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L'entourage du Premier ministre a assuré à BFMTV que la fille de François Bayrou ne lui avait pas dit qu'elle avait été victime de violences physiques lors d'un camp d'été organisé par la même congrégation à laquelle appartient Notre-Dame de Bétharram. Hélène Perlant estime avoir "peut-être voulu le protéger, inconsciemment".

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Transcription
00:00Et on commence avec vous, Christophe Barbier, avec les déclarations de la fille de François Bayrou sur l'affaire Bétarame.
00:09C'est un coup de tonnerre, évidemment, que ce témoignage, la fille de François Bayrou, a subi des violences dans l'environnement de cette école Bétarame, dans l'environnement de la congrégation.
00:18Elle le dit dans un livre, Le silence de Bétarame. Le livre, c'est le livre écrit par Alain Esquer avec la journaliste Clémence Badeau.
00:24Alain Esquer, c'est le porte-parole des victimes, victimes lui-même de violences. Plus de 200 plaintes sont en cours, dont 90 sur des actes à caractère sexuel.
00:33Donc on est dans une affaire gravissime. Ça dépasse même cette affaire, puisqu'on est en train d'avoir des plaintes sur d'autres établissements, dans d'autres cadres.
00:40Que nous dit la fille de François Bayrou dans ce témoignage ? D'abord, elle décrit les faits, les faits qui sont rapportés, qui sont absolument accablants,
00:47puisqu'elle est ciblée comme étant la fille de François Bayrou, insolente comme ton père, lui dit la belle Artiguet qui l'agresse.
00:54La belle Artiguet qui est décédée depuis les faits. Il la prend par les cheveux, il la traîne sur le sol, il la frappe, coup de pied, coup de poing, à la tête, dans le ventre,
01:01jusqu'à ce qu'elle urine sur elle et qu'il obtienne ce qu'il cherchait, dit Alain Esquer, la honte de cette jeune fille.
01:08Ce témoignage, dont le Premier ministre a été informé par sa fille quelques heures seulement, avant qu'il soit révélé au grand public,
01:14a entraîné une réaction de François Bayrou, une réaction plus de père que d'homme politique. C'était aujourd'hui, on l'écoute.
01:21En tant que père de famille, ça me poignarde le cœur.
01:26Bétarame, c'est aussi une affaire politique, Christophe. Est-ce que ce témoignage, ce rebondissement, fragilise ou renforce le Premier ministre ?
01:33A première vue, ça le renforce. D'abord parce que ça le place du côté des victimes, il est parmi les victimes, il est père d'une victime,
01:39et puis aussi parce que ça le dédouane d'avoir su. Parce que Hélène Perlan est claire dans son témoignage.
01:44Mon père ne sait pas que je suis victime, que je vais témoigner comme victime. 30 ans de silence.
01:49L'omerta était dans l'entourage de François Bayrou. Mais si ce phénomène de déni, Bayrou ne voyant pas ce qu'il aurait fallu voir, le renforce,
01:58eh bien, comme homme politique, ça peut aussi le fragiliser parce que les oppositions vont resserrer leurs attaques.
02:04Il ne pouvait pas ne pas savoir. Paul Vannier, député de la France Insoumise, co-rapporteur de la commission d'enquête parlementaire sur ces violences,
02:12affirmait sur RMC, dès le 11 avril, que le juge d'instruction chargé de l'affaire à l'époque, et qui témoignait devant cette commission,
02:19a affirmé que quand il a rencontré François Bayrou à la fin des années 90, François Bayrou ne lui a parlé que de son fils à lui, Bayrou.
02:25Son fils qui était aussi scolarisé. Et donc, au moment du témoignage de sa fille, le fait qu'il ait été autant attaché aux risques que pouvait subir son fils,
02:34ça résonne étrangement. Ça donnera un angle d'attaque à ceux qui, dans cette commission parlementaire, veulent à tout prix démontrer
02:40que François Bayrou ne pouvait pas ne pas savoir. Et d'ailleurs, dès la semaine dernière, dès le 11 avril, Paul Vannier donnait rendez-vous
02:47à François Bayrou pour la commission d'enquête. Le 14 mai, un rendez-vous très ferme.
02:51Il a menti devant les députés à l'Assemblée nationale à plusieurs reprises. Et François Bayrou a aussi menti devant les victimes
02:58de Bétarame à Pau en février dernier. Il sera entendu le 14 mai par la commission d'enquête et il sera là sous serment.
03:05C'est la grande différence. C'est la grande différence. Il devra un discours de vérité à la commission d'enquête.
03:11Et au-delà, à toutes les Françaises, à tous les Français qui suivent très attentivement notre réponse.
03:14Parce que, mercredi 14 mai, jour décisif, ce n'est pas un tribunal, une commission d'enquête.
03:19Mais de plus en plus souvent, les personnes convoquées sont traitées comme des accusés.
03:23Pourtant, le règlement de l'Assemblée nationale est clair. Il précise bien que les travaux d'une commission d'enquête
03:27sont immédiatement suspendus, interrompus, quand il y a l'ouverture d'une information judiciaire.
03:32Sauf que, eh bien, la politique l'emporte depuis quelques années sur la séparation des pouvoirs.
03:36Alors, quelle sera l'attitude de François Bayrou lors de ce fameux 14 mai ?
03:40Peut-être une attitude défensive. L'attitude de la victime qui découvre 30 ans plus tard
03:45des faits concernant sa région, son école, sa religion, sa famille.
03:50Mais peut-être, si on le bouscule, une attitude beaucoup plus offensive.
03:53Car au début de l'affaire, le 18 février, François Bayrou, il a été très virulent dans la contre-attaque.
03:58Écoutez-le.
03:59Quel était le gouvernement à cette époque ?
04:02C'est le gouvernement socialiste de 97 à 2002.
04:05Le ministre de la Justice est Elisabeth Guigou.
04:16Et je ne peux pas imaginer que le ministre de la Justice n'ait pas tenu compte
04:21d'un signalement aussi grave par le procureur général.
04:24François Bayrou peut choisir le rapport de force avec la gauche.
04:28Mais il risque alors de voir la gauche utiliser l'arme fatale, c'est-à-dire la motion de censure.
04:32Lors de cette réponse, ça venait aussi du fait que le Parti socialiste,
04:35dans une motion de censure liée à l'après-budget, avait fait allusion à l'affaire.
04:39Et Bayrou a vu rouge.
04:41La motion de censure pour l'affaire Betaram, c'est ce que nous disait,
04:44il y a une semaine, sur ce plateau, à cet endroit, Sandrine Rousseau.
04:48Elle parlait du budget, mais elle parlait aussi de l'affaire Betaram.
04:51Écoutez, Sandrine Rousseau.
04:53Moi, il y a deux raisons de la censure.
04:54Il y a un, c'est 40 milliards sans aucunement aller vers la justice fiscale.
04:59Et la deuxième raison, c'est quand même l'affaire de Betaram.
05:02Qui mériterait largement une censure à lui tout seul, à elle toute seule.
05:08Résumer l'affaire Betaram à François Bayrou serait une aberration.
05:10C'est Alain Esquer, l'auteur du livre, qui dit cela.
05:13Mais c'est déjà devenu une affaire nationale, une affaire politique.
05:16Ça n'est pas encore, malgré la volonté de la France insoumise, une affaire d'État.
05:20Pas encore.
05:21Amélie, réaction ?
05:23Pas encore, mais en tout cas, ça le devient.
05:25Ce qui est sûr, c'est que dans cette séquence d'aujourd'hui, et ce témoignage très fort de la fille de François Bayrou,
05:30ça devient une affaire personnelle et familiale à la tête de l'État.
05:36Mais effectivement, pas encore une affaire d'État au sens politique du terme.
05:39Pas aujourd'hui, en tout cas.
05:40Même s'il dit, le Premier ministre, qu'il veut justement tout, sauf en faire une affaire personnelle.
05:45Mais c'est vrai que ça donne forcément une dimension particulière à cette affaire, avec ce témoignage.
05:50Oui, ça montre aussi que tout le monde est concerné, et qu'il n'y a pas véritablement de protection,
05:54même dans les écoles qui sont censées être pour les enfants des dirigeants.
05:57Tout le monde peut être exposé à cela, et il est très important que la parole se libère dans toutes les familles.

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