En 2025, Los Angeles a connu l’un des incendies les plus ravageurs de son histoire. Des quartiers entiers ont disparu sous les flammes, laissant des milliers de familles sous le choc. Pourtant, une question demeure : pourquoi construit-on encore des maisons en bois dans une région où les incendies sont une menace permanente ? [...]
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00En 2025, Los Angeles a connu l'un des incendies les plus ravageurs de son histoire.
00:14Des quartiers entiers ont disparu sous les flammes, laissant des milliers de familles sous le choc.
00:19Pourtant, une question demeure.
00:21Pourquoi construit-on encore des maisons en bois dans une région où les incendies sont une menace permanente ?
00:29La réponse réside dans un phénomène puissant, théorisé par l'économiste Paul David, l'inertie des choix passés.
00:37Au XIXe et XXe siècle, alors que les États-Unis étaient en pleine expansion, il fallait bâtir des villes rapidement et à moindre coût.
00:45Le bois, abondant et bon marché, s'est naturellement imposé, comme le matériau de référence pour la construction des maisons individuelles.
00:54Avec le temps, la maison en bois est devenue bien plus qu'un simple choix économique.
00:59Elle est devenue un symbole de l'American dream, celui de la réussite individuelle et de l'accès à la propriété.
01:08Aujourd'hui encore, même si on sait que le béton est plus solide, plus durable et surtout ininflammable,
01:14une majorité d'Américains continuent de privilégier le bois.
01:17C'est l'effet de l'inertie des choix passés, un phénomène social où chaque décision, chaque innovation renforce la précédente.
01:26À force de construire des maisons en bois, tout un écosystème de construction s'est structuré autour de ce modèle.
01:34Les architectes conçoivent leurs plans en fonction des normes du bois.
01:38Les banques et les assurances fondent leurs calculs de coûts sur des constructions en bois.
01:42Des usines produisent en masse des matériaux pour la construction en bois.
01:47Les ouvriers et les entrepreneurs sont formés aux techniques du bois.
01:51Finalement, le choix du bois n'est pas le fruit d'une volonté individuelle,
01:55mais une solution qui s'impose comme une évidence, un impératif culturel par lequel le passé dicte le futur.
02:04Bien évidemment, ce phénomène ne se limite pas à l'urbanisme.
02:08On le retrouve au sein même des organisations.
02:10Prenons l'exemple d'une entreprise qui, pendant des décennies, a adopté une culture de contrôle hiérarchique stricte.
02:18Au fil du temps, les critères de recrutement ont privilégié les candidats ayant des profils conformes à cette approche.
02:25Les nouveaux employés ont alors intégré et reproduit ces pratiques,
02:28écartant progressivement toute alternative de fonctionnement radicalement différente.
02:33Mais si l'environnement évolue et qu'une approche plus flexible devient nécessaire,
02:39l'organisation risque de se retrouver piégée par son propre passé, incapable de s'adapter efficacement.
02:46Face à ce qui sera perçu comme une incongruité ou une injustice,
02:50l'inertie de ces choix passés risque de s'accentuer et de déclencher un réflexe d'autodéfense,
02:57l'enfermant dans une spirale toujours plus difficile à briser.
03:01Qu'il s'agisse d'urmadisme ou de management, le passé a souvent la main lourde sur l'avenir.
03:08Enrayer l'inertie des choix passés exige bien plus qu'une prise de conscience.
03:12Il faut un choc qui bouscule les certitudes,
03:15une rupture qui libère les énergies et les talents vers de nouveaux horizons.
03:27Sous-titrage Société Radio-Canada