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Le porte-parole Police Unité IDF, parle de la dangerosité pour les forces de l’ordre de se rendre les cités : «On laisse les délinquants prendre le territoire».

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Transcription
00:00Il nous manque le fameux feu vert, c'est-à-dire qu'aujourd'hui, il faudrait que le pouvoir politique, jusqu'au plus haut sommet de l'État, nous dise « voilà, maintenant la priorité, c'est la lutte contre les rodéos, et puis il ne faut plus qu'il y ait de zone de non-droit », ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.
00:14C'est-à-dire qu'aujourd'hui, comme on l'a vu à Drancy, et puis on voit ce dommage qui est vraiment collatéral d'un pompier qui a rien demandé, qui a juste fait un geste citoyen.
00:24Voilà, comme vous le voyez aussi à Drancy, où un policier, juste pour garder une moto, c'est juste impossible, il est pris à partie par 40-60 individus, il est insulté, un individu essaie de lui prendre son arme, il essaie de prendre le taser de l'autre,
00:36le collègue est obligé de tirer, et le gars, il fait comme si le collègue n'avait pas fait de tir de sommation, en fait.
00:42Donc ça veut dire qu'il n'y a vraiment aucune peur, et qu'eux, ils pensent que dans les quartiers, c'est leur loi, c'est leur règle.
00:49Et malheureusement, plus ça va, plus ça va dans le sens du délinquant, et on a vraiment ce sentiment qu'ils ont un peu raison là-dessus, parce que nous, on ne nous laisse pas aller là-bas.
00:58Je vais donner l'exemple des contrôles rodéo. On va faire des contrôles rodéo. Vous pensez que les contrôles rodéo, on les fait en plein milieu des quartiers ?
01:04Mais jamais de la vie. Jamais de la vie un préfet ou je ne sais qui prendra ce risque-là, parce qu'il sait très bien que si on va au milieu de la cité pour faire des contrôles rodéo, on va être pris à partie.
01:14Et ils savent très bien que ça va envenimer les choses, que les médias vont s'emmêler, et que du coup, on va dire « Ah non, là, c'est trop dangereux ».
01:20Donc on recule, en fait. On laisse les délinquants prendre le territoire, et après, on s'offusque, malheureusement, quand on voit le type d'image ou des faits divers ou des faits de société avec des rodéo et des refus d'obtempérer.
01:32Mais ça veut dire qu'aujourd'hui, par exemple, vous auriez les moyens de... Alors je réemploie votre expression. Vous auriez les moyens de faire le ménage ?
01:38Déjà, si on nous demandait de le faire, oui. Mais aujourd'hui, on ne nous demande pas de le faire. Je vais vous donner un exemple.
01:43On a des motards, par exemple. Qui arriverait mieux qu'un motard qui s'est entraîné pendant des mois et des mois dans un centre de formation à interpeller ses auteurs de rodéo ?
01:52Les motards, ils sont en capacité de le faire. Le problème, c'est qu'on ne laisse pas faire.
01:55Si jamais vous voyez deux jeunes sur une moto sans casque et que vous annoncez à votre station directrice que votre salle de commandement, vous dites « Voilà, il y a un individu qui refuse d'obtempérer et qui fait un rodéo ».
02:05D'accord ? C'est un délit. On va vous dire « Ah, attendez. Non, non, non. Prenez pas de risques. N'interpellez pas. »
02:10Parce que si les jeunes, ils tombent et qu'ils se blessent ou que malheureusement, ils meurent, ça va être la responsabilité du policier et ça va être les émeutes derrière.
02:18Donc il faut qu'à un moment, les pouvoirs publics prennent leurs responsabilités et nous donnent le feu vert, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.
02:24Donc en clair, vous êtes quand même en train de me dire que c'est un choix politique.
02:27Bien sûr que c'est un choix politique. Bien sûr. Il y a une époque où il existait une chose qui était bien, qu'on trouvait nous policiers très bien, c'est la police de proximité.
02:39C'est-à-dire qu'on allait dans les quartiers. On allait au contact des gens. Ceux qui nous aimaient bien, on prenait contact avec eux.
02:45Et ceux qui, si je puis dire, emmerdaient ces gens qui veulent une police dans leur quartier, eux, on les harcelait.
02:52Et aujourd'hui, on ne peut pas faire ça parce qu'on prend d'autres missions prioritaires. Quand je parlais des motards, je vous donne un exemple qui est très simple.
02:58Aujourd'hui, vous avez eu l'apprêt à faire un bras. C'est qu'aujourd'hui, les motards, ils sont employés de manière systématique à faire des multiplications d'escortes.
03:06Pas forcément d'individus dangereux. Mais aujourd'hui, il faut remplir des camemberts et dire aujourd'hui, tous les mecs sont dangereux.
03:12Donc pour tous les mecs qui vont de la santé à telle prison, au tribunal d'instance, il faut une escorte moto.
03:17Et bien ces motards-là, au lieu de les utiliser pour lutter contre les rodéos, on les utilise pour faire des escorts, quels que soient les escorts.
03:24Mais vous savez, Reda Bellage, et en plus, vous parlez d'expérience. Voilà, vous connaissez le terrain. Donc votre parole, elle a du poids.
03:31Mais j'imagine les gens qui nous regardent aujourd'hui quand vous dites « laissez-nous faire le ménage ».
03:34Parce que ce que ça sous-entend, c'est qu'on n'a pas envie de le faire. C'est ça qui est terrible, au fond, dans ces propos.
03:40Parce que quand on entend l'actualité, quand on entend ce pompier qui entre la vie et la mort, hier soir encore ce pompier qui est agressé,
03:47quand on voit tous vos collègues qui sont agressés, tous vos collègues qui sont frappés, tous vos collègues qui sont humiliés,
03:51et tout ce qui se passe, je pense aussi aux anonymes qui sont agressés dans la rue, quand on a quelqu'un en face de nous qui nous dit
03:57« nous, on peut faire le ménage, mais on ne nous le laisse pas faire », il y a de quoi être très en colère quand même.
04:01– Oui, oui, bien sûr, mais ça c'est… En fait, aujourd'hui, les gens, les Français, les gens qui vous regardent,
04:07ils vivent ce qu'on vit, nous, depuis des années, mais dans les quartiers.
04:10Et le problème, c'est qu'aujourd'hui, c'est plus que dans les quartiers, c'est partout.
04:13Et malheureusement, pour tous les gouvernements, pour tous les politiques, en fait, les gens filment tout.
04:19Donc en fait, maintenant, vous voyez tout sur les réseaux sociaux.
04:21Vous voyez comment les individus, ils nous traitent quand on fait un refus d'obtempérer, qu'on essaie d'interpeller quelqu'un.
04:27Vous voyez exactement comment ils agressent.
04:30Vous voyez tout en live, quasiment, maintenant.
04:32Et donc, les gens commencent à ouvrir les yeux sur la situation dans certains quartiers,
04:36sur la situation dont sont victimes aussi mes collègues, qu'ils soient pompiers, qu'ils soient gendarmes,
04:42qu'ils travaillent à l'RATP, enfin, peu importe, les gens qui ont des missions de service public.
04:46Et on sent qu'il y a vraiment un gros problème avec l'autorité.
04:49Et oui, moi, je ne vais pas vous dire que ça me révolte, puisque je l'ai vécu quand j'étais sur le terrain.
04:54Je faisais avec ce qu'on me donnait et je fais…
04:56En fait, nous, les policiers, on ne fait pas ce qu'on veut, vous voyez.
04:58Il y a une petite crise de confiance.
04:59On a parlé, même si ce n'est pas les rodeos, on a parlé du match d'après PSG.
05:04Excusez-moi, mais tout le monde a dit oui, mais les caméras, ceci, cela…
05:08Non, en fait, pourquoi les caméras ?
05:10En fait, les policiers, ils sont agents de police judiciaire, ils constatent, ils interpellent.
05:14Il faut à un moment faire que tout le monde nous fasse confiance, en fait.
05:17On a l'impression qu'on n'est pas insarmentés.
05:19Aujourd'hui, il faut 10 millions de preuves, comme si on remettait en question
05:22l'intégrité ou le professionnalisme d'un policier.
05:28Vous voyez, ça, ce n'est pas normal.
05:29Voilà, alors je ne dirais pas que la peur a changé de camp,
05:31mais j'ai l'impression qu'on laisse un peu trop faire les délinquants.
05:33Et il y a un moment, oui, venir commenter sur vos plateaux ou sur d'autres,
05:37dire oui, pourquoi c'est comme ça, c'est un peu fatiguant.
05:39Donc oui, si le jour où on nous dira, il faut que les gens sachent que ça ne vient pas des policiers,
05:44le jour où on nous donnera le feu vert avec les moyens,
05:46eh bien, on fera le job.

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