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00:007h-9h, Europe 1 Matin.
00:02Il est 7h12 sur Europe 1.
00:04Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin le secrétaire national du syndicat pénitentiaire UFAP, une sa justice.
00:10Bonjour Wilfried Fonck.
00:12Bonjour Dimitri.
00:13Bienvenue sur Europe 1 dans les nuits de dimanche à lundi.
00:15Je rappelle les faits, dimanche lundi et puis lundi mardi, deux nuits de suite.
00:19Neuf établissements pénitentiaires ciblés par des tirs à l'arme automatiques,
00:24des véhicules appartenant à des personnels pénitentiaires incendiés aussi.
00:27L'école de l'administration pénitentiaire à Agen également a été visée.
00:32Alors le parquet antiterroriste s'est saisi de l'enquête qui va être en partie menée par la DGSI.
00:37D'abord, avant de revenir sur ce qui s'est passé, Wilfried Fonck, cette nuit s'est-il passé de nouveaux événements ?
00:43Quelles sont les remontées du terrain ?
00:45Alors pour le moment, la seule remontée que j'ai pu avoir, c'est qu'on a eu une tentative d'incendie de véhicules
00:51et d'un bâtiment sur le centre pénitentiaire de Meaux.
00:56Et un personnel a vu également son véhicule dégradé et on a retrouvé les tailles habituelles sur les murs.
01:03Ah oui, donc bien que les faits aient été révélés, ça continue Wilfried Fonck semble-t-il ?
01:08En tout cas avec une ampleur beaucoup moindre que ce qu'on a pu connaître précédemment.
01:13Mais oui, pour l'instant ça a l'air en tout cas de perdurer.
01:16Bon, ce qui s'est passé est évidemment très grave, Wilfried Fonck, il n'y a pas beaucoup de dégâts à ce stade, heureusement.
01:23Mais vos collègues de la pénitentiaire, comment vivent-ils ces événements ?
01:27Il n'y a pas beaucoup de dégâts, il y a quand même énormément de personnels qui ont perdu leur véhicule
01:32et je ne suis pas convaincu que tous puissent disposer des moyens financiers nécessaires pour renouveler leur perte de leur véhicule.
01:40Donc aujourd'hui, comment vivent les personnels ? Ils vivent comme d'habitude avec la boule au ventre,
01:46avec ce stress supplémentaire de se dire, maintenant on n'est même plus en sécurité non plus sur les emprises foncières des domaines pénitentiaires
01:53et nos biens matériels sont même menacés en même temps que nos familles.
01:58C'est inédit ce qui s'est passé, Wilfried Fonck ?
02:02Dans la forme, oui. C'est-à-dire que d'avoir une attaque aussi coordonnée, aussi préparée, aussi organisée,
02:08c'est la première fois que l'administration pénitentiaire est confrontée à ce type d'action-là.
02:12Alors voilà, on a l'habitude d'avoir des pressions, d'avoir des menaces, d'avoir des règlements de compte
02:17quand on prend des décisions qui ne plaisent pas à un détenu.
02:21Mais là, sur cette forme-là, non, c'était vraiment la première fois.
02:24Vous dites que c'est une action terroriste coordonnée.
02:27Évidemment, l'enquête se prononcera plus définitivement sur le sujet.
02:30Mais en tout cas, c'est un peu ce qui ressort de ce que l'on voit à Wilfried Fonck.
02:35Alors, terroriste, je ne sais pas.
02:37Après, on a l'air de se diriger vers la piste ultra-gauche.
02:41Alors, j'ai envie de vous dire ultra-gauche, ultra-narco, ultra-tout-ce qu'on veut.
02:45Tout ce qu'on peut constater aujourd'hui, c'est que les domaines pénitentiaires sont ouverts aux quatre ventes.
02:50Tout le monde peut y entrer comme bon lui semble et faire ce qu'il veut en toute impunité.
02:54Et ça, ça ne peut pas durer.
02:55Donc, effectivement, il va falloir aujourd'hui qu'il y ait des actions fortes qui soient menées pour sécuriser tout ça.
03:00Oui, alors évidemment, la question que tout le monde se pose, c'est qui derrière ces armes, derrière ces incendies criminels ?
03:05Il y a ce mystérieux tag DDPF qui pourrait vouloir dire droit des prisonniers français.
03:11Le journal Le Parisien nous dit qu'un canal Télégramme, justement baptisé DDPF,
03:16invitant à cibler la pénitentiaire, aurait été repéré.
03:20Alors, c'est vrai que ça pose beaucoup de questions.
03:22Vous l'avez dit, l'ultra-gauche anticarcérale, des narcotrafiquants, des gens payés par eux pour mettre la pression,
03:28une convergence des luttes, tout ça est quand même bien mystérieux.
03:32À un moment, quand même, c'est vrai, on reparle beaucoup de la prison,
03:35sous l'impulsion de l'action de Gérald Darmanin et du gouvernement.
03:38Wilfried Fonck, malgré tout, il faut se féliciter de tout ce qui se fait en ce moment pour la pénitentiaire.
03:43On peut se féliciter, en tout cas, d'avoir un garde des Sceaux qui a envie, au moins, de faire bouger les lignes.
03:49Alors, aujourd'hui, il est certain que l'administration bénitentiaire a besoin de moyens pour se moderniser.
03:54Elle a aussi besoin de moyens et de volonté et de courage pour changer le paradigme
03:58et changer radicalement de cap de prise en charge de la population pénale,
04:02parce qu'aujourd'hui, on sait que les méthodes qui sont employées ne fonctionnent pas.
04:05Donc, en effet, il va falloir que tout ça, ça bouge.
04:07Le garde des Sceaux a l'air de vouloir partir dans ce sens-là.
04:11Maintenant, on verra bien, sur l'ensemble de son œuvre, ce que ça donnera.
04:15Alors, racontez-nous ce qui se passe en ce moment dans les prisons françaises.
04:18Wilfried Fonck, un européen, a appris que l'ambiance aurait évolué en détention depuis quelques semaines
04:23à cause, justement, du futur régime carcéral très ferme pour les narcos.
04:29Ça crée des remous dans les prisons françaises.
04:33Ça crée des remous, oui et non.
04:35C'est sûr que, d'un côté, ceux qui vont faire l'objet, notamment, je pense à Vendin et Condé,
04:40d'un transfert sur une autre structure, en effet, ça peut venir perturber leur quotidien.
04:44Après, l'intérêt, c'est surtout qu'au niveau des professionnels que nous sommes,
04:47nous disposons des conditions nécessaires pour faire nos missions.
04:50Ensuite, la pénitentiaire, aujourd'hui, je vais vous donner quelques chiffres.
04:53C'est 82 000 détenus, 62 000 places, 3 000 vacances de poste chez les personnels de surveillance,
04:584 000 si on y ajoute l'ensemble des personnels d'insertion de probation, les administratifs et les techniques.
05:02Donc, on est vraiment dans une situation très compliquée.
05:05Et où, aujourd'hui, la moindre étincelle va mettre le feu aux poudres.
05:10Je voudrais vous faire réagir, pour terminer, Wilfried Fong, sur cette affaire révélée par vos collègues du Grand Est,
05:15du syndicat UFAP, une sa justice du Grand Est, qui s'indigne d'avoir eu à faire un aller-retour Strasbourg-Paris
05:22pour escorter une détenue qu'on appelle TIS, un terroriste islamiste.
05:26Alors, c'était non pas pour se rendre à une audience devant le parquet antiterroriste à Paris,
05:29non, non, c'était pour un rendez-vous en centre d'imagerie médicale.
05:34Ce qui aurait parfaitement pu avoir lieu à Strasbourg, sans avoir à faire cet aller-retour de 1 000 kilomètres à Wilfried Fong.
05:40En effet, il y a parfois des décisions des autorités judiciaires qu'on a du mal à comprendre.
05:46Et une fois qu'on les a comprises, on a encore plus de mal à les accepter.
05:49Parce que quand on voit ce qui s'est passé au mois de mai l'année dernière à Carville,
05:53effectivement, pendant 10 heures, on a mis en danger 4 personnels pénitentiaires
05:57pour un examen radiologique qui aurait pu être fait sur place,
06:00à quelques kilomètres de l'établissement pénitentiaire, où a été trouvée cette détenue.
06:04Donc, à un moment donné, il faut arrêter, j'ai envie de dire, il faut arrêter les conneries
06:07et essayer de faire preuve un peu de réalisme et de pragmatisme.
06:11Merci Wilfried Fong d'avoir été sur Europe 1.
06:13Et puis, excusez-moi, on s'est mal compris, je ne voulais pas dire que les voitures brûlées,
06:17c'était rien, évidemment, pour ceux qui ont perdu leur véhicule de parmi vos collègues.
06:21C'est évidemment une catastrophe et certains n'auront peut-être pas les moyens d'en changer.
06:25Je pensais plutôt au mitraillage des bâtiments.
06:27En soi, il n'y avait pas eu de victime humaine, c'est ça que j'ai voulu dire, mais je l'ai mal exprimé.
06:31Merci Wilfried Fong, je vous rappelle, vous êtes le secrétaire national du syndicat pénitentiaire UFAP,
06:38UNSA Justice, et je vous rappelle que Gérald Darmanin, le garde des Sceaux, sera à 8h10.
06:42L'invité d'Europe 1 et CNews.
06:44Il est 7h18 sur Europe 1.