Eric Lombard annonce 40 milliards d'économies supplémentaires hausse d'impôts : qui va payer ? Michel Picon, président de l'Union des entreprises de proximité (U2P), est l'invité de Céline Landreau.
Regardez L'invité de Céline Landreau du 15 avril 2025.
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00:007h10, RTL Matin, Céline Landreau et Thomas Soto.
00:04Il est 8h15, l'interview de Céline Landreau qui ne peut pas être plus au cœur de l'actualité
00:07puisqu'on est en ligne avec un homme qui va être face au Premier ministre et au ministre de l'économie
00:12dans quelques minutes, il est d'ailleurs déjà sur place.
00:15A l'heure où il va falloir trouver des économies, c'est Michel Picon, le président de l'UDEP,
00:19autrement dit l'Union des entreprises de proximité, qui est votre invitée.
00:22Céline, bonjour et bienvenue à vous.
00:23Bonjour Michel Picon.
00:25Bonjour.
00:26Mais où sont-ils ? Où sont les 40 milliards d'économies ?
00:29Au moins 40 que le gouvernement veut trouver pour ficeler son budget 2026.
00:33Et ça, je cite la ministre des Comptes Publics Amélie de Montchalin,
00:37son stratégie d'augmenter les impôts des Français, des classes populaires et des classes moyennes.
00:42Quand on veut épargner les particuliers, Michel Picon, ça veut peut-être dire qu'on va cibler les entreprises, non ?
00:48Oui, c'est une crainte, enfin à la fois c'est une crainte, mais c'est aussi une prise de conscience collective
00:53de la situation d'endettement du pays, du besoin de limiter la casse, si je puis dire,
00:58et puis surtout de ne pas poursuivre encore à endetter les générations futures.
01:04Donc tout le monde va devoir faire un petit effort, je pense.
01:07Les entreprises le feront, elles le font déjà.
01:09Je rappelle que depuis le début de l'année, c'est plus de 5% de défaillance d'entreprise.
01:15C'est parce qu'il y a moins de marché, moins de consommation, moins de commandes publiques.
01:19Et donc, oui, tout le monde va devoir faire un petit peu attention, mais moi j'ai assez confiance.
01:25Je pense qu'il faut donner un message positif, il ne faut pas rajouter de la crise à la crise.
01:29Les entreprises, elles sont résilientes, elles vont trouver des solutions.
01:34Michel Picon, hier déjà vous étiez à Bercy pour participer au premier conseil des entreprises.
01:38Il était déjà question du budget.
01:41On ne vous a rien dévoilé des pistes qui sont privilégiées à l'heure actuelle ?
01:44Non, mais les pistes, la première des pistes, c'est faire des économies.
01:48On a un État, l'État est suradministré.
01:52Je pense qu'il faut vraiment s'attaquer à ce sujet.
01:55Alors bien sûr, il faut demander un effort collectif, mais il faut aussi donner l'exemple.
01:59Et que ce soit pour l'État comme pour les collectivités locales.
02:04Personne ne peut se prévaloir de ne pas être concerné par le fait que depuis 40 ans,
02:11on a des budgets en déséquilibre et que l'on dépense plus que ce que l'on gagne.
02:16Donc l'État, les collectivités, mais vous, les entreprises, vous arrivez avec quelles propositions,
02:20puisque vous dites être prêts à participer à cet effort collectif ?
02:23Non, mais je veux dire que les entreprises, elles y participent aujourd'hui déjà considérablement.
02:29Les entreprises, elles sont, dans notre pays, beaucoup plus chargées en impôts, en cotisations,
02:36alors qu'il s'agisse d'impôts nationaux ou d'impôts régionaux.
02:40Et c'est à ce titre que je regrette que l'AMF ne soit pas présente ce matin avec son président, M. Lysnard.
02:45Parce que si on demande aux collectivités locales de faire un peu d'économie,
02:49eh bien évidemment, ce n'est pas pour qu'elles se vengent sur les entreprises,
02:54avec une augmentation de la taxe mobilité ou des augmentations complètement folles de la CFE dans un certain nombre de lieux.
03:02Et voilà, donc les entreprises, je ne pense pas qu'on puisse leur demander en fiscalité davantage à ce qu'on leur demande aujourd'hui.
03:10Mais ça peut être coupé dans les aides, François Langlais les évoquait tout à l'heure.
03:15D'après la CFTC, c'est 200 milliards, plutôt 100 milliards, disait François Langlais.
03:20100 milliards, c'est quand même beaucoup. Il n'y a pas du tri à faire ?
03:22Oui, il y a peut-être du tri à faire. Enfin, il faut regarder dossier par dossier.
03:26Moi, ce que je voudrais dire, c'est qu'il faut faire la part des choses dans ce que l'on appelle l'aide.
03:30L'aide aux entreprises, qu'est-ce que c'est ? C'est le soutien à l'apprentissage.
03:34Mais l'apprentissage, combien coûte un gamin qui reste jusqu'au baccalauréat ou un peu plus pour l'éducation nationale ?
03:41Donc, on ne demande pas à ce moment-là des comptes.
03:46On ne considère pas que c'est une aide aux entreprises.
03:49Lorsqu'une entreprise prend un apprenti, pour 80% des apprentis qui rentrent dans nos entreprises,
03:54ils trouvent un emploi derrière.
03:56Donc, pour moi, le soutien à l'apprentissage, ce n'est pas une aide aux entreprises.
04:02C'est une aide à la formation de nos jeunes, à leur insertion.
04:05Donc, on ne touche pas à ça ? Vous avez d'autres lignes rouges ?
04:07Le deuxième sujet, mais qui est un sujet de fond,
04:09mais nous, il y a longtemps qu'on dit que le coût du travail est trop élevé,
04:13qu'il faut redistribuer le coût du travail, les charges sociales qui pèsent sur les entreprises.
04:17Ce n'est plus possible d'avoir...
04:19Donc, on ne touche pas non plus aux allègements de cotisations sociales, si je vous comprends bien.
04:22Ça va jusqu'à 1,6 mic aujourd'hui, un peu plus de 2800 euros brut.
04:26Surtout sur les bas salaires, il ne faut pas toucher.
04:29Je veux dire, la France a rompu avec ce chômage de masse.
04:33Bon, les choses sont en train un petit peu de remonter,
04:36mais j'espère que ce n'est que conjoncturel.
04:39Et là aussi, les allègements de charges,
04:41on ne peut pas considérer que c'est des cadeaux aux entreprises.
04:43Mais quel levier alors, Michel Picon ? On a du mal à comprendre.
04:47Le premier des leviers, je vous l'ai dit,
04:49ce sont les économies que l'État doit faire dans la gestion.
04:53Mais là, ce n'est pas la participation des entreprises.
04:55Pardon, vous nous avez dit au début,
04:56on est prêts, nous, à participer à cet effort collectif.
05:00Oui, mais je vous ai dit que sur l'ensemble des aides aux entreprises,
05:02il fallait probablement regarder point par point le crédit recherche,
05:07le crédit impôt innovation, enfin, sur tous ces sujets-là.
05:10Il faut regarder leur efficacité et se poser la question
05:14s'il ne peut pas y avoir une pause pendant un certain temps.
05:19Regarder aussi, peut-être, un certain nombre d'optimisations fiscales.
05:24Vous savez, les entreprises que je représente,
05:25moi, ce sont de petites entreprises.
05:27Elles n'ont pas des holdings,
05:29elles n'ont pas des sujets d'optimisation
05:32pour ne pas payer ni leurs contributions.
05:35Ce sont des entreprises,
05:36la majorité ont moins de 11 salariés.
05:39Leurs actionnaires, c'est eux-mêmes,
05:40ce sont des entreprises uninominales.
05:42Et je rappelle encore une fois que depuis le début,
05:45en 2024, près de 50 000 entreprises
05:48de moins de 11 salariés ont disparu
05:51avec un bilan sur l'emploi considérable.
05:54Au moment où je vous parle,
05:55il y a 1 500 salariés qui sont licenciées
06:02dans des petites entreprises
06:04parce qu'elles n'ont plus de commandes,
06:05elles n'ont plus de marchés.
06:06Leurs marges se sont effondrées
06:08avec l'augmentation du coût de l'énergie.
06:10Alors, le tribut que payent les petites entreprises,
06:13je ne vois pas comment on peut leur en demander davantage,
06:16évidemment.
06:17Alors, on va peut-être demander à vos consoeurs,
06:18les grandes entreprises.
06:20Je voulais vous soumettre cette proposition
06:22il y a quelques jours de Patrick Pouyanné,
06:23le patron de Total,
06:24qui disait devant les sénateurs
06:26qu'il était favorable à ce que les entreprises
06:27qui ont touché les aides de l'État pendant le Covid
06:30et qui se portent bien aujourd'hui,
06:31remboursent tout puisqu'après tout,
06:33c'est l'argent des Français.
06:36Quel écho elle trouve chez vous, cette proposition ?
06:39Vous savez, les petites entreprises,
06:40elles ont touché comme aide
06:42l'arrêt partiel d'activité
06:45qui ont permis à tous les salariés
06:48de ne pas se retrouver dans une situation catastrophique
06:51de perte de leur revenu.
06:54Mais si ça va mieux aujourd'hui ?
06:56Oui, mais vous voulez demander le remboursement
06:59à qui ?
06:59À l'entreprise ?
07:00Ou aux salariés qui ont perçu la rédactivité ?
07:03Enfin, je veux dire, tout ça,
07:04moi, je comprends.
07:05Les grands groupes,
07:07Air France, Total,
07:09qui ont perçu des millions de soutiens
07:11pour alimenter leur trésorerie,
07:13mais ce n'est pas le cas des petites entreprises.
07:15Les aides que nous avons perçues,
07:17elles étaient ciblées sur le maintien
07:18des salaires de nos salariés.
07:20Et donc, demander ce remboursement,
07:22c'est peut-être adapté pour quelques grands groupes,
07:24mais ça ne l'est certainement pas,
07:26pour le tissu économique
07:29que représentent les petites entreprises
07:30dans les territoires et dans notre pays.
07:32Autre piste, Michel Picon,
07:34Gérald Darmanin, le ministre de la Justice,
07:36disait tout à l'heure sur RTL,
07:37on n'économise pas 40 milliards
07:39sans faire des réformes sociales.
07:41Il faut ressortir des cartons
07:42la réforme Atal sur l'assurance chômage,
07:44par exemple ?
07:46Oui, peut-être qu'il faut regarder ça.
07:48Il faut qu'il y ait un segment
07:50de nos concitoyens.
07:51Ce serait 3,5 milliards d'économies.
07:53Oui, oui.
07:54Bon, ça, c'est ce qu'on vise.
07:57C'est ce qu'on viserait.
07:59Les 3 milliards d'économies,
08:01il faut être prudent dans une période...
08:03Vous savez, j'avais entendu M. Atal aussi
08:05nous dire que quand l'économie se portait bien,
08:09il fallait réduire les droits des chômeurs
08:11de manière à ce qu'ils reprennent
08:13un travail plus vite
08:13puisqu'il y avait des offres d'emploi partout.
08:16Et quand l'économie allait se porter
08:18ou se porter plus mal,
08:19à ce moment-là,
08:20il fallait être un peu plus généreux.
08:21Bon, je ne pense pas que l'économie
08:23soit aujourd'hui en situation
08:25très florissante.
08:27Et donc, réduire les droits des chômeurs
08:29en ce moment,
08:30c'est peut-être aussi rajouter
08:32à ce climat social
08:33qui risque de devenir tendu
08:35d'autres sujets.
08:37Mais là aussi,
08:38il y a un travail qui est fait tous les jours
08:39par les partenaires sociaux
08:41au sein de l'UNEDIC
08:42pour essayer de recadrer les choses.
08:44On a tous autour de nous
08:45des gens qui abusent
08:46de la situation du chômage
08:48avec, vous savez,
08:48cette phrase terrible
08:49qui dit
08:50« j'y ai droit,
08:51j'ai cotisé,
08:51j'y ai droit ».
08:52C'est comme quand on est assuré,
08:53c'est parce qu'on a payé une cotisation,
08:55on mettait le feu à sa voiture.
08:56Enfin, ça n'a pas de sens.
08:58Donc, il faut bien évidemment
08:59qu'on ait des systèmes
09:00qui recadrent un petit peu ça.
09:02Il faut de la pédagogie.
09:03Merci Michel Picon.
09:05On comprend que les entreprises
09:05ont conscience du problème
09:07mais que ce n'est pas forcément
09:08chez vous
09:09qu'il y a beaucoup d'euros
09:10à gratter.
09:11Merci.
09:11Merci.