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00:007h-9h, Europe 1 Matin.
00:02Il est 7h11 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko vous recevez ce matin le politologue et chercheur au centre d'études de la vie politique française, Bruno Cotteres.
00:10Oui le Cévi-Pof, bonjour Bruno Cotteres.
00:13Bonjour.
00:13Bienvenue sur Europe 1, Emmanuel Macron aura donc parlé pendant 3 heures et même un peu plus encore aux français qui l'ont regardé hier soir à la télévision.
00:22Émission XXL pour le Président sur laquelle vous allez nous livrer votre sentiment ce matin Bruno Cotteres.
00:27D'abord d'après vous, première question, c'était quoi l'objectif du Président avec cette émission et pourquoi maintenant ?
00:34C'est vrai que rien n'obligeait le chef de l'État à se prêter à l'exercice, il n'y avait pas d'enjeu particulier, il n'y avait pas de calendrier, il n'y avait pas d'urgence.
00:43Et donc l'idée forcément c'était que le chef de l'État voulait reprendre pied dans la vie politique nationale.
00:48Lui qui a été tellement sur le front, tellement sur la brèche, sur la dimension internationale de son action.
00:54On avait vu notre chef de l'État au fond principalement préoccupé, principalement au fond à la manœuvre sur les questions internationales, l'Ukraine en particulier.
01:06Donc l'idée c'était pour Emmanuel Macron de montrer bien que le Macron réformateur de la France était toujours là.
01:13C'était sans aucun doute ça l'idée.
01:14Ça s'est révélé plus compliqué quand même hier soir.
01:17Ah bah oui, alors parce qu'effectivement, vous nous dites peut-être qu'il souhaitait conjurer l'image qu'il donne d'un Président déraciné,
01:24contraint finalement à se limiter au champ international, ce qui en soit une vaste mission.
01:29Mais alors c'est vrai que clairement on l'a senti jouer en défense hier, très clairement, en pratiquement toutes les missions.
01:34Oui, on a, je dirais même, on a assisté hier à quelque chose d'assez inédit.
01:39Nous qui pensions voir Jupiter revenir galvanisé par l'énergie, dont il a fait preuve au niveau international,
01:47eh bien on a vu un Jupiter qui était plutôt, qui donnait plutôt le sentiment d'être mis en difficulté.
01:53Il y a plusieurs moments de l'émission où il a été un peu acculé dans ses retranchements,
01:57sous les coups de boutoir de Sophie Binet, la leader de la CGT,
02:02mais aussi d'Agnès Verdier-Moulinier, la spécialiste des finances publiques.
02:06Eh oui, notre signature en pain.
02:08Et voilà, et par Robert Ménard, le maire de Béziers,
02:11qui l'a régulièrement mis en difficulté sur le thème.
02:14Alors vous êtes un président puissant, vous êtes là depuis huit ans,
02:16mais pourquoi vous n'avez pas fait tout ça avant ?
02:19Donc c'était ça l'un des paradoxes de cette émission.
02:21Forcément au bout de huit ans de mandat, avec deux ans de mandat qui lui restent à effectuer,
02:26le chef de l'État était beaucoup plus sur la défensive,
02:29dans la défense de son bilan, par exemple en termes économiques,
02:32sur les créations d'emplois notamment.
02:35Il était beaucoup plus sur la défensive,
02:37et fatalement, comme il ne lui reste que deux ans de pouvoir,
02:40il était beaucoup plus en difficulté sur le fait de s'exonérer de ses responsabilités.
02:44C'est ça, parce qu'aussi, il faut le dire,
02:46là nous sommes le mercredi 14 mai,
02:49on est entré dans la huitième année de pouvoir quand même d'Emmanuel Macron.
02:53Et alors, on peut dire qu'il y a une constante tout au long de la soirée,
02:56on leur a entendu dire en substance,
02:58oui, mon bilan est sans doute meilleur que vous ne le pensez,
03:01et j'aurais toujours essayé de faire de mon mieux.
03:03Est-ce suffisant, vous pensez, pour les Français d'entendre cela de la part du Président de la République ?
03:07Non, bien évidemment, ça n'est pas suffisant,
03:10parce que les problèmes s'accumulent.
03:13Nous avons de mauvaises nouvelles économiques,
03:16le chômage qui redémarre,
03:17la croissance qui est revue à la baisse,
03:21nos déficits publics dans la Cour des comptes.
03:23La Cour des comptes elle-même a dit qu'ils étaient en roue libre.
03:27Et donc, effectivement, c'était compliqué pour le chef de l'État
03:29de défendre son bilan sur le thème
03:32« ça aurait pu être mieux, mais ça aurait pu être pire ».
03:35Et donc, effectivement, il a été régulièrement, de ce point de vue-là,
03:38acculé et mis en difficulté.
03:39Alors, est-ce qu'il n'est pas tombé dans un piège
03:41qu'il s'était lui-même tendu sur la question
03:44du ou des référendums, justement, Bruno Cotteres ?
03:47Parce que, rappelons qu'Emmanuel Macron avait suggéré
03:49cette idée de consulter les Français.
03:52Il l'avait fait lors de ses voeux, le 31 décembre dernier,
03:55« Je vous demanderai de trancher certains sujets déterminants en 2025 ».
04:00Voilà ce qu'avait dit Emmanuel Macron.
04:02Et donc, on l'attendait sur ce terrain-là,
04:04du ou des référendums.
04:06Et finalement, il nous a dit,
04:08l'immigration, ben non, c'est hors de question.
04:10Les retraites, c'est non.
04:11Les finances publiques, pourquoi pas ?
04:14Finalement, beaucoup de bruit pour pas grand-chose
04:16à ce stade, Bruno Cotteres.
04:17Oui, pour pas grand-chose.
04:20C'est vrai que c'était attendu un petit peu comme le clou de la soirée hier.
04:23On devait être hier, vraiment, tout le monde s'attendait à ce qu'il y ait une annonce
04:27du chef de l'État.
04:28Bon, à sa décharge, si le chef d'État devait annoncer un référendum,
04:32c'est pas dans le format de cette émission.
04:33Non, c'est une allocution officielle, bien évidemment,
04:36mais on aurait pu avoir un chef de l'État
04:37qui prolonge le message du 31 décembre.
04:40Lorsqu'il avait dit, vous l'avez rappelé,
04:42qu'il amènerait les Françaises et les Français à trancher.
04:44Et puis finalement,
04:45ça a un peu fait pchit quand même hier soir.
04:47C'est-à-dire que le chef de l'État,
04:48dans un premier temps, a dit,
04:49oui, il y aura peut-être des référendums avec plusieurs sujets.
04:54Et puis finalement,
04:55sous le feu roulant des questions de Gilles Boulot,
04:57le journaliste qui lui disait,
04:58mais alors, quel thème, par exemple,
05:00est-ce que ça pourrait être sur les déficits publics ?
05:03Comme le premier ministre vous l'a demandé,
05:04ben non, pas la proportionnelle,
05:06pas les retraites, pas l'immigration.
05:08Et timidement, le chef de l'État a dit que si jamais
05:10le Parlement ne se mettait pas d'accord
05:12sur le projet de loi fin de vie,
05:14alors à ce moment-là, ça serait tranché par référendum.
05:17Il a vaguement esquissé
05:18que ça pourrait être aussi sur des projets
05:20de réforme sociale ou économique du gouvernement.
05:23Mais vous savez, Dimitri,
05:24le calendrier est en train de jouer contre le chef de l'État
05:27parce que la fenêtre de tir pour organiser un référendum,
05:30elle devient de plus en plus étroite.
05:31C'est septembre, octobre.
05:33Après, on est dans la discussion parlementaire sur le budget.
05:37Et 2026, après, on est dans les élections municipales.
05:39Donc, on voit mal aujourd'hui
05:41le calendrier, le sujet précis d'un potentiel référendum.
05:45Merci beaucoup, Bruno Cotteres,
05:47d'être venu ce matin sur l'antenne du Cévi-Pof.
05:50Je rappelle que vous êtes chercheur
05:51au Centre d'études de la vie politique française.
05:52Le Cévi-Pof rattaché à Sciences Po.
05:54On poursuivra ce débrief
05:55de l'émission d'Emmanuel Macron
05:57tout à l'heure à 8h moins 10.

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