Catégorie
📺
TVTranscription
00:00Je crois qu'aucune autre famille dans la lutte,
00:11qu'elle soit de sang ou professionnelle,
00:14n'a eu une portée, une influence et un impact aussi grand que la famille Graham.
00:19Graham assène le coup le plus violent de l'histoire de la lutte.
00:22Eddie Graham n'était pas seulement un bon lutteur et un bon promoteur,
00:26c'était un visionnaire.
00:27Dans la Championship Wrestling from Florida d'Eddie, c'est la lutte qui comptait
00:31et les combats principaux étaient violents.
00:34Il offrait un cirque au public.
00:37Eddie Graham remonte dans le ring.
00:40Eddie Graham est un géant de la lutte professionnelle.
00:43Il domine son époque et transmet son glorieux héritage à son fils unique, Mike.
00:48Les fils de tous les grands athlètes sont observés de près,
00:51mais Mike Graham ne se laissait pas intimider.
00:53Il sentait peut-être qu'il devait être aussi bon que son père.
00:58Mike Graham suit les traces de son père et atteint des sommets dans la lutte.
01:03Mais il plonge dans son propre monde de douleur, de dépendance et de tristesse.
01:08La culture de la lutte est impitoyable.
01:11Il faut avoir cette carapace qui fait que rien ne nous atteint.
01:15Il subissait de la pression de toutes parts.
01:19Mike gardait tout en dedans, comme son père.
01:22La pomme n'est pas tombée loin de l'arbre.
01:25On balaissa sous le tapis dans certaines familles.
01:28À qui peut-on demander de l'aide ?
01:30Voici l'héritage tragique d'une dynastie de lutteurs
01:33hantée par l'autodestruction et le suicide.
01:36J'ai l'immense regret de vous annoncer le décès prématuré d'un ami,
01:40d'un collègue et d'un meneur.
01:42C'était comme si quelqu'un avait largué une bombe.
01:45Le grand-père, le père, puis le fils.
01:50C'est dans les gènes de la famille.
01:53Quand les projecteurs s'éteignent et qu'il n'y a plus de ring, c'est le vide.
01:56La championship wrestling from Florida
02:08est l'une des fédérations les plus respectées et prospères de l'histoire.
02:13En Floride, les membres de la famille Graham ont laissé un héritage.
02:18Ils ont incarné la lutte professionnelle pour des millions de personnes,
02:21partout dans l'État pendant presque 30 ans.
02:23Un membre de la famille était toujours sur la carte,
02:26dans un combat principal ou en coulisse.
02:30Dans leurs années de gloire,
02:32ils vendaient un million de billets par année en Floride
02:34et leur code d'écoute était digne du Super Bowl.
02:38Je devais avoir l'habitude, quand on n'a rien connu d'autre,
02:41c'est la normale.
02:42Je savais que ça occupait une grande partie de la vie de mon grand-père et de mon père.
02:46Je m'appelle Nicole Gossett.
02:49Eddie Graham était mon grand-père et Mike Graham mon père.
02:52On voit Eddie Graham au centre du ring et son fils Mike observe attentivement.
02:57Chaque dimanche, ils allaient combattre au stade Eddie Graham.
03:00À la première heure, mon grand-père appelait mon père pour qu'il discute de la soirée.
03:05À notre réveil, on allait dans la salle familiale voir qui dormait sur le canapé.
03:09Plusieurs lutteurs ont dormi sur notre canapé.
03:14À ses débuts, c'est là que dormait Magnum T.A., Terry Allen.
03:17Il était si gentil.
03:19J'avais l'habitude d'être entourée de personnalités bruyantes.
03:23Celui qui me faisait peur, c'était André le géant.
03:26Quand il s'est penché pour passer la porte, j'ai paniqué.
03:29Il m'a fait peur.
03:31C'était l'entreprise familiale.
03:34Tout le monde voulait être dans l'équipe de la Championship Wrestling from Florida.
03:39Pour l'argent, pour les conditions météo, pour les filles et aussi pour apprendre d'Eddie Graham.
03:46Je m'appelle Jim Cornett.
03:48J'ai fait carrière pendant 40 ans dans la lutte professionnelle,
03:51mais depuis plus longtemps encore, je suis collectionneur et historien.
03:55Eddie pouvait faire croire qu'il était le pire dur à cuire de la Floride.
04:00C'est exactement ce que la plupart des amateurs croyaient.
04:03Il avait un magnétisme.
04:05On avait envie de l'écouter et si on travaillait pour lui, on voulait le suivre.
04:09C'était un meneur, un général.
04:12Je suis né dans les montagnes du Tennessee.
04:14Si on n'avait pas de cœur et de passion, on était mort.
04:17Alors je ne vais pas abandonner.
04:19C'est ce qu'il faut retenir.
04:21Et voilà, c'était les commentaires d'Eddie Graham.
04:24Quel lutteur.
04:26Et surtout, quel homme.
04:28Eddie était une légende en Floride.
04:30La foule réagissait dès qu'il s'approchait du ring.
04:34Je m'appelle Kevin Sullivan.
04:36J'ai travaillé pendant des décennies pour la famille Graham.
04:39Je suis lutteur depuis plus de 50 ans.
04:42Ton cauchemar ne fait que commencer.
04:46Eddie mesurait environ 1,80 m.
04:47et avait des épaules larges et des cheveux blonds décolorés.
04:51Il avait une grande présence.
04:53Il n'y avait personne d'autre dans sa catégorie.
04:56C'était le génie de l'industrie, notre Einstein.
05:00Eddie venait des montagnes de Chattanooga.
05:03Il avait une enfance difficile.
05:04Son père était mort jeune.
05:06Eddie a appris à l'école des coups de poing.
05:09C'était un petit dur, un garçon de la campagne.
05:13Je m'appelle Dutty Curtis
05:15et je suis la femme de feu Don Curtis.
05:20Don était un brillant lutteur.
05:25Don et Eddie se sont rencontrés vers 1952.
05:29Ils sont devenus amis
05:30et Eddie a demandé à Don de venir à Jacksonville.
05:35Il y a été promoteur pendant plusieurs années.
05:37« Graham, il va d'un coup solide à la gorge. »
05:40Eddie Graham était probablement
05:44l'un des meilleurs lutteurs
05:46qui combattait à cette époque.
05:49Je ne crois pas qu'il y aura un autre Eddie Graham.
05:52Bien que né Edward Gossett,
05:54la carrière de lutteur d'Eddie
05:55est à jamais bouleversée lorsqu'il adopte le nom
05:58Graham de l'un des plus grands du ring.
06:01Le premier membre de la dynastie
06:03de la famille de lutteurs Graham
06:05était Dr. Jerry Graham.
06:08Il avait les cheveux décolorés,
06:10se comportait comme une vedette
06:11et avait la langue bien pendue.
06:13« On sera champions internationaux en duo
06:15dès la fin de ce combat.
06:17Ce sera le meilleur des combats. »
06:19Il n'y avait plus d'équipe de frères
06:21à cette époque à New York.
06:23Mais si on trouvait un gars qui nous ressemblait,
06:26personne ne demandait de certificat de naissance.
06:28On pouvait dire qu'on était frères.
06:29Eddie Gossett vivait au Texas
06:33et luttait sous le nom de Rip Rogers.
06:36Plusieurs lui disaient qu'il ressemblait à Jerry Graham.
06:40Jerry et Eddie se sont rencontrés
06:42et en 1958,
06:44les frères Graham,
06:45les Golden Graham,
06:47dominaient en équipe
06:48le plus grand marché télévisuel du pays,
06:50là où la lutte était déjà populaire.
06:53Ils luttaient dans le stade le plus célèbre du monde,
06:55le Madison Square Garden.
06:57« Docteur Graham connaît le traitement
06:59pour ce mal de dos lancinant.
07:01Eddie opère pendant que Jerry approuve du regard. »
07:04Si on remplissait le Madison Square Garden,
07:06on remplissait tous les stades.
07:08« Eddie et docteur Jerry
07:10formaient un duo fantastique,
07:13détestés de tous.
07:15Ils attiraient les foules. »
07:18« Avec les combats principaux
07:20au Madison Square Garden,
07:21ils devaient faire dans les six chiffres
07:23par année en 1958 et 1959.
07:27Ça donnerait quelque chose
07:28comme un million de dollars chacun aujourd'hui. »
07:32Auréolé de gloire
07:33et avec de l'argent
07:33à ne plus savoir qu'en faire,
07:35Eddie et Jerry font sensation dans les stades.
07:38Bientôt, le comportement de Dr. Jerry
07:40à l'extérieur du ring
07:41devient plus célèbre que ses combats.
07:44« Dr. Jerry Graham,
07:46malgré son génie de lutteur,
07:48était un alcoolique
07:49à la santé mentale fragile
07:51et il a connu et causé
07:54beaucoup de problèmes. »
07:55Pour impressionner des admirateurs,
07:57il allumait ses cigares
07:58avec des billets de 100 dollars.
08:00Ou encore,
08:01il entrait dans un bar de motards
08:03et fonçait tout droit
08:04vers un gars en criant
08:05« Hé, je m'appelle Couille !
08:07Et toi, t'en as ? »
08:10L'incident le plus troublant
08:12impliquant Jerry Graham
08:13se produit des années plus tard,
08:15dans sa ville natale,
08:16Phoenix, en Arizona.
08:17« Un jour, il a su que sa mère
08:20était hospitalisée.
08:22Il a appelé à l'hôpital
08:23et a dit au médecin
08:24que sa mère avait intérêt
08:26à sortir de là en santé.
08:28Mais elle est morte.
08:31Alors, Dr. Jerry Graham
08:33est arrivé avec un fusil
08:34de chasse de calibre 12,
08:36un pistolet de calibre 38
08:37et un couteau de chasse
08:39de 20 centimètres.
08:41Il a débarqué aux soins intensifs
08:44à tirer
08:45sur le médecin
08:48avant de descendre le couloir
08:51et d'agripper la civière
08:53dans laquelle reposait sa mère.
08:56Pendant qu'il la poussait
08:57dans le corridor,
08:58des aides-soignants
08:59et des internes sont apparues.
09:01Ils essayaient de l'arrêter.
09:03Il a pris le corps de sa mère
09:06et l'a jeté sur son épaule
09:08et il a crié
09:10« Je veux seulement l'enterrer ! »
09:13Jerry Graham excellait
09:18dans le métier
09:18qu'il avait choisi,
09:20mais il était aussi
09:21complètement fou.
09:25Après deux ans,
09:27Eddie Graham n'en pouvait plus
09:28d'être le partenaire
09:29de Jerry Graham
09:30et il a dû quitter
09:33le meilleur emploi
09:34qu'il ait jamais eu.
09:35En 1960,
09:37Eddie déménage
09:38sa famille de New York
09:39à Tampa,
09:40le centre névralgique
09:41de la Championship Wrestling
09:42de la Floride.
09:43C'était un visionnaire.
09:46Il savait évaluer
09:47son potentiel
09:47comme lutteur.
09:50Là-bas,
09:51il pouvait devenir
09:51une grande vedette
09:52et faire fleurir
09:54la Fédération.
09:56Au fil des 25 années
09:57qui ont suivi,
09:58en plus de devenir
09:59le meilleur
09:59et le plus populaire lutteur
10:01de l'histoire
10:01de la Floride,
10:03il s'est frayé
10:04un chemin
10:04pour finalement
10:05acheter la Fédération
10:06et en prendre
10:07le contrôle total.
10:09Il a fait prospérer
10:10la lutte en Floride
10:11et en a fait l'endroit
10:13où tous voulaient aller
10:15pour lutter
10:15et apprendre.
10:18Eddie a probablement
10:19acheté le territoire
10:20en sachant
10:21qu'il avait
10:22les ressources,
10:23les connaissances
10:24et les contacts
10:26avec la relève
10:26pour le hisser
10:27à un autre niveau.
10:31Je m'appelle
10:32B. Brian Blair
10:33et j'ai commencé
10:33à lutter en Floride
10:35en 1977.
10:36J'ai commencé
10:37ici à Tampa.
10:38Blair lui fait
10:39un enfourchement.
10:41C'était fou
10:42dans l'armory,
10:43la vraie fièvre
10:44du samedi soir.
10:45C'était très divertissant.
10:47Ce soir,
10:47l'armory est remplie
10:49à Tampa en Floride,
10:50le cœur
10:51de la Championship Wrestling.
10:53Tous les lutteurs
10:54de la Championship Wrestling
10:55from Florida
10:56se donnaient à fond
10:57tous les mardis soirs
10:58là-bas.
10:58J'ai grandi à Tampa
10:59et les lutteurs
11:00étaient populaires.
11:01On ne pouvait aller
11:02nulle part
11:02sans qu'un admirateur
11:03aborde mon père
11:04ou mon grand-père.
11:06Eddie Graham
11:07est maintenu
11:08de bonnes relations
11:09avec Vince McMahon,
11:10père,
11:11et plus tard
11:11avec Vince McMahon,
11:13fils et révélateur.
11:15Les autres promoteurs
11:17l'appelaient
11:17pour lui demander conseil.
11:20Le président
11:21de la NWA,
11:22Eddie Graham,
11:23décrit les conditions
11:24des contrats.
11:25Les deux lutteurs...
11:26La National Wrestling Alliance
11:28était une association
11:29de promoteurs
11:30de territoires régionaux
11:31de tout le pays.
11:33Aucune décision majeure
11:34n'était prise
11:35dans la NWA
11:36sans consulter
11:37Eddie Graham.
11:38Il en a été deux fois
11:39le président.
11:40Il était respecté.
11:42Mais c'était
11:43un homme complexe.
11:46Eddie avait
11:46des comportements
11:47violents.
11:48C'était un homme dur.
11:51Vous faisiez
11:52ce qu'il vous disait
11:52de faire
11:53ou vous sortiez.
11:54Eddie Graham
11:58souhaitait
11:59que la lutte
12:00conserve sa vraisemblance.
12:03Et les gars
12:03devaient se donner
12:04à fond
12:04pour que les gens
12:06croient que ce qu'il faisait
12:07était vrai.
12:09Eddie Graham
12:10était un maniaque.
12:11Il disait
12:12si quelqu'un ici
12:13se fait botter
12:14le derrière
12:14par un mark,
12:15c'est la porte.
12:16Autrement dit,
12:17si un amateur
12:18nous battait,
12:19on était congédiés.
12:20Il protégeait
12:21l'industrie
12:21à tout prix.
12:22On pourrait dire
12:23que le Tempaz
12:24Sportatorium
12:25était une sorte
12:27de chambre
12:28des horreurs.
12:29Les gars
12:29qui disaient
12:30vouloir lutter
12:31croyaient
12:31qu'ils n'avaient
12:32qu'à monter
12:32dans le ring
12:33et à se battre.
12:35Allez,
12:35monte,
12:36allez.
12:37Mais ils les mettaient
12:38à l'épreuve.
12:40Certains ne pouvaient
12:41pas le supporter.
12:43J'ai dû faire
12:43des choses
12:44dont je ne suis pas fier
12:46et que je n'aimais
12:49pas faire.
12:50Comme quoi?
12:51Quelques trucs.
12:51ils voulaient
12:53qu'on casse
12:54des os.
12:56Casse-lui le bras.
13:01Un gars
13:01avait été engagé
13:03pour la télé.
13:04Il avait fait
13:05des galas locaux.
13:07Il était
13:07bouché de profession.
13:10J'ai vu
13:10les oreilles
13:10d'Eddie
13:11se dresser.
13:12Le gars
13:13nous a dit
13:13qu'il nous ferait
13:13bien paraître
13:14et dirait
13:15du bien de nous.
13:17Il est allé
13:17dans son coin
13:18et Eddie
13:19m'a dit
13:19s'il ne ressort
13:20pas en sang
13:21tu pars.
13:26J'ai gardé
13:26mon emploi.
13:31L'ordre
13:31était de faire
13:32saigner cet homme.
13:33J'avais une famille.
13:35À cette époque
13:36c'était
13:37mon gagne-pain.
13:38Ce n'était
13:38pas le sien.
13:40Il allait
13:41retrouver son emploi.
13:43C'est le pire
13:44que j'ai fait.
13:46L'espoir
13:47intraitable
13:47d'Eddie
13:48de dominer
13:48l'industrie
13:49de la lutte
13:50le débore.
13:51Mais sa soif
13:52de pouvoir
13:52est loin
13:53d'être
13:53son seul défaut.
13:56Le lutteur
13:57et promoteur
13:58Eddie Graham
13:58est réputé
13:59pour son énergie
14:00féroce,
14:01son ambition
14:01sans borne
14:02et sa détermination
14:03à légitimer
14:04le sport.
14:05Eddie
14:06était fonceur.
14:08Il détenait
14:08un éventail
14:09de propriétés
14:10et de biens.
14:12Il ne se limitait
14:13pas à l'industrie
14:14de la lutte.
14:15Il voulait
14:16signer l'échec
14:17plutôt que
14:18les encaisser.
14:20Eddie
14:20voulait améliorer
14:21la perception
14:22de la lutte.
14:23Alors,
14:24il a commencé
14:24à s'impliquer
14:25avec le Boys Ranch
14:26et d'autres organismes
14:28de bienfaisance
14:28de toutes les villes
14:29et les comtés
14:30de Floride.
14:31Il faisait
14:31la promotion
14:32de programmes
14:33de lutte amateurs.
14:34Eddie
14:34était une vedette
14:35en Floride.
14:37Les politiciens
14:38lui léchaient
14:38les bottes.
14:40Être vu
14:40à la Championship
14:41Wrestling
14:42de Floride
14:43était important
14:43si on voulait
14:44se faire élire.
14:46Je suis certain
14:46qu'Eddie a reçu
14:47des services
14:48en retour.
14:49Eddie s'impliquait
14:51partout.
14:54Je crois
14:55que Eddie
14:55se mettait
14:56beaucoup de pression.
14:58Il ne voulait
14:59jamais échouer
14:59dans ses projets.
15:01Il excellait
15:02dans presque tout
15:03ce qu'il entreprenait,
15:05que ce soit
15:05de devenir pilote,
15:06capitaine
15:07ou plongeur.
15:07Le seul problème,
15:10c'est que l'alcool
15:12l'a envoûté.
15:14Un soir,
15:16Eddie buvait
15:16et il a décidé
15:18d'aller en bateau.
15:20Son fils Mike
15:21a paniqué
15:22en le voyant
15:23prendre sa voiture.
15:25Le jeune Mike
15:25a enfourché son vélo
15:26et il a roulé
15:28jusqu'à un pont
15:30qui enjambait
15:31le cours d'eau.
15:32Il avait l'intention
15:33de sauter du pont
15:34jusque sur le bateau
15:36parce qu'il craignait
15:38que son père
15:39se tue sur l'eau.
15:41Dieu merci,
15:42il a raté le bateau.
15:43Le bateau n'est pas passé.
15:45S'il avait sauté du pont,
15:47il se serait
15:48probablement noyé.
15:51Ça a fait peur
15:52à Eddie.
15:53Cet incident
15:54l'a fait dégriser,
15:56si je puis dire.
15:59Mike idolâterait
16:00son père
16:00et vice-versa.
16:02Vous m'avez dit
16:03que votre propre fils
16:04luttait.
16:05Oui, c'est vrai.
16:07En fait,
16:07j'espère qu'il participera
16:09au tournoi d'État
16:09dans la catégorie
16:10des 43 kilos.
16:12Quel âge a-t-il?
16:13Il a 10 ans.
16:14Même s'il était
16:15un père aimant,
16:16il était exigeant.
16:18Ses attentes
16:19étaient élevées
16:19envers Mike.
16:23Quand mon père
16:24a commencé la lutte,
16:26il utilisait
16:26le nom de Mike Graham.
16:27Ça le rendait peut-être
16:29un peu arrogant parfois.
16:31Pesant 101 kilos,
16:32Mike Graham!
16:34Mike Graham!
16:34Il m'a donné
16:36tous les outils
16:37pour devenir
16:39aussi bon que possible
16:40avant de devenir
16:41professionnel.
16:42Mais la pression
16:43venait de lui.
16:45Et j'aimais aller
16:46là où il n'allait pas
16:47parce que,
16:49au fond,
16:50je savais que je pouvais
16:51lutter sans être
16:52constamment surveillé.
16:54Mon grand-père
16:54a envoyé mon père
16:55dans le ring
16:56pour voir de quoi
16:57il était fait.
16:58Graham,
16:58se dégage.
16:59C'est l'arrachement
16:59et l'emmener au sol.
17:01Je me souviens
17:01que mon père me répétait
17:02de ne pas m'en faire.
17:03Plus ils sont gros,
17:04plus ils tombent fort.
17:06Il n'était pas
17:07intimidé par le gabarit.
17:09Mike était plus petit
17:11et n'avait pas
17:12la même personnalité
17:13extravertie.
17:15Mais il connaissait
17:16bien la lutte,
17:17ayant grandi
17:18avec Eddie Graham.
17:19Et voilà,
17:20un coup de départ!
17:21Mike Graham s'avance
17:23vers le ring.
17:23Il était vaillant.
17:27Il a fait partie
17:27de plusieurs bonnes équipes,
17:29mais il n'attirait
17:30jamais l'attention.
17:32Pour être franc,
17:33il ne voulait pas
17:33être le lutteur principal
17:35ou la grande vedette
17:36parce que les gens
17:36auraient dit
17:37que c'était à cause
17:37de son père.
17:39Mike a entendu
17:40bien des bêtises,
17:41mais il laissait faire.
17:44Il a mieux réussi
17:45à se fondre
17:45aux autres lutteurs
17:46que tous les enfants
17:47de promoteurs
17:48que j'ai connus.
17:50Graham frappe
17:50Kevin Sullivan.
17:51J'ai eu le plaisir
17:53d'être son partenaire
17:54et d'être son adversaire.
17:56Je ne peux pas le croire.
17:57Il faut le pendre.
17:58Je peux être violent,
17:59Sir Leven,
17:59je t'attends.
18:00Si on était
18:01dans les mauvaises grâces
18:02de Mike,
18:02on le restait.
18:03Il ne changeait pas d'idée.
18:05Il savait la pression
18:06qu'il subissait.
18:07Il ne pouvait pas
18:08rentrer chez lui
18:08après s'être fait battre.
18:11Mon grand-père
18:11était toujours en sang
18:12et mon père aussi.
18:15Comment ça se passait
18:16le matin à la maison?
18:17Eh bien,
18:18ma mère nous réveillait,
18:19mon frère et moi.
18:20mon père était encore
18:22au lit
18:22parce qu'il rentrait tard,
18:23qu'il avait la gueule
18:24de bois
18:25et qu'il était amoché.
18:27On allait le saluer
18:27le matin.
18:28Il avait un bandage
18:29taché de sang
18:30sur la tête,
18:31des marques de morsures
18:31sur les doigts
18:32et l'odeur de l'alcool
18:33émanait de son corps.
18:35On lui donnait un bisou.
18:37Au revoir, papa.
18:38Bonne journée.
18:39Je me tourne
18:40vers Mike Graham
18:41et je vous dirige...
18:42Alors qu'arrivent
18:43les années 1980,
18:45Mike Graham rejoint Eddie
18:46aux commandes
18:46de la Championship Wrestling
18:48from Florida.
18:50L'entreprise devient
18:51une pépinière
18:52de futures légendes
18:53comme Hulk Hogan,
18:54Ric Flair
18:55et Dusty Rhodes.
18:56Je suis le rêve!
18:58Je suis l'élu!
18:59Vie avec mon gars!
19:01Dusty était
19:02comme son deuxième fils.
19:05Il adorait Dusty
19:06et Dusty l'aimait aussi.
19:08Bien sûr,
19:09Dusty Rhodes
19:09était toujours présent.
19:10On allait à la plage ensemble.
19:12Dusty disait
19:12que les gros
19:13étaient plus beaux bronzés.
19:16Eddie Graham
19:17a pris Dusty
19:18sous son aile
19:19et il est devenu
19:20le lutteur le plus populaire
19:21de l'histoire de la Floride.
19:23Quand Dusty
19:24est devenu gentil,
19:25le territoire a explosé.
19:27On est devenu très proche.
19:29On était comme une famille.
19:30Le ring commence
19:31à se remplir.
19:32Jerry Briscoe monte,
19:33Dan Serrano,
19:34Brian Blair
19:35et bien d'autres.
19:36Alors que la jeune génération
19:38hisse le territoire
19:39à un autre niveau,
19:41Eddie,
19:41maintenant dans la cinquantaine,
19:43décide d'accrocher
19:44ses bottes pour de bon.
19:45Juste au moment
19:46où ses projets extérieurs
19:48à l'industrie
19:48commencent à lui causer
19:50des ennuis.
19:51La vie d'Eddie
19:52était mouvementée.
19:54Il était déchiré
19:55entre deux femmes.
19:56Il faisait des affaires
19:57avec des personnes louches.
19:59Je voyais
20:02qu'Eddie buvait trop.
20:05Il prenait peut-être
20:06trop de médicaments.
20:08Il avait beaucoup
20:09de problèmes
20:11dans sa vie personnelle.
20:14Quand il rentrait
20:16à la maison
20:16le soir,
20:18il croisait
20:21un magasin ouvert
20:23où il pouvait acheter
20:24une bouteille de vin
20:25bon marché.
20:26chaque fois qu'il revenait,
20:29il buvait
20:29toute la bouteille
20:30avant de la jeter
20:32par la fenêtre
20:33de la voiture
20:34dans le gazon.
20:37Un soir,
20:38le magasin
20:39était fermé
20:39à son retour.
20:40Il était si désespéré
20:42qu'il est allé
20:45dans le champ
20:46et l'a fouillé
20:48à genoux
20:50pour trouver
20:51toutes les bouteilles.
20:53Il est resté assis
20:55dans le champ
20:55et a bu le fond
20:57de chacune
20:58de ses bouteilles.
21:01À cette époque,
21:02l'alcool le contrôlait.
21:04Il ne pouvait pas
21:05s'arrêter.
21:07Aux prises
21:08avec l'alcoolisme
21:09et accablées
21:10par des problèmes
21:11personnels
21:11et professionnels,
21:12Eddie Graham
21:13a du mal
21:13à trouver sa place
21:14à l'extérieur du ring.
21:16Avec le temps,
21:17les gens oublient
21:18qui on est.
21:20Ma grand-mère
21:21m'a raconté
21:22qu'ils étaient allés
21:23dans un restaurant
21:24et que personne
21:25ne l'avait reconnu.
21:27Il n'était plus
21:28sous les projecteurs.
21:30Je me souviens
21:31que ma grand-mère
21:31a dit
21:32qu'il n'était plus
21:33le même
21:33après cet incident.
21:37Quand la carrière
21:38est finie,
21:39qui est-on ?
21:40Qui nous regarde
21:41dans le miroir ?
21:43Un des derniers chèques
21:44que mon grand-père
21:45a signé
21:45est un chèque
21:46de 8 $
21:47pour le magasin
21:48d'alcool ?
21:48Il y a inscrit
21:49« Tranquillité d'esprit ».
21:53Je crois
21:54que lorsqu'on n'arrive
21:54plus à trouver
21:55le réconfort
21:55en soi-même
21:56et qu'on a l'impression
21:57de perdre le contrôle,
21:59on n'a plus
21:59cette tranquillité d'esprit.
22:02Il ne l'avait pas.
22:05Il a fêté
22:06ses 55 ans.
22:07J'étais chez
22:08mes grands-parents
22:09et je tournais
22:13en patin à roulettes
22:14autour de lui.
22:15Je lui ai demandé
22:16ce qu'il avait reçu
22:17pour sa fête.
22:18Il m'a dit 55.
22:20J'ai demandé
22:2055 quoi ?
22:22Il a dit 55 ans.
22:25Avec le recul,
22:27je comprends
22:27qu'il me disait
22:28qu'il en avait fini.
22:34Qu'il avait eu 55 ans.
22:37Point.
22:43J'assistais au Super Bowl.
22:45Les Dolphins de Miami
22:46jouaient contre
22:47les 49ers de San Francisco.
22:49Ils m'ont appelé.
22:50Mike Graham,
22:51présentez-vous
22:51à la billetterie.
22:53J'y suis allé.
22:54J'ai dit que j'étais
22:55Mike Graham,
22:56qu'on m'avait appelé.
22:57La femme m'a dit
22:58que je devais
22:58appeler chez moi.
23:00Qu'est-ce qui se passe ?
23:01Qu'est-ce qui se passe ?
23:02C'est votre père.
23:04Mon père ?
23:05Qu'est-ce qui se passe
23:06avec mon père ?
23:08Sa femme, Lucy,
23:09était sortie.
23:11C'est ce qu'elle a raconté
23:12à ma fille.
23:14Quand elle est revenue,
23:16il s'était tiré
23:17pas une,
23:18mais deux balles.
23:20C'est ce que j'ai retenu
23:22du rapport
23:22du médecin légiste.
23:25Je vous épargne
23:26les détails
23:27sur l'état de la chambre.
23:28Il était à l'hôpital
23:31sous respirateur.
23:33Un membre de la famille
23:34devait décider
23:35si on le débranchait
23:36ou si on le maintenait
23:37en vie.
23:38Je suis arrivé
23:39le lendemain
23:39et je me suis rendu
23:42à l'hôpital.
23:44Il était dans un coin,
23:45la tête bandée.
23:48Ce n'était pas
23:49un accident.
23:50J'ai regardé ma mère
23:51et je lui ai dit
23:52qu'il fallait en finir.
23:55Il n'aurait pas voulu
23:55vivre comme ça.
23:56Alors, on leur a demandé
23:59de le débrancher.
24:01Il a survécu
24:02cinq minutes.
24:08C'était troublant.
24:10Tout le monde
24:10était sous le choc.
24:14J'ai l'immense regret
24:16de vous annoncer
24:17le décès prématuré
24:18d'un ami,
24:20d'un collègue
24:21et d'un meneur,
24:24Eddie Graham.
24:26Je me suis tout de suite
24:31mis à pleurer.
24:35Je ne pouvais pas y croire.
24:38Pourquoi ?
24:39Pourquoi, Eddie ?
24:41Pourquoi as-tu fait ça
24:43à ton fils ?
24:44À tes petits-enfants ?
24:47On était jeunes,
24:48mais mon frère a dit
24:49« S'il nous aimait vraiment,
24:51comment a-t-il pu faire ça ? »
24:54Mon frère était très attaché
24:57à notre grand-père.
25:01Les gens savaient
25:02qu'il était déprimé,
25:04mais ils n'ont jamais cru
25:05qu'il irait si loin.
25:07Il avait gardé ça pour lui.
25:11Il refoulait beaucoup
25:12ses problèmes
25:13parce qu'il ne voulait pas
25:15que les gens sachent
25:16qu'il n'était pas aussi fort
25:17que son personnage.
25:18Il s'est rendu compte
25:20que s'il laissait voir
25:22sa faiblesse,
25:23certains en profiteraient
25:26pour prendre sa place.
25:28Ils devaient se battre
25:29pour le territoire.
25:34On a appris la nouvelle,
25:36Eddie Graham était mort.
25:38Bon sang !
25:39Qu'est-ce qui allait se passer
25:40en Floride ?
25:41On a découvert dans l'année
25:42qui a suivi
25:42que ce serait la fin
25:44pour la Floride.
25:45Vince McMahon a commencé
25:48son expansion nationale
25:49en 1984
25:50et les territoires
25:52s'éteignaient
25:52parce que Vince
25:53en soutirait tous les talents.
25:55La WWE a commencé
25:58à dépouiller les territoires,
26:00mais Eddie l'avait vu venir
26:01probablement beaucoup plus tôt
26:04que la plupart des gens.
26:07L'année avant
26:08la mort d'Eddie,
26:10le territoire rencontrait
26:12des difficultés.
26:13Oui, de grosse.
26:15Parlez-moi de ça.
26:17Eh bien, Dusty était parti
26:19avec toute l'équipe.
26:22Papa avait consacré
26:24des années à créer
26:24Dusty Rhodes
26:25après l'avoir fait venir.
26:27Quand il est parti,
26:28il a tout pris avec lui.
26:29Ça a mis mon père en colère.
26:31Il semblait vouloir
26:32tuer le territoire
26:33en apportant tous les talents.
26:35En 1984,
26:37Dusty Rhodes quitte
26:38la Floride pour travailler
26:39pour les promotions
26:40Jim Crockett.
26:41L'industrie de la lutte
26:43est dans le chaos
26:44et Mike Graham pleure
26:45encore son père
26:46quand il irrite
26:47de la tâche imposante
26:48de diriger le territoire.
26:51Mike s'est ressaisi
26:52comme un homme
26:53à diriger le territoire
26:56et la vie a continué.
26:59Mike tentait évidemment
27:02d'être à la hauteur
27:03de son père.
27:04Ce n'est pas qu'il n'a pas essayé,
27:06mais ce n'était plus pareil.
27:08Où tu étais ?
27:09Tu étais chez toi ?
27:11Tais-toi !
27:12Ils ont même tenté
27:13de faire un coup
27:14après la mort d'Eddie.
27:16Les Freebirds
27:17sont allés jeter de l'huile
27:18sur le feu
27:18et souiller la mémoire
27:20du lutteur
27:21le plus populaire
27:22de tous les temps
27:22en Floride
27:23afin que les amateurs
27:25les détestent.
27:26Tel père, tel fils !
27:28Vous êtes deux perdants !
27:31Eddie aurait voulu
27:33que Mike
27:34se serve de sa mort
27:36pour faire avancer
27:38la lutte.
27:39Je vais vous prouver
27:40qu'Eddie était plus fort
27:42que vous ne le serez jamais
27:44tous les trois.
27:46Je vais vous avoir !
27:47Ils sont allés trop loin,
27:49c'était trop.
27:49Les amateurs savaient
27:50que c'était un acte désespéré
27:52devant les foules
27:53qui rétrécissaient.
27:55À l'époque,
27:56le vent tournait déjà.
27:58La télévision par câble
27:59arrivait
27:59et mon père
28:00essayait de maintenir
28:01les affaires à flot.
28:03Peu importe ce qu'il faisait,
28:05il n'y arrivait pas
28:06tout à fait.
28:07L'absence d'Eddie
28:08pèse lourd
28:09et le territoire
28:10autrefois puissant
28:11ne survit que deux ans
28:13avant de s'éteindre.
28:15Eddie était le seul
28:16qui aurait pu le sauver.
28:18De tous les promoteurs
28:19de la NWA,
28:20de tous les autres
28:21territoires du pays,
28:24celui qui avait
28:24la meilleure relation
28:25avec Vince McMahon,
28:27père,
28:28et qui en aurait eu
28:29une bonne avec Vince,
28:30fils,
28:30c'était Eddie Graham,
28:32mais il était parti.
28:33Mike et moi,
28:34on prenait un verre
28:35au bar
28:35et on parlait
28:38de son père.
28:39Tout à coup,
28:40Mike s'est effondré.
28:42Je voyais que
28:42l'absence de son père
28:44lui pesait
28:45tous les jours.
28:49Déjà secoué
28:50par la mort de son père
28:51et par la perte
28:52de l'empire familial,
28:54Mike Graham affrontera
28:55bientôt une autre tragédie.
28:57après la mort de son père
29:00et l'effondrement
29:00de leur entreprise,
29:02Mike Graham doit maintenant
29:03faire son chemin
29:04à l'extérieur
29:04de la fédération
29:05qui a défini
29:06sa carrière.
29:08Ça devrait être
29:09un affrontement intéressant.
29:10Mike Graham
29:11et Diamond Dallas Page
29:12affrontent
29:13Bill Kazmaier
29:13et Jushin Tonder Liger.
29:15À cette époque,
29:17Mike avait presque 40 ans.
29:19Il a été engagé
29:20par la WCW
29:22et servait de mentor
29:23à certains jeunes.
29:25Bien sûr,
29:26les gens qui connaissaient
29:26Mike et Eddie
29:27le respectaient.
29:29Malheureusement,
29:30il n'a jamais réussi
29:31à devenir un nom populaire
29:32dans la WCW.
29:34Il n'était qu'un pion
29:36à cette époque.
29:37En plein visage!
29:39Quand ça a changé,
29:40quand la lutte
29:41est devenue plus théâtrale
29:42et que les histoires
29:43étaient pondues
29:44par des gens
29:44qui ne connaissaient
29:45rien à la lutte,
29:47ça l'a rendu amer.
29:48Il était de la vieille école.
29:49Mon père n'était pas
29:50du genre à suivre les règles.
29:52Mike n'a jamais atteint
29:54les sommets
29:54dont Eddie rêvait.
29:56Mais il avait tout de même
29:58une bonne carrière
29:59et c'était un bon homme d'affaires.
30:02Il menait une belle vie.
30:03Il vivait sur l'eau.
30:05Il avait plusieurs bateaux.
30:07Il a remporté
30:07quelques courses.
30:10Mon frère adorait
30:11les courses de bateaux.
30:13Mon père et mon frère
30:14ont eu la chance
30:14d'en faire quelques-unes.
30:18Mon père ne s'arrêtait jamais.
30:20Il disait qu'il dormirait
30:21quand il serait mort.
30:23Il s'est fait faire
30:24son premier tatouage
30:25à 40 ans.
30:26C'était un crâne
30:27avec du feu
30:28qui en sortait
30:29et traversé par un éclair.
30:32En dessous,
30:33c'était écrit
30:33« Tranquillité d'esprit».
30:35Mon père nous le répétait
30:37souvent à mon frère
30:38et moi.
30:40La tranquillité d'esprit,
30:41si on n'a pas ça,
30:42on n'a rien.
30:44Comme son père avant lui,
30:46Mike cherche souvent
30:47la paix intérieure
30:48au fond d'une bouteille.
30:50Il avait deux permis
30:51de conduire,
30:52un légal au nom
30:53de Mike Gussett
30:54et un autre au nom
30:54de Mike Graham.
30:58Mike Gussett a été arrêté
31:00en état d'ébriété,
31:01puis ça a été Mike Graham.
31:02son problème s'est aggravé.
31:07Après la mort de mon grand-père,
31:09il était misérable.
31:12Il a changé.
31:14On ne l'avait jamais vu comme ça.
31:16Il ne nous avait jamais montré ce côté.
31:19Il était toujours de bonne humeur.
31:21Il était plus dur avec mon frère
31:23parce qu'il voulait
31:23qu'il soit un homme fort.
31:24Petit,
31:28Stephen a dû se battre
31:29et prouver
31:30qu'il n'était pas une moviette.
31:33Comme il venait
31:34d'une famille de lutteurs
31:36et qu'il était plutôt costaud,
31:39tout le monde attendait de lui
31:40qu'il soit dur
31:42et méchant.
31:43Je crois qu'à la longue,
31:48ça l'a blessé.
31:50Il n'a jamais vraiment
31:51trouvé sa place.
31:54On se parlait tous les jours,
31:55par texto ou par téléphone.
31:58Je l'ai texté un matin
31:59et il n'a pas répondu.
32:01Je me suis dit
32:01qu'il devait travailler.
32:03Mon père m'a appelé
32:04pour savoir
32:04si j'avais des nouvelles
32:05de Stephen.
32:08Je lui ai dit
32:08que j'irais voir.
32:12C'est là
32:13que j'ai découvert
32:15qu'il s'était enlevé la vie.
32:22Quand j'ai trouvé mon frère,
32:25je suis sortie en courant
32:27et j'ai appelé mon père.
32:31Mon père voulait venir,
32:33mais je l'en ai dissuadé.
32:37Quand j'ai pu partir,
32:40j'ai rejoint mon père
32:41dans sa cuisine.
32:42Il m'a dit
32:43que c'était une bonne chose,
32:46que je l'ai trouvée
32:47parce que si ça avait été lui,
32:49on les aurait enterrés
32:50tous les deux.
32:51Ils se seraient enlevés la vie.
32:53Ça m'a terrassé.
32:55Je ne sais pas
32:56quel démon le tourmentait.
33:01Sa sœur,
33:03la pauvre Nicole,
33:05était désemparée.
33:06son père aussi.
33:08Son père aussi.
33:08Tout le monde était désemparé.
33:12Ça n'aurait pas dû arriver.
33:15Je ne m'y attendais vraiment pas.
33:17Pas du tout.
33:19Steven et moi,
33:20on savait combien ça avait été dur
33:22avec mon grand-père.
33:24On avait vu les conséquences
33:25chez mon père.
33:27Ça avait détruit notre famille.
33:29Comme mon grand-père l'avait fait,
33:31c'est devenu une option.
33:32Mon frère s'est probablement dit
33:35« Il a bien fait, lui. »
33:39Après mon grand-père,
33:40il y a eu mon frère,
33:41mon meilleur ami.
33:44Puisque je l'ai trouvé,
33:46tout le monde s'inquiétait pour moi.
33:48Moi, je m'inquiétais pour mon père.
33:54Hanté par la mort
33:55de son fils Steven en 2010,
33:58Mike Graham a du mal
33:59à accepter qu'un autre membre
34:00de sa famille
34:01se soit suicidé.
34:03Tous les parents
34:04se sentent coupables.
34:07Ils devaient croire
34:08qu'il avait été un mauvais fils
34:09et un mauvais père.
34:11C'est lourd.
34:13Parfois,
34:14on est notre pire critique.
34:17On est souvent
34:18Dieu envers nous-mêmes.
34:21Mike devait penser
34:23à toutes sortes de choses.
34:27Et c'était un autre événement
34:29qui a dû se mettre
34:30à tourner dans sa tête.
34:34Après son père
34:35et maintenant mon frère,
34:37il était complètement abattu.
34:40Mike et moi,
34:41on était proches,
34:43mais on n'était pas
34:44très démonstratifs.
34:47Il m'a appelé
34:48pour me dire
34:49qu'il m'aimait.
34:50je lui ai dit
34:52que je l'aimais aussi.
34:54Ça a été tout.
34:55Il a raccroché.
34:59Mon père était au parc
35:00avec ma fille et moi.
35:02Je lui ai dit
35:02que ça se terminait
35:03avec Stephen.
35:05Regarde ma fille,
35:06elle ne mérite pas ça.
35:07Ce que ton père a fait
35:08était horrible.
35:09Ce que Stephen a fait,
35:11on ne s'en remettra jamais.
35:12Mais ça se termine maintenant.
35:14Regarde-la.
35:15Elle ne mérite pas ça.
35:16Il m'a dit
35:17« Tu as raison, Nicole.
35:18Tu as raison, Nicole.
35:19Tu as raison. »
35:23Pourtant,
35:23moins de deux ans plus tard,
35:24il a fait pareil.
35:26Il était à Daytona Beach
35:28pour un rassemblement de motos
35:30avec sa femme
35:33et d'après ce que j'ai compris,
35:41elle est sortie
35:43simplement pour aller voir des amis.
35:46Quand elle est revenue
35:53et a ouvert la porte,
35:57elle a entendu
35:57un coup de feu.
36:06Mike était là,
36:09mort,
36:10et il portait les bottes
36:11de son fils Stephen.
36:12Il n'a pas pu rompre le cycle.
36:29On ne sait pas
36:30ce qu'il y a dans la tête
36:31d'une personne.
36:32Les gens nous parlent,
36:34sourient,
36:34mais ils peuvent être
36:35complètement déchirés
36:37à l'intérieur.
36:39Puis tout à coup,
36:40ils partent.
36:42C'est fini.
36:44Il n'en reste plus rien.
36:46J'essayais de me rebâtir
36:47après la mort de mon frère.
36:49Moins de deux ans
36:50séparent la mort
36:51de mon frère
36:52de celle de mon père.
36:54Après les conversations
36:55que j'avais eues avec lui,
36:56quand je l'ai supplié
36:57pour que ça s'arrête
36:58avec Stephen,
37:00c'était un autre niveau
37:01de douleur.
37:02Mike s'était éloigné
37:06de la lutte
37:07depuis un moment
37:08et je ne l'avais pas vu
37:09depuis des années
37:10quand la nouvelle
37:11est tombée.
37:13C'était un choc.
37:15Même si rien
37:15ne nous choque
37:16dans la lutte,
37:17on ne peut pas accepter
37:18que ce drame
37:19frappe deux générations.
37:21Ils ne peuvent pas
37:21répéter ce geste
37:23et c'est arrivé
37:24à trois générations.
37:26De la même famille.
37:28Qu'est-ce qu'il peut
37:29y avoir de pire?
37:30La série de suicides
37:33qui hante la famille
37:34ne se limite pas
37:36à Eddie,
37:37Mike et Stephen.
37:39Ce tragique cercle vicieux
37:40a frappé quatre générations
37:42et cinq hommes.
37:45Plusieurs l'ignorent,
37:47mais le père d'Eddie
37:48s'est suicidé.
37:50Tout comme son frère
37:52Skid.
37:54C'est un cercle vicieux
37:56quand il y a
37:58plus d'un suicide.
38:00Un suicide
38:01est un suicide
38:02de trop.
38:03Mais quand il y en a
38:04plusieurs dans la même famille,
38:06c'est tragique.
38:09Ma seule explication,
38:11mais je ne suis pas
38:12un médecin,
38:14c'est que quand
38:15quelqu'un le fait,
38:17ça devient une possibilité
38:19pour les autres
38:19qui éprouvent
38:20des difficultés.
38:22De plus,
38:22la dépression
38:23et la dépendance
38:24sont héréditaires.
38:25il faut donc
38:26d'abord reconnaître
38:27son problème,
38:29aller chercher
38:29de l'aide
38:30et savoir
38:32que ce qu'on ressent
38:33n'est pas normal,
38:35mais qu'on peut
38:36s'en sortir.
38:37Ça ne s'est pas
38:38vraiment produit
38:38dans ma famille.
38:40C'est une grande leçon.
38:43Il n'y a pas
38:43que ceux qui partent
38:44qui souffrent.
38:46Il y a ceux
38:47qui restent.
38:48C'est un fardeau
38:50pour Nicole
38:51et c'est un fardeau
38:53pour sa fille.
39:00On est à l'ancienne
39:02salle Armory
39:03qui est maintenant
39:03le centre communautaire
39:05juif Brian Glazer.
39:07Le fils de Larry Simon,
39:08surnommé Boris Malenko,
39:10contre qui mon grand-père
39:11a livré de gros combats,
39:13m'a aidé à créer ce mur
39:15pour commémorer
39:16les lutteurs
39:16qui venaient ici
39:17tous les marques
39:18mardi pendant
39:18plusieurs années.
39:20C'est agréable à voir.
39:24C'est mon père
39:25et mon grand-père.
39:27Mike et Eddie Graham
39:28ont remporté
39:29le championnat
39:29de Floride
39:30par équipe.
39:31Rien ne pouvait
39:32éloigner les amateurs.
39:33C'était le foyer
39:34des titans de Tempa.
39:36Ce sera toujours
39:36la maison
39:37de la Championship Wrestling
39:38de Florida.
39:43Les amateurs
39:44de lutte
39:45doivent savoir
39:46qu'ils les reconnaissent.
39:48respectaient beaucoup.
39:50J'espère que ceux
39:51qui les ont rencontrés
39:52l'ont senti.
39:54Il y a eu du beau,
39:56tant de rires,
39:57beaucoup de beaux moments.
40:00Je me concentre là-dessus
40:01plutôt que sur tout le reste.
40:03Ils étaient des êtres
40:04exceptionnels.
40:05Je me souviens d'Eddie,
40:09mon grand-père,
40:10torse nu,
40:11avec un filet sur le quai
40:13qui pêchait pour nous.
40:16Beaucoup d'amour,
40:17beaucoup d'amour.
40:19Mon frère,
40:20mon meilleur ami,
40:22j'aurais aimé
40:23qu'il sache
40:23à quel point
40:24tout le monde l'aimait
40:25et voulait être là
40:27pour lui.
40:27« Papa,
40:32on avait une relation
40:36difficile
40:38parce que je lui disais
40:39ce que je pensais,
40:42mais il y avait
40:42tellement d'amour
40:43et de respect.
40:47Mon père me manque
40:48beaucoup.
40:49J'aimerais qu'il puisse
40:50voir ma fille grandir.
40:52Il rate beaucoup de choses
40:53et il me manque. »
40:56J'ai vécu certains
40:57des plus beaux moments
40:57de ma vie
40:58avec les Graham
40:59et avec tous ceux
41:00que les Graham
41:01ont fait connaître.
41:03Il y a beaucoup
41:03de bons moments.
41:05Beaucoup de bons moments.
41:07C'étaient mes amis.
41:09J'ai aimé passer
41:10du temps avec eux
41:11et j'aurais aimé
41:13en avoir plus.
41:15Il ne faut pas
41:16ressasser le mauvais.
41:19Il faut ressasser
41:20le bon.
41:21C'est ce qui me permet
41:22de survivre.
41:23Nicole,
41:24je l'aime.
41:25Je l'aime.
41:27Elle est l'héritage
41:28de cette famille.
41:29C'est mon grand-père
41:30qui fait l'imbécile
41:31avec moi comme toujours.
41:34Ça m'a pris un moment
41:35avant de sentir
41:36que je pouvais offrir
41:37de l'aide.
41:38J'ai fondé
41:39le centre de crise
41:40de Tampa Bay.
41:41On offre
41:42des services
41:43extraordinaires.
41:45Je pense que
41:46j'en suis à un stade
41:47de ma guérison
41:48où je peux parler
41:49et peut-être convaincre
41:52quelqu'un
41:52d'appeler à l'aide
41:53ou dire
41:55à un survivant
41:56qui a du mal
41:56à continuer
41:57après avoir perdu
41:59un être cher
41:59qu'il faut vivre
42:01pour honorer
42:02ce qu'on a perdu.
42:05Tous ceux
42:06qui regardent
42:06cette émission
42:07doivent en tirer
42:08une leçon.
42:09Si on a des pensées
42:10suicidaires,
42:11il y a de l'aide
42:11tout près.
42:13Peu importe
42:14qui vous êtes,
42:14il y a toujours
42:15quelqu'un qui vous aime.
42:16Il faut franchir
42:18le pas
42:18et parler à quelqu'un.
42:21Lui dire
42:21que ça ne va pas,
42:22qu'on a ses pensées.
42:24Parler,
42:25c'est ce que je demande.
42:27On peut avoir
42:27la gloire,
42:28la famille,
42:29l'argent,
42:30mais si on n'a pas
42:31cette tranquillité
42:31d'esprit,
42:32on n'a rien.
42:33Mon grand-père
42:34et mon père
42:35ne l'avaient pas.
42:38Mon frère
42:38ne l'avait pas.
42:40Mais j'ai compris
42:41il y a moins d'un an
42:43que moi je l'avais.
42:44Je me suis fait faire
42:45un tatouage,
42:46même si ce n'est pas
42:47mon genre.
42:48C'est écrit
42:49« Tranquillité d'esprit »
42:50de ma main,
42:51avec un point-virgule
42:52qui représente
42:53la santé mentale
42:54et la cause du suicide.
42:57C'est simple,
42:57mais ça me rappelle
42:58où j'en suis arrivée
42:59dans la vie
42:59et la paix que je ressens.
43:03J'ai plusieurs raisons
43:04d'être reconnaissante.
43:06Je vais profiter
43:07de la vie
43:08parce que c'est
43:08la meilleure façon
43:09de leur rendre honneur.
43:10Je suis heureuse,
43:11ça va bien.
43:12Ma fille s'épanouit,
43:13j'ai ma famille,
43:14et des amis merveilleux.
43:16Je suis très heureuse.
43:17Ça paraît ?
43:18Sous-titrage Société Radio-Canada
43:22Sous-titrage Société Radio-Canada
43:26Sous-titrage Société Radio-Canada
43:30Sous-titrage Société Radio-Canada