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DB - 11-05-2025

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00:00:01En ces temps-là, on vit dans le ciel, raconte-t-on, des signes effrayants qui ressemblaient à d'immenses astres contrefaits, titubants dans le ciel incendiés sous l'ivresse de la colère de Dieu qu'ils annonçaient.
00:00:18Mais ces météores, que l'on regarda comme les précurseurs de la révolution et des malheurs qui allaient la suivre, parurent aux gens de ce pays, dans leur moralité simple et profonde, de moins épouvantables augures que ce hideux phénomène de l'impiété d'un prêtre, resté avant, comme après la chute, pour tout le monde, l'abbé Sombreval.
00:00:48...
00:01:17C'est une propriété admirable, monsieur. Et le prix est très bas. Si elle n'a pas encore trouvé acquéreur, c'est que les gentilhommes et les bourgeois du voisinage complotent pour qu'elle reste vide.
00:01:32Bien.
00:01:33Vous portez donc acquéreur du château du Quenet, de la ferme, des prêts et des bois attenants.
00:01:42Oui.
00:01:42Pour le prix que vous avez.
00:01:44Oui.
00:01:45Et que vous envisagez de payer.
00:01:47Content.
00:01:48Et bien, nous allons signer dès à présent le compromis. Et l'acte de vente sera dressé dans les plus brefs délais. Puis-je vous demander votre nom, monsieur, s'il vous plaît ?
00:01:58Jean-Sombreval.
00:02:06Et quel est votre état ?
00:02:10Mais t'es... homme de science.
00:02:16Tu t'en vas donc au Quenet, Sombreval.
00:02:21Où te casses-tu ?
00:02:23Malguène !
00:02:25Il n'y a que toi qui puisses me reconnaître.
00:02:32Il n'y a que toi qui puisses passer sans se signer devant la croix.
00:02:38Je revois sinon, chrétienne.
00:02:41Quand nous étions amis, tu me semblais plus empressé au service du démon qu'aux offices du bon Dieu.
00:02:46Ce temps-là est bien fini.
00:02:49J'ai fait ma pénitence.
00:02:52J'ai obtenu mon pardon.
00:02:55Voilà le pays en Sombreval, maître du Quenet.
00:02:59Je suis riche.
00:03:01Mais je n'oublie pas ma seule amie dans ce pays de cœur de pierre.
00:03:04Tout ce qui m'appartient est à toi.
00:03:08Je n'ai jamais dû mon pain à personne.
00:03:11Bon.
00:03:13Viens chez moi filer le lin et le chambre,
00:03:15comme tu le faisais jadis chez mon père.
00:03:17Et je te paierai ton travail.
00:03:23Je n'entrerai jamais au Quenet.
00:03:25Et toi, n'y entre pas, Jean.
00:03:29Les vieux seigneurs ont ruiné ce château par leurs vices.
00:03:33Tu le détruiras par ton crime.
00:03:36Mon crime?
00:03:37On voit bien que tu retournes chez les prêtres.
00:03:39Tu parles comme eux.
00:03:41Ne sais-tu pas que dans chaque maison d'ici,
00:03:42on se signe quand on prononce ton nom?
00:03:44Avec ma porte.
00:03:45Le Quenet.
00:04:03Oui.
00:04:04Le Quenet.
00:04:04Il était grand temps que quelqu'un rachète, monsieur.
00:04:08Quand le vieux marquis est allé rejoindre ses ancêtres,
00:04:16les créanciers se sont jetés sur le peu de choses qu'il ne lui avait pas arrachées de son vivant.
00:04:22Des chiens.
00:04:22Ils avaient déjà le sang de sa fortune au museau.
00:04:27Et ils voulaient tout boire.
00:04:28Mais quand la vente fut affichée,
00:04:33nul parmi les gentils hommes et les bourgeois du voisinage ne se présenta.
00:04:38Les loups ne se mangent pas entre eux.
00:04:41Et les lions ne touchent pas un autre lion abattu.
00:04:44Ils avaient dans l'idée que celui qui ne serait pas assez noble et qui serait assez riche pour acheter la terre et le château devrait être assez hardi.
00:05:00Car s'ils l'osaient, on l'y engraisserait d'humiliation.
00:05:07Et on l'y régalerait d'ignominie.
00:05:09Vous allez pouvoir faire ripaille des mépris, c'est certain.
00:05:16Vous allez vous enfermer dans un désert
00:05:39où la dernière goutte d'eau de la politesse et de la charité vous sera refusée, Jean Sambreval.
00:05:50Laisse-moi.
00:05:52Je dormirai dans la chambre rouge.
00:06:09Je dormirai dans la chambre rouge.
00:06:22J'
00:06:35Merci.
00:07:05Merci.
00:07:35Merci.
00:08:05Merci.
00:08:35Merci.
00:09:05Merci.
00:09:09Il paraît que le vieux Sombreval a racheté le quenet.
00:09:12Eh bien...
00:09:13Quel jour attendez-vous cette charogne ?
00:09:14Vous devriez tenir votre langue, jeune homme.
00:09:17Car la charogne n'est pas encore pourrie. Voyez-vous ?
00:09:24Monsieur !
00:09:27Ce jeune homme m'a insulté.
00:09:29Qu'attendez-vous pour le secourir ?
00:09:31Qui êtes-vous ?
00:09:32Je suis la fille du comte de Lieu-Saint.
00:09:36Et ce jeune homme que vous avez jeté à terre, avec sauvagerie, est le chevalier de Néon.
00:09:48Est-ce grave ?
00:09:51Un coup à la tête.
00:09:55Bonne correction pour un étourdi.
00:10:02Je te la porte pour que tu guérisses le mal que ton père lui a fait.
00:10:19Pardonnez-lui, puisqu'il est blessé.
00:10:22De l'eau !
00:10:32De l'eau !
00:10:48Merci, mademoiselle.
00:10:51Pardonnez-vous d'avoir offensé.
00:10:53Vous ne m'avez pas offensé.
00:10:55L'offense, c'était pour moi.
00:11:02Je ne vous invite donc pas à entrer chez un homme que vous haïssez sans le connaître.
00:11:32Bien, chevalier, qu'attendez-vous ?
00:11:35Bien, chevalier, qu'attendez-vous ?
00:11:38Bien, chevalier, qu'attendez-vous ?
00:12:02Bien, que ça va ?
00:12:05J'erencré, qu'attendez-vous.
00:12:07Un homme qui est vivant de glace, qui est très heureux.
00:12:10Moi, per entendre, qu'est un homme qui me permet de faire.
00:12:12C'est une Divine Coupe du visitante.
00:12:15C'est un homme qui me permet de faire.
00:12:17C'est une bonne petite patatine.
00:12:18C'est l'un homme qui me permet de faire.
00:12:20C'est un homme qui m'a fait.
00:12:22C'est un homme qui me permet de faire.
00:12:24D'un homme qui me permet de faire.
00:12:25...
00:12:55...
00:13:25...
00:13:54Mes frères, l'église de France s'était inclinée.
00:14:02Sous le genou de bourreau que la révolution appuyait sur sa poitrine,
00:14:07elle avait touché terre et plus bas que terre.
00:14:10Car on enfonce dans du sang pour se relever, définitivement purifié par ce sang qui purifie toujours.
00:14:19L'église de France, pendant des années, n'a été ni dans ses mains, ni dans son personnel, ni dans sa doctrine, ce que les chrétiens qui l'aiment ont tant désiré d'elle.
00:14:42Mais dans ce pays, la religion n'est pas encore déracinée.
00:14:49La révolution avait mis bas à cette croix.
00:14:55Jean, les moineaux sont le faucon dans l'air.
00:14:59Ils se hérissent.
00:15:01Le corps du sauveur des hommes.
00:15:04T'as vu, cause partout du scandale, mais ici le scandale est encore plus grand.
00:15:08Même et surtout de celui des âmes.
00:15:10Je ne suis pas fofaron.
00:15:12Je ne suis pas lâche non plus.
00:15:16Si tu ne crois plus en Dieu, pourquoi le braves-tu ?
00:15:19Je ne brave rien, dit personne.
00:15:23Lecture de l'évangile selon saint Jean.
00:15:26Et Jésus dit...
00:15:29Le Fils de l'homme a été glorifié.
00:15:33Et Dieu a été glorifié en lui-même.
00:15:36Si Dieu a été glorifié en lui-même,
00:15:42Dieu aussi le glorifiera en lui-même.
00:15:48Petits enfants,
00:15:51c'est pour peu de temps que je suis encore parmi vous.
00:15:55Vous me chercherez,
00:15:58mais là où je vais, vous ne pourrez venir.
00:16:06Je vous donne un commandement nouveau.
00:16:10Vous aimez les uns les autres,
00:16:13comme je vous ai aimés.
00:16:16Aimez-vous les uns les autres.
00:16:19A ceux-ci,
00:16:20tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples,
00:16:23si vous avez de l'amour,
00:16:25les uns pour les autres.
00:16:27Je vous laisse ma paix.
00:16:33Je vous donne ma paix.
00:16:36Je ne vous la donne pas comme le monde la donne.
00:16:40Que votre cœur ne se trouble ni ne s'effraie.
00:16:43Vous avez entendu ce que je vous ai dit.
00:16:47Je m'en vais et je reviendrai parmi vous.
00:16:50Si vous m'aimiez,
00:16:53vous vous réjouiriez de ce que je vais vers le Père,
00:16:55parce que le Père est plus grand que moi.
00:17:00Voici que l'un vient,
00:17:01et maintenant qu'elle est là,
00:17:03vous vous serez dispersés,
00:17:05chacun allant de son côté,
00:17:07et vous me laisserez seul.
00:17:09Mais je ne suis pas seul.
00:17:11Le Père est avec moi.
00:17:14Je vous ai dit cela,
00:17:15pourtant moi vous ayez la paix.
00:17:16Sans trop nombreux, M. Sondreval.
00:17:18En ce monde, vous faites l'expérience de l'adversité,
00:17:22mais soyez pleins d'assurance.
00:17:24J'ai vaincu le monde.
00:17:27Lorsque j'étais avec vous,
00:17:29je vous gardais,
00:17:30et je vous protégeais,
00:17:32et aucun de vous ne s'est perdu,
00:17:34sinon le fils de perdition.
00:17:42M. l'abbé Sondreval.
00:17:46M. l'abbé Sondreval.
00:17:48Vous vous êtes jeté tout vivant dans Paris,
00:18:03ce cratère qui allait vomir la révolution.
00:18:07On ne retrouve même pas vos sandales de prêtre
00:18:09au bord de ce cratère,
00:18:11tiède et menaçant.
00:18:12Dans ceux qui vous pleuraient pour cet abandon,
00:18:18il y avait une miséricorde toute prête,
00:18:21mais il n'y eut plus rien que votre silence,
00:18:24M. l'abbé Sondreval.
00:18:27M. l'abbé Sondreval,
00:18:29on n'arrachera jamais votre titre de votre nom,
00:18:32et jusqu'à votre dernier jour,
00:18:35on les joindra,
00:18:36comme pour vous clouer un pilori d'infamie.
00:18:38Pourquoi ?
00:18:42Pourquoi êtes-vous revenu dans ce pays ?
00:18:45Précisément là où depuis 18 ans,
00:18:48votre nom courpie sous le déshonneur,
00:18:50l'exécration et la honte.
00:18:54M. l'abbé Méotis,
00:18:56ceci est un problème insoluble pour les gens sages.
00:18:59Ce que ne sauraient jamais pleinement savoir,
00:19:05les gens curieux.
00:19:11Au château.
00:19:17Allez, allez, allez, ciao !
00:19:50Monsieur,
00:19:58vous m'avez offensé l'autre jour,
00:20:00mais votre conduite présente évasse tout.
00:20:04Aujourd'hui, voulez-vous rentrer au quenet ?
00:20:05Ce sera un honneur pour moi, monsieur.
00:20:17La dernière fois que j'ai pénétré dans cette maison, j'étais encore enfant.
00:20:40J'avais gardé le souvenir d'une grande demeure austère, mais presque misérable.
00:20:44La trouvez-vous moins triste aujourd'hui ?
00:20:49Je la trouve magnifique.
00:20:53C'est vous ?
00:20:54Non, c'est mon père qui a tout décidé.
00:20:57Je me suis pris sur le tard d'une passion véritable pour les beaux objets.
00:21:02Je n'étais qu'un paysan quand la fortune m'est venue.
00:21:06J'ai découvert que j'aimais le luxe comme un parvenu.
00:21:14Mes domestiques vous étonnent.
00:21:20J'ai sauvé la femme d'une maladie épouvantable.
00:21:25Le couple vivait dans la misère à Paris.
00:21:28Alors...
00:21:31Je les ai ramenés ici avec moi.
00:21:33Vous êtes donc médecin ?
00:21:36Non.
00:21:38Non, mais je réussis quelques tours qui passent pour de la médecine.
00:21:44Voulez-vous voir l'endroit où je travaille ?
00:21:47Volontiers.
00:21:48Je sais quoi !
00:21:49Je sais quoi?
00:21:50Je vais aller en manger d'une denture.
00:21:52Voilà !
00:21:54Il faut que je puisse y aller.
00:21:56Vous allez en chercher l' nettoyant.
00:21:57Je sais que je vais y aller !
00:21:58Je sais quoi !
00:21:59C'est fou !
00:22:01Le vrai discours qui a déclenché !
00:22:03Je sais quoi !
00:22:05Je sais quoi !
00:22:08Ben, je sais quoi !
00:22:11Il y a beaucoup d'autres visiteurs.
00:22:12Je sais quoi !
00:22:13Je sais quoi !
00:22:14Le monsieur des gens qui ont été fait !
00:22:16Vous êtes un chimiste ?
00:22:30Non, chimiste seulement.
00:22:34J'ai découvert la science à Paris pendant la révolution.
00:22:42On vous a raconté mon histoire, bien sûr.
00:22:44Vous avez été prêtre autrefois dans ce pays.
00:22:48J'ai cessé de l'être.
00:22:52Et surtout, je me suis marié.
00:23:01Le pire décrit.
00:23:06Je suis né tout près d'ici.
00:23:11Mon père était un paysan pauvre.
00:23:14Mes dons pour les études m'ont permis d'entrer au séminaire.
00:23:18Et c'est ainsi que j'ai été ordonné prêtre.
00:23:24Je crois avoir été un bon prêtre.
00:23:27Animé d'une foi qui paraissait inébranlable.
00:23:31Et maîtrisant une science grâce à laquelle on me prédisait un grand avenir dans la hiérarchie.
00:23:35Et puis, juste avant la réunion des états généraux, l'évêque d'Arras m'a envoyé à Paris.
00:23:47Et Paris m'a dévoré.
00:23:49J'ai compris peu à peu que la science et la foi ne pouvaient plus cohabiter en moi.
00:24:01L'une devait céder la place à l'autre.
00:24:04C'est la science que j'ai choisi.
00:24:12Vous avez quitté la vie de prêtre.
00:24:14Le plus grand chimiste de ce temps m'a pris comme disciple.
00:24:20Il avait une fille jeune et belle.
00:24:23Je l'ai aimée.
00:24:28Nous nous sommes mariés.
00:24:32Ma femme est morte en mettant calyxte au monde.
00:24:37Mon maître est mort peu après.
00:24:41Il me léguait toute sa fortune.
00:24:45J'étais devenu un homme riche.
00:24:50Pourquoi êtes-vous revenu vous perdre dans ce pays ?
00:24:53J'aime ma fille.
00:24:59Elle est malade depuis sa naissance.
00:25:03Vous avez sans doute été surpris d'apercevoir un lit dans le salon.
00:25:07Il y en a dans toutes les pièces du château.
00:25:10Afin que l'on puisse y étendre calyxte dès qu'un accès de son mal lui fait perdre conscience.
00:25:19Quant à ce laboratoire,
00:25:20toutes mes recherches ne m'ont livré qu'une seule certitude.
00:25:27Le secret de la vie réside dans la composition et la circulation du sang.
00:25:32Le jour où je parviendrai à maîtriser tous les éléments,
00:25:36calyxte sera sauvé.
00:25:38Vous êtes attendu chez votre père ?
00:25:46Non, monsieur.
00:25:47Alors, il nous faut partager le pain et le sel.
00:25:50Restez à dîner avec lui.
00:25:51Vous seriez de ce sourire que je n'aime pas.
00:26:14J'ai eu une pensée absurde.
00:26:19Qu'est-ce donc ?
00:26:20Une sottise.
00:26:23Il y a bien longtemps, une filleuse de ce pays venait faire des journées chez mon père.
00:26:29Nous étions amis.
00:26:31Elle passait pour connaître les choses de l'avenir.
00:26:34La malgagne ?
00:26:35Oui, elle m'a prédit qu'un jour, l'eau me serait funeste.
00:26:43Et en me voyant sur cet étang, auprès de toi,
00:26:47j'ai eu peur.
00:26:50Et j'ai souri en me moquant de ma faiblesse.
00:26:52Il y a la malgagne qui nous observe, là-haut.
00:27:04Il ne voit rien à craindre d'elle.
00:27:06Elle a renoncé à ses mauvaises pratiques.
00:27:08Auriez-vous peur du mauvais oeil, chevalier ?
00:27:11Votre père passait cependant pour un esprit philosophe, autrefois.
00:27:17Hé, malgagne !
00:27:20Que me veux-tu ?
00:27:21On parlait de toi.
00:27:23Tu vois, je ne t'ai pas oublié.
00:27:25Depuis que je suis de retour,
00:27:27j'ai frappé vingt fois à ta porte.
00:27:29Tu n'étais jamais là.
00:27:31Viens au château.
00:27:32Donne-moi ta main.
00:27:34Descends dans le parc.
00:27:36Non, Jean.
00:27:39Je t'ai déjà dit que je n'entrerai jamais au quenet.
00:27:43Dieu veuille que toi aussi, tu quittes cet endroit pour toujours.
00:27:46Vas-tu donc recommencer ?
00:27:49Les années sont venues.
00:27:51Ta jeunesse est partie.
00:27:55Mais ta violence n'a pas vieilli, sombreval.
00:27:58Elle est toujours en toi comme au temps où je démêlais tes cheveux.
00:28:02Nous avons chacun notre destinée.
00:28:04Tu peux t'agiter dans la tienne.
00:28:08Mais moi, je suis semblable à la borne du bord de la route
00:28:15qui dit le chemin même aux insensés qui ne le suivent pas.
00:28:20Si elle a décidé de ne pas venir au château,
00:28:31aucune force humaine ne lui en fera franchir les grilles.
00:28:36Malgaine,
00:28:36jadis, nous étions comme frères et sœurs.
00:28:41Ma fille
00:28:42est donc comme la tienne.
00:28:46Et c'est elle qui te demande de venir chez elle.
00:28:49Acceptez-le, madame.
00:28:50Je vous le demande comme une grâce.
00:28:52Merci, ma fille.
00:28:55Je ne vous verrai pas sous le toit de ce château.
00:28:59Mais il est dit que la Malgaine doit vous revoir ailleurs.
00:29:02Je le sais.
00:29:02Écoute une dernière parole, sombreval.
00:29:16Jean, prends garde à toi.
00:29:18Tu joues avec ta perte.
00:29:20Va-t'en de cet endroit et n'y rentre plus.
00:29:22La mort y couvre pour toi.
00:29:24Vraiment.
00:29:32Calyphe, sombreval.
00:29:44Si vous aimez votre père,
00:29:47faites qu'il ne mette jamais les pieds sur les temps qu'il vous porte.
00:29:51Car je le jure,
00:29:53il ne les y remettra que pour périr.
00:30:02Vous vous acharnez à revoir cette jeune fille.
00:30:11Ignorez-vous donc sa maladie ?
00:30:14Vous ne pensez pas un seul instant
00:30:15à lutter contre son ascendant.
00:30:19Vous portez à la tête une blessure
00:30:20dont vous ne guérirez jamais.
00:30:25Nell,
00:30:27vous aimez déjà votre mal.
00:30:29Je ne cherche pas à m'en défendre.
00:30:32C'est vous, père.
00:30:58Je vous entends bien.
00:30:59C'est moi.
00:31:01C'est vous.
00:31:02Y a-t-il un malheur à Néou ?
00:31:07Oui, il y a malheur.
00:31:11Le fils, il désobéit à son père.
00:31:16Le père n'écoute plus la voix de son fils.
00:31:18Votre père ne veut plus que vous veniez ici.
00:31:22Il a pour nous autant de mépris que les autres.
00:31:25Pas pour vous.
00:31:27Eh bien, il faut lui obéir.
00:31:28Non.
00:31:30Si Malcane dit vrai,
00:31:32je suis entré dans votre destinée
00:31:33pour ne jamais en sortir.
00:31:36La destinée, ce n'est pas la vie.
00:31:39La vie, ce sont nos propres volontés
00:31:40qu'il faut soumettre à Dieu.
00:31:43N'aimez pas.
00:31:45Voilà, je le dis.
00:31:46Je vous aime.
00:31:54Chevalier.
00:31:59Mon père est entre moi et la vie.
00:32:02Je suis marquée par la mort
00:32:03pour le rachat de son âme.
00:32:04Je veux mourir avec vous.
00:32:08Votre vie et la mienne sont la même vie.
00:32:15Pardonnez-moi d'oser vous le dire encore.
00:32:19Je vous aime.
00:32:23Venez avec moi.
00:32:24Venez.
00:32:43Hormis ce Christ,
00:32:45vous n'en trouverez aucun dans ce château.
00:32:50Mon père a fermé sa demeure à Dieu
00:32:52comme il lui a fermé son âme.
00:32:58Je partage tout le poids de ce crime
00:33:00avec lui.
00:33:02Quel X.
00:33:03Je ne suis pas digne d'être aimée.
00:33:06Et tout l'amour qui est en moi,
00:33:08c'est à lui seul que je le dois.
00:33:13Chevalier,
00:33:15priez pour que mon père se convertisse.
00:33:19Cette demeure sans Dieu
00:33:20me semble un désert.
00:33:22Voyez comme vous m'êtes précieux.
00:33:31Je vous confie
00:33:32le plus douloureux de mes secrets.
00:33:34Je vous fais donc souffrir.
00:33:51Je viens de dire à Calyx que je l'aimais.
00:34:04Elle seule ne m'aime pas.
00:34:07Elle me l'a dit aussi, chevalier.
00:34:08Car j'ai cherché à vous faire aimer, moi.
00:34:21Mais elle ne veut déposer personne.
00:34:23Elle se complaît dans ses souffrances
00:34:25parce qu'elle veut racheter ce qu'elle appelle mon âme.
00:34:28nous sommes sacrifiés à une illusion.
00:34:33Nous avons
00:34:34vous pour rival,
00:34:37moi pour ennemi,
00:34:41son Dieu.
00:34:44Ce Dieu est aussi le mien.
00:34:46Il n'est pas l'ennemi des hommes.
00:34:47Bien sûr.
00:34:50Vous avez raison de dire cela.
00:34:53La foi que vous avez,
00:34:55je l'ai eue aussi.
00:34:58Ce n'est pas toujours nous, voyez-vous,
00:34:59qui tuons l'idée de Dieu dans nos âmes.
00:35:04Elle tombe d'elle-même
00:35:05comme les choses meurent en nous,
00:35:10hors de nous,
00:35:12partout.
00:35:13Émi et tes,
00:35:15dissous,
00:35:16anéantis.
00:35:21Mais si ses enfants allaient s'aimer.
00:35:24Tant mieux.
00:35:26C'est déjà fait.
00:35:27Du moins, pour l'un d'entre eux.
00:35:30Le jeune de Néo aime Calyxt.
00:35:32Elle est si pure et si parfaite
00:35:36qu'elle ne peut aimer personne
00:35:39sur cette terre.
00:35:42On dirait que tu le regrettes, Jean.
00:35:46Et cependant,
00:35:46si elle l'aimait comme il l'aime,
00:35:47ce serait un malheur pour tous les deux.
00:35:50Pourquoi ?
00:35:51Si elle l'aimait,
00:35:53je la lui donnerais
00:35:53et je n'attends que cela,
00:35:54Malgaine.
00:35:56J'irais lui chercher jusqu'à Néo,
00:35:58jusque dans les bras de son père.
00:36:02épouser une aile de Néo.
00:36:05Encore ton orgueil, Jean.
00:36:07Les Néo ne sont pas faits
00:36:09pour les sombrevalles.
00:36:11De l'orgueil.
00:36:13Je peux en avoir
00:36:14comme un autre homme.
00:36:16Mais je n'ai pas celui
00:36:17que tu crois.
00:36:21Tu le ferais maudire
00:36:22de son père.
00:36:24Tu l'as été du tien, Jean.
00:36:25C'était un âme dur,
00:36:26ni absolu.
00:36:29Il aimait son morceau de terre
00:36:30mieux que moi.
00:36:30je n'ai jamais cru
00:36:33au père qui m'audisse.
00:36:36Et à quoi crois-tu
00:36:38donc,
00:36:38sombrevalles ?
00:36:40Je crois à moi.
00:36:43Je crois
00:36:44à ce qu'il y a
00:36:45dedans.
00:36:49Voilà mon orgueil,
00:36:50Malgaine.
00:36:50C'est ainsi que vous surveillez
00:37:13votre maîtresse
00:37:14quand je suis absent.
00:37:14Il n'y a de la faute
00:37:16à personne, monsieur.
00:37:17Le mâle l'a saisi
00:37:18mademoiselle
00:37:18juste comme on allait souper.
00:37:23Vos domestiques
00:37:24sont venus
00:37:25à ma porte.
00:37:28On a vu
00:37:28mademoiselle
00:37:29qui marchait
00:37:29au bord de l'étang.
00:37:32Les yeux blancs
00:37:33et retournés.
00:37:36Et puis qui tombait.
00:37:37comme si on lui avait
00:37:40tranché les deux pieds
00:37:41d'un revers de four.
00:37:42Elle ne souffre pas.
00:37:52Elle ne sent rien.
00:37:55Elle peut rester ainsi
00:37:56du jour et des jours.
00:37:57La vie est comme suspendue.
00:38:00Vous la croyez en danger ?
00:38:02En danger, non.
00:38:03Il y a trop de jeunesse
00:38:04en elle.
00:38:06Pourtant,
00:38:07c'est un peu de sa vie
00:38:08qui lui échappe
00:38:09après chaque crise
00:38:10comme celle-ci.
00:38:12il faut que nous la sauvions
00:38:22vous et moi, chevalier.
00:38:24Vous êtes plus fort que moi.
00:38:27Il faut qu'elle vous aime.
00:38:42Like, avez-vous pu 쓰면
00:38:59si vous ne faites plus ?
00:39:01J'avais fait boire à mes chevaux un breuvage qui les rendit sauvages.
00:39:27J'étais venu faire ma cour à la Châtelaine de Neu.
00:39:31J'avais parié que j'y mourrais et que la chance serait contre moi.
00:39:45Je ne suis pas mort.
00:39:49Peut-être m'aimeriez-vous.
00:39:50Vous ne m'aimez pas.
00:40:02Je ne puisse être que votre soeur.
00:40:04Je sais, je ne pleure pas, je n'en tremble pas, je n'en souffre même pas.
00:40:14Peut-être que nous partirons ensemble et que nous boirons cette mort.
00:40:20Ne dites pas non maintenant.
00:40:23Je n'aurai jamais rien bu de meilleur que cette mort que vous me faites aimer.
00:40:28J'ai un fou.
00:40:36Cher violent.
00:40:40Chevalier, votre père ainsi que deux personnes ne vont pas tarder à arriver.
00:40:43Il doit amener Monsieur Deliocin et sa fille.
00:40:46Tu les recevras, Macalix.
00:40:48Restez avec nous, Monsieur.
00:40:49Vous êtes jeune et vous avez du cœur.
00:40:55Mais je connais les hommes.
00:41:06Mademoiselle Deliocin est votre fiancée, n'est-ce pas?
00:41:10On veut me fiancer à elle.
00:41:11Ce n'est pas la même chose.
00:41:12Messieurs, je vous prie d'accepter un verre de vin.
00:41:37C'est trop, Mademoiselle.
00:41:38Ne refusez pas, mon père.
00:41:39C'est du toqué et du meilleur.
00:41:41Ma parole, il y aurait dû déjà goûter.
00:41:43C'est vrai.
00:41:50Non, je vous remercie.
00:41:51L'annonce n'est pas l'usage de refuser un verre de vin quand on est en visite.
00:41:55Vous me feriez grand plaisir en acceptant, Mademoiselle.
00:41:58Et un affront en le refusant.
00:42:11Sous-titrage Société Radio-Canada
00:42:25Mademoiselle, remercie monsieur votre père pour nous tous.
00:42:45Et surtout pour moi.
00:42:45Et dites-lui bien que de tout ce que nous avons trouvé chez lui, ce n'est pas son vin qui nous a semblé le meilleur, quoiqu'il soit fort beau.
00:42:57Si vous le permettez, messieurs, je lui dirai seulement que vous avez aimé son vin.
00:43:02Savez-vous que Mademoiselle de Liocin commence presque à vous aimer?
00:43:14Non.
00:43:16Elle ne m'aime pas.
00:43:20Elle ne m'aime plus.
00:43:22Tout à l'heure, en partant, elle m'a rendu les bijoux de ma mère.
00:43:25Ne s'en rend plus à personne.
00:43:32Sinon à vous, Calyxte.
00:43:35Vous avez le poignet aussi fin que ma mère.
00:43:38Non, chevalier.
00:43:40Je ne veux pas.
00:43:50Si tu t'es ici, donc, à venir au crédé.
00:43:52Mademoiselle, c'est été.
00:43:53J'y viens, mais je n'y entre pas.
00:43:58Et toi, Jean, tu es plus entêté que moi.
00:44:03De qui tu entailles?
00:44:04De toi et de ton âme, Jean Sombreval.
00:44:08Je t'adjure de m'écouter encore cette fois.
00:44:09Ce sera la dernière.
00:44:11Est-ce que tu ne feras rien pour ton âme?
00:44:15Tu as renié comme Pierre, mais Pierre a pleuré.
00:44:17Et pitié de ton âme, Jean.
00:44:18Oh, mon âme!
00:44:21Si Calyxte y a perdu ses larmes,
00:44:22à quoi bon faire couler les tiennes?
00:44:25Je crois au sang.
00:44:27Rien ne peut le remplacer.
00:44:28Il est ce que vous appelez l'âme.
00:44:31L'âme.
00:44:33Ah, n'en parlons plus.
00:44:34Entre, au lieu de rester ici.
00:44:47Vous êtes tous perdus.
00:44:49Vous vous croyez vivants, vous êtes tous morts.
00:44:52Je vous vois tous morts, couchés dans vos tombes,
00:44:54aussi clairement que si le dessus était en verre.
00:44:56As-tu bientôt fini?
00:44:56Oui, Jean.
00:44:59Les murs de ton château sont donc bien épais
00:45:01qu'ils t'empêchent d'entendre la rumeur
00:45:03qui gronde autour de vous.
00:45:05De quoi veux-tu parler?
00:45:07Tu ne devines donc pas ce qu'ils disent partout
00:45:08de ta fille et de toi.
00:45:11Ils ne disent plus
00:45:12la fille du prêtre.
00:45:14Ils disent maintenant
00:45:14la catin au prêtre.
00:45:17Tu es bien fort, Jean.
00:45:22Et Samson n'était plus que toi
00:45:23et avec toute sa force,
00:45:24il mourut sous les piliers
00:45:25et la toiture du temple.
00:45:38Entrez.
00:45:42Entrez, monsieur le curé.
00:45:43Il faut monter très haut pour me voir.
00:45:48Excusez-moi.
00:45:49Je sais bien partout où vous voudrez m'entendre,
00:45:53monsieur Sondre.
00:45:55Je suppose que vous êtes venu
00:45:57pour m'entretenir
00:45:58des intérêts de mon âme.
00:46:01N'est-ce pas?
00:46:06Il s'agit avant tout de votre fille, monsieur.
00:46:11Je suis aussi le père de mademoiselle Calixte.
00:46:13le père spirituel de cette âme chrétienne.
00:46:18Et quoi que vous ayez préféré
00:46:20à cette paternité,
00:46:21celle de la nature,
00:46:23vous avez su,
00:46:25quand vous exerciez votre ministère,
00:46:28combien cette paternité
00:46:29est aussi puissante.
00:46:32Pardon.
00:46:34Pardon
00:46:34de toucher à ces malheureux souvenirs,
00:46:38mais
00:46:38ne prenez aucune précaution vis-à-vis de moi.
00:46:40ne songez qu'à ma fille.
00:46:46Votre fille,
00:46:47monsieur,
00:46:48souffre par vous.
00:46:53Hélas,
00:46:54oui,
00:46:56par vous,
00:46:57qui l'aimait.
00:46:57personne que vous
00:47:00ne peut t'empêcher cette douleur.
00:47:08Les crimes les plus grands
00:47:09ne sont pas ceux de la chair,
00:47:11mais ceux de l'esprit.
00:47:13le prêtre que je suis
00:47:27ne peut diminuer l'horreur
00:47:28que les fidèles éprouvent à votre endroit.
00:47:30Mais aujourd'hui,
00:47:31l'horreur est dépassée.
00:47:33On vous accuse.
00:47:34Seulement,
00:47:35on ne vous accuse pas seul.
00:47:38Vous pouvez mépriser ainsi les hommes
00:47:40pour ne pas craindre leur jugement,
00:47:42mais le déshonneur de votre fille,
00:47:44monsieur,
00:47:46êtes-vous de force à le supporter.
00:47:48À l'heure qu'il est,
00:47:50votre enfant,
00:47:52votre virginal enfant,
00:47:54est déshonoré.
00:47:56Et c'est de vous,
00:47:57son père,
00:47:59qu'on se sert pour la déshonorer.
00:48:00Il vous accuse d'inceste.
00:48:04C'est imbécile.
00:48:06Ces monstres de charité chrétienne
00:48:07ont raison de penser tout de moins.
00:48:10Je suis un prêtre
00:48:11qui a renié son dieu.
00:48:13Mais calixte.
00:48:16C'est imbécile.
00:48:19Mais fou.
00:48:19Oui.
00:48:21C'est insensé.
00:48:23Oui, c'est insensé.
00:48:26Mais que deviendrait-elle ?
00:48:29Si ce murmure abject venait jusqu'à elle.
00:48:33Nous ne me l'adurerons pas.
00:48:36Je ne la laisserai pas périr
00:48:38sous le talon de ces bruts.
00:48:39Et que ferez-vous,
00:48:40monsieur Sambreval ?
00:48:46Et vous, l'abbé ?
00:48:52Que feriez-vous ?
00:48:55Moi.
00:48:59À votre place,
00:49:03je me séparerai, ma fille.
00:49:05Oui, c'est cruel, je le sais.
00:49:08Mais,
00:49:10si vous voulez vous laver de cette calomnie,
00:49:14il vous faut une preuve éclatante.
00:49:17Mettez votre fille dans un couvent.
00:49:19Vous pourrez la voir.
00:49:21Aussi souvent qu'il vous plaira,
00:49:23l'accusation sera devenue sans objet.
00:49:24À leurs yeux,
00:49:29elle sera toujours noire
00:49:30de mon ombre et de mon crime.
00:49:35Ce qu'il faut,
00:49:38c'est m'ôter de sa vie,
00:49:40moi.
00:49:43Donnez-moi huit jours.
00:49:43Votre main,
00:49:50monsieur Sambreval.
00:50:01Dans huit jours,
00:50:02revenu au canet.
00:50:04Mais pas ici.
00:50:06Chez ma fille.
00:50:06Et en attendant,
00:50:09en attendant,
00:50:20priez pour moi,
00:50:21monsieur le curé.
00:50:21Christ.
00:50:45Tu pries pour que je me convertisse ?
00:50:48Ma prière sera plus forte
00:50:49que votre obstination.
00:50:53Pourquoi ne croyez-vous pas ?
00:50:57Ma pensée n'est pas libre
00:50:58de se faire autre chose
00:50:59qu'une foi scientifique.
00:51:03Je prierai tant
00:51:04que Dieu vous enverra la foi
00:51:07comme il me l'a envoyée.
00:51:11Souvenez-vous
00:51:12avec quel emportement
00:51:13je suis devenue chrétienne.
00:51:14si tard.
00:51:18Je suis jaloux
00:51:19de ton Dieu.
00:51:21Et comme il est aussi
00:51:22jaloux de ceux
00:51:23qu'il aime.
00:51:35Retrez.
00:51:44Votre Dieu n'intervient que
00:52:00pour des exigences
00:52:02soudaines et cruelles.
00:52:05Et je réplique
00:52:06en me dressant contre lui.
00:52:08Le secret du salut
00:52:15de chacun
00:52:16n'est pas dévoilé.
00:52:19Sans doute.
00:52:21Mais il demeure
00:52:21le refus de l'homme.
00:52:24Seule réplique
00:52:24au silence de Dieu.
00:52:26Le silence de Dieu
00:52:27c'est justement
00:52:29ce que vous appelez
00:52:30le silence de Dieu
00:52:31qui me sert
00:52:32à éclairer
00:52:32le cœur des hommes.
00:52:33J'en viens
00:52:43à mépriser
00:52:44les hommes.
00:52:46Serais-tu orgueilleux ?
00:52:50Par orgueil
00:52:51j'ai commis
00:52:52une faute.
00:52:54Je suis revenu ici
00:52:55pour défier le sort.
00:52:59Mais je ne connais
00:53:00ni le remords
00:53:01ni la révolte violente.
00:53:05Hypocrite alors ?
00:53:08Peut-être.
00:53:13Je n'ai qu'une vertu.
00:53:15J'aime ma fille
00:53:16plus que tout au monde.
00:53:22Tu me crois damné ?
00:53:26Nul n'a le droit
00:53:27d'en juger.
00:53:28Seule mon sacrifice
00:53:31peut sauver Calixte.
00:53:40Ne pensez qu'à Calixte
00:53:41en me parlant.
00:53:44Comme moi,
00:53:45je ne pense qu'à elle
00:53:46en vous écoutant.
00:53:54La nostalgie
00:53:55de la confession.
00:53:58L'Église.
00:54:01L'Église.
00:54:03L'Église.
00:54:05Qui sait très bien
00:54:06ce qu'elle fait
00:54:07lorsqu'elle veut être
00:54:08infatigable au pardon.
00:54:11A inventer la grâce
00:54:12qui peut toujours
00:54:14reprendre un homme.
00:54:15ne trouvez-vous pas
00:54:26que le visage
00:54:26de mon père
00:54:27a changé
00:54:27depuis quelques jours ?
00:54:30C'est vrai.
00:54:33Il est triste.
00:54:36Peut-être qu'il se heurte
00:54:37à l'impossible.
00:54:38Lui aussi.
00:54:44Non.
00:54:46C'est autre chose.
00:54:49Il n'y a pas
00:54:50de mélancolie.
00:54:52Il y a de l'espérance.
00:54:55Je suis heureux
00:54:56que vous soyez présent,
00:54:57chevalier.
00:55:00Calixte.
00:55:02Je t'amène,
00:55:02monsieur le curé de Néhou,
00:55:04qui venait
00:55:04te rendre aux visites.
00:55:05Désormais,
00:55:15je ne jetterai plus
00:55:17d'ombre
00:55:17sur ta vie.
00:55:20Tes prières
00:55:20ont triomphé
00:55:21de mon obstination.
00:55:23Monsieur Sambreval
00:55:24se souvient
00:55:24qu'il a été prêtre.
00:55:26Il veut leur devenir.
00:55:29Merci, monsieur le curé.
00:55:32Ma pénitence
00:55:32la plus cruelle
00:55:33sera de te quitter.
00:55:34Où irez-vous donc ?
00:55:36À Arras.
00:55:37Me jeter au pied
00:55:37de l'évêque
00:55:38et subir mon châtiment.
00:55:45Je vais te laisser seul.
00:55:47Mais n'es-tu pas
00:55:48l'enfant de la solitude ?
00:55:50Il est bon que vous retourniez
00:55:58tous les jours
00:55:58au canet et chevalier
00:55:59et qu'on le sache bien
00:56:01dans la courrée.
00:56:03On ne compromettra pas
00:56:04la fille de Jean Sambreval,
00:56:05l'ancien prêtre.
00:56:07Elle est née
00:56:07déshonorée.
00:56:10Je veux qu'elle guérisse
00:56:11et qu'elle vous aime.
00:56:13que mon Dieu
00:56:16sacrifice
00:56:16ait un sens
00:56:17et un effet.
00:56:19Il y en a déjà un,
00:56:21messieurs.
00:56:21Votre fille est heureuse
00:56:22et vous,
00:56:23vous allez retrouver Dieu.
00:56:26Mon Dieu,
00:56:27c'est Calyx.
00:56:29C'est mon seul Dieu.
00:56:31Comment ?
00:56:31C'est pour la sauver.
00:56:34C'est pour qu'on ne me la déshonore
00:56:35plus longtemps.
00:56:37C'est pour qu'elle puisse
00:56:38vivre heureuse avec vous,
00:56:39Nel.
00:56:40Avec vous,
00:56:41de cœur assez mâle
00:56:42pour l'épouser et la défendre.
00:56:45C'est pour cela
00:56:45que j'accepte
00:56:46cette ignoble singerie
00:56:48à laquelle je condamne
00:56:49ma vieillesse.
00:56:50Ma vie sera désormais
00:56:51une imposture
00:56:52volontaire,
00:56:55réfléchie,
00:56:56éternelle.
00:56:58Mais Nel,
00:56:59ce qui est
00:57:00n'était pas une imposture.
00:57:01C'était le bonheur
00:57:03de Calyxte.
00:57:05C'était votre joie
00:57:05à vous tous.
00:57:07Enfin,
00:57:09ce ne sera pas
00:57:09une imposture
00:57:10que la sainte ivresse
00:57:11de cette dame d'ange
00:57:12quand elle me verra
00:57:14absoude
00:57:16et redevenue prêtre.
00:57:18Vous auriez l'audace
00:57:19de dire la messe
00:57:20sans y croire.
00:57:22Oui, Nel.
00:57:24On ne profane
00:57:25les choses sacrées
00:57:26que quand on les croit
00:57:27sacrées.
00:57:31deileries.
00:57:33...
00:57:33C'est parti.
00:58:03Quand le maître n'est pas là, la vieille chienne garde l'enfant et se couche au seuil par fidélité.
00:58:18Lui direz-vous ce que vous savez maintenant, M. de Neu?
00:58:23Non, vous ne le lui direz pas.
00:58:26Et cependant, vous devriez le lui dire.
00:58:28Il n'y a que vous qui puissiez la disposer à apprendre ce qu'elle doit savoir, car elle doit le savoir.
00:58:35Je ne sais qu'une chose, c'est que le père de Calyxte veut redevenir ce qu'il a été autrefois.
00:58:40Oui, mais vous savez bien qu'il ne le peut pas.
00:58:44Il n'est pas plus repenti qu'il n'était.
00:58:46Et qui souffre le sacrilège le partage.
00:58:49La moitié du crime, c'est la complicité.
00:58:51Il faut que Calyxte vive.
00:58:52Allez, allez, allez la trouver, allez la tromper.
00:58:59Ne lui prenez pas la main.
00:59:02Qu'elle ne sente pas que la vôtre est froide et qu'elle tremble ce soir.
00:59:05Et ne la regardez pas non plus.
00:59:08Car elle verrait derrière vos yeux ce qu'un chat huant comme moi y a vu dans cette heure de nuit.
00:59:12Merci d'être revenu si vite.
00:59:36Dites-moi où vous l'avez laissé et les derniers mots qu'il vous a dit.
00:59:39Je l'ai conduit jusqu'au séminaire.
00:59:45Le dernier mot qu'il m'a dit pour vous est celui-ci.
00:59:50Qu'il pense à elle et à sa santé.
00:59:53Car elle est ma vie.
00:59:58Quand vous êtes pâle,
01:00:00vous seriez-vous fatigué pour me revenir plus vite ?
01:00:04C'est vrai, je suis là.
01:00:06J'ai eu moins de force depuis que j'ai voulu mourir pour vous.
01:00:07J'ai moins de vie.
01:00:18Je n'ai pas pu vous donner tout.
01:00:22Pourtant, je vous en ai donné.
01:00:27Laissez-moi vous soigner encore un peu.
01:00:28Merci.
01:00:48Que cela ait bon servi par vous.
01:00:50En vous voyant, j'ai pensé à cette vie intime
01:00:54et sainte aussi que vous m'ayez refusé.
01:01:01Que peut-être que vous n'avez plus de raison de me refuser.
01:01:03Mais qu'y a-t-il donc, Malgain ?
01:01:18Il y a donc quelque chose qui vous avertit
01:01:26que je suis un oiseau de mauvaise augure.
01:01:29Qu'y a-t-il ?
01:01:30Il y a, M. le curé,
01:01:32que vous, la sainteté même,
01:01:34avez menti ce matin en prêchant.
01:01:36Sombroval n'a pas été touché par la grâce.
01:01:37Il n'a pas changé.
01:01:40Il vous a menti, M. le curé.
01:01:43Allez-vous laisser s'accomplir un nouveau sacrilège.
01:01:46Mais qui vous a dit de pareilles choses ?
01:01:53Je le sais.
01:01:58Ah oui, vos visions.
01:02:02J'aime mieux croire à ce que je vois, moi,
01:02:04qu'à ce que vous savez.
01:02:05C'est vrai que les âmes ne sont pas transparentes.
01:02:14Mais j'aime mieux croire à Sombroval qu'à vous.
01:02:17M. le curé,
01:02:20saviez-vous ce qu'on disait de lui et de sa fille
01:02:21avant qu'ils ne partent pour Arras ?
01:02:23Bien entendu.
01:02:25Je l'ai appris à l'abbé Sombroval.
01:02:28Ce n'est pas vous qui lui avez appris ses infamies,
01:02:30c'est moi,
01:02:31la veille du jour où il vous a reçu au canet.
01:02:33Je dis la vérité.
01:02:39Sa résolution était prise de vous tromper,
01:02:41de nous tromper tous,
01:02:42par furie d'amour pour son enfant.
01:02:50Il ne s'agit plus de Sombroval.
01:02:54Sombroval est damné.
01:02:56Il s'agit de Dieu,
01:02:59M. le curé.
01:03:03Pourquoi portez-vous toujours ce bandeau autour du front ?
01:03:15Vous voulez le savoir ?
01:03:18Je suis née avec cette marque,
01:03:25mais mon père ne veut pas qu'on la voie.
01:03:26Je lui écris
01:03:33et il me répond chaque jour.
01:03:36Il me sait heureuse à chaque instant de ma vie.
01:03:41Mais vous, vous allez le voir
01:03:42et quand vous reviendrez,
01:03:45c'est un peu de lui que vous me rapporterez.
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01:07:57Je ne vous dirai pas les luttes par lesquelles j'ai passé entre ma conscience de prêtre averti et ma pitié d'homme et d'ami.
01:08:07J'ai craint de devenir fou, mais j'ai craint plus encore d'être par mon silence le complice du crime qui se consomme.
01:08:20Dieu a pris, Dieu a pris pitié de ma misère et m'a tiré de cette torture et depuis ce moment, j'étais tenu de tout vous dire.
01:08:32« Et quoi qu'il peut arriver, il me faut faire pénétrer la lumière dans vos yeux et vous jeter entre Dieu et votre père.
01:08:44Malgaine avait jeté le doute en moi, vous connaissez la foi de cette âme singulière et l'affection qu'elle porte à votre père.
01:09:02Pourtant, elle l'a accusée avec obstination de mensonge.
01:09:10Je suis désolé du mal que je vais vous faire, mais je vous connais.
01:09:19Vous me pardonnerez.
01:09:26Je préfère l'affreux mal que vous souffrez déjà à l'ignorance où vous seriez resté du sacrilège.
01:09:34Oui, du sacrilège de votre père.
01:09:40De ce crime commis par amour pour vous et que seul au monde, avec un homme comme son breval et un pareil amour de père,
01:09:49vous êtes capable d'empêcher.
01:09:58Je crois, je sais que l'accusation de Malgaine est fondée.
01:10:19Monsieur Nel, mademoiselle va mourir.
01:10:36Monsieur, est-ce plus grave cette fois-ci ?
01:10:39Tout peut être grave, monsieur, dans l'état de faiblesse où elle se trouve.
01:10:41Qu'est-il arrivé ?
01:10:57C'est l'abbé Méotis qui m'a fait appeler.
01:11:01Il était hors de lui, incapable de rien expliquer.
01:11:04J'ai déjà vu Mademoiselle Sombreval plonger dans d'étranges léthargies.
01:11:12Mais aujourd'hui, on dirait un transport au cerveau.
01:11:16Un vaisseau s'est rompu.
01:11:20Ou bien elle a subi une émotion d'une violence particulière.
01:11:25De mauvaises nouvelles de son père, peut-être.
01:11:27Non, je reviens d'Arras.
01:11:30Et monsieur Sombreval se porte le mieux du monde.
01:11:34Et vous dites que monsieur le curé a refusé de s'expliquer.
01:11:37Il n'a pas positivement refusé, il en paraissait incapable.
01:11:42Savez-vous où il se trouve ?
01:11:44À la chapelle, je crois.
01:11:49Faites prévenir son père.
01:11:50Vous saviez la vérité.
01:11:58Et vous l'avez appris à Calixte.
01:12:03Vous êtes un assassin et un fou.
01:12:06Vous pouvez faire de moi ce que vous voudrez.
01:12:10Je comprends votre colère.
01:12:13Hélas, oui.
01:12:15C'est moi qui suis la cause de tout ce mal.
01:12:17J'en souffre presque autant que vous.
01:12:21Et pourtant,
01:12:23il m'est impossible de m'en rappentir.
01:12:31Eh bien, moi, je me suis tu.
01:12:34J'ai partagé le crime de cet homme.
01:12:38Vous aviez raison.
01:12:40C'est un imposteur.
01:12:43Je le savais.
01:12:47Je ne pouvais pas l'accepter.
01:12:50Je l'ai bien accepté, moi.
01:12:52Calixte était heureuse.
01:12:54Elle pouvait m'aimer,
01:12:55rendre ses voeux,
01:12:56devenir ma femme.
01:12:58Voilà ce qui comptait.
01:13:00Tout le reste était oublié.
01:13:02Pour moi,
01:13:04le reste comptait.
01:13:06Elle nous voit.
01:13:30Enfin.
01:13:32Enfin.
01:13:35Mon père.
01:13:39Il va rider.
01:13:44Il faut
01:13:44qu'il me jure
01:13:47de faire son salut.
01:13:52Il ne peut plus me le refuser à présent.
01:13:53pour mes métros.
01:14:02Pour mes métros.
01:14:19Monsieur la veille.
01:14:21Lorsque j'étais enfant, je voulais devenir dans mes lignes, je vous donnais le transmis
01:14:46comme religieux.
01:15:16Je ne savais pas, je ne savais pas.
01:15:36...
01:16:05Elle est vivante. Elle n'est pas morte.
01:16:28Qu'est-ce que tu veux ?
01:16:33Je te ramène à la vie.
01:16:38Qu'est-ce que tu veux ?
01:16:48Qu'est-ce que tu veux ?
01:16:52Qu'est-ce que tu veux ?
01:16:53Je suis morte.
01:17:02Jean, si tu n'avais pas perdu la foi, ta douleur serait moins amère.
01:17:16Laisse dormir cet enfant jusqu'au jour du jugement, dans la paix du Seigneur.
01:17:23Ne me parle plus de ton Seigneur.
01:17:27Tes doigts étaient renversés.
01:17:31Sa paix me ramène au cœur, s'il le peut.
01:17:36Je l'en défie.
01:17:42Je ne croyais pas à leur Dieu.
01:17:45Mais parce que tu y croyais, j'ai fait comme si j'y croyais.
01:17:51Je redeviens ce que j'étais.
01:18:01Je redeviens le Sombreval qui n'a jamais eu d'autre Dieu que toi.
01:18:08Jean, Jean Sombreval, rend ta fille à la terre du bon Dieu.
01:18:16Le bon Dieu.
01:18:18Où est-il, le bon Dieu ?
01:18:20S'il pouvait exister, je le haïrais comme un bourreau.
01:18:30Alors, il faut que le sort s'accomplisse.
01:18:38Sous-titrage MFP.
01:19:08C'est parti.
01:19:38C'est parti.
01:20:08C'est parti.
01:20:38C'est parti.
01:21:08C'est parti.