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Avec Aurore Bergé, Ministre déléguée chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations

Retrouvez Muriel Reus, tous les dimanches à 8h10 pour sa chronique "La force de l'engagement" sur Sud Radio.

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##LA_FORCE_DE_L_ENGAGEMENT-2025-04-13##

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News
Transcription
00:01AGP, Association d'assurés, engagés et responsables, présente
00:04Sud Radio, le grand matin week-end, la force de l'engagement, Muriel Reus.
00:10Bonjour à toutes et à tous. Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir Aurore Berger,
00:14ministre chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, et de la lutte contre les discriminations.
00:19Et surtout, figure engagée de notre vie publique sur les questions républicaines, féministes et laïques.
00:25Mais avant d'ouvrir ce dialogue, je vous propose, comme chaque dimanche, de prendre un temps de recul, de conviction
00:30et de nous engager pour une république lucide, active, non complaisante, une république de vigilance.
00:37Une république qui ne se contente plus de principes proclamés, mais qui agit.
00:41Une république qui ne tolère ni les replis identitaires, ni les populismes manipulateurs,
00:46ni les violences sexistes dissimulées dans le silence des institutions.
00:49Une république qui refuse l'impuissance face à ceux qui la menacent, de l'extérieur comme de l'intérieur.
00:54Car la république, ce n'est pas qu'un mot figé sur un fronton, c'est une promesse vivante, fragile, exigeante.
01:01Une promesse de liberté, d'égalité, de fraternité, et surtout une promesse de vigilance.
01:06Or, ce qui menace aujourd'hui notre république ne vient pas seulement des extrêmes.
01:10Les menaces sont aussi dans nos silences, nos renoncements.
01:14Dans cette fatigue démocratique qui pousse à détourner le regard, à baisser la tête, à laisser faire.
01:18Quand les violences faites aux femmes et aux enfants sont encore minimisées, contestées, parfois même niées.
01:24Quand l'antisémitisme ressurgit, décomplexé, sans que cela ne choque plus vraiment.
01:28Quand la laïcité, ce bien commun, est manipulé comme une arme de division, au lieu d'être une boussole d'unité.
01:34Quand la question du consentement, de la justice, de la dignité, reste suspendue à des arbitrages politiques.
01:40Quand les discours populistes franchissent les lignes rouges, et que plus personne ne semble les voir.
01:44La république ne tient pas toute seule, elle exige qu'on la serve, elle se fissure chaque fois qu'on accepte l'inacceptable.
01:50Elle recule chaque fois qu'on pactise avec la peur, elle s'éteint chaque fois qu'on ferme les yeux sur une injustice.
01:56L'exigence républicaine, c'est de refuser ces zones grises.
01:59C'est nommer ce que d'autres veulent taire.
02:01C'est de dire que les violences sexuelles ne s'effacent pas avec le temps, que la mémoire des corps vaut autant que celle des dossiers.
02:06C'est de considérer que les droits des femmes et des enfants, comme le socle même d'une démocratie digne de ce nom.
02:11La république de vigilance, ce n'est pas une république de surveillance, c'est une république de responsabilité.
02:18Celle qui engage les politiques, les institutions, les entreprises, les citoyens.
02:22Celle qui ne fait plus de compromis avec l'essentiel.
02:24Aujourd'hui, je reçois Aurore Berger, ministre chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations.
02:29Figure engagée au sein du gouvernement sur des questions essentielles, républicaines, laïques, féministes.
02:34Merci Aurore d'avoir accepté cette invitation.
02:37Alors, vous venez de publier un livre fort, sincère, sans langue de bois, Nos combats pour la république.
02:43Un livre qui prend la forme d'un appel à se dresser face aux défis de notre temps, mais aussi un geste de transmission à la génération qui vient.
02:50Vous l'avez dédié à votre fille, Victoire, âgée de deux ans, en imaginant qu'un jour elle vous poserait la question,
02:55« Mais c'est quoi ton métier, maman ? »
02:58Alors, pourquoi c'était si important d'écrire ce livre aujourd'hui ?
03:01Déjà parce que je pense que l'écrit est important par rapport au combat que vous énonciez dans votre édito.
03:08Je pense que prendre le temps de l'écrit, le prendre le temps du recul est absolument essentiel dans une société
03:13qui malheureusement parfois manque de recul, manque de nuance dans un rapport au temps qui s'est aussi particulièrement accéléré.
03:20Donc il y avait ça, il y avait cet enjeu de transmission en effet, à la fois intime et personnelle.
03:26Mais au-delà de mon propre cas et de ma fille, qu'il y a un enjeu de transmission à des générations
03:30où on voit qu'aujourd'hui il y a quelque chose qui est peut-être en train de se fissurer.
03:34Et il faut immédiatement l'acter pour surtout le réparer, le corriger.
03:39Parce que si ça se fissure auprès des plus jeunes générations,
03:42si notre capacité d'indignation face aux violences,
03:46si notre capacité de réaction face à ce que nous on considère comme intolérable,
03:51notre capacité d'action surtout sur des valeurs que nous pensions irréversibles
03:57et qu'ils sont de moins en moins, la république, la laïcité.
04:00Moi j'appartiens à une génération pour laquelle c'est plus des évidences,
04:03alors que ça devrait être des évidences.
04:05Donc c'est ça aussi cette logique de transmission,
04:08de combats qui sont des combats intimes et qui sont d'abord des combats
04:11que toute la société devrait porter.
04:13Alors vous affirmez qu'être féministe c'est être universaliste.
04:17Autrement dit, défendre des droits qui s'appliquent à toutes les femmes,
04:20partout, sans exception, sans relativisme culturel et religieux.
04:24Comment peut-on tenir cette ligne dans une société où certains discours
04:27hésitent à dénoncer des formes d'oppression
04:29au nom du respect des cultures, des traditions ou de certains particularistes ?
04:34Je pense qu'il ne faut aucun relativisme.
04:36Il ne faut aucun accommodement raisonnable parce qu'en fait ils sont déjà déraisonnables.
04:39C'est déjà déraisonnable de s'accommoder d'entailles qui sont faites à nos principes.
04:45Nos principes d'égalité, nos principes de respect,
04:48qui conduisent ensuite à l'émancipation et à la liberté,
04:50au fait que nos petites filles comme nos petits garçons,
04:52ils peuvent rêver grand, ils peuvent rêver à ce qu'ils veulent,
04:55pour eux-mêmes et pour les autres.
04:57Et on voit bien que ces entailles, elles existent.
04:59Elles existent sous deux influences.
05:01L'influence néoconservatrice, qui est ce vent mauvais qui souffle aujourd'hui des Etats-Unis
05:05et qui fait que dans beaucoup d'États des Etats-Unis aujourd'hui,
05:09l'accès à l'avortement est devenu illégal,
05:11que les médecins y sont poursuivis s'ils pratiquent des avortements,
05:15y compris sur des femmes, voire des enfants qui ont pu subir un viol.
05:19Il faut avoir en tête que ça se passe aujourd'hui,
05:22dans ce qui est supposé être la plus grande démocratie au monde, les Etats-Unis,
05:25et puis par l'influence de l'idéologie islamiste,
05:28qui emporte un certain nombre d'États,
05:30et dans lesquels on voit bien que les premières attaques
05:33sont évidemment à l'encontre des droits fondamentaux et premiers des femmes.
05:37Leur droit à s'exprimer, leur droit à être, leur droit à exister,
05:41leur droit à vivre, leur droit à avoir accès à la santé,
05:44avoir accès à l'éducation.
05:45Et donc, il ne faut rien accepter, ni d'un côté ni de l'autre.
05:49Il ne faut rien considérer comme anecdotique.
05:51Et il ne faut s'accommoder, encore une fois,
05:54d'aucune de ces entraves et de ces entailles.
05:56Parce que si on s'accommode, alors on laisse faire.
05:59Et si on laisse faire, on laisse dériver.
06:00Et si on laisse dériver, ça veut dire qu'on n'aura plus la même société demain
06:04par rapport à celle qu'on a aujourd'hui et qui est déjà fragile.
06:07Et d'ailleurs, dans ce prolongement,
06:09j'aimerais vous entendre sur le port du voile,
06:10un sujet qui continue de susciter des vifs débats.
06:14Faut-il que la République fixe des limites claires à son port,
06:17quels que soient les lieux concernés,
06:18et où placer la frontière entre la liberté individuelle
06:22et l'exigence républicaine de neutralité ou d'égalité ?
06:25Alors, il y a déjà des principes qui existent,
06:27évidemment, sur la laïcité.
06:29Et on voit bien, d'ailleurs, aujourd'hui,
06:32que plus personne, finalement, n'arrive à s'accorder sur ce terme.
06:35Qu'on n'arrive plus à en donner la même définition
06:37et qu'on a besoin d'adjectiver,
06:40de dire que la laïcité, elle serait ici stricte,
06:42elle serait ici ouverte.
06:43Non, la laïcité, elle est, et la laïcité, c'est d'abord une promesse,
06:47et c'est la possibilité, en fait, de la liberté dans la société,
06:50de la liberté d'opinion, la religion étant une de ses opinions,
06:54mais c'est aussi la liberté d'opinion politique,
06:56notamment dans notre pays,
06:57et c'est une des conditions premières d'émancipation des femmes,
07:00la laïcité.
07:01Donc, encore une fois, la laïcité n'est pas une oppression.
07:04La laïcité est une promesse de liberté et d'émancipation.
07:08Et on voit bien à quel point certains essayent de retourner l'argument
07:11de la liberté et de la laïcité contre nous.
07:13L'exemple le plus frappant, aujourd'hui,
07:16la question qui est posée dans le monde du sport,
07:18puisque nous voyons bien que certains essayent de dire aux femmes
07:22et aux femmes musulmanes dans notre pays,
07:23regardez, vous n'êtes pas les bienvenus dans la République
07:26puisqu'ils vous empêcheraient de faire du sport si vous êtes voilés.
07:29Non, la République, elle accueille tout le monde.
07:32La République, elle garantit les mêmes droits à toutes et à tous.
07:35La République, elle ne choisit pas, elle ne différencie pas,
07:38elle n'essentialise pas.
07:39Et la République, elle dit, évidemment, que toutes les femmes,
07:41que toutes les filles ont le droit de faire du sport et tous les sports.
07:45Ceux qui veulent les en priver sont ceux qui considèrent
07:47qu'elles n'auraient le droit de les pratiquer
07:48que si elles se conforment,
07:50que si elles se conforment ou se soumettent finalement
07:52à des préceptes idéologiques et des préceptes religieux.
07:56Et c'est bien ça qu'il faut avoir en tête.
07:58Parce qu'on peut se dire à titre individuel,
08:01peut-être que tout le monde n'a pas en tête ces préceptes-là
08:04ou ces principes-là au nom d'une liberté individuelle.
08:07Sauf qu'encore une fois, ça crée ensuite une société.
08:10Et ça crée une pression sociale.
08:12Donc il faut poser des règles.
08:13Et c'est à la loi de poser les règles.
08:15C'est pas à l'État de se reposer ici sur un club sportif,
08:20ici sur une fédération en disant débrouillez-vous
08:22et vous édicterez la règle.
08:23Non, parce que c'est pas à eux d'être en première ligne.
08:26C'est à l'État d'être en première ligne
08:27et donc c'est à la loi de poser un principe.
08:29C'est pour ça qu'on soutient cette modification de la loi
08:33pour dire de manière assez simple en fait
08:35que dans les compétitions sportives,
08:37le seul maillot qu'on porte c'est celui de son équipe
08:39et donc que ses opinions religieuses ou politiques
08:41elles restent aux vestiaires.
08:43Et je pense que c'est un bon principe qu'on doit poser.
08:45Que je partage évidemment.
08:47Donc cette laïcité comme outil de justice sociale
08:49c'est extrêmement important.
08:51Le 7 octobre a été un traumatisme.
08:53Dans votre livre vous posez une question d'ailleurs essentielle.
08:56Avons-nous été au rendez-vous pour les 1200 victimes du Hamas
08:58et sommes-nous encore à la hauteur
09:01face à la vague d'antisémitisme qui sévit en France ?
09:04Quelques chiffres.
09:051570 actes antisémites recensés en 2024.
09:09Plus de 4 fois plus qu'en 2022.
09:12Une enquête Ipsos qui révèle qu'un Français sur deux
09:14adhère aujourd'hui au moins à un préjugé antisémite.
09:18Comment est-ce qu'on peut expliquer un tel basculement ?
09:20Comment la République peut lutter contre cette montée de haine ?
09:25Déjà moi il y a toujours une question qui me frappe
09:27et j'essaye d'en parler d'ailleurs dans le livre.
09:29C'est que souvent quand moi je me suis emparée de cette question très tôt
09:32j'ai pas attendu d'être ministre pour m'exprimer sur la lutte contre l'antisémitisme.
09:37Ou la lutte contre l'antisionisme d'ailleurs.
09:40Et tout de suite on me dit mais pourquoi ça te concerne autant ?
09:43Pourquoi t'en parles autant ?
09:44Comme si en fait on n'avait pas le droit de se sentir concerné
09:46si on n'était pas intimement concerné.
09:48En clair, certains me disaient
09:50comme tu n'es pas juive, pourquoi ça t'intéresse ?
09:52En fait parce que je suis française.
09:54Parce que je suis universaliste.
09:55Parce que je suis laïque.
09:56Parce que je suis attachée à nos principes républicains.
09:59Et parce que l'antisémitisme est une tâche sur nos principes républicains.
10:03Et qu'on sait bien que ça commence par l'antisémitisme
10:05et qu'ensuite d'autres formes de haine peuvent s'instiller dans nos démocraties.
10:10D'ailleurs c'est pas un hasard si depuis le 7 octobre
10:12toutes nos démocraties ont été attaquées
10:15et ont subi un regain massif d'antisémitisme
10:19qui a un risque vraiment de ré-enracinement dans nos démocraties de l'antisémitisme.
10:23Ça suppose quoi ?
10:24Ça suppose qu'on soit très clair sur nos principes et sur nos valeurs.
10:27Ça suppose qu'on rappelle toujours que le 7 octobre
10:29c'est d'abord des attentats terroristes perpétrés par le Hamas.
10:331200 personnes qui ont été ciblées parce que juives
10:36et qui ont été assassinées.
10:38De rappeler que 50 français sont morts dans les attentats terroristes du Hamas
10:43ou ensuite dans les geôles du Hamas.
10:45De continuer à nous battre pour la libération de tous les otages
10:47même s'il n'y a plus d'otages français.
10:48De tous les otages qui sont encore détenus évidemment.
10:52Et d'être implacable à chaque fois qu'il y a une attaque
10:56une insulte, une intimidation, une agression à caractère antisémite.
11:01Parce que dans notre pays, l'antisémitisme a tué.
11:04Quand on parle de la question des préjugés,
11:06on se dit après tout, est-ce que c'est bien grave
11:08que quelqu'un adhère à un préjugé ?
11:11C'est insupportable.
11:13Il analimie quand il est assassiné, ce jeune homme.
11:16Il est assassiné pourquoi ?
11:18Il est pris pour si parce qu'il est juif
11:19et parce que les barbares, comme ils s'appellent eux-mêmes,
11:23disent comme il est juif, il a donc de l'argent.
11:25Donc on pourra obtenir une rançon.
11:27Donc ça veut dire que le préjugé antisémite,
11:29c'est ça qui a valu à Elan Halimi,
11:32le martyr terrible qu'il a subi pendant des jours et des jours
11:35de souffrance jusqu'à la mort.
11:38Et donc il faut avoir en tête que ces préjugés,
11:41c'est à nous et c'est notre responsabilité de les déconstruire,
11:43de transmettre évidemment cette mémoire à nos enfants,
11:46de transmettre cette actualité au-delà de la mémoire à nos enfants,
11:50d'où le rôle de l'école,
11:51et d'où évidemment les enjeux de sanctions qui doivent pouvoir exister.
11:54C'est ça que je fais quand je relance les assises de lutte contre l'antisme.
11:58C'est dire qu'on doit avancer sur deux piliers.
12:00L'éducation, formation des enseignants, transmission, réactualisation aussi
12:05de la manière avec laquelle on transmet et la sanction.
12:08Parce qu'on voit bien aujourd'hui que l'antisémitisme,
12:11il a changé de visage, il s'est renouvelé.
12:13C'est malheureusement sa force, sa capacité à se renouveler.
12:16Et que derrière la haine décomplexée d'Israël et l'antisionisme,
12:20il y a évidemment aujourd'hui de l'antisémitisme.
12:22Alors justement, sur les enfants, sur ces questions d'éducation,
12:25vous pointez la violence sur les réseaux sociaux,
12:27la radicalité qui écrase toute forme de pondération,
12:30les stéréotypes virilistes, sexistes,
12:33qui pullent au mépris de toutes nos valeurs de respect.
12:36L'âge moyen d'exposition à la pornographie
12:38se situe entre 10 et 11 ans pour les enfants.
12:41Vous avez œuvré fortement pour les programmes
12:43à l'éducation, à la vie affective, relationnelle et sexuelle,
12:47soit enfin appliqués à l'école.
12:48En étant concrètement aujourd'hui,
12:51comment est-ce qu'on peut protéger nos enfants
12:53dès le plus jeune âge ?
12:54Je veux dire aux parents qui nous écoutent
12:55et qui peut-être sincèrement se posent des questions
12:57sur les programmes d'éducation à la vie affective,
13:00relationnelle et à la sexualité,
13:01parce qu'à force d'entendre beaucoup de fausses informations,
13:03je peux comprendre que certains s'inquiètent.
13:05C'est de leur dire que ces programmes
13:06sont des programmes sérieux, lucides,
13:09faits avec des professionnels,
13:11qui connaissent nos enfants
13:12et qui évoluent en fonction de la maturité de nos enfants.
13:15Évidemment, on ne va pas parler de sexualité
13:16à des enfants en maternelle ou au primaire.
13:18Ça n'est pas au programme,
13:19d'ailleurs les programmes sont publics,
13:20donc les parents peuvent aller consulter ces programmes.
13:23Par contre, dès le plus jeune âge,
13:24on peut expliquer à nos enfants
13:25des principes essentiels dont ils ont besoin
13:27pour toute leur vie.
13:29Les principes de respect,
13:30les principes d'intégrité du corps,
13:31ce qu'on n'a jamais le droit de leur faire,
13:33ce qu'eux-mêmes n'ont jamais le droit de faire aux autres,
13:35sur la question du consentement notamment,
13:37et parce qu'on a un fléau
13:39qui est un crime de masse,
13:41qui est la question des violences sexuelles
13:42infligées à nos enfants.
13:43Aujourd'hui, à l'heure où on se parle,
13:44il y a 160 000 enfants chaque année
13:47qui, dans notre pays, la France,
13:49subissent des violences sexuelles,
13:50des abus sexuels, des agressions sexuelles,
13:52voire l'inceste.
13:53Et donc, ils ont besoin d'avoir des points de repère.
13:55Et les tout petits, leur point de repère,
13:57il est où ?
13:57Quand il n'est pas dans la famille,
13:59ou parce que la famille est dysfonctionnelle,
14:00il est à l'école.
14:02Et se dire qu'à l'école,
14:03ils entendront ce qu'on n'a jamais le droit de leur faire,
14:06et qu'ils pourront du coup révéler
14:08les violences que peut-être ils subissent,
14:10ou qu'ici un cousin,
14:11ici un ami,
14:12ici un frère,
14:13ou une sœur subit,
14:15eh bien, c'est absolument essentiel.
14:17Et puis après,
14:18en fonction de la maturité,
14:19on va aborder d'autres choses.
14:20Parce que vous l'avez dit,
14:22aujourd'hui, les parents, malheureusement,
14:23ils sont en concurrence.
14:24Ils sont en concurrence avec les téléphones de leurs enfants,
14:27ils sont en concurrence avec les écrans,
14:29ils sont en concurrence avec
14:30toutes les informations et désinformations qui circulent,
14:33et toutes les images qui circulent,
14:34notamment la question de la pornographie.
14:36Et la pornographie, aujourd'hui,
14:38c'est une facilité trop déconcertante d'accès,
14:41et c'est des millions de contenus
14:43d'une violence insoutenable.
14:46Ce n'est pas les scénarios à l'eau de rose
14:48qui pouvaient exister il y a encore 15 ou 20 ans.
14:51Ce n'est pas ça.
14:52C'est de la violence.
14:53C'est des actes de torture.
14:54C'est des actes de barbarie.
14:55Et si nos enfants, dans leur cerveau,
14:57se disent, des 10 ans, des 11 ans,
14:59qu'en fait, la sexualité,
15:00ça n'est que de la violence,
15:02que de la domination,
15:03que de la torture,
15:05puisque c'est ces images-là auxquelles ils sont confrontés,
15:08alors ça ne peut pas fonctionner,
15:10ensuite, de se dire qu'on va être dans une société égalitaire.
15:12Donc, on a changé la loi.
15:13J'ai rejus cette semaine le président de l'ARCOM,
15:15qui est l'autorité en charge de la régulation sur ces contenus.
15:18Et donc, aujourd'hui, c'est très simple.
15:20Les sites doivent se conformer à la loi française.
15:22Que ce site soit hébergé en France
15:23ou en dehors même de l'Union européenne,
15:26à partir du moment où on peut y avoir accès en France,
15:28ils doivent s'y conformer.
15:29Ça veut dire qu'ils doivent garantir
15:31la vérification de l'âge
15:33et qu'ils ne sont en aucun cas accessibles aux mineurs.
15:36Et s'ils ne s'y conforment pas,
15:38alors c'est très simple,
15:38les sites seront déréférencés.
15:40C'est-à-dire qu'ils ne seront plus accessibles.
15:42Ils seront bannis de notre pays.
15:45On va y arriver.
15:45Et ça a déjà commencé.
15:46Il y a un site, par exemple,
15:47qui a refusé, par exemple,
15:49de transmettre ses coordonnées,
15:49ses informations.
15:51On a ordonné aux hébergeurs
15:53de supprimer, tout simplement,
15:55l'accès à ce site Internet.
15:57Et les hébergeurs le font ?
15:58Ils ont l'obligation de le faire.
16:00Sinon, ils ont, dans la loi,
16:02des peines extrêmement lourdes,
16:03des amendes extrêmement lourdes,
16:04voire des peines d'emprisonnement.
16:05Donc, on ne joue pas, en fait,
16:07parce qu'encore une fois,
16:08on parle de la santé mentale de nos enfants.
16:10On parle de risques d'exposition
16:13à des contenus sur lesquels
16:14ils n'ont aucun recul, aucune prise.
16:17Et on voit bien, ensuite,
16:18ce que ça peut générer.
16:19Il y a une série très importante
16:20qui est sortie, qui est Adolescence.
16:23Et cette série, elle explique ça.
16:24Elle explique qu'en fait,
16:26même quand la famille a l'impression
16:27de tout bien faire,
16:29malheureusement, il y a encore aujourd'hui
16:30des choses qui nous échappent.
16:31Alors, il y a le respect
16:32de la vie privée de nos enfants, bien sûr.
16:33Mais on doit être plus en contrôle
16:36parce que cette république de vigilance
16:38à laquelle vous appeliez, c'est ça.
16:40Ce n'est pas le soupçon.
16:41Ce n'est pas, encore une fois,
16:43l'excès de contrôle
16:45alors que nos enfants ont le droit
16:46à une vie privée.
16:47C'est juste garantir, encore une fois,
16:48qu'on les protège.
16:50Et ça, c'est aussi le rôle de l'État,
16:52évidemment, le rôle des parents.
16:53Alors, on arrive au bout.
16:54Ma dernière question,
16:56une femme en politique,
16:57c'est encore et trop souvent
16:58prendre des coups réels ou symboliques.
17:01On voit souvent trop encore
17:02des attaques sur les compétences,
17:04sur le physique
17:04et pas souvent sur le fond.
17:06C'est quoi le vrai prix
17:07de l'engagement féminin aujourd'hui ?
17:10Heureusement, les choses ont changé,
17:11ont évolué.
17:12Et tant mieux,
17:12il y en a qui ont ouvert la voie.
17:14Et je pense que l'effet du nombre
17:15a changé.
17:16Le fait qu'on soit aujourd'hui nombreuses,
17:18qu'on ait un gouvernement paritaire,
17:19qu'on ait une femme première ministre
17:21récemment,
17:22qu'on ait presque 40% de femmes
17:24à l'Assemblée,
17:25à changer la donne.
17:25On vient de changer la loi
17:26sur la question de la parité
17:28dans les petites communes,
17:29dans les communes
17:29de moins de 1000 habitants.
17:30Et ça a été un débat
17:31très compliqué.
17:33Très compliqué,
17:34parce qu'on a vu des résistances
17:35très fortes à droite
17:36et à l'extrême droite
17:37dans des termes,
17:38à mon avis,
17:39très contestables.
17:40Donc, ça veut dire
17:41qu'il faut qu'on continue
17:42à ouvrir la voie.
17:43Et ça veut dire que
17:44quand on a accès
17:44à la parole publique,
17:46il faut porter cette voie
17:47de l'engagement, justement,
17:49de la mobilisation
17:50et dire aux femmes
17:51que leur place,
17:52elle est dans des postes
17:53de pouvoir
17:54et de responsabilité.
17:55Et ne pas avoir peur
17:56du mot pouvoir.
17:57Parce que les femmes,
17:58on doit assumer aussi
17:59cette prise de pouvoir
18:00qui doit être la nôtre,
18:02pas contre les autres,
18:03mais parce qu'on a besoin
18:04d'une société plus égalitaire,
18:06plus diverse,
18:07plus mixte,
18:08et qu'on a besoin
18:09de ces représentations-là
18:10si on veut bousculer
18:11les choses aujourd'hui,
18:12mais le bousculer aussi
18:13pour les futures générations.
18:14Merci beaucoup,
18:15Laurent Berger,
18:16pour cet échange.
18:17Je recommande vivement
18:18à tous nos auditeurs
18:18de se plonger
18:19dans la lecture de votre livre
18:20de Combat pour la République,
18:22publié aux éditions Robert Laffont,
18:24un texte fort,
18:25sincère,
18:26nécessaire.
18:27Et je vous dis à tous
18:28à dimanche prochain.
18:28Sud Radio,
18:31le grand matin week-end,
18:32la force de l'engagement,
18:34Muriel Reus.
18:35Avec AGP,
18:36association d'assurés engagés
18:38et responsables.

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