Dans son édito du 11/05/2025, Elodie Huchard revient sur les récents évènements tels que les prisons attaquées ou les rodéos urbains, des faits dangereux pour la République.
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00:00Un pompier entre la vie et la mort pour avoir tenté de stopper un rodeo urbain, des maires menacés qui portent plainte,
00:06un gendarme en civil ciblé à l'arme de guerre, un professeur menacé dans les Yvelines.
00:11Voilà la triste actualité du week-end.
00:12Et Elodie Huchard, vous nous dites ce matin, il ne faut pas s'y tromper, et c'est vrai qu'on le rappelle souvent sur ces news,
00:17ce ne sont pas des faits divers, mais de vrais faits de société.
00:20Oui, parce qu'on voit qu'à travers ces malheureuses victimes, c'est véritablement la République et tous ceux qui la servent qu'on attaque.
00:27Vous venez de citer un certain nombre de professions, il y a aussi souvent malheureusement les personnels soignants.
00:32Et il ne faut pas être naïf, ces victimes malheureusement sont ciblées précisément parce qu'elles sont professeurs, enseignants, pompiers, gendarmes.
00:38Mais évidemment, c'est bien là le problème. Il n'y a pas d'accident, il n'y a pas de maladresse, même dans les menaces.
00:43C'est parfaitement une stratégie assumée par ceux qui ne veulent pas défendre la République,
00:47mais au contraire qui veulent abattre complètement notre République.
00:50Et on voit la volonté de s'en prendre à l'État à travers les personnes qui la représentent ou qui travaillent pour lui.
00:55Ce qui frappe d'abord, c'est la répétition de ces faits. On ne peut pas dire que ce sont des faits isolés.
01:00On vient effectivement de lister malheureusement les faits des derniers jours. On le fait souvent sur ce plateau.
01:04Si on prend l'exemple des maires, c'est 69% des maires, selon le Sevipov, qui disent avoir été victimes d'incivilité.
01:10Ce n'est pas un chiffre quand même qui est anodin. Et donc, ce ne sont pas des faits isolés.
01:14Il y a malheureusement une vraie toile de fond où on veut s'en prendre à tous ceux qui peuvent représenter la République.
01:19C'est une violence aussi extrême à chaque fois. Quand on voit par exemple des policiers, des gendarmes qui demandent à leur enfant de ne pas dire quel métier ils font.
01:27Quand on voit des policiers, des gendarmes dont les adresses sont divulguées sur Internet.
01:31Quand on voit ce qui est arrivé à ce pompier, non seulement on lui a roulé dessus, mais en plus, après, on lui a craché dessus.
01:36C'est-à-dire que la personne qui a tenté de le tuer jusqu'au bout est véritablement allée dans l'abject.
01:41Et on voit que pour eux, peu importe la conséquence de leurs actes.
01:44C'est-à-dire que le but étant de menacer, d'agresser physiquement, voire de tuer.
01:48Alors, les conséquences de tout cela, malheureusement, et on le voit déjà, c'est une potentielle crise d'évocation dans toutes les professions que je viens de vous citer.
01:55Ce sont souvent des professions qui demandent un engagement total.
01:58C'est d'ailleurs pour ça que ces serviteurs de l'État s'engagent.
02:01Mais souvent, les compensations ne sont quand même pas extrêmement importantes.
02:04Et là, une fois de plus, quelques chiffres chez les maires.
02:06Depuis 2020, on a 2400 maires qui ont démissionné.
02:09Ça n'est pas anodin.
02:10Et 57000 postes de conseillers municipaux qui ne sont plus occupés.
02:15Élodie, la République est attaquée.
02:17C'est insupportable pour tous les Français qui nous écoutent ce matin.
02:21Et on a le sentiment que finalement, elle n'a pas les moyens de se défendre.
02:25Et on a un peu l'impression que la République est presque bipolaire.
02:28Chaque fois qu'il y a un de ces drames, on dénonce, on s'émeut.
02:31Mais finalement, qu'est-ce qu'on fait vraiment ?
02:33On a l'impression d'avoir une République qui encaisse
02:36et des voyous qui connaissent mieux les lois finalement que nous
02:38et qui s'en jouent.
02:40Alors souvent, on a eu tendance à mettre en place des mesurettes
02:43qui ne servent pas forcément à grand-chose,
02:44sous le coup de l'émotion.
02:45Pour les maires, par exemple, on met en place un bouton anti-alarme pour élus.
02:48Vous êtes dans votre mairie, vous faites agresser,
02:50vous appuyez sur un bouton, ça appelle la gendarmerie.
02:52C'est sans doute mieux que rien.
02:53Est-ce que c'est à la hauteur ?
02:55Sans doute pas.
02:55On engage aussi à chaque fois, il faut aller porter plainte.
02:58Évidemment que c'est nécessaire.
03:00Mais quand vous allez porter plainte, ça veut dire que l'agression a déjà eu lieu.
03:02Et donc, il faut une prise de conscience.
03:04D'abord, évidemment, de la classe politique et de toute la classe politique.
03:07Parce qu'on voit une partie de la classe politique, souvent classée à gauche,
03:10qui, sur ces faits, ne monte pas souvent au créneau.
03:13Voir pire, quand vous avez des manifestations menées par la France insoumise
03:16pour dire que la police tue.
03:18Quand on voit des pancartes où, je les cite,
03:19un bon flic est un flic mort, ça participe totalement à cette ambiance.
03:24Parce qu'il y a les actes et aussi il y a l'ambiance globale
03:26qui fait qu'aujourd'hui, on voit bien que certains se sentent abandonnés.
03:30Les professeurs, les médecins, les gendarmes.
03:32Mais donc, la prise de conscience, elle doit aussi venir des Français.
03:35Parce qu'avant, le policier, le professeur, c'est quelqu'un qu'on respecte.
03:38C'est quelqu'un qui fait peur, quand même, quelque part.
03:40Mais aujourd'hui, c'est quelqu'un, en fait, tout simplement,
03:42à qui on veut s'attaquer.
03:44Pour certains, l'État ne les protège pas.
03:46L'État, il faut l'abattre.
03:47Et alors, dans ces cas-là, on nous sort le fameux stage de citoyenneté.
03:50On apprend les valeurs de la République.
03:51Alors, c'est génial, d'apprendre les valeurs de la République
03:53à ceux qui ne veulent pas respecter ces valeurs.
03:55De toute façon, ça ne marche pas.
03:57Et on le voit bien.
03:58Il faut quand même reconnaître qu'il y a des pistes
03:59qui commencent à émaner, notamment sur les redeuils urbains.
04:02Il y a quelques jours, Gérald Darmanin, le garde des Sceaux,
04:04proposait de confisquer systématiquement les véhicules,
04:08même avant le jugement,
04:08et soit de les détruire, soit de les revendre,
04:11avant même qu'il y ait un jugement.
04:12Il y a un manque de moyens pour lutter contre ces fléaux
04:15ou, finalement, un manque de volonté politique ?
04:18Un peu les deux.
04:19Manque de moyens parce qu'il faut reconnaître, malheureusement,
04:21qu'il y a une incapacité à protéger tous ceux qui servent la République.
04:25Il n'y a pas les moyens humains, pas les moyens financiers, ça c'est sûr.
04:28Et surtout, l'un engendre l'autre.
04:30C'est-à-dire que s'il y a une volonté politique,
04:32ça demande du temps, de l'argent, un Parlement pour voter des lois.
04:36Il faut bien reconnaître que, pour l'instant,
04:37le gouvernement actuel manque des trois.
04:40Par exemple, si on veut une politique pénale ferme,
04:42ça veut dire qu'il faut construire des prisons,
04:43que, potentiellement, il faut recruter.
04:45On n'a pas forcément les moyens de le faire.
04:47Et puis, finalement, aujourd'hui, il y a deux solutions.
04:49Soit on trouve une politique répressive,
04:51qui soit véritablement dissuasive.
04:53Il faut bien reconnaître qu'on est très, très loin du compte, pour l'instant.
04:56Ou alors, on devient une République bunkerisée.
04:58On fait attention à tout.
04:59Devant les écoles, vous avez des portiques
05:00où les parents n'ont pas le droit de rentrer.
05:02Mais qui sera prêt à assumer cela ?
05:04Et d'ailleurs, est-ce qu'on a vraiment envie
05:05que les enfants aillent à l'école de cette manière-là ?
05:08On en a débattu aussi tout à l'heure pour le rodeo urbain.
05:10On se pose la question d'aller au contact, au contact tactique.
05:13Mais comment assumer, ensuite,
05:14quand il y aura une course-poursuite dans une ville
05:16ou potentiellement un passant est tué ?
05:17Qu'est-ce qu'on fait qui protégera les policiers ?
05:19C'est-à-dire qu'à chaque fois qu'il y a des politiques qui sont ambitieuses,
05:21elles se heurtent aussi à la réalité du terrain.
05:25Il faut quand même faire attention
05:25parce que toutes ces professions qu'on attaque systématiquement,
05:29ça crée une crise d'évocation, comme je vous le disais.
05:31Ça crée une crise de sens de l'engagement.
05:33Et in fine, qu'est-ce qui va se passer ?
05:35Ça veut dire peut-être moins de policiers,
05:36des policiers moins motivés,
05:37des policiers qui ont moins envie.
05:39Et à la fin, et comme souvent, malheureusement,
05:40ce sont les honnêtes gens qui veulent profiter
05:42de ces services publics qui vont trinquer.