Comment Mussolini a-t-il pris le pouvoir ?
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00:00En quelques années, le destin de l'Italie a basculé. Et ça, c'est en partie grâce à un
00:13homme sorti de nulle part, un certain Benito Mussolini. L'inventeur d'une nouvelle idéologie,
00:20mélange de plusieurs idées d'inspiration sociale et nationaliste, le fascisme.
00:25Mussolini est parvenu à s'imposer comme le maître incontesté de l'Italie,
00:31en fondant un régime autoritaire d'un nouveau genre. Mais comment n'est-il arrivé là ?
00:36Car si on commence à bien connaître Hitler et les nazis, il faudrait peut-être remonter là où
00:43tout a commencé, en Italie. Aujourd'hui, je vous raconte comment les fascistes sont arrivés au
00:48pouvoir. Entre l'amertume de la fin de la première guerre mondiale, le chaos de l'Italie des années
00:5320 et l'aide de quelques élites.
01:01Mais avant de partir pour l'Italie, est-ce que ça vous dirait justement d'apprendre quelques
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02:16Bon, je sais que je dis la même chose à chaque début de vidéo, mais bon, vous savez, le contexte,
02:23c'est important. Mussolini et les fascistes ne sont pas apparus du jour au lendemain. S'ils ont été
02:28rendus possibles, c'est par un contexte bien particulier, qui a été rendu possible par un
02:33événement qui a forgé le début du 20ème siècle, la Première Guerre mondiale. Comme pour toutes les
02:38puissances européennes, la Grande Guerre a été un véritable traumatisme pour l'Italie. Même si le pays
02:44n'entre en guerre qu'à partir de 1915, jusqu'à l'armistice, ce sont 5 millions d'Italiens qui
02:50se retrouvent mobilisés, dont 670 000 qui ne reviennent pas vivants.
02:54A la sortie de la guerre, c'est une période chaotique pour l'Italie, propice à l'émergence
03:02de mouvements extrémistes. Tout commence par les négociations de paix qui sont décevantes pour les
03:07Italiens. Ils doivent dire adieu aux territoires qu'ils convoitaient, comme la ville de Fiume, une partie
03:13de l'Albanie et la Dalmatie, une région des Balkans peuplée en majorité d'Italiens. L'Italie doit se
03:19contenter de la région autour de Trente, de Trieste et de Lystrie. Le fait que l'Italie, pourtant dans
03:25le camp des vainqueurs, se voit refuser ces demandes, fait naître le concept de victoire mutilée, que les
03:31fascistes utiliseront massivement dans leur propagande. Pour les Italiens, ils se sont sacrifiés pour à la
03:38fin ne pratiquement rien obtenir. Mais là où l'Italie va être la plus impactée
03:42à la fin de la guerre, c'est économiquement. La guerre a coûté très cher et l'Etat se retrouve
03:47avec un gros déficit budgétaire. Le pays n'arrive plus à s'approvisionner en ressources et la population
03:53est victime d'une terrible inflation, avec des prix multipliés par 6. En plus de ça, le retour des
03:59soldats à la vie civile est compliqué. Comme les usines ont pendant la guerre été converties pour
04:04fabriquer des armes, leur reconversion en usine civile prend du temps, ce qui laisse de nombreux
04:09hommes sans emploi. En 1919, l'Italie compte 2 millions de chômeurs sur 36 millions d'habitants.
04:15Ce qui offre un contexte favorable aux revendications des syndicats, notamment ceux de la CGL,
04:20l'équivalent de la CGT en France, qui passe en 3 ans de 300 000 adhérents à 2 millions. Ce qui lui
04:28permet à l'été 1919 de lancer de grands mouvements sociaux menés par des figures de la gauche
04:33italienne comme Antonio Gramsci. C'est le début d'une période qu'on nomme le Biennio Rosso.
04:39Au nord, dans la partie la plus industrialisée du pays, les ouvriers occupent les usines,
04:44tandis qu'au sud, les paysans occupent les terres agricoles. Des émeutes éclatent un peu partout et
04:50fondent de nombreux morts. Les usines sont occupées par les grévistes et tout le pays se retrouve paralysé.
04:56Sans surprise, ces protestations effraient le roi et les élites bourgeoises. Car oui,
05:02l'Italie est à l'époque encore une monarchie constitutionnelle. Le roi, c'est lui, Victor
05:07Emmanuel III, et le gouvernement est dirigé par ce qu'on appelle un président du conseil des ministres.
05:12Et dans notre cas, c'est lui, Francesco Nitti. Si vous voulez, pour simplifier, c'est un peu comme
05:20l'Angleterre d'aujourd'hui. Il y a un roi, mais qui n'a pas vraiment de pouvoir. Le pays est dirigé par
05:25une sorte de premier ministre qui n'est pas directement élu lors d'une élection présidentielle, mais à la suite
05:30d'une élection législative. C'est le représentant du groupe qui obtient le plus de voix qu'il peut
05:35diriger, à condition d'avoir la confiance du roi. A cette époque, l'Italie compte trois grandes
05:40forces politiques. Le parti libéral italien, le parti socialiste et les démocrates chrétiens du
05:46PPI, le parti populaire italien. Une quatrième force est au même moment en train de se constituer,
05:52les fascistes. Mais on y reviendra un peu après. A l'apogée du Bienio Rosso, toutes les usines sont
05:58occupées et les grévistes commencent à former de véritables petites républiques soviétiques.
06:03Le pouvoir craint alors d'être à la veille d'une révolution. Le gouvernement de Niti va donc
06:09tomber. Il est remplacé par un libéral qui a autrefois occupé le poste de chef du gouvernement,
06:13un certain Giovanni Gioliti. Gioliti refuse de réprimer ses mouvements. Depuis la révolution
06:21russe de 1917, qui a mis fin à l'empire de Nicolas II, les élites craignent qu'une autre révolution
06:26bolchevique n'éclate en Europe. Le président du conseil ne veut donc pas prendre le risque de
06:32mettre le feu aux poudres et finit par accepter de faire plusieurs concessions aux grévistes,
06:36comme la hausse des salaires. Malgré ça, la gauche ressort frustrée de cette période. Car en fait,
06:42elle en attendait beaucoup plus. Pour le peuple italien, il y avait un véritable espoir de transformer
06:47véritablement la société italienne. Du côté de la droite, la monarchie et la bourgeoisie ont bien
06:53conscience que la situation aurait très rapidement pu déraper. C'est pourquoi elle aspire à un retour
06:59à l'ordre. Quitte à nourrir les ambitions de certains individus qui ont profité de la période
07:05pour sortir de l'ombre. Notamment, un certain Benito Mussolini.
07:10En parallèle du Bienio Rosso, il faut que je vous parle de cet homme.
07:23Non, ce n'est pas Benito Mussolini, mais ça y ressemble. Je vous présente Gabriel Danunzio,
07:32qui est en quelque sorte Mussolini avant Mussolini et il est important dans la naissance du fascisme.
07:39Pendant que l'Italie est en pro au trouble, cet écrivain et journaliste italien frustré par la
07:45victoire mutilée de la Grande Guerre décide avec une poignée d'anciens combattants de s'emparer en
07:50septembre 1919 du port de Fiume. Ensemble, ils forment une sorte de micro-état dont Danunzio
07:57devient le chef. Ils y instaurent un culte de la personnalité, ils organisent de grands rassemblements,
08:02inventent le salut avec le bras tendu inspiré du salut romain. À Fiume, Danunzio pose les bases de ce
08:09qui va devenir le fascisme. Et cette petite aventure s'achèvera en 1921, lorsqu'il sera délogé de Fiume
08:17par l'armée italienne. Pendant que Danunzio est à Fiume, sur le territoire italien, pendant le
08:23Bienio Rosso, les nationalistes italiens se sont organisés et ont fondé plusieurs mouvements dont un
08:30qui va changer l'histoire de l'Italie, les faisceaux de combat. À sa tête, on trouve un homme qui a alors
08:3737 ans en 1920, Benito Mussolini. Né en 1883 près de Forlis, dans le nord du royaume d'Italie, il a
08:4817 ans en 1900 lorsqu'il adhère au PSI, le parti socialiste italien. Deux ans après, il décide de
08:55s'exiler en Suisse pour échapper à son service militaire. Devenu agitateur politique en Suisse,
09:00il est arrêté à Lausanne puis expulsé. De retour en Italie en 1904, il devient instituteur puis
09:09journaliste pour l'Aventi, le journal officiel du parti socialiste, dans lequel il défend ses idées
09:15socialistes et anti-patronat, mais aussi ses idées nationalistes. Tout bascule pour Mussolini en 1914.
09:22Alors que l'Europe s'embrase, il va aller à l'encontre de la ligne pacifiste du parti socialiste et
09:28militer ouvertement pour l'entrée en guerre de l'Italie. Il fait ça principalement pour deux
09:34raisons. La première est que la guerre est contre les empires centraux, dont l'Autriche-Hongrie,
09:38qui a longtemps été la grande rivale de l'Italie, qui a longtemps voulu la soumettre. Alors ça,
09:44forcément, ça titille son nationalisme. Mais il a aussi un but plus personnel. Être pro-guerre lui permet
09:50d'exister politiquement. En s'éloignant de la ligne du parti socialiste, à gauche,
09:55Mussolini sort du lot. Mais ses prises de position lui valent d'être exclue du PSI et du journal
10:00Avanti. Alors, il part fonder son propre journal, Il Popolo d'Italia, le peuple d'Italie, qui prône
10:07l'interventionnisme. En mai 1915, l'Italie, pourtant à l'origine membre de la Triple Alliance mais restée
10:14neutre au début du conflit, décide finalement de rejoindre les alliés dans la guerre contre une
10:19promesse de récupérer ses terres de Trente et du Trieste, toujours sous occupation autrichienne.
10:24Désormais son pays en guerre, Mussolini va s'engager volontairement. Pendant qu'en parallèle,
10:31il continue d'écrire pour son journal. Il reste sur le front jusqu'en 1917 où il est gravement blessé.
10:37Après la guerre, lui et son journal vont s'éloigner peu à peu de la presse de gauche.
10:42C'est à Milan, le 23 mars 1919, que Mussolini réunit des nationalistes italiens, des anarchistes,
10:51des associations d'anciens combattants et des intellectuels et, ensemble, il crée les
10:56Faisceaux Italiens de Combat, un mouvement politique qui, à sa création, défend des idées un peu floues,
11:02voire contradictoires. Donné en référence au symbole romain lié à la punition, l'autorité et la
11:09justice, Faisceaux, en italien faci, donnera son nom à cette idéologie, le fascisme.
11:15Et comme il est charismatique, Mussolini devient naturellement le chef de ce mouvement.
11:21A l'origine, c'est un mouvement révolutionnaire qui est un mélange de marxisme et de nationalisme.
11:27Mais avec des positions aussi radicales, il se retrouve rapidement isolé.
11:32En fait, leur programme, il est trop extrême. Il effraie la bourgeoisie, l'église et les libéraux.
11:38Et même s'ils ont des positions proches du marxisme, voire même progressistes,
11:42puisque par exemple ils sont pour l'abolition de la monarchie, la fin du service militaire ou le
11:47suffrage universel masculin et féminin, eh bien ils sont quand même rejetés par les socialistes,
11:53les communistes et les anarchistes. Ce qui fait que leur parti, qui n'en est pas vraiment un,
11:57n'arrive pas à prendre. Ils sont largement battus lors des élections de 1919, dont Mussolini va
12:03d'ailleurs entièrement rejeter la faute de cet échec sur la gauche, ce qui va conduire à un
12:07divorce définitif entre Mussolini et la gauche italienne. Et ça, c'est ce qu'il faut retenir.
12:13Jusque fin 1919, Mussolini et les fascistes ne représentent rien. Ils sont totalement en marge
12:20de la vie politique italienne. En 1920, ils reviennent donc avec un nouveau programme.
12:25Ils s'inspirent de ce que fait au même moment Danunzio à Fiume et profitent du Bienio Rosso pour
12:31séduire la bourgeoisie, en promettant de rétablir l'ordre face au débordement.
12:35Pour ça sont créés les Squadristes, littéralement des escadrons de miliciens
12:41fascistes, reconnaissables par leur chemise noire. Ce sont de véritables caïds, chargés de briser les
12:48grèves en s'en prenant physiquement aux grévistes. C'est une véritable guerre de rue que se mènent la
12:52gauche et les fascistes. En matant les grèves, ils récupèrent le soutien d'une partie du patronat
12:59qui vont financer Mussolini. Ce soutien financier et le silence des autorités comme la police qui
13:06n'interviennent pas pour empêcher ces gardes-rues, permettent à Mussolini de s'implanter petit à petit
13:11dans le paysage politique italien. Le fascisme commence doucement à s'implanter en Italie.
13:17Et les Squadristes, menés par des chefs charismatiques comme Dino Grandi ou Roberto Faranici, installent
13:24leurs fiefs, appelés des races, dans de nombreuses villes italiennes.
13:27En seulement un an et demi, les Squadristes, des personnes issues en majorité de la classe
13:33moyenne, passent de 30 000 membres en juillet 1920 à 320 000 en décembre 1921.
13:40Mais le pouvoir, il fait quoi face à cette montée du fascisme ? Eh bien, pas grand chose.
13:47En fait, la plupart des libéraux croient que les fascistes de Mussolini sont de simples
13:52nationalistes qu'ils peuvent facilement contrôler. Pour eux, il est même préférable de garder
13:57les fascistes sous la main pour pouvoir réprimer les syndicats et les mouvements de gauche sans
14:02avoir à se salir les mains. En clair, ils ne voient pas du tout le danger que représente
14:07Mussolini. Mais vous connaissez la suite. En sous-estimant la menace fasciste, ils commettent
14:13une grave erreur.
14:14Cette naïveté des libéraux permet lors des élections législatives de mai 1921 de permettre
14:27aux fascistes d'intégrer les blocs nationaux, une coalition nationaliste qui remporte 19%
14:32des voix. Ce qui permet à 35 députés fascistes, dont Mussolini, d'entrer au Parlement. Au Parlement,
14:39il fait tout pour rendre le fascisme respectable et signe même avec les socialistes et la CGL
14:45un accord, le pacte de pacification pour mettre fin aux violences de rue. Ce qui a tendance
14:51à énerver certains squadristes qui menacent de se révolter. Car oui, la plupart de ces
14:56mecs, c'est juste des bruts. Alors disons que ces manœuvres politiciennes, ça leur passe
15:01un peu au-dessus. Car oui, au sein du fascisme, Mussolini ne fait pas forcément l'unanimité.
15:06Le fascisme, ça reste un milieu violent où règne la loi du plus fort. Et Mussolini, il
15:11a un paquet de concurrents qui voudraient bien lui prendre la place. Certains vont même
15:15mettre une pression sur lui pour le pousser vers la sortie. Mais Mussolini va tenir bon.
15:19Pendant que le pacte de pacification en vole en éclats et que les violences reprennent,
15:24il décide, malgré des réticences au début, de transformer les faisceaux de combat en
15:29un véritable parti politique. En novembre 1921 est fondé le PNF, le Parti National Fasciste.
15:37Tout va s'accélérer à partir de l'été 1922. Les principaux syndicats étant enfin parvenus
15:43à un accord, démarre en juillet une grève générale de grande ampleur.
15:47Comme l'Etat échoue à ramener l'ordre, ce sont les fascistes qui vont mettre fin aux grèves,
15:53dans le sang. Les libéraux ressortent de cette affaire totalement discrédité,
15:58pendant que les fascistes, eux, commencent à incarner la véritable autorité. Oui,
16:03la situation est en train de basculer. Tout va alors très vite. Mussolini profite de ce
16:09contexte favorable pour tenter un coup de force. Le 24 octobre 1922, depuis Naples, il déclare,
16:15soit ils nous donnent le pouvoir, soit nous marchons sur Rome.
16:19Le 26, des milliers de chemises noires partent de plusieurs villes du nord de l'Italie, Milan,
16:26Pérus au Tivoli, pour marcher vers la capitale. Sur la route, ils s'emparent des mairies, des gares
16:32et des relais télégraphiques pour empêcher toute communication. Les fascistes arrivent aux portes de
16:37Rome. Mussolini est, lui, arrivé par le train et a troqué sa chemise noire pour un costume pour
16:42paraître moins inquiétant. Il est alors question de déclarer l'état de siège dans la capitale.
16:47Mais le roi refuse, par peur que cela ne plonge l'Italie dans la guerre civile.
16:51Il refuse aussi d'envoyer l'armée. Pourtant, en ouvrant le feu sur les putschistes,
16:56les fascistes auraient été facilement vaincus. Ce aurait même pu être la fin de Mussolini. Mais
17:02encore une fois, par peur d'une guerre civile, le roi va préférer négocier avec Mussolini.
17:07Le 30 octobre, Mussolini est reçu par le roi. Il lui propose la création d'un gouvernement
17:13majoritairement pro-fasciste, dont il serait à la tête. Victor Emmanuel III accepte et Mussolini
17:20devient le chef du gouvernement. Mussolini ne prend donc pas le pouvoir par les urnes,
17:29on le lui donne pour empêcher que l'Italie ne s'embrase.
17:32Voilà, Mussolini a pris le pouvoir, le fascisme s'est imposé en Italie, fin de l'histoire.
17:37Bon, évidemment, non, c'est plus compliqué que ça.
17:40L'Italie ne devient pas une dictature. Pour rappel, Mussolini a seulement 35 députés,
17:45il est donc très loin d'être le maître du pays. Il va donc, pour un temps,
17:49devoir avancer masqué, ce qui l'oblige à gouverner avec ses rivaux.
17:53Dans ce nouveau gouvernement, il se nomme ministre de l'intérieur et des affaires étrangères.
17:58La justice, les finances et l'éducation sont confiés à ses camarades fascistes. L'armée et
18:05la marine a des militaires proches du roi, tandis que le reste du gouvernement est composé d'une
18:10coalition entre conservateurs et libéraux. Il obtient l'appui d'une majorité de députés,
18:15qui espèrent que les fascistes vont remettre le pays sur les rails, car eux aussi pensent naïvement
18:21que Mussolini et ses sbires vont accepter de se conformer à la démocratie. Mais dans la foulée,
18:27Mussolini perd le contrôle sur les squadristes qui sont de plus en plus violents, ce qui met en
18:32péril sa promesse de ramener le calme en Italie. Alors, en janvier 1923, lors d'une réunion du
18:39Grand Conseil du Fascisme, là où se réunissent les principaux dignitaires du PNF, il dissout les
18:44squadristes et les remplace par le MVSN, la Milice Volontaire pour la Sécurité Nationale,
18:50une organisation paramilitaire qui prête serment à Mussolini et non au roi.
18:55Dans le même temps, il fait passer une loi qui préfigure l'instauration de la dictature en
19:00réformant les élections. Désormais, lorsqu'un parti obtient plus de 25% des voix, il obtient
19:06automatiquement les deux tiers des sièges au Parlement. Une fois la loi votée, Mussolini en
19:12profite et convoque des élections anticipées. Lors de ces nouvelles élections législatives
19:17d'avril 1924, ils se présentent avec une coalition appelée la Liste Nationale qui rassemble
19:23fascistes, catholiques conservateurs et libéraux. Profitant d'une forte abstention de la gauche,
19:28qui se voit intimidés et dissuadés d'aller voter par les squadristes, ils obtiennent près de 65% des
19:34voix. Ce sont 275 députés fascistes qui entrent au Parlement. A gauche, les réactions ne tardent pas,
19:41le député socialiste Giacomo Matteotti réunit la gauche italienne pour dénoncer les méthodes
19:47fascistes. Il dénonce leurs violences et les accuse de corruption et de fraude électorale.
19:52Une affaire va alors entacher Mussolini. Le 10 juin 1924, alors que Matteotti quitte son
19:59domicile pour se rendre au Parlement, il est enlevé en plein Rome. Son corps est retrouvé 6 jours plus tard,
20:05mutilé. Les kidnappeurs sont rapidement identifiés et je vous le donne en mille,
20:11tous sont liés aux squadristes. Leurs meneurs travaillent même pour le service de presse du
20:15gouvernement de Mussolini. Dans toute l'Italie, l'émotion est immense après l'assassinat du
20:20député. Et l'opposition accuse rapidement Mussolini d'avoir commandité ce meurtre et exige
20:26de nouvelles élections. Les fascistes perdent le soutien des députés libéraux et chrétiens.
20:31Les députés décident même de ne plus venir au Parlement et de se regrouper dans un autre
20:35endroit de Rome. Ils font ce qu'on a appelé la sécession avant Tignana. Ils refusent de reprendre
20:41le travail tant que de nouvelles élections avec les anciennes règles n'ont pas été organisées.
20:45Mussolini hurle à la conspiration, déclarant qu'on lui a jeté un cadavre dans les pattes. Ce
20:51moment aurait pu signer sa fin, mais il va pouvoir se sauver.
20:55Les socialistes, les démocrates chrétiens et les libéraux sont divisés et n'ont aucun
21:03programme cohérent. Les communistes de leur côté souhaitent même carrément tenter un coup
21:08d'état pour renverser Mussolini par les armes. Mais ils n'arrivent pas à trouver le soutien des
21:12autres milieux de gauche qui souhaitent eux rester dans la légalité. Alors le roi,
21:17qui souhaite en priorité la stabilité pour l'Italie, décide de renouveler Mussolini à son
21:22poste de chef de gouvernement. Et ça, malgré l'affaire Matteotti. Il va se justifier en disant
21:28qu'aucun élément ne permet de relier directement Mussolini à cet assassinat.
21:32Avec cette décision, le roi Victor Emmanuel III vient de sceller le sort de l'Italie. Dans un
21:38discours prononcé à Rome devant le parlement, le 3 janvier 1925, face aux protestations,
21:43Mussolini assume tout. « Si le fascisme est composé d'une bande d'assassins, alors j'en suis le chef ».
21:50Le masque tombe. L'Italie devient une dictature.
22:07Le destin de l'Italie bascule véritablement entre 1925 et 1926 lorsque les fascistes votent les lois
22:13fascistissimes. Une série de lois qui vont instaurer le régime fasciste en Italie.
22:18Les institutions, la démocratie et les libertés individuelles sont attaquées.
22:23Les fonctionnaires jugés déloyaux sont révoqués. Les syndicats sont interdits et laissent la place à
22:30un unique syndicat fasciste. Le droit de grève est supprimé. La liberté de la presse est abolie.
22:35Les journaux de gauche comme l'Aventi sont d'ailleurs les premiers à être interdits. Et enfin,
22:39les lois fascistissimes se concluent par la dissolution de tous les partis politiques non
22:44fascistes, dont les derniers députés sont expulsés du Parlement. Après ça,
22:49pour éviter la prison ou la mort, de nombreux opposants sont forcés de quitter l'Italie.
22:53Mussolini en profite pour organiser une purge et faire éliminer les derniers squadristes,
22:58même si c'est eux qui lui ont permis de prendre le pouvoir. Mais devenu trop nombreux,
23:03trop violent et trop souvent en désaccord avec lui, Mussolini ne voulait pas prendre le risque
23:08qui se retourne contre lui. Dans la foulée, Mussolini crée une police politique,
23:12l'OVRA, l'Organisation pour la Surveillance et la Répression de l'Antifascisme, chargé de surveiller,
23:19d'infiltrer et de capturer tout opposant peu importe ses tendances politiques.
23:23Puis, en janvier 1926, les fascistes s'attaquent à la justice avec la création d'un tribunal spécial de
23:31défense de l'Etat dont l'intégralité des juges sont issus de la milice.
23:35Le régime de Mussolini s'illustre aussi par une habile maîtrise de la propagande qui
23:41inspirera de nombreux régimes par la suite. Le parti fasciste contrôle désormais tout,
23:46la presse, la radio, le cinéma, le théâtre, l'édition, les écoles et les universités.
23:52Dans tout le pays, le PNF organise de gigantesques cérémonies. De nouveaux jours fériés sont créés
23:58pour célébrer les grands moments du parti, comme la marche sur Rome. Les jeunes sont encadrés
24:03jusqu'à leur majorité par les jeunesses fascistes, où ils sont endoctrinés au travers
24:08d'activités sportives, culturelles et paramilitaires. Une fois adultes, les jeunes hommes talentueux se
24:14destinent à une carrière dans le parti, l'armée ou l'administration, tandis que les femmes sont
24:20reléguées à un rôle de femme au foyer. Mussolini mène également de grands chantiers,
24:25comme l'aménagement de routes, de ports et de chemins de fer. L'économie est elle aussi
24:31totalement au service de l'Etat, avec la création de corporations. Le parti tolère que les travailleurs
24:37soient exploités, à condition que les entreprises soient obéissantes envers l'Etat. Les travailleurs
24:43sont eux aussi encadrés par des organisations fascistes pendant leur temps libre. Le fascisme,
24:48c'est aussi la discrimination contre tout ce qui est différent ou jugé inférieur. Longtemps dirigé
24:55contre les homosexuels et les populations slaves et africaines, et bien qu'à l'origine le régime
25:00de Mussolini ne soit pas particulièrement antisémite, les discriminations vont s'élargir
25:05aux juifs avec les lois raciales de 1938, en même temps que Mussolini se rapproche d'Hitler.
25:10Mais cette partie-là, on se la garde pour un prochain épisode. En bref, en quelques années,
25:15le fascisme s'est immiscer dans toutes les couches de la société italienne. Dans une société
25:20fasciste, l'individu et les libertés individuelles sont totalement niés. Tout est tourné vers la
25:26création de ce que les fascistes appellent un homme nouveau, une figure fantasmée,
25:30d'un homme fort et pur, entièrement au service de son pays. Tout est contrôlé par un État
25:35omniprésent qui s'accommode de la bourgeoisie et de la monarchie à condition qu'elles se mettent
25:39à son service. Car le fascisme reste un mélange d'idées. Malgré un aspect social,
25:44le fascisme reste avant tout nationaliste. Il doit encadrer toute la nation pour la conduire,
25:50de gré ou de force, vers un futur idéalisé, quitte à utiliser la violence et à purger
25:56ce considéré comme inférieur ou indésirable. Tout ne tourne désormais qu'autour d'un seul
26:02homme, Benito Mussolini, désormais appelé le Duce, le Guide. Un titre dérivé du titre romain de
26:10Dogs Bellorum, vis-à-vis duquel l'État met en place un véritable culte de la personnalité.
26:16Une attention toute particulière est portée à son image. Présenté comme proche du peuple,
26:22les photos officielles le montrent en train d'arpenter l'Italie. La propagande le montre
26:26aux commandes d'un avion, en train de skier et de nager ou bien de participer à une récolte de blé.
26:32Passé en à peine une dizaine d'années de journalistes à maître absolu de l'Italie,
26:38Benito Mussolini a mis au pas son pays. En profitant du terreau offert par la fin de
26:46la première guerre mondiale et de la naïveté, voire de la complaisance des libéraux, des
26:51bourgeois et du roi, qui ont préféré l'ordre promu par les fascistes, au chaos d'une potentielle
26:56révolution, Mussolini est parvenu à imposer le fascisme à toute l'Italie.
27:01Après son invasion de l'Ethiopie et son intervention dans la guerre civile espagnole pour apporter son
27:08soutien à Franco, Mussolini se retrouvera isolé, contraint de former une alliance de
27:13circonstances avec un autre fasciste. Pourtant longtemps considéré comme son concurrent,
27:18un autrichien, lui aussi aigri et frustré par la grande guerre.
27:22Aux côtés d'Hitler, Mussolini se lancera dans une funeste quête pour reconstituer un empire romain
27:31fantasmé. En s'alliant avec l'Allemagne nazie en mai 1939, Mussolini scelle le destin de l'Italie,
27:38qui, mal préparée, sera emportée et le monde avec elle dans le conflit le plus meurtrier de l'Histoire.
27:46C'est la fin de cette vidéo, j'espère qu'elle vous a plu. Vous l'aurez compris, ça ouvre clairement
28:09sur une suite. Sauf qu'à l'heure actuelle, j'ai toujours pas trouvé l'angle intéressant pour en faire
28:14une vidéo. Donc ça sera sans doute pas avant un petit moment. Surtout qu'on a déjà plein de
28:19vidéos en préparation sur des sujets vraiment hyper intéressants. Je suis trop content des idées
28:24qu'on a, donc plus qu'à les réaliser. Encore une fois, si vous découvrez mon contenu avec cette
28:29vidéo et que vous n'êtes pas abonné, pense à le faire. Pour moi, c'est un super soutien.
28:33Et maintenant, je vous laisse avec un petit rappel de notre sponsor du jour. Et une nouvelle fois,
28:38merci à Babel d'avoir sponsoré cette vidéo. Cliquez sur mon lien en description pour obtenir 20%
28:43de réduction sur l'abonnement de 6 mois, 45% sur celui de 12 mois et 50% sur l'abonnement à vie.
28:50Voilà, encore merci et à très bientôt.