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  • 10/04/2025
Le syndrome de saturation, ça vous parle ? Qu’elle soit mentale, émotionnelle, cognitive, elle entraîne de multiples symptômes invalidants comme des problèmes de mémoire, de concentration, d’irritabilité ou encore de ruminations. Dans la Consult’ de la semaine, le Dr Philippe Aïm, psychiatre et psychothérapeute, vous invite à désaturer.

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Transcription
00:00Les soignants vivent cette surcharge parce qu'ils ont aussi ces injonctions sociales.
00:04C'est quoi être un bon soignant finalement ? C'est quoi être un bon médecin ?
00:06Et à côté de ça, c'est des humains avec des conjoints, une famille.
00:16Il y a un grand nombre de patients qui se présentent en thérapie
00:18avec ce qu'on pourrait appeler une espèce de syndrome de saturation.
00:20Ils arrivent en parlant de burn-out, ils arrivent en parlant de surcharge mentale.
00:23Alors il y a une saturation de la mémoire de travail, c'est-à-dire qu'ils nous disent
00:26j'en ai plein la tête, je désature jamais, je ramène les problèmes à la maison,
00:30je deviens irritable, j'arrive plus à prendre de décisions, je procrastine.
00:33Et puis on découvre aussi une saturation un peu relationnelle.
00:36J'arrive pas à dire non, je me demande un peu ce que pensent les autres.
00:39Et puis aussi une espèce de saturation personnelle et de l'estime de soi.
00:43Et puis aussi des questionnements un petit peu sur le sens,
00:45à quoi ça sert ce que je fais tout ça, qu'est-ce qu'il faut faire,
00:48mais en même temps ça correspond plus complètement à mes valeurs.
00:50Et en fait on s'apercevait que quelle que soit la porte d'entrée,
00:52on avait tous ces éléments-là qui se rassemblaient,
00:54et qui faisaient une espèce de syndrome de saturation.
00:56Et donc le livre c'est d'essayer de voir un petit peu
00:58qu'est-ce qui fait qu'ils se sont retrouvés là,
01:00et comment on fait pour s'en sortir.
01:04Pour chaque chapitre, on a vraiment essayé d'imaginer
01:06qu'est-ce qui est en train de se passer pour eux.
01:08C'est-à-dire que c'est une approche vraiment pédagogique,
01:10et c'est une approche aussi nuancée,
01:12dans le sens où les gens ont tendance à aller dans des extrêmes.
01:15Et à chaque fois, essayer d'avoir des solutions très concrètes,
01:18on demande aux gens très concrètement d'acheter un carnet
01:20pour noter vraiment leur progrès,
01:22on essaie de leur donner une approche originale,
01:24donc on leur demande de lire les chapitres vraiment un par un,
01:27de laisser 15 jours entre chaque chapitre,
01:30pour vraiment faire les exercices qui sont proposés,
01:32il faut vraiment être très concret,
01:33et petit à petit, étape par étape,
01:35et dans le bon ordre,
01:36petit à petit, de désaturer.
01:41Les sujets qui m'intéressent depuis toujours,
01:43c'est les sujets où je m'aperçois qu'il y a des patients
01:45qui sentent un grand sentiment d'impuissance,
01:47et je trouve que c'est une grande satisfaction professionnelle
01:49de les aider à sortir de cette impuissance.
01:52Par exemple, je me suis beaucoup intéressé au psychotraumatisme,
01:54le harcèlement scolaire,
01:55c'est quelque chose qui met les enfants et les institutions
01:57et les écoles dans une grande impuissance.
01:59Comment on peut faire pour aider ces enfants ?
02:00Là, c'est un petit peu pareil,
02:01il y a une espèce d'impuissance générale.
02:03Qu'est-ce que je fais face à toutes ces sollicitations ?
02:05Je m'en sors plus ?
02:06Ça, pour moi, c'est extrêmement motivant
02:08d'aider les gens à prendre du recul,
02:10reprendre du contrôle,
02:11sortir de l'impuissance.
02:15Il y a le fait qu'on arrive à mettre un peu plus des mots dessus.
02:18Par exemple, on parle beaucoup
02:19de la saturation d'informations,
02:21de l'hybertimulation avec nos téléphones portables
02:23et nos réseaux.
02:24Le truc, c'est qu'on vit dans une société
02:25un petit peu paradoxale
02:26qui nous pousse à surcharger,
02:28où on nous donne des messages
02:29complètement contradictoires,
02:30où à la fois, il faut qu'on soit corporate,
02:32qu'on donne beaucoup à l'entreprise,
02:34mais qu'on n'oublie pas de prendre du temps pour soi
02:36et puis faire de la méditation.
02:37Il faut penser à soi,
02:39mais il faut être très solidaire.
02:40Bref, il me semble qu'on le sent beaucoup plus
02:43parce qu'on est beaucoup plus victime
02:44des injonctions paradoxales
02:45qu'on reçoit de tous les côtés.
02:47Ce constat clinique, on l'a fait en priorité
02:51chez des soignants.
02:52Les patients qui sont venus nous consulter le plus,
02:54c'était des médecins, des infirmières, etc.
02:57Des gens qui travaillent dans les hôpitaux
02:58ou en libéral,
02:59mais les soignants vivent cette surcharge
03:01parce qu'ils ont aussi ces injonctions sociales.
03:03C'est quoi être un bon soignant ?
03:04Finalement, c'est quoi être un bon médecin ?
03:06Et à côté de ça, c'est des humains
03:07avec des conjoints, une famille.
03:09Et ils vivent aussi,
03:10comme tous les gens dans la relation d'aide aussi,
03:11cette saturation empathique.
03:14Le fait qu'on reçoit beaucoup de souffrance
03:16et beaucoup de gens qui nous racontent des histoires.
03:17Ce fait qu'on ait beaucoup de responsabilité
03:19sur les épaules.
03:20Et ça, évidemment, ça ne facilite pas.
03:25C'est vrai que les gens qui saturent cognitivement,
03:27on leur dit
03:27« Repose-toi, fais une pause.
03:29Pense à prendre des pauses, pense à toi. »
03:31Et le problème, c'est qu'ils font des pauses inefficaces.
03:33Ils pensent qu'une pause, c'est juste sortir
03:36de ce que je suis en train de faire au travail.
03:38Sauf que la pause dont on a besoin,
03:39c'est celle qui va désaturer
03:41notre mémoire de travail.
03:43Donc, c'est une pause
03:43qui n'a plus rien à voir avec le cognitif.
03:45Or, si vous sortez faire une pause
03:46en scrollant votre téléphone,
03:48si vous sortez faire une pause
03:49en fumant une cigarette,
03:50en discutant avec les collègues du travail,
03:52ça réactive la mémoire de travail.
03:54Et souvent, les gens ne le savent pas.
03:55Il faut faire certains types de pauses
03:56qui sont purement corporelles.
03:58Et on donne des exercices pas à pas
04:00pour apprendre à faire des pauses avec le corps.
04:05Bien sûr, comme tout le monde,
04:07j'ai la chance d'avoir creusé le sujet
04:09et d'avoir quelques idées.
04:10Parfois, je suis avec un patient
04:11et je m'aperçois que j'ai du mal
04:12à me concentrer.
04:13Alors, j'essaie de prendre les devants,
04:14quitte à me mettre 5 minutes en retard
04:15jusqu'au prochain patient.
04:17Et puis, j'essaie de faire une vraie pause
04:18qu'on appelle des « resets »,
04:19vraiment pour remettre la mémoire à zéro.
04:24D'une part, un institut pour les soignants
04:26qui s'appelle l'Institut Utile.
04:27Et on fait des formations
04:28sur différents sujets,
04:29mais qui entourent tous
04:30la communication thérapeutique.
04:32Donc, au début,
04:32je me suis beaucoup intéressé
04:33à l'hypnose médicale,
04:34aux thérapies brèves,
04:35donc les thérapies narratives
04:36orientées vers la solution, etc.
04:38Tous les outils de communication
04:39qui servent à tout soignant,
04:40même quand on n'est pas psy,
04:41comment mieux communiquer avec les gens,
04:43comment faire avec les patients
04:44réputés difficiles.
04:45Et puis, parallèlement à ça,
04:46j'ai créé une chaîne YouTube
04:47qui s'appelle « Comme Psy »
04:48et qui est associée aussi
04:49à un site internet
04:50où donc il y a des vidéos
04:51sur tous ces sujets
04:52qui m'intéressent
04:53et puis aussi des formations en ligne,
04:54cette fois plus destinées
04:55au grand public qu'aux soignants.
04:59La lumière au bout du tunnel,
05:01c'est jamais une certitude,
05:03mais c'est toujours une possibilité.
05:05On n'a pas de promesse,
05:06on n'a pas de garantie
05:06qu'on va s'en sortir,
05:07qu'on vienne voir un soignant
05:08ou qu'on lise un livre
05:09ou qu'on fasse une formation.
05:11Par contre, je suis vraiment convaincu
05:12que les gens peuvent changer,
05:14peuvent aller mieux.
05:15Ça, vraiment, j'y crois.
05:17Sinon, il faudrait que je change de métier.

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