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00:00L'hésite aux politiques sur Europe 1 avec Le Figaro, bonjour Vincent Trémolet de Villers.
00:04Bonjour Dimitri, bonjour Amissa, bonjour à tous.
00:06Vincent, ce matin Bruno Retailleau organise une conférence de presse pour faire le bilan de son action après six mois au ministère de l'Intérieur.
00:13Alors on ne connaît pas encore les résultats que le ministre va vouloir afficher, mais quel bilan politique vous faites-vous de ces six mois de Bruno Retailleau au Place Beauvau ?
00:21Alors politiquement on peut dire que depuis qu'il est au gouvernement, le bilan de Bruno Retailleau est globalement positif.
00:27Il a acquis en quelques semaines une notoriété qu'il n'était jamais parvenu à atteindre malgré des années d'action politique et d'intervention médiatique.
00:34C'est la confirmation du théorème de Nicolas Sarkozy, seuls les ministres et les chefs de parti sont identifiables par l'opinion publique.
00:41En six mois, Bruno Retailleau a fait la une de tous les journaux, il est entré dans les foyers, dans les conversations et même dans les bistrots
00:47et cela a eu un impact jusque dans les urnes comme en témoignent les bonnes élections partielles pour LR depuis le mois d'octobre.
00:52Il a choisi de décrire la réalité crûment et n'a jamais tenté de la dissimuler au risque de montrer les limites de sa politique.
00:59Ce mélange de sincérité et de vérité à l'heure des candidats de synthèse l'a fait changer de statut.
01:04Avant d'être ministre, Retailleau c'était un second rôle de bon niveau comme on en trouvait dans les films français des années 70
01:09mais désormais il est en haut de l'affiche.
01:11Alors ce serait beaucoup dire que Jacques François est devenu Jean-Paul Belmondo
01:14mais c'est un des faits politiques importants des six derniers mois.
01:18Bruno Retailleau a intégré le club restreint des candidats crédibles à la présidentielle.
01:23Aujourd'hui les enquêtes d'opinion lui promettent entre 7 et 10%.
01:26Ça laisse Edouard Philippe loin devant mais pour une personnalité pas encore déclarée, ça donne une base solide.
01:32Pour ceux qui ont un peu de mémoire, l'écart qu'il y a aujourd'hui entre Retailleau et Philippe
01:35c'est celui qui séparait François Fillon et Alain Juppé avant la primaire de la droite en 2016.
01:41On connaît la suite.
01:42Bon tout ça n'est pas faux Vincent mais les critiques sur Retailleau, ministre de la Parole
01:46elles se font de plus en plus fréquentes et vigoureuses.
01:49Oui c'est la limite de cette histoire, si à en croire les sondages les français reconnaissent à Retailleau
01:53une clairvoyance dans le constat, une volonté de bien faire.
01:55Il voit aussi les limites de son influence sur le dossier algérien, sur le voile dans le sport,
01:59sur la maîtrise de l'immigration, sur le retour à l'ordre public.
02:03Quant à Saint-Ouen, un point de deal prend la place d'une école,
02:06c'est une défaite pour l'État dans son ensemble et donc pour le ministre de l'Intérieur en particulier.
02:11Cette situation expose Bruno Retailleau à deux dangers.
02:14Le premier est qu'il soit assimilé à l'affaissement politique et moral
02:18qui caractérise la gouvernance Bayrou, ZFE, timidité sur l'immigration et euthanasie.
02:23Le deuxième est d'être associé à Emmanuel Macron,
02:26et c'est tout le jeu de Laurent Wauquiez, cette bonne guerre,
02:28de renvoyer son adversaire à l'élection LR dans les bras d'un exécutif aussi épuisé qu'impopulaire.
02:33Et vous pensez que Bruno Retailleau, en étant macronisé, peut perdre ce qu'il a acquis ?
02:38La question, c'est moins son lien avec Emmanuel Macron que la force de conviction
02:42que pour le moment l'opinion lui prête.
02:44Si les gens continuent de penser que Bruno Retailleau fait tout ce qu'il peut,
02:48avec le seul souci de servir son pays,
02:50ils ne lui en voudront pas de ne pas envoyer les OQTF à Saint-Pierre-et-Miquelon.
02:54Ils attribueront son impuissance à la configuration parlementaire et gouvernementale
02:58et ils placeront leur espérance dans l'alternance.
03:00Mais si, en revanche, apparaît le soupçon d'un plan de carrière,
03:04d'une jouissance même discrète du pouvoir,
03:06le ministre de l'Intérieur peut perdre beaucoup de son crédit.
03:10Tout cela nous dit qu'après six mois à Beauvau,
03:13Bruno Retailleau est sorti de l'état de grâce.
03:16Jusqu'au 17 mai, date de l'élection, à la tête de la présidence LR,
03:19il devrait rester au gouvernement.
03:21S'il perd cette partie, il aura eu comme Gabriel Attal le parcours des étoiles filantes.
03:25S'il gagne cette élection,
03:26il devient le patron de la droite classique
03:29avec la perspective d'une Marine Le Pen empêchée.
03:31Il pourra alors raconter l'histoire d'un sénateur de conviction
03:34auquel les circonstances ont ouvert un destin.
03:36L'édito politique sur Europe 1.
03:38Merci Vincent.