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Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Lundi 14 avril 2025 : l'animatrice de télévision Laurence Boccolini. Elle publie son autobiographie "Showtime : Souvenirs du chaos", aux éditions Kero.

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Transcription
00:00Bonjour Laurence Boccolini. Bonjour.
00:02Vous êtes cette femme que beaucoup ont longtemps classée dans la catégorie des indestructibles et imperturbables,
00:07voire dans la catégorie méchante et autoritaire, comme quoi la télé peut parfois déformer les personnes sous le feu des projecteurs.
00:13Il faut préciser aussi que l'émission que vous présentiez d'une main de fer qui vous colle le plus à la peau, le maillon faible,
00:17montrait une facette assez dure de votre personnalité, sauf que c'était un jeu, un rôle, et que malheureusement il vous a suivi pendant des années.
00:24C'est à la radio que vous avez débuté en tant que journaliste, ROC, avant d'intégrer l'équipe de Laurent Ruquier sur France Inter,
00:29et avant de faire vos premiers pas à la télé très rapidement, en tant que présentatrice vedette, on pense également à l'émission Money Drop sur TF1.
00:36Depuis, vous avez intégré le service public avec les enfants de la télé et puis le mot de passe sur France 2.
00:41Aujourd'hui, vous publiez Showtime, Souvenirs du chaos, aux éditions Cairo, une autobiographie d'autant plus saisissante que vous acceptez pour la première fois
00:48de déposer les armes et l'armure, les mêmes qui, après la lecture de cet ouvrage, vous ont permis de rester debout,
00:56de continuer à avancer malgré la maladie que vous appelez un coup l'alien, un coup Bobby, et un milieu redoutable qui n'épargne personne.
01:04Qu'est-ce qui vous a donné la force, le besoin vital finalement, de vous adresser à nous, et surtout à vous-même, Laurence Boccolini ?
01:11À moi-même d'abord, je pense. C'est pas un constat, c'est pas un bilan, mais c'est vrai que pour toute personne à qui on annonce un diagnostic
01:20qui est rarement joyeux, et tout d'un coup, on se prend un coup de fouet ou une claque, et on se met à penser à avant, à pendant, à après.
01:31Et moi, ça m'a amenée à faire une espèce de bilan où je me suis dit, mais finalement, si tu pars, c'est une hypothèse,
01:42d'une manière ou d'une autre, si tu quittes ce métier ou si tu pars tout court, il y a plein de choses que tu n'auras pas dites.
01:47à toi et aux autres. Les autres, après, moi je dis toujours, quand on lance ces informations comme ça, un peu dans l'univers,
01:57que les gens les attrapent au vol ou pas, tant mieux, et c'est pas grave si ça se passe pas.
02:04Moi, j'ai eu l'impression que je les avais livrées et que c'était important pour moi de les dire. Et je n'ai pas tout dit.
02:10La radio, effectivement, fait partie de votre quotidien depuis votre plus tendre adolescence,
02:14parce que vous racontez que dans la chambre, il y avait déjà un révox.
02:17Alors, pour celles et ceux, pour les moins de 20 ans, je vais m'adresser directement à eux.
02:24C'est un enregistreur avec des bandes, un magnéto à bandes, qui apportait aussi cette réverbe nécessaire
02:30quand on faisait la radio et qu'on voulait avoir une réverbe sur la voix.
02:33Et il y avait cette table de mixage, ça vous a toujours accompagné.
02:36Vous parlez de Michel aussi, qui était sur Radio 7.
02:42Michel Alberstadt.
02:43Voilà, Alberstadt, pardon.
02:44Michel Alberstadt, qui était sur Radio 7 et qui, effectivement, est devenu un peu la personne que vous vouliez être à un moment donné.
02:51On me disait, pourquoi vous avez voulu faire de la télé quand ?
02:54Je n'en ai aucune idée, j'ai jamais voulu faire de télé, puisque je n'avais pas d'idole à la télé.
02:59Pas d'idole, mais je n'avais pas d'icône, je n'avais pas de personne que je voulais incarner.
03:02Après, peut-être Antoine de Cônes, mais bien plus tard, mais finalement, à l'adolescence, à 16 ans.
03:09Mais à la radio, oui, la voix de Michel Alberstadt, c'était quelque chose.
03:12Il n'y avait pas beaucoup de filles sur Radio 7 qui faisaient quelque chose de libre.
03:17Ce n'était pas le côté sexy qui m'intéressait, c'est qu'elle disait ce qu'elle avait envie de dire.
03:20Je me disais, ça, c'est ce que je veux faire.
03:23Je veux dire, on est exactement dans la voix sacrée.
03:27C'est ça que je veux faire.
03:28Vous avez eu un guide, finalement, quand même, dans votre enfance, celui de Holden Caulfield, La Trappe-Cœur.
03:35Ça, c'est vraiment votre livre de chevet, votre Madeleine de Proust aussi.
03:41C'est-à-dire que vraiment, ce livre coche toutes les cases.
03:46Il vous a permis, finalement, de vous construire en tant que Laurence Boccolini.
03:49Parce que c'est ce que vous racontez au départ, quand vous avez démarré.
03:52C'était dans une radio municipale de Versailles.
03:54Déjà, on m'a demandé de ne pas porter mon nom, parce que mon nom était pour...
03:58Claude Ruben, très exactement.
04:00Oui, Claude Ruben, qui était, paraît-il, au visiteur du mercredi.
04:03Donc, moi, j'étais tout enflammé en me disant, c'est une idole.
04:06Et il m'a dit, bienvenue à la radio.
04:09C'est la radio des Nouvelles de Versailles.
04:11Et il m'a dit, écoute, voilà, tu vas prendre l'antenne lundi.
04:15Moi, j'ai t'aimé aux anges.
04:17Par contre, Laurence, c'est très moche.
04:19Ah bon ?
04:20Au lieu de dire, ben non, c'est pas moche, c'est mon nom.
04:22Et me défendre, parce que quand même, on me dit que ce moment-là, c'est moche.
04:25Elle m'a dit, tu vas t'appeler Chloé.
04:27Ah, très bien.
04:27Bon, voilà, je me suis, pendant quatre jours, je me suis appelée Chloé.
04:29Puis le cinquième, il m'a dit, t'es nulle, finalement, tu ne feras jamais de radio.
04:33Voilà, ça s'est passé comme ça.
04:34Mais oui, ben oui, oui, il a bien fallu que...
04:39Oui, en fait, on ne trouvait pas de personnalité.
04:42Mais étonnamment, ça ne m'a pas découragée sur la radio.
04:48J'étais très triste sur le moment.
04:51Mais je me suis dit, mais ce n'est pas grave, je ne m'appelle pas Chloé.
04:54Je m'appelle Laurence et je m'appelle Laurence Boccolini.
04:56Quand je suis arrivée à Europe 1, on m'a dit, voilà, tu vas t'appeler Laurence, puis tu vas donner l'heure.
04:59J'ai dit, ben non, je veux bien donner l'heure si vous voulez, mais je m'appelle Laurence Boccolini.
05:02Ça ne se faisait pas à Europe 1.
05:04Il y avait très peu de meneuses de jeux, ce ne sont pas des animatrices,
05:08qui s'appelaient par leur nom de famille.
05:09J'ai fait tout un cirque, je ne sais pas pourquoi.
05:12Et on m'a dit, bon, d'accord, tu t'appelleras Laurence Boccolini.
05:14Mais je ne voyais pas pourquoi je ne m'appellerais que Laurence.
05:16Donc il y a des moments, quand même, j'ai su me défendre.
05:18Vous avez toujours été fidèle ?
05:20En quoi ? En amour ?
05:22C'est comme ça que vous vous êtes retrouvée dans l'émission de Laurent Ruquier
05:24quand vous avez sorti votre ouvrage, puisque les cigognes ont oublié mon adresse
05:27qui abordait la difficulté d'avoir un enfant et donc la fibre.
05:31Face à vous, deux chroniqueurs, peu connus et courageux,
05:34Éric Nolo et Éric Zemmour, ils ne vous ont pas loupé dans leurs propos méprisants
05:38au point de vous faire pleurer à l'image, ce qui ne vous était jamais arrivé.
05:42Ce moment de télé assimiler un tribunal gratuit avec à la barre de juges
05:45sans légitimité a beaucoup choqué.
05:48C'est la première fois que vous abordez ce souvenir amer et destructeur.
05:53Est-ce que l'écriture permet, Laurence, de gommer ça ?
05:59De gommer la tristesse et les blessures assassines ?
06:01Non, ça ne peut pas. Ce serait trop facile, il suffirait de l'écrire et puis on repart.
06:06On est gai, on est joyeux, on est vide.
06:09Non, ça permet de se dire que ce n'est pas ta faute.
06:14Ça, c'est important de dire que je n'y suis pour rien.
06:17Finalement, si on revient sur cette histoire, qu'est-ce que j'avais fait de mal ?
06:20J'en étais à ma sixième fille, on allait me dire que c'était la dernière.
06:24Et j'avais écrit juste un témoignage parce que personne n'en parlait à l'époque.
06:28Maintenant, vous avez 500 000 bouquins sur l'endométriose,
06:30mais à l'époque, personne ne parlait des filles.
06:32Je me suis dit, peut-être c'est intéressant de voir mon parcours, ça peut aider des femmes.
06:36Ça a été traduit en italien, je ne sais pas en quoi ça a été traduit.
06:39Il y a des gens qui m'en parlent encore, c'est un peu leur livre,
06:41quand ils commencent le parcours de fécondation in vitro.
06:44Et tout d'un coup, j'étais jugée pour autre chose.
06:50Je n'étais pas jugée pour ce bouquin.
06:52J'étais jugée parce que je n'étais pas à ma place.
06:55J'étais une animatrice de TF1, j'étais très connue.
06:58Et j'osais venir déranger des intellectuels avec quelque chose qui ne faisait pas partie de la pléiade.
07:03Et ça, ils savaient...
07:05Je crois que les gens sentent quand vous ne savez pas vous défendre.
07:08Ils ont vu tout de suite que de toute façon, je ne me défendais pas.
07:09J'avais un sourire jusqu'aux oreilles parce que moi, j'étais contente de venir dans cette émission.
07:13Par fidélité, pour Laurent.
07:17Donc ça m'est arrivé.
07:18Ça ne gomme rien.
07:20Mais je n'avais pas envie de ne pas le dire.
07:23Et je me suis aperçue à quel point ça m'avait blessée.
07:26Puisque depuis ce livre-là, je n'ai jamais pu écrire.
07:29Ce livre vient casser le silence.
07:31Le silence, c'est votre angoisse.
07:32D'ailleurs, ce n'est pas un hasard si vous êtes totalement passionné de musique.
07:35Tous les titres que vous citez sont souvent des artistes qui ont été écorchés et qui ont des choses à dire et qui ont fait avancer le schmilblick.
07:44Je pense à Janice Loplin.
07:46Je pense à...
07:47Vous n'aimez pas, par exemple, le son sitar, mais vous aimez Painting Black de Stone.
07:51Oui, je n'aime pas le sitar, mais j'aime bien quand Brian Jones joue du sitar dans Painting Black.
07:57Mais en même temps, toutes les personnes que vous citez, même les Français, que ce soit Michel Jonas, Alain Bachung, etc., sont tous des personnalités très fortes.
08:06Et ça vient casser ce silence et on sent que la musique, finalement, vous a accompagné, vous a évité d'être seule aussi.
08:13Même aujourd'hui ?
08:14Est-ce que ce n'est pas votre plus grande passion, ça ?
08:16Ah si, si, c'est ma plus grande passion.
08:17C'est pour ça que ça a été très dur, parce que je me suis dit que je ne vais plus entendre, je ne vais plus pouvoir écouter.
08:25Donc la qualité d'écoute, elle est moindre, puisque je suis pratiquement sourde de l'oreille gauche maintenant.
08:30Donc j'écoute très fort.
08:32Mais je n'entends plus, je pouvais nommer chaque cuivre qui rentrait dans ce studio de Phil Collin.
08:40Je savais à quel moment, voilà, le trombone à coulisses, elle est rentrée.
08:43Ah non, j'ai du mal.
08:45Je lui dis, ah, c'est voilà.
08:46Oui, bien sûr que c'est ma plus grande passion.
08:48C'est la musique, c'est tout.
08:52Ça a été ma vie.
08:54Ça l'est encore.
08:58Ça me permet de remplir le silence.
09:01J'aimerais bien parfois qu'il y ait un peu de silence, mais ce n'est plus possible maintenant avec ce que j'ai dans l'oreille.
09:05Donc, ça a été ma plus grande passion.
09:09Écrire, on le sent, vous fait du bien.
09:11Comment on se porte Bobby ?
09:13Est-ce qu'il s'apaise, Laurence ?
09:15Alors, il s'apaise...
09:16Bobby, c'est votre tumeur.
09:17Bobby, c'est ma tumeur.
09:19Oui, oui, j'ai eu une séance unique de radiothérapie qui est très particulière, qui s'appelle le Gamma Knife en septembre.
09:25Donc, on vous prévient qu'après cette séance-là, la tumeur va se défendre.
09:31C'est normal.
09:32Donc, ça va être pire, pire, pire, pire, pire.
09:34Ça a été pire, pire, pire, pire, pire.
09:36C'était très particulier.
09:37L'oreille est un monde à soi.
09:38C'est intéressant de s'y intéresser.
09:40Je dis juste cette phrase débile, mais c'est un monde.
09:43C'est un univers.
09:44J'ai entendu de la musique.
09:45J'ai eu des boîtes à musique dans l'oreille.
09:46C'est très étonnant ce que votre oreille peut vous faire.
09:48Et là, on est sur un plateau et on attend septembre pour avoir une IRM de contrôle, pour voir où elle en est.
09:58Mais pour le moment, je suis toujours très bien accompagnée par cette personne.
10:04Je suis toujours très bien accompagnée par cette personne.

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