Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • hier
Clôture d’un cycle de réflexions intenses sur la place des femmes dans les sphères de décision. Marlène Schiappa, présidente d’Actives – NextWomen40, et Marie-Jo Zimmermann, ancienne députée, confrontent leurs visions de l’égalité réelle.

Une conclusion sans détour tournée dans les locaux du MEDEF, lors de la session "Femmes et Gouvernance : Plus de femmes à la tête des organisations", organisée le 25 mars dans le cadre du Think & Do Tank Marie Claire – Agir pour l’Égalité.

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00...
00:00Marlène Schiappa, je rappelle que vous êtes présidente d'Activ,
00:08une ONG qui a adressé une liste de 40 femmes
00:10qui pourraient immédiatement devenir patronnes d'une entreprise du CAC 40.
00:14Vous êtes aussi ancienne ministre de l'égalité femmes-hommes
00:17et Marie-Josée Mermann.
00:19Vous étiez avec nous il y a quelques instants
00:21et je l'ai déjà précisé un peu plus tôt,
00:22vous êtes donc à l'origine de la loi Copé-Zimmermann.
00:25Vous vous connaissez très bien,
00:26c'est pour ça qu'on a eu envie de vous faire dialoguer
00:28en guise de conclusion pour cette conclusion.
00:32Donc promouvoir les femmes aux plus hautes instances,
00:36on a intitulé cette conclusion
00:37Utopie ou objectif réaliste.
00:39Qu'est-ce que vous en pensez Marlène Schiappa ?
00:42Utopie, objectif réaliste, à quelle échéance ?
00:45D'abord bonjour et effectivement on se connaît
00:47puisque Marie-Josée nous a fait l'honneur d'être marraine
00:49de notre ONG active et on en est très heureuse
00:52parce que je tiens à saluer l'engagement qui est le sien
00:55et qui a été le sien à un moment où les quotas
00:57faisaient vraiment débat et où c'était pas facile
00:59y compris dans ta propre famille politique
01:01de porter ce combat.
01:03Donc beaucoup de femmes te doivent aujourd'hui leur carrière
01:05grâce à celle-là.
01:05Donc déjà merci pour ça,
01:07je suis très heureuse de partager cette scène avec toi.
01:09Et ensuite, moi c'est mon côté de gauche, comme Jaurès, je pense qu'on peut partir de l'idéal pour aller au réel
01:19et donc l'utopie c'est plutôt sain, je pense que c'est bien d'avoir des rêves, d'avoir des objectifs.
01:24Dans le discours d'Amélie comme championne sportive, j'imagine que tu avais des objectifs et des rêves
01:29et c'est ça qui t'a poussé aussi à les atteindre.
01:32Donc je pense que c'est fondamental qu'on ait ces utopies mais qu'on garde aussi en tête l'aspect pratique et pragmatique.
01:37Je reviens d'un déplacement à New York et j'ai échangé avec beaucoup de femmes dirigeantes là-bas
01:41et j'ai été frappée par le fait qu'elles débattent beaucoup moins que nous.
01:45Elles sont beaucoup moins philosophiques dans leur approche,
01:47elles ne se demandent pas si elles sont féministes ou pas, etc.
01:50Elles sont très straight to the point et allons-y, prenons tout ce qui est utile.
01:55Donc je pense qu'il faut qu'on crée quelque chose à la française,
01:57d'une réussite des femmes à la française où on débat, on philosophe
02:00mais on arrive aussi à être pragmatique et très concrète.
02:03Merci beaucoup Marlène.
02:04Marie-Josie Berman, quels sont les grands capes, les vraies victoires qui ont été acquis
02:11et comment est-ce que vous voyez la nouvelle génération s'approprier vos combats ?
02:17Alors d'abord, les victoires qui ont été acquises,
02:20je dirais que c'est la façon dont à la fois les femmes se sont emparées des lois,
02:28ça, ça a été quelque chose d'extraordinaire.
02:30Alors j'y croyais, mais en 2011, je vais vous dire, je ne le disais pas trop.
02:35Parce que, voilà, je me disais, elles vont nous épater.
02:39Bon, effectivement, très rapidement, dès 3 ans après, on était à 20%,
02:45dès 6 ans après, on était à 40%.
02:47Donc j'ai toujours cru que les femmes avaient une capacité extraordinaire
02:54à s'emparer, je dirais, de ce qu'on leur donnait pour avancer.
03:00Et ça, c'est une foi que j'ai toujours vue.
03:05Et si vous voulez, le témoignage d'Amélie est extraordinaire.
03:10Parce que, c'est ce que je lui disais en aparté,
03:13je ne suis pas convaincue qu'un homme aurait fait un témoignage de ce type-là.
03:16Ça, vous avez parfaitement raison.
03:17Et là, je pense que c'est aussi la raison pour laquelle,
03:23moi, j'ai souhaité que dans les sphères de direction,
03:27il y ait à la fois l'homme, mais également cette capacité
03:33à se remettre en question.
03:37Et la présence des femmes dans les conseils d'administration,
03:40ça a été, je dirais, le fond de ma pensée,
03:43lorsque l'on a légiféré, c'était de dire
03:46que le conseil d'administration, c'est le cœur battant d'une entreprise.
03:51Dans un cœur battant, il faut véritablement avoir à la fois
03:57l'esprit de décision, mais également l'esprit de réflexion.
04:02Et je pense qu'en unissant les deux,
04:05on est en capacité de faire des exploits.
04:09Et ça, c'est, je dirais, une réussite
04:13parce que les femmes se sont emparées des lois.
04:16Et je crois que les femmes, aujourd'hui,
04:18s'emparent également de la loi Rixin,
04:21et j'en suis extrêmement heureuse.
04:23Aujourd'hui, ce qu'il faut, c'est qu'au niveau des lois
04:30sur l'égalité professionnelle,
04:32on puisse faire monter encore les femmes
04:35qui peinent dans des sphères peut-être inférieures.
04:42Et c'est là où, tout à l'heure,
04:45la dirigeante d'EDF, c'était EDF, je crois,
04:48c'est mentionné, me rassure.
04:51C'est qu'en fait, là aussi, je crois que les femmes mettent l'accent.
04:55Et c'était l'intérêt, notamment, un des intérêts de la loi
04:59Copé-Zimmermann, c'est que tous les ans,
05:02dans les conseils d'administration, on fasse un rapport
05:05sur la politique d'égalité dans l'entreprise.
05:07Et je pense qu'aujourd'hui, on commence à s'en emparer.
05:10Merci beaucoup, Marie-Jeune-Zimmermann.
05:12Alors, de grands caps ont été franchis, vous l'avez rappelé.
05:16Et pourtant, Marlène Schiappa, il y a cinq mois,
05:19vous avez...
05:21Je commence à fatiguer.
05:23Vous avez lancé, vous avez créé une liste de 40 femmes
05:29qui pourraient briller, 40 femmes prêtes à être nommées
05:34à la tête d'entreprise du CAC 40.
05:37Un, dans quel but ?
05:39Et deux, puisqu'on est cinq mois après,
05:41où est-ce que vous en êtes de cette initiative en mars 2025 ?
05:45D'abord, le constat qui nous a vraiment révolté,
05:47c'est de regarder à la tête du CAC 40,
05:49ce qui prouve quand même que partout, il n'y a pas de quotas,
05:51il n'y a pas de mixité en réalité.
05:52Il y avait trois femmes patronnes du CAC 40 et 37 hommes.
05:55Donc, quand on nous dit seule la compétence compte,
05:57ce n'est pas vrai.
05:58Ce n'est pas vrai qu'à 37 reprises,
06:00la compétence était du côté d'un homme.
06:03Donc, moi, ce qui m'agacait beaucoup,
06:04c'est d'entendre des actionnaires, des comités de nomination
06:06ou même des cabinets de chasse de tête dire
06:08non, mais j'aurais adoré nommer une femme.
06:10Et là, je n'en ai pas trouvé.
06:12Moi, je pense que la femme qu'on ne va pas trouver,
06:14c'est vraiment la femme qu'on ne va pas chercher.
06:15Donc, avec Actif, on a créé un jury
06:17avec la présidente d'Air France,
06:19avec les échos, avec des chasseurs de tête, etc.
06:23Et ensemble, on a passé en vue des centaines de profils
06:25de femmes dirigeantes, patronnes de grosses ETI,
06:28membres de comex du CAC 40, du SBF 120, etc.
06:31Et on a dressé cette liste du Next Woman 40
06:33comme un défi en disant,
06:35regardez, nous, en tant qu'ONG, avec aucun moyen,
06:37on a réussi à les trouver,
06:39ces femmes dirigeantes aptes à devenir patronnes du CAC 40.
06:41Donc, cette liste existe.
06:43Et un mois après, l'une des patronnes de la liste,
06:46Inda Garbi, la patronne de Bureau Veritas,
06:48s'est rentrée au CAC 40,
06:49puisque Bureau Veritas est rentrée au CAC 40.
06:52Et donc, on est passé de 3 à 4 dirigeantes du CAC 40.
06:55Et on a également 2 autres femmes qui ont été nommées,
06:57dont Marguerite Berard, qui a été nommée CEO
06:59d'une grande banque européenne,
07:01dont le siège est en Hollande.
07:02Donc, on voit que ces femmes, elles sont aptes à diriger.
07:04Et juste pour l'anecdote, ce qui me semble intéressant,
07:06c'est que quand on a commencé à faire les critères de sélection
07:09de ces futures patronnes du CAC 40,
07:11on a commencé à dire qu'il fallait qu'elles aient
07:12des performances économiques très fortes,
07:14un management bienveillant,
07:16qu'elles soient issues d'une des top 3 des écoles de commerce,
07:19qu'elles aient performé formidablement,
07:20qu'elles soient administratrices,
07:21qu'elles soient connues dans les médias,
07:23parfaitement bilingues.
07:24Et au bout d'un moment, je me disais,
07:25mais non, je ne t'ai plus.
07:25En fait, quel patron du CAC 40 homme,
07:27aujourd'hui, remplit ces critères ?
07:29Est-ce qu'on peut ici nommer de tête
07:31les 37 patrons du CAC 40,
07:33qui seraient si connus, si médiatiques,
07:34et si charismatiques,
07:35qu'on les connaîtrait tous sans offense ?
07:37Je pense qu'ils sont tous des très bons patrons,
07:39mais en fait, on ne connaît pas leur nom,
07:40donc ce n'est pas vrai qu'ils sont médiatiques,
07:42ils ne passent pas leur temps à parler un anglais impeccable,
07:44ce n'est pas vrai,
07:45et ils n'ont pas tous un management extrêmement bienveillant
07:47et exemplaire, me semble-t-il.
07:49Donc j'ai trouvé qu'on avait beaucoup trop de critères
07:51pour les femmes,
07:52et que c'était vraiment évocateur
07:54de cette volonté de double standard
07:56et de toujours en demander plus aux femmes
07:59pour qu'elles soient encore plus exemplaires,
08:01comme pour justifier le simple fait d'être là.
08:04Donc ça, je dis stop, soyons tous vigilants
08:05quand on recrute des femmes,
08:07ou quand on est en position de coopter des femmes,
08:09demandons-nous si on a plus de critères
08:10que si c'était un homme.
08:12Alors une réaction à l'initiative de Marlène Schiappa.
08:16Et vous, il y a le top niveau,
08:17mais aussi les femmes tout en bas de l'échelle
08:19qui vous préoccupent, Marie-Josée Marman.
08:22Oui, qui me préoccupent beaucoup.
08:22C'est ça l'enjeu pour vous ?
08:24C'est l'enjeu simplement de respecter la loi.
08:27Je crois que c'est...
08:28Est-ce qu'on s'intéresse trop aux femmes
08:30dans la lumière, au top niveau ?
08:32Non, non, non, non, non, non, non.
08:33Là, je suis très heureuse.
08:34Et moi, je suis très heureuse
08:36de l'initiative de Marlène Schiappa.
08:38Et vraiment, pour moi, ça a été un honneur
08:41d'être la marraine de son ONG
08:45parce que j'ai toujours chanté chez Marlène,
08:50si vous voulez, cette volonté
08:52de mettre les femmes au bon endroit
08:56et de mettre les femmes là
08:59où elles devraient être normalement.
09:04Et ça, c'est quelque chose
09:05qui a toujours été extrêmement important
09:08dans le combat que j'ai mené.
09:10C'est-à-dire que...
09:11Et c'est dans ce sens-là que je dis
09:14qu'une femme, même en bas de l'échelle,
09:18lorsqu'elle arrive dans une entreprise,
09:20je crois qu'il faut qu'on soit en capacité
09:23de voir ses compétences
09:26comme on est en capacité
09:27de voir la compétence des hommes.
09:29Parce que jamais, à aucun moment,
09:31on se pose des questions.
09:33Moi, j'ai toujours le souvenir d'un...
09:36C'était à la Cour des comptes.
09:38Bon, il y a aussi des échelons à passer.
09:41Et le beau-père de ma fille,
09:43qui est à la Cour des comptes,
09:45me dit un jour, elle me dit,
09:46écoutez, madame Marie-Jo,
09:48avec vos lois, enfin, etc.,
09:49vous vous rendez compte,
09:51j'ai un de mes collègues,
09:52il vient de se voir passer devant
09:54par une femme.
09:56J'ai dit, écoutez, c'est la catastrophe.
09:59Alors là, franchement, je crois que...
10:01Non, mais la bombe atomique,
10:03c'est rien à côté.
10:04Et alors, il me dit,
10:05mais comment ça ?
10:07Mais je dis, attendez,
10:08vous ne pensez pas que cette femme,
10:10pendant un certain temps,
10:11a vu passer des hommes devant elle ?
10:13Et à un moment donné, je crois,
10:15si vous voulez que...
10:16Et c'est ce que j'ai toujours apprécié
10:18chez Marlène,
10:19c'est qu'en fait,
10:20c'est pas dépasser les hommes,
10:25c'est pas du tout ça.
10:26C'est surtout mettre la femme
10:29à l'endroit où elle doit être,
10:32avec les compétences qu'elle a,
10:34et à tous les niveaux.
10:36Et c'est la raison pour laquelle,
10:38je dis que dans le bas d'une entreprise,
10:41et je vous dis,
10:43je pense que c'est quelque chose
10:46d'extrêmement important,
10:47et c'était la raison d'être,
10:49de l'article 8 de la loi,
10:53le rapport qui doit être fait
10:56sur la politique qu'on a
10:59dans une entreprise,
11:01sur l'égalité entre les femmes
11:02et les hommes.
11:03Marlène Schapa,
11:04il y a un sujet qu'on a effleuré
11:05tout au long de la matinée
11:06qui est venue,
11:07puis on a manqué de temps à chaque fois,
11:08et je pense que vous êtes
11:09la bonne personne pour en parler,
11:10c'est celui de la sororité
11:11entre les femmes.
11:13Est-ce qu'elle existe vraiment,
11:14cette sororité ?
11:15Est-ce que c'est pas le vrai combat,
11:17un des vrais enjeux
11:19pour les années et les à venir ?
11:21Si, si, complètement,
11:21mais je trouve qu'on dévoie
11:22beaucoup les mots.
11:23Moi, j'ai été assez agacée
11:24ce 8 mars, en fait,
11:25pour tout vous dire,
11:26quand j'ouvrais les réseaux sociaux
11:27et que je voyais tout le monde dire
11:28je suis féministe,
11:29je fais de la sororité, etc.
11:31Les hommes disant
11:32je suis féministe,
11:33d'ailleurs, j'ai deux filles,
11:34j'ai une adjointe,
11:35je suis très sympa avec ma femme.
11:37Et les femmes,
11:38on n'est pas mieux,
11:39en faisant des postes
11:39sur la sororité,
11:40en disant je suis toujours
11:41avec mes meilleurs amis,
11:42hashtag sororité, etc.
11:44C'est pas ça la sororité
11:45et c'est pas ça le féminisme.
11:46Et moi, ce que je dis,
11:47c'est que...
11:48C'est quoi ?
11:48Ce que je dis,
11:49c'est qu'on observe
11:50votre degré de féminisme
11:51ou de sororité
11:52selon la manière
11:53dont vous vous comportez
11:54avec les femmes
11:54que vous n'aimez pas,
11:55avec les femmes
11:56qui vous tiennent tête,
11:57avec les femmes
11:57qui ne vont pas dans votre sens,
11:59avec les femmes
11:59qui sont vos concurrentes
12:00ou vos adversaires.
12:01Est-ce qu'à ce moment-là,
12:02vous vous laissez aller
12:03à des arguments sexistes ?
12:05Est-ce que vous pratiquez
12:05cette présomption d'incompétence ?
12:07Est-ce que vous allez
12:08les attaquer sur des sujets
12:09sur lesquels
12:10on n'attaquerait pas les hommes ?
12:11Et c'est là qu'on voit
12:12si vous êtes féministe
12:13ou si vous pratiquez
12:14la sororité.
12:15Au fond, sinon,
12:16c'est de l'amitié,
12:17de l'affection,
12:18du respect,
12:18de l'amour.
12:19Je sais pas,
12:20c'est autre chose,
12:21en tout cas.
12:21Mais je pense que vraiment,
12:22j'invite les hommes
12:23à s'interroger
12:24sur la manière
12:25dont ils sont féministes
12:26avec les femmes
12:26qui leur tiennent tête
12:27et les femmes
12:28à s'interroger,
12:29à nous interroger
12:30sur la manière
12:30dont on pratique
12:31la sororité
12:32avec les femmes
12:33qui sont nos rivales
12:33ou nos adversaires
12:34ou avec les femmes
12:35qui ne sont pas
12:36dans notre cercle amical.
12:37Et je pense que c'est là
12:38qu'on verra
12:39s'il y a vraiment
12:39une grande solidarité
12:41qui traverse les genres
12:42femmes ou hommes, d'ailleurs.
12:44Marlène Schiappa,
12:45vous accompagnez aujourd'hui
12:46des femmes.
12:47Vous accompagnez
12:50des dirigeantes
12:51et des dirigeants
12:52au sein du cabinet Tilder
12:53dont vous êtes associée
12:54aujourd'hui.
12:55Vous êtes donc
12:55à un poste d'observation
12:56très différent
12:57du monde politique
12:58dans lequel vous avez évolué.
13:00Comment est-ce que vous faites,
13:01vous, bouger les lignes
13:02au sein de ce cabinet
13:03au quotidien ?
13:04D'abord,
13:04c'est effectivement
13:05un poste d'observation.
13:06Ça fait un an et demi
13:06que j'accompagne
13:07des femmes et des hommes
13:08et je vois qu'on réagit
13:09très différemment.
13:10Je vous donne deux exemples.
13:11Le premier,
13:12c'est que quand je fais
13:13une proposition
13:14à une femme dirigeante,
13:15je sais que je ne pars pas
13:16avec une réponse.
13:17Parce qu'en tant que femme,
13:18on a toujours quelqu'un
13:19à qui on veut faire
13:20valider nos projets.
13:21Une femme dirigeante
13:22va toujours me dire
13:23je vais en parler
13:23à mon comex,
13:24je vais en parler
13:24à mon direcom,
13:25je vais en parler
13:26à mon si au monde.
13:26Elle va prendre le temps
13:27comme dit lui.
13:27Voir je vais en parler
13:28à mon mari.
13:28Elle a toujours quelqu'un
13:29à qui elle doit demander
13:30un regard
13:31et une validation extérieure.
13:32Un homme dirigeant,
13:33il va me dire oui ou non,
13:34ça l'intéresse ou ça
13:35ne l'intéresse pas,
13:36je sais que je repars
13:37du rendez-vous
13:37avec une réponse.
13:39Ça, c'est la première chose.
13:40Et la deuxième
13:40que j'observe
13:41depuis des années,
13:42j'en ai fait un livre
13:43qui s'appelle
13:43Nossi Petites Ambitions,
13:45c'est que les femmes
13:46se minimisent
13:47quand elles parlent
13:47d'elles-mêmes.
13:48On utilise beaucoup
13:49le mot petit.
13:51À chaque fois
13:51qu'on prend la parole,
13:52on dit je vais juste
13:53prendre la parole
13:54brièvement, pardon,
13:55excusez-moi de vous déranger
13:56d'être là
13:56et d'avoir osé
13:57prendre la parole.
13:59Observez dans les réunions,
14:00dans les comex,
14:01mais même dans les moments
14:02informels,
14:02dans les cocktails
14:03quand on se présente.
14:04Moi, je suis frappée
14:05de voir des hommes
14:05qui sont auto-entrepreneurs
14:06depuis trois jours
14:07et qui vous disent
14:08qu'ils sont CEO.
14:11j'avais l'impression
14:12que vous êtes avec Jeff Bezos
14:13et qu'il a vraiment
14:14un business plan incroyable
14:15alors qu'une femme
14:16va vous dire
14:16j'ai une petite équipe,
14:17j'ai une petite entreprise,
14:18on a des petites performances
14:19et des résultats.
14:20Et quand vous creusez,
14:21quand vous creusez,
14:22ils sont 500,
14:23elle dirige une unité,
14:24elle a multiplié par deux
14:24les performances,
14:25mais on ne va pas le dire.
14:26On a toujours peur
14:27d'être arrogante
14:28ou impolie.
14:29Alors moi,
14:29je vous invite vraiment,
14:30mesdames,
14:30quand vous allez vous présenter
14:31peut-être tout à l'heure
14:32ou plus tard
14:33à d'autres occasions
14:34à avoir l'arrogance
14:35d'un homme auto-entrepreneur
14:36depuis deux jours.
14:42Alors à quoi ressemblera
14:44une société plus...
14:45ressemblerait ou ressemblera
14:46une société plus égalitaire
14:48puisque c'est le combat
14:49de votre vie,
14:50Marie-Josie Marman,
14:51une société où les femmes
14:52ont le courage...
14:54Oui,
14:54mais si vous voulez,
14:55c'est pour ça que j'adore
14:56accompagner Marlène
14:58parce que,
14:59si vous voulez,
15:01elle m'apprend
15:02parce que le mot petit,
15:04c'est elle d'ailleurs
15:05qui m'a fait...
15:07Elle a parfaitement raison.
15:08Elle a tout à fait raison
15:09parce que moi,
15:10c'est un mot
15:11que j'ai toujours,
15:13mais toujours
15:14dans mon vocabulaire.
15:15Et même ma fille me dit...
15:16Vous avez réussi
15:17à le bannir ou pas ?
15:18Ah, j'ai du mal.
15:18J'ai du mal.
15:19J'ai du mal.
15:20Mais chaque fois
15:21que je le prononce,
15:22je me dis,
15:23bon, la prochaine fois,
15:24je ne le ferai pas.
15:25Et je pense à vous.
15:26Mais si vous voulez,
15:27je crois que la société
15:30vers laquelle on doit aller,
15:33c'est une société
15:35où lorsqu'une femme
15:38prend une fonction,
15:40ça ne soit pas
15:41l'événement de l'année.
15:44C'est pour ça
15:44que la journée de la femme,
15:45finalement,
15:46il faudrait peut-être
15:47la supprimer.
15:47Moi, j'ai comme formule,
15:48et c'est ma fille
15:49qui me l'a donnée,
15:51c'est le 8 mai,
15:52c'est tous les jours.
15:53Le 8 mars,
15:54c'est tous les jours.
15:55Le 8 mai...
15:55Non, le 8 mai,
15:56c'est la date anniversaire
15:58de ma fille.
15:59Voilà.
15:59Et comme prof d'histoire,
16:01imaginez-vous,
16:03faire naître sa fille
16:04le 8 mai,
16:04c'était quand même
16:05un événement.
16:06Et si vous voulez,
16:07je crois que c'est ça
16:08l'important.
16:10Et tout à l'heure,
16:11j'ai commencé mon propos
16:12en disant que,
16:14franchement,
16:15je suis heureuse.
16:16Parce que,
16:17en 2011,
16:19je n'avais pas
16:20des interventions
16:21comme ça.
16:23Quelque part,
16:24c'était pas,
16:25c'était pas,
16:27excusez-moi,
16:27je vais intervenir.
16:28mais c'était,
16:31vous savez,
16:32mon combat,
16:34c'est qu'il y ait...
16:35Et je considère
16:37encore aujourd'hui,
16:38c'est un combat juste.
16:39C'est laisser
16:40la possibilité
16:42à une femme
16:43d'être à la place
16:44où elle doit être.
16:45Et qu'on ne soit pas
16:47en extase
16:48quand elle prend
16:49cette place.
16:50Et ça,
16:50c'est quelque chose
16:51qui, pour moi,
16:52est extrêmement important.
16:53Et dans l'avenir,
16:55je crois que,
16:57chaque fois
16:57qu'on verra
16:59une femme
17:00avancer,
17:03ça soit
17:03la normalité.
17:05Et c'est ça.
17:06Et je pense
17:07que c'est quelque chose
17:08qui m'a...
17:09Si vous voulez,
17:10ça a été,
17:11vous dites,
17:12ça a été le combat
17:13de ma vie.
17:14Alors,
17:15depuis que je suis
17:16parlementaire,
17:16oui,
17:17alors qu'au départ,
17:19comme je dis toujours,
17:19j'étais pas forcément
17:20féministe.
17:22Mais,
17:22c'est quelque chose
17:24qui vraiment
17:25me tient à cœur
17:27parce que
17:29d'avoir
17:31permis
17:33à quelques,
17:34je dirais,
17:35à quelques femmes,
17:36même à deux générations,
17:38aujourd'hui,
17:39d'être un petit peu
17:40plus à l'aise,
17:41c'est quelque chose,
17:42c'est une très,
17:44très belle victoire.
17:45Et ce que je souhaite,
17:47et moi,
17:47je vous remercie
17:48de m'avoir invitée,
17:49puisque 2011,
17:50c'était il y a longtemps,
17:51vous vous rappeliez,
17:51de m'avoir interviewée.
17:55Je crois,
17:56si vous voulez,
17:56que 2025,
17:58c'est pour moi
17:59une étape extrêmement importante
18:01et d'avoir célébré
18:03à la fois
18:04la loi Copé-Zimmermann,
18:06mais il faudra également
18:07célébrer
18:08la loi Rixin
18:09parce que
18:10ce sont des,
18:12je dirais,
18:13des,
18:14je vais pas dire
18:15des petites pierres,
18:18mais des pierres
18:18qu'on aura posées
18:20dans un édifice
18:21d'une société
18:23qui se veut égalitaire,
18:25mais qui n'a pas forcément,
18:27qui n'avait pas forcément
18:29toutes les clés.
18:30Là,
18:31bon,
18:31on a quelques clés,
18:33donc il faut vraiment
18:33les utiliser.
18:35Marlène,
18:35je vous laisse le mot de la fin.
18:37Qu'est-ce que vous voulez dire
18:37à toutes les femmes
18:38qui sont dans cette salle ?
18:40Écoutez,
18:41dans la prolongation
18:41de ce que je disais,
18:42moi,
18:42je vous inviterais
18:43à ne pas utiliser
18:44le mot petit
18:45et à vraiment vous entraîner,
18:47mais je sais que c'est
18:48un entraînement
18:48parce qu'en fait,
18:49tout dans la société
18:50est fait pour nous dire
18:51qu'on ne doit pas
18:51nous mettre en avant.
18:52Ce que disait Amélie
18:53a très bien démontré
18:54que dès lors
18:54qu'une femme est visible,
18:55vous savez,
18:56c'est la théorie
18:56du grand coquelicot.
18:57Quand vous avez
18:58un champ de coquelicot
18:59et il y a un coquelicot
18:59qui dépasse un peu,
19:00vous ne dites pas
19:01aux autres coquelicots
19:01pousser,
19:02rejoignez celui qui dépasse,
19:03vous coupez
19:04le grand coquelicot
19:04qui dépasse.
19:05Donc dès qu'une femme
19:06est très visible
19:07ou différente
19:08ou qu'elle ne s'exprime
19:09pas comme les autres,
19:10il y a finalement
19:11une forme de bâclage
19:12qui vient attaquer,
19:13y compris très souvent
19:14sa vie personnelle,
19:15ce qu'on ne fait pas
19:16avec les hommes
19:17quand ils sont visibles
19:18et qu'ils commettent
19:18des erreurs.
19:19Donc moi,
19:20je dirais qu'il faut
19:20qu'on travaille
19:21pour aller au-delà de ça,
19:23sortir de cette crainte
19:24du bâclage
19:25qu'on a au fond de nous
19:26et assumer d'être visible,
19:28de faire des grandes choses
19:29et vraiment entraînez-vous
19:30à vous présenter
19:31d'une manière vraiment,
19:33je disais arrogante
19:34pour rigoler,
19:34mais d'une manière
19:35simplement réelle,
19:36assertive,
19:36en donnant les belles réussites
19:38dont vous êtes fiers
19:39et en parlant de vous
19:40positivement.
19:41Vous savez,
19:41on dit toujours
19:41qu'il faut bien parler
19:42aux plantes vertes
19:43parce que sinon,
19:43elles meurent.
19:44Pourquoi est-ce qu'on se parlerait
19:45moins bien
19:46que ce qu'on parle
19:46à nos plantes vertes ?
19:47Donc considérez-vous
19:48avec bienveillance,
19:49gentillesse
19:49et avec admiration
19:50vous-même.
19:53Très bien.
19:55Merci à toutes les deux
19:56pour cette conclusion
19:58en guise de...
19:59Merci à vous.
20:00Merci à vous surtout.
20:00Merci infiniment.
20:01Merci beaucoup.
20:02Merci à toutes
20:02pour votre écoute attentive.
20:04Merci tout particulier
20:05à Marlène
20:06parce qu'elle a beaucoup,
20:07beaucoup,
20:08beaucoup travaillé
20:09sur ce travail
20:10et je sais qu'elle continue
20:11et qu'elle le fait bien.
20:12Mais vous le faites bien
20:13toutes les deux.
20:14Bravo et on était ravis
20:15de vous avoir pour la conclusion.
20:16Merci à toutes
20:17pour votre écoute.
20:18Sous-titrage Société Radio-Canada
20:24Sous-titrage Société Radio-Canada

Recommandations