Au lendemain de l'interview d'Emmanuel Macron sur TF1, débat ce mercredi sur France Inter sur l'image donnée par le chef de l'État. Avec Jérôme Jaffré, directeur du Centre d’études et de connaissances sur l’opinion publique (CECOP), Nathalie Schuck, journaliste politique, Jean-Michel Aphatie, journaliste politique français, et Natacha Polony, journaliste.
Retrouvez « L'invité de 8h20 » sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien
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00:00Plus de trois heures en direct à la télévision, ce n'était plus arrivé depuis 2022 à Emmanuel Macron.
00:05C'était donc hier soir sur TF1.
00:07Mais pour dire quoi le président voulait, nous disait-on, revenir sur le devant de la scène nationale,
00:13lui qui s'est fait un peu plus discret médiatiquement depuis la dissolution.
00:17Qu'en reste-t-il alors ce matin ?
00:19C'est ce que nous allons voir avec quatre observateurs très attentifs de notre vie politique.
00:24Nathalie Chuc, grand reporter au point, Natacha Polony, essayiste Jean-Michel Apathy,
00:29éditorialiste chez Quotidien et Jérôme Jaffray, politologue, chercheur associé au CEPIPOF.
00:33Et bonjour à tous les quatre.
00:35Et comme d'habitude, auditeurs de France Inter, vos questions, vos réactions au 01 45 24 7000.
00:42Et sur l'application Radio France, vous cliquez sur le bouton réagir.
00:46Pour commencer, rapide tour de table, quelle image vous a laissé Emmanuel Macron hier soir ?
00:51Natacha Polony ?
00:53J'avoue que j'ai eu des réminiscences à la fois de François Mitterrand et de Jacques Chirac.
00:58C'est-à-dire que je me suis dit qu'en ressenti, on avait deux septennats.
01:02C'était assez lunaire d'ailleurs de voir cette image qui pour moi résume la soirée à la fin de l'émission.
01:08Quand enfin on aborde la question qui, d'après les conseillers en communication d'Emmanuel Macron, allait être le sujet,
01:15TF1 avait préparé un habillage.
01:17Emmanuel Macron les annonce.
01:19Et là, rien.
01:21Sur le référendum.
01:22C'était effarant.
01:23Et en fait, ça raconte un président qui avait besoin de défendre son bilan, mais qui n'a fait qu'un triste aveu.
01:30Je disais Mitterrand pour contrôle chômage, on a tout essayé.
01:34J'aurais pu ajouter Lionel Jospin, l'État ne peut pas tout.
01:37Un sentiment d'impuissance terrifiant.
01:40Jean-Michel Apathy ?
01:41Moi, j'ai trouvé qu'Emmanuel Macron, pas le président de la République, mais Emmanuel Macron est quand même une mécanique intellectuelle assez formidable.
01:51Vous le dites, plus de trois heures d'émission, on passe sur tous les sujets.
01:54Après, on est d'accord, pas d'accord, mais il y a des raisonnements, il y a de l'argumentation, il y a une certaine puissance personnelle.
02:01Et après, hélas pour lui, le président, la mise en scène fait que sa parole a une certaine force sur la politique internationale.
02:10Ukraine, Israël, une honte de ce que fait le gouvernement Netanyahou.
02:15Je trouve que ceci n'est pas beaucoup mis en valeur aujourd'hui, mais on en reparlera sans doute dans les jours qui viennent.
02:20Et ensuite, son rôle réduit à rien d'autre que le commentaire sur la politique intérieure.
02:26Et là, il est dans un plaidoyer pour les huit ans passés, c'était un peu long, disons, parce que ça aurait pu être fait en 20 minutes très facilement.
02:33Vous vous dites, tout ça pour ça, en fait, Nathalie Chuc ? C'est votre sentiment aussi ?
02:38C'est pas la même chose que Jean-Michel Apathy, j'avais l'impression de regarder The Artist.
02:41Vous savez, ce film avec Jean Dujardin, vous dites, l'acteur principal est quand même absolument bluffant, il manque pas de brio et de panache.
02:49Puis après, vous dites, mais en fait, il manquait le sous-titrage, quoi.
02:51C'est tout ça pour quoi ? C'est-à-dire que le président est venu avec une liste de courses au gouvernement, TVA social, chantier de simplification, etc.
03:01Et puis au fond, en fait, le sous-titrage, c'est quoi ? C'est qu'il n'a pas de majorité, que le gouvernement de François Bayreau est à la merci de motions de censure sur le budget ou à la rentrée,
03:10et qu'on ne sait même pas si on va échapper à une nouvelle dissolution.
03:12Donc en gros, comme vous l'avez très bien dit, le sentiment d'impuissance absolument désastreux.
03:17Mais est-ce que vous comprenez, Jérôme Jaffray, je vais vous poser la même question, pourquoi à l'arrivée, il a voulu prendre la parole ?
03:25Écoutez, moi j'ai éprouvé un sentiment de gêne quand même dans ce trop long débat.
03:32C'est qu'au fond, il y a une croyance erronée et un non-dit.
03:36Et tout ça a couru pratiquement toutes les missions.
03:38Le non-dit, c'est qu'Emmanuel Macron exerce et incarne la fonction présidentielle, qu'il possède une autorité présidentielle liée à un certain nombre de secteurs incontestablement,
03:51mais qu'il ne dispose plus du pouvoir de faire.
03:54Car ce pouvoir de faire, il faudrait un gouvernement qui lui soit lié vraiment, et une majorité de députés pour voter les textes.
04:01Ce n'est pas le cas.
04:02Et la croyance erronée qu'ont joué volontairement ou non ses interlocuteurs, je pense à Sophie Binet en particulier,
04:10lui disant, est-ce que vous allez nationaliser Arcelor ?
04:14Ça n'est absolument pas du ressort du président de la République sans pouvoir.
04:18Sous la cinquième, un président avec pouvoir aurait dit, je demande au gouvernement de faire une loi
04:23et à mes députés élus sur mon nom au lendemain de la présidentielle de voter un texte.
04:29Là, au lieu de répondre, je n'y suis pas favorable et pour telle ou telle raison,
04:34le président Macron tombe à pieds joints dans le piège, allègrement, je ne vais pas nationaliser Arcelor.
04:41Mais ça n'est pas en son pouvoir.
04:43Et ce non-dit a couru très très longtemps l'émission.
04:46Il aurait dû dire, je ne peux rien faire en fait, on en revient à la question de l'impuissance.
04:50Je n'y suis pas favorable, voilà pour telle et telle raison, UDT l'a juste répond.
04:54On en revient à la question de l'impuissance que vous souleviez tout à l'heure, Natacha Polon.
04:58Le problème, le premier, est qu'en effet, cette émission faisait apparaître au grand jour le fait
05:04qu'Emmanuel Macron n'arrive pas à intégrer l'article 20 de la Constitution.
05:09Le gouvernement détermine et conduit la politique de la nation.
05:12Et en effet, comme l'a très bien dit Jérôme Jaffray, pour l'instant, Emmanuel Macron n'a pas les leviers.
05:19Pour autant, je suis d'accord avec Jérôme Jaffray sur le fait qu'il aurait pu livrer un diagnostic.
05:24On attend une parole qui soit une parole d'analyse et de guide vers une direction.
05:33Or, en effet, sur les questions internationales, je rejoins Jean-Michel Apathy sur la question de Gaza.
05:39Il y avait une parole qui était une parole engagée et forte.
05:42Pour le reste, il a l'air de passer à côté du diagnostic.
05:47A force de vouloir défendre son bilan, il a l'air de découvrir, par exemple, la concurrence déloyale de la Chine.
05:54Et on a l'impression qu'il est totalement incapable même de comprendre ce qui est en train de se passer.
06:01Donc il dit, on va essayer de faire en sorte que la Chine ouvre ses marchés.
06:04On est sur une autre planète.
06:07Alors même que nous vivons actuellement un moment de déferlement qui risque de fragiliser,
06:13qui a déjà détruit notre industrie et qui risque de fragiliser maintenant notre commerce.
06:17Eh bien, il n'y a aucune réponse.
06:18Il a fallu attendre 1h45 d'émission pour que le président de la République prononce le verbe produire.
06:25C'est-à-dire, place le problème là où il est sur la capacité à produire en France pour créer de la richesse.
06:33Et à aucun moment, il n'y a eu d'analyse sur les raisons qui font que nous ne produisons plus.
06:38Je rebondis, Natacha, sur ce que vous dites.
06:41C'est-à-dire, c'est le gouvernement qui gouverne.
06:43Est-ce que le problème, Nathalie Chucs, n'est pas qu'on est en train d'analyser la parole du président de la République
06:48comme s'il ne s'était rien passé ?
06:50C'est-à-dire, majorité relative en 2022, puis défaites électorales aux européennes et aux législatives à nouveau en 2024.
06:57Alors, c'est tout à fait le cas.
06:58Mais le président avait quand même un atout majeur dans son jeu qui était l'arme du référendum.
07:03Le problème, c'est qu'on nous vend des référendums potentiels dans son entourage.
07:06Depuis, j'ai regardé le premier article que j'ai écrit là-dessus.
07:08Ça date de 2020, en plein Covid, où à l'époque, on nous parlait éventuellement d'inscrire quelque chose sur l'environnement,
07:14dans la Constitution, en nous disant, ça le démange, il a très envie de le faire, de consulter les Français.
07:18Et puis, rien.
07:19Hier soir, exactement la même chose.
07:21C'est-à-dire qu'on attend 22h45 ou 46 pour évoquer la question du référendum.
07:25Autant dire, il ne faut s'attendre à rien à cette heure-là, puisque le public est déjà, pour partie, rejoindre son lit.
07:33Et du coup, on n'a pas beaucoup plus de pistes que ce qu'on avait auparavant.
07:36A savoir, peut-être, un référendum sur la fin de vie, si ça s'enlise au Parlement.
07:40Ce qui est un encouragement, évidemment, à ce que ça se transforme en bourbier à l'Assemblée nationale.
07:45Peut-être sur les réseaux sociaux.
07:47On n'en sait pas beaucoup plus.
07:48Donc, on se dit, au fond, mais qu'est-ce qu'on attend, en fait ?
07:50Donc, il a des armes, il a des possibilités.
07:53Il a encore une parole qu'on écoute, notamment sur la question internationale, qui était la plus intéressante.
07:58Et au fond, on se dit, peut-être aurait-il fallu en rester là.
08:01Mais oui, pour le reste, sur la politique intérieure, il en est réduit à Yaka Faucon, puisqu'il n'a pas les leviers.
08:06Le référendum, on va en parler.
08:08Cette fameuse carte joker qu'il se garde, effectivement, depuis des années, qui n'a pas encore sorti.
08:12Il a eu cet aveu, tout de même, Emmanuel Macron.
08:15Je ne suis pas un homme orchestre.
08:16Ce n'est pas le président de la République qui fait les choses.
08:19Et encore moins depuis juillet dernier.
08:21Qu'est-ce que vous en avez pensé, Jean-Michel Apathy ?
08:22Qu'il a raison.
08:24Encore moins depuis juillet dernier.
08:26En juillet dernier, il s'est dépouillé lui-même de son pouvoir.
08:28Donc, c'est lui qui a souhaité, sans doute, cette mise en scène hier soir.
08:33Pourquoi l'a-t-il souhaité ?
08:34Pour dire, j'existe.
08:36Pour dire, je demeure un acteur important de la vie politique française.
08:40Et il a pris le risque, puisqu'il n'avait pas d'annonce à faire, puisqu'il ne pouvait pas en avoir.
08:45Même la carte du référendum, quand vous lisez l'article 11, tout se fait sur proposition du gouvernement.
08:50Donc, il faut, Jérôme le disait, il faut une complicité avec le gouvernement,
08:55qui paraît ne pas exister aujourd'hui.
08:57Parce que François Bayrou a aussi la nécessité de jouer sa carte.
09:02Et puis, le gouvernement est extrêmement divisé.
09:04S'il y avait un référendum, par exemple, sur la fin de vie,
09:08il y a un ministre important au moins, qui est Bruno Retailleau,
09:11qui appellerait à voter non à la loi.
09:14Probablement aussi, François Bayrou appellerait à voter non à la loi.
09:18Et si on a compris, c'est pas trop avancé quand même,
09:21Emmanuel Macron est plutôt favorable à ce qu'une loi vienne résoudre les problèmes difficiles,
09:27tels que l'a exposé Charles Bietrich.
09:29Du difficile, je devrais dire, dramatique.
09:31Donc, la marge de manœuvre d'Emmanuel Macron est réduite à zéro.
09:36Hier soir, il a plutôt, c'est plutôt une volonté de dire,
09:40je suis toujours vivant, en fait.
09:42Et de défendre le bilan, eux.
09:43Et défendre le bilan, voilà.
09:45Mais défendre le bilan, c'est quand même, ça signale quand même la fin du parcours, quoi.
09:50Donc, c'est cette faiblesse-là qu'il a lui-même mise en scène.
09:54Ça ne peut pas être autrement.
09:55Sauf, je le répète juste, on n'en parlera peut-être plus,
09:57mais sur la politique étrangère, où là, puisqu'il y a un consensus,
10:02au fond, sur l'aide à l'Ukraine,
10:04et le regard qui commence à être très critique sur ce qui se passe à Gaza,
10:08là, pour le coup, ça voit une certaine portée.
10:10Jérôme Jaffray.
10:11Oui.
10:11Pour tenir un propos un peu plus aimable pour Emmanuel Macron,
10:15et participer donc du débat,
10:18je dirais que, pourquoi finalement cet exercice,
10:21du point de vue d'Emmanuel Macron,
10:25il est en partie responsable du blocage politique qui existe dans le pays.
10:29En large partie, avec une dissolution ratée, malencontreuse,
10:33organisée au pire moment possible,
10:35le pays lui en veut profondément à ce sujet.
10:38Il n'est pas sorti de cette dimension.
10:40En revanche, son message était autre.
10:42Son message était que l'immobilisme actuel du pays ne peut pas lui être imputé.
10:47Lui, il est partisan de faire plein de choses.
10:50C'est ce qu'il a dit tout au long de l'émission.
10:52Et donc, c'est une charge indirecte contre François Bayrou et son gouvernement.
10:56Très fortement, je trouve.
10:58Et renvoyer le sujet du référendum...
11:00Il n'y a pas eu beaucoup de propos désagréables sur le gouvernement ?
11:03Précisément, il n'a pas souvent cité le François Bayrou ou son nom.
11:06Pas précisément souligné que c'était bien.
11:09Et quand il a renvoi le référendum dans quelques mois
11:11pour des grandes réformes économiques et sociales,
11:14est-ce qu'il ne calcule pas la chute de François Bayrou
11:16un autre gouvernement qui lui serait plus lié ?
11:19Par exemple, Sébastien Lecornu, Premier ministre,
11:21qui pourrait lui proposer à ce moment-là
11:23tous les référendums qu'il voudrait.
11:25Et deuxième chose, très importante dans le message du Président,
11:29ne comptez pas que je disparaisse politiquement en 2027.
11:33C'est son message profond.
11:34Et on exagère trop en pensant au bilan.
11:37En réalité, le Président nous dit
11:39je continuerai à être dans la politique après 2027
11:43bien que je ne puisse pas me représenter.
11:45Et d'ailleurs, quand la question lui est posée par Gilles Boulot
11:49à la fin de l'émission,
11:50est-ce que vous vous représentez en 2032 ?
11:52Il a dit qu'il allait réfléchir dès 2027.
11:55Et chacun qui a tenu le coup jusque-là de façon méritoire
11:58a pu penser qu'il réfléchissait déjà.
12:00Et il ne dit pas non effectivement
12:01quand on lui demande s'il pourrait se représenter en 2032.
12:05Ce que je trouve extraordinaire,
12:06c'est que Jérôme Jaffray nous présente cette explication
12:09comme étant davantage favorable à Emmanuel Macron.
12:11Alors, je ne suis pas certaine que ça plaide véritablement pour lui.
12:16C'est-à-dire que...
12:17Ah, vous êtes cruelle !
12:18Peut-être.
12:19Mais il me semble que cette émission s'est ouverte
12:22avec des réactions de Français
12:25expliquant qu'ils constataient que le pays allait plus mal,
12:29que les problèmes ne s'étaient pas résorbés,
12:32qu'ils s'étaient au contraire aggravés.
12:34Bref, le sentiment qu'ont beaucoup de Français
12:36d'une espèce de délitement,
12:39justement d'une impuissance généralisée,
12:42une économie qui va mal.
12:44C'est-à-dire que les urgences, elles existent.
12:46On comprend parfaitement, vous avez raison,
12:48qu'Emmanuel Macron s'est mis dans une situation
12:51où il ne peut plus agir.
12:54Pour autant, il y a déjà la nécessité
12:56de poser le bon diagnostic.
12:58Ça, ça n'est pas fait.
12:59Il y a la possibilité, justement,
13:02de faire surgir des débats
13:04et de peser sur le gouvernement
13:06pour proposer, pour agir.
13:09Or, la situation dans laquelle il met François Bayrou
13:11implique, en effet, que c'est un siège éjectable
13:14et que, donc, le principal rôle de François Bayrou,
13:16c'est de faire en sorte de se maintenir
13:18sur ce siège éjectable,
13:19donc de ne rien faire.
13:20Donc, on est dans un blocage politique
13:22parce que chaque acteur joue son petit rôle
13:25pour essayer d'exister.
13:27Et Emmanuel Macron, en effet,
13:29a l'air de vouloir exister beaucoup plus longtemps
13:31que ne le souhaiteraient les Français.
13:32C'est bien dommage
13:33parce que des actions à mener,
13:35il y en a.
13:36Ça pourrait être fait
13:37si le discours était clair
13:38et s'il y avait la volonté
13:39d'embarquer tout le monde
13:41et non pas d'essayer d'expliquer
13:43qu'on a fait les choses parfaitement.
13:44Nathalie Chuc.
13:45Pour aller dans le sens de Jérôme Jaffray,
13:47je me suis posé la question
13:48à la fin de l'émission
13:48de savoir si le président
13:49n'avait pas un plan caché.
13:51Parce qu'annoncer tout ça
13:52sans les moyens de le faire
13:54avec le Premier ministre actuel,
13:56je me suis dit
13:56mais au fond, est-ce qu'il a dans l'idée
13:58de remplacer le Premier ministre ?
14:00Il venait à sauter sur l'affaire Bétarame,
14:02il est auditionné aujourd'hui
14:03à l'Assemblée nationale
14:04ou à tomber sur une motion de censure.
14:06Est-ce que, comme vous l'avez très bien dit,
14:07il a déjà son plan en tête ?
14:09Tiens, je vais nommer Sébastien Lecornu
14:11avec qui je m'entends très bien à Matignon
14:12et je vais lui faire son discours
14:14de politique générale à l'avance
14:15comme il avait fait,
14:16souvenez-vous, avec Gabriel Attal.
14:18Janvier 2024,
14:19il nomme Gabriel Attal à Matignon,
14:21dix jours avant la déclaration
14:22de politique générale du Premier ministre.
14:24Il lui fait toute la liste de courses
14:25en disant qu'il faut faire le réarmement démographique,
14:27baisser les impôts de 2 milliards,
14:28etc., etc., etc.,
14:29travailler sur les tablettes.
14:31Est-ce qu'au fond,
14:31il ne nous fait pas un peu la même chose ?
14:32On en est un peu réduit à se dire
14:33mais il lui reste encore une carte
14:35qui est de changer l'homme ou la femme
14:37qui est à Matignon.
14:39La grosse question,
14:40comme vous l'avez dit,
14:41au janvier 2024,
14:42il nous annonce plein de choses
14:43et derrière, il ne se passe.
14:44Si il changeait le Premier ministre,
14:45il n'aurait toujours pas de majorité à l'Assemblée.
14:47C'est toujours le même problème.
14:48C'est une partie qui est terminée pour lui.
14:51Quand vous l'entendez,
14:51Jean-Michel, dire qu'il faut que les partis
14:54enfin travaillent ensemble,
14:55qu'on ait une grande coalition
14:57comme en Allemagne,
14:58il y croit vraiment ?
14:59C'est comme quand moi je dis
15:00qu'au mois de mai,
15:02on est heureux qui est du soleil.
15:03C'est des banalités,
15:04c'est des généralités,
15:05ça n'a aucune importance.
15:07Emmanuel Macron a perdu le pouvoir
15:09il y a un an.
15:10Il n'a pas les moyens de le retrouver.
15:12J'espère, s'il a deux sous de lucidité,
15:15qu'il a très peur d'une censure
15:16contre François Bayrou,
15:17parce que s'il y avait une censure,
15:19je ne sais pas par qui il le remplacerait,
15:21de manière efficace.
15:23S'il y avait une censure,
15:24parce que l'automne va être très difficile
15:26de ce point de vue,
15:27les marchés financiers réagiraient peut-être
15:29d'une manière qui mettraient
15:30le pays tout entier
15:32dans une situation très difficile.
15:34Vous savez, la situation
15:34est d'une extrême fragilité.
15:36Et s'il y a une remarque
15:37complémentaire à faire,
15:39c'est que ceci n'est pas du tout apparu hier.
15:41Il y a, heureusement pour lui,
15:43ça doit être une forme
15:43de protection psychologique,
15:45un optimisme et un allant
15:47chez Emmanuel Macron
15:48qui quelquefois peuvent surprendre.
15:50Il a commencé par ça,
15:51en déplorant le pessimisme
15:53dont on fait trop souvent preuve.
15:55C'est vrai que c'est ancré dans ce pays.
15:56Quand vous disiez, Natacha,
15:58qu'on reproche l'impuissance,
15:59on la reproche depuis tout le temps
16:00à tous les gouvernants.
16:01Vous savez,
16:02De Gaulle, on le met en balotage
16:03au deuxième tour de 65.
16:04En 67, il a une voix de majorité.
16:06Il y a 68 qui dit
16:0710 ans, ça suffit.
16:08Et en 69, on l'éjecte.
16:10Le pays n'est jamais tendre
16:11avec ses dirigeants.
16:13Jamais, nulle part.
16:14Un quinquennat, vous dégagez.
16:16Un septennat, c'est fini.
16:17Quand même, la rotation est forte.
16:19Emmanuel Macron, le problème là,
16:21c'est qu'on est confronté
16:21à une difficulté
16:22qui est que le mensonge budgétaire
16:24depuis 50 ans arrive à son terme.
16:27Il faut régler ce problème là.
16:29Aucun discours de soutien
16:31à son Premier ministre
16:32qui, tout de même,
16:34quand il propose son référendum
16:36sur le budget,
16:37c'est parce qu'il est un peu démuni,
16:38François Bayrou.
16:39Aucun soutien à son Premier ministre
16:40sur ce terrain là.
16:42Et pire, si vous permettez,
16:43où est le plan ?
16:44C'est une des phrases
16:45les plus terribles de l'émission.
16:47Où est le plan de M. Bayrou ?
16:49Qu'il me le montre.
16:50Pour le moment,
16:51je ne l'ai toujours pas vu.
16:52Il n'a pas tort ?
16:53Il n'a pas tort,
16:53mais quand vous disiez
16:55où sont les propos sur Bayrou ?
16:57En voilà un.
16:57Et il n'est pas facile à faire, le plan.
17:00Une question d'Augustin,
17:01puisque Natacha Polony,
17:02vous disiez,
17:03il reste des choses à faire
17:04et on pourrait se retrouver,
17:05le président pourrait mobiliser
17:06sur des grands projets
17:08pour les deux années qui restent.
17:09Il avait dit,
17:10lors de sa campagne présidentielle
17:12pour sa réélection en 2022,
17:14« Ce quinquennat sera écologique
17:15ou ne sera pas ? »
17:16Justement, question d'Augustin
17:17sur l'application de Radio France.
17:20La lutte contre le changement climatique
17:21peut-elle relancer le quinquennat
17:22et engager les Français
17:23dans une nouvelle cause commune ?
17:25Alors, ce serait une cause
17:27absolument essentielle
17:28et qui pourrait, là aussi,
17:30embarquer l'ensemble des citoyens
17:32si elle était articulée
17:33à la question de la production.
17:35Quand Emmanuel Macron
17:36commence l'émission en disant
17:37« Rester libre, c'est l'enjeu »,
17:39comment reste-t-on libre ?
17:40En ne dépendant pas des autres.
17:42Et sur l'écologie,
17:43évidemment que le chemin
17:44qui permet de réconcilier
17:46ceux qui ne veulent pas
17:48que cette écologie
17:48se fasse au détriment des plus pauvres
17:50et ceux qui considèrent
17:51qu'il y a une véritable urgence,
17:53ce qui permet de réconcilier,
17:55c'est de dire
17:55« Nous devons produire sur notre sol
17:57selon nos critères »
17:59parce qu'externaliser la pollution,
18:02c'est la pire stupidité
18:03que nous puissions faire.
18:05C'est ça que j'attendais
18:06comme discours.
18:07Et là, ça permettait
18:08ensuite de décliner
18:10les mesures
18:11qui vont faire en sorte
18:12que nous puissions décider de tout ça.
18:14Rien de tout ça n'a été dit.
18:15Jérôme Geoffrey.
18:16Oui, après avoir été si aimable
18:17avec Macron,
18:18j'étais quand même aussi frappé
18:20de sa solitude politique.
18:22Et extrêmement frappante.
18:24C'est-à-dire, par exemple,
18:25il propose une conférence,
18:26il souhaite une conférence
18:27sur le financement
18:28du modèle social.
18:30C'est exactement reprendre
18:32la proposition de Gabriel Attal
18:33qui souhaite qu'il y ait même
18:35un référendum sur ce sujet.
18:36A-t-il cité Gabriel Attal
18:38à ce sujet ?
18:39A-t-il dit
18:39qu'il avait des appuis politiques
18:41et des soutiens politiques
18:42pour faire cela ?
18:43Pas du tout.
18:45Il n'a plus de parti.
18:45Et finalement,
18:46il s'appuie sur deux ministres.
18:47Darmanin cité à tour de bras,
18:49personnellement,
18:50et Le Cornu,
18:52moins cité,
18:53mais très présent,
18:54on le sait,
18:54auprès du président de la République.
18:56Et les manques de l'émission,
18:57j'en ajouterai à ce que vient de dire
18:59Natacha Polony,
19:00très justement,
19:01deux fondamentaux.
19:03L'obsolescence de la Vème République
19:05que le président,
19:06évidemment,
19:07veut ignorer.
19:07Pourquoi ?
19:07Puisque être président,
19:09par définition,
19:10c'est le poste idéal.
19:11Pourquoi ?
19:11Mais obsolescence,
19:13une des réponses,
19:14c'est associer les citoyens
19:15aux décisions.
19:16Pourquoi c'est obsolète,
19:17vous demandez Jean-Michel Apathy ?
19:18Pardon ?
19:18Pourquoi ce système est obsolète ?
19:20Alors ça,
19:21ça nous entraîne un peu loin.
19:22Le système de la Vème République
19:23est obsolète
19:24quand il y a une différence absolue
19:26entre le vote des Français
19:27et la gouvernance.
19:29C'est ce qui se passe
19:29depuis 2022.
19:31Mais je termine,
19:32je termine quand même
19:33sur le deuxième manque,
19:34si vous permettez.
19:34Juste une parenthèse sur la Vème République
19:35et je vous redonne la parole,
19:36Jérôme Jaffray.
19:37L'obsolescence fait un deuxième débat
19:38là-dessus,
19:39ça le mérite.
19:40Mais sur les pouvoirs du président
19:42que lui accorde la Vème République,
19:44il y a eu un moment
19:45avec Robert Ménard
19:46quand il lui dit
19:46vous êtes sans doute
19:47le dirigeant le plus puissant
19:48en vertu de la Constitution
19:50de toutes les démocraties occidentales
19:52et Emmanuel Macron lui dit
19:53merci.
19:53Et merci,
19:54on ne comprend pas bien
19:55car le président n'a pas
19:56aujourd'hui les pouvoirs
19:58les plus importants des présidents.
19:59Le président,
19:59je rends la parole à Jean-Michel,
20:02le deuxième manque
20:03c'est la dislocation de l'État
20:05telle que les Français
20:06la constatent.
20:07Mais les pompiers,
20:09les gardiens de prison,
20:10les policiers,
20:11les salles de justice,
20:12pour les Français
20:13ce sont les images
20:14les plus marquantes
20:15de ces dernières semaines.
20:16C'est la dislocation de l'État
20:18pour les Français
20:19telle qu'elle se voit.
20:20Or c'était,
20:21en parler longuement,
20:23c'était mettre en cause
20:24Darmanin et Retailleau.
20:26Retailleau,
20:26à quelques jours
20:27de son élection
20:27comme président éventuel
20:29des Républicains
20:29et le président
20:30ne souhaitait pas la gêner.
20:32Et Darmanin
20:32qui est un de ses ministres
20:33les plus proches
20:34donc on n'a pas parlé
20:35de la dislocation de l'État.
20:37Vous êtes tous
20:37assez d'accord
20:38sur le constat
20:39et sur l'impuissance
20:40du président de la République
20:41dans le contexte actuel.
20:43Est-ce que,
20:43Nathalie Chuc,
20:44vous voyez une porte de sortie
20:45dans les deux ans à venir ?
20:46Il lui reste tout de même deux ans.
20:47Est-ce qu'il sera condamné
20:48à défendre son bilan
20:50ou est-ce qu'il peut
20:52s'en sortir politiquement ?
20:54Dans les événements
20:54puissances du président hier soir,
20:56il y avait sur le champ
20:56régalien la question
20:57de l'immigration.
20:58Il nous a dit
20:58« Je souhaite que la loi
21:00de janvier 2024,
21:01que tous les décrets
21:01se soient appliqués. »
21:02Est-ce qu'on mesure
21:03ce que cette phrase veut dire quand même ?
21:05Ça veut dire que les décrets
21:05d'application du loi
21:06de janvier 2024
21:08ne sont toujours pas pris
21:09ni appliqués.
21:11Donc, pour répondre
21:12à votre question,
21:13si une loi de janvier 2024
21:14n'est pas pleinement appliquée,
21:16qu'est-ce qu'on peut faire
21:17d'ici 2027 au fond ?
21:19Ça pose vraiment
21:20la question à Michel.
21:20Mais la dissolution,
21:21entre autres absurdité,
21:22a bloqué de toute façon
21:24l'ensemble des décrets
21:26qui devaient être pris.
21:26Exactement.
21:27Et peut-être que le président
21:28envisage de faire une...
21:30Je ne vois pas d'autre solution
21:31pour en sortir
21:32que l'arme atomique
21:32d'une nouvelle dissolution.
21:34Avec quel résultat ?
21:35L'été prochain, pas avant.
21:37Avant cela,
21:37à très très court terme
21:38puisqu'il nous reste 30 secondes
21:39Jean-Michel Apathy.
21:40Et vous en parliez tout à l'heure.
21:42Audition, pardon.
21:43Pas encore dissolution.
21:45Audition de François Bayrou
21:46aujourd'hui devant la commission
21:48d'enquête de l'Assemblée nationale
21:49sur les violences
21:49en milieu scolaire.
21:50Il devra s'expliquer
21:51sur ses déclarations
21:53fluctuantes sur Bétaram.
21:55Il joue sa survie politique.
21:56Il est en train de difficultés
21:56très grandes.
21:57Et si l'audition est bien menée,
22:00ce qui ressemble quand même
22:01à un mensonge
22:02risque d'apparaître.
22:03Donc, comment François Bayrou
22:05va se sortir de cela,
22:06je ne sais pas.
22:07Tout de même,
22:08j'ai lu des papiers
22:08assez intéressants
22:09sur ce qu'est une commission
22:10d'enquête parlementaire.
22:12Nous l'avons expliqué
22:14dans le journal de 8h aussi.
22:15Oui, sur le caractère
22:16tout de même
22:17très particulier
22:19de ceux qui peuvent
22:20mener les débats
22:21qui sont à la fois
22:22des juges
22:23et à la fois
22:24des acteurs politiques.
22:25Et ça n'est pas non plus
22:26très satisfaisant.
22:27Jean-Michel Apathy,
22:28Nathalie Chuc,
22:29Natacha Polony,
22:30Jérôme Jeffré,
22:30merci beaucoup à tous les quatre.
22:31Jérôme Jeffré,
22:32j'ai un petit peu
22:33qu'à la fois
22:33Jérôme Jeffré,
22:34j'ai un petit peu
22:34tu m'en