Son studio acheté à 150 000 euros en 2018 est lézardé de fissures. Marie ne peut plus habiter cet appartement situé aux Lilas (Seine-Saint-Denis) depuis la sécheresse de l'été 2020. Avec dix autres citoyens français, elle attaque l'État en justice pour inaction climatique.
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00Ce bien, je l'ai acheté environ 150 000 euros, avec à peu près 50 000 euros de travaux.
00:04Et aujourd'hui, je paye 1 200 euros par mois pour rembourser l'emprunt.
00:08Et je suis obligée, depuis un an et demi, de payer mon relogement à proximité, il se trouve à Pantin.
00:14Je suis sinistrée climatique, impactée climatique, on donne le mot qu'on veut.
00:19En tout cas, ce qui est clair, c'est que les changements du climat ont impacté ma vie.
00:23J'habite en banlieue parisienne et on est devant chez moi, donc ma maison qui est fortement fissurée
00:30et qui est une des raisons qui fait que je participe au recours en justice contre l'État concernant l'adaptation au changement climatique.
00:36Pour la première fois dans l'Union européenne, Marie et 10 autres citoyens français attaquent l'État en justice pour inaction climatique.
00:44Le logement de Marie, situé au Lila en Seine-Saint-Denis, a été fissuré par la sécheresse historique à l'été 2020.
00:50Son bâtiment est alors classé en arrêté de péril par la mairie, son studio est aujourd'hui inhabitable et ce depuis 5 ans.
00:56C'est un studio d'une trentaine de mètres carrés que j'ai acheté en 2018.
01:01Je l'ai remis à neuf, quasiment un an, un an et demi de travaux.
01:08Et quand je suis partie en vacances en août 2020, deux semaines, je suis revenue et en fait l'appartement était fissuré.
01:15Ça se voyait bien parce que c'était neuf, donc je l'ai vu tout de suite.
01:17Le plancher s'était enfoncé, les portes et les fenêtres ne s'ouvraient plus ou ne fermaient plus.
01:22On a une série de fissures, une qui longe le plafond, une qui est ici transversale et on va en retrouver au niveau du sol également.
01:32Elle traverse le mur de part et d'autre, vous les retrouvez intérieur-extérieur.
01:36On n'est pas sur une petite fissure de crépi, ça c'est clair.
01:38Ces mouvements de terrain sont provoqués par le retrait-gonflement du sol en argile sur lequel est construit la maison de Marie.
01:44Typiquement, ça ne bouge pas parce que le sol est remonté.
01:47Quand vous venez à la fin de l'été, vos étés justement, ils flageolent comme ça parce qu'en fait le sol s'est enfoncé,
01:56donc en fait eux-mêmes pendouillent dans le vide, donc il faut toujours venir les resserrer régulièrement.
02:00Les sols argileux sont des éponges. En période sèche, ils se rétractent avec l'évaporation de l'eau.
02:05En période pluvieuse, ils se gonflent. Et c'est ce qui cause des fissures, voire des effondrements.
02:10Le sentiment, c'est un peu de désespoir quand même.
02:13400 000 euros sont nécessaires pour refaire les fondations et réhabiliter le bâtiment où vit Marie.
02:18Un montant que les assurances vont prendre en charge.
02:20En plus de notre bâtiment, il y a le bâtiment en face, qui est un autre bâtiment de la copropriété,
02:25qui a été touché aussi, donc nos voisins, et qui connaissent le même sort que nous,
02:29c'est-à-dire que leur bâtiment est sous arrêté de péril et il est complètement fissuré.
02:33Lise habite la maison juste en face et elle continue à vivre dans son logement fissuré.
02:37Et les assurances ont refusé de l'indemniser pour les travaux.
02:41Notre vie s'est un peu arrêtée quelque part.
02:43Donc on est quelque part un peu sinistré.
02:45On vit toujours dans notre maison, mais avec des fois de la peur, de l'anxiété, de la colère et beaucoup de doutes.
02:5450% des maisons individuelles en France seraient exposées au phénomène de retrait-gonflement des argiles,
03:00selon le ministère de la Transition écologique.
03:02Avec son recours en justice, Marie veut pousser l'État à protéger ses citoyens face aux risques climatiques.
03:08On peut être sinistré climatique aux portes de Paris.
03:10C'est une des raisons que je fais partie de ce recours, c'est de témoigner de cette réalité-là.
03:14On dit souvent que le changement climatique, c'est pour dans 10 ans, 15 ans, 20 ans, c'est très très loin de nous.
03:20Et en fait, non, le changement climatique, il peut être là, au pied du métro.
03:24Le but de cette saisie de l'État ou de cette attaque de l'État, c'est de mettre en valeur ce sujet et d'y apporter des réponses,
03:31que l'État se remette à la table de travail.
03:33Tu n'attends pas des indemnisations ou ce genre de choses ?
03:36Moi, je n'attends aucune indemnisation, ce n'est pas du tout la logique.
03:39Je n'ai rien à gagner personnellement, je le fais pour les autres, pour ne pas qu'ils se retrouvent dans cette situation.