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  • 11/04/2025
Haut lieu de la résistance, plus grand maquis de France, le Vercors est un territoire fortement griffé par la seconde guerre mondiale : plus de 800 morts, dont 201 civils, 41 déportés, 573 maisons et fermes détruites…

Dès le lendemain de la guerre, le Vercors entreprend un travail mémoriel très fort pour rendre hommage aux nombreuses victimes et communes frappés par le conflit, en se reconstruisant autour de multiples stèles, croix, monuments aux morts.

Devenu Parc Naturel régional au début des années 1970, le Vercors a pu consolider sa forte dimension patrimoniale grâce à la valorisation de la richesse de son milieu naturel et de ses paysages.

Retour sur l’histoire de ce maquis du Vercors, né de l’héroïsme de quelques enfants du pays, qui ont su fédérer une réelle armée de résistants, inscrivant à jamais ce territoire dans l’histoire.


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Un film de Candy DEUBEL
Une production Viva Productions
Avec la participation de Télé Grenoble et TL7

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Transcription
00:00Vassieux en Vercors, Saint-Nizier-du-Moucherotte ou encore Valchevrière, autant de lieux qui
00:23rappellent le lourd tribut payé par le Vercors pendant la seconde guerre mondiale.
00:27Amis, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ?
00:37Amis, entends-tu ces cris sourds du pays qu'on enchaîne ?
00:46Ohé, partisans, ouvriers et paysans, c'est l'alarme !
00:54Ce soir, l'ennemi connaîtra le bruit du sang et des larmes.
01:06Au lieu de la Résistance, plus grand maquis de France, le Vercors est constellé de monuments
01:12et de stèles gravant à jamais le souvenir d'un bilan humain tragique.
01:16En s'appuyant sur un travail mémoriel remarquable, ce territoire meurtri a su se reconstruire,
01:24se réinventer, pour s'adapter aux enjeux de chaque époque.
01:46Le Vercors est aujourd'hui un massif et une entité géomorphologique assez cohérente.
01:52De Lille à Grenoble, on voit bien que c'est un massif qui se dégage assez nettement dans le paysage.
01:58Donc d'un point de vue physique, c'est assez évident.
02:02Sauf que quand on regarde ça d'un point de vue plus historique,
02:06on se rend compte que le Vercors est un massif extrêmement morcelé.
02:10Au sud, le Vercors dit historique, qui est tourné vers le Divois, vers la Drôme,
02:16alors que la partie nord, autour de Villars-de-Lens, est beaucoup plus tournée vers Grenoble.
02:22Donc ça, c'est ce qui explique, par exemple, que jusqu'au XIXe siècle,
02:26cette entité géomorphologique qu'on appelle le Vercors, elle n'a pas de nom.
02:31Les géographes de l'école grenobloise vont s'intéresser à tous ces massifs préalpins
02:35et vont chercher à leur donner des noms.
02:38Et donc le premier d'entre eux, qui est un peu un erudit,
02:42mais qui se positionne également dans une optique un peu touristique,
02:46c'est Henri Ferrand, qui en 1904 publie un ouvrage plutôt touristique
02:52et qui est le premier à utiliser le nom Vercors pour désigner le massif du Vercors dans sa globalité.
03:02Il y a trois moments importants dans l'histoire
03:05et dans la construction de cette identité commune du Vercors résistant.
03:09La première étape, c'est fin XIXe siècle, la construction des routes,
03:12la construction des grandes routes d'accès au Vercors,
03:15qui sont faites pour mieux connecter et pour renforcer les liens entre le Vercors et ses piémons.
03:21Et deuxième étape dans la construction de l'identité du massif,
03:25c'est véritablement la Seconde Guerre mondiale,
03:27puisque dès lors, on va parler de maquis du Vercors
03:30pour désigner l'ensemble des camps de maquisards qui s'installent au sud comme au nord.
03:35Et la troisième étape, c'est la création du parc naturel régional du Vercors
03:39au début des années 1970, où on est justement dans un contexte un peu compliqué pour les territoires ruraux.
03:47Et la conséquence majeure de la création des routes,
03:50conséquence qui n'avait pas du tout été envisagée, c'est l'apparition du tourisme.
03:54Dans un contexte où le tourisme se développe,
03:58où il y a un regain d'intérêt pour les territoires de montagne.
04:06Il y a une vie dans le Vercors,
04:08une vie qui, même avant-guerre, était relativement prospère,
04:11du tourisme, du climatisme.
04:14L'agriculture est assez florissante, c'est un territoire qui est déjà touristique,
04:17avec de nombreux hôtels qui sont ouverts.
04:23Quelle clientèle fréquentait Villard de Lens dans les années 1920 et 1930 ?
04:27C'était la bourgeoisie française,
04:30ça allait du Rouen du Maroc en passant par la Gacquan,
04:33et ensuite tous ces grands capitaines de l'industrie française,
04:36de la sidérurgie et du début de l'industrialisation de la nation France.
04:42Avec une clientèle bourgeoise,
04:44puisque c'était bien avant les congés payés,
04:46et sur des séjours qui s'étalaient entre un et deux mois,
04:50qui fonctionnaient principalement l'été.
04:57Vous êtes sur mon établissement hôtelier,
05:00qui est un établissement familial,
05:03dont modestement je n'en suis que la cinquième génération.
05:06Établissement qui a été créé par mon aïeul en 1894,
05:10agrandi successivement en 1900,
05:131900 c'est la pièce dans laquelle nous nous trouvons,
05:16et la partie, ce que l'on appelle grand hôtel, qui a été faite en 1922.
05:20C'étaient des vrais voisins,
05:23tout le monde était logé au même endroit,
05:26des familles complètes, plus le personnel de ces familles,
05:29qui accompagnaient les familles pendant les villégiatures.
05:32Le ski est arrivé un peu après,
05:35parce que sur des bâtisses comme celle-ci,
05:38c'était le début du chauffage central,
05:41il fallait être autonome sur le chauffage,
05:44sur les productions culinaires et sur le personnel.
05:47Donc il fallait être capable de fournir de la nourriture
05:50aux 100-150 clients qui venaient à la montagne.
05:53On nourrissait les gens midi et soir,
05:56et c'était des menus uniques.
05:59Il n'y avait pas les moyens de conservation modernes que l'on a.
06:02Et nourrir les clients, il fallait aussi nourrir
06:05tous ceux qui venaient avec les clients,
06:08et les chauffeurs, et les gouvernantes,
06:11et les bonnes, ou celles qui s'occupaient des enfants.
06:14Et ensuite, il y a la saison d'hiver,
06:17principalement le ski de printemps,
06:20qui est venu devancer la saison printanière et estivale.
06:32Derrière le tourisme florissant et ce nouveau loisir qu'est le ski,
06:35c'est un peu l'insouciance qui reprend ses droits,
06:38comme pour cicatriser les années assombries par la Première Guerre mondiale.
06:48Mais le répit va être de courte durée.
06:51Comme frappé d'amnésie, l'histoire va se répéter.
07:09Hitler envahit la Pologne en septembre 1939,
07:12poussant l'Angleterre et la France à entrer en guerre.
07:16Paris tombe au bain des Allemands l'année suivante,
07:19en juin 1940.
07:24Le maréchal Pétain conclut l'armistice avec le Reich
07:27et mène dès lors une politique de concentration.
07:30La guerre a été lancée par l'Allemagne,
07:33et l'Allemagne s'est éloignée de l'Allemagne.
07:36L'Allemagne s'est éloignée de l'Allemagne,
07:39et l'Allemagne s'est éloignée de l'Allemagne.
07:42Le général de Gaulle appelle à la résistance depuis Londres,
07:45et son message aura un écho particulièrement retentissant
07:48dans le massif du Vercors.
07:51L'honneur, le bon sens,
07:54l'intérêt supérieur de la patrie
07:57commandent à tous les Français libres
08:00de continuer le combat
08:03là où ils seront et auquel ils vont.
08:06L'Allemagne s'est éloignée du Reich,
08:09et le général de Gaulle appelle à la résistance depuis Londres,
08:12et son message aura un écho particulièrement retentissant
08:15dans le massif du Vercors.
08:18L'honneur, le bon sens,
08:21l'intérêt supérieur de la patrie
08:24commandent à tous les Français libres
08:27de continuer le combat
08:30là où ils seront et auquel ils vont.
08:33À partir de l'avènement du gouvernement de Michy
08:36Parmi ces précurseurs, il y a la famille Huillier, qui règne sur les transports dans
08:56la région de Grenoble depuis 1889.
08:58On a commencé avec les chevaux, puis après les chevaux, on est venu aux mécaniques.
09:07En 1889, mon grand-père a commencé, il avait 19 ans.
09:11Ça doit être mon grand-père, ça.
09:15Ça doit être une réunion de conscrits, certainement, mais ils ont tous l'air d'avoir
09:19le même âge.
09:20Ça, c'est pendant la guerre à Vérotran, j'ai un cousin, là.
09:27C'était nos bureaux, Villard-Blanc, Autocar Huillier.
09:31Moi, je suis né juste là-derrière, dans la petite maison, là.
09:39Mon père avait fait la connaissance avant la guerre d'un juif, Ernest Samuel, qui est
09:44venu à Villard-Blanc, qui était médecin à Pantoise, qui était venu installer sa
09:50femme pharmacienne à Villard-Blanc.
09:52Ils se connaissaient, parce qu'ils étaient socialistes, mon père socialiste, ils se
09:56sont devenus amis, et puis c'est eux deux qui ont lancé la résistance pour le Vercors,
10:03qui ont recruté.
10:04Ils lui disaient, tiens, tu vas voir celui-là, je lui téléphone, puis tu vas le voir, puis
10:11voilà.
10:12Ils étaient une dizaine, sur le plateau, une dizaine de gars, et je pense que ça a
10:22démarré après le discours de Gaulle, et ils se sont constitués comme ça.
10:30Ils faisaient des réunions chez ma tante, on habitait au deuxième, elle au premier,
10:38c'est comme ça que ça a démarré.
10:42Au début, ce sont des initiatives qui sont pratiquement personnelles, voire d'ordre
10:47familial, voire amical.
10:48Au début, il n'y a pas de mouvement de résistance qui existe.
10:52Mais c'est d'abord ces camarades de collèges, d'entreprises, avec lesquels on va discuter
10:58des événements.
10:59Ce qui va faire en sorte que tous ces groupes vont se fédérer petit à petit, ce sont
11:03l'arrivée des grands mouvements de résistance, et dans le Vercors, c'est notamment le mouvement
11:06Front-Tireur, qui va se développer à partir de Grenoble jusqu'à Villers-de-Lens.
11:13J'avais 14 ans, 15 ans, oui, 15 ans.
11:16Je suivais mon père, et je voyais, enfin, je me donnais comme un gars de 20 ans.
11:24Je suppose, parce que faire ce que j'ai fait, c'est servir d'agent des gens entre le personnel
11:34et l'État.
11:36Mon père donnait un tel ordre, tu vas donner cet ordre-là, ben voilà, les gars exécutés.
11:43J'étais gamin par rapport à eux, des gars qui étaient colonels, mais mon père était
11:50avec eux, moi je discutais avec eux.
11:54Les mouvements de résistance dans les différentes régions vont prendre en charge la création
11:58de ces maquis.
11:59La création, c'est début 1943, un moment assez particulier où la pression allemande
12:04en France s'accroît, et dans un contexte où le STO, le Service du Travail Obligatoire,
12:10va conduire un certain nombre de jeunes hommes à devoir partir travailler en Allemagne pour
12:15contribuer à l'effort de guerre allemand.
12:30Et donc c'est ce phénomène-là qui, au niveau national, va générer la création des maquis
12:35un peu partout en France.
12:37Les maquis dont la vocation est d'accueillir ces jeunes hommes qui ne veulent pas partir
12:41travailler en Allemagne, qui ne sont pas à proprement parler des résistants, qui sont
12:45avant tout des réfractaires, donc là il y a entre 300 et 400 hommes qui vivent en pleine
12:49forêt, dans des camps, qui ont des liens réguliers évidemment avec les habitants,
12:53puisqu'il faut survivre dans le Vercors.
12:56Donc une logistique très importante qui se met en place de partout dans le Vercors,
13:01des véritables filières qui sont organisées, et notamment des transports, puisque ces jeunes
13:05gens, il faut bien pouvoir les transporter, les amener de Grenoble ou de Valence, et ensuite
13:10il faut bien pouvoir transporter des provisions.
13:12Donc il y a des entreprises de transports, dont les transports huiliers, qui sont mis
13:15à contribution pour toute cette logistique.
13:20Les jeunes qu'il y a, les premiers qui sont arrivés, ce sont des cheminots, des jeunes
13:25qui devaient partir à la relève en Allemagne.
13:30Et les premiers, c'était donc, surtout, c'était des jeunes communistes, ces gens-là,
13:35il fallait les nourrir, il fallait, ils avaient besoin de travailler, ils avaient des familles
13:41souvent, ils étaient employés chez nous, et puis ils faisaient le maquis, enfin ils
13:46étaient déserteurs.
13:50Leur ravitaillement, c'était Léon Martin, le boulanger qui était chargé de ça, pour
13:56toute la région, le plateau.
13:58Il allait dans les fermes, il achetait ce qu'il fallait pour les cans, et puis c'est
14:03lui qui le faisait, alors il n'y a pas de problème.
14:08Le ravitaillement était organisé à partir de chaque village qui avait en charge entre
14:13un et trois maquis dans les environs du village, dans les barraques forestières.
14:17Très souvent ravitaillés par des femmes, ou à l'inverse, les maquisards se rendaient
14:22dans les villages, dans des endroits qui étaient identifiés, pour chercher leur ravitaillement.
14:27Donc il y a un lien très fort entre le village et les maquis des alentours.
14:32Les conditions de vie dans le maquis sont quand même assez précaires, mais avec un
14:36soutien de la population extrêmement massif et fort, ils ont quand même pu s'en sortir
14:41et tout simplement se chauffer et avoir de quoi manger.
14:52Seurs parents, leurs amis, se cachant dans la montagne, et pour mieux servir le pays,
15:00ils ont pris le maquis.
15:05Ce sont ceux du maquis, ceux de la résistance, ce sont ceux du maquis, combattant pour la France.
15:14Bravant le froid, bravant la faim, défiant l'horrible esclavage, bravant l'aval, bravant
15:20ses chiens sans jamais perdre courage, ce sont ceux du maquis, ceux de la résistance,
15:27ce sont ceux du maquis, jeunesse du pays.
15:32La singularité du Vercors, c'est qu'à la création de ce maquis début 1943, s'ajoute
15:38une autre dimension beaucoup plus singulière, la création du plan montagnard, ou du projet
15:44montagnard, conçu par un homme qui s'appelle Pierre d'Aloz, et qui considère le Vercors,
15:49le massif du Vercors, comme une forteresse à partir de laquelle il serait possible d'envisager
15:56dans le cadre d'un débarquement en Provence des opérations aéroportées pour prendre
16:01à revers les troupes allemandes dans le cadre de combats futurs de libération.
16:05Le Vercors résistant, il a été imaginé notamment par Pierre d'Aloz et Jean Prévost,
16:11qui ont véritablement architecturé le Vercors dans un projet montagnard, qui est devenu
16:15le plan montagnard validé par Jean Moulin.
16:17L'idée, c'était de pouvoir tomber sur les arrières des troupes allemandes dans
16:21la vallée du Rhône et dans les vallées alpines, d'où des moyens conséquents qui
16:26ont été mis à contribution pour aider ces maquisards, pour toute la logistique, à
16:31accueillir tous ces jeunes gens dans l'attente justement des alliés qui devaient être
16:36acheminés à Vassio en Vercors.
16:47Mais c'est un autre scénario qui va se mettre en place et marquer un tournant décisif
16:51dans le conflit. Le 6 juin 1944, les alliés débarquent au petit matin sur les plages
16:57de Normandie, en force et par surprise, prenant les Allemands de cour et donnant enfin le
17:02souffle d'espoir tant attendu par les Français.
17:06Le débarquement de Normandie a eu lieu et partout en France, on assiste à des phénomènes
17:11de mobilisation en faveur des maquis, avec le sentiment que la libération est proche.
17:17Et dans le Vercors, tout cela prend une ampleur assez exceptionnelle, puisqu'en quelques
17:22jours, c'est entre 3 et 4 000 hommes qui vont donc être éliminés.
17:26Le débarquement de Normandie a eu lieu et partout en France, on assiste à des phénomènes
17:31de mobilisation en faveur des maquis, avec le sentiment que la libération est proche.
17:38Les chefs du Vercors résistant vont prendre la décision de verrouiller le massif, c'est-à-dire
17:43d'en contrôler tous les points d'accès. C'est un contexte euphorique, on a vraiment
17:48le sentiment d'assister à un mouvement et à un moment charnière dans l'histoire
17:52de la Seconde Guerre mondiale. Et dans ce contexte un peu euphorique, il y a un événement
17:57qui est plutôt symbolique, mais qui témoigne de l'ambiance du Vercors résistant à ce
18:02moment-là. C'est ce qui se passe le 3 juillet 1944 à Saint-Martin en Vercors, où solennellement
18:08on restaure la République française. La République française qui est restaurée.
18:13Rappelons que le régime de Vichy avait mis à terre la République française en 1940.
18:18Donc symboliquement, c'est la République française qu'on restaure dans le Vercors,
18:23avec sa devise « liberté, égalité, fraternité ». L'aventure va avoir une telle ampleur,
18:29puisque pendant plusieurs semaines, c'est vraiment un bout de France libérée qui va
18:35fonctionner, qui va s'organiser pour préparer la suite et préparer la fin de l'occupation
18:42allemande et la chute du régime de Vichy.
18:45Pour les Allemands, après le débarquement de Normandie, ils ne pouvaient pas supporter
18:49une telle concentration d'hommes en armes. La meilleure défense, c'est l'attaque.
18:53Donc il fallait absolument réduire le maquis du Vercors.
18:59À la mi-juin 1944, c'est le baptême du feu pour les maquisards. L'armée allemande envoie
19:04un bataillon de 400 hommes pour tenter de percer le maquis à Saint-Nizier-du-Moucherotte.
19:09Les résistants, emmenés par le chef militaire du Vercors, François Huet, font face et repoussent
19:14l'ennemi. Mais le 15 juin, les Allemands reviennent en force avec 2000 hommes et miliciens.
19:20Face à eux, 600 maquisards, trop peu nombreux, trop peu armés.
19:30Ils étaient peu de résistants sur cette ligne de crête de Charvet. Et pour faire croire
19:35à l'ennemi allemand qui arrivait de l'agglomération grenobloise, ils se déplaçaient sur cette
19:42ligne de crête parce qu'ils n'étaient pas nombreux et avec peu d'armes et de munitions
19:47pour faire croire qu'en fait, sur la totalité de la ligne de crête, il y avait du personnel,
19:52donc du personnel militaire et armés, ce qui n'était pas du tout le cas parce qu'ils
19:56n'étaient qu'une poignée de personnes, mais ils faisaient comme ils pouvaient.
19:59Et là, inéluctablement, les Allemands étant nombre bien plus supérieur, l'inévitable
20:05est arrivé et est arrivé ce qu'on connaît par la suite.
20:11La quasi-totalité des habitations ont été brûlées. Voilà, donc ça a été les premiers
20:15combats du Vercors. Les opposants allemands sont arrivés par une première brèche venant
20:20de l'agglomération grenobloise. Ce fameux 13 juin 1944 et le 15 juin, des jeunes et
20:26des moins jeunes, civils et militaires, ont péri ici. On peut parler en gros d'une vingtaine.
20:33Donc voilà, le tribut qu'a payé la commune de Saint-Nizier, c'est la quasi-totalité
20:41des habitations détruites.
20:44J'ai un souvenir de guerre, je vous dis les souvenirs de guerre que j'ai pu avoir.
20:48On avait un client qui était un juif. Alors donc, ce juif s'appelait Arma Israel.
20:56Il a été tué à Saint-Nizier, au moment de la bataille de Saint-Nizier. Mais avant,
21:01il vivait ici avec nous, il vivait ici à l'hôtel. Et quand il a été tué, évidemment,
21:08ça m'a ébranlé. Et puis après, il y a eu les Allemands, on en avait un à chaque
21:18porte, on ne sortait pas, on ne bougeait pas.
21:22Sur cette période-là, l'hôtel a été réquisitionné en 1944 par les Allemands
21:28pour en faire un hôpital militaire.
21:30L'hôtel a été occupé par les Allemands et c'était ma mère qui s'entretenait
21:37avec eux et c'était l'hôpital. C'était l'hôpital, donc on avait les blessés,
21:43parce qu'il y en a eu pas mal. On avait des canons derrière, on avait des sentinelles
21:49à chaque porte. Ça, je m'en rappelle très bien, voilà. Parce que là, j'avais 12 ans,
21:57à 12 ans, on se rappelle. Et puis maman me disait toujours, on est peut-être appelés
22:02à partir au moment du feu à Saint-Nizier, quand Saint-Nizier a été brûlé. Maman
22:08m'avait dit, tu sais, on est peut-être appelés à partir. Alors ma foi, elle m'avait
22:13mis un peu d'argent dans une poche et puis elle m'a dit, tu prends ta petite valise
22:17et tu t'en vas, tu t'en vas n'importe où. Mais tu t'en vas. C'est des souvenirs
22:21qui m'ont marquée.
22:28Les Allemands ont une vision assez précise de ce qu'est le Vercors, de ce qui s'y
22:33passe, surestiment sans doute un peu la capacité d'action des hommes du Vercors, mais clairement
22:38ils ont bien identifié que depuis quelques semaines, il y a beaucoup d'hommes qui
22:41affluent vers le Vercors, que le Vercors reçoit régulièrement des parachutages d'armes,
22:46notamment à Bastieux. Les Allemands redoutent plus que tout une chose, c'est qu'ils
22:52vont devoir affluer vers le nord. Les Allemands redoutent qu'à ce moment-là, des résistants
22:56du Vercors puissent aller conduire des opérations de représailles dans la vallée du Rhône
23:00et ainsi prendre les troupes allemandes en tenaille.
23:05Pour évacuer cette menace, les Allemands doivent donc concentrer leurs efforts pour
23:08venir à bout du maquis du Vercors.
23:12Le Vercors est un des principaux lieux d'accès à l'armée allemande.
23:15Pour évacuer cette menace, les Allemands doivent donc concentrer leurs efforts pour
23:18venir à bout du maquis du Vercors.
23:21Mais le matin du 14 juillet, les Alliés mènent la plus spectaculaire opération de parachutage
23:26à destination des maquisards. 72 bombardiers américains larguent 862 containers d'armes
23:32et de munitions sur la plaine de Bastieux.
23:37C'est une provocation de trop pour les Allemands. Si Bastieux est le centre névralgique du
23:41Vercors résistant, c'est donc là qu'il faut frapper, vite et fort, pour anéantir ce maquis.
23:51Le 21 juillet 1944, finalement, les Allemands vont mettre fin à cette aventure Vercors
23:57en lançant une attaque généralisée sur l'ensemble du massif du Vercors, donc sur son pourtour,
24:01mais aussi par une opération aéroportée à Bastieux en Vercors le petit matin du 21 juillet 1944.
24:07Donc le Vercors est attaqué par l'extérieur, mais aussi à l'intérieur, ce qui constitue
24:11la plus grande opération aéroportée qui a été menée par la Luftwaffe en 1944 en Europe occidentale.
24:17Entre 10 et 12 000 soldats qui sont mobilisés, face auxquels se trouvent 3 à 4 000 résistants
24:23tout au plus, faiblement armés, assez peu entraînés. Donc d'entrée de jeu, un combat extrêmement inégal.
24:29Et quand les combats s'engagent, effectivement, c'est une violence extrême. Le village est
24:33complètement anéanti. La plupart des personnes civiles qui rencontrent les troupes allemandes
24:37sont sommairement exécutées. La consigne avait été donnée de n'épargner personne à Bastieux,
24:42ni résistants évidemment, mais pas les habitants non plus, avec la volonté de faire aussi de Bastieux
24:49un exemple des exactions auxquelles s'exposaient les habitants qui apportaient un soutien trop actif
24:55à la résistance. Il y a un bilan humain extrêmement lourd, puisque les combats à Bastieux,
24:59c'est presque 200 personnes qui perdent la vie, dont 73 habitants.
25:06Il faudra attendre la fin du ratissage sanglant entrepris par les Allemands dans le secteur
25:10pour que des volontaires puissent accéder à Bastieux, près de trois semaines après le massacre.
25:15Ils vont alors regrouper tant bien que mal les cadavres éparpillés autour du village,
25:19puis entreprendre le pénible travail de recensement et d'identification.
25:24Le récit de l'un d'entre eux, Maurice Rouchy, est insoutenable.
25:30Plusieurs kilomètres avant d'arriver au village, une odeur fade de cadavres nous prend à la gorge.
25:35Les fermes commencent à apparaître, c'est-à-dire des morceaux de ruines.
25:39Elles ont été brûlées, détruites, saccagées. Partout traînent les pauvres hardes des paysans.
25:45Partout, des cadavres d'animaux que les Allemands ont souvent attachés dans les étables
25:49avant de livrer la ferme au feu. Le spectacle de ces lambeaux de chair est affreux.
25:59Les cadavres d'animaux de la ferme de l'île d'Azouz
26:04sont souvent retrouvés dans les établissements d'hôpitaux.
26:09Les cadavres d'animaux de la ferme de l'île d'Azouz sont souvent retrouvés dans les établissements d'hôpitaux.
26:14Les cadavres d'animaux de la ferme de l'île d'Azouz sont souvent retrouvés dans les établissements d'hôpitaux.
26:19Les cadavres d'animaux de la ferme de l'île d'Azouz sont souvent retrouvés dans les établissements d'hôpitaux.
26:24Le chemin d'accès aux hameaux de Valchevrières
26:29Le chemin d'accès aux hameaux de Valchevrières
26:34Nous sommes sur le chemin d'accès aux hameaux de Valchevrières, qui a été incendié ici par les troupes allemandes en juillet 1944.
26:39Le hameau n'était pratiquement plus habité, il y avait qu'une ou deux familles qui restaient avant les combats
26:44qui sont déroulées au-dessus du village.
26:49Finalement, les troupes allemandes qui ont réussi à percer les lignes de défense mises en place par la résistance
26:54ont incendié le village en juillet 1944.
27:12Valchevrières, c'est emblématique parce que ça a été un lieu, d'un point de vue stratégique,
27:17très important pendant les combats.
27:22Les troupes allemandes avaient investi dans un premier temps le Vercors Nord à partir du 21 juillet 1944 au Tram Méodre
27:27et c'est pareil pour les troupes aéroportées au sud du Vercors Avasieux.
27:32Et pour faire leur jonction, il n'y avait plus qu'une seule route qui était utilisable, la route de Valchevrières.
27:37Les Allemands s'engagent sur cette route jusqu'à la position défendue par les hommes du lieutenant Abel Chabal
27:42pour se battre avec un ratio de 1 pour 5.
27:47Ils résistent, repoussent l'ennemi le 22 juillet.
27:52Mais durant la nuit, les Allemands progressent sur les positions des résistants qui sont bientôt encerclées et retranchées au Belvédère de Valchevrières.
27:57C'est là, au Belvédère, où Chabal avait installé son poste de commandement.
28:02C'est en fait le dernier verrou qui saute avec la mort de nombreux chasseurs alpins lors de ces combats.
28:08Le 24 juillet, le village de Valchevrières est incendié.
28:13Probablement pour éviter le retour de Macky Zart ici, ou pour montrer sa présence.
28:18Sachant que le 23 juillet au soir, à 17h, l'ordre de dispersion est donné par le chef militaire du Vercors.
28:23Donc l'idée, c'est de se disperser par toutes petites unités et de regagner les vallées.
28:28Après, les Allemands vont effectuer un ratissage.
28:33Beaucoup de morts, beaucoup de victimes.
28:35Et ce ratissage va faire que parfois des hameaux, des maisons vont être incendiées pour éviter que Macky Zart puisse tout simplement y trouver un repli ou un lieu de refuge.
28:45C'était à Saint-Martin. Et puis, quand mon père m'a envoyé avec la famille à rejoindre le camp,
29:03quand on est montés au col du Rousset, j'ai vu des Allemands qui auraient pu nous tirer dessus.
29:10Ils nous avaient cernés. Ils avaient des armes qu'il fallait, nous pas.
29:19Puis des gens entraînés, plus que nos Macky Zart.
29:24De toute façon, il nous fallait des armes lourdes. Et du nombre.
29:33Il aurait fallu que si on avait eu mille hommes, chaque QA prenait cinq, six gars.
29:45Tout le monde aurait su vivre.
29:48Mais enfin, on ne pensait pas que ça allait se tourner au vinaigre comme ça s'est tourné pour nous, et puis pour bien d'autres Macky.
29:56J'ai perdu deux cousins, deux oncles, quatre chauffeurs, beaucoup d'amis, des jeunes, des gars de mandat, un an ou deux de plus.
30:09Un paquet, enfin, quelques-uns.
30:12Bon, c'est le prix à payer. C'est malheureux pour ceux qui y sont restés.
30:17Personne ne se prenait pour des héros. C'est sûr, ça.
30:22On subissait l'occupation allemande et puis on essayait de participer à notre libération, c'est tout.
30:34C'est le 15 août 1944 que les troupes alliées débarquent en Provence, forçant le repli des Allemands postés dans le sud-est de la France.
30:46Puis le 25 août, Paris est enfin libéré.
30:51Il faudra encore attendre l'année suivante pour que l'Allemagne capitule, le 8 mai 1945.
31:21Si la France pleure les trop nombreuses victimes de cette guerre, c'est aussi l'heure du retour des enfants du pays, emprisonnés ou enrôlés de force en Allemagne pour le service du travail obligatoire.
31:38Ils ont fait le serment que s'ils rentraient à Autran vivants, tous les cinq, ils érigeraient cette croix.
31:49Ils sont rentrés fin mai 1945, ils ont été libérés par les Américains.
31:54Donc comme ils sont rentrés tous vivants, dès l'année d'après, dès l'été d'après d'ailleurs, ils ont érigé la croix.
32:08Lorsque les Allemands sont arrivés le 21 juillet 1944 à Autran, tout de suite il y a eu un recensement de tous les hommes valides de 17 à 30, 35 ans.
32:21Certains comme nos parents sont partis en Allemagne, d'abord en camion puis en train, avec beaucoup de péripéties.
32:30Et ces cinq-là sont restés toujours ensemble, c'est-à-dire qu'ils étaient dans le même wagon, après en Allemagne ils ont travaillé dans la même usine,
32:46ils étaient dans le même baraquement, dans la même chambre pendant dix mois de captivité.
32:54Ils étaient des travailleurs forcés, ils n'avaient rien à manger, ils avaient une soupe le soir, c'était plus de l'eau qu'un bouillon, ils n'avaient rien à manger.
33:06Mon père a perdu 25-30 kilos en dix mois, les autres, pareil, ils sont revenus, ils n'étaient pas en très bon état.
33:17Il y a eu un esprit de solidarité à tous les cinq qui a duré toute leur vie, ils ont été franchement très copains toute leur vie.
33:29Ils jouaient à la blotte souvent ensemble et là-bas c'était le départ d'une longue amitié, donc très solidaire et c'est peut-être pour ça qu'ils sont tous revenus.
33:46Je les ai réunis une fois, tous les quatre, parce que M. Gamon, Marcel Gamon, lui est décédé très tôt, on ne l'a pas connu, on ne l'a pas connu, on ne se souvient pas.
34:01Je les ai réunis tous les quatre et je les ai questionnés un après-midi et ils m'ont raconté, il y avait des rires, il y avait des larmes.
34:16C'est un territoire qui est griffé de toute façon, il y a des héros mais il y a aussi des martyrs, il ne faut pas oublier que la victime la plus jeune a 18 mois et que la plus âgée a 92 ans.
34:29Donc forcément il y a des stigmates, on a peut-être parfois eu tendance un peu à oublier que des enfants de dix ans ont vu des choses absolument abominables, qu'on ne devrait pas voir quand on a dix ans.
34:40Bien sûr ça se transmet dans la génération, il y a des douleurs absolument improbables qui sont encore très présentes dans certaines familles, où on frôle certains secrets de famille finalement avec tout ce qui s'est passé.
34:51Donc oui, ce territoire est griffé, il est marqué, bien sûr il y a des héros mais il y a aussi eu beaucoup de martyrs.
35:10Dès le lendemain de la guerre, le Vercors entreprend un travail mémoriel très fort pour rendre hommage aux nombreuses victimes et communes frappées par le conflit.
35:21Le territoire va se reconstruire autour de multiples stèles, croix, monuments aux morts.
35:27C'est ainsi entre autres que vont voir le jour les nécropoles de Saint-Nizier-du-Moucherotte et Vassieux-en-Vercors.
35:35Saint-Nizier est une commune médaillée de la Résistance, ça mérite d'être souligné, il n'y a que 18 communes médaillées de la Résistance en France.
35:44Médaille de la Résistance qui a été attribuée à la commune par le général de Gaulle lui-même.
35:51La particularité du cimetière national qui est à Saint-Nizier, là où il est implanté, ça a été les premiers combats du Vercors le 13 juin 1944.
36:00Et là il y avait des jeunes qui étaient là et qui se sont battus et qui sont tombés pour nous.
36:05Ça représente rien que ça, juste ça, mais c'est tellement énorme qu'il n'y a pas besoin d'en dire beaucoup plus, ça veut juste tout dire.
36:17Il y a d'autres communes sur le territoire du Vercors que je dois citer comme la Chapelle-en-Vercors qui est aussi une commune médaillée de la Résistance.
36:24Et bien évidemment, quand on parle de Résistance, on pense à Vassieux-en-Vercors qui a un grade au-dessus en tant que compagnon de la Libération,
36:34avec les drames qui se sont déroulés sur la commune de Vassieux-en-Vercors.
36:54Le fait que la commune de Vassieux-en-Vercors soit admise dans l'ordre de la Libération, ça dit aussi quelque chose de la notoriété que le Vercors acquiert très rapidement dès la fin de la guerre,
37:22avec un exemple tout à fait marquant, figure en une du monde, le bombardement américain sur Hiroshima et Nagasaki et le Vercors résistant,
37:34puisque Vassieux venait de recevoir la Croix de la Libération.
37:38Donc voilà, rapidement, dès la fin de la guerre, le Vercors en général, et Vassieux en particulier, vont occuper une place de choix dans l'histoire de la Résistance française.
37:52...
38:14Dès la fin de la guerre, il y a régulièrement des camions entiers d'habitants de la région qui viennent à Vassieux en pèlerinage
38:21voir ce qu'il s'est passé, alors que le village n'est pas encore reconstruit, mais qui montent voir de leurs propres yeux ce qu'il s'est passé ici.
38:28Et ce tourisme de pèlerinage va rapidement se transformer en tourisme mémoriel, et ce tourisme mémoriel va s'appuyer sur deux lieux majeurs.
38:36Le musée de la Résistance, qui est créé en 1973 par Joseph Lapicirella, et 20 ans plus tard par le mémorial de la Résistance, qui est une impulsion politique du plus haut sommet de l'État,
38:48et qui sont deux sites, le musée et le mémorial, qui portent vraiment l'histoire du Vercors résistant.
38:53...
39:00Ce mémorial a été voulu par l'Association nationale des pionniers combattants volontaires du Maïkid du Vercors,
39:05association qui existe encore de nos jours, dans la continuité de la construction des deux mécropoles qu'il y a dans le Vercors, donc après 1947 et 1948 pour Vassieux en Vercors.
39:14...
39:16L'idée c'était de faire un monument pour rendre hommage, d'une manière très solennelle, aux martyrs et aux combattants du Vercors, aux victimes civiles et aux victimes combattantes du Vercors.
39:26...
39:28Donc nous sommes ici dans le premier espace du mémorial qui représente, d'une manière très symbolique, la France des années noires, à travers plusieurs scénettes, dont celle de la montée au Maïkid.
39:38...
39:47Le bâtiment s'articule autour de la montagne, c'est-à-dire du Maïkid, là où nos jeunes combattants sont venus se réfugier dans un premier temps, là où ils ont combattu, où ils ont rencontré des véritables frères d'armes, là où ils ont perdu également.
39:59Donc en fait le mémorial vient se lever contre la montagne, il ondule autour de la montagne, il respecte les courbes de niveau.
40:04C'est aussi pour ça que le toit a été végétalisé, ce qui à l'époque était particulièrement rare.
40:08A nouveau c'est pour se fondre dans la végétation et cette position de hauteur, c'est aussi pour, on surveille, on est aux affûts de l'arrestation des combats.
40:18Donc tout dans ce mémorial respire la symbolique en fait des combattants et des combattantes.
40:24Cet endroit dans le mémorial c'est peut-être un de mes préférés parce qu'en fait il présente le parcours de résistantes et de résistants, ce qu'ils étaient avant la guerre, pendant la guerre et parfois après la guerre.
40:50Donc en fait ici nous avons toute une diversité de personnes qui ont tout simplement fabriqué du pain pour les maquisards, jusqu'à des militaires de carrière avec un rôle très important au niveau de la résistance nationale,
41:00qui sont venus dans le Vercors pour encadrer ces jeunes gens et pour faire de ces maquis des exemples en fait pour l'ensemble des maquis du sud-est de la France.
41:09On a évidemment Jean Moulin mais qui va côtoyer par exemple un boulanger qui pétrit le pain pour les maquisards qui est mort pendant les combats.
41:21Vous avez Odette Malossane, infirmière à l'hôpital du Maquis qui a été déportée et qui est morte à Ravensbrück.
41:29Voilà c'est tout un ensemble de portraits en fait qui forment la diversité, la mosaïque du Vercors résistant.
41:39La mémoire de la résistance s'entretient également à travers des lieux emblématiques comme le camp C3 à Autran qui abritait une trentaine de maquisards entre le refuge de Gèves et la cabane d'Ecarto.
41:50Les dernières pierres de cette abri s'apprêtaient à disparaître à tout jamais.
41:54Mais c'était sans compter sur quelques passionnés d'histoire et curieux de leur territoire.
42:00Alors elle s'appelle la cabane d'Ecarto, c'est le lieu dit, la prairie là-haut, la petite clé qui s'appelle l'Ecarto.
42:08Curieusement ça n'apparaît pas sur les cartes IGN.
42:12C'était un camp de résistants pendant la seconde guerre mondiale de mi-juin 1943 à la libération.
42:19Et je me suis mis en tête de trouver cette cabane.
42:22Je l'ai trouvée, j'ai trouvé les ruines, le pari fou est parti.
42:27Et puis bon après on y est remonté, on a pris quelques mesures, on a fait quelques devis.
42:33On a fait faire quelques devis et là ça nous a donné le tournis quoi.
42:37Donc on a créé une association, la cabane 44.
42:40L'idée c'était aussi de la reconstruire à l'identique, telle qu'elle était sur les photos qu'on avait.
42:52Musique
43:13La reconstruction était très rapide, on a mis même pas un an.
43:17On a commencé en avril 2023 et fin octobre c'était terminé.
43:21En gros on a eu neuf journées complètes de travail sur place.
43:25Sachant qu'il fallait compter une heure pour monter à pied avec le matériel sur le dos.
43:29C'était plutôt un abri qu'une vraie cabane.
43:31La cabane aujourd'hui est terminée, donc elle est ouverte.
43:34Il n'y a pas besoin de réserver ni d'avoir une clé.
43:37Aujourd'hui on est sur un chantier plus historique.
43:40On a retrouvé des photos de groupes de résistants.
43:45L'idée c'est de remettre un nom sur chaque visage.
43:54À partir du moment où les derniers résistants ont disparu,
43:57aujourd'hui c'est notre génération qui vient.
44:03Et si nous on ne le fait pas, les jeunes, c'est pas péjoratif, ils ont d'autres soucis.
44:10Il faudra tomber sur un historien spécialiste de la résistance qui va s'occuper de ça.
44:17Ça se réduit.
44:19Donc il faut le faire maintenant, sinon après on va oublier.
44:23Et si on oublie, ça va recommencer.
44:39Vermont, Louis.
44:42Jourdan, Marcel.
44:45Bouyane, Louis.
44:47Morts pour la France.
44:51Pascal, Alphonse.
44:53Thomas, Marie.
44:55Morin, Anaïs.
44:57Morts pour la France.
45:02On voit les erreurs qui se sont produites sur le territoire du Vercors.
45:06Il est évident qu'on n'en parle pas avec joie et avec enthousiasme.
45:09Les jeunes que nous étions, on savait que le grand-père ou la grand-mère étaient là.
45:14Il fallait leur tirer un peu les verres du nez pour se dire
45:17« Tiens, un tel m'a dit que ce jour-là, il s'était passé ça à tel endroit,
45:21mais toi t'étais où ? Qu'est-ce que t'avais fait ? Est-ce que tu t'en rappelles ? Est-ce que tu t'en rappelles pas ? »
45:25Donc voilà, ça a toujours été des épisodes.
45:28Rares sont ceux qui parlaient de cela de manière fluide et naturelle.
45:33Alors, ça a été plus le cas là, ces toutes dernières années,
45:37peut-être par une prise de conscience des derniers anciens qui ont vécu cette période-là,
45:42en se disant « On a ce devoir peut-être de mémoire.
45:47Et ce qui n'a pas été dit peut-être à une certaine période,
45:50là maintenant il faut le dire parce qu'on est les derniers à être là, à avoir vécu ça.
45:53Et c'est important pour nos jeunes générations d'avoir des informations sur ce qui s'est déroulé.
45:59Allons au vent de la patrie, le jour de gloire est arrivé.
46:07Contre nous de la tyrannie, l'étendard semblant est levé.
46:15L'étendard semblant est levé.
46:19Entendez-vous nous, dans les campagnes,
46:23Vigiler ces féroces soldats ?
46:27Ils viennent justement pour toi,
46:31Et d'engeler nos fils, nos compagnes,
46:34Aux armes, citoyens,
46:38Pour les bataillons,
46:42Maréchaux,
46:46Que sang impur,
46:49Envers nos sillons !
46:58Le bilan de la guerre est tragique dans le Vercors.
47:01Plus de 800 morts, dont 201 civils,
47:0341 déportés, 573 maisons et fermes détruites.
47:08Malgré l'héroïsme dont ont fait preuve les résistants,
47:12le territoire est exsangue.
47:14Certains villages ne sont plus qu'un amas de ruines.
47:20La reconstruction, c'est un phénomène massif.
47:22Il va falloir reconstruire le monde au sortir de la Seconde Guerre mondiale.
47:25Il va aussi falloir reconstruire la France
47:27et reconstruire le Vercors et Bassu en particulier.
47:30Il va d'abord falloir déminer le village
47:33pour pouvoir réellement reconstruire,
47:35c'est-à-dire retirer, faire tout un travail préparatoire,
47:38démolir les bâtiments qui ne peuvent plus être récupérés.
47:41Il fallait impérativement que ça soit raccord
47:44avec les enjeux urbains de la reconstruction.
47:47Donc on est dans quelque chose d'extrêmement massif
47:49qui s'impose au territoire
47:51et qui fait totalement table rase du passé.
47:54Ce qui explique qu'on a aujourd'hui très peu de vestiges de Bassieu avant-guerre.
47:57La plupart des maisons ont été reconstruites.
48:00Donc un plan de village nouveau.
48:02Quand on compare l'architecture des maisons avant-guerre
48:07et l'architecture des maisons reconstruites,
48:09on voit de profondes différences,
48:11avec évidemment une forme de modernisation.
48:15La quasi-totalité des habitations de Saint-Nizier ont brûlé.
48:18C'est la raison pour laquelle après tout a été reconstruit.
48:21Donc quand on se promène un peu dans Saint-Nizier,
48:24alors maintenant Saint-Nizier ce n'est plus une commune de 300-400 habitants,
48:27c'est une commune de 1200,
48:29mais quand on regarde toutes les anciennes maisons et les fermes,
48:32entre autres en l'occurrence,
48:33la quasi-totalité des fermes sont des fermes de la reconstruction.
48:36Dans beaucoup d'anciennes maisons qui ont été reconstruites,
48:39on voit des meubles similaires de partout.
48:41Ce sont les meubles que tous les anciens ont sur Saint-Nizier.
48:46Ce sont les meubles de la reconstruction.
48:48C'est entre autres des vaisseliers ou des armoires
48:53qui avaient été fournis par l'État à l'époque.
48:56Ces meubles-là sont des meubles de la reconstruction.
48:59C'est l'État qui finançait.
49:00Après, région par région,
49:04ils avaient missionné différents corps de métier.
49:08En l'occurrence, pour ce qui est de l'ameublement,
49:11c'était à priori une usine qui était basée aux environs de Grenoble.
49:16Il y avait mission de faire des vaisseliers en série
49:19pour remeubler toutes ces maisons de la reconstruction en même temps.
49:28Pour l'aider à se relever et financer sa reconstruction,
49:30le Vercors va également bénéficier du don suisse,
49:33un fonds créé par le Conseil fédéral Helvète
49:36dans la lignée de sa tradition humanitaire.
49:38C'est sous l'impulsion d'une femme, Juliette Le Sage,
49:41que le Vercors se verra attribuer cette dotation pendant des années.
49:46C'est une combattante du sud du Vercors qui a été de la Drôme,
49:50qui a été blessée lors des combats les armes à la main
49:53et qui a été soignée à l'hôpital du Maquis.
49:55Cette dame est revenue dans le Vercors au départ des troupes allemandes
49:58et elle a constaté que beaucoup de hameaux,
50:00beaucoup de villages avaient été détruits
50:02avec des populations civiles qui avaient été massacrées.
50:05Et en fait, comme elle a des contacts avec la Croix-Rouge,
50:08parce qu'elle travaillait avant-guerre pour la Croix-Rouge,
50:11elle se rend à Genève pour demander de l'aide.
50:13Cette action va mettre en route ce qu'on appelle le don suisse
50:16pour la reconstruction du Vercors.
50:18Du coup, c'est aussi grâce à elle, combattante du Vercors,
50:21qu'il se retrouve en Suisse et ce don suisse
50:23va donner beaucoup de choses pour la reconstruction des villages.
50:26Ils vont tout d'abord envoyer des pansements,
50:28des bas de laine pour les enfants, des jouets,
50:30des manuels scolaires parce qu'il fallait aussi reconstruire.
50:33Il fallait penser aux enfants qui allaient faire
50:35la France et le Vercors de demain.
50:37C'est aussi pour ça qu'ils ont beaucoup basé sur l'enfance,
50:40sur les enfants qui avaient vu des choses absolument abominables
50:44et que c'était à eux de préparer l'avenir.
50:46Et pour préparer l'avenir, on va à l'école avec des manuels scolaires.
50:50Tout le Vercors connaît la reconstruction.
50:53Le Vercors, mais également ses piémons, le Royan, la Gervane,
50:57qui avaient subi également les combats et les bombardements.
51:00C'est vraiment un phénomène important qui va profondément marquer
51:03et transformer la physionomie du Vercors tel qu'on le connaît aujourd'hui.
51:13En plus des déchirures laissées par la guerre et des villages à reconstruire,
51:17c'est toute l'activité économique du Vercors qu'il fallait repenser, réinventer.
51:22Et c'est en grande partie grâce au tourisme
51:24que la transformation s'est opérée peu à peu.
51:27En misant sur les vertus réputées de son climat, sa forte valeur patrimoniale
51:31et en s'appuyant sur l'esprit d'innovation d'hommes et de femmes
51:34qui ont su s'adapter aux enjeux de chaque nouvelle époque.
51:39S'il demeure un sanctuaire de mémoire, un territoire griffé par l'histoire,
51:43le Vercors a su renaître plus fort, plus fier
51:46et mérite sans conteste son surnom de forteresse.
52:27Le Vercors, c'est l'histoire de l'Histoire.

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