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Transcription
00:00Finalement, on a les mêmes problèmes quand on veut l'annoncer à sa famille, à son cercle d'amis.
00:04Moi, j'avais un grand nombre, j'avais une centaine de personnes à qui je devais faire un commun.
00:08À la fin, j'en avais marre.
00:09Moi, j'ai découvert il y a 20 ans à peu près, quand Internet a vraiment débarqué,
00:13qu'il y avait enfin du contenu aussi.
00:15Et encore, je n'ai pas compris que j'étais trans.
00:17C'est une question que je me posais 20 fois par jour.
00:20J'étais, quand j'ai fait l'annonce à tout le monde, j'étais encore un homme, plus ou moins.
00:24C'est en sortant du foyer familial que j'ai commencé à de plus en plus me féminiser.
00:30On a fait la transition à peu près dans les mêmes années.
00:34Donc finalement, on avait les mêmes informations.
00:37Après, c'est sûr que j'ai eu plus d'informations plus jeune.
00:40Moi, les réactions, elles ont été assez positives.
00:43En général, les parents, par exemple, sont des parents avant tout.
00:46Ils savaient très bien qu'ils refusaient de garder un enfant.
00:50Moi, j'étais un peu, d'une certaine manière, le genre idéal.
00:54Marié avec des enfants, une entreprise, tout était parfait.
00:59Sauf que pour moi, c'était loin d'être parfait.
01:03Il me manquait quelque chose d'essentiel.
01:04J'ai eu quand même des réactions négatives au départ.
01:06On m'a dit que j'étais égoïste.
01:07On m'a dit que je ne pensais qu'à moi, etc.
01:10On m'a dit, mais il faut que tu nous laisses du temps.
01:12Et moi, je répondais, je n'ai plus le temps.
01:14Moi, j'ai 60 ans, je n'ai plus le temps.
01:16Je n'ai plus le temps d'attendre.
01:18Quand on est un homme et qu'on devient une femme,
01:19on est un peu des traîtres à notre genre.
01:21Oui, mais du coup, c'est...
01:23Là, tu as raison, parce que le mot trahison,
01:26c'est quelque chose qui vient tout de suite.
01:28Pour nous, c'était difficile, au contraire, de rester dans le secret.
01:30Et que ce n'est pas du tout une trahison,
01:31c'est qu'on se protégeait et on protégeait les autres aussi.
01:34Avec ma femme, je savais que je risquais aussi de la perdre.
01:37Et que c'était compliqué pour moi.
01:38En ayant fait ma transition, on va dire au début de ma carrière,
01:42honnêtement, j'ai galéré à avoir un poste.
01:44J'ai un poste qui est en dessous de mon niveau d'études,
01:48et en étant une femme transgenre,
01:49on ne me donne clairement pas les postes à responsabilité
01:51auxquels je pourrais prétendre.
01:52Moi, j'ai quitté l'entreprise, j'étais dans le milieu du bâtiment.
01:55Ce n'est pas un milieu qui est particulièrement ouvert.
01:57Ça ne veut pas dire que tout le monde est fermé, bien sûr,
01:59mais on pourrait penser qu'à l'époque,
02:02être le patron et devenir la patronne de la boîte,
02:04ce serait simple, mais non.
02:06Je ne me sentais pas du tout de rester à ma place.
02:09J'ai ouvert un restaurant, alors j'avais les moyens de le faire.
02:12Donc ça, c'était une chance.
02:13Je pense que c'est compliqué à tout âge, de toute manière.
02:15Ça, c'est sûr à certains.
02:16La difficulté, quand on le démarre tard,
02:17c'est que les dégâts, le physique, il est là.
02:23Et pour le modifier, c'est beaucoup plus compliqué.
02:26Ça sera forcément moins efficace que quand on a 20 ans.
02:29J'ai vraiment basculé à 60 ans,
02:31donc je n'allais pas effacer comme ça,
02:34d'un coup de crayon, d'un coup de gomme, toute ma vie d'avant.
02:38Donc j'ai bien existé.
02:39Chez moi, à la maison, il y a des photos de moi en mec.
02:42J'avais quand même une vie qui était quand même pas malheureuse non plus.
02:46Elle n'était pas parfaite, parce que je n'étais pas moi.
02:47J'ai été Nicolas pendant quand même, on va dire presque 30 ans.
02:51J'ai beaucoup d'amour pour ce petit garçon que j'étais,
02:54qui a fait preuve de courage dont je ne pensais même pas capable, si vous voulez,
03:00et qui m'a permis d'être la femme que je suis aujourd'hui.
03:03Par contre, ça demande tellement d'efforts,
03:05ça demande tellement de souffrance et de sacrifice
03:08que c'est vrai que, par contre, même si je n'ai pas du tout honte
03:12ou que je ne refuse absolument pas de dire comment je m'appelais avant, par exemple,
03:16en revanche, qu'on m'appelle encore par mon dead name ou par les mauvais pronoms,
03:21ça a tendance à m'agacer, surtout quand c'est fait sciemment.
03:25En fait, dans beaucoup de choses,
03:26je me ressens plus proche de la génération de mes parents
03:29que de la génération qui est juste derrière moi.
03:31En plus, j'étais en Provence très reculée,
03:34je n'étais pas à Paris, et moi, l'image de la femme transgenre,
03:37alors que je suis moi-même trans,
03:38c'était vraiment, grosso modo, la prostituée au bois de boulogne.
03:41Et je me disais que je n'avais que cette voie-là pour m'en sortir si je passais le pas.
03:45Les jeunes d'aujourd'hui ont accès à...
03:47Enfin, je veux dire, il y a les réseaux sociaux, il y a vraiment tout ça.
03:50Ne serait-ce que ne pas se poser la question au sein de sa famille,
03:53déjà, c'est énorme, c'est énorme et c'est beau à voir, ça soulage.
03:59Moi, je suis très heureux que ça se passe mieux quand même pour les jeunes,
04:01même si, de toute façon, ça reste compliqué.

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