Le ministre des Transports a appelé "tous les cheminots" à la "responsabilité pour éviter un conflit que les Français ne supportent plus" alors que plusieurs syndicats de la SNCF ont appelé à une grève début mai. Regardez l'interview de Thomas Portes, député LFI de la Seine-Saint-Denis.
Regardez L'invité de RTL avec Olivier Boy du 21 avril 2025.
Regardez L'invité de RTL avec Olivier Boy du 21 avril 2025.
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00:00RTL Matin
00:02Et tout de suite l'invité de RTL Matin, Olivier, vous recevez aujourd'hui Thomas Porte, le député LFI de Seine-Saint-Denis.
00:10Bonjour Thomas Porte, bienvenue sur RTL.
00:11On va parler du risque de grève à la SNCF avec vous parce qu'il se trouve que vous êtes toujours cheminot, c'est comme ça qu'on dit, en disponibilité.
00:18Je suis toujours cheminot en disponibilité.
00:20Depuis que vous êtes entré en politique, vous étiez à la CGT d'ailleurs à l'époque où vous étiez...
00:24Toujours adhérent de la CGT.
00:26Des préavions ont été déposés à partir du lundi 5 mai, on va rappeler les dates.
00:30Sudrail promet une semaine noire pour tout le pont du 8 mai.
00:34Ce sont les conducteurs, les contrôleurs, entre autres, qui réclament de meilleurs salaires et de meilleurs plannings.
00:39Est-ce que vous, si vous étiez toujours salarié de la SNCF, vous vous mettriez en grève ?
00:43Je serais effectivement en grève si j'étais salarié de la SNCF et moi je tiens ici à leur apporter ma solidarité
00:48parce que je vois ce qui se passe depuis 10 jours.
00:50C'est-à-dire une campagne de dénigrement, de fausses informations organisées par la direction de la SNCF
00:54que j'ai pratiquées pendant des années qui livrent des fausses informations.
00:58Il y a un ministre des Transports qui ne trouve rien de mieux à faire que de venir sur le plateau télé
01:01et jeter de l'huile sur un feu qui est déjà incandescent.
01:03La colère des cheminots, parce que vous avez parlé des contrôleurs et des conducteurs,
01:05il y a aussi des agents du matériel.
01:07Donc il y a une colère qui est très forte à la SNCF
01:08et la mobilisation, elle sera massive s'il n'y a pas de retour à la table des négociations de la direction de la SNCF.
01:13Mais quelles fausses informations ?
01:14Vous parlez des chiffres qu'on voit, c'est-à-dire la direction de la SNCF
01:17qui dit que les cheminots ont été augmentés 17% sur 3 ans,
01:23c'est-à-dire largement au-dessus de l'inflation
01:25et plus que l'immense majorité des salariés en France.
01:28Ce n'est pas un faux chiffre ça ?
01:29C'est des chiffres qui sont contestés par les organisations syndicales.
01:33On est quand même sur une situation où l'entreprise ferroviaire française, la SNCF,
01:36est la plus rentable d'Europe.
01:38C'est 1,6 milliard de bénéfices nets en 2024.
01:41Sur les 3 dernières années, c'est plus de 5 milliards.
01:43On a aujourd'hui des salaires qui ont été augmentés,
01:45mais en deçà de l'inflation, on a des primes de travail
01:47qui ont, pour certains conducteurs de train par exemple, baissé.
01:51Mais il n'y a pas que la question salariale,
01:52il y a aussi la question des conditions de travail,
01:54pour que les gens qui nous écoutent, vous par exemple,
01:56vous faites des matinales, vous commencez très tôt le matin.
01:58Quand vous êtes contrôleur de train, vous pouvez prendre votre service à 3-4 heures du matin.
02:01On peut aujourd'hui vous dire 48 heures à l'avance,
02:03que ce ne sera plus 3 heures du matin, ça sera 18 heures.
02:05Donc pour organiser votre vie de famille, c'est absolument inacceptable.
02:08Ce n'est pas possible de faire ça aujourd'hui.
02:10Mais nous, on négocie avec nos patrons directement.
02:12Si on n'est pas content, on n'a pas besoin de prendre tous les Français à témoin.
02:15Là, je rappelle le motif de la grève,
02:18c'est apparemment des plannings qui changent trop régulièrement,
02:21parce qu'il y a un nouveau logiciel qui ne fonctionne pas bien.
02:23Qu'est-ce qu'on a à voir là-dedans ?
02:25J'allais dire, pourquoi on se retrouve au milieu de ce conflit
02:26qui devrait être réglé en interne ?
02:28Il ne vous a pas échappé qu'une négociation, c'est un rapport de force.
02:31Et les cheminots, ils n'ont pas pris en traite la direction de l'entreprise.
02:33Ils n'ont pas dû en faire grève sur le pont du 8 mai.
02:35Ils n'ont pas annoncé ça deux jours avant.
02:37Ça fait un mois et demi que le préavis est sur la table.
02:39Un mois et demi que la direction de la SNCF est au courant
02:41que la situation va être très tendue sur ce pont-là.
02:44Et la direction de la SNCF, quand elle veut, elle sait faire.
02:46On a eu l'exemple des Jeux Olympiques.
02:48Il y avait un préavis de grève qui a été déposé.
02:50Tout le monde a senti le risque de blocage pendant les Jeux Olympiques.
02:53La direction, elle est venue à la table des négociations.
02:55Elle a écouté les revendications.
02:56Il n'y a pas eu de grève.
02:56Donc c'est ça la réalité.
02:57À toutes les vacances.
02:58Maintenant, c'est quasiment systématique.
03:00Il y a eu, en avril dernier, exactement au même moment,
03:03des négociations sur la retraite.
03:04La direction avait d'ailleurs cédé pour favoriser les départs à la retraite.
03:08Il y a eu la prime JO, effectivement, à l'approche des vacances de Noël.
03:11C'est systématique, maintenant.
03:12C'est une stratégie syndicale.
03:13Ce n'est pas systématique.
03:14Il ne vous a pas échappé qu'il n'y a pas eu de grève pendant les vacances scolaires.
03:16Parce que j'entends, on fait grève pendant les vacances.
03:18Les vacances scolaires, il n'y a pas eu de grève, justement.
03:19Le préavis a été déposé pour faire en sorte que les vacances scolaires se passent bien.
03:22Mais si je vous entends, on ne fait pas grève pendant les vacances scolaires.
03:25On ne fait pas grève à Noël.
03:26On ne fait pas grève le jour du bac.
03:27On ne fait pas grève pendant les Jeux Olympiques.
03:28Donc, en fait, on fait grève quand ?
03:29De 3 heures du matin à 6 heures quand ça ne gêne personne.
03:31Une grève, ça a aussi des conséquences d'imposer un rapport de force.
03:34Et je le dis, la colère, elle est majeure.
03:35Et la responsabilité, elle est dans le camp de la direction de la SNCF.
03:38Les salariés sont dans leur rôle.
03:39Ils défendent leurs intérêts et ils demandent un partage des richesses.
03:41Un, parce qu'il y a des bénéfices.
03:43Deux, des conditions de travail pour assurer un service public de qualité.
03:45C'est ce que vous expliquez aux électeurs de Seine-Saint-Denis.
03:47Vous êtes député aujourd'hui.
03:48Vous n'êtes plus à la CGT de la SNCF.
03:49Vous avez des gens.
03:50Le pont du 8 mai, ce n'est pas pour partir en vacances à l'autre bout du monde.
03:53C'est pour partir en famille quelques jours.
03:55Peut-être certaines familles ont économisé pour prendre le train qui coûte cher.
03:58Qu'est-ce que vous leur dites quand vous êtes sur le terrain ?
04:00Et que franchement, les gens le disent.
04:01Il y a un agacement sur ces grèves à répétition pendant les congés.
04:04Vous ne pouvez pas ne pas l'entendre.
04:05Ne vous dites pas que vous ne l'entendez pas, ça.
04:07Bien sûr que je l'entends.
04:08Toutes les grèves ont des conséquences qui sont parfois malheureuses pour les usagers des transports.
04:12Maintenant, j'entends que tout le monde se réveille et parle du droit aux vacances des Français.
04:16Je rappelle que sur les ponts du mois de mai, c'est à peine 12% des Françaises qui partiront au regard de la baisse du pouvoir d'achat.
04:22Et encore une fois, je dis aux gens qui sont aujourd'hui impactés par cette grève-là qui n'a pas lieu.
04:26Je le rappelle, pour l'instant, on peut sortir par le haut de la situation.
04:28Et la direction de la SNCF, elle peut revenir à la table de négociation et écouter ses revendications.
04:32Moi, ce que je dis aux gens qui sont potentiellement impactés, c'est que la pression, elle doit être mettre sur la direction de la SNCF.
04:36Aujourd'hui, on a une direction qui refuse de négocier, qui vient sur les plateaux télé donner des faux chiffres.
04:43Et derrière, ça crée un climat de tension.
04:44Et qui dit qu'elle n'a pas les moyens de supporter cette grève.
04:48Parce qu'aujourd'hui, les Français, ils ont le choix avec de la concurrence étrangère,
04:51Trenitalia, d'autres compagnies qui s'implantent en France, la concurrence des bus, également du covoiturage.
04:56La SNCF doit faire face à cette réalité.
04:59Et on entend aussi de la part de la direction cet appel à la responsabilité.
05:02Vous l'entendez, vous, cet appel ?
05:03Je crois que l'appel à la responsabilité, c'est la SNCF et la direction qui doit se l'appliquer à elle-même.
05:08Parce qu'aujourd'hui, j'entends que le train est en difficulté.
05:12Mais qui a décidé d'augmenter les prix des billets de train ?
05:14La SNCF a annoncé, je crois, 1,3% d'augmentation en 2025 sur les deux dernières années.
05:19C'est 10% d'augmentation des prix de billets sur les TGV.
05:22Et encore une fois, je le redis, c'est 1,3 ou 1,6 milliard de bénéfices nets sur l'année précédente.
05:27Donc il y a les moyens de faire différemment.
05:29Et faire croire que si la SNCF ne marche pas, c'est de la faute de celles et ceux qui travaillent à l'intérieur.
05:33Alors c'est une fumisterie, parce que ce n'est pas Jean-Pierre Farandou,
05:35ce n'est pas le PDG de SNCF Voyages qui font la richesse de la SNCF.
05:38C'est les gens qui conduisent les trains, qui sont à l'intérieur, qui sont sur les voies, qui réparent les trains.
05:41C'est ça la réalité aujourd'hui d'un public public.
05:43Il y a un débat, peut-être que vous allez avoir le traité à l'Assemblée.
05:46Une proposition de loi a été votée par le Sénat,
05:48notamment défendue par l'actuel ministre des Transports, Philippe Tabarro,
05:51pour restreindre le droit de grève, l'interdire notamment pendant les congés.
05:54Et il le dit déjà, lui, si cette grève a lieu,
05:57il va revenir sur, dans l'actualité, cette hypothèse-là.
06:02Est-ce qu'elle ne va pas être contre-productive, cette grève,
06:04en justement favorisant cet aspect-là ?
06:07Ça fait dix ans que Philippe Tabarro fait le tour des plateaux télé,
06:10à chaque période de l'année, à peu près,
06:12avec sa proposition de loi au Sénat pour encadrer le droit de grève.
06:15Encore une fois, nous avons aujourd'hui un problème,
06:16puisqu'on a un ministre des Transports qui est anti-cheminaux, anti-services publics.
06:19C'est le premier vice-président de région, quand il était en PACA,
06:22qui a ouvert à la concurrence le transport ferroviaire,
06:24notamment une ligne du TER.
06:25Donc, lui, son objectif, c'est de détruire le service public de la SNCF
06:28pour le livrer au privé.
06:29C'est absolument inacceptable.
06:30Et je crois que cette proposition, elle n'est pas assez raise.
06:32Il y aura un accord, vu tout ce que vous dites ?
06:34Pardon ?
06:34Vous croyez qu'il y aura un accord avant la grève ?
06:36Vu tout ce que vous dites, on a l'impression que c'est complètement bloqué et très tendu.
06:39La balle est dans le cadre de la direction de la SNCF.
06:41La colère, elle est énorme.
06:41Les premiers retours de terrain qu'on a disent que le taux de grévistes va être très très fort
06:45et que le pays et les trains peuvent être à l'arrêt ce week-end-là.
06:47Donc, la direction de la SNCF, sa responsabilité,
06:49c'est d'écouter les revendications des salariés.
06:50Thomas Porte, vous êtes député de la France Insoumise.
06:52On va parler du budget maintenant et ce chiffre qu'on entend.
06:5640 milliards d'euros à trouver dans le prochain budget de 2026.
06:59Il va falloir faire des économies.
07:01En tout cas, c'est ce qu'a dit le Premier ministre.
07:03Est-ce qu'on a le choix, vu l'ampleur des déficits et de la dette ?
07:06Bien sûr qu'on a le choix.
07:08Et encore une fois, pour les gens qui nous écoutent,
07:10il faut mesurer le plan d'austérité.
07:11Que cela veut dire ?
07:1240 milliards d'économies, c'est des services publics en moins.
07:15C'est un accès à la santé qui va être péjoré.
07:16C'est des questions de réduction de postes dans les services publics,
07:19notamment dans les écoles.
07:20Moi, je suis député de Seine-Saint-Denis.
07:22On annonce plus de 100 classes fermées à la rentrée de 2025.
07:24C'est ça, le budget austéritaire.
07:25Et qu'est-ce qu'il faut faire, là ?
07:26Tout à l'heure, on parlait de la grève à la SNCF,
07:29de la question de la répartition des richesses.
07:30Elle se pose aussi sur la question du budget.
07:32Nous, dans le cadre du budget, on avait fait un certain nombre de propositions
07:34pour taxer les super profits,
07:36pour augmenter les taux d'imposition sur celles et ceux qui ont le plus de richesses dans ce pays.
07:39On n'a malheureusement pas pu voter ni débattre le budget
07:42puisqu'il y a eu une 49-3.
07:43Donc, le gouvernement d'Emmanuel Macron, il poursuit sa fuite en avant,
07:46c'est-à-dire exonérer celles et ceux qui sont déjà des privilégiés
07:48pour imposer au peuple une politique qui va être dramatique.
07:51Deux questions concrètes pour finir.
07:52Nous ne travaillons pas assez, François Bayrou l'a dit la semaine dernière.
07:55Est-ce que vous êtes favorable, par exemple,
07:56à ce qu'on puisse travailler plus facilement le 1er mai ?
07:58On a ouvert le débat, notamment sur RTL, ces derniers jours.
08:01Les boulangers le réclament en disant qu'il y a des restrictions.
08:03Ils sont prêts à payer leurs salariés plus chers.
08:05Est-ce que vous, sur le principe, vous dites
08:06libérons un peu cette possibilité à travailler
08:12parce que le 1er mai, c'est une date qui est extrêmement symbolique.
08:14Ce n'est pas la fête du travail, c'est la fête des travailleuses et des travailleurs.
08:17C'est un droit qui a été gagné, y compris dans le sang,
08:19notamment aux Etats-Unis à l'époque,
08:20par des fusillades qui avaient réprimé des mobilisations.
08:22Donc, moi, je suis défavorable.
08:23Et si le travailleur, il veut travailler, il est payé deux fois, trois fois son salaire habituel ?
08:27Écoutez, j'entends beaucoup cet argument.
08:29La réalité, c'est le même que sur le travail du dimanche.
08:31Quand vous écoutez les salariés,
08:32ils ne travaillent pas le dimanche par plaisir.
08:34Ils travaillent le dimanche parce que les salaires,
08:35ils sont tellement écrasés le reste du temps
08:37que ça leur permet un peu de sortir la tête de l'eau.
08:39Donc, augmentant les salaires des gens,
08:41ils ne voudront plus jamais travailler le dimanche ni les jours férés.
08:43Et deuxième point concret sur les mesures d'économie.
08:46Lutter contre la fraude sociale,
08:49l'augmentation des arrêts maladie,
08:50c'est 10 milliards d'euros dépensés en 2023.
08:54Est-ce que vous trouvez qu'il y a des abus de ce point de vue-là ?
08:56Par exemple, qu'on puisse poser un arrêt maladie
08:58en ayant un rendez-vous avec un médecin en visioconférence
09:00qui a des centaines de kilomètres
09:01et qu'on puisse mettre un arrêt de travail.
09:03Est-ce que c'est abusif pour vous ?
09:04Est-ce qu'il faut lutter là-dessus ?
09:05Je crois qu'il y a un sujet sur la question des abus.
09:09Je vois bien le détournement qui est fait par ce gouvernement
09:11où on a eu, y compris Pierre Monscovici.
09:14Mais sans parler du détournement,
09:15est-ce qu'il y a un problème à la base ou pas ?
09:16Mais aujourd'hui, si vous voulez,
09:17vous me parlez de 10 milliards
09:18et vous avez la fraude fiscale
09:20qui est 5 milliards d'euros par an
09:21qui échappe aux caisses de l'État.
09:23Donc, on voit bien la stigmatisation de quelques-uns.
09:25Il peut y avoir des abus à la marge,
09:27mais je crois que ce n'est pas une généralité
09:28et personne dans ce pays ne s'arrête pour abuser du système.
09:31Les gens, quand ils s'arrêtent,
09:31c'est parce qu'ils sont malades.
09:32Merci beaucoup Thomas Porte, député de la France Insoumise.