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  • 17/04/2025
Bernard Arnault, PDG de LVMH, estime que Bruxelles doit apaiser les tensions commerciales avec les États-Unis et trouver une "zone de libre-échange". Analyse avec Frédéric Bianchi, journaliste BFM Business.

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Transcription
00:00On se retrouve sur BFM2 pour un nouveau direct, un nouveau direct consacré à la guerre commerciale.
00:05Et justement pour en parler, nous sommes avec Frédéric Bianchi. Bonjour Frédéric.
00:07Bonjour.
00:08Journaliste BFM Business. Alors, on l'a appris dernièrement, Bernard Arnault qui souhaite, comme Elon Musk,
00:13une zone de libre-échange entre l'Europe et les Etats-Unis.
00:16Et justement, qu'est-ce qu'on peut en dire ? Pourquoi ils sont aussi critiques envers l'Europe, Bernard Arnault ?
00:21Alors Bernard Arnault, ce matin, c'était l'AG des actionnaires de son groupe LVMH.
00:26Et à la sortie, c'est vrai qu'il a lancé des pics assez violents, très virulents sur la Commission européenne.
00:33Il a critiqué Bruxelles qui, selon lui, serait à l'origine éventuellement de délocalisation de production aux Etats-Unis.
00:44Pour lui, la Commission européenne de Bruxelles, ce n'est pas une autorité politique, mais c'est une autorité bureaucratique, pour reprendre ces mots.
00:55Alors, dans quel contexte on est ? On est dans le contexte, évidemment, de la guerre commerciale.
01:00Étonnamment, Bernard Arnault aurait pu s'en prendre à celui qui a mis le feu aux poudres, en l'occurrence le président américain Donald Trump.
01:07Mais il a préféré s'en prendre aux autorités européennes, qui cherchent à éteindre l'incendie, en pointant notamment leur lenteur.
01:17Selon lui, les autorités européennes ne vont pas assez vite dans les négociations avec Donald Trump, justement, pour essayer de faire baisser ses droits de douane.
01:27Il a opposé la Commission européenne aux autorités britanniques, qui, selon lui, seraient plus promptes à vouloir négocier avec le président américain.
01:34Alors, on le sait, mais le luxe est concerné par cette guerre commerciale.
01:36Est-ce que Bernard Arnault pourrait perdre quelque chose dans cette guerre ? Est-ce qu'il pourrait augmenter ses productions aux États-Unis plutôt que les augmenter en Europe ?
01:43C'est en tout cas la menace qui l'a fait planer ce matin, lors de cette AG des actionnaires de LVMH, en disant « Moi, si demain, j'ai des droits de douane qui pourraient se monter à 20 %,
01:55c'était la menace qu'avait brandie Donald Trump, avant de les retirer, en tout cas de les suspendre pour trois mois.
02:02Si moi, demain, j'ai des droits de douane de 20 % sur les produits, sur mes sacs à main, sur mes cognacs, sur mes champagnes que je suis obligé d'exporter aux États-Unis,
02:11« Eh bien, demain, oui, j'irai produire sur le territoire américain ».
02:16Alors aujourd'hui, LVMH, le numéro un mondial du luxe, produit essentiellement en France, en tout cas pour ses produits de maroquinerie, notamment, et des produits vestimentaires.
02:25LVMH, c'est 18 ateliers en France, mais attention, LVMH est déjà implanté aux États-Unis pour la production, et ce, depuis 2019.
02:35Il y a deux ou trois ateliers qui ont été ouverts en 2019 aux États-Unis, déjà sous la première présidence de Trump.
02:42Ils avaient, ensemble, inauguré un atelier, c'est au Texas, où on produit des sacs Louis Vuitton « Made in America ».
02:49Eh bien, Bernard Arnault dit que demain, au lieu d'avoir trois ateliers, il pourrait peut-être en avoir plus.
02:53Alors il n'a pas donné de chiffres, il n'a pas donné de date, mais on sait très bien que LVMH pourrait produire des produits sur le territoire américain,
03:02parce que ça coûterait moins cher que de les exporter et de se prendre 20% de droits de douane au passage.
03:07Est-ce que l'Europe a réagi, est-ce que la Commission européenne a réagi à cette menace de Bernard Arnault ?
03:12Alors, il n'y a pas encore de réaction de la Commission européenne.
03:16Il y en aura certainement dans les jours qui viennent concernant ces menaces.
03:20On sait que c'est une crainte, évidemment, des autorités européennes.
03:23Alors là, Donald Trump a suspendu les droits de douane pour 90 jours.
03:27Ils sont quand même montés à 10%. C'était le seuil auquel Donald Trump voulait mettre un seul minimum.
03:34On est pour le moment à 10%.
03:3510%, c'est quand même plus que ce qu'il y avait avant la présidence de Donald Trump.
03:40On était plutôt entre 3 et 4%.
03:41Donc déjà, il va y avoir un surcoût des produits qui seront exportés d'Europe vers les États-Unis.
03:48Et donc, eh bien oui, les autorités européennes vont certainement réagir à ces menaces,
03:52parce qu'il n'y a pas qu'LVMH, il n'y a pas que Bernard Arnault, il y a aussi l'industrie automobile qui est concernée.
03:58Et puis l'industrie pharmaceutique, on exporte énormément de produits,
04:01alors moins en France, mais malgré tout, on exporte quand même des produits,
04:04de l'Union européenne vers les États-Unis.
04:06Et donc, les autorités européennes, eh bien, c'est un coup de pression qui est mis sur elle
04:10pour vite trouver des accords avec les autorités américaines.
04:13Et pourquoi cette coalition, cette alliance avec Elon Musk, qui est aussi très demandée,
04:18qui est très présente dans le gouvernement Trump ?
04:20Alors, exactement. Bernard Arnault a repris mot pour mot les termes qu'a employé Elon Musk il y a 15 jours de cela.
04:29Elon Musk, un peu à rebours finalement de la présidence américaine,
04:33avait demandé de créer une zone de libre-échange,
04:36c'est-à-dire plus aucun droit de douane entre les États-Unis et l'Europe.
04:41C'est ce qu'avait demandé Elon Musk.
04:43Eh bien, ce matin, le président de LVMH, le milliardaire français Bernard Arnault, a demandé la même chose.
04:47Il souhaite qu'on se mette d'accord sur une zone de libre-échange, une espèce d'union entre les États-Unis et l'Europe,
04:56pour qu'on puisse commercer sans droit de douane.
04:59Alors, ça peut être surprenant.
05:01C'est sans doute un vœu pieux, sachant que le président américain déplore le déficit commercial des États-Unis avec l'Europe.
05:09Selon lui, l'Europe se protège trop et les États-Unis sont trop ouverts aux quatre vents.
05:15Alors, imaginez que demain, sous la pression même de son excellent ami Elon Musk,
05:21Donald Trump reviendra sur sa menace de droit de douane de 20%, même de 10% comme ils sont appliqués aujourd'hui,
05:27pour créer une zone de libre-échange.
05:29On a du mal à y croire aujourd'hui.
05:31Le but, je pense, on pense que d'Elon Musk et de Bernard Arnault, c'est de créer une espèce de puissance économique transatlantique
05:39pour contrer, parce que, ne pas l'oublier, le véritable adversaire des États-Unis, voire de l'Europe,
05:45c'est la montée en puissance de la Chine dans l'industrie et notamment dans l'industrie de pointe.
05:50L'idée, donc, ce serait de créer une espèce de grande communauté transatlantique pour faire face à cette menace chinoise.
05:57On en est quand même très loin, en tout cas dans l'esprit de Donald Trump.
06:00Et est-ce qu'on peut justement s'imaginer que la Chine sera très diminuée si cette alliance venait à se faire ?
06:07Quels seraient les conséquences pour la Chine ?
06:09Très probablement, ça a créé vraiment une union commerciale sans précédent entre les États-Unis et l'Europe.
06:17Il faut rappeler que la Chine, actuellement, elle ne reste pas les bras croisés.
06:21Le président chinois Xi Jinping fait le tour de toutes les puissances commerciales et industrielles d'Asie
06:27pour créer justement un front asiatique, pour reprendre le terme qu'a employé le président chinois,
06:33contre les États-Unis.
06:35Donc la réponse pourrait être là, cette réponse occidentale.
06:38Parce que le véritable conflit, finalement, c'est en tout cas ce qu'a voulu souligner Bernard Arnault
06:42et ce qu'a voulu aussi rappeler Elon Musk.
06:45Le véritable conflit n'est pas tant entre l'Europe et les États-Unis,
06:48mais peut-être entre l'Occident et les puissances d'Asie.
06:53On part de la Chine, mais il y a aussi l'Inde, il y a aussi le Cambodge, la Thaïlande,
06:58qui monte très fort en puissance.
07:00Et c'est peut-être ça la grande rivalité de demain.
07:02Merci à vous Frédéric Bianchi, journaliste BFM Business pour ses explications.
07:06Et on le rappelle, cette actualité avec Bernard Arnault,
07:08qui souhaite comme Elon Musk une zone de libre-échange entre les États-Unis et l'Europe.
07:13On se retrouve très vite pour un nouveau direct sur BFM2.

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