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00:00Europe 1 Soir Weekend, 19h, 21h, Pascal de la Tour du Pain.
00:05Il est 20h47, je suis toujours avec Georges Fenech et avec Philippe Guibert.
00:09Je voudrais qu'on revienne peut-être sur les mots du ministre des Transports,
00:12Philippe Tabarro, qui était l'invité de la grande interview Europe 1 CNews ce matin.
00:17Eh bien, un ministre des Transports qui estime que les syndicats n'ont pas tous les droits,
00:21c'est quand même assez nouveau.
00:24Je voudrais qu'on l'écoute peut-être le ministre des Transports, si vous le permettez.
00:26Écoutez, Philippe Tabarro.
00:28Je ne trouve pas qu'elles sont légitimes parce que ce ne sont pas les plus maltraités au sein de la SNCF.
00:33Il y a des métiers difficiles dans la SNCF et je pense notamment aux personnes du réseau
00:38qui travaillent de nuit et qui font qu'on puisse retrouver une circulation dès le matin.
00:46Il y a des personnels pour qui la tâche et la pénibilité est beaucoup plus importante
00:51que pour les contrôleurs qui ne sont pas les moins privilégiés, je dirais, dans le fonctionnement de la SNCF.
00:57Donc, au sein même de la SNCF, il y a certaines professions qui se disent que ça commence à bien faire,
01:03que ce soit toujours un certain nombre de leurs collègues qui soient en tête de ces revendications
01:08et qui ne sont certainement pas les plus maltraités dans l'entreprise, bien au contraire.
01:11Donc voilà, et d'ajouter, Philippe Tabarro, la SNCF ne doit pas lâcher encore des millions d'euros au syndicat.
01:18Le ton est donné.
01:19Je crois que Philippe Tabarro, que nous avons entendu ce matin, il a vraiment un langage très clair.
01:27Et il sait de quoi il parle, puisqu'il a été comme sénateur dépositaire d'une proposition de loi
01:33qui avait été co-signée par M. Retailleau, Marseille et d'autres,
01:36pour réglementer, encadrer davantage ce droit de grève,
01:42de façon à ce qu'il n'y ait pas de dévoiement de ce droit.
01:45C'est un droit constitutionnel, mais comme tout droit, on peut être porté à en abuser.
01:50Ça s'appelle l'abus de droit.
01:51En Italie, ils l'ont fait.
01:53J'avais déjà l'occasion de le rappeler.
01:54En Italie, ils ont par exemple interdit cette grève,
01:57des transports pendant des périodes particulières,
02:00de fêtes, de familles, voilà.
02:03Également avec un service public minimum.
02:06Donc je pense que là, notre ministre des Transports, M. Philippe Tabarro,
02:11il est dans cette ligne, et il a le courage de dire aussi que sur le fond,
02:15alors moi je ne me prononcerai pas sur le fond du dossier,
02:18ce n'est pas les plus maltraités qui ont lancé ce mot de grève.
02:21Oui, c'est ce qu'il dit.
02:22Il y va, le ministre des Transports, au risque de se mettre à dos, effectivement...
02:26Même s'il ne participe pas aux négociations.
02:27Non, pas du tout.
02:28Alors, M. Fabien Villedieu, vous savez qu'il est délégué syndical Sudra,
02:32il a réagi, lui, il met un peu en doute les propos sur l'efficacité du dialogue social.
02:38Donc je pense qu'il répond aussi au ministre des Transports,
02:41ça risque de crisper un peu les syndicats.
02:44Oui, bien sûr, mais en même temps, la préoccupation du ministre,
02:47on peut parfaitement la comprendre,
02:49parce qu'en fait, le message qu'il a fait passer ce matin sur votre antenne,
02:54c'est de dire, mais si on lâche là, on va lâcher tout le temps.
02:58C'est un formidable encouragement à avoir des grèves qui font...
03:02En même temps, Philippe Guibert, on attend les menaces de grève des grands départs en vacances,
03:05à Noël, les ponts du 8 mai, c'est toujours, toujours la même chose.
03:09Sauf que le ministre n'a peut-être pas fait assez peur de dire que la catégorie des contrôleurs,
03:14c'est vrai qu'ils sont... c'est le syndicat Sudraï qui est à la pointe d'avancer de ce combat très progressiste pour les contrôleurs.
03:23Moi, je pense que les syndicats commettent une énorme erreur.
03:27C'est-à-dire qu'on est déjà un pays où il y a très peu de syndiqués,
03:29et on a certains syndicats qui utilisent leur zone de force dans certaines entreprises publiques,
03:37la SNCF par exemple,
03:39pour essayer de tirer le maximum d'avantages de leur situation de rapport de force.
03:44Un beau jour, et moi je ne le souhaiterais pas dans l'absolu,
03:47mais un beau jour, il va arriver ce que Georges décrivait,
03:50c'est-à-dire que le droit de grève finira par être réglementé et à être interdit...
03:54Est-ce qu'il y a eu trop d'abus ?
03:56Parce qu'il y a eu trop d'abus.
03:57Depuis 1947, les usagers sont patients.
03:59Oui, oui, absolument.
04:00Mais certaines grèves peuvent être tout à fait justifiées.
04:03Moi, je ne suis pas du tout pour l'interdiction du droit de grève.
04:05Mais personne n'a dit qu'on était...
04:06Mais pas l'abus, pas l'abus.
04:08Les militaires n'ont pas le droit de grève.
04:10Oui, les gendarmes, vous avez raison.
04:11Les militaires, les gendarmes, les gendarmes, les gendarmes...
04:14Moi, ça ne me choque pas du tout qu'ils aient le droit de grève.
04:17Mais l'abus du droit de grève,
04:19systématiquement sur des longs week-ends,
04:22sur des périodes de vacances familiales,
04:24où on prend en otage les usagers pour obtenir un rapport de force...
04:29On a dit, ici, vous prenez votre voiture, vous êtes un vilain pollueur.
04:32Ne prenez pas votre voiture.
04:33Ne prenez pas l'avion, vous polluez.
04:36Prenez le train, mais ils ne partent pas.
04:38On fait quoi, alors ?
04:39Certains syndicats sont en train de scier la broche sur laquelle ils sont assis.
04:44Parce qu'un beau jour, ils auront le retour de bâton
04:46d'une attitude qui est sans aucune concession
04:50et qui consiste à abuser un tout petit peu de la situation et des usagers.
04:54Dans la Constitution, il y a une autre liberté qui me paraît aussi fondamentale.
04:58Oui, celle de se déplacer.
04:59Qui est la liberté d'aller et venir.
05:01Oui.
05:02Là, à partir du moment où vous avez un monopole dans les transports,
05:05vous pouvez porter une atteinte grave, gravissime,
05:08à cette liberté d'aller et venir,
05:09en privant les familles de se retrouver pour Noël, par exemple.
05:11Donc, vous voyez bien que, encore une fois,
05:14toute liberté doit être encadrée, doit être limitée.
05:18Nous-mêmes, ici, nous savons que nous avons une liberté,
05:20je disais tout à l'heure, d'expression,
05:22mais dans le cadre du respect des lois, pas de diffamation.
05:25Vous voyez ce que je veux dire ?
05:26Très important.
05:27Et là, on a un droit de grève qui est un pouvoir immense
05:31dans une négociation qu'il faut utiliser avec rigueur, parcimonie
05:35et pas n'importe comment, quoi.
05:37Et là, j'ai le sentiment qu'effectivement,
05:38on jette tout de suite, on annonce tout de suite,
05:41avant même le dialogue, quoi.
05:42On peut avoir le sentiment qu'à chaque fois
05:44qu'il y a des grands déplacements familiaux,
05:46que ce soit au moment des fêtes
05:47ou au moment des week-ends du printemps,
05:50voire pendant les vacances estivales,
05:53c'est le moment que choisissent certains syndicats,
05:56pas tous les syndicats,
05:57pour déclencher des mouvements.
05:59Et c'est vrai que ça donne le sentiment d'un abus.
06:02Parce que, bon,
06:03s'il y a droit de grève à la SNCF,
06:06ça suppose que, de temps en temps,
06:07les trains puissent être arrêtés.
06:09Mais on ne peut pas le faire de façon aussi systématique
06:12et répétée dans des situations
06:14où ça gêne le maximum de gens.
06:17Je ne sais pas si les syndicats ont conscience de ça.
06:19Mais bien sûr qu'ils le savent.
06:20C'est un moyen de pression sur la direction.
06:22Oui, mais ils pensent que ça va durer très longtemps.
06:24Philippe Guébert, ça fait de 1916.
06:26Oui, oui, ça, c'est tout désolé.
06:27Vous vous rendez compte,
06:2847, Philippe Guébert, vous n'étiez pas né.
06:30Non, je vous remercie,
06:31je n'étais pas né en 1947.
06:33Mais personne n'était né ici.
06:35Je ne sais pas s'ils ont conscience
06:39qu'ils vont finir par se prendre le retour de bâton.
06:42Et il sera trop tard pour pleurer, dans ce cas-là.
06:45Je ne sais pas, des syndicats, ça représente quoi aujourd'hui ?
06:47Oui, c'est vrai.
06:49Ça donne de bon sens, Georges Fenech, Philippe Guébert.
06:51Il a parlé tout à l'heure du dévoiement
06:52de la Ligue des droits de l'homme, de SOSC.
06:54Oui, mais parce que c'est un nom de bon sens, Philippe Guébert.
06:57Ça me rassure de voir qu'il y a,
06:59au-delà de l'appartenance à une famille politique,
07:02une forme de réalisme, de pragmatisme
07:04et d'intérêt aussi commun.
07:07Par exemple, la LICRA n'a pas du tout
07:09la même position que la LDH, par exemple.
07:12La LICRA, je trouve, maintient cette position
07:14républicaine, et de même dans les syndicats,
07:17la CFDT, la CFPC, d'autres,
07:20maintiennent une position qui consiste à,
07:22bien sûr, avoir un rapport de force
07:24éventuellement avec une direction,
07:26mais dans l'optique de négocier.
07:27De négociation, tout à fait.
07:29Et je trouve qu'on se plaint ensuite
07:31que, comme aux Etats-Unis,
07:34des personnes brutales arrivent au pouvoir
07:36et à ce moment-là,
07:37mènent des politiques extrêmement brutales
07:40et parfaitement injustes.
07:42Mais attention à ne pas pousser les électeurs
07:45trop loin.
07:46ils ont qu'ils nous empêident
07:55de la voie dans le centre.