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00:00Bienvenue au cœur du crime, un podcast issu des archives d'Europe 1.
00:11Savez-vous que plus d'un tiers des crimes et délits commis en France sont traités par la Gendarmerie Nationale ?
00:19Je m'appelle Yann Kermadek, je suis commandant de gendarmerie.
00:25Je dirige une section de recherche dont la mission essentielle est une mission de police judiciaire.
00:41L'histoire que je vais vous raconter est une histoire vraie.
00:46Tous les faits sont réels et se sont déroulés en France.
00:50Seuls, les noms des personnes et des lieux ont été changés.
00:55Comme toutes les semaines, Milton Dankel se rend au bureau de poste pour expédier à son ex-femme le mandat de sa pension alimentaire.
01:09Mais aujourd'hui, le tableau d'affichage retient particulièrement son attention.
01:16En effet, les photos, faces et profils qui sont accrochés, lui ressemblent d'une manière, comment dire, d'une manière frappante.
01:27Pour en avoir le cœur net, Milton s'approche de plus près et il constate que l'homme est recherché par le FBI pour de nombreux délits.
01:37Attaque à main armée, hold-up, possession illégale d'armes à feu, transport de marchandises volées, voies de fête envers des représentants de la force publique, etc.
01:48Et une sacrée carte de visite.
01:50Cet avis de recherche concerne un certain Gérard Dinkler.
01:57À la lecture du nom, Dankel sursaute et lâche un juron, puis il continue à lire.
02:03« Âge, 34 ans, taille 1,85 m, cheveux châtain clair, yeux gris, signe particulier, une balafre en horizontale sur tout le front. »
02:17Dankel s'arrête net et relie l'affiche une seconde fois.
02:23Mise à part la balafre, cette description lui va comme un gant.
02:28Les photos ressemblent étrangement à celles de sa carte d'identité, photos qu'il s'était faite faire pour travailler au chantier naval de la ville.
02:39Puis Milton lit le numéro de sécurité sociale inscrit sur l'affiche de Dinkler.
02:44C'est le même numéro que celui figurant sur sa propre carte.
02:50« Quel salaud ! » marmone Dankel.
02:54Puis il continue à lire l'affiche.
02:56« Antécédent, deux arrestations dans le district de Columbia pour vol à main armée, deux condamnations dont une de cinq ans. »
03:05« Attention, cet homme est dangereux. »
03:09« L'affiche semble plutôt récente, » remarque Milton en voyant la date accolée à l'avis de recherche.
03:15« Mais c'est seulement aujourd'hui qu'il la remarque. »
03:19Soudain, Milton est envahi d'un drôle de sentiment, d'un sentiment de culpabilité.
03:25Il s'assure que personne ne l'observe et, d'un geste rapide et précis, il arrache la fiche qu'il enfouit dans la poche de son par-dessus.
03:33Puis il va tranquillement jusqu'à la boîte aux lettres et y glisse le mandat pour son ex-épouse, Agnès.
03:41En revenant chez lui, Milton est déprimé.
03:48D'abord, pour avoir encore une fois déboursé une grosse somme pour son ex-épouse,
03:53et puis cet avis de recherche qui lui brûle les poches.
03:58Il doit y en avoir dans tous les bureaux de poste du pays,
04:01et sa tête, ou tout au moins ce qui ressemble étrangement à sa tête,
04:05doit être fichée dans tous les commissariens.
04:07D'ailleurs, au croisement, il a nettement l'impression que l'agent qui règle la circulation le dévisage bizarrement.
04:16Milton relève instinctivement le col de son manteau.
04:19Arrivé chez lui, Milton accroche son par-dessus à un clou dans le réduit qui lui sert d'entrer.
04:26En jambe, le journal est allé par terre et ouvert à la page des petites annonces
04:30pour se diriger vers le réchaud à alcool sur lequel il pose la vieille bouilloire.
04:36Puis, il va chercher la fiche dans la poche de son par-dessus,
04:39et d'un air rêveur, il la contemple allongée sur son divan miteux.
04:47Quand a-t-il vu Gérard d'Inclair pour la dernière fois ?
04:52Il y a environ dix ans, oui, oui, c'était bien avant son malheureux mariage avec Agnès, sept ans auparavant.
05:04Milton, ce matin-là, est à la cafétéria.
05:06Il fait patiemment la queue avec son plateau.
05:09L'homme qui est devant lui l'intrigue.
05:12Il ne le voit que de dos, mais, comment dire,
05:14le contour de sa tête, ses oreilles, sa silhouette, ont quelque chose de familier.
05:21Et puis, quand l'homme dit « une double portion de brouillet »,
05:25c'est le déclic.
05:28Cet homme a la même voix, la même allure que lui.
05:32Quand il voit son profil, Milton croit se voir et puis s'entendre.
05:37Et quand il commande à son tour « une double portion de brouillet »,
05:40là, c'est l'autre qui se retourne,
05:42ses yeux reflétant la plus grande surprise.
05:46À la cicatrice qu'il porte au front,
05:49Milton reconnaît son cousin.
05:53« Ça alors ! » dit Gérard.
05:56« Ce bon vieux cousin Milton ! »
05:59« C'est bien toi, Gérard ? »
06:01« Eh ! En chair et en os ! »
06:03« Tu habites le quartier ? »
06:05« Non, non, non, non, non, je fais que passer.
06:07Je suis dans les transports routiers, alors tu comprends.
06:11Je vais, je viens. »
06:14« Oui. »
06:15Aujourd'hui, Milton comprend, oui, avec ce qu'il vient d'apprendre.
06:19Gérard voulait sûrement parler de vol à main armée.
06:23En bavardant, Milton lui avait parlé de son job au chantier naval
06:26et puis il se souvient aussi de la gêne de cette conversation
06:30car les personnes qui y assistaient les regardaient amusées par la troublante ressemblance.
06:37« Tu es marié ? » avait demandé Milton.
06:40« Eh ! Fiancé ! » avait répondu Gérard.
06:44« Bah, tu te souviens de Milti ! Milti Davis !
06:47Un sacré châssis, hein ! Tu te souviens ! »
06:52Milton se souvenait très bien de Milti Davis.
06:56La bouilloire se met à siffler.
07:00Milton va préparer son thé.
07:04Milti Davis était un sacré beau brin de fille de seize ans.
07:08Quel âge peut-elle bien avoir aujourd'hui ?
07:11Trente-et-un ? Trente-deux ?
07:13Si elle est encore en vie, bien sûr.
07:16Mariée ou divorcée de ce...
07:21La sonnerie du téléphone interrompt sa rêverie.
07:25Milton regarde sa montre.
07:27Seize heures vingt-trois.
07:29Qui peut bien l'appeler à cette heure-ci ?
07:32N'a pas envie de répondre.
07:35Néanmoins, à la septième sonnerie, Milton décroche.
07:38« Monsieur Milton Dackel ? »
07:41Demande la voix d'une standardiste.
07:44« Oui, c'est moi. »
07:46« J'ai un appel pour vous en PCV, de Portland, dans le Maine. L'acceptez-vous ? »
07:50« De Portland ? »
07:51« Non, non, non, surtout pas. Veuillez ne pas quitter, monsieur ! »
07:55La voix de la préposée se fait un court instant lointaine, puis revient lui parler.
08:01« Votre correspondant annule le PCV, je vous passe la communication. »
08:05« Espèce de sale radin ! »
08:08Lance une voix nasillarde qui ne peut être que celle d'Agnès.
08:12« Dis-moi, Agnès, il n'y a rien dans notre convention de divorce qui stipule que je sois obligé de payer pour écouter tes sornettes.
08:19Je paye, au contraire, pour ne plus avoir à entendre le son de ta voix.
08:22Et n'oublie pas que c'est toi qui paye. Alors dépêche-toi de me dire ce que tu veux. »
08:26« Mon mandat ? »
08:27« Ton mandat, il est parti ce matin. »
08:29« Ah bon ? Tu m'envoies combien ? »
08:31« Vingt-cinq. »
08:33« Quoi ? Tu te fiches de moi, Hamilton ? Qu'est-ce que je peux faire avec ça ? »
08:36« Écoute-moi, Agnès, écoute-moi bien. Je suis sans travail depuis quatre mois. »
08:40« Mais en quoi ? Tu touches des allocations de chômage, non ? »
08:42« Non, plus maintenant. »
08:45« Maintenant, je fais autre chose. »
08:47« Des hold-up, par exemple. »
08:49« Ah, très drôle, Agnès. »
08:50« Non, c'est pas drôle. »
08:52« Tu sais ce que j'ai vu à la poste l'autre jour ? »
08:54« J'en croyais pas mes yeux. »
08:55« Une photo de toi, accompagnée d'un avis de recherche. »
08:58« Dommage que, finalement, c'était pas toi, puisqu'il s'appelle Gérard et qu'il a une cicatrice sur le front. »
09:03« Mais je suis sûr que ce sale-le-part est un parent à toi. »
09:07« C'est tout ce que tu avais à me dire, Agnès ? »
09:09« Oui, c'est tout. »
09:11« Alors, salut ! »
09:13« Et il raccroche. »
09:17« En allant à son travail ce soir-là... »
09:19« Oui, car en fait, il a trouvé un job au motel Dollars, mais il a préféré ne pas en parler à Agnès. »
09:25« Milton, donc, en allant à son travail ce soir-là, ne peut s'empêcher de penser à son cousin Gérard. »
09:32« À tous ses week-ends et à ses vacances à Queen's Port chez ses grands-parents. »
09:37« Gérard lui a toujours été antipathique. »
09:40« Il était arrogant et vaniteux alors que Milton, lui, était timide et maladroit. »
09:46« Gérard était le préféré de tout le monde. »
09:49« Avant qu'il ne vienne à Queen's Port, Milton considérait Miltie Davis comme sa petite amie. »
09:54« Gérard, en arrivant, en avait décidé tout autrement. »
09:59« Les deux garçons s'étaient battus dans la grange pour les beaux yeux de Miltie Davis. »
10:04« Gérard tenait une faucille et menaçait Milton de lui trancher les mains,
10:07quand ce dernier vit un manche de bois qui dépassait d'une brouette. »
10:10« En geste de défense, Milton se servit de cette arme et il blessa Gérard au front. »
10:18Milton pense à toute cette période de sa vie quand il pénètre dans le hall du motel Dollars.
10:24Edna, la comptable, est assise au bureau de réception.
10:26« Où est Charlie ? » demande Milton.
10:31« À la cafétéria. » répond-elle sèchement.
10:35« Ah, M. Magruder veut vous voir immédiatement et vous attend dans son bureau. »
10:40« Ah bon ? Vous savez pourquoi ? » demande Milton.
10:44« Non, non. » dit-elle.
10:49Milton la dévisage d'un air inquisiteur.
10:52Il se tourne et prend la direction du bureau directorial.
10:59Magruder a-t-il vu la vie de recherche placardée à la poste ?
11:03Bien sûr, c'est possible et même plus que probable.
11:07N'importe qui, même Agnès l'avait bien remarqué.
11:13Que se passe-t-il ?
11:16Tout le pays est-il déjà aux trousses de Milton ?
11:19Vous le saurez dans quelques instants.
11:37Milton Dankel est poursuivi par l'image de son cousin Gérard,
11:41un type dangereux et recherché qui n'a pas fini de lui causer des ennuis.
11:49Milton frappe discrètement à la porte.
11:53Une voix bourrue lui ordonne d'entrer.
11:57« Vous voulez me voir, M. Magruder ? »
12:00« Oui, M. Dankel, pour vous signifier votre congé. Voilà ! »
12:04dit le gros homme, avançant vers Milton une mince enveloppe.
12:08« Tout y est ! Évidemment, pas d'indemnité et pas de préavis, n'est-ce pas ?
12:12D'ailleurs, vous savez très bien pourquoi. Voilà !
12:14Et maintenant, fichez-moi le camp et que je ne vous en vois plus ! »
12:18« Mais, M. » dit Milton, « enfin, je ne vois pas, je ne comprends pas. »
12:23« Je ne vous demande pas de comprendre ! Je vous prie de ficher le camp d'ici au plus vite ! »
12:29Milton prend l'enveloppe et sort du bureau grogué.
12:34Milton cogite une dizaine de minutes sur la façon dont il va s'y prendre.
12:40Puis, il décroche le téléphone et demande M. Edward Davis, à Queen's Port.
12:47Après quelques minutes d'attente, Milton entend une voix aigrelette à l'autre bout du récepteur.
12:53« Bonjour, madame. Êtes-vous Mme Davis, la mère de Milti Davis ? »
12:59« Oui, oui, c'est moi. Qui êtes-vous, monsieur ? »
13:01« Je suis Harris. George Harris. J'étais un camarade de classe de votre fille. »
13:08« Voilà. Il va y avoir une réunion des anciens élèves le mois prochain. »
13:12« Nous espérions que Milti pourrait y assister. »
13:15« Ma fille n'habite plus ici, monsieur. Maintenant, elle vit à Stanford. »
13:19« Ah, et vous avez son adresse, Stanford, madame, s'il vous plaît ? »
13:24« Non, non. Je n'ai que son téléphone. Attendez une minute. Je vais vous le donner. »
13:29La vieille dame énumère consciencieusement le numéro de téléphone, puis ajoute...
13:34« Quand vous l'aurez au bout du fil, dites-lui donc de venir nous voir un de ces jours. »
13:37« Je n'y manquerai pas, madame. Merci. Au revoir, madame. »
13:42Milton appelle une nouvelle fois le standard et demande le numéro de Milti Davis à Stanford.
13:47La sonnerie se fait entendre un long moment.
13:52L'opératrice est en train d'annoncer à Milti que personne ne répond quand une voix d'homme décroche enfin.
13:58« Ouais, qu'est-ce que c'est ? » dit une voix peu aimable.
14:03« Euh, bonjour, monsieur. Je voudrais parler à mademoiselle Davis, s'il vous plaît. »
14:07« Hé, pas là. Elle bosse dans la journée, » dit l'homme en raccrochant.
14:12Milton compose alors le numéro de l'interurbain et demande l'adresse correspondante au numéro qu'il vient d'appeler « pratique courante » aux États-Unis.
14:23Il l'obtient sans difficulté.
14:27Deux heures plus tard, Milton est dans l'autobus direction Stanford.
14:31Il emporte une vieille valise.
14:34Dedans, une chemise et un revolver qu'un prêteur sur gage lui a échangé contre sa télé.
14:42Il n'a jamais eu d'arme à feu auparavant.
14:45Mais ce calibre .32 le rassure en quelque sorte.
14:51Milton est persuadé qu'il va en avoir besoin.
14:53Pendant le trajet, Milton se sent de plus en plus léger.
15:00Il se dit qu'enfin, il va se libérer de cet énorme fardeau qui l'empêche de vivre depuis trop longtemps.
15:08À travers la vitre, il admire les paysages enneigés, le cœur gonflé d'espoir.
15:14Quand il aura réglé cette affaire, tout ira bien.
15:17En posant le pied sur le sol de Stanford, Milton se sent parfaitement bien.
15:26Il prend un taxi et se fait conduire chez Milti Davis.
15:32Un quartier pauvre.
15:34Une maison en bois délabrée au milieu d'autres maisons en bois délabrées.
15:39La façade est peinte en jaune canarie.
15:42Sur une pancarte fixée à la porte d'entrée, on peut lire « Chambre meublée à louer ».
15:47Milton sonne plusieurs fois avant de voir apparaître un souillon aux yeux délavés qui, il y a très longtemps, avait dû être une femme.
15:58« Il n'y a pas de chambre de libre ! » annonce-t-elle, l'haleine parfumée à la bière.
16:05« Je ne veux pas de chambre, madame, je cherche Milti, Milti Davis. »
16:08« Oh, fallait le dire, vous avez l'heure ? »
16:11« 15h45, pourquoi ? »
16:13« Parce qu'elle quitte son boulot à 15h, voilà pourquoi. »
16:17« Ah bon, alors elle ne va pas tarder ? »
16:19« Oui, elle sera là dans quelques heures, » ajoute le souillon.
16:24« Pour le moment, elle doit être chez Friard, c'est pas loin.
16:28Vous prenez par là, à gauche, c'est le premier bistrot du coin.
16:31Vous ne pouvez pas vous tromper. »
16:35Le Friard pue le sordide et l'alcool rance.
16:40Sur trois tabourets, trois types noient leur chagrin.
16:44Le barman, appuyé sur le comptoir, regarde un match de baseball à la télé.
16:50Toutes les tables sont dans la pénombre.
16:54Milton s'avance dans cette direction.
16:55Soudain, dans son dos, il entend « Ah, mon Dieu, c'est pas possible ! »
17:02Milton se retourne et, dans la demi-obscurité, il voit une silhouette qui se lève et qui s'approche de lui.
17:10La femme le regarde hébétée.
17:14« Milty ? Milty Davis ? » demande Milton, lui aussi sous le choc.
17:22« Ah, mon Dieu ! » répète la femme.
17:25« Gérard, qu'est-ce qu'ils t'ont fait ? C'est pas possible, c'est pas croyable ! »
17:31« Non, je ne suis pas Gérard, je suis Milton. Tu te souviens de moi, Milty ? Je suis Milton Denkle. »
17:39La silhouette s'affaisse et semble se recroqueviller d'un seul coup.
17:45« Je... je peux m'asseoir ? » demande Milton.
17:48« Pas de réponse. »
17:53Il s'installe en face de Milty.
17:55Grâce à la lumière de la bajour, il distingue mieux ses traits.
18:00Ses yeux, autrefois pétillants, sont à présent vides et cernés.
18:08Le modelé de son visage est flasque et gras.
18:11Le tout est couronné d'une tignasse rousse.
18:14Il ne reste rien, absolument rien, de la belle jeune fille d'autrefois.
18:21« Je dois avoir ma dose ! » dit-elle.
18:26« Là, j'ai des hallucinations ! »
18:30« Non, Milty. C'est bien Milton qui est devant toi et pas Gérard. »
18:37Milton sort l'avis de recherche de sa poche.
18:39« Regarde, Milty, regarde. Ça, c'est Gérard. »
18:44« Dit-il en pointant le doigt sur l'affiche. »
18:47« Non, c'est vrai qu'on se ressemble beaucoup, mais regarde là, là, il a une cicatrice au front, hein ? Pas moi ! »
18:55Milty fixe l'avis de recherche d'un œil absent.
19:00« Tu te souviens, Gérard, l'année dernière, l'opération avait drôlement bien réussi, hein ?
19:06Pouf ! Pute balafre !
19:09Ça, tu les as possédés jusqu'au trognon, hein ?
19:12Et puis, quand tu t'es fait brûler le bout des doigts pour effacer tes empreintes, c'était fort, hein ?
19:18C'est ce qu'on voulait, pas vrai ? Seulement, on n'en a jamais profité. »
19:24« Mais qu'est-ce que c'est que ces salades, Milty ? »
19:26« Hein ? Je te reconnais bien là, hein ? »
19:29« Toujours aussi lâche, Gérard. »
19:32« Mais je ne suis pas Gérard ! Je suis Milton ! »
19:35« Milton est mort ! » répond-elle en levant son verre.
19:41« Non, Milty, non, Milton, il n'est pas mort, il est assis en face de toi.
19:45Maintenant, veux-tu me dire où se trouve Gérard, hein ?
19:48Il faut que je le retrouve à tout prix. »
19:51« Si tu veux vraiment retrouver Gérard, mon chou, si tu veux vraiment retrouver cet enfant de salaud,
19:59va faire un tour au cimetière de Red Bank, New Jersey.
20:04Tu le trouveras. »
20:07« Milty, tu veux dire qu'il est mort ? »
20:10« Oui, mort et enterré, il y a plus de sept mois. »
20:14« Voilà, c'est pour ça que personne n'a jamais réussi à lui mettre le grappin dessus. »
20:20« Gérard a tout prévu. »
20:23« T'es vraiment fortiche, Gérard. »
20:25« Mais puisque je te dis que je ne suis pas Gérard, je suis Milton, Milton Dunkel ! »
20:30« Écoute-moi bien, mon chou. »
20:33« Sur la pierre tombale, on peut lire « C.J. Milton Dunkel. »
20:38« C'est ça qui est écrit en toutes lettres. »
20:41« Va vérifier toi-même si tu ne me crois pas. »
20:43« Tu peux aussi aller consulter l'acte de décès, si ça te chante. »
20:47« Je le sais bien, puisque j'ai tout fait comme il m'a dit. »
20:51« Avant de mourir, ce salopard trouvait sa petite mise en scène plutôt marrante. »
20:59Leur email coule sur les joues de Milty.
21:03Milton la regarde, amer.
21:06Puis il replie la fiche.
21:08Ainsi, Milton Dunkel est mort.
21:15Et Gérard Dunkel continue à vivre.
21:20Comme dans un mauvais rêve, Milton se lève péniblement.
21:25« Eh, où tu vas, mon chou ? »
21:28Demande Milty.
21:29« J'ai affaire. Au fait, il faudrait qu'un de ces jours, tu passes à Queen's Port, voir ta vieille. »
21:37« Je t'en supplie, Gérard. Me quitte pas. Ne pars pas. »
21:40« Adieu, Milty. Je n'ai pas le choix. »
21:48Milton relève le col de son manteau, fourre les mains dans ses poches et se dirige vers l'arrêt des autobus, tout en repensant à tout ce qui, jusqu'à ce jour, le poursuivait sans qu'il le sache.
22:04« Le FBI, tous les flics du pays, Agnès, sa pension, son avocate, les juges, les huissiers. »
22:14« Finalement, se dit-il, finalement, il vaut peut-être mieux être recherché par tout le monde qu'être ignoré de tout le monde. »
22:26Il caressa amoureusement la crosse de son P-32.
22:33Une nouvelle vie commençait pour lui.
22:37Vous venez d'écouter « Au cœur du crime », un podcast issu des archives d'Europe 1.
22:49Réalisation, Julien Tarot.
22:51Production, Romy Azoulay.
22:54Patrimoine sonore, Sylvaine Denis, Laetitia Casanova et Antoine Reclut.
22:59Promotion, Marie Corpet.
23:01« Au cœur du crime » est disponible sur le site et l'appli Europe 1.
23:04Écoutez aussi l'épisode suivant en vous abonnant gratuitement sur votre plateforme d'écoute.
23:10Et alors, « Au cœur du crime ».
23:12Sous-titrage MFP.
23:13Sous-titrage MFP.

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