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00:00Vous êtes au contact des malades et vous savez comment sans doute apprendre cette terrible nouvelle
00:07dont il, j'ai envie de dire, est-ce qu'il se doute à chaque fois lorsque vous dites à quelqu'un
00:13vous avez un cancer, est-ce qu'il vous dit, est-ce qu'il est surpris la plupart du temps
00:17ou est-ce qu'au contraire il dit je m'en doutais docteur ?
00:21Alors quand un patient vient consulter un cancérologue c'est que quand même il pense qu'il a probablement un cancer
00:26donc la surprise c'est très rare mais par contre l'effondrement c'est un mot, c'est un euphémisme, c'est un tsunami, c'est un tremblement de terre
00:34le cancer il tue la première fois quand on prononce le mot, les gens se sentent mourir ce jour-là quand on leur dit vous avez un cancer
00:42après il reste à les reconstruire, à les aider, à en faire des soldats pour qu'ils rentrent dans leur combat contre la maladie
00:48mais au moment de l'annonce c'est terrible et c'est pour ça qu'en France on a créé la profession d'infirmière d'annonce
00:55c'est-à-dire qu'aujourd'hui la loi met dans l'obligation les cancérologues ou les médecins, en tout cas qui traitent des cancers
01:01elle les met dans l'obligation de donner l'accès à une infirmière qui a été formée pour ça
01:07qui va réexpliquer les propos du médecin parce que vous savez le problème c'est que quand le monde s'effondre autour de vous
01:13au moment où le cancérologue prononce ce mot, vous ne retenez rien de ce qu'il vous dit
01:19vous avez tellement l'impression que vous allez mourir que tout ce qu'il vous raconte sur les traitements
01:24sur les chances de guérir, sur le fait qu'il faut rester optimiste, etc.
01:27c'est très très peu enregistré donc il faut répéter ça avec le temps, avec de l'empathie, en tenant la main
01:34et ça la France elle est à la pointe de cette humanisation parce qu'elle a créé dans la loi, enfin dans les décrets
01:40le fait d'avoir des infirmières qui annoncent la maladie, qui réannoncent la maladie
01:46et qui prennent le temps de considérer toutes les composantes de ce qui va être le combat pour ce malade
01:52donc déjà l'acceptation, parce qu'il y a du déni souvent
01:55et puis ensuite le fait qu'il y a des chances de guérir, elles sont immenses aujourd'hui
02:00on a 420 000 cas nouveaux chaque année en France
02:03et il y a 150 000 morts, ça veut dire quand même que l'essentiel des malades guérissent aujourd'hui
02:07voilà donc il faut prendre du temps, il faut aimer les gens, il faut pas faire ce métier
02:13juste parce que c'est très scientifique, il faut aussi le faire parce que c'est très humain