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  • il y a 4 jours
Avec sa voix sensuelle et une maturité confirmée, la Nantaise revient sur les artistes qui l’ont aidée à creuser son sillon dans la chanson française.

Catégorie

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Musique
Transcription
00:00Oh qu'il est beau ! Voilà, une photo de Benjamin Violet.
00:04On a une horloge assez commune, on se sent musicalement branché sur la même fréquence.
00:15En 2009, on s'était rencontré sur un festival et on s'était dit qu'il faudrait qu'on bosse ensemble,
00:21parce qu'on s'appréciait mutuellement.
00:23On a écrit une première salve de chansons tous les deux en studio, c'était plutôt de nuit à l'époque,
00:28parce qu'il était très nocturne et puis moi je m'étais calée sur son rythme d'oiseau de nuit.
00:33Et on a écrit notamment Brantrapsody, qui est devenu un peu notre bébé.
00:39Je rêve de ta peau et de tes mains, je ne pense qu'à toi, je bosse plus, je fous rien.
00:44Mon amour, tu dormais si bien que j'ai pas osé te réveiller. Je travaille jusqu'à 7h20, si tu veux après on peut s'appeler.
00:50On s'est revu très souvent, dont le 18 juin 2022, par hasard, sur un autre festival, festival de cinéma,
00:58dans lequel Benjamin était invité en tant qu'acteur. Moi, je venais chanter des chansons de films.
01:04Et ce soir-là, il m'a proposé de réaliser mon prochain album.
01:09Il m'a donné totalement l'envie de refaire des chansons, donc je l'ai fournie en chanson pendant un an, en piano voix.
01:15Et lui, il a eu la générosité et l'amitié envers moi de me booster, de me challenger comme ça.
01:25Et puis, on a écouté beaucoup de musique ensemble et on est rentré en studio d'une façon très fluide, très simple, très joyeuse.
01:32D'abord à Paris, on a fait des pré-productions.
01:34Et puis ensuite, on est parti dans les Landes.
01:37On s'est complètement isolé dans un studio au fond de la forêt.
01:40Disons qu'il est brillant musicalement, Benjamin.
01:43C'est quelqu'un qui a l'oreille absolue, c'est quelqu'un qui a une formation très, très solide et très poussée.
01:51Moi, je suis totalement autodidacte en musique.
01:53Et Benjamin, il a, en plus de son sens du groove, de son sens de la formule,
01:59et c'est quelqu'un de très, très bosseur, qui travaille énormément,
02:02il a en plus cette science de la musique que moi, je n'ai pas.
02:06Il sait tout de suite ce qui va marcher.
02:07Et donc, pour les cordes, j'étais émerveillée.
02:10J'ai même filmé avec mon téléphone toute la séance de cordes parce que je trouvais ça incroyable.
02:14Déjà, c'était des musiciennes virtuoses qui lisaient et du premier coup, ça sonnait.
02:19Et je trouvais ça fou à quel point il avait réussi à synthétiser dans sa tête
02:22ce qui allait fonctionner comme arrangement de cordes sur mes chansons.
02:37Alors, Véronique Sanson, c'est la plus grande.
02:50Quand je pense à elle, je pense d'abord à l'immense puissance émotive de sa musique
02:55et puis à son groove absolu.
02:57Enfin, je trouve qu'elle et Camille, pour moi, c'est les chanteuses qui groove le plus.
03:03Son premier album, Amoureuse, et l'album de Camille, Le Phil,
03:08pour moi, c'est vraiment ces deux événements dans la pop française.
03:11Je crois que c'est mes albums de chansons françaises préférées.
03:14Et je les considère comme des petites révolutions.
03:17Et Véronique Sanson, je l'ai rencontrée en 2012.
03:37Son album Amoureuse allait avoir 40 ans.
03:39Il est sorti le 20 mars 72.
03:41Et donc là, on était à peu près six mois avant les 40 ans de ce disque.
03:48Et donc, pour les 40 ans, le 20 mars 2012, j'ai repris ce disque en live.
03:53Ça m'a pris six mois de boulot, je pense, ce concert que j'ai fait, genre, deux fois.
03:57Ça a été un chemin extraordinaire, de plonger dans ses chansons.
04:00En plus, moi, je ne lis pas la musique.
04:01Donc, je suis vraiment rentrée dans le son, dans ses doigts,
04:07de façon très organique, très empirique.
04:09Je reproduisais ce que j'entendais pour être au plus près de ses arrangements de piano.
04:15Et j'en suis pas sortie indemne, je pense.
04:18Ça a été hyper nourrissant.
04:20Et mon album qui a suivi, qui s'appelle Histoire de J,
04:23il est très marqué années 70.
04:25Il y a de la douce corde.
04:27C'est vraiment un disque qui a été éclairé par l'album Amoureuse
04:31et par la musique de Véronique Sanson.
04:32J'ai faim, je voudrais mourir
04:35Dans un éclat de rire à midi
04:37Dans un fracas de verre à minuit
04:40Jaco !
04:42Jaco, tout jeune, à mon avis, il est à Bercy, là.
04:45Parce qu'il était du genre à faire un mois à Bercy, lui.
04:48C'est exceptionnel, quand même.
04:49Et c'est quelqu'un de...
04:52À qui je pense encore beaucoup.
04:54J'ai évidemment été hyper touchée par sa mort.
04:58J'en ai d'ailleurs fait une chanson.
04:59Déjà, je le connaissais parce que je l'ai beaucoup écoutée étant petite.
05:03On avait cette cassette, Tombée du ciel,
05:05qui tournait beaucoup dans la voiture.
05:08C'est un disque...
05:10Je pense que c'est un de mes dix disques préférés en chanson.
05:14Enfin, c'est un disque tellement riche, tellement fou,
05:17et qui aborde des choses tellement larges.
05:20Je pense que c'est comme un parrain, pour moi, de chanson.
05:23Je l'ai rencontré parce que j'ai fait des premières parties pour lui.
05:26Quand j'étais petite, j'allais dire, mais ouais, j'étais assez jeune.
05:31Après avoir fait sa première partie, un soir,
05:33j'ai écrit une chanson toute simple qui s'appelait « Je voudrais dormir ».
05:38Et dans mon idéal, je voulais la chanter avec lui.
05:42Je voulais la chanter une fois en entier toute seule,
05:45que lui la chante une fois tout seul,
05:46et qu'à la fin, on dise une dernière phrase « Je voudrais dormir » tous les deux.
05:49S'il m'avait dit non, je pense que je ne l'aurais pas proposé à quelqu'un d'autre.
05:52C'était vraiment pour lui, et il est venu à la fin de l'enregistrement de mon album 12 fois par an.
05:58C'était au Studio Gang à Paris, dans le 12e, je crois.
06:02Et il est venu, et on a fait deux prises.
06:06J'étais avec deux musiciens, Vincent Segal et Eric Leray,
06:09et on s'est mis en rond comme ça, comme autour d'un feu.
06:11C'était très simple, très doux, et je crois qu'on a gardé la première prise.
06:17Quand on voudrait avoir la tête vide, ça nous vient comme ça.
06:29Je voudrais dormir.
06:31Je suis debout dans la cuisine, et je ne pense à rien.
06:38Enfin, à rien, c'est difficile, même impossible.
06:50Photo de Vincent, Vincent Delerme.
06:53On a commencé ensemble.
06:54Alors là, on s'est rencontrés, on était tout gamins.
06:57On était très jeunes, on s'est rencontrés.
06:59C'était nos premiers albums, notre première tournée.
07:02On a joué pendant un mois, tous les deux, à l'Européen.
07:05Ça crée des liens à vie, je pense, de partager la scène comme ça.
07:09On jouait une heure chacun.
07:10Il y avait quelque chose de très frères et sœurs.
07:14La dernière aventure qu'on a eue ensemble, c'était pour les 20 ans de son premier album, justement.
07:19Et il avait eu la délicatesse de me consacrer une chanson.
07:23Ça, c'était vraiment hyper généreux, hyper mignon.
07:26Avec Jeanne, avec Jeanne.
07:37Et puis, tous les deux, on est provinciaux.
07:41Et il en parle dans sa chanson, d'ailleurs, le fait que lui, depuis Rouen, et moi, depuis Nantes,
07:48on imaginait tous les deux nos noms en rouge sur la façade de l'Olympia.
07:51C'est beau comme image, ça m'a touchée.
07:54Alors, on a une image de Catherine Deneuve dans le film Yokai.
07:59J'adore cette photo parce qu'elle est ultra mystérieuse.
08:03Dans le film, c'est un fantôme.
08:05On la voit, elle, elle est très évanescente, comme ça, devant un paysage de mer.
08:10Donc, c'est au Japon.
08:11Et j'ai eu l'occasion de la côtoyer parce que la productrice de ce film, Mathilde Lincerti,
08:17m'a proposé d'écrire un répertoire à Catherine Deneuve dans ce film
08:21qui joue le rôle d'une chanteuse qui fait cette dernière tournée au Japon.
08:24Nous sommes tellement heureux de vous revoir sur scène.
08:28Si vous saviez ce que votre musique représente par tant de personnes ici au Japon.
08:32C'était hyper ludique à faire, d'imaginer comme ça un répertoire à créer avec des contraintes.
08:50Il fallait une chanson qui fasse un peu années 60, une chanson qui fasse très grande, une chanson au piano.
08:55Je me suis beaucoup amusée à faire ça.
08:56La vraie rencontre de personne à personne, elle s'est faite chez moi
09:00parce que je lui avais proposé de passer répétée pour qu'elle soit hyper à l'aise dans la tonalité.
09:06Je ne voulais pas qu'on se voit en studio tout de suite.
09:09Je lui proposais d'envisager les chansons de façon très naturelle, toute simple,
09:14avec moi au piano et elle qui se pose dessus.
09:18Donc, on était sur mon piano droit, dans mon petit bureau.
09:21Ça a été très simple.
09:22Il y a une phrase qu'elle avait envie de changer, une tonalité où elle sentait qu'elle n'était pas tout à fait à l'aise.
09:28On a changé.
09:28Ça a été un vrai moment de travail.
09:31J'ai trouvé qu'en studio, elle avait une volonté de faire plusieurs prises.
09:38Je ne m'attendais pas du tout à lui demander de refaire, refaire, refaire.
09:41C'est quand même Catherine Deneuve.
09:43En fait, elle était hyper partante pour faire plusieurs prises, pour essayer d'autres choses.
09:49Vraiment, j'ai adoré la côtoyer dans ce contexte-là.
09:53Je me sens privilégiée de l'avoir connue dans un moment de travail comme ça.
09:59Oh, JP !
10:00JP Nataf !
10:03C'est quelqu'un qui a une place importante aussi dans ma vie, dans mon cœur.
10:07Les Red Legs.
10:08C'est un groupe qu'on avait monté il y a une vingtaine d'années maintenant.
10:12On était tous les deux.
10:13Moi, j'étais en collant rouge et lui en jean rouge.
10:15Notre particularité, c'était de faire des reprises seulement à deux.
10:19J'étais à la basse, il était à la guitare.
10:20Ça allait dans tous les sens de ce qu'on aimait.
10:34Ça pouvait aller de Vesoul, de Brel jusqu'à Miss Dana Maït.
10:40Le spectre était très, très large.
10:42On a fait peu de concerts.
10:43Et JP, pour moi, c'est quelqu'un d'extrêmement inspiré,
10:47qui a une manière assez anglo-saxonne d'envisager la musique,
10:52qui reste très énigmatique dans sa façon d'écrire.
10:59C'est un grand esthète.
11:00Et puis, c'est les innocents.
11:02J'en parle même pas, mais oui, JP, c'est les innocents quand même.
11:06Je m'en veux de ne pas avoir pensé aux innocents en premier,
11:09parce que c'est quand même un sacré groupe français, les innocents.
11:13C'est un groupe que j'ai tellement écouté et tellement apprécié.
11:27Je me souviens très, très bien de l'année.
11:29C'était dans les années 90, l'année où les innocents ont gagné
11:32la victoire de la musique du groupe de l'année.
11:34J'étais ado et j'avais pris ça personnellement, en fait,
11:37que les innocents gagnent.
11:39Je me souviens très bien de voir JP, Jean Cris,
11:42gagner leur victoire, JP avec son BRF.
11:44Ça m'avait vachement émue, alors que j'étais toute jeune
11:47et il n'était pas question que j'y sois un jour.
11:51Mais ça m'avait vraiment, vraiment touchée.
11:54Où vos yeux qui m'ont convaincu, Jean,
11:58que la vie vaut d'être vécue.

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