Avec Thomas Huriez, Co-fondateur de la marque 1083 à Romans-sur-Isère dans la Drôme
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00:00Faut-il craindre une invasion de produits chinois, notamment dans le textile en France,
00:07depuis que le marché américain leur a été fermé ?
00:10C'est la question qu'on va se poser avec notre invité Thomas Urias.
00:13Bonjour !
00:14Bonjour !
00:14Bienvenue sur Sud Radio.
00:16Ce n'est pas la première fois que vous intervenez sur Sud Radio.
00:19On donne beaucoup la parole aux entrepreneurs du Made in France.
00:22Vous étiez il y a quelques semaines chez Thomas Binet dans Osez Entreprendre sur Sud Radio.
00:25Vous êtes le cofondateur de la marque de jean 1083.
00:30Vous êtes en direct de Roman sur Isère dans la Drôme, en direct même de votre atelier.
00:35Oui, c'est ça.
00:36Exactement. Passionné avec vos jeans, bien entendu.
00:39Vous produisez 100% Made in France, on est d'accord ?
00:44On tisse, on coupe, on confectionne en France.
00:46Vous faites absolument tout en France.
00:47Du coup, qui sont vos principaux concurrents ?
00:52Alors, il y a deux types de concurrents.
00:53Il y a ceux qui proposent, comme nous, des jeans à 100-150 euros,
00:57qui sont fabriqués au bout du monde et qui inondent le marché français.
01:00Ceux-là sont nos concurrents directs, on peut dire.
01:01Donc, c'est toutes les grandes marques que vous connaissez.
01:04Et ensuite, il y a toutes ces marques qui ont donné le goût aux Français
01:07d'acheter beaucoup de petits prix.
01:09À la fin, ça revient au même prix pour les consommateurs
01:11parce qu'il suffit de voir le chiffre d'affaires, les milliards d'euros
01:13que font les enseignes de fast fashion
01:15pour réaliser qu'en fait, la surconsommation de bas prix
01:18ne nous fait pas faire d'économie.
01:19Mais ces marques-là, si du coup, il n'y a plus d'exitoires américains
01:24pour les marques qui fabriquent en Chine,
01:28elles vont déverser encore plus, très certainement,
01:31et baisser les prix encore pour le marché européen.
01:35Et ça, du coup, si ça ne fait qu'augmenter la surconsommation
01:39de jeans importés du bout du monde,
01:41ce ne sera pas bon, finalement, pour nos marques à nous
01:44puisque, du coup, les Français vont continuer de s'habituer
01:46à acheter beaucoup de pas cher, ce qui revient très cher.
01:49C'est ça. En fait, on s'abonne à des jeans, en quelque sorte, aujourd'hui
01:52puisqu'on a tendance à acheter du très peu cher
01:54qui va s'user beaucoup plus vite, ce qui fait qu'on en rachète,
01:57et ainsi de suite.
01:59Est-ce que vous craignez la situation ?
02:00Aujourd'hui, les Chinois quasiment ont vu les droits de douane
02:02dépasser les 100% du côté des Américains,
02:05des États-Unis, où c'était l'un de leurs plus gros marchés.
02:08Ils vont être obligés de trouver d'autres débouchés.
02:10Et il se trouve que l'Union Européenne importe plusieurs dizaines
02:13de milliards d'euros de textiles chinois chaque année.
02:17Oui, ils ont déjà des facilités, d'ailleurs.
02:18Quand la Chine envoie des colis inférieurs, je crois,
02:21à 100 euros ou 150 euros, ils ne payent pas de TVA.
02:24Donc, quelque part, c'est une réduction de 20% sur le prix de vente
02:27qu'on leur offre quand c'est des petits colis.
02:29Ça fait des dizaines d'avions aussi chaque jour,
02:31donc ce n'est pas terrible pour la planète.
02:33Et il y a des solutions face à ça.
02:35Au Sénat et au Parlement, on est en train de légiférer
02:38sur la fameuse oua fast fashion qui a été votée à l'unanimité
02:41de l'Assemblée nationale il y a un an.
02:43Eh bien, ça, ce sont des réponses.
02:44L'idée, ce n'est pas de fermer les robinets
02:47en augmentant les droits de douane partout.
02:50L'idée, par contre, c'est d'obliger
02:52à un respect des normes sociales,
02:54un respect des normes environnementales
02:55pour que la concurrence soit libre et non faussée.
02:58C'est aussi une manière de fermer le robinet
03:01parce que, pour le coup, les normes sociales
03:02ne sont pas les mêmes en Chine.
03:04Les normes environnementales ne sont pas les mêmes
03:05non plus en Chine, malgré tout.
03:07Absolument, mais ça tire le marché vers les hauts,
03:09ça tire le pratique vers les hauts.
03:11Alors que quand on légifère
03:12et quand on bloque que par le prix,
03:14eh bien là, ça les tire vers le bas.
03:15Et on le voit, si les Américains ferment le robinet,
03:18alors toute cette marchandise
03:21va arriver en masse chez nous.
03:22Encore moins chère, d'ailleurs,
03:23puisqu'elle aura besoin de s'écouler.
03:25Vous avez parlé de la TVA.
03:27Vous demandez aussi, est-ce que les produits chinois
03:29soient sujettis à la TVA lorsqu'ils livrent ?
03:32Oui, ça, c'est une demande
03:32qu'on entend beaucoup dans nos cercles.
03:35C'est qu'en fait, c'est vraiment très injuste
03:37que les marchandises qui coûtent
03:39moins de 100 euros, moins de 150 euros
03:41vendues en France, fabriquées en Chine,
03:44ne soient exemptées de TVA.
03:46Ça ne l'est pas pour les produits fabriqués en France,
03:48pour les produits fabriqués en Europe.
03:50Il n'y a pas de raison que ça soit pour les produits chinois.
03:51Vous êtes en train de me dire que vous,
03:53si vous livrez pour moins de 150 euros de jeans,
03:56par exemple, vous, vous la payez la TVA et pas eux ?
03:59Absolument.
03:59Vous achetez une baguette de pain, vous payez la TVA.
04:01Vous achetez une baguette de pain livré en avion
04:04depuis la Chine, il n'y a pas de TVA.
04:06Et il vient d'où, ce cadeau ?
04:09Ce cadeau ?
04:10Ce cadeau fait à la livraison de produits chinois.
04:14Ah, je ne sais pas précisément.
04:16Je crois que c'est lié aussi à l'incapacité
04:19qu'on aurait à contrôler ce qui part,
04:21puisque du coup, c'est déversé en masse,
04:22c'est livré par avion.
04:23Donc du coup, il y a un volume qui paraît vertigineux.
04:25Et c'est peut-être ça qui rend le dispositif...
04:30C'est mieux de rien faire.
04:31Mais à la fin, c'est quelque chose de très délétère.
04:33Exactement.
04:34Dernière question.
04:35On en parlait dans la revue de presse de Théo Ampillac
04:37avec cette étude de France Travail
04:38qui nous inquiète sur l'emploi en France pour 2025.
04:42Les entreprises du textile font partie de celles
04:44qui risquent d'embaucher le moins.
04:47Est-ce que c'est votre cas aussi,
04:49compte tenu de la conjoncture ?
04:51Alors nous, on a une augmentation de la demande.
04:53Il y a de plus en plus de consommateurs français
04:54qui achètent des jeans 183,
04:56des jeans made in France en général.
04:58Donc ça, c'est une très bonne nouvelle.
04:59Par contre, on sent que notre filière est très fragile.
05:01Et en effet, on a des sous-traitants qui ont fermé,
05:03ce qui nous a beaucoup mis en difficulté, nous aussi.
05:06Et on a vraiment un enjeu, là, dans ces temps un peu difficiles,
05:09de concentrer nos achats sur les boîtes
05:12qui structurent l'économie locale.
05:13Donc plus vous achetez français,
05:15plus vous créez de l'emploi.
05:16Plus vous créez de l'emploi
05:17ou plus vous le sauvegardez, en tout cas,
05:19ce sera votre message.
05:19Vous restez optimiste ou pas face à la conjoncture ?
05:23Oui, toujours, parce que sur le temps long,
05:25il n'y a que des projets de proximité
05:27qui sont vraiment robustes
05:29face à tous les éléments du monde.
05:31Et donc, du coup, on croit beaucoup à ce qu'on fait.
05:33Après, de manière conjoncturelle,
05:34il y a des phases plus difficiles que d'autres.
05:35On est dedans.
05:36Mais sur le temps long,
05:37on a vraiment confiance en notre projet.
05:38Bon, écoutez, merci beaucoup.
05:39En tout cas, pour cet optimisme,
05:41il est 7h40.
05:42À bientôt, Thomas Huriès.
05:43Je rappelle que vous êtes le cofondateur
05:44de la marque de jeans 1083.
05:47Vous étiez en direct de votre atelier
05:48dans la Drôme à Romand-sur-Isère.