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00:00Beaucoup de sujets à vous soumettre ce matin, et tout d'abord, cette phrase, choc.
00:04« En Algérie, je suis un traître, en France, un mauvais, un mauvais arabe. »
00:08C'est une interview choc, celle d'un grand écrivain, Kamel Daoud,
00:11ciblé par deux mandats internationaux émis par Alger,
00:14mais aussi cible d'attaque au roi en berger de la presse de gauche,
00:17qui estime qu'il n'est pas le bon arabe, car il ne porte pas, dit-il, les bons combats.
00:21La gauche qui lui reproche notamment, je voudrais le préciser,
00:23d'avoir dénoncé il y a quelques années les viols de Cologne
00:26et d'avoir interrogé le rapport aux femmes dans le monde arabo-musulman
00:29« Traître en Algérie et mauvais arabe en France »,
00:32comment vous réagissez à de tels propos ?
00:34Je trouve que c'est une très belle interview,
00:35parce que c'est une déclaration d'amour à la France.
00:38C'est ça qu'il dit, au-delà de cette phrase qui est évidemment très choc,
00:42il dit à quel point en France on a de la chance,
00:45la liberté d'expression, la liberté de penser,
00:48que ce n'est pas tout à fait le cas dans son pays d'origine,
00:50qu'est l'Algérie, et qu'il recommande d'ailleurs à celles et ceux
00:54qui aujourd'hui critiquent notre pays et critiquent la France,
00:57alors qu'ils n'ont connu que la France,
00:58peut-être d'aller voir ailleurs à quel point la liberté d'expression
01:02est précieuse et à quel point malheureusement elle est contestée.
01:06Donc je crois qu'on a de la chance de la voir en France,
01:08on a de la chance qu'il s'exprime aussi librement,
01:11et je pense que certains devraient plus s'en inspirer
01:14plutôt que de le critiquer comme si cette critique était acceptable.
01:17Mais je comprends ce qu'il dit,
01:19c'est-à-dire qu'il estime qu'il n'est jamais à sa place,
01:21et ça c'est assez insupportable,
01:23de se dire qu'on ne serait jamais à la bonne place,
01:25parce qu'on n'aurait jamais le bon discours ambiant ou mainstream.
01:30Il a un discours qui est un discours d'amour de la France.
01:32Qui porte aujourd'hui les éléments de langage du régime algérien ?
01:36Je fais une différence avec les Algériens.
01:37Qui ?
01:38Je pense qu'il faut sortir évidemment de la naïveté,
01:41c'est ce qu'on fait évidemment vis-à-vis du régime algérien,
01:45avec des décisions très claires.
01:46Quand le ministre des Affaires étrangères dit réponse ferme et proportionnée
01:49après la énième expulsion d'un fonctionnaire français,
01:52M. Téboune tremble vraiment.
01:53On a assumé aussi d'avoir des expulsions, vous le savez,
01:56de fonctionnaires algériens,
01:58de manière en réciprocité à ce qui s'est passé
02:01et qui était absolument inacceptable,
02:03de rappel de notre ambassadeur par le président de la République.
02:06Donc il y a évidemment des mesures très claires qui ont été prises.
02:08Pour quel résultat ?
02:09C'est bien la difficulté qu'on a.
02:11C'est qu'encore une fois, on a assumé,
02:13le président de la République a assumé dès le début de son mandat
02:16d'essayer de restaurer des liens puissants avec l'Algérie
02:19parce que je crois que c'était l'intérêt de notre pays,
02:21d'assumer qu'on ait des liens qui puissent exister
02:23parce qu'on a évidemment une histoire
02:25et parce qu'on a aussi des intérêts qui sont croisés,
02:28au-delà d'ailleurs des questions strictement migratoires,
02:31mais qu'on voit bien aujourd'hui que malheureusement,
02:34on a un régime qui fait de la défiance de la France
02:37une forme de politique
02:38et que cette politique, elle ne peut pas se faire
02:41contre nous et contre les intérêts de la France.
02:43J'entends que vous êtes davantage sur la ligne de M. Rotaillot
02:45que la ligne du Quai d'Orsay.
02:47En tout cas, sur la ligne du président de la République.
02:49Mais quelle est-elle ? Est-ce qu'elle est aussi claire que cela ?
02:51Oui, parce que je pense que les décisions qu'il a prises,
02:53les décisions internationales qu'il a prises,
02:55les décisions vis-à-vis aussi du Maroc,
02:57sont très claires sur le fait que la France
02:59entend être souveraine
03:01et assumer une politique étrangère et internationale
03:04qui ne dépend pas d'un diktat d'un autre pays.
03:07Nous sommes la France
03:08et parce que nous sommes la France,
03:09nous avons le droit d'avoir la ligne politique
03:11que nous voulons et la ligne diplomatique
03:13que nous voulons instaurer.