Dans son édito du 15/04/2025, Thomas Bonnet revient sur l'expulsion français d'Algérie, dans l'attente de mesures françaises en retour.
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00:00Hier, l'Algérie a décidé d'expulser 12 fonctionnaires français de son territoire.
00:04Un regain de tension une semaine après la visite sur place de Jean-Noël Barraud, le ministre français des Affaires étrangères.
00:11Thomas, la décision d'Alger est un désaveu pour Paris ?
00:14Un désaveu, voire même une humiliation pour Paris.
00:17La décision unilatérale du régime algérien de relancer une crise diplomatique se heurte au discours de la diplomatie française.
00:24Le discours du ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barraud, était celui de lendemain meilleur,
00:30ce lendemain plein de promesses dans les valises qui l'ont ramené d'Algérie.
00:34Sauf que, surprise, en arrivant au Quai d'Orsay, en déballant son pactage, il n'a trouvé aucune promesse.
00:39Juste un petit mot qui dirait « on vous a bien eu ».
00:41L'Algérie n'a donné aucun signe concret d'apaisement.
00:44Notre diplomatie a été simplement bernée dans l'illusion d'intérêts mutuels.
00:48Il faut lire le communiqué d'Alger publié hier pour se rendre compte de l'animosité des autorités algériennes.
00:54contre Bruno Rotaillot.
00:55Le ministre de l'Intérieur y est accusé d'avoir organisé une opération de police spectaculaire et ostentatoire
01:01pour procéder à l'interpellation de l'agent consulaire algérien.
01:05Le communiqué va jusqu'à dire que Bruno Rotaillot a voulu rabaisser l'Algérie,
01:09mais aussi, dans une version accusatoire incroyable, je cite,
01:13que Bruno Rotaillot excelle dans les barbouseries à des fins purement personnelles.
01:18La diplomatie algérienne lui attribue même la responsabilité entière de la tournure des relations entre les deux pays.
01:24Alors la question désormais, Thomas, c'est celle de la réponse de la France.
01:27Oui, alors selon le Figaro, l'Elysée juge l'expulsion de 12 agents français, je cite,
01:32« disproportionnée ».
01:34Toujours selon les informations du quotidien, la réponse de la France, on va devoir attendre.
01:39Le président se donne 48 heures pour éclaircir le sujet.
01:42Il prendra ensuite les mesures qui s'imposent en fonction de la réalité de ce qui s'est passé.
01:47Voilà ce qu'indique l'entourage d'Emmanuel Macron dans des propos rapportés par le Figaro.
01:50Alors pourquoi ce délai de 48 heures ?
01:52Les règles élémentaires de la diplomatie imposent à minima une réciprocité stricte des mesures d'expulsion de diplomates.
01:5912 agents consulaires algériens devraient déjà être dans l'avion au moment où on se parle
02:03et il ne s'agirait là que d'un préalable à la reprise d'un dialogue.
02:07Mais la France préfère donc attendre de voir ce qu'il peut se passer.
02:09Et qui sait, demain au réveil, peut-être aura-t-on la surprise de voir sur le tarmac du Bourget
02:15débarquer Boilem-Santzal et un mot d'excuse des autorités algériennes.
02:18La vérité, c'est que le rapport de force nous est imposé depuis des années
02:21et qu'on est totalement incapable d'y répondre.
02:24Les raisons à cela sont multiples.
02:26Crainte de la diaspora algérienne en France, passé colonial, repentance permanente
02:30ou simplement l'idéologie d'une partie de la diplomatie française.
02:33Alors dans cette affaire, c'est la ligne Retailleau qui sort gagnante finalement ?
02:37Oui, parce qu'on avait écarté le ministre de l'Intérieur l'air de dire
02:40« Laisse faire les grands maintenant, c'est nous qui allons gérer la crise ».
02:43Le tandem Macron-Barraud aux manettes pour la diplomatie douce.
02:48Et on en voit le résultat.
02:49Bruno Retailleau, lui, pendant ce temps-là, mangeait son chapeau dans son coin.
02:52Maintenant, son désir d'un rapport de force.
02:54Il avait laissé le champ libre au patron dans une sorte de courtoisie républicaine
02:59qu'il l'honore.
03:00Mais maintenant, est-ce que le président de la République va enfin se ranger
03:03derrière la ligne de son ministre de l'Intérieur ?
03:06Permettez-moi d'en douter.
03:07Sous-titrage Société Radio-Canada