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Dans ses interviews, Sophie de Menthon, présidente du mouvement patronal Ethic, se met dans la peau des patrons...

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00:00Je suis particulièrement contente de vous accueillir, Alain Moussi, dans Patron en question.
00:05Parce que vous incarnez, vous savez, on parle de la recherche, il faut faire des progrès, Alzheimer, la recherche en France.
00:13Et là, vous êtes un patron, un entrepreneur de la recherche.
00:18Et c'est quelque chose qu'on ne sait pas très bien comment c'est.
00:20C'est un univers un peu nébuleux, la recherche en France.
00:23Et là, c'est très intéressant.
00:25Vous avez commencé donc chez Carrefour.
00:27Oui, tout à fait, chez Carrefour, où j'étais en charge des fusions d'acquisition et du corporel de développement.
00:34Et puis, dans votre famille, que se passe-t-il ?
00:37Dans ma famille, il y a eu une maladie rare qui s'appelle la mastocytose et qui implique une cellule qui s'appelle le mastocyte.
00:43Et je me suis intéressé à cette cellule et à cette maladie.
00:46Et puis, j'ai fini par quitter Carrefour et créer une biothèque pour essayer de traiter les maladies du mastocyte.
00:52C'est vraiment formidable comme expérience parce que c'est pour aider les gens de sa famille.
00:59Et Carrefour vous a laissé un peu au début faire les deux ?
01:02Mes patrons étaient extraordinaires puisqu'ils me laissaient deux à trois heures par jour pour essayer d'organiser ça.
01:08Et que je récupérais le soir ou le week-end pour ne pas être en retard sur mes dossiers.
01:12Mais ils ont été extrêmement compréhensifs.
01:13Alors c'est ça que ça m'intéresse beaucoup parce que, bon, et vous vous occupez en plus de maladies outre celles-là,
01:19de maladies neurodégénératives qui nous inquiètent tous énormément.
01:23Dès que j'oublie le nom de quelqu'un, ce qui est toutes les deux minutes, je me dis qu'Alzheimer guette.
01:27Et vous vous occupez de ces maladies-là.
01:30Tout à fait.
01:30En recherchant sur le mastocyte, on a compris que cette cellule était impliquée dans les maladies neurodégénératives.
01:36C'est-à-dire, en fait, quand les neurones meurent, ce qui est le cas de la maladie d'Alzheimer,
01:40ainsi que la maladie de Charcot, par exemple, ce sont les motoneurones qui meurent,
01:44il va y avoir une réponse du système immunitaire à l'intérieur du cerveau.
01:48Et au sein de ce système immunitaire, une cellule est clé, c'est le mastocyte.
01:52Une deuxième est clé, c'est les microglies.
01:54Et nous, on a développé un produit qui ciblait les deux et qui va contrôler la réponse du système immunitaire,
01:58ralentir la maladie, protéger les neurones.
02:01Et ça marche ?
02:02Ça marche dans les études cliniques.
02:04Et on doit faire des phases 3 confirmatoires pour en faire un médicament.
02:07Et qu'est-ce que c'est une étude clinique ?
02:09C'est combien de temps ? C'est au prix de qui ? C'est quoi ?
02:10C'est des années, c'est des dizaines, voire des centaines de millions d'euros.
02:14Et on a déjà, nous, fait des études sur 400, 650, 700 patients.
02:18On a mis 700 patients dans la maladie d'Alzheimer.
02:20Et il faut encore faire une étude encore plus importante pour confirmer.
02:24Et alors, quand vous avez un patient, ils acceptent de tester ?
02:29Pas tous, mais certains souhaitent prendre le risque de manière à pouvoir se sentir mieux, sous le contrôle des médecins, naturellement.
02:36Et quand vous leur demandez de tester, c'est déjà quand même béton ?
02:39Alors oui, évidemment. On a fait un certain nombre de choses avant qui fait que déjà, on sait qu'on ne va pas leur faire du mal.
02:44Et peut-être leur faire du bien. Et tout l'enjeu, c'est de savoir si on va leur faire du bien.
02:48Et donc, c'est pour ça qu'on fait des études cliniques. Et en l'occurrence, dans nos études cliniques, elles ont été réussies.
02:52Et ça fait date. On a publié. Et il y a très, très peu de succès, par exemple, dans la maladie d'Alzheimer, encore moins dans la maladie de Charcot.
02:59Et nous, on a la chance d'avoir, avec notre candidat à médicaments, eu ces succès-là. Et donc, c'est prometteur. Et on espère...
03:05Et on est en avance en France ?
03:08On fait partie des gens actifs sur ces sujets-là, sachant que les grands laboratoires ont investi des centaines de milliards.
03:17Et n'ont pas forcément apporté des solutions convaincantes à ceux-là.
03:20Comment on fait ? Parce qu'il y a quelqu'un comme vous, vous avez une solution. Vous manquez forcément d'argent.
03:24Oui.
03:25Et pourquoi ? Alors, c'est un appel aux entreprises qui financent de toutes sortes. C'est une des premières choses à financer.
03:35Qu'est-ce qui les freine pour vous financer ?
03:37Le risque, évidemment. Ce n'est pas de l'or, ce n'est pas le luxe, ce n'est pas quelque chose qui est connu.
03:44Oui, on parle en ce moment.
03:44C'est une prise de risque. Mais de toute façon, si on ne prend pas les risques, financièrement ou en termes de science,
03:50eh bien, on n'aura pas les récompenses, on n'aura pas le progrès.
03:54Donc, la prise de risque est nécessaire pour faire des progrès en science.
03:57Ça peut rapporter gros. Car, en définitive, dans le secteur des biotechs, s'il est risqué,
04:02au cas où ça marche, on peut faire fois 10, fois 100.
04:04Donc, c'est un placement qui correspond à certains profils d'investisseurs.
04:08C'est le bienfait de l'humanité.
04:10Et c'est le bienfait de l'humanité. Donc, en plus, on a la conscience tranquille.
04:12Absolument. C'est un placement utile.
04:14Il faut avoir un petit peu de temps.
04:16On n'investit pas pour gagner de l'argent dans 3 mois ou dans 6 mois.
04:18Il faut donner aux entreprises quelques années pour réussir et faire émerger la solution.
04:23Alors, comment on fait pour que vous y alliez plus vite ?
04:25Que Alzheimer retrouve ? Est-ce qu'on est particulièrement lent en France ?
04:29Eh bien, on pourrait être plus rapide, effectivement.
04:32Il faut injecter plus d'argent dans la recherche, dans la recherche prometteuse.
04:36celle qui a plus de chances de réussir.
04:39Il ne faut pas avoir peur d'y aller.
04:41C'est, comment dire, un placement intéressant.
04:44Qu'est-ce que vous en faites de cet argent ?
04:45Tout d'un coup, il y a un mécène qui nous écoute, qui dit « j'investis ».
04:48Qu'est-ce que vous en faites ?
04:49Eh bien, on propose des actions en échange de son investissement.
04:53Oui.
04:54Voilà, qui pourront s'apprécier en bourse, puisque nous sommes prêtés.
04:57Ça, bien sûr, mais vous, vous allez faire quoi de cet argent ?
04:59Nous allons le dépenser dans les études cliniques de phase 3 confirmatoire,
05:02notamment dans la maladie d'Alzheimer, mais aussi dans la maladie d'Ocharcot,
05:05qui est une maladie épouvantable, comme tout le monde connaît, absolument effroyable.
05:10Ceux qui ont eu des proches qui ont été atteints sont encore bouleversés.
05:13On ne peut pas laisser faire des choses comme ça.
05:14Et nous, nous avons un produit qui a aidé les gens dans les études cliniques.
05:19Il y a des gens qui continuent à le prendre entre plus de 10 ans.
05:23On a une série de patients qui sont encore en vie entre 10 et 15 ans.
05:26Et même certaines personnes qui vont mieux maintenant, 10 à 15 ans après,
05:29qu'au début quand ils ont pris le produit.
05:31Donc, on sait que quand on freine la réaction du système immunitaire dans le cerveau,
05:35on peut freiner considérablement la maladie, voire la stabiliser,
05:39voire ne plus mourir de la maladie de Charcot.
05:41Et alors, outre le fait qu'il faut de l'argent pour ça,
05:45qu'est-ce qui freine en France ?
05:47Pourquoi ça ne peut pas aller plus vite ?
05:49Alors, il y a plusieurs choses qui freinent.
05:50Mais si vous voulez, la peur de la prise de risque est un frein.
05:54Je dirais que certains pays sont en plus d'appétit pour la prise de risque.
05:59Je pense effectivement aux États-Unis,
06:00qui sont les grands investisseurs dans des métiers risqués.
06:04Donc, il y a ça qui freine.
06:05Et puis après, il y a un certain nombre de ralentisseurs administratifs
06:09qui fait qu'on attend toujours des mois, voire des années,
06:12avant de démarrer quelque chose.
06:13Ça pourrait aller plus vite.
06:14Écoutez, je vous remercie infiniment.
06:16C'était court, mais passionnant.
06:18Et on va suivre avec beaucoup d'intérêt ce que vous faites.
06:20On viendraient nous dire quand vous avez définitivement trouvé.
06:22Sophie, je vous remercie beaucoup.
06:23Merci.

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