Bétharram : François Bayrou auditionné mercredi devant la commission d'enquête de l'Assemblée, les victimes et leurs familles veulent toute la vérité. Jean-Marc Veyron, président du collectif des parents de victime de Bétharram, est l'invité de Amandine Bégot.
Regardez L'invité d'Amandine Bégot du 12 mai 2025.
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00:00Entendu cette semaine par la commission d'enquête sur Bétharam à l'Assemblée,
00:04vous avez choisi Amandine de recevoir le père de l'une des victimes, Jean-Marc Véron.
00:08Bonjour monsieur, bienvenue sur RTL.
00:09Bonjour et merci beaucoup d'être avec nous ce matin en studio.
00:12Votre fils Eric est l'une des victimes du père Caricard, ce prêtre qui a dirigé Bétharam dans les années 80-90,
00:19qui a été mis en examen pour viol, il faut le rappeler, en 98.
00:22Emprisonné.
00:23Emprisonné, puis qui s'est suicidé en 2000.
00:26A Rome.
00:27A Rome. Votre fils avait 11 ans quand il entra à Bétharam en 1979.
00:33Quand vous a-t-il raconté ce qui s'était passé ?
00:35Il y a deux ans.
00:36Deux ans seulement ?
00:37Eric m'a avoué ça il y a deux ans.
00:41Je vous garantis que ça m'a donné un choc.
00:44Parce que Bétharam, moi j'étais nommé cadre dans la région là-bas, on va faire vite.
00:49J'avais besoin que mon fils ait la meilleure scolarité possible,
00:53une sécurisation, parce qu'on n'habitait pas très loin.
00:59On a rencontré le père Caricard et sa maman, avec sa grand-mère maternelle, sa maman qui est décédée.
01:05On avait rencontré M. Caricard, je vais vous lui voir moi un petit peu comment ça se passait.
01:09Un marketing extraordinaire, le tennis, le ski l'hiver, etc.
01:15Si vous voulez, je me suis senti totalement sécurisé.
01:19J'avais un métier qui me demandait beaucoup de déplacements.
01:21L'avion, le pot Paris, je le connaissais par cœur, etc.
01:26Donc j'étais complètement sécurisé.
01:28Après, on m'avait dit oui, il y a beaucoup de gens qui ont été éduqués à Bétharam.
01:33Je vais citer Castelbajac par exemple, et d'autres.
01:36J'ai été complètement sécurisé.
01:38Bref, vous pensiez mettre votre fils dans le meilleur endroit ?
01:41Le meilleur endroit.
01:41Et en plus, j'avais demandé à beaucoup de collègues d'entreprises du coin,
01:46ouais, Bétharam c'est bien, Bétharam c'est bien.
01:48Donc, si vous voulez, pour moi, c'était la sécurité.
01:51Bon, et alors qu'entre votre fils, il y a deux ans seulement, vous dit ce qui s'est passé,
01:56vous dit les viols qu'il a subis.
01:58Oui.
01:59C'est quoi votre première réaction ?
02:01Ma première réaction, j'étais écroulé.
02:04Écroulé.
02:05J'ai posé la question, Eric, pourquoi tu ne me l'as pas dit ?
02:08J'avais beaucoup de complicité avec mon fils.
02:11Il sortait avec nous, etc.
02:13Il n'y avait jamais de problème.
02:15Et alors là, je n'ai pas compris.
02:16J'ai dit, mais Eric, tu te souviens comment on vivait à Bosse d'Aros ?
02:21Je ne comprenais pas.
02:23Et pourquoi il garde pendant un temps ce silence ?
02:25Il m'a dit qu'il avait honte.
02:26Il était humilié.
02:28Il avait honte.
02:28Et si vous voulez, on a monté un collectif de parents victimes.
02:34On s'aperçoit que la réflexion des enfants est toute la même.
02:37Nous avions honte, mais ils nous ont démolis.
02:39Mon fils a été complètement démoli.
02:43J'ai compris après ses errements, ses difficultés à vivre avec les autres, dans sa vie personnelle.
02:50Et j'ai compris.
02:51J'ai compris pourquoi.
02:52Aucun moment, je ne l'ai compris.
02:55Aucun moment, je l'ai compris.
02:57La seule alerte que j'ai eue, on va faire vite, puisqu'il faut faire vite, il faisait de l'asthme.
03:05Et puis, j'en avais marre, l'ONUDA, les médicaments, les toubis du coin.
03:10Je l'ai emmené, j'avais la chance d'avoir un PDG à l'époque qui était un très grand PDG,
03:15qui était administrateur de l'hôpital Roti-la-Paris.
03:17J'obtiens un grand rendez-vous par mon président, un rendez-vous pour Eric, deux jours à Rothschild.
03:26Le professeur me dit, il fait de l'asthme psychosomatique.
03:30Et là, vous vous dites...
03:31Moi, je n'ai pas fait le cas.
03:32Je dis, mais qu'est-ce qui...
03:33Alors, le professeur me dit, vous savez, ça arrive certains adolescents,
03:38quand ils veulent refuser quelque chose, ils se réfugient là-dedans.
03:41Qu'est-ce que vous voulez que je pensais que Betaram était le facteur déclenchant ?
03:48C'était impossible.
03:49A l'époque, c'était impossible.
03:51Et il y a deux ans, donc, il m'a avoué ça.
03:52Et là, vous avez compris.
03:54Jean-Marc Véron, François Bayrou, je le disais, doit être entendu par la commission d'enquête à l'Assemblée.
03:58Ce sera mercredi.
03:59Qu'attendez-vous de cette audition ?
04:01Alors, moi, ce qui m'a choqué, c'est...
04:04D'abord, c'est le grand panneau qu'il y a devant M. Bayrou, quand il fait un grand discours à l'actuel.
04:10La vérité pour agir.
04:12Ça m'a fait exploser.
04:13Mais pourquoi ?
04:14Parce qu'il a menti.
04:16Il a menti.
04:17Il sait très bien que depuis 1996, ce qui se passait à Betaram.
04:20Pour vous, il n'y a aucun doute, il était au courant.
04:22Mais écoutez, le juge Miranda, quand il a fait sa prestation sous serment, qu'est-ce qu'il a dit ?
04:29Reprenez-le, vous verrez.
04:30Mais Berrou était au courant.
04:32Mme Gullune, la professeure de mathématiques qui a assisté à des corrections sur des enfants, qui l'a prévenu.
04:38Est-ce qu'il a bougé ? Non.
04:39Non.
04:39Mais certains vous diront, pardon, et je vous coupe, que comme vous, comme d'autres parents, il a pu ne rien voir.
04:44Sa fille Hélène, par exemple, dit qu'elle ne lui a jamais rien dit.
04:47C'est le politique, d'après vous, qui était au courant, pas le père ?
04:50Le politique était parfaitement con.
04:52On pensait que Berrou était le potentat dans la région.
04:55La région Béarnes, c'était son fief.
04:57Élu depuis 1983, fils de maire de Bordère.
05:02Vous savez, il s'est fait son fief.
05:03Alors, il tenait à la région.
05:05Il était obligé d'être au courant.
05:07Il y a eu d'autres cas.
05:08Il y a eu Mme Bulluc, la prof de mathématiques.
05:11Il y a eu le gendarme qui a témoigné sous serment.
05:17Et il revient là-dessus.
05:18Quand je l'ai entendu sortir de l'Assemblée en disant, je ne savais pas, c'est impossible.
05:23Mais vous dites qu'il a voulu étouffer l'affaire ?
05:25À mon avis, ça le gênait dans son ascension politique.
05:29C'était une tâche.
05:31Et la tâche, il ne voulait pas que ça se voit.
05:33Qu'est-ce que vous lui demandez aujourd'hui ?
05:35Moi, ce que je lui demande, c'est très simple.
05:36Mercredi.
05:37Mercredi qui vient, il a une plainte qui part.
05:40Article 4 du Code pénal, qui part pour non-dénonciation de crime.
05:45Il y a d'autres parents du collectif qui vont faire la même chose que moi.
05:50Ça partira mercredi auprès du proc de...
05:55Donc, vous allez déposer plainte pour non-dénonciation.
05:58La justice...
05:59Non-dénonciation de crime, vous avez raison.
06:01La justice, et je le précise, a pour l'instant classé sans suite.
06:04Les deux signalements pour non-dénonciation qui visait François Bayron.
06:08Eh bien, on verra bien.
06:10Moi, ils peuvent classer sans suite.
06:13Je continue les actions.
06:15De toute façon, le collectif des parents de victimes...
06:20Hier, j'ai reçu un...
06:23Il y a eu quelque chose qui est paru dans le Sud-Ouest.
06:27Oui, dans le journal Sud-Ouest, un grand dossier.
06:28J'ai reçu un article incroyable d'une victime.
06:32D'une victime.
06:33Et qui m'a expliqué énormément de choses.
06:37Tout ça...
06:39J'ai eu un problème, moi, un petit problème de santé qui m'a tenu un petit peu éloigné.
06:44Mais maintenant, je reprends le combat.
06:46Jean-Marc Bayron, vous demandez aussi la fermeture de Bétarame.
06:48Absolument.
06:49Mais parce que ça continue ?
06:50Mais Bétarame existe toujours.
06:52Mais vous vous rendez compte qu'ils continuent à toucher...
06:56Ils sont sous contrat avec l'éducation nationale.
06:59C'est inadmissible.
07:00Il y a longtemps que Bétarame ne devrait plus rien toucher.
07:03Parce que ce qu'ils touchent, c'est un peu nos impôts.
07:10Il faut le dire.
07:10Alors, toucher les aides, le financement, comme tout établissement privé, sous contrat.
07:16Mais pourquoi vous voudriez que ce ne soit plus le cas ?
07:18Il ne se passe plus rien aujourd'hui, a priori, à Bétarame, si ?
07:21Il ne se passe plus rien.
07:22Sans doute qu'il ne se passe plus rien.
07:24Mais si M. Bérou avait réagi en 1996, quand il a été au courant des faits,
07:30il n'y aurait pas 115 plaintes et 115 gosses qui auraient été squintées.
07:33C'est surtout ce que je vois, moi.
07:35C'est ce qui s'est passé, qu'il a laissé faire.
07:37Et ses enfants, ils ont été cassés.
07:39Et je vous garantis que j'ai compris beaucoup.
07:42J'ai compris les difficultés de mon fils.
07:46Comme quand je discute avec d'autres parents qui sont dans le collectif,
07:51on a exactement le problème.
07:53Les mêmes difficultés.
07:55On comprend maintenant nos difficultés.
07:57Et toujours, c'est le même laïmotif.
08:00On avait peur.
08:01On a peur de parler aux parents.
08:03de ça.
08:04Et il n'en a pas parlé, Eric.
08:06Comment va votre fils aujourd'hui, plus de 40 ans après ?
08:08Il travaille dans le milieu médical.
08:10Il est dans le midi.
08:11Il a des hauts et des bas.
08:13Si vous voulez, il a des phases.
08:16C'est bien.
08:17Et il y a des phases, c'est moins bien.
08:18Mais il s'en sort très très bien.
08:20Mais si vous voulez, ça a été un long parcours et un long chemin
08:23qui a été bourré d'embûches.
08:25Et vous, comment allez-vous ?
08:26Moi ?
08:27Eh bien, figurez-vous que j'étais écroulé en apprenant ça.
08:31Mais j'ai dit, il ne faut rien laisser passer.
08:35J'ai tellement été horrifié par ce que j'ai appris.
08:38J'ai confié mon fils à une institution en toute confiance,
08:42en disant, tu lui donnes le meilleur.
08:44Et vous voyez ce qui s'est passé ?
08:46C'est l'erreur de ma vie.
08:47C'est l'erreur de ma vie.
08:49Mais encore, voilà, je l'avoue.
08:51J'ai fait une erreur énorme.
08:53Je n'aurais jamais dû mettre mon fils à Bétarame.
08:55Merci beaucoup, Jean-Marc Véron.
08:57Et 150 de plaintes ont toujours été recensées
08:59pour des violences physiques ou sexuelles à Bétarame.
09:02Et...
09:02...