Nous avons l’impression de lire sans cesse, et de plus en plus : sur nos smartphones, nos ordinateurs, nos tablettes. En réalité, vous le savez bien, nous parcourons plus que nous ne lisons. La lecture est devenue une activité rapide, utilitaire, presque machinale. Une étude de l’ARCEP de 2023 révèle que les jeunes passent plus de deux heures par jour sur les réseaux, mais moins de trente minutes à lire un livre. Et même cette lecture, le plus souvent, se fait désormais en diagonale. Nous lisons de plus en plus sans comprendre. [...]
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00Nous avons l'impression de lire sans cesse et de plus en plus sur nos smartphones,
00:13nos ordinateurs, nos tablettes. En réalité, vous le savez bien, nous parcourons plus que
00:19nous ne lisons. La lecture est devenue une activité rapide, utilitaire, presque machinale.
00:26Une étude de l'ARCEP de 2023 révèle que les jeunes passent plus de deux heures par jour
00:31sur les réseaux, mais moins de 30 minutes à lire un livre. Et même cette lecture, le
00:37plus souvent, se fait désormais en diagonale. Nous lisons de plus en plus sans comprendre.
00:43La neuroscientifique Marianne Molf sonne l'alerte. A force de lire vite, nous perdons la capacité
00:50à lire lentement. Cette lecture profonde mobilisant mémoire, attention, imagination
00:56devient rare. Le cerveau plastiquement s'adapte, mais dans le mauvais sens. Ce phénomène touche
01:03particulièrement les plus jeunes, dont le cerveau se forme dans un environnement numérique constant.
01:10Nous perdons non seulement notre capacité de concentration, mais aussi notre profondeur.
01:16« Chaque lecteur est quand il lit le propre lecteur de soi-même », écrivait Marcel Proust
01:22en 1905. Une phrase devenue presque étrangère à notre époque. Lire lentement, c'est s'immerger
01:28et réfléchir, relier. C'est créer du sens. Or, cette lenteur est aujourd'hui vécue
01:34comme une perte de temps. Les esprits pressés oublient que la pensée complexe exige de la
01:40lenteur. On sait de moins en moins réfléchir à ce qu'on lit. Dans les entreprises, les
01:46dirigeants reconnaissent ne plus lire les rapports. Ils les survolent. Ils lisent les
01:50titres, les tableaux, les résumés. Mais une décision stratégique ne se nourrit pas
01:55d'un résumé. Elle se construit sur une compréhension fine, le contexte, les nuances.
02:00Lire mal, c'est décider mal. Et avec l'IA, c'est pire. Les dirigeants et managers ne lisent
02:05plus que des synthèses et parfois des synthèses de synthèses.
02:10À l'heure du flux permanent, lire lentement devient un geste subversif. C'est refuser
02:15l'urgence, la simplification, l'oubli. C'est retrouver la liberté de penser par soi-même
02:21à l'écart des algorithmes et des raccourcis cognitifs. C'est choisir la densité contre
02:27la superficialité pour mieux séparer le bon grain de l'ivraie.