Anny Duperey : "Les matins où je me réveille avec le cafard, je pense à Robert et son bouquet de fleurs"

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Anny Duperey nous livre une anecdote pleine d'émotion et mesure sa chance d'avoir "choisi sa vie".   Dans Ma France on vous fait découvrir une autre facette de la comédienne Anny Duperey, qui à travers " Respire c'est de l'iode ! " son dernier ouvrage se livre encore un peu plus sur son parcours artistique et son jardin extraordinaire niché en Creuse.  ▶️ Une interview à retrouver sur "ici" : https://www.francebleu.fr/emissions/ma-france-le-journal-des-regions/j-ecris-quand-j-ai-l-evidence-d-un-livre-explique-la-comedienne-anny-duperey-4948075

Transcript

00:00Robert, qui a été employé de mairie pendant toutes ces années, après avoir été garçon de ferme.

00:06Et un jour où il me demandait quel était le thème de mon nouveau livre, je lui ai dit « Est-ce que j'ai choisi ma vie ? »

00:12Cette question, grande question. « Est-ce que j'ai choisi ma vie ? »

00:15C'était un roman qui s'appelait « Une soirée », c'est ça.

00:18J'ai senti un silence.

00:20Et je lui ai dit « Toi, Robert, t'as choisi ta vie ? »

00:22« Ah, ça non ! »

00:23Et c'est la première fois que je l'ai vu aussi permitoirement violent.

00:26Et là, il m'a raconté qu'effectivement, il était très intelligent, premier à l'école, qu'il voulait devenir professeur.

00:33Et puis la guerre s'est déclarée. Son père est parti prisonnier en Allemagne.

00:37Et puis le père est revenu. Il a récupéré la bourse. Et boum, le père meurt.

00:41Donc, re-garçon de ferme pour élever son frère et sa sœur.

00:46Et en fait, cet homme à qui on a brisé tous les rêves, à la fin de sa vie, a été opéré du dos.

00:52Il était un peu infirme, comme ça. Et je l'ai vu un jour dans son jardin, effectivement, avec ses deux cannes anglaises.

00:59Et je lui ai dit « Ça va mieux, Robert ? Qu'est-ce que tu fais ? Puisque t'es sorti ? »

01:02Et j'ai vu qu'il avait des fleurs, en tout en tenant sa canne dans la main.

01:07Et il m'a dit « Je me fais un petit bouquet. »

01:10Et c'est vrai que je termine ce texte en disant que les matins où je me réveille avec le cafard, moi qui ai quand même un peu toutes les chances,

01:16je pense à Robert. Je pense à Robert qui, au seuil de la grande vieillesse, se faisait un petit bouquet,

01:23alors que la chance lui avait complètement, le sort lui avait brisé tous ses rêves.

01:28Merci.

01:29Merci.

01:30Merci.

01:31Merci.

01:32Merci.

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