De l'autre cote du ring
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00:00...
00:00Vous savez que vous avez actuellement devant les yeux
00:12le lutteur le plus talentueux de l'industrie.
00:16Christopher Colt, un individu très futé.
00:19J'ai souvent dit que Chris Colt était le meilleur lutteur
00:22que personne n'ait jamais vu.
00:24J'aime la douleur. Je suis un psychopathe, un sadique, un masochiste.
00:28Je suis tout ça.
00:29Il était fou.
00:32Je vais t'arracher les couilles avec mes dents.
00:36Un Elson Joel, un Comanchero, un lutteur de l'espace.
00:41C'est le premier lutteur rockeur.
00:43L'unique Chris Colt a dominé les territoires de la lutte
00:46dans les années 1960, 70 et 80,
00:49soulevant les foules grâce à des prestations délirantes
00:52et des personnages extravagants.
00:53Il lui fait une étrange prise.
00:55Pour ce qu'on en sait, il vient peut-être de l'espace.
00:59Je suis étonné que Chris n'ait jamais été poignardé ou abattu.
01:02C'est qu'il excellait vraiment dans le rôle de méchant.
01:04Les pitreries de ce lutteur talentueux dans le ring reflètent
01:10l'instabilité de Chris Colt à l'extérieur de celui-ci.
01:14Quand on le regardait dans les yeux, on voyait sa folie.
01:18Chris était un hors-la-loi.
01:19Il faisait ce qu'on ne voulait pas qu'il fasse.
01:22Il préférait faire les choses à sa façon.
01:23Sous son apparence psychédélique se cache un côté sombre.
01:28L'obsession de Chris pour la mort n'est pas que fiction.
01:31Chris menait sa propre guerre du Vietnam dans sa tête.
01:36Je ne crois pas qu'il ait connu la maison avec la clôture blanche,
01:40les deux enfants et le chien.
01:41Ce n'est certainement pas la vie qu'il a connue, enfant.
01:44Il me lançait des roches et me traitait de pédé.
01:47Dans les petites villes, on peut être si bizarre et cruel.
01:51Poussé par ses démons et obsédé par la mort,
01:54il devient une icône culte et une légende.
01:58Mais qui était Chris Colt?
02:00La devise préférée de Chris, c'était
02:02« Je suis un homosexuel, un toxicomane et un alcoolique,
02:06mais j'ai autant de cicatrices que toi
02:08et je te ferai passer pour un puceau. »
02:11Ozzy Osbourne était mère Teresa à côté de Chris Colt.
02:17Chris Colt se démarquait des lutteurs typiques
02:29parce qu'il n'était pas seulement une vedette de rock,
02:32il était la vedette de rock la plus intense,
02:35extravagante et survoltée qui soit.
02:38Je m'appelle Jim Cornett.
02:41Avant de commencer ma carrière de plus de 40 ans
02:43dans la lutte professionnelle, enfant,
02:45j'admirais Chris Colt.
02:47Chris en faisait trop dans toutes les facettes de sa vie.
02:51Il voulait baiser plus, prendre plus de drogue et tout le reste.
02:55Un soir, on l'a engagé pour un combat dans une cage.
03:00Pourquoi y avait-il une cage?
03:01C'était pour que les lutteurs y restent.
03:04Ça montrait au public qu'il n'y avait pas d'issue
03:05et qu'il y aurait un gagnant.
03:07Mais on n'avait pas prévu que Chris Colt
03:09prendrait du LSD avant d'entrer dans la cage.
03:12Alors, le public est entré, le combat a commencé,
03:16tout allait bien et tout à coup,
03:18Chris Colt s'est mis à voir de gigantesques araignées.
03:25Elles arrivaient au-dessus de la cage pour l'emmener.
03:27Il faut imaginer à quoi ça devait ressembler.
03:31Il était presque nu, en élastane,
03:34dans un ring, entouré d'une cage
03:35avec des milliers de personnes qu'il regardait,
03:37quand tout à coup, des araignées gigantesques sont arrivées.
03:47Il a paniqué.
03:50Il a finalement grimpé par-dessus la cage
03:52et s'est mis à frapper des gens, des partisans.
03:57Dans son esprit, il fallait anéantir tous les spectateurs.
04:01Les gens ne voyaient pas les araignées.
04:05Ils ne savaient pas qu'elles étaient là.
04:08Je regardais le combat du balcon.
04:11Il y avait des spectateurs par-dessus lui qui le frappaient,
04:15mais il était invincible.
04:17Chris ne sentait rien.
04:19On lui cassait des bouteilles sur la tête.
04:21Il réagissait comme un monstre.
04:24Je suis descendu.
04:26J'ai pris une chaise pliante en métal
04:28et je me suis mis à frapper les spectateurs.
04:32Ça s'est transformé en émeute.
04:34Je m'appelle Bill Anderson, lutteur professionnel pendant 30 ans.
04:39Billy Anderson!
04:41Pendant l'été de 1975, l'année de mes débuts,
04:45je suis devenu le partenaire de Crazy Chris Colt.
04:47J'étais Bill Colt.
04:51Les policiers sont arrivés et les gens se sont fait menotter.
04:54Ça sentait le poivre de Cayenne à plein nez.
04:57J'en avais dans les yeux.
04:58On avait les yeux qui brûlaient.
04:59C'était la fin du monde dans cette salle.
05:01J'étais là à 18 ans.
05:05J'avais probablement bu deux bières dans toute ma vie.
05:08Je voulais être lutteur professionnel.
05:09C'était mon seul rêve.
05:11Et je voyais mon partenaire ensanglanté,
05:14totalement drogué et battu à fond.
05:19C'était mon nouveau partenaire pour débuter ma carrière.
05:22Je me suis demandé dans quoi je m'embarquais.
05:25Chris Colt a été l'un des premiers dans l'industrie
05:34à adopter le style de vie rock'n'roll.
05:37Et un élément de ce style, particulièrement à cette époque,
05:40c'était la drogue, les substances chimiques.
05:43Les autres lutteurs des années 1960 étaient de la vieille école.
05:47Mais Chris était avant-gardiste.
05:49Il passait du temps avec Janis Joplin.
05:52Il a travaillé comme machiniste itinérant pour Joe Cocker.
05:55Tu as été le garde du corps de Joe Cocker.
05:57Joe Cocker.
05:59Deux fois. C'était sympa.
06:00C'est le cahier dans lequel Chris Colt
06:04avait commencé à écrire la biographie qu'il voulait publier.
06:09Il contient environ une centaine de pages
06:12de notes écrites à la main.
06:14C'est Chris Colt qui raconte son histoire.
06:18Je m'appelle Ty Haggard, et Chris Colt était mon grand-oncle.
06:22En lisant son journal, surtout quand j'étais adolescent,
06:26je n'en revenais pas.
06:27Il y a des histoires folles.
06:29Je ne sais pas si c'était adéquat pour un garçon de 13 ans.
06:33En lisant ce journal, j'ai réalisé qu'il voulait faire connaître son histoire.
06:36Un week-end, j'étais à Phoenix et je m'ennuyais.
06:41J'ai décidé d'aller à San Francisco pour la première fois.
06:44Ça avait toujours été mon rêve.
06:45Y vivre la liberté des années 60.
06:48Les gens qui se droguent et qui font l'amour dans des bars et dans la rue.
06:51Tout était libre.
06:54Un soir, j'étais dans Market Street.
06:57J'ai vu une fille assise dans un escalier, seule,
06:59buvant une bouteille de vin.
07:00Je l'ai regardée du coin de l'œil, je l'ai saluée et j'ai continué.
07:05Elle a répondu en disant,
07:07« Tu veux un verre ? »
07:09Je me suis retourné et j'ai accepté.
07:11Elle a souri.
07:13Derrière son sourire, j'ai vu des yeux profonds et sincères.
07:16Mais j'ai aussi vu la tragédie, la douleur et la souffrance.
07:20Il était sur le point de partir.
07:24Il s'est arrêté dans un magasin d'accessoires de cannabis
07:26et a vu une affiche.
07:28Il s'est rendu compte que c'était la fille rencontrée plus tôt,
07:31que c'était Janis Joplin.
07:33Il est retourné et il lui a demandé
07:35pourquoi elle ne lui avait pas dit qui elle était.
07:38Elle voulait un ami qui n'était pas un parasite,
07:41quelqu'un qui ne l'aimait pas que pour son statut.
07:44Il lui a fait un câlin et il lui a dit,
07:47« Janis, je serai toujours ton ami. »
07:50Je sortais avec elle et on se droguait.
07:54C'était une femme intense, mais j'étais fou d'elle.
07:57Bon sang que je l'aimais.
07:59Quelle gentille fille.
08:01Je me suis déguisé en Janis Joplin au masculin dans le ring,
08:05avec des bijoux, des chaînes, des vêtements et son attitude.
08:10Elle donnait tout sur la scène comme il donnait tout dans le ring.
08:13Elle vivait dans le moment présent.
08:16Elle se fichait de l'avenir.
08:17Il faut vivre vite et mourir jeune.
08:19C'est la voie qu'il voulait emprunter.
08:24Si Chris ne me l'a pas dit 500 fois,
08:26il ne me l'a pas dit une fois.
08:30Je compte mourir à 27 ans,
08:34comme Janis Joplin.
08:35Il a fait tout ce qu'il pouvait pour y arriver.
08:37De son vrai nom, Charles Faye Harris, il est né en Idaho en 1946 et a été élevé dans la petite ville de Drain, en Oregon.
08:47L'enfance chaotique de Chris donne le ton au reste de sa vie.
08:50Du lundi au vendredi, c'était une maison pleine d'amour.
08:56Ils avaient tout ce qu'ils voulaient et dont ils avaient besoin.
08:59Des vêtements, de l'argent, de la nourriture.
09:01Mais quand ils se mettaient à boire le week-end, tout fichait le camp.
09:08Mes grands-parents buvaient beaucoup et on m'a raconté que les week-ends, ils s'arrêtaient chercher une caisse de bouteille de whisky.
09:16Ils se saoulaient, se querellaient et...
09:18Les enfants y étaient mêlés.
09:22C'était très violent.
09:26Je m'appelle Rhonda Rondo et je suis la nièce de Chris Colt.
09:30Ma mère était sa soeur.
09:33Les amateurs de lutte appellent votre oncle Chris Colt.
09:36Comment l'appelez-vous?
09:37Oncle Chuck. Il sera toujours oncle Chuck.
09:43Quand il avait environ 10 ans, il est revenu de la maison d'un ami.
09:47C'était un samedi et tout était détruit dans la maison.
09:51Toute la vaisselle était brisée et sa mère était assise sur le canapé, le visage ensanglanté.
09:57Il y avait une arme à côté d'elle que mon grand-père avait prise pour la frapper au visage.
10:03Il avait cassé la poignée en deux.
10:05Elle était en bois.
10:08Je croyais qu'elle était morte.
10:09Elle pissait le sang.
10:11Il en sortait de son nez, de sa bouche et de ses oreilles.
10:13On l'a mis sur le siège arrière de la voiture, une Chevy 1956, pour la cacher.
10:18Il n'en avait pas fini avec elle.
10:21C'était un fou furieux.
10:24Je lui ai crié,
10:26« J'aimerais que tu meurs, salaud ! »
10:28Il m'a frappé.
10:29Il m'a déchiré le tympan.
10:32Il a pris une autre arme et s'est mis à nous tirer dessus.
10:34Ma sœur a pris le volant et elle a réussi à nous conduire sur un chemin de terre pour qu'on puisse fuir par l'autoroute.
10:50À cette époque, mon oncle Chuck a senti le besoin de sortir de là.
10:54Les week-ends, il y avait de la lutte professionnelle dans le secteur.
11:04Ma mère et mon oncle Chuck se rendaient à Roseburg, la plus grande ville du coin, pour aller voir les combats de lutte.
11:12Il est tombé sous le charme.
11:14C'était tout ce qu'il voulait faire.
11:15Un jour, à l'école secondaire de Drane, on avait un cours de choix de carrière.
11:21On nous a demandé ce qu'on voulait faire de nos vies.
11:24Quand mon tour est venu, j'ai dit, lutteur professionnel.
11:28Tout le monde a ri.
11:29Ça m'a blessé.
11:31Mon oncle s'est inscrit dans l'équipe de lutte de l'école secondaire.
11:35Il a été accepté, il était très content, puis il a eu envie de se démarquer.
11:42Il s'est décoloré les cheveux.
11:43Je voulais ressembler à quelqu'un d'autre.
11:46Personne ne se décolorait les cheveux dans l'équipe de lutte à l'école, dans une petite ville.
11:51Je devais me rebeller.
11:52Ils l'ont expulsé de l'équipe de lutte et de l'école.
11:57Il s'est fait lancer des pierres.
12:00Je crois que, dans sa tête, il s'est dit qu'il allait leur montrer qu'il y parviendrait.
12:10Il est monté dans un autobus pour Chicago.
12:13Il est entré dans une école de lutte et a dit qu'il voulait faire ça.
12:17Ça ne fonctionnait pas tout à fait de cette façon.
12:19Ce n'était pas une invitation ouverte.
12:21Il s'est retrouvé dans l'obligation de gagner de l'argent.
12:26Il a rencontré un gars dans la rue qui se prostituait.
12:30Il a trouvé ça intriguant.
12:31Et il y a eu une solution pour devenir un lutteur professionnel.
12:38N'oubliez pas, je n'avais jamais eu de relation sexuelle, mais j'avais de forts désirs bisexuels.
12:45J'étais plus attiré par les hommes que par les femmes.
12:48Je ne voulais qu'une chose, être un lutteur professionnel.
12:51N'ayant rien à perdre, j'ai fait la rue pour la première fois de ma vie.
12:56J'avais peur, mais c'était une question de survie.
12:59Il en voulait à tout le monde, et je crois que ça a contribué à le pousser à utiliser tous les moyens possibles.
13:06Il n'allait pas échouer.
13:06Il voulait revenir dans sa petite ville, à Drain, en Oregon.
13:12Glorieux.
13:14Alors qu'il se ferait un chemin à Chicago, s'entraînant le jour et vendant son corps la nuit,
13:19Charles Harris utilise une variété de noms de lutteurs au début de sa carrière.
13:24Maurice Cheuvier, The Magnificent Cheuvier, et enfin Chris Colt.
13:31Les magazines Colt étaient, à l'époque, parmi les premières publications gays clandestines.
13:37C'est de là qu'il a tiré le nom de Chris Colt.
13:42Je devais entrer dans l'armée en 1966, et j'ai dit à Chris qu'il serait appelé bientôt lui aussi.
13:49Il m'a dit qu'il était disqualifié.
13:53Je lui ai demandé pourquoi ça.
13:56Il avait coché qu'il aimait les garçons.
13:58Alors, c'est la vie.
14:02Je m'appelle Tom Burke.
14:04Je suis collectionneur et historien spécialiste de la lutte.
14:07Je suis ami avec Chris Colt depuis notre adolescence.
14:11C'était un monde différent, un monde bien différent.
14:15C'était mon premier contact avec une personne qui s'affichait comme gay.
14:19Je ne crois pas qu'il y ait eu vraiment de grandes cérémonies pour l'annoncer.
14:23Ça devait poser d'énormes défis pour lui, dans le monde de la lutte, à l'époque où il y était.
14:31Il y avait beaucoup de lutteurs gays, mais les gens ignoraient qu'ils l'étaient.
14:37Les promoteurs ou les gars savaient, mais pas les amateurs.
14:41Je m'appelle Princess Victoria.
14:44J'étais la moitié de l'équipe féminine championne du monde de la WWF.
14:48Princess Victoria est sur le sentier de la guerre.
14:51Un autre double coup de tomahawk.
14:53Un soir, un des gars est venu me voir pour que je passe du temps avec Chris Colt.
14:59Je lui ai demandé pourquoi.
15:03Ce n'est pas pour me vanter, mais il a dit que si quelqu'un pouvait le faire changer de camp, c'était moi.
15:10Je suppose qu'il croyait qu'il ratait quelque chose en ne fréquentant pas de femmes,
15:15mais ce n'était pas le cas pour Chris.
15:17Une chose que j'ai remarquée lorsqu'on voyageait ensemble et qu'ils parlaient des autres gars du circuit,
15:25c'est qu'il avait toujours l'impression qu'il lui jouait dans le dos et qu'il voulait sa peau.
15:34Dans tous les territoires où il arrivait, il avait un problème personnel ou une situation survenait et il repartait.
15:41Le seul endroit où il est resté pendant une portion considérable de sa carrière, c'était dans un petit territoire de l'Arizona.
15:50En Arizona, Chris fait équipe avec le lutteur Ron Dupree et prend le nom de Paul Dupree.
15:57Ils deviennent les Dupree Brothers.
15:59Cette relation sera formatrice pour Chris, autant du point de vue professionnel que personnel.
16:05Ron Dupree était le meilleur ami de mon oncle Chuck.
16:09Ils étaient très proches.
16:12Je n'ai eu la chance de le rencontrer qu'à quelques reprises, mais c'était un homme vraiment très gentil.
16:20Ils étaient un couple.
16:23Ron était plus vieux, probablement de huit ou peut-être dix ans.
16:28Leur amour de l'industrie les a unis.
16:31Chris et Ronnie sont devenus des amoureux.
16:34Je ne l'ai jamais trop posé de questions à ce moment, mais j'ai compris que c'était la situation.
16:39J'imagine que ça ne devait pas être facile d'être gay dans la lutte des années 1950 et 1960, encore moins d'être un couple gay.
16:49Ce n'était pas accepté et ce n'était pas une information qu'on dévoilait librement.
16:53Souvent, le promoteur, l'agent ou les lutteurs d'un territoire ne le savaient même pas.
17:03Grâce à toutes sortes de scénarios, ils ont changé leur apparence et leur discours, mais ils sont restés ensemble.
17:10Avec un poids combiné de 204 kilos, l'équipe championne du monde, les California Hells Angels.
17:16Avec les California Hells Angels, ils avaient la chance d'écrire un scénario en équipe et d'y intégrer un peu de leur vraie vie.
17:24Le métal, les clous, les croix de fer et le cuivre.
17:30Ils vendaient tout ça dans le village, à New York.
17:34Ils étaient tellement en avance sur leur temps que les gens ne comprenaient pas tout.
17:39Ils voyaient des motards.
17:40Non, ils étaient gays.
17:43Ils vont chez le même tailleur.
17:45Repoussant les limites de l'acceptable pour le public de cette époque, Chris est déterminé à devenir le plus grand méchant.
17:54Chris était si dynamique à la télévision et il savait comment provoquer la colère.
18:00À cette époque, dans la lutte, quand on essayait de repousser les limites,
18:04on pouvait rapporter de l'argent en choquant et en surprenant les gens,
18:09ou encore, on pouvait aller trop loin et provoquer la colère.
18:14Toute la compagnie pouvait s'effondrer en claquant des doigts parce que ça n'avait pas passé.
18:22Chris n'était pas du tout anti-américain,
18:25mais il a pris un drapeau des États-Unis et y a mis le feu avec un briquet.
18:29Il l'a fait brûler.
18:32Ils sont allés trop loin et ils ont été expulsés de la télévision.
18:36Pas seulement les lutteurs, l'émission au complet a été retirée des ondes.
18:40À cette époque, dans un petit territoire de l'Arizona,
18:43il y a 50 ans, dans une émission de télévision locale,
18:47même s'ils étaient des méchants dans la lutte,
18:49ils étaient allés un peu trop loin en brûlant le drapeau américain à la télévision.
18:53C'était trop.
18:56Le séjour de Chris en Arizona s'arrête brusquement
18:59quand son amoureux Ron Dupree est victime d'une crise cardiaque.
19:03Même si Ron ne peut plus lutter,
19:05les deux hommes poursuivent leur relation à l'extérieur du ring.
19:08Quand Chris cherche un nouveau partenaire,
19:11il se retrouve dans un trio avec Bill Anderson et Mike Boyette.
19:16Chris m'a approché.
19:18Il m'a dit qu'il avait une proposition à me faire.
19:20Pas ce genre de proposition à un autre genre.
19:23Il a dit qu'il voulait que je devienne Bill Colt, son petit frère.
19:26Quand ils sont arrivés au Tennessee,
19:28l'équipe devait compter Chris Colt et Mike Boyette,
19:32ainsi que Bill Colt, le valet.
19:34William Colt, le valet, précède son frère,
19:37et il a failli être renversé.
19:40Colt changeait les costumes et les scénarios
19:42parce qu'il était tellement imprégné du style rocker,
19:45c'était sa vie,
19:47il en avait déjà le maquillage,
19:48la coiffure et les habitudes.
19:51Il voulait écrire un scénario dans lequel il était
19:54une vedette du rock.
19:56Bill, à l'époque, n'avait pas de muscles.
19:59Il commençait à peine.
20:00Il était tout petit parmi les grands.
20:03Si on demandait qui était le lutteur professionnel
20:05qui consommait le plus de substances psychotropes,
20:10ceux qui ne pointaient pas Chris Colt
20:12pointaient Mike Boyette.
20:14Cette équipe était vouée à l'échec dès le départ.
20:19Un soir, on est parti de Johnson City.
20:22Je conduisais, Mike Boyette était sur le siège passager
20:25et Chris était derrière.
20:28Il se droguait parce qu'il voulait vivre comme Janis Joplin
20:31et Joe Cocker.
20:32J'ai reçu un coup de poing sur le côté de ma tête.
20:37J'ai regardé dans le rétroviseur et il lui ai demandé
20:39ce qu'il faisait.
20:41Il m'a envoyé promener.
20:42Puis, il a tendu la main droite,
20:46a pris les cheveux de Mike
20:47et les a tirés vers l'arrière.
20:51Avec son autre main, Chris m'a pris les cheveux
20:53et les a tirés.
20:54Mike m'a dit d'arrêter la voiture.
20:56Arrête la voiture!
20:59J'ai appris qu'il ne fallait pas chercher Mike.
21:03C'était un vétéran du Vietnam
21:04et un champion du monde en judo.
21:06C'était réellement un dur.
21:11On s'est rangés.
21:12Chris est descendu de la voiture.
21:14Il est venu de mon côté.
21:15Boum!
21:16Il m'a frappé au visage de toutes ses forces.
21:19Puis, il est allé vers Boyette
21:20et a fait la même chose.
21:22Mike l'a averti.
21:23Encore un coup et je te tue.
21:26Chris a levé le bras.
21:28Mike l'a bloqué.
21:29Il lui a fait une clé de tête
21:30et a serré.
21:33Chris est devenu tout mou.
21:37Mike l'a laissé tomber.
21:40Chris s'était étendu à côté de la voiture.
21:44Mike est remonté sur le siège du passager.
21:46Il m'a dit de reculer.
21:48Je lui ai demandé ce qu'il voulait dire.
21:49Il m'a dit de reculer.
21:51J'ai commencé à reculer lentement.
21:54J'ai fait environ 200 mètres.
21:56Puis Mike a pris le volant
21:57et a mis son pied sur le mien,
22:00sur l'accélérateur.
22:02Il a lancé.
22:04Je vais tuer cet enfoiré.
22:06Le comportement imprévisible et violent de Chris
22:10atteint son paroxysme
22:11quand, étendu sur l'autoroute,
22:14il voit une voiture foncer vers lui.
22:15Mike m'a dit,
22:19« On met un terme à ces conneries.
22:21Ça n'arrivera plus.
22:23Jamais. »
22:24On avançait
22:25et les phares éclairaient de plus en plus
22:27le corps de Chris.
22:29Au dernier instant,
22:32j'ai pris le bras de Mike
22:33et j'ai tourné le volant.
22:37Je lui ai dit qu'on ne pouvait pas le tuer.
22:39On ne pouvait pas le tuer.
22:40On ne pouvait pas faire ça.
22:41Mike a dit,
22:42« Cet enfoiré mérite de mourir. »
22:45Oh, diable.
22:46Laisse-le là.
22:49Honnêtement,
22:50ça m'a pris bien des années
22:51pour bien comprendre
22:52ce qui était arrivé.
22:55J'aurais pu passer le reste de ma vie
22:56en prison pour meurtre.
22:58Les policiers auraient pu m'arrêter
23:00pour avoir roulé intentionnellement
23:02sur ce gars.
23:02Ça aurait été un meurtre prémédité
23:04et la peine de mort.
23:07Facilement.
23:09Bill Anderson et Mike Boyette
23:11laissent Chris pour mort
23:12sur le bord d'une route du Sud.
23:14Toutefois, le lendemain,
23:15quand Bill rentre à son appartement
23:17de Nashville,
23:18une surprise l'attend.
23:20J'ai ouvert la porte de l'appartement,
23:22j'ai levé les yeux
23:23et Chris était assis à la table.
23:26Il m'a fait un grand sourire.
23:29Il m'a invité à m'asseoir.
23:31« Viens, viens, viens. »
23:32Je regardais Chris
23:34sans dire un mot.
23:36J'étais de nouveau son frère,
23:38peut-être même ami.
23:41Je ne savais pas
23:42ce qui se passait.
23:43Il a dit « On se débarrasse de Boyette. »
23:46Et ça a été la fin pour Boyette.
23:49On est partis du Tennessee
23:50en équipe
23:51pour aller lutter à Seattle.
23:54Avant même que je descende
23:56de l'avion,
23:57Chris était déjà descendu
23:59et assis au bar.
24:00Je m'en souviens comme si c'était hier.
24:04Il était assis,
24:06un verre devant lui.
24:07C'est ma dernière image de Chris.
24:10Je n'avais pas encore pris
24:11ma décision avant ce moment.
24:13J'ai dit que c'était fini.
24:15Je n'en pouvais plus.
24:15Alors, je suis parti.
24:23Peu après la fin
24:25de son association
24:26avec Bill Anderson,
24:27la tentative de relance
24:28de carrière de Chris
24:29est interrompue
24:30quand une tragédie inimaginable
24:32frappe de plein fouet.
24:35C'était lors d'un petit gala
24:36dans l'État de Washington.
24:38Ron Dupree était l'annonceur
24:40et il a fait une crise cardiaque
24:42à côté du ring,
24:43devant tout le monde.
24:45Ils ont appelé l'ambulance.
24:47Chris est monté avec Ron
24:48dans l'ambulance
24:49pour aller à l'hôpital
24:50et Ron est mort en route
24:52sous les yeux de Chris.
24:53Il a tout vu.
24:57Il avait aimé Ron
24:58toute sa vie.
24:59À ce que je me souvienne,
25:02c'est la seule fois
25:03que je l'ai entendu parler
25:05des émotions qu'il vivait.
25:09Chris avait tenu sa main.
25:12Chris m'a dit
25:14qu'il avait pleuré et pleuré.
25:16Je crois que Chris
25:17n'a jamais surmonté
25:19la mort de Ron Dupree.
25:26Il était anéanti.
25:28Ils étaient si proches.
25:31Ils ne savaient pas
25:31comment continuer sans lui.
25:33Mon oncle se demandait
25:35ce qu'il allait faire.
25:36À ce moment,
25:37ils devaient être ensemble
25:38depuis plus de dix ans,
25:39pas seulement professionnellement,
25:41mais aussi dans leur vie personnelle.
25:43C'était un grand tournant
25:44pour Chris.
25:46Il a perdu son point d'ancrage.
25:48Une personne
25:49qui leur attachait un peu
25:50à la réalité.
25:54Après avoir perdu mon amoureux
25:55des six dernières années,
25:56j'ai touché le fond.
25:57C'est ce que je croyais.
25:59Le fond du fond
26:00est arrivé plus tard.
26:02Il y aurait plus de drogues,
26:04plus de doses seraient prises
26:05et plus de cœurs seraient brisés,
26:07principalement le mien.
26:09Il s'est métamorphosé
26:10pour illustrer l'humeur
26:12dans laquelle il se trouvait.
26:14C'est là qu'il a décidé
26:15qu'il n'allait plus seulement
26:16être Chris Colt.
26:17Il était maintenant
26:18The Chris Colt Experience.
26:20The Chris Colt Experience
26:23et l'arbitre Joe Garland.
26:28Il a choisi la chanson
26:30d'Alice Cooper,
26:31Welcome to my Nightmare,
26:32pour faire son entrée.
26:35Ce qu'il a fait
26:36à cette époque,
26:38c'est inventer l'entrée musicale
26:40de la lutte moderne.
26:43Il a vu le lien
26:44qui pouvait se créer
26:45avec le public
26:46en donnant le ton.
26:49Ça amenait certainement
26:51un côté sombre
26:53et psychédélique
26:54à l'expérience,
26:56parce que c'était
26:57ce qu'il vivait dans sa tête.
27:00Je ne vais blesser
27:01ni estropier
27:02ou envoyer à l'hôpital
27:04aucun des adversaires
27:05contre qui je vais lutter ce soir.
27:07Il attisait notre haine.
27:10Je m'appelle Edward Giovannetti.
27:12J'ai lutté pendant 35 ans
27:13sous le nom de Moondog Edmoretti.
27:15À l'époque,
27:20il n'y avait personne
27:21dans son genre.
27:22Il choquait les gens.
27:23Il leur faisait peur.
27:25Il était la bizarrerie
27:26à son meilleur.
27:27Il était si bizarre
27:28qu'il a été banni
27:30de la lutte télévisée
27:31en Angleterre.
27:33On l'appelait le vampire.
27:35On ne pouvait pas
27:36accepter son personnage.
27:38Il était trop bizarre
27:39et ça faisait peur aux gens.
27:40Mais il était simplement Chris.
27:43Quand on regarde
27:44les photos de Chris
27:45dans ses plus jeunes années,
27:47c'était un beau garçon.
27:49Les années ont passé
27:50et il s'est forgé
27:53une image démoniaque
27:54en mettant, par exemple,
27:57des épingles sur son visage.
28:00C'était extrêmement bizarre.
28:02Il semblait sortir
28:03d'un film d'horreur.
28:04La chanson
28:05« Welcome to my nightmare »
28:06représentait ce qu'il vivait.
28:08« La vie de Chris
28:10ne s'est pas améliorée
28:11à partir de là.
28:12Elle a plutôt dérapé. »
28:14Au milieu des années 1980,
28:17le comportement imprévisible
28:18de Chris
28:19et sa consommation de drogue
28:20échappe à tout contrôle.
28:21« Et une autre défaite
28:23décevante pour Chris Colt. »
28:25Dans les années 1980,
28:27quand il se présentait,
28:28« Ce sera la guerre ! »
28:29bon sang,
28:30il pouvait avoir l'air
28:31de ne pas avoir vu le soleil
28:32depuis dix ans.
28:34Puis un soir,
28:35il avait les cheveux longs,
28:37une moustache,
28:38une barbe,
28:39avait pris du poids
28:40et semblait avoir pris
28:41un peu de soleil.
28:43Et ensuite,
28:44le soir suivant,
28:45il pouvait à peine
28:46se tenir debout.
28:47« Les promoteurs
28:49en ont eu assez
28:50de se demander
28:50si Chris allait se présenter
28:52et s'il le faisait,
28:53dans quel état il serait. »
28:55« D'Allemagne,
28:56besoin plus de 100 kilos. »
28:57Plusieurs années plus tard,
28:58il a lutté en Alabama
29:00en tant que Chris Von Colt,
29:01un nazi.
29:02Il s'est demandé
29:03ce qui pouvait être
29:04le plus scandalisant
29:05pour le public.
29:07« Je sais,
29:08je vais devenir
29:09Chris Von Colt
29:10et je serai un nazi. »
29:12Les nazis étaient populaires
29:13dans la lutte
29:13des années 1950 et 1960
29:15et ils provoquaient
29:16parce que c'était
29:17les méchants.
29:18C'était après
29:18la Seconde Guerre mondiale.
29:20En 1987,
29:21il voulait seulement
29:22être nazi
29:23pour rendre les gens furieux.
29:25C'était peut-être
29:25du désespoir.
29:27En un sens,
29:29il cherchait
29:29à provoquer.
29:32Sa réputation
29:33était termine
29:33un peu partout.
29:35À cette époque,
29:36je crois qu'il était
29:37profondément dépendant
29:39à la drogue.
29:42Chris Colt
29:42a commencé
29:43à prendre de la cocaïne.
29:45Je crois que ça
29:46a été le début
29:46de la fin.
29:48Il est passé
29:48à la méthamphétamine
29:49cristallisée.
29:51Je crois que c'est là
29:52que c'est devenu
29:53plus grave
29:54et que le désespoir
29:55est arrivé.
29:56À la fin des années 80,
29:58la carrière de lutteur
29:59de Chris Colt
30:00se tarie
30:00en raison,
30:01entre autres,
30:02de ses problèmes
30:02de toxicomanie.
30:04Après s'être aliéné,
30:05la plupart de ses amis
30:06et alliés,
30:06il tombe dans l'oubli.
30:07Il ne luttait plus.
30:10Il n'avait pas de revenus.
30:11Alors,
30:12il a eu l'idée
30:13de commencer
30:14à voler
30:16dans des fumeries.
30:18Je passais
30:19six ou sept jours
30:20debout.
30:22J'étais maintenant
30:22dépendant
30:23à la méthamphétamine
30:24cristallisée
30:25et aux amphétamines,
30:26mais pas à la cocaïne
30:27comme quelques années
30:28plus tôt.
30:29Je ne prenais plus
30:29de cocaïne,
30:30mais j'avais changé
30:31pour une drogue
30:31plus dangereuse,
30:33une drogue qui nous empêche
30:34de sentir le sommeil
30:35et la fin.
30:36J'étais dans une fumerie
30:37du secteur de Silver Lake
30:38à Hollywood,
30:39une des plus grandes
30:40fumeries du coin.
30:41Il m'a fallu quatre achats
30:42avant de pouvoir entrer.
30:44Je suis entré,
30:45confiant,
30:46et j'ai passé ma commande
30:47pour de la drogue.
30:48Dès que le vendeur
30:48me l'a donné,
30:49j'ai sorti un insigne
30:50très vite
30:50pour qu'il ne puisse pas
30:51vérifier et j'ai dit
30:52« Vous êtes tous
30:53en état d'arrestation.
30:54Je suis un agent
30:55d'infiltration
30:55du service de police
30:56de Los Angeles.
30:57Je leur ai dit
30:58que la maison
30:58était encerclée de policiers.
31:00Je les ai pris par surprise.
31:01J'ai pris la drogue
31:02et je suis parti. »
31:10On entendait toujours
31:11une histoire différente
31:12si on demandait à quelqu'un
31:13s'il avait des nouvelles
31:14de Chris Colt.
31:15L'un disait
31:16qu'il était à Portland
31:18et l'autre à Seattle,
31:20mais personne
31:20ne le savait vraiment.
31:23C'est ce qui a créé
31:24ce mystère
31:24autour de Chris Colt
31:25pour la génération actuelle.
31:28Il a connu
31:29une carrière de 20 ans,
31:30remplie des plus incroyables
31:32hauts et bas
31:33et de toutes sortes
31:34de comportements
31:35extravagants,
31:37puis il a disparu
31:37de la surface de la Terre.
31:40On aurait pu dire
31:41qu'il était devenu
31:42un espion international
31:44ou un astronaute
31:45et ça aurait été
31:46tout aussi crédible
31:47parce que
31:49toute sa vie
31:50était folle.
31:54Personne dans l'industrie
31:55ne savait
31:55où Chris Colt
31:56était passé
31:57jusqu'à ce que
31:59quelqu'un
32:00voit un film
32:01pour adultes.
32:05Lui,
32:06cet homme gay
32:07qui avait toujours
32:09dû cacher
32:10qu'il l'était
32:10à tout le moins
32:12dans son travail,
32:14a décidé de montrer
32:14cette partie de lui
32:15au monde.
32:17Pour lui,
32:18ce n'était pas honteux.
32:20C'était qui il était.
32:21« Je n'ai vu
32:23aucun de ses films,
32:25mais je sais
32:26qu'encore une fois,
32:28il était extravagant.
32:30Dans la lutte,
32:31il voulait encaisser
32:32tous les coups
32:33et causer des émeutes
32:34et avec le sexe,
32:35il voulait en avoir
32:36le plus possible
32:36avec autant de monde
32:37que possible,
32:38peu importe qui,
32:39comment et qui regardait.
32:40je n'ai appris
32:43l'existence
32:44de ses vidéos
32:45que
32:46beaucoup plus tard.
32:49J'ai googlé
32:49son nom
32:50et quand j'ai vu ça,
32:53oh mon Dieu,
32:55ce n'est pas mon oncle.
32:57C'était très secret.
33:00Je ne savais absolument
33:01pas qu'il avait fait ça.
33:02Je suis de retour.
33:04Je suis de retour
33:05et je suis en forme.
33:06Je suis prêt à me battre.
33:07Je vais vous jeter
33:08à la porte de la ville
33:09et puis je vais vous baiser.
33:12Après avoir disparu
33:13de la scène de la lutte
33:14au milieu des années 1981,
33:16Chris Colt revient
33:17comme vedette de film
33:18pour adulte.
33:19T'as affaire
33:20à un lutteur professionnel.
33:22Choquant bien
33:22des amis du passé.
33:24C'était un bonheur
33:26de travailler avec Chris.
33:28Je l'assoyais
33:28devant la caméra
33:29et dès que je démarrais
33:30l'appareil
33:31et que je disais
33:32Action,
33:33Charles Harris
33:34devenait Chris Colt.
33:37De la même façon
33:39que Norma Jean Baker
33:40devenait Marilyn Monroe.
33:44Je m'appelle
33:44Jack Fritcher.
33:46Je suis auteur
33:46et professeur d'université.
33:49J'enseigne le cinéma,
33:50la littérature
33:51et la culture populaire.
33:52J'ai été le rédacteur
33:53du magazine Drummer.
33:55J'ai écrit 20 livres
33:56et tourné 150 vidéos.
33:59Chris lisait mes articles
34:00dans Drummer
34:01depuis des années.
34:02Il aimait les films
34:04de Palm Drive vidéo
34:05parce que notre slogan
34:07était
34:07« Des vidéos viriles
34:10pour les hommes
34:11qui aiment
34:11les hommes viriles ».
34:13En 1987,
34:15les Barbarian Brothers
34:16ont fait la couverture
34:18de Drummer.
34:20C'était des acteurs
34:21et des culturistes,
34:22mais ils jouaient
34:23le rôle de lutteur
34:23professionnel.
34:25Peu après,
34:26Chris m'a contacté
34:27pour faire une vidéo.
34:28On a tout organisé,
34:31il est venu
34:32et est resté
34:33une semaine.
34:35Quel âge avais-tu?
34:36Tu avais 17 ans
34:37quand tu as commencé.
34:38En quelle année c'était?
34:391921.
34:411921?
34:42Non, 64.
34:43Pendant le tremblement de terre.
34:44J'avais 4 ans.
34:45Je suis bien conservé.
34:47Palm Drive vidéo,
34:48c'était un organisme
34:49qui a diverti
34:50les troupes américaines
34:51pendant la guerre.
34:53Palm Drive divertissait
34:54les hommes gays
34:55dans les années 1980.
34:56On se spécialisait
34:58dans les vidéos solos,
35:00soit un acteur
35:00qui parle au public
35:01à travers la caméra.
35:03La personnalité
35:04de Chris Colt
35:05se voyait dans son corps,
35:07dans son visage
35:08et dans sa façon
35:08de jouer avec la caméra.
35:10Je suis un combattant de rue,
35:12le premier lutteur rocker,
35:13le vrai lutteur
35:14des Heart's Angels.
35:16Chris savait
35:17que je ne lui donnerais
35:18pas de scénario.
35:20Il pouvait improviser
35:21et être aussi cru,
35:23honnête,
35:24ouvert et même vulgaire
35:25qu'il le voulait.
35:26Tu veux un sexe
35:27de lutteur,
35:28de vrai homme,
35:29le sexe d'un lutteur
35:30professionnel?
35:31Je suis le roi de la lutte.
35:33Il m'a dit
35:34que les moments
35:35dans sa vie
35:36où il s'était senti
35:37le plus puissant,
35:38c'était lorsqu'il montait
35:39dans un ring
35:39et faisait crier
35:4110 000 personnes.
35:43L'énergie qu'il mettait
35:44pour faire crier
35:45le public,
35:46il l'a mis devant la caméra
35:47pour faire jouir
35:48les téléspectateurs.
35:50La plupart des gens
35:50ne donnent pas autant d'énergie
35:52à la caméra au début.
35:53Il faut le leur apprendre,
35:54mais il est parti
35:56sur les chapeaux de roue.
35:58Ce n'était pas simulé,
36:00c'était vrai.
36:01C'est vous avec le masque?
36:02C'est moi avec le masque,
36:03oui.
36:06Je garde ces moments
36:07dans mes souvenirs.
36:09Chris voulait montrer
36:10fièrement le triomphe
36:11qu'il avait connu
36:12dans sa carrière
36:13de lutteur professionnel
36:15en tant qu'homme
36:16gai, viril.
36:18Une autre victoire!
36:20Encore une fois,
36:21je l'ai mis à genoux
36:23et je vais le mettre
36:24à genoux devant moi.
36:26La lutte professionnelle
36:28a toujours été
36:28de la porno douce
36:30pour les homosexuels.
36:31Chris savait que,
36:33en tant que lutteur,
36:35il était lui-même
36:36un fétiche.
36:38J'ai mis Hulk Hogan
36:39à la porte de la ville
36:40de New York.
36:41Il avait peur de lutter
36:41contre moi
36:42parce que j'aurais pris
36:43sa ceinture
36:43pour lui taper les fesses.
36:46Hulk Hogan était un dieu
36:48pour la communauté gay.
36:50Quand Hulk venait
36:51au Carl Palace
36:52avec la WWF,
36:54le Carl Palace
36:55se remplissait d'hommes gays
36:56qui criaient pour Hulk.
37:02Pour eux,
37:03il était un homme fort,
37:05puissant,
37:07bien bâti
37:07et en santé.
37:10Ça fait 60 centimètres,
37:11c'est vraiment extraordinaire.
37:13C'est super,
37:14je vous le dis.
37:15Ils étaient aussi
37:15des hommes forts
37:16et puissants,
37:18mais ils craignaient
37:19de se mettre
37:20à disparaître
37:21parce que le sida
37:23était une maladie
37:24débilitante.
37:26Est-ce que Chris
37:27était infecté?
37:29Je ne sais pas
37:30s'il était infecté.
37:31Je présume
37:32que tous mes acteurs
37:33l'étaient dans les années
37:341980.
37:35On ne demandait pas
37:36et ils ne le disaient pas.
37:38Je m'assurais
37:39que tout était stérile
37:41et désinfecté
37:42sur les lieux
37:43et on n'en parlait pas.
37:47Il semblait
37:47en parfaite santé,
37:48mais quelqu'un
37:49souffrant du sida
37:50peut avoir l'air
37:51en parfaite santé.
37:52Chris écrit un livre
37:53sur les dessous
37:54de la lutte
37:55et je vais l'aider
37:57avec sa version finale.
38:01J'espère que tu vas
38:02tout écrire.
38:03Chris est venu me voir
38:04parce qu'il avait besoin
38:05d'un autre type
38:06de publicité
38:07et de visibilité
38:08pour la dernière partie
38:09de sa carrière.
38:10Les films sont comme
38:12un gladiateur
38:13qui entre dans le colisée
38:14pour son dernier combat.
38:17Empereur,
38:17ceux qui vont mourir
38:19te saluent.
38:27Il espérait devenir
38:29entraîneur
38:30dans le prochain acte,
38:33mais
38:33ce n'est jamais arrivé.
38:36environ dix ans
38:40après la fin
38:41de sa carrière
38:41dans la lutte,
38:43la vie folle
38:43et chaotique
38:44de Chris Cold
38:45s'achève doucement.
38:47On raconte
38:48tant d'histoires
38:49sur sa mort.
38:50D'après vous,
38:51comment Chris
38:52est-il mort?
38:53On l'a trouvé
38:54dans une ruelle
38:55à Seattle.
38:56Ça,
38:58j'en suis sûre
38:59et certaine.
38:59comment et dans
39:02quelles circonstances
39:03il s'est retrouvé là,
39:05ça,
39:06je n'en sais rien.
39:07J'ai entendu dire
39:09entre les branches
39:10qu'on l'avait trouvé
39:12sur une chaise
39:13avec une aiguille
39:14dans le bras.
39:16Ils l'ont trouvé mort.
39:17Il était mort
39:17depuis deux ou trois jours.
39:20Peu après sa mort,
39:21j'ai reçu un appel
39:22d'une personne
39:23qui m'a demandé
39:24si j'avais des détails
39:25sur son décès.
39:26J'ai dit que non
39:27et la personne m'a dit
39:29qu'elle croyait
39:29qu'il était mort
39:30du sida
39:31dans une sorte
39:33de refuge
39:34de Seattle.
39:36Il est mort
39:37comme il voulait mourir.
39:39C'était Chris.
39:40Il est probablement
39:40mort dans la rue.
39:42Il ne voulait pas
39:43vivre autrement.
39:45Ça n'a pas dû être
39:46une mort paisible,
39:47je ne crois pas.
39:48Ce n'était pas
39:49le genre de gars
39:49à y aller en douceur.
39:53J'ai tendance
39:54à croire
39:54qu'il est mort
39:55de la même façon.
40:00Le certificat
40:01de décès officiel
40:02de Charles F. Harris,
40:04daté du 23 mai 1995,
40:07mentionne le VIH
40:08comme un facteur
40:09ayant causé sa mort.
40:11Aucune autopsie
40:12n'est pratiquée.
40:13Dans la case profession,
40:14on lit
40:15lutteur professionnel.
40:22Ça fait plusieurs années
40:23que je ne suis pas venu.
40:24c'est pour ça
40:26que c'est si important.
40:28Il a vécu
40:29comme il voulait vivre.
40:31Il a vécu
40:32la vie d'une vedette
40:33de rock
40:33et c'était
40:35ce qu'il voulait.
40:37S'il avait pu
40:37recommencer,
40:38il aurait fait pareil.
40:41Il est mort
40:42trop jeune.
40:43Mais c'est
40:44ce qu'il voulait.
40:46Vraiment.
40:46s'il avait pu décider,
40:52ça aurait été
40:52à 27 ans,
40:54mais à 49 ans,
40:54son corps a lâché.
40:57Je peux dire
40:58que je suis triste
40:59qu'il soit parti.
41:00J'aimerais
41:01qu'il soit ici.
41:03Il a été un pionnier
41:05pour tant de choses
41:05et il était si bon
41:07dans ce qu'il faisait.
41:08Dans sa façon
41:09de travailler,
41:09de donner des coups,
41:11de provoquer la foule
41:12et de parler
41:13lors des entrevues,
41:14il avait des décennies
41:15d'avance sur son temps.
41:18Avec son talent,
41:19il serait dans les 20%
41:20des meilleurs lutteurs
41:22de nos jours.
41:28Chris était extraordinaire.
41:30Il était en avance
41:30sur son temps.
41:32Je crois que Chris
41:33est l'une des véritables
41:35icônes de la lutte.
41:38Une personne
41:38qui a changé
41:39la vision de la lutte.
41:42Il a su intégrer
41:43le rock'n'roll
41:44au sport.
41:46Et ce,
41:48bien avant
41:48Cyndi Lauper
41:49et Hulk Hogan.
41:52Il faisait des mouvements
41:53comme arriver
41:54du dernier câble
41:55sur un coude
41:56avant que
41:57bien d'autres
41:58le fassent.
42:00Si Chris n'avait pas
42:01pris de drogue
42:02et d'alcool,
42:03il aurait été
42:04l'un des meilleurs.
42:06Si on réduit
42:07les gens
42:07à un mot,
42:09on néglige
42:10tout ce qu'ils sont
42:11vraiment.
42:12en réduisant
42:14Chris
42:14à la toxicomanie,
42:16à l'alcoolisme
42:17ou à l'homosexualité,
42:20on ne s'approche
42:21pas du tout
42:21de la vérité intérieure
42:23qui l'habitait.
42:25Je crois
42:26que sa dépendance
42:28à l'alcool
42:29et à la drogue
42:31est venue
42:32en grande partie
42:32de l'homophobie
42:34qu'il a connue
42:34dans le monde
42:35et dans la lutte.
42:36il était
42:38un être humain
42:38complet.
42:40Si on visite
42:40les forums
42:40qui parlent
42:41de lutte professionnelle,
42:43on y parle
42:43du personnage
42:44de Chris Colt.
42:45C'était
42:46un vrai être humain
42:47avec ses démons,
42:50une famille
42:50et des gens
42:51qu'il aimait.
42:53Il était
42:53un très bon oncle.
42:55Il nous apportait
42:56toujours quelque chose
42:57quand il venait
42:58nous voir.
42:59Parfois,
43:00c'était seulement
43:00un rouleau de papier
43:01hygiénique d'un motel,
43:03mais on était heureux
43:04qu'il nous le donne
43:04parce qu'il était
43:05notre oncle.
43:09La dernière lettre
43:10que j'ai reçue
43:11de lui,
43:11c'était en 1991.
43:13J'ai arrêté
43:14de boire
43:14et de me droguer.
43:16Je suis sobre
43:16comme j'aurais
43:18toujours dû l'être.
43:21À partir de maintenant,
43:23Chris Colt
43:23est enterré.
43:25Chuck Harris
43:26est vivant.
43:28Je veux
43:29qu'on se parle bientôt.
43:30Il a signé
43:31Écris-moi,
43:33prends soin de toi,
43:34ton ami,
43:36le légendaire
43:36Chris Colt
43:37alias
43:39Chuck Harris.
43:41Ainsi va la vie.
43:42Sous-titrage Société Radio-Canada
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