François Bayrou a tenu ce mardi matin une conférence sur les finances publiques, et s'en est pris à certains dispositifs qui pénaliseraient le budget du pays, comme le bonus réparation. Écoutez la réaction de Laetitia Vasseur, co-fondatrice et déléguée générale de l'association HOP (Halte à l'obsolescence programmée) qui est l'invitée pour tout comprendre dans RTL Soir.
Regardez L'invité pour tout comprendre avec Yves Calvi du 15 avril 2025.
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00:00Yves Calvi, Vincent Derosier, RTL Soir.
00:03Il est 18h44, bonsoir Laetitia Vasseur.
00:07Bonsoir.
00:07Vous êtes déléguée générale et cofondatrice de l'association HOP,
00:10HOP, pour halte à l'obsolescence programmée.
00:13Merci de prendre la parole sur RTL.
00:15Le Premier ministre a donc évoqué le bonus réparation à la mi-journée.
00:19Il s'agit de ce fonds mis en place pour soutenir les Français
00:22qui entendent faire réparer leurs équipements
00:23plutôt que d'en acheter des neufs.
00:25Je cite François Bayrou.
00:27Annoncer une prime pour aller porter ses chaussures chez le cordonnier,
00:30il y a de nombreux citoyens qui pensent que ce n'est pas l'urgence absolue.
00:33C'est vraiment de l'argent mal dépensé, d'après vous ?
00:36Surtout, j'ai une bonne nouvelle pour François Bayrou.
00:38En fait, cet argent n'est pas de l'argent public.
00:40C'est les entreprises qui mettent sur le marché des produits
00:44les fabricants qui payent une éco-contribution.
00:48Et c'est cet argent-là qui sert à réparer les produits pour les citoyens.
00:53Donc, je pense que c'est plutôt une bonne nouvelle pour les citoyens.
00:55Et en l'occurrence, ça ne coûte rien à l'État.
00:58Alors, ça ne coûte rien à l'État.
01:00On parle de bonus réparation pour les équipements électroniques,
01:03des bonus répare-cycle pour les vélos,
01:05mais aussi des bonus réparation pour les vêtements,
01:08les chaussures et même les jouets.
01:10Qui doit financer ça, finalement ?
01:14Eh bien, c'est les entreprises qui polluent, quelque part,
01:17en mettant sur le marché des produits
01:19qui ne sont pas toujours conçus pour être assez réparables.
01:22Et d'ailleurs, il y a une modulation de cette taxe, quelque part,
01:26pour les entreprises.
01:27Si elles font des produits qui sont plus réparables,
01:30elles vont payer moins de cette taxe.
01:32Et plus les produits sont réparables, plus elle va payer,
01:36plus elle va contribuer pour faire en sorte aussi
01:38qu'on envoie un signal dans le design des produits
01:41pour qu'ils soient conçus de manière plus réparable.
01:45Donc, c'est vraiment un signal très fort.
01:46Et après, tout cet argent est reversé aux citoyens
01:51pour qu'ils puissent bénéficier d'une réduction
01:54sur le prix de la réparation directement
01:56auprès de l'artisan ou du professionnel de la réparation,
02:00là où il a besoin de faire réparer ses téléphones,
02:02ses lave-linges, ses chaussures.
02:04En effet, énormément de produits sont concernés aujourd'hui.
02:07Vous nous dites ce soir sur RTL
02:09que ce système est vraiment vertueux.
02:12C'est tout à fait vertueux.
02:14En plus, ça a été vraiment pensé dans la loi AGEC
02:16pour ne pas peser sur les finances publiques,
02:20mais bien sur les entreprises dans le principe de pollueurs-payeurs
02:23au profit des consommateurs qui le disent,
02:27ils veulent réparer dans la grande majorité des cas,
02:29mais souvent le prix est un frein.
02:31Et donc, pour adresser ce problème,
02:33le bonus réparation a été créé.
02:35Et aujourd'hui, c'est un bonus qui peut aller
02:37jusqu'à 60 euros de réduction,
02:39par exemple sur la réparation d'une télévision.
02:41Aujourd'hui, il y a près de 280 000 produits
02:44qui ont été réparés sur les smartphones seulement,
02:48où on peut épargner 25 euros pour tous les consommateurs,
02:51peu importe son budget, partout en France.
02:54Donc évidemment, c'est une excellente chose pour les consommateurs
02:57et pour faire tendre tout le marché
02:59vers des produits mieux conçus pour être mieux réparés.
03:02Et pourtant, semble-t-il, les Français ne s'en sont pas du tout,
03:04enfin assez en tout cas, emparés jusqu'ici.
03:07Je lisais en fin d'année dernière que seul un tiers du budget alloué
03:09avait été consommé.
03:11Vous nous le confirmez ?
03:12Oui, et ça, c'est un vrai problème.
03:15Et malheureusement, c'est parce que les Français, en général,
03:16ne sont pas tout simplement au courant
03:18qu'ils peuvent réduire leurs factures
03:21de manière extrêmement simple,
03:23parce qu'il n'y a pas eu de communication nationale
03:25sur le bonus réparation.
03:28Et nous, à Hop, Alte à l'obsolescence programmée,
03:31on essaye de communiquer avec nos petits moyens.
03:33Donc il y a un site qui s'appelle bonusréparation.org
03:36où on peut retrouver tous les bonus sur tous les produits.
03:40Où est-ce qu'on peut le faire ?
03:42Sur les cartographies qui existent
03:45et pour pouvoir l'activer près de chez soi
03:47de manière très simple.
03:48Malheureusement, il n'y a pas eu assez de communication
03:50et donc beaucoup de gens l'ignorent tout simplement.
03:53Alors, d'un point de vue purement comptable,
03:55si on achète une paire de chaussures 100 euros,
03:57il y a 20 euros de TVA qui rentrent dans les caisses de l'État.
03:59Si on fait réparer une paire usée,
04:00c'est 25 euros qui en sortent.
04:03On comprend que Bercy puisse y être hostile, en fait,
04:05parce que l'argent qui rentre,
04:06c'est quand on achète une nouvelle paire.
04:09Oui, mais aujourd'hui,
04:10il faut être dans une logique d'économie circulaire.
04:13On ne peut plus faire de l'économie à la papa
04:15d'il y a 30 ans, d'il y a 60 ans.
04:18On est dans des logiques aujourd'hui
04:19où il faut faire une économie qui soit soutenable,
04:21où la consommation et la production
04:24doivent être responsables.
04:26Et aujourd'hui, quand on connaît les enjeux économiques
04:28et les enjeux écologiques et sociaux,
04:33on ne peut plus faire comme avant.
04:35Maintenant, il y a quand même...
04:37L'économie circulaire est un pilier,
04:39est une volonté qui a été prônée
04:41par la France ces dernières années.
04:42C'est quelque chose de très vertueux,
04:44qui est aussi prônée de manière volontaire
04:47par l'Europe.
04:48Et c'est vers ça qu'il faut se tourner.
04:49Il y a beaucoup d'emplois locaux
04:51qui peuvent être créés en Europe,
04:53non délocalisables,
04:54dans la réparation,
04:56dans les produits reconditionnés,
04:57le réemploi, la seconde main,
04:59des produits qui sont conçus
05:00pour être durables, réparables.
05:02Et ça, c'est un vrai levier économique
05:04sur lequel il faut miser
05:05pour allier écologie et économie.
05:08Vous trouvez normal que tout le monde
05:09y ait accès sans condition de ressources ?
05:10Oui, puisque tout le monde
05:14peut être confronté à une panne,
05:17malheureusement.
05:18Les produits ne sont pas encore
05:19assez conçus pour être réparables,
05:21même parfois quand on achète
05:22un produit plus cher,
05:24même si bien souvent,
05:25il va être un peu mieux conçu.
05:26Ce n'est pas encore une évidence.
05:28Et donc, dès lors que le fabricant
05:32l'a conçu et qu'il n'est pas assez réparable
05:35ou qu'il est tombé en panne,
05:36il a une responsabilité dans le fait
05:38que le consommateur va aller le réparer
05:41parce que c'est à un prix accessible.
05:43Et donc, je crois qu'il faut que massivement,
05:46tous les consommateurs
05:46puissent réparer plus facilement.
05:48Et ce bonus y contribue.
05:50Et je pense que c'est une excellente chose.
05:52Alors, l'une des critiques qu'on entend,
05:53c'est que ça renchérit le prix des réparations.
05:56Vous l'avez constaté ?
05:58Ce n'est pas une évidence.
05:59Aujourd'hui, il y a des réparateurs
06:04qui adhèrent au système.
06:06Même le bonus réparation au début
06:08a pâti de certaines lacunes
06:11qu'on a dénoncées à l'association Hop.
06:13Par exemple, c'était compliqué
06:14pour les artisans d'en faire partie.
06:16Aujourd'hui, ça s'est quand même
06:17beaucoup amélioré
06:18parce qu'on a dénoncé ces lacunes
06:20et que c'était aussi une expérimentation,
06:23une innovation
06:24qui est d'ailleurs suivie au niveau européen
06:26puisque maintenant, l'Europe incite
06:29tous les pays d'Europe
06:30à faire comme la France
06:31qui a été pionnière.
06:32Donc, voilà, il a fallu améliorer
06:36le dispositif en marchant
06:37mais je crois qu'il y a eu de la volonté
06:39et que ce n'est pas encore forcément parfait
06:42mais ça a le mérite d'exister
06:43et beaucoup de pays nous l'envient.
06:45Donc, je crois que c'est plutôt une bonne chose
06:49et aujourd'hui, je ne crois pas
06:51que ça renchérisse beaucoup le prix.
06:54Au contraire, ça réduit le coût de la réparation
06:56pour les clients et les consommateurs.
06:58Donc, selon vous, le Premier ministre s'est trompé
07:00en ciblant ce processus ?
07:04Clairement, c'est à contre-courant
07:06de toute la loi GEC qui a été portée
07:08ces dix dernières années
07:09par le gouvernement,
07:11une économie circulaire qui va pour une fois
07:13dans le bon sens
07:14et en plus qui n'est pas du tout
07:16qui n'est pas une charge pour l'État.
07:18Donc, je crois qu'en effet,
07:20M. Béroud, malheureusement,
07:21s'est trompé dans ses sources
07:22et qu'il peut se satisfaire de ce GONUS.
07:25Merci infiniment, Léthice Vasseur,
07:26déléguée générale et cofondatrice,
07:28donc de l'association HOP
07:29pour halte à l'obsolescence programmée
07:31et je renvoie bien entendu au site
07:33que vous avez cité,
07:34bonusréparation,
07:36réparationavecuns.org.
07:38Merci beaucoup d'avoir pris la parole sur RTL.
07:40Dans un instant,
07:41un homme extrêmement recyclé,
07:42spécialiste du tri,
07:44il ne fait d'ailleurs que des cartons.
07:45Marc-Antoine Lebray,
07:46c'est le Breaking News.
07:47Vincent Derosier,
07:48Yves Calvi,
07:49RTL.
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