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Chanteuse incontournable de la scène française, Juliette Armanet confirme ses talents d'actrice avec une comédie musicale tendre et mélancolique. Après des rôles secondaires, la voici en tête d'affiche de "Partir un jour" d'Amélie Bonnin, film d'ouverture du 78e Festival de Cannes, qui sort aussi ce 13 mai au cinéma.

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😹
Amusant
Transcription
00:00C'est une première fois, en fait, et comme toutes les premières fois,
00:04elles sont à la fois vertigineuses et en même temps, il y a un plaisir fou
00:07à faire les choses avec une certaine innocence, comme ça.
00:13C'est hyper beau de faire les choses pour la première fois à mon âge,
00:18parce que j'ai 41 ans et que, voilà, c'est une aventure toute nouvelle pour moi
00:23de jouer dans un film, de porter une histoire, une fiction.
00:27C'est une première fois, en fait, et comme toutes les premières fois,
00:30elles sont à la fois vertigineuses et en même temps, il y a un plaisir fou
00:33à faire les choses avec une certaine innocence, comme ça.
00:39C'était pour moi un très, très gros cap.
00:41Ce n'était pas gagné d'avance.
00:43Enfin, j'avais beaucoup de barrières, de peur, etc.
00:46En l'occurrence, Amélie, on a eu cette super belle expérience du premier,
00:52enfin, du court-métrage, qui était sa première fois.
00:54Là, c'était sa première fois faire un film.
00:56Et moi, c'était ma première fois à moi.
00:57Donc, il y a une forme de baptême du feu, un peu en commun,
01:01où on avance un peu main dans la main, elle et moi.
01:03Et je crois que j'aime bien cette idée qu'on découvre les choses ensemble.
01:08T'as qu'à rester, nous aider.
01:09Mais j'ai une vie, putain, papa !
01:11Oh, ben ça, on avait bien compris, hein !
01:13Je ne sais pas comment tu fais, parce que moi,
01:15je le trouve particulièrement insupportable.
01:17Mais moi aussi, je le trouve insupportable.
01:20Il y a un truc qui est très déroutant pour moi,
01:27c'est que quand on est en tournée, il y a un public,
01:30et donc il y a cette espèce d'échange électrique.
01:32Alors, ça se passe bien ou ça se passe moins bien,
01:34c'est les spectacles vivants.
01:36On a donné, on a reçu,
01:38et on repart avec quelque chose vers autre chose.
01:41Là, il n'y a pas de public.
01:43À qui on parle, en fait ?
01:44Moi, c'était toutes ces questions-là qui ont émergé en moi,
01:47en me disant, mais à qui on parle quand on joue comme ça ?
01:50Pour qui on joue ?
01:51Comment ?
01:52Ça m'a fait très bizarre de ne pas avoir ce fluide-là.
01:55Et puis, une fois que le film est fini,
01:56avec cette sensation très étrange de dire,
01:59bon, alors maintenant, j'ai traversé là,
02:01deux mois de ma vie avec ce personnage,
02:03ses interrogations, ses préoccupations,
02:05son look, sa veste.
02:07Qu'est-ce que je vais faire de cette veste ?
02:08Qu'est-ce que je vais faire de toutes ces histoires
02:10qu'elle a portées en elle, quoi ?
02:14Il n'y a pas du tout de confort du studio
02:18où on se dit, on va faire 5 prises, 10 prises, 15 prises
02:21pour trouver la bonne voie.
02:23Puis après, on pourra peut-être retravailler un peu
02:24l'esthétique de la voix, de la reverb ou tel ou tel truc
02:27pour sublimer la prise.
02:36Là, l'idée, c'était vraiment que la prise,
02:39telle qu'elle va être, elle va exister telle qu'elle.
02:42Donc, c'est l'instant tel qu'il a été vécu,
02:45voilà, qui va exister comme ça.
02:47Et en fait, je trouve ça beau de se dire
02:50qu'il n'y aura rien pour repêcher les maladresses,
02:54il n'y aura rien pour aller corriger la voix
02:57si jamais elle est un peu pas au bon endroit, en fait.
03:00Et presque même, c'est ça qui va ouvrir le cœur
03:04du sujet et du spectateur.
03:06Donc, c'était aussi un exercice d'abandon
03:10que j'ai trouvé hyper formateur, hyper beau.
03:13Et puis moi, j'aime même...
03:15Ça, c'est quelque chose que j'ai appris sur scène aussi.
03:18Souvent, le public aime aussi quand il y a des maladresses,
03:23quand on est fragile, en fait,
03:24parce que ça raconte bien plus de soi
03:28que plein de perfections.
03:29Ce qui me bouleverse dans ce personnage,
03:36c'est qu'elle a une forme de colère,
03:39de rage un peu sauvage,
03:40et qu'en même temps, ça la desserre,
03:44et en même temps, c'est ça qui la guide.
03:46Et qu'en même temps, elle a une tendresse,
03:48elle a une douceur,
03:49mais elle a du mal à la diriger vers elle-même.
03:53Et que je pense que tout le chemin de ce film,
03:56c'est un chemin de guérison,
03:57qu'elle apprend à être plus douce avec elle.
04:00Et ça, c'est quelque chose qui me parle,
04:01parce que c'est pas si facile que ça,
04:04d'être doux avec soi.
04:06Et de trouver les chemins pour l'être,
04:10c'est un beau truc.
04:15On a tous et toutes en soi
04:18cette part d'adolescence
04:20qui s'est jamais vraiment refermée.
04:22Mais je pense que ces âges-là de la vie,
04:24ces âges où on est censé avoir tout résolu,
04:27la quarantaine,
04:28on est censé avoir un job,
04:30que les choses soient un peu dans les cases,
04:33en fait,
04:34il y a des formes de renaissance
04:37et de métamorphose
04:38perpétuellement dans une existence.
04:40Il n'y a pas que l'adolescence
04:42qui est une période de métamorphose.
04:45Et cet âge-là de la quarantaine,
04:46il pose toutes les questions de...
04:48C'est un milieu de vie ?
04:50Qui sont mes parents ?
04:51Est-ce que moi, je serais mère ou pas mère ?
04:55Où est-ce que j'en suis avec mes origines ?
04:58De quoi sera fait mon futur ?
05:00Donc c'est des questions très philosophiques,
05:02très, très denses.
05:03Et en même temps,
05:04il y a des résurgences
05:06de cette fougue d'adolescence.
05:08C'est pour ça que de mélanger
05:09tous ces spectres-là dans le film,
05:13c'est ça qui est touchant, je trouve.
05:14Merci d'avoir regardé cette vidéo !

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