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Tom Boonen et Paris-Roubaix, forcément et ce, grâce à la complicité de notre ami de Vincent Renault* et Vroom Productions*. Le troisième Monument de la saison 2025 se tient ce dimanche 13 avril. Tom Boonen et Roger De Vlaeminck détiennent jusqu'à présent le record de victoires sur la classique française. Retour sur l'un des plus gros palmarès de l'Enfer du Nord... Tom Boonen et souvenez-vous... c'était avant un dimanche 9 avril 2017, avant le 115e Paris-Roubaix !

https://www.youtube.com/watch?v=8X7Ak98TMFY

Video : @Vincent Renault

*La vidéo réalisée par Vincent Renault

Images : Sébastien Naar

Montage : Alexandre Rougette

Graphiste : Lionel Crayssac

Commentaires : Vincent Renault & Marc Chavet

« Le vélo, partout & toujours ici » sur
https://www.cyclismactu.net / Cyclism'Actu

Catégorie

🥇
Sport
Transcription
00:00Musique
00:00Au soir du 9 avril prochain, l'un des plus grands cyclistes de l'histoire tirera sa révérence.
00:12Il dira adieu au peloton professionnel après 15 années au sommet,
00:1615 années durant lesquelles il s'est forgé l'un des plus beaux palmarès au monde,
00:2015 années durant lesquelles il est devenu une légende.
00:24Son nom résonnera à jamais dans le cœur des passionnés de vélo
00:28comme un écho triomphant dans l'histoire de son sport,
00:31mais aussi et surtout dans l'histoire des Flandriennes,
00:34ses courses printanières d'une rudesse extrême.
00:39Du Grand Prix E3 à Rolbeck, à Grand Vévelgem,
00:42du Tour des Flandres à Paris-Roubaix,
00:44Tom Boonen, puisque c'est de lui dont il s'agit,
00:47et à Recorman ou Co-Recorman de chacune de ses épreuves.
00:50Ainsi donc, au soir du 9 avril prochain,
01:00le charismatique coureur de la Quick-Step prendra sa retraite à 36 ans
01:03en espérant devenir le seul et l'unique recordman de victoire dans Paris-Roubaix.
01:08A la veille de ce jour particulier,
01:11nous l'avons rencontré pour la dernière fois en tant que cycliste professionnel.
01:14Disponible et affable,
01:16Tom Boonen est revenu avec nous sur ses 4 victoires dans l'enfer du Nord.
01:20Rencontre avec Tom Boonen,
01:22alias Tom Ocke,
01:23le plus grand Flandrien de l'histoire.
01:25J'ai pris la décision de mettre un terme à ma carrière après Paris-Roubaix
01:33parce que je voulais m'arrêter après quelque chose que j'aime
01:36et tout stopper après la course que j'aime le plus.
01:40Et puis j'avais la motivation de recommencer un cycle.
01:43J'aurais pu m'arrêter après les championnats du monde, par exemple,
01:45mais ce n'est pas pareil.
01:48Après Doha, le constat était que ma condition était bonne.
01:51J'aurais pu faire un an ou un an et demi encore sur le vélo,
01:53mais je pensais vraiment à la retraite.
01:56Et la plus belle façon de m'arrêter, c'était après Paris-Roubaix.
02:01Peu de gens s'arrêtent alors qu'ils ont encore le niveau pour remporter les épreuves.
02:05Tous disent qu'ils vont le faire, mais peu le font réellement.
02:10J'ai déjà des projets, vous savez, pour l'après.
02:14Il y a un temps pour tout, finalement,
02:16et je crois que le moment est venu pour moi de passer à autre chose.
02:20Ce sera un nouveau défi.
02:22Je vais devoir trouver une autre façon de vivre.
02:25Mais l'avantage, c'est que je serai davantage à la maison.
02:28C'est une nouvelle façon de vivre de nouveau et d'être à la maison un peu plus.
02:31Et même s'il arrête sa carrière cette année,
02:46le géant belge reste très compétitif.
02:48Pour preuve, l'année passée,
02:49alors qu'il était redevenu un simple outsider,
02:51il a encore joué la gagne toute la journée
02:53pour échever au pied de la première marche.
02:55Pour seulement quelques centimètres,
02:57il a manqué son rendez-vous avec l'histoire.
02:58Je suis très fier de ce que j'ai accompli l'année dernière.
03:03Je me bagarrais avec ma condition physique toutes les semaines.
03:07Je faisais vraiment tout pour être à mon meilleur niveau pour Paris-Roubaix.
03:10Au début de la saison, je savais qu'il était possible
03:13de n'être bon que sur ces deux ou trois semaines en question.
03:16Mais ce travail-là fut un travail très difficile.
03:19À un moment, j'ai pensé qu'il serait impossible que je sois à mon niveau normal.
03:22J'ai trouvé que j'ai vraiment bien progressé jusqu'à Paris-Roubaix
03:25et ça m'a fait du bien au moral.
03:27En amont de la course, tous les indicateurs étaient au vert.
03:30J'avais Tony Martin avec moi.
03:31Nous avons vraiment passé une excellente journée
03:33et j'ai pu sprinter pour la victoire.
03:36Bon, tout ne s'est pas passé comme initialement prévu,
03:39mais c'est souvent le cas d'ailleurs.
03:41Après avoir franchi la ligne d'arrivée,
03:43au début, j'avais cette sensation de déception presque
03:46parce que j'avais perdu quelque chose.
03:47Mais quelques minutes plus tard, j'étais assis
03:53et je me suis rendu compte que finalement,
03:55je n'avais pas gagné la course, certes,
03:57mais j'avais réussi à gagner quelque chose d'autre en fait.
04:02Et j'aurais même l'occasion de tenter ma chance de nouveau un an plus tard.
04:05C'est ça le cyclisme.
04:07Gagner des courses, c'est bien,
04:08mais gagner sur soi-même, c'est aussi quelque chose d'important.
04:11Essayer de s'améliorer, de remonter la pente après des déceptions.
04:15Et l'année dernière, j'ai vraiment durement lutté
04:17pour revenir.
04:19Et j'y suis parvenu.
04:21Se battre,
04:23se relever après un échec ou pire,
04:24après une grave chute comme en 2015 autour d'Abu Dhabi.
04:27Tom Boonhen s'était cassé l'os temporal gauche,
04:30lui causant une perte irréversible de lui.
04:32Il était perdu pour le cyclisme.
04:34Pourtant, il a su relever le challenge de revenir au plus haut niveau.
04:36Ça peut paraître fou,
04:42mais lorsque je suis dans un groupe de 3, 4 ou 5 coureurs,
04:46et que nous sommes dans le final,
04:47je me dis toujours, bon, au moins je suis cinquième.
04:50Je me satisfais déjà du résultat, en quelque sorte.
04:53Évidemment, on cherche toujours à gagner,
04:54mais au pire, je suis cinquième.
04:56C'est ce que je me dis.
04:57Si on est trois, même chose.
04:58Je me dis alors, je suis déjà troisième.
05:00Et ensuite, j'essaye de gagner.
05:03J'essaye de ne pas trop être concentré sur le fait unique de gagner,
05:07parce que sinon, le cerveau devient lourd, l'esprit divague.
05:09Tu commences à réagir de manière instinctive,
05:12et tu peux être un peu en colère des fois.
05:14Donc, j'essaye de rester concentré,
05:16avoir l'esprit le plus détendu possible,
05:18de façon à réagir de manière instinctive,
05:21mais trouver le bon instinct,
05:22et surtout ne pas commettre d'erreur.
05:25Beaucoup de gars sont super stressés,
05:27et c'est là qu'ils commettent des fautes
05:29qu'ils n'auraient jamais commis avant.
05:31Vous savez, sur Paris-Roubaix,
05:33il faut éviter à tout prix de commettre des fautes.
05:36En ce qui me concerne,
05:37je fais tout pour être le plus détendu possible,
05:40et la plupart du temps,
05:41j'obtiens un excellent résultat.
05:48Après la pause,
05:50Tom Bodden nous racontera en détail
05:51ses victoires à Paris-Roubaix,
05:53qui est, selon ses propres mots,
05:55la plus belle des classiques.
05:59Après avoir surpris tout le monde en 2002,
06:19en finissant troisième derrière le grand Johan Mouzeou,
06:21à seulement 22 ans,
06:23Tom Bodden remporte son premier Paris-Roubaix deux ans plus tard,
06:26face aux expérimentés Inkapi et Fletcha.
06:28Cette année 2005 restera d'ailleurs exceptionnel.
06:32Outre Paris-Roubaix,
06:33il gagnera le Tour des Flandres,
06:34deux étapes du Tour de France,
06:35deux de Paris-Nice,
06:36et sera sacré champion du monde.
06:39En 2005,
06:40il est passé du statut de grand espoir
06:41à celui de Cador du peloton.
06:43En 2005,
06:54j'ai gagné le sprint face à Fletcha et Inkapi.
06:58Avant, il y avait aussi Lars Mikhelsen et Bakshtet.
07:02Au carrefour de l'arbre,
07:03nous avions vivement accéléré l'allure
07:05et on a lâché Bakshtet.
07:07C'était le dernier coureur qu'on ait lâché d'ailleurs.
07:09Ensuite, nous sommes arrivés au Vélodrome
07:11avec Fletcha et Inkapi.
07:14Ça s'est réglé au sprint
07:15et j'ai gagné mon premier Paris-Roubaix.
07:17Je n'avais que 24 ans
07:18et je venais de réaliser le doublé
07:19Tour des Flandres-Paris-Roubaix.
07:21J'avais également gagné à Harald Beck aussi d'ailleurs.
07:24Donc,
07:25ce fut une expérience incroyable
07:26que de gagner tout ça
07:27à un si jeune âge.
07:29Le Tour des Flandres que j'avais gagné,
07:31c'était d'une autre manière en quelque sorte.
07:33J'avais attaqué à 10-12 km de la ligne
07:35et je l'avais remporté en solitaire.
07:37C'était ma première victoire sur une classique.
07:40J'ai eu plus de temps pour la savourer également.
07:42À Roubaix, vous savez,
07:43tout s'est fait très vite.
07:45En arrivant dans le Vélodrome,
07:46j'étais détendu.
07:49Je ne pensais pas être en mesure de gagner en fait.
07:51Nous étions trois.
07:52Il y allait avoir une explication au sprint.
07:55J'étais confiant dans mon aptitude de sprinter,
07:56mais je ne pensais pas gagner.
07:58Mais j'étais simplement confiant dans mon sprint.
08:02Au final,
08:03j'ai réussi à tout bien négocier.
08:04Je les ai peut-être un petit peu surpris aussi.
08:07J'ai attendu le bon moment.
08:08J'avais pris la tête avant la courbe,
08:11chose que je n'avais pas réussi à faire en 2016 d'ailleurs.
08:14Et tout a fonctionné
08:15parce que c'était tout simplement
08:16la journée parfaite.
08:23Avec trois tours des Flandres au compteur,
08:25Tom Bonnen en est aussi le co-recordman.
08:28Auteur de deux doublés,
08:29Flandre-Roubaix en 2005 et 2012,
08:32la course de son cœur restera tout de même
08:33celle se déroulant sur le sol français.
08:36Cette même course
08:37où il a décidé de faire ses adieux à la foule dimanche prochain.
08:39Je préfère Paris-Roubaix au Tour des Flandres.
08:50C'est une épreuve unique dans l'histoire
08:52et il faut vraiment qu'ils la préservent.
08:54C'est une course incroyable.
08:56Pour moi, c'est la plus belle épreuve du monde.
08:58Il y en a beaucoup qui pensent comme moi d'ailleurs.
09:00Vous savez, le Tour des Flandres
09:01n'est qu'une grosse version d'autres classiques finalement.
09:04Vous avez Harald Becke, vous avez Warregem.
09:07Il y a toujours des petits tours de Flandres partout.
09:09On fait les mêmes ascensions 10 ou 15 fois
09:11dans les semaines avant le Tour des Flandres.
09:14C'est très agréable de rouler dans la région
09:16mais pour moi, l'ancien parcours était bien plus mythique.
09:19Nous faisions le mur, le Bosberg et ses combinaisons
09:23mais le Quarmon et le Paterberg ont changé la course aussi.
09:26C'est vraiment dur.
09:27C'est devenu une course plus dure
09:28et d'autres coureurs peuvent prétendre à la victoire désormais.
09:31Par le passé, les grimpeurs étaient certainement désavantagés
09:34mais au final, ça n'est qu'une course
09:37qui est la grosse copie d'autres courses.
09:39Roubaix, c'est unique.
09:42Il n'y a qu'un seul Paris-Roubaix.
09:44C'est la seule course qui arrive dans une arène d'ailleurs.
09:47Vous entendez le bruit dans le dernier kilomètre.
09:49Vous prenez ce virage à droite pour entrer sur le vélodrome
09:52et vous êtes enseveli par ce bruit.
09:55Ensuite, vous terminez dans cette arène.
09:57C'est tout simplement unique dans le monde du cyclisme.
10:01C'est un peu spécial, c'est unique dans le cyclisme.
10:20Tom Bonen attendra trois ans pour gagner son deuxième Paris-Roubaix.
10:23Sur le même modèle qu'en 2005,
10:25il réglera le sprint face à deux autres adversaires.
10:28Cette fois, Alessandro Balan
10:30et celui qui sera son adversaire le plus coriace
10:32pendant toutes ces années, Fabian Cancelara.
10:35Neuf ans plus tard,
10:37Tom Bonen se souvient en détail
10:38de tous les moments importants de cette édition 2008.
10:40Nous étions sur les pavés.
10:43On est parti à droite avec vent de face sur la fin du secteur.
10:47Le virage à droite est toujours celui où les gens se disent
10:49« Ouf, super, on n'est plus sur les pavés. »
10:52Et j'ai attaqué tout de suite, directement sur l'asphalte.
10:55Quand Cancelara est venu, Balan était à quelques mètres,
10:58il a aidé aussi.
11:00Niki a été lâché et nous sommes partis à trois.
11:03Dans le final, il y avait quelques attaques,
11:06mais j'ai imprimé un rythme soutenu au carrefour de l'arbre
11:08et j'ai vu que les autres n'étaient plus très à l'aise.
11:12J'ai gardé ce rythme soutenu de façon à ce qu'il n'y ait pas trop d'attaques finalement.
11:16Et lorsqu'ils ont pu attaquer, ils n'avaient plus beaucoup de vitesse
11:18et j'ai tout de suite pu réagir.
11:20Même chose, c'est l'histoire de trois coureurs qui arrivent ensemble au vélodrome.
11:25Vous savez, Roubaix, c'est une course qui vous prend beaucoup en énergie.
11:30Donc si vous arrivez dans le final, ce n'est pas si simple de placer une grosse attaque.
11:35Et lorsque vous êtes trois ou quatre, c'est toujours le plus rapide qui va réagir.
11:38Il faut être extrêmement vigilant et essayer de finir ses adversaires sur le vélodrome.
11:50Comment Tom Bonnen a remporté ses deux autres pavés en 2009 et 2012 ?
11:55Quel sera son avenir ?
11:57Les réponses de l'intéressé après une courte pause.
12:00En 2009, Tom Bonnen est le grandissime favori de Paris-Roubaix.
12:19Et il fait honneur à son rang en remportant l'épreuve pour la troisième fois,
12:22mais surtout la première fois en arrivant seul sur le vélodrome de Roubaix.
12:26Au terme d'un effort solitaire incroyable, il aura usé ses adversaires les uns après les autres
12:32et aura poussé à la faute les derniers récalcitrants.
12:392009 était une année atypique parce que j'avais Posato dans ma roue tout le temps.
12:45En Belgique, on l'a même surnommé The Shadow, l'ombre, après ça.
12:49C'est un beau surnom d'ailleurs.
12:51A Roubaix, la dernière partie de la course était très active.
12:54Beaucoup de coureurs avaient chuté.
12:57Au final, j'étais à l'avant avec Thor Ushoft.
13:02Et lorsque je suis allé à bloc au carrefour de l'arbre,
13:05avant le dernier virage, Ushoft est passé sur les pavés lors de ce virage
13:08où il faut précisément rester à l'intérieur.
13:11Il a perdu le contrôle de sa roue avant et il a chuté.
13:14Posato était à quelques secondes derrière
13:15et ce fut une superbe bataille jusqu'à l'arrivée d'ailleurs.
13:195, 6, 7 secondes, 5 secondes, tout le temps.
13:25Et au final, il a craqué.
13:27Je crois que c'était à 5 km de la ligne.
13:29Il a complètement craqué.
13:31Je ne regardais pas vraiment derrière moi.
13:33J'étais à bloc et à chaque fois que je voyais l'ardoise,
13:35je voyais que je creusais l'écart.
13:37Une seconde à la fois, j'étais à fond.
13:39Je ne voulais pas me retourner.
13:42Si je m'étais retourné, alors il aurait pu revenir.
13:45Donc je suis resté concentré sur moi
13:47et j'ai continué à tout donner.
13:49C'était d'ailleurs la bonne décision.
13:51Je me sentais très bien ce jour-là.
13:53Je crois que je n'avais jamais autant souffert
13:55sur les 10 derniers kilomètres
13:56avant d'arriver sur le vélodrome que ce jour-là.
14:00D'ailleurs, dès que j'ai passé la ligne, j'ai vomi.
14:02J'étais tout simplement exténué.
14:07Après deux victoires réglées au sprint,
14:09Tom Bonen remporte donc sa troisième couronne à Paris-Roubaix
14:12en arrivant tout seul sur le vélodrome.
14:15Il a donc le temps de profiter de son succès
14:16quand il égale le record de son idole, Johan Moseu.
14:20Un moment magique.
14:26J'ai eu la chance de réaliser cela à deux reprises.
14:29C'est quelque chose de vraiment magique.
14:31Si vous avez le temps de profiter du dernier tour de piste
14:33sur le vélodrome, c'est vraiment incroyable.
14:39Après avoir échoué à rentrer dans la légende en 2010
14:48où il finit cinquième derrière un impérial Kanché-Larin
14:50et en 2011 où il chute dans le secteur de Brion,
14:55Tom Bonen devient donc l'égal de Roger de Blaminck en 2012.
14:59Aérien, flamboyant, culotté,
15:02le quatrième succès de Tom Bonen dans la reine des classiques
15:04restera à jamais comme une des plus belles éditions de l'histoire.
15:12Mon meilleur souvenir de Paris-Roubaix,
15:14c'est l'entrée sur le vélodrome en 2012
15:16au terme d'un effort en solitaire.
15:18C'est probablement mon meilleur souvenir de cycliste d'ailleurs.
15:22Nous sommes partis après avoir tenté quelques attaques.
15:25J'ai essayé de durcir la course
15:26et à 65 km de la ligne,
15:28on est sortis avec un petit groupe.
15:30À un moment, nous sortions d'un virage,
15:33je me suis retourné
15:34et j'ai vu qu'ils étaient en train de discuter.
15:39Nicky et moi avons réussi à prendre 5, 10 mètres comme ça,
15:42sans effort.
15:44Alors je me suis retourné de nouveau
15:45et je voyais qu'ils parlaient toujours.
15:48Alors j'ai dit à Nicky, on y va à bloc,
15:50et c'est parti.
15:51Lorsqu'ils s'en sont rendu compte,
15:53on avait 50 mètres d'avance.
15:54Nous sommes partis tous les deux,
15:56c'était le scénario de rêve.
15:58Ce fut la journée parfaite.
16:01Sur le secteur pavé suivant,
16:02j'ai lâché Nicky sans même m'en rendre compte.
16:07Je sors du secteur
16:08et j'ai vu que j'étais tout seul.
16:09Alors je me suis dit,
16:10ok, je tente, tant pis.
16:12Et il restait encore 50 ou 55 km.
16:15Mais j'avais le rythme,
16:16je me sentais bien sur les pavés.
16:18Je savais qu'ils reviendraient plusieurs fois
16:20avant les pavés suivants,
16:21mais je sais aussi comment ça se passe.
16:23Chaque fois qu'ils sortiront d'un secteur pavé,
16:25ils perdront 2 ou 3 unités
16:27et ils auront besoin de revenir,
16:29de se réorganiser,
16:30de rouler.
16:33Le gros désavantage que j'avais
16:34était que l'équipe Sky comptait encore
16:365 ou 6 coureurs
16:38qui faisaient tout pour me rejoindre.
16:40Mais le scénario s'est répété aussi.
16:42Sur l'asphalte,
16:43ils sacrifiaient un coureur pour aller à bloc
16:44et un autre sur le secteur pavé,
16:47mais au final,
16:48ils perdaient leurs éléments au fur et à mesure.
16:50Je gérais mon propre rythme,
16:52je perdais peut-être 4 à 5 secondes
16:53sur les secteurs,
16:55mais je l'ai regagné après.
16:57J'ai réussi à conserver un rythme stable,
16:59je regardais vraiment les ardoises
17:01et je gérais mes efforts.
17:02Je ne sentais pas en fait que j'allais à 100%.
17:04J'en regardais toujours un petit peu sous le coude
17:07pour le moment où ils allaient vraiment revenir.
17:09Mais plus je me rapprochais de la ligne,
17:11plus je savais qu'ils allaient perdre en motivation.
17:14Donc le travail devenait un petit peu plus simple pour moi.
17:16Quand il y a une minute à 25 kilomètres de la ligne,
17:20vous vous dites que la victoire est fichue.
17:22Vous vous battez forcément moins pour une deuxième place.
17:25Donc quelque part,
17:26j'avais déjà gagné quelques classiques cette année-là
17:28et je me sentais bien.
17:30J'avais l'occasion d'entrer dans la légende,
17:32ça n'arrive pas tous les jours.
17:34Donc j'ai saisi l'occasion.
17:34De son premier contrat professionnel en 2002
17:46à ses six derniers mois en 2017,
17:49Tom Bonen aura côtoyé une sensationnelle génération de coursiers
17:52pendant 15 ans.
17:54Respectueux envers ses aînés et ses contemporains,
17:56il aura dû batailler ferme
17:58pour se forger ce palmarès hors du commun.
18:01C'est cet incroyable mental
18:02qui lui a permis de remporter plus de 110 victoires professionnelles.
18:12J'ai eu une longue carrière.
18:14J'ai vu passer plusieurs générations.
18:17En 2002, j'ai terminé 3e sur Paris-Roubaix
18:19et je courais contre des idoles de mon enfance
18:21comme Mousseau, Van Pettegem.
18:23Et c'était comme ça
18:24durant les 5, 7 premières années de ma carrière.
18:27Vous êtes face à vos héros.
18:28Ensuite, naturellement, vous vieillissez un peu,
18:33de nouveaux arrivent,
18:34ils cherchent à se prouver
18:35et tout change.
18:38Ensuite, bien évidemment,
18:39certains arrêtent,
18:40de nouveaux continuent d'arriver
18:41et au final, vous voyez un nouveau
18:43que vous n'avez jamais vu avant
18:45et qui dit de vous,
18:46tiens, regarde,
18:47c'est le gars qui a gagné Paris-Roubaix deux fois.
18:49C'est toujours magique
18:54d'être face à vos héros d'enfance,
18:56peut-être plus encore
18:57que courir contre la nouvelle génération
18:59comme Sagan
19:00ou maintenant Greg Van Avermaet.
19:06Autrefois, quand j'avais 22, 23 ans,
19:09j'étais face à Cipollini.
19:11La première fois que je l'ai battu,
19:12c'était quelque chose de très, très fort.
19:14Je n'en revenais pas,
19:15c'était incroyable.
19:15J'ai encore la photo, d'ailleurs.
19:22Battre Cipollini ou Petaki,
19:23c'était la même chose.
19:25Les plus gros rivaux que j'ai eus
19:27étaient sûrement Mousseau,
19:28Van Petegem, Balan
19:30et Cancellara, évidemment.
19:32J'ai eu quelques rivaux comme ceux-là.
19:34Quand vous regardez les victoires, d'ailleurs,
19:35que Cancellara et moi
19:37avons glané sur une période
19:38de 10 à 15 ans,
19:39c'est insensé.
19:41Ma génération était une génération
19:42très forte.
19:43Le combat était rude.
19:45Et les adversaires sont pitiés,
19:47bien évidemment.
19:52Avant même la fin de l'aventure,
19:55les fans de cyclisme savent
19:56qu'ils vont perdre un immense champion.
19:58Mais loin de se reposer,
20:00Tom Boonen sait qu'il devra
20:01encore se battre
20:02pour espérer remporter
20:03sa cinquième couronne
20:04en ce dimanche si particulier.
20:06J'aimerais déjà être sur le podium,
20:13bien sûr.
20:14Ce serait quelque chose
20:15déjà de bien,
20:16victoire ou pas, d'ailleurs.
20:18Si vous regardez l'histoire du cyclisme,
20:20ce n'est pas donné à tout le monde
20:21d'avoir le droit de sprinter
20:22pour la victoire à Roubaix
20:23ou même gagner 4, 5, 6 fois.
20:27J'ai déjà fait 6 ou 7 podiums à Roubaix.
20:29J'ai vraiment eu de la chance.
20:31C'est une course dans laquelle
20:32il faut également avoir de la chance.
20:34Mais oui, bien sûr,
20:35j'espère être sur le podium
20:36pour pouvoir dire
20:37au revoir et adieu à tout le monde.
20:39Oui, et ensuite,
20:41dîner avec l'équipe,
20:42ma femme et mes enfants.
20:45Et le lendemain,
20:45je me réveillerai
20:46et je démarrerai ma vie normale.
20:49Je ne serai plus
20:51coureur cycliste professionnel.
20:53Ça va faire bizarre,
20:54mais je suis prêt.
20:55Je crois.
20:58Quand prendre sa retraite ?
21:00C'est l'une des questions
21:01les plus compliquées
21:02et les plus fondamentales
21:03dans la vie d'un sportif de haut niveau.
21:06En décidant lui-même
21:07de la date de la fin
21:08de sa carrière professionnelle,
21:10Tom Bonen sait
21:11qu'il a un privilège immense.
21:13Peu de gens ont vraiment cette chance
21:19et la plupart des gars
21:20continuent deux ou trois saisons
21:22dans des équipes plus petites.
21:23Ils ont besoin
21:24de gagner de l'argent,
21:25bien évidemment,
21:25mais au final,
21:27tout cela vous rend moins grand
21:28que vous ne l'étiez peut-être.
21:30Vous vous effacez progressivement
21:31avant de disparaître.
21:34Moi, je trouve que c'est mieux
21:35de partir comme ça.
21:40Terminé.
21:43OK.

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