « Ah, peut-être que je bois trop. »
03:31Alors, justement, on le disait,
03:32vous avez accepté hier
03:33de témoigner dans un documentaire
03:34de France 5
03:35sur l'alcool au féminin
03:36face à Marina Carradankos,
03:38qui vous pose donc la question.
03:40Ah bah.
03:42Est-ce que vous diriez, vous,
03:44qu'à cette époque-là,
03:45vous étiez alcoolique ?
03:51Dire non serait mentir.
03:57Donc, oui, j'étais alcoolique.
03:59Oui, j'ai été alcoolique pendant 30 ans.
04:02Oui.
04:03Je ne sais pas ce que j'ai fait.
04:05Je n'ai pas pris de décision importante.
04:08J'ai fait des spectacles,
04:09mais j'ai fait quand même
04:10une dépression entre chaque spectacle.
04:14Je réalise là, en parlant avec vous,
04:16que ces 30 ans que je n'ai pas vu passer
04:18à un point anormal,
04:21je réalise que c'est l'alcool
04:22qui me les a volés.
04:28Je suis repayée.
04:30Oui.
04:3030 ans, c'est beaucoup.
04:31C'est la première fois
04:33que vous dites publiquement
04:35que vous employez ce mot.
04:36C'est vrai que c'est la première fois
04:39que je lui disais que moi aussi,
04:41je me le suis dit à moi aussi,
04:42je me suis dit,
04:42waouh, waouh, c'est dingue.
04:45Parce que je le disais pas mal
04:46avant cette émission,
04:48comme ça,
04:48je ne sais pas ce qui s'est passé
04:50pendant ces 30 ans,
04:51j'ai rien compris.
04:52Parce que, comme je le disais aussi,
04:54il y a l'alcool,
04:54masque tout.
04:55vous, les autres,
04:56ce qu'on vous donne,
04:57plus rien.
04:59C'est un petit brouillard permanent.
05:02Et oui, ça empêche
05:03de prendre les grandes décisions.
05:05Moi, il y a une phrase
05:05que j'adore dans le livre de Claire,
05:08c'est que ça me bouleverse.
05:11L'alcool,
05:12c'est une façon
05:14de remettre sa vie à demain.
05:16Et j'ai l'impression
05:17d'avoir toujours mis ma vie,
05:18ma vie, celle que j'aurais voulu vivre,
05:20vraiment,
05:20celle que j'avais au fond de moi,
05:21mais je ne sais même pas
05:22parce que j'ai commencé tellement tôt,
05:23à 12 ans.
05:24Qu'est-ce que vous voulez
05:25que je sache
05:25ce que je veux faire de ma vie ?
05:26C'est déjà,
05:28les dés sont pipés.
05:29Vous expliquez effectivement,
05:30et on va y revenir dans une seconde,
05:31que c'est votre père
05:32qui, à 12 ans,
05:33vous fait boire,
05:34non pas votre premier verre,
05:35mais votre...
05:36La première demi-bouteille
05:37de sans serre.
05:38Voilà, la première demi-bouteille
05:38de sans serre.
05:39Vous vous souvenez d'ailleurs
05:39du vin que c'était.
05:42Vous parliez de zone grise.
05:44Cet alcoolisme-là,
05:45que vous posez le mot aujourd'hui,
05:48ça a duré combien de temps
05:49et à quoi ça ressemblait ?
05:51Ça a duré,
05:53donc à 12 ans,
05:54après, je ne peux pas aller tout à fait...
05:55Je vais dans les cafés seul,
05:56moi, à 15 ans.
05:57Donc, comme je fais une taille,
05:58j'ai l'air beaucoup plus mûre.
06:00Même à 12 ans,
06:01on ne me donne pas mon âge,
06:02donc je rentre dans un café,
06:04je commande mon blanc.
06:05J'ai pu parler pas mal
06:06d'années du blanc,
06:06ça ressemblait à ça.
06:08Et puis après, je bois.
06:09Je peux passer,
06:10et celles qui écoutent
06:11et ceux aussi, bien sûr,
06:13je peux passer deux mois sans boire.
06:14Donc, je ne suis pas alcoolique
06:15puisque je peux passer
06:16une période sans boire,
06:17je ne me déchire pas
06:18quasiment la tête.
06:19Mais quand même,
06:19quand je bois, moi,
06:20pendant que les autres boivent un verre,
06:21d'abord, je les bois très vite.
06:23Donc, quand ils ont bu...
06:24Quand ils se commandent
06:25le deuxième verre,
06:25moi, j'en ai déjà bu 100,
06:27un coup, six.
06:28Parce que je veux tout oublier.
06:30Je veux être...
06:32Je ne veux pas tomber sous la table,
06:34mais je veux m'oublier.
06:36Je veux oublier ma souffrance.
06:37Je veux tout éteindre.
06:38Je veux baisser tous les curseurs
06:39et trouver tout le monde formidable.
06:41Et moi-même, peut-être,
06:43suis-je formidable
06:43puisque comme je sors du cinéma
06:45et je viens de voir,
06:46peut-être avez-vous déjà parlé
06:48de ce film,
06:49Les jours meilleurs.
06:49Et je recommande aux gens
06:50d'aller le voir.
06:51Les gens, pour qu'il est alcooliste,
06:52se disent,
06:52c'est peut-être pas moi.
06:53Allez voir ce film
06:54parce qu'il est vraiment très fort,
06:56très bien fait.
06:57Mais...
06:57Et puis après,
06:59on boit un peu tout le temps,
07:00parfois jamais,
07:01mais on est quand même alcoolique.
07:02Vous racontez...
07:03C'est un demi-fusion ?
07:03Un litre de champagne par soir.
07:06Oui.
07:07C'est classique,
07:08à ce moment-là.
07:09Oui.
07:09Et vous dites
07:10que vous avez réussi
07:12à ne pas boire le matin,
07:13que vous arrivez à vous lever
07:14et ne pas boire.
07:15Le midi...
07:15J'y pense, oui.
07:17Mais exactement.
07:17Vous y pensez et vous dites
07:18la soirée,
07:20elle commence très tôt.
07:21Eh bien,
07:21on aime bien
07:22quand elle commence plus tôt.
07:23Si on dit,
07:24désolé,
07:24on fait un verre,
07:25mais on est obligé
07:25de le faire à 18h
07:26au lieu de 20h,
07:27on fait youpi,
07:28donc il y a un truc bizarre.
07:29Si on veut que ça commence,
07:30on voudrait bien
07:30que ça commence à 13h.
07:31Si ça peut commencer à 16h,
07:32ce serait bien.
07:32Oui, à 13h.
07:33Et même s'il fallait,
07:34pour une raison incroyable,
07:35que ça commence à 11h le matin,
07:37tant pis,
07:37on ira.
07:38Et puis on dira,
07:39on est obligé,
07:40parce qu'on est poli,
07:41on va boire un verre.
07:43Donc, voilà.
07:44Qui est-ce qui vous a alerté ?
07:45Est-ce que quelqu'un
07:46vous a déjà tendu la main
07:47ou vous a l'air pas ?
07:47Anne-Len,
07:48mon épouse.
07:50Moi, déjà,
07:50j'étais quand même lucide.
07:52Je voyais que...
07:54Je trouvais ça...
07:55Mais...
07:57Comme j'étais avec des personnes
08:00qui faisaient un peu
08:00la même chose que moi,
08:01donc c'était notre normalité.
08:03Mais vous étiez réceptive
08:04quand on vous a alerté
08:07sur cet aspect des choses.
08:08Anne,
08:08quand Anne m'a pointé ça,
08:12je n'ai pas aimé,
08:13évidemment,
08:13parce qu'il y a la honte
08:15très vite qui se met en place.
08:16Et pour faire court,
08:17un jour,
08:17elle m'a filmée.
08:19Alors là,
08:20c'était très, très violent.
08:21Elle vous a montré
08:22les images après ?
08:23Oui.
08:24Pour me faire du bien,
08:25évidemment.
08:26C'était très courageux
08:27de sa part.
08:28Et puis,
08:29quand on aime quelqu'un,
08:29on n'a pas envie
08:30qu'il se fasse du mal.
08:32Donc, moi,
08:33ça a été très clair.
08:34Moi, j'ai eu de la chance
08:34parce que c'est vrai
08:35que là où c'est vraiment
08:37multiplié par je ne sais pas
08:38combien,
08:38c'est quand on est seul.
08:40Ces femmes seules,
08:41comme on parlait hier
08:41dans le documentaire,
08:42qui boivent,
08:43ce fameux alcool blanc.
08:45C'était très...
08:46Déjà,
08:47dès qu'on a quelqu'un,
08:49c'est plus du tout
08:50la même histoire.
08:51Elle m'a dit
08:52si tu veux boire,
08:53tu bois,
08:54mais je ne peux pas
08:54te voir,
08:55te détruire.
08:55Donc, voilà.
08:56Et moi,
08:56j'ai fait...
08:57Sur le coup,
08:57je me suis fait youpi !
08:59Youpi,
08:59comme ça,
08:59je pourrais voir ce que je veux,
09:00je serais toute seule,
09:02parfait,
09:02avec un coquette
09:03de gamine.
09:03On dit,
09:04mes parents ne sont pas là,
09:05je vais pouvoir faire ce que je veux.
09:06Sauf que,
09:07heureusement,
09:08l'amour était là dans mon cœur
09:09et puis surtout,
09:10j'ai vu que...
09:11J'ai vu que c'était pointé
09:13qu'il y aurait du bouleau
09:15parce que,
09:15à partir du moment
09:16où on prend la décision,
09:17qu'on met le doigt dessus,
09:18c'est long.
09:19Moi,
09:20j'ai vrai que je ne suis pas
09:20allée chez les A.
09:21Je n'ai pas fait,
09:22j'ai fait toute seule.
09:23Donc,
09:23je voyais les montées,
09:24les émotions arriver.
09:25Tout de suite,
09:26l'alcool qui fait ding,
09:27ding, ding, ding, ding.
09:27C'est un truc de dingue.
09:29De dingue.
09:30C'est dingue.
09:31Enfin,
09:31c'est une drogue comme ceux
09:32qui rentrent dans les magasins
09:33pour acheter un paquet de bonbons
09:34parce qu'ils sont camés au sucre.
09:36Enfin,
09:36il y en a tellement de drogue
09:37aujourd'hui autour de nous.
09:38Le sucre en est une terrible.
09:39D'ailleurs,
09:40j'ai enlevé le sucre aussi
09:41de ma vie.
09:41Au passage,
09:42après,
09:42j'enlève tout ce qui est poison.
09:44L'alcool,
09:44c'est du sucre.
09:45Oui,
09:45c'est le sucre,
09:46bien sûr.
09:48ça y est,
09:50là,
09:51on se retrouve au J1
09:53de quelque chose
09:54sur lequel je vais travailler
09:55et ça va être...
09:57Ce ne sont pas des rechutes,
09:58mais on ne peut pas le gérer.
10:00À un moment,
10:00il faut cette boisson
10:01et très honnêtement,
10:02je pense qu'on a eu
10:03cette conversation avec Anne
10:04en 2029,
10:07on se connaît depuis 19 ans,
10:09donc ça ferait,
10:09on se connaît depuis 2006.
10:11On a dû parler de ça,
10:12peut-être,
10:13il y a...
10:14Peut-être que ça s'est mis en route
10:16il y a 10 ans.
10:17Je dirais que ça fait
10:18un an
10:20que
10:21c'était une victoire
10:23incroyable
10:24que l'émotion
10:25n'égale plus alcool.
10:28Ça,
10:29c'est la vraie victoire.
10:29Parce qu'il y avait
10:30un automatisme.
10:31L'automatisme.
10:31Trop d'émotion,
10:32trop d'émotion,
10:32trop dure,
10:33alcool.
10:33Émotion ou mal.
10:34Et puis,
10:35en fait,
10:35il faut aussi,
10:36comme on y arrive,
10:37c'est-à-dire qu'à un moment,
10:37il faut enlever tout ce qu'il faut,
10:38il faut mettre le doigt
10:39sur les souffrances
10:40et les régler
10:41comme on peut.
10:42Mais qu'est-ce qu'on...
10:42Il faut avoir les moyens
10:44d'aller voir un psy
10:44tous les jours.
10:45Ou pas tous les jours.
10:46Enfin,
10:46moi,
10:47j'y allais tous les jours.
10:48Il faut avoir les moyens de...
10:49Ça,
10:49donc j'avais quand même...
10:51Bon,
10:51ça a aidé.
10:53Mais on commence,
10:54on gère,
10:55on voit l'émotion
10:56et on est observateur.
10:57En fait,
10:58c'est ce temps-là,
10:58c'est la prise de conscience
11:00qui change tout dans une vie.
11:01On voit le truc monter,
11:02ding, ding,
11:02ça appelle.
11:03On dit,
11:03hop,
11:04je t'ai vu faire,
11:05je vais attendre que ça passe,
11:06tu vas te calmer,
11:07mais là,
11:07tu ne m'auras pas,
11:07coco.
11:08Et puis à un moment,
11:09le truc ne fait plus ding, ding.
11:10Alors là,
11:10on se dit,
11:10alors là,
11:10c'est pas mal.
11:11Quelle est la part d'explication,
11:13j'allais dire,
11:13de responsabilité
11:14de votre métier ?
11:16C'est un métier particulier,
11:17je pense surtout à la scène,
11:18avec des émotions très fortes,
11:20cette trouille phénoménale
11:21qui s'appelle le trac,
11:22qu'on peut être tenté
11:23de calmer par l'alcool.
11:25Et puis,
11:25cet ascenseur émotionnel
11:26quand après une soirée
11:28devant des milliers de personnes,
11:29on se retrouve tout seul
11:31chez soi.
11:31Alors,
11:31moi,
11:36la scène commence,
11:38c'est un morceau de ma vie,
11:39mais ça ne me fait pas
11:39monter dans les tours
11:41et venir descendre,
11:42je passe comme ça,
11:43vraiment,
11:43je sors.
11:43C'est une partie de la journée ?
11:45Oui,
11:45qui est incroyable.
11:47Mais je sors,
11:48je mange un yaourt
11:49et je rentre chez moi.
11:49Je n'ai pas besoin de dîner,
11:50de me foutre.
11:51Donc,
11:51c'est pas là.
11:52Moi,
11:52c'est de ne pas être désiré.
11:58C'est entre les spectacles,
11:59en fait.
12:00Oui,
12:01en tout cas,
12:01notre métier,
12:02on est dans une dépendance.
12:05C'est pour ça que maintenant,
12:05je me dis,
12:06mais c'était le dernier métier
12:06qu'il me fallait
12:07parce qu'en attente,
12:08en attente,
12:09en attente,
12:09donc on remplit les vides
12:11comme on peut
12:11et comme on les remplit
12:12souvent par la bouche,
12:13la nourriture.
12:14Pardon,
12:15c'est fou que vous,
12:16Muriel Robin,
12:17vous disiez,
12:18la trouille,
12:18c'est de ne pas être désirée.
12:19C'est-à-dire que vous avez,
12:20comme le disait Christophe,
12:22rempli des zéniths
12:23et toutes les salles
12:24que vous voulez
12:24avec des milliers
12:25et des milliers
12:26et des milliers
12:26de personnes.
12:27Bien sûr,
12:27bien sûr,
12:27mais là,
12:28on parle du public
12:28et ça,
12:29j'ai une grande histoire
12:30avec le public
12:31mais après,
12:32on est dans son métier.
12:33Si je faisais des chaises,
12:35quand vous avez l'impression
12:36que vous avez fait
12:37une jolie chaise
12:37qui n'est pas mal,
12:38qui n'est pas tout à fait
12:39comme celle des autres,
12:40vous aimez bien
12:41que quelqu'un
12:41qui sait très bien
12:42faire les chaises
12:43vienne et vous dise
12:43dis donc,
12:44ta chaise,
12:44elle a de la gueule.
12:46Tu sais quoi ?
12:46Tes chaises,
12:47j'aimerais bien
12:47qu'on bosse ensemble
12:48parce que franchement,
12:49j'aime beaucoup tes chaises.
12:49Quand personne ne vous dit
12:50ta chaise est bien
12:51du métier,
12:52vous vous dépréciez.
12:53Quand vous êtes déjà
12:54en dépréciation de vous
12:55parce que beaucoup de différences
13:00avec les autres
13:01qui font qu'il y a une souffrance
13:03et quand vous n'êtes jamais
13:05que votre chaise,
13:07personne ne la prend jamais,
13:08c'est une douleur immense
13:09et quand ça dure 30 ans,
13:11on remplit comme on peut.
13:13Alors là,
13:13vraiment,
13:14moi c'est ça
13:15plutôt qui m'a fait boire,
13:17c'est la tristesse.
13:18Est-ce qu'être une femme,
13:19c'est encore plus douloureux
13:21ou encore plus honteux
13:23dans le chemin
13:23vers la prise de conscience ?
13:25En tout cas,
13:27oui,
13:27il y a vraiment
13:27cette double peine
13:28pour les femmes,
13:28vous le savez bien.
13:30Vous vous posez la question
13:31et je crois que vous connaissez
13:32la réponse,
13:32mais c'est vrai que
13:33on se redire des choses
13:36qui ont un peu d'y tir,
13:37mais un homme qui boit,
13:38c'est un bon vivant,
13:39une femme qui boit,
13:40c'est une poche trône
13:41et quand ce n'est pas une pute,
13:43en gros.
13:44Voilà,
13:46donc bien sûr
13:47que c'est double,
13:47triple punition
13:48parce qu'il y a la honte,
13:49il y a la culpabilité,
13:50il y a tant de choses.
13:51Une femme,
13:51elle doit mettre
13:51le monde au monde,
13:52donc si elle s'éteint,
13:53comment on va faire ?
13:55Il y a tout ce que représente
13:57la femme,
13:57une femme ne peut pas,
13:58mais on est tous
13:59à la même scène,
14:02devant ce monde
14:03qui est de plus en plus dur,
14:05de plus en plus violent,
14:06de plus en plus,
14:06on ne sait pas trop
14:07comment faire,
14:08beaucoup de coupes séparées,
14:09d'enfants arrachés aux familles,
14:11de chagrin,
14:12et à un moment,
14:13on boit le verre,
14:15certains ne le boivent pas,
14:16tant mieux,
14:17tant mieux,
14:17mais à un moment,
14:18il y a l'espace
14:18et il ne faut pas,
14:20il ne faut pas,
14:21mon Dieu,
14:21je n'aime pas commencer
14:22une phrase comme ça,
14:22mais n'ayons pas
14:23de jugement sur ça,
14:25parce qu'on est,
14:26si l'autre a bu,
14:29c'est qu'il ne pouvait pas
14:30faire autrement
14:31qu'à un moment,
14:31ça a été cette béquille-là,
14:33bon,
14:33alors il faut avoir
14:34de la compassion,
14:35il faut avoir de la compassion
14:36et vraiment,
14:37et là on parle,
14:38on tombe sur le mot maladie,
14:40on ne choisit pas
14:40et on ne peut pas dire
14:41si vraiment tu vas arrêter,
14:42c'est que tu n'as pas de volonté,
14:43quand on veut arrêter,
14:44on arrête,
14:44non,
14:45ça n'a rien à voir
14:45avec la volonté,
14:46c'est beaucoup plus compliqué
14:46que ça.
14:47Anne-Charlène,
14:47ensuite j'ai une petite archive
14:48vous montrez.
14:49Vous avez évoqué tout à l'heure
14:50un cœur qui déborde
14:51d'empathie à la sensibilité
14:53des autres,
14:54est-ce qu'il n'y a pas,
14:54vous parliez aussi
14:55du fait d'être une femme,
14:57d'être célèbre
14:58et d'être là
14:58pour nous faire rire en plus ?
15:00Est-ce qu'il n'y a pas eu
15:00finalement un moment
15:01où on se dit
15:02qu'on n'a pas le droit
15:02d'aller mal,
15:03tout simplement ?
15:04Oui,
15:05c'est pas ça qui...
15:06Oui, de toute façon,
15:07oui, mais en fait,
15:07c'est pas ça,
15:08les raisons de boire.
15:10Oui, les raisons
15:11qui font qu'on s'avoue pas
15:12qu'on va mal en fait.
15:13pour que le monde
15:14devienne joli
15:15et pour ne plus être lucide.
15:16D'accord.
15:17Enfin,
15:17de ne plus se prendre
15:19les choses de plein fouet
15:20et que ce soit supportable
15:21et même agréable.
15:23Voilà.
15:23Et puis demain,
15:24on verra.
15:24Et puis de demain en demain,
15:26c'est ça aussi
15:26que je veux dire,
15:28c'est que vous êtes...
15:29On est tous,
15:29vous êtes toutes
15:30et tous précieux.
15:32Précieux.
15:33Très précieux.
15:34Précieux pour vous
15:35et précieux pour quelqu'un.
15:36Il y a quelqu'un...
15:38C'est sûr.
15:38Donc, ce précieux-là,
15:41de demain en demain,
15:42moi, par exemple,
15:42il est passé 30 ans.
15:44Si ça pouvait vous aider
15:45peut-être à vous dire
15:46oui, en effet,
15:46parce qu'on se dit
15:47c'est dommage.
15:48Donc,
15:50le vous sans l'alcool,
15:51c'est pas...
15:52On ne devient pas...
15:53On n'est pas le meilleur
15:55de soi quand on boit.
15:56On n'est pas la meilleure personne,
15:59la meilleure version de soi
16:00quand on boit.
16:01On le croit
16:01parce qu'on est plus drôle,
16:02qu'on est plus ceci,
16:03qu'on est là.
16:04Mais quand on est soi,
16:05et là,
16:06c'est tellement plus intéressant,
16:08mais tellement plus intéressant,
16:09bien sûr.
16:11On parlera dans un instant,
16:12le roman de la manière
16:14dont vous consommez
16:15ou pas de l'alcool aujourd'hui,
16:16de votre rapport
16:17à l'alcool aujourd'hui.
16:18Une archive quand même.
16:19On a regardé
16:19quelques archives de vous
16:20cet après-midi.
16:221998.
16:23Nouveau spectacle
16:24à l'Olympia.
16:25Une équipe de France 2
16:26vous suit dans les coulisses.
16:27Écoutez bien
16:27la métaphore
16:28que vous utilisez...
16:29Pour parler de vous.
16:30Pour parler de vous.
16:31Écoutez.
16:33Je crois que le roman
16:33le 98
16:34est doux en bouche.
16:38Il a de la cuisse,
16:38en tout cas.
16:39Il a de la jambe,
16:40ça on savait.
16:42Il n'a plus de robe,
16:43par contre.
16:43Il avait de la robe,
16:44il avait de la jupe,
16:44là il a du pantalon.
16:45Vous êtes un bon vin.
16:50J'espère que je vais bien vieillir,
16:51en tout cas.
16:53Je fais tout pour.
16:54Nous, on a été troublés.
16:56C'est troublant, oui.
16:57Par la manière dont...
16:58Voilà, la métaphore
16:58qui arrive tout de suite
16:59quand on vous pose la question
17:00de comment vous êtes aujourd'hui.
17:01C'est ça qui...
17:02C'est dingue.
17:03À ce moment-là,
17:04il y a un problème.
17:05Là, j'y suis.
17:05De toute façon,
17:06il suffit de gagner les photos,
17:07on le voit au poids.
17:08À un moment,
17:08je fais quand même
17:0930 kilos de plus qu'aujourd'hui.
17:10C'est l'alcool,
17:11moi, qui m'a déformée.
17:12Ça m'a déformée aussi.
17:13Ça m'a déformée.
17:15Et je dirais même
17:15comme actrice aussi,
17:17parce qu'après,
17:18oui, parce que je suis...
17:20Pourquoi je n'ai pas tourné de film ?
17:22Pourquoi je n'ai jamais reçu de comédie ?
17:23Bon, la question,
17:24on l'a posée mille fois.
17:25Ça a été un sujet,
17:26parfois, sur certains plateaux.
17:28Mais c'est aussi
17:30que vous mettez 30 kilos
17:31sur Isabelle Huppert.
17:32Isabelle Huppert,
17:33elle ne travaillera plus.
17:34Et d'autres actrices, en tout cas.
17:36Et là, c'est l'alcool.
17:38L'alcool détruit.
17:39Détruit tout.
17:41Détruit beaucoup.
17:41Je reviens d'un mot sur la scène.
17:42Parce que ce que vous racontez,
17:44là, votre témoignage aujourd'hui,
17:47Jérémy Ferrari, par exemple,
17:48en a parlé aussi.
17:50Lui aussi,
17:50qui a rempli des élites, etc.
17:52Et qui a expliqué
17:52à quel point
17:53il avait sombré dans l'alcoolisme.
17:55Évidemment,
17:56on pense à Pierre Palmade aussi,
17:57qui a eu, voilà,
17:59cette addiction-là
18:00et d'autres addictions.
18:02Et quand il s'arrête,
18:02votre ami Palmade,
18:05quand il s'arrête de parler,
18:06tout à l'heure,
18:07de ce rapport à la scène,
18:08et vous vous dites,
18:09il n'y a pas,
18:10ce n'est pas là
18:11que c'est à chercher.
18:12Mais pas du tout.
18:13Mais pas du tout.
18:14Pas du tout.
18:15Moi, je monte sur scène,
18:16je ne suis jamais monté pour moi.
18:17Je monte toujours,
18:18parce que ce n'est pas
18:18ce que je voulais faire.
18:20Donc, je ne me dis pas à chaque fois,
18:21tiens, je vais me refaire
18:22un nouveau spectacle, etc.
18:24Je ne sais pas ça,
18:24je voulais faire du cinéma.
18:25Donc, c'est clair,
18:26depuis toujours.
18:27Voilà.
18:27Et donc,
18:28de temps en temps,
18:29je me rappelle
18:29que je suis drôle
18:30ou quelqu'un me le rappelle.
18:31Je dis,
18:32ah oui,
18:32et puis je repense à Bouquet,
18:33il me dit,
18:33t'as le devoir.
18:35Vous êtes comme les prophètes,
18:36aujourd'hui.
18:36Vous montez sur scène,
18:42puis je vais aller les faire rire
18:43et pendant deux heures,
18:44ils vont tout oublier.
18:45Et voilà,
18:46c'est mon humanitaire à moi.
18:50L'empathie.
18:51L'empathie,
18:52c'est l'empathie, absolument.
18:53Et aujourd'hui ?
18:54Aujourd'hui,
18:55alors moi,
18:56je ne suis pas
18:58à l'abstention totale.
19:00OK.
19:00C'est quelque chose
19:02sur lequel on est en train
19:04de mettre des mots,
19:04qui est en train de pointer le nez.
19:05C'est-à-dire que,
19:07mais ça ne peut pas marcher
19:08pour tout le monde.
19:09Mais en tout cas,
19:10moi, peut-être parce que
19:11je n'ai pas eu une méthode
19:12que je n'ai pas été accompagnée
19:13et que j'ai la main,
19:14d'une certaine manière,
19:15je sens tic-tic-tic-tic.
19:17C'est moi qui choisis.
19:19Mais je n'ai plus envie de boire.
19:22Donc, je veux dire,
19:23je vais boire un verre,
19:24je vais peut-être boire un verre
19:25et puis après,
19:25je ne vais plus en boire
19:26pendant deux mois.
19:27Je vais en boire peut-être deux
19:28et ça sera mon maximum.
19:31Parce qu'après,
19:33je ne vois pas l'intérêt
19:34parce qu'avant,
19:34je buvais pour oublier.
19:36Là, je n'avais rien oublié.
19:37Au contraire,
19:37je veux tout prendre,
19:38tout, tout,
19:39tout sentir, tout.
19:42Donc, je le gère très bien
19:45et je suis...
19:46Enfin, voilà,
19:47on boit un verre,
19:48on boit un verre.
19:49Et je ne suis pas
19:50la celle qui va flinguer
19:52la soirée
19:52parce qu'elle ne boit pas d'alcool
19:54parce que finalement,
19:55je ne vais plus en soirée
19:55et tout ça
19:56parce que du jour
19:56où j'ai arrêté de boire,
19:59je trouvais un peu moins
19:59les soirées gays,
20:00un peu moins les gens intéressants.
20:01Donc, vous n'allez plus en soirée ?
20:02Non, je m'ennuie beaucoup.
20:04Parce qu'en fait,
20:05ce théâtre-là
20:06ne m'emporte plus.
20:08Voilà, il fallait que je boive
20:09pour qu'il m'emmène,
20:09qu'il m'emporte
20:12bien chez moi,
20:12dans des choses
20:13avec quelqu'un que j'aime,
20:14dans des choses
20:15plus essentielles
20:16et plus douces
20:17et plus...
20:19Et puis, en vieillissant aussi,
20:20il y a ça, peut-être.
20:20Je ne sais pas.
20:21Enfin, on a d'autres plaisirs.
20:23Pour celles et ceux aussi,
20:25évidemment,
20:25qui nous écoutent ce soir,
20:27qu'est-ce que vous pouvez leur dire ?
20:29Alors, on ne va pas parler
20:29de conseils, etc.,
20:30mais du parcours
20:31que vous avez eu,
20:31justement,
20:32pour arriver aujourd'hui
20:33à maîtriser ça,
20:34à vous dire un verre,
20:35OK, deux à la limite,
20:37mais pas plus.
20:37Peut-être arrêtez-vous
20:38sur votre consommation.
20:40Tout simplement,
20:41tiens, voilà.
20:41Vous m'écoutez,
20:42moi, je m'adresse à vous.
20:44Tiens, une fois
20:45qu'on a regardé ça,
20:47le silence est important
20:48dans une maison aussi
20:49parce que c'est dans le silence
20:50quand même qu'on trouve
20:51qu'on peut entendre
20:52des choses montées de soi.
20:54Parce qu'il y a tout le jour
20:55quelque chose à faire
20:56et qu'on se dit
20:56oui, est-ce que je bois ou est-ce que je ne bois pas ?
20:57On n'aura pas la réponse.
20:58Donc, prenez un moment pour vous
20:59et puis c'est très important
21:01de prendre un moment pour soi
21:02où on est soi avec soi.
21:04Et qu'est-ce que c'est
21:05mon rapport à l'alcool ?
21:07Peut-être je bois trop,
21:08je suis peut-être dans cette zone grise
21:09parce que finalement,
21:10on se retrouve,
21:11on boit un verre,
21:11on en boit.
21:11Dis donc, combien j'en bois en fait ?
21:13Si je les comptais,
21:14mes verres,
21:15voyez, faites-vous un petit point,
21:16c'est vous qui déciderez
21:17si ça vous paraît trop ou pas.
21:19S'il y a déjà
21:20cette prise de conscience,
21:22alors,
21:23on a peut-être le début
21:24d'une guérison,
21:26d'une solution,
21:27d'un appel à l'aide,
21:29de tendre la main,
21:29peut-être d'en parler
21:30avec quelqu'un d'autre,
21:31dis donc t'as compté,
21:31toi t'es vert,
21:32et que ce ne soit pas,
21:33voilà,
21:34et ce n'est pas parce que
21:38je vais devenir quelqu'un
21:40de très intéressant
21:41et je vais avoir une vie
21:42qui va être,
21:43je vais recevoir les choses
21:44pleinement,
21:47ce sera fort
21:47et c'est beaucoup plus intéressant
21:49surtout.
21:50Donc, regardez,
21:52faites votre petite introspection
21:53et puis après,
21:54c'est marche par marche,
21:55mais c'est le début.
21:56Quelqu'un qui boit
21:57qui ne se dit pas qu'il boit,
21:58on ne pourra rien faire.
21:59Le silence en tout cas,
22:00le silence est important.
22:02Vous parliez,
22:03on est passé très vite tout à l'heure
22:04sur le début,
22:05c'est-à-dire ce moment
22:06où votre père,
22:08oublie d'une certaine manière
22:10que vous avez 12 ans,
22:11ouvre une bouteille de vin
22:12et vous sert à boire
22:14et vous vous souvenez...
22:14Et ça tombe bien,
22:15ça tombe sur quelqu'un
22:16qui avait besoin de...
22:18parce qu'il s'est passé
22:19des choses avant,
22:20des traumatismes.
22:22Donc, tac, tac,
22:23mais on ne le sait pas,
22:24après on fait les relectures
22:25et donc,
22:25on pouffe
22:26et puis c'est fini.
22:27Mais dont vous arrivez
22:28à parler aujourd'hui ?
22:30Oui,
22:30parce que j'ai mis le doigt
22:31mais je l'ai dit...
22:32Je vais en parler,
22:32c'est pareil,
22:33parce que ce n'est pas rien.
22:34Moi,
22:34il y a quelques semaines,
22:36j'ai réalisé...
22:39J'ai eu un traumatisme
22:40à 10 ans.
22:41Je crois que j'ai eu un viol,
22:42tout simplement.
22:44Et c'est un autre sujet,
22:46mais quand on parle du déni,
22:50ça a eu lieu,
22:51j'avais 10 ans,
22:52j'ai les images,
22:53vraiment,
22:54j'ai les images,
22:54j'en ai 70.
22:55Vous imaginez,
22:56il faut 60 ans
22:57pour que je...
22:58je respectais toujours
23:01ce déni,
23:01mais on se dit
23:01comment ça ?
23:02Enfin,
23:02si on l'a vécu,
23:03on l'a vécu,
23:03on va se souvenir,
23:04quoi.
23:06Dingue,
23:0660 ans après.
23:07Donc après,
23:08si on voit ça,
23:09le curé qui me met
23:10la main sur la cuisse,
23:11là,
23:12j'ai dit,
23:12à 11 ans,
23:13une tentative de viol
23:14dans un ascenseur
23:15dont je me sors,
23:17je ne dis rien à personne,
23:18évidemment,
23:18parce qu'on ne va pas
23:19inquiéter les parents.
23:20Bon,
23:21à 12 ans,
23:21quand mon père me se...
23:22Je ne sais pas,
23:23évidemment,
23:23ça m'intéresse
23:24et ça me plaît
23:25parce que je suis mieux,
23:27je suis mieux,
23:28j'ai moins mal,
23:28je suis mieux.
23:29Après,
23:30on est un peu différent,
23:30je ne sais pas
23:31si je suis une fille
23:31ou si je suis un garçon,
23:32si c'était aujourd'hui,
23:33peut-être que je me serais
23:34transformée en garçon,
23:35là,
23:35je vous avais peut-être,
23:36mais personne n'en parle,
23:37donc je ne peux même pas,
23:38ça ne me traverse même pas l'idée,
23:39mais en tout cas,
23:39je ne suis pas comme les autres,
23:41ça,
23:41plus ça,
23:41une hypersensibilité,
23:43bon,
23:43ben vas-y,
23:44c'est trop dur,
23:46je ne trouve pas ma place,
23:47je ne sais pas qui je suis,
23:48les hommes,
23:49les femmes,
23:49qu'est-ce que...
23:50voilà,
23:52donc il y a souvent quand même
23:54un terrain de traumatisme
23:55dans l'enfance,
23:56ce n'est pas tout le temps,
23:57mais quand il y a eu inceste
23:58ou viol,
23:59ce n'est pas rare,
24:00ce n'est pas la majorité,
24:01mais ce n'est pas rare,
24:01ou peut-être d'ailleurs
24:02c'est la majorité,
24:03mais peu importe,
24:04donc voilà,
24:06et mon père,
24:08bon,
24:08je ne savais pas été lui,
24:09ça aurait été quelqu'un d'autre,
24:11voilà,
24:12c'est comme ça.
24:12– C'est lui qui ouvre
24:13la première bouteille
24:14et qui vous sert
24:14le premier verre.
24:15– C'est comme ça,
24:15mais j'espère qu'en tout cas
24:16que cette bouteille
24:17qu'il a partagée avec moi,
24:19il a fait du bien,
24:20qu'il a passé un bon moment,
24:21parce qu'au moins
24:22que l'un des deux
24:24passe un bon moment,
24:25parce que moi,
24:26c'était certainement
24:27un bon moment,
24:27mais qui va coûter cher,
24:29mais personne ne sait tout ça,
24:30on ne sait pas,
24:31le papa qui fait ça,
24:32il a peut-être,
24:33il a commencé à boire jeune,
24:34peut-être,
24:35j'en ai jamais parlé avec lui,
24:36mais puis je n'avais pas 12 ans,
24:37moi quand j'avais 12 ans,
24:38j'avais 16 ans,
24:39j'étais grande.
24:40– Ça a longtemps été un rituel
24:41d'entrer dans l'âge adulte.
24:42– Oui,
24:43en plus,
24:43en plus,
24:44et puis on sait bien,
24:45on est-on fini
24:45les verres dans les mariages,
24:47personne ne regarde ça,
24:48mais moi je dirais aujourd'hui,
24:49non,
24:50ne faites pas finir vos verres
24:51aux enfants dans les mariages,
24:52non,
24:53parce que c'est là
24:53où il y a un truc qui se met,
24:54le cerveau,
24:55il est malin,
24:55il dit,
24:55deux fois,
24:57deux mariages,
24:58un baptême,
24:58trois fois,
24:59maintenant je ne vais pas te lâcher.
25:01On ne le sait pas,
25:01il ne va pas vous lâcher.
25:02– Je l'ai fait avec mon fils.
25:03– Et,
25:04il boit.
25:05– Non,
25:06il est très très jeune encore.
25:07– Non mais,
25:07enfin honnêtement,
25:08c'est un jeu très dangereux.
25:14– Le demi-centilitre qui reste ?
25:15– Bien sûr,
25:15parfois ça ne fait rien,
25:16évidemment.
25:17Mais s'il y a une douleur,
25:18un traumatisme,
25:19un truc,
25:20en tout cas c'est là,
25:21lui là,
25:22alors là il n'attend que ça,
25:24que ça.
25:25Ça y est,
25:26ils le savent bien,
25:27ils mettent des produits,
25:27ils mettent quoi ?
25:28Du sucre,
25:29dans les boissons
25:30qui s'adressent aux jeunes aujourd'hui,
25:31ils mettent du sucre,
25:32un goût agréable,
25:33effectivement pour les femmes,
25:34un peu de pamplemousse,
25:35un peu de grenadine ou de cerise,
25:38pim pim,
25:38donc on a le goût du sucre,
25:39c'est sympa,
25:39etc.
25:40Et pendant ce temps,
25:41allez,
25:41ils ne font même pas payer ces boissons,
25:42les femmes boivent ce qu'elles veulent
25:43dans la nuit.
25:45Mais après,
25:46l'argent va tomber,
25:47parce qu'après c'est ostéoporose,
25:49c'est plein de maladies,
25:50enfin le diabète,
25:51enfin on ne va pas les énumérer,
25:53c'est vraiment les fins de verre,
25:56alors là c'est pareil,
25:56moi je ne dis pas il faut,
25:58mais je dis c'est un jeu,
26:00c'est un petit cadeau aux enfants
26:01qu'on peut payer très cher.
26:02– Qu'est-ce qui fait Muriel
26:03que vous en parlez aussi facilement
26:05là ce soir sur ce plateau
26:07de l'alcool,
26:08des traumatismes,
26:09– Parce que moi je me dis toujours
26:11que,
26:13sans prétention évidemment,
26:15mais comme j'ai une parole,
26:16j'ai une histoire avec les gens,
26:18enfin vraiment de confiance,
26:19ils me connaissent bien,
26:20je les connais bien,
26:21et je me dis,
26:21j'ai envie de leur dire,
26:23moi aussi j'y suis passée,
26:24regardez,
26:24regardez les photos,
26:25il y a 20 ans je faisais 20 ans de plus,
26:26aujourd'hui je fais 20 ans de moins,
26:27on le voit bien,
26:28je ne suis pas la même personne,
26:29j'ai trouvé la douceur que j'avais en moi,
26:31j'ai trouvé tout,
26:32je ne suis pas la même personne,
26:34je ne suis pas la même personne,
26:36donc ça me fait,
26:38je vais leur dire
26:38qu'il y a un espace de lumière,
26:39regardez-moi,
26:40je suis passée par là,
26:42par des souffrances,
26:43donc on s'en sort,
26:45on peut s'en sortir,
26:46moi je veux,
26:47donc je,
26:47je ne sais pas qui pourrait penser
26:52que je viens à déposer,
26:53je ne pense pas que ce soit ça d'ailleurs,
26:54donc je n'ai pas à me justifier,
26:55parce que je vois bien
26:57que je viens de vous dire
26:57que j'ai été violée
26:59quand j'avais 10 ans,
27:00ce n'est pas rien,
27:00mais ça me paraît essentiel,
27:04en ce moment encore plus,
27:06effectivement,
27:06et sur le déni,
27:08essayer de comprendre ça,
27:09moi j'ai la parole,
27:10je peux dire,
27:10ben oui,
27:10je l'ai vécu,
27:11et sur,
27:12voilà,
27:12donc être là,
27:13pour être avec eux,
27:14quoi,
27:14d'une certaine manière,
27:15avec elles,
27:16et peut-être qu'on va,
27:17j'ai rencontré cette addictologue hier,
27:18je veux l'appeler,
27:19je veux voir ce qu'on va pouvoir faire,
27:20et peut-être qu'on va pouvoir mettre en place,
27:22avec Marina,
27:23quelque chose,
27:24je ne sais pas,
27:25essayer,
27:25comme il n'y a rien,
27:26si peu,
27:28on va peut-être essayer
27:29de faire quelque chose,
27:30donc se redonner.
27:33– Et on en revient au début
27:34de la conversation,
27:35vous disiez,
27:35c'est peut-être le jour 1
27:36de quelque chose,
27:37comme Jean-Claude Sauvage
27:39avait été le jour 1
27:40de la prise de conscience
27:42sur la lutte.
27:42– Exactement,
27:42et les choses ont beaucoup bougé
27:43parce qu'il y a des associations
27:44qui font un travail
27:45sur l'alcool,
27:46sur l'alcoolisme féminin,
27:47tout ça,
27:48je les connais moins,
27:49je connais mieux les engagements
27:50au niveau des violences conjugales,
27:52mais je vais regarder ça
27:53très très près,
27:54parce que c'est un vrai,
27:56un vrai problème de société,
27:58qui touche,
27:59moi j'ai l'impression
27:59que toute la planète boit
28:00et que toute la planète dit
28:01bon,
28:02on va boire un verre
28:03et puis demain,
28:04on verra demain.
28:06Sauf que c'est…
28:09– Vous avez été accueillie,
28:10vous avez dit
28:11que vous n'aviez pas vu
28:12d'addictologue,
28:13vous à proprement parler,
28:14mais vous avez vu un psy,
28:16vous avez été accueillie
28:17par un psy,
28:19est-ce qu'il y a eu
28:19une rencontre,
28:20est-ce que ça a été
28:21le premier,
28:22est-ce que ça peut prendre
28:23un peu de temps
28:23avant de trouver
28:24le ou la bonne personne ?
28:25– Moi j'ai la chance
28:26que j'allais…
28:26Comme j'ai fait
28:27un burn-out,
28:29juste avant
28:31cette prise de conscience,
28:33j'ai découvert
28:33une clinique en Allemagne
28:35tenue par une femme
28:36qui m'a sauvée la vie
28:37parce que j'ai commencé
28:39déjà à mettre les mots,
28:40je m'échappais de la clinique
28:41pour aller boire.
28:43Donc j'étais bien alcoolique,
28:44quand on part d'une clinique,
28:45on ne boit pas
28:45ou on ne fume pas
28:46et qu'on prend un taxi
28:47pour vite dire
28:47« servez-moi un blanc »
28:48tout de suite
28:49et que vous en buyez
28:50trois d'affilée,
28:51c'est bien qu'il y a un problème.
28:52Donc j'ai commencé
28:53déjà un peu
28:53à en parler
28:54avec cette personne
28:55qui s'appelle
28:55Françoise Villémy
28:57et il y avait une psy
29:00à l'intérieur
29:01de cette clinique.
29:02Donc j'ai pu mettre
29:02des mots
29:03à ce moment-là
29:04et puis j'ai eu besoin,
29:05je n'ai pas fait,
29:06j'ai fait pas mal,
29:07assez serré
29:07et puis après
29:08j'ai voulu me débrouiller
29:09toute seule
29:09et puis
29:10quand j'en ai eu besoin,
29:13je refaisais
29:14et puis maintenant
29:15je vois ma psy
29:17pour régler
29:17d'autres choses.
29:18– Muriel,
29:20on a reçu
29:20beaucoup de questions
29:20pour vous,
29:21on a demandé
29:21aux téléspectateurs
29:22si vous voulez
29:22vous poser des questions
29:23ce soir,
29:25ce sont
29:26les questions,
29:27vos questions
29:27au 20h BFM
29:28et ce soir
29:29à Muriel Robin.
29:29– J'ai peur !
29:31– Et c'est Lisa,
29:33Lisa Adel
29:34qui nous rejoint
29:34pour porter ces questions.
29:36– Rebonsoir Muriel Robin,
29:37première question
29:37qui vous est adressée
29:38d'Arthur,
29:3937 ans,
29:39on dit souvent
29:40qu'il faut remplacer
29:41une addiction
29:41par une autre
29:42pour faciliter
29:43le détachement
29:44à une consommation
29:45quelle qu'elle soit.
29:46Muriel Robin,
29:47pourquoi avez-vous
29:48remplacé l'alcool ?
29:49– Je suis au micro là.
29:50– Oui, oui, oui.
29:51Je pense que le sport
29:52est entré dans ma vie
29:53aussi à ce moment-là.
29:56Grâce à Anne aussi,
29:57beaucoup plus saine
29:58que moi,
29:59alors elle,
30:00c'est une addicte
30:01au sport.
30:01– L'endomorphine ?
30:02– Addicte au sport,
30:04c'est-à-dire que je suis malade,
30:05je fais du sport,
30:05j'irais mieux le sport
30:06comme de la cam.
30:07D'ailleurs,
30:08il a fallu qu'elle baisse un peu
30:09parce que c'était presque trop,
30:11mais le sport,
30:12mais c'est quand même
30:12moins dangereux
30:13que l'alcool.
30:15Et donc le sport
30:15est entré dans ma vie
30:16et puis la vie,
30:18la vie,
30:18on le remplace par la vie,
30:20ces nouvelles sensations,
30:21par la vie,
30:23les nouvelles sensations,
30:24on le remplace
30:24par quelque chose
30:25que c'est...
30:26Tout est en...
30:31On est en contact
30:32avec ces vrais,
30:34propres sentiments,
30:37sensations,
30:38oui,
30:39ressentis
30:39et on relit tout
30:41et on se dit
30:41mais alors ça,
30:42je disais ça,
30:43mais pas du tout.
30:43Je ne suis pas du tout
30:45d'accord avec certains trucs
30:46même que j'ai pu dire,
30:47que j'ai pu affirmer.
30:49On est tellement malin
30:49quand on a bu,
30:50vas-y,
30:51que je détiens la vérité.
30:52Mais idiot,
30:54c'est toi.
30:55Et donc on...
30:57Donc c'est...
30:58Oui,
30:59se retrouver soi
31:00et avoir un...
31:02dans une sorte de vérité
31:03presque palpable
31:05du ressenti,
31:07c'est très fort
31:09quand on ne l'a pas connu.
31:10Lisa ?
31:12Autre question de Fabrice,
31:1349 ans,
31:14qui nous écrit de Strasbourg.
31:15Est-ce qu'il existe
31:15une stigmatisation des femmes
31:17au sujet de l'alcool ?
31:18On dirait que les femmes
31:18sont souvent plus montrées du doigt
31:20quand elles aiment la bouteille.
31:21Un homme,
31:22ça paraît normal,
31:23dit-il.
31:24Oui,
31:24c'est ce que je disais tout à l'heure.
31:25Un homme,
31:25c'est un bon vivant
31:26alors qu'une femme,
31:27c'est...
31:27c'est...
31:28c'est...
31:28c'est moche.
31:30Mais bon vivant
31:32n'est pas le contraire de moche.
31:33Bon vivant,
31:34c'est mauvais vivant.
31:35Le contraire de moche,
31:35c'est beau.
31:36Moi,
31:36je ne trouve pas
31:36qu'un homme qui boit,
31:37ce soit beau.
31:38C'est aussi moche,
31:39aussi pas beau,
31:40enfin aussi ce qu'on veut,
31:41aussi triste l'un que l'autre.
31:44Parce qu'il faut arrêter
31:45avec ce jugement de...
31:48L'autre fait comme il peut.
31:49Mettons-nous toujours
31:50un peu à sa place
31:51et regardons-le
31:52pour enlever cette honte.
31:53Évidemment,
31:54si on savait qu'on était regardé
31:55que par des yeux
31:55qui vous disent
31:56ben tu bois,
31:58ben écoute,
31:58j'espère que tu vas t'en sortir.
32:00Bon,
32:00t'es un peu fatigant.
32:01Alors,
32:02je vais peut-être
32:02un peu moins le voir
32:03parce que t'es fatigant
32:04qu'on ne peut pas avoir...
32:05Mais je suis avec toi,
32:06vraiment,
32:07si je peux faire...
32:07Mais on se juge.
32:08C'est moche,
32:09une femme,
32:09un mec,
32:10il faudrait un peu plus...
32:12un peu être un peu plus sensible
32:15quand même
32:15que ça.
32:17Et un homme qui boit,
32:18c'est...
32:19Si une femme qui boit,
32:20c'est moche,
32:20un homme qui boit,
32:21c'est très moche aussi,
32:22vraiment.
32:23Lisa,
32:23encore une question.
32:24Question de Maxine,
32:2544 ans.
32:26Muriel Robin,
32:27comment avez-vous vraiment compris
32:28et surtout accepté
32:29que vous étiez alcoolique
32:30et surtout qu'avez-vous fait
32:31après cette prise de conscience ?
32:32Ben comme je l'ai dit,
32:33voilà,
32:33Anne,
32:34avec qui je suis
32:36depuis 19 ans maintenant,
32:37a été très importante.
32:39Évidemment,
32:39c'était un déclic très fort.
32:41Et après,
32:41c'est un travail
32:42et je regarde les questions
32:44qu'elles vous faites
32:44après cette prise de conscience.
32:46Après,
32:46je me suis dit...
32:48J'ai senti qu'il fallait
32:49que j'aille...
32:49Parce qu'on sent
32:50qu'il faut arrêter,
32:51qu'il faut aller dans cette direction.
32:52On ne sait pas
32:52ce qu'on va y trouver.
32:53On ne sait pas
32:54qu'on va y trouver
32:55ce dont je vous parle,
32:56ces choses qui se passent
32:57à l'intérieur,
32:57qui sont intimes
32:59et qui sont...
33:00qu'on n'avait pas avant,
33:02qu'on ne ressentait pas avant.
33:03Ce n'était pas pareil.
33:03Ça ne marchait pas pareil.
33:04Tout était un peu...
33:06Avec un peu de brouillard.
33:08Là, tout d'un coup,
33:09c'est...
33:10On sait qui on est.
33:11On sait ce qu'on...
33:12Du coup,
33:12ce qu'on vaut.
33:13On peut...
33:14C'est très intéressant
33:15de ne pas boire.
33:15Parce qu'on peut s'améliorer
33:17puisqu'on sait un peu plus.
33:19On peut déjà avoir
33:20une prise de conscience de soi,
33:22ce qui est impossible
33:22quand on boit.
33:23Donc,
33:24quand on commence
33:24à avoir la conscience
33:25de qui on est,
33:26on peut se dire
33:26tiens, ça,
33:27ce n'est pas terrible.
33:28Ça,
33:28je vais peut-être
33:28un peu m'améliorer là-dessus.
33:29On peut devenir
33:30une meilleure personne.
33:31Et bon,
33:32alors,
33:32c'est le cercle virtueux.
33:34Alors,
33:34évidemment,
33:34on a envie
33:35qu'il soit appliqué
33:37par le plus de gens possible.
33:39Mais,
33:39voilà,
33:40je ne sais plus ce que...
33:41Alors,
33:42moi,
33:42je vais compléter
33:42la question de Maxine
33:43qui a été envoyée
33:45avec le QR code.
33:47Est-ce qu'aujourd'hui,
33:48le fait d'être libéré
33:49de ça,
33:49de ce poids-là,
33:51ça vous ouvre,
33:52comment dire ?
33:53J'allais dire,
33:54ça vous ouvre
33:54au merveilleux
33:55professionnellement.
33:57C'est-à-dire
33:57à plein d'autres choses,
33:58nouvelles,
33:58qui éventuellement,
33:59n'auraient pas pu se faire
34:00à cette époque-là
34:01où vous étiez,
34:02vous aviez ce poids-là
34:03de l'alcoolisme.
34:06Ça m'ouvre...
34:07Professionnellement,
34:08vous parlez ?
34:10Peut-être que je suis plus...
34:14Mais peut-être déjà
34:15que je n'irais peut-être...
34:17Alors,
34:18je n'irais peut-être pas...
34:19Je retournerais peut-être pas
34:20seule sur scène
34:21pour eux,
34:24mais pour moi.
34:26Donc,
34:26ça serait une grande,
34:27grande étape pour moi,
34:28par exemple.
34:28Ça serait un grand pas.
34:30Parce que là,
34:30j'y pense,
34:31un retour sur scène,
34:31peut-être pour 26,
34:3227,
34:34les problèmes de genoux,
34:35alors si on m'opère
34:36un genou puis l'autre,
34:37je vais être handicapée
34:37pendant je ne sais pas
34:38combien de temps.
34:39Vers mes 82 ans,
34:41je pense que je fais
34:41un nouveau one-man show.
34:43On vous invite
34:44pour les 82 ans.
34:44Non, mais c'est très important
34:45ce que je vous dis,
34:45c'est vraiment...
34:46Par exemple,
34:47ça,
34:48voilà,
34:49c'est très bien
34:49de faire plaisir aux autres,
34:51mais moi,
34:51maintenant,
34:51j'existe dans ma vie.
34:52J'existe parce qu'avant,
34:54en fait,
34:54je ne pouvais pas faire
34:55des choses pour moi
34:56puisque je ne m'intéressais pas,
34:59je ne savais même pas
35:00comment ça marchait.
35:02Je vois que j'ai toujours
35:03l'empathie,
35:04la compassion,
35:05mais je suis un peu moins.
35:07Je vais être très honnête.
35:09Je vais peut-être donner
35:10un peu moins aux autres.
35:10je veux garder une partie
35:12en plus en me disant
35:12et toi,
35:13toi, ça te va ?
35:15Alors voilà,
35:15donc professionnellement
35:16ou même dans la vie
35:17ou même,
35:17je pense un peu plus à moi.
35:19On a le droit
35:19de penser un peu à soi aussi.
35:21C'est une bonne phrase
35:22de conclusion.
35:24Merci, Mérée Le Robin.
35:24Merci à vous.
35:25Merci beaucoup
35:26vraiment de nous avoir fait confiance
35:27et d'être venue
35:28sur ce plateau ce soir
35:28pour témoigner.
35:30Soyez courageuses,
35:31les filles,
35:31soyez courageuses
35:32et on va vous aider
35:34et vous n'êtes pas seules
35:35et n'ayez pas honte
35:36et n'ayez pas de culpabilité.
35:38C'est très dur, la vie.
35:39C'est très dur.
35:39Quand on est une femme,
35:40c'est très très dur.
35:41C'est la guerre tout le temps
35:42quand on est une femme.
35:43Alors, c'est comme on peut.