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L'UE face à Trump : loi du talion ou négociation ?

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00:00Bienvenue dans Les Informer de l'Europe, votre rendez-vous du dimanche sur France
00:12Info pour décrypter l'actualité européenne.
00:14Elle est encore riche cette semaine.
00:16Bonjour François Boddenet.
00:17Bonjour Benjamin.
00:18Bonjour à tous.
00:19Rédacteur en chef de la rédaction européenne de France Télévisions, on s'interroge aujourd'hui
00:22sur la façon dont l'Union Européenne doit riposter aux 20% de droits de douane imposés
00:27par Donald Trump aux pays européens.
00:29Et pour cela, nous avons deux invités François.
00:30Oui, nos deux informer de l'Europe sont Patrice Moyon, reporter et chroniqueur au quotidien
00:36Ouest France et Romain Gueniot, journaliste chef du service Tech Media, alors tech comme
00:41nouvelle technologie, au quotidien Les Echos.
00:44Alors que va faire l'Union Européenne face au séisme économique, commercial, financier
00:49aussi déclenché par les droits de douane de Donald Trump ? Pour l'instant, elle
00:53semble tâtonner François.
00:54Oui, elle tâtonne, elle hésite.
00:55Elle ne sait pas si elle doit répondre avec la loi du talion, vous savez, œil pour œil,
01:00dent pour dent, ou si elle doit faire peur, au contraire, de souplesse et négocier avec
01:04Washington.
01:05Ça sera sûrement d'ailleurs un peu des deux à la fois parce que l'Allemagne et
01:08l'Italie, les deux pays qui sont les plus touchés par les droits de douane américains
01:12sont aussi ceux qui se montrent les plus réticents sur une riposte forte vis-à-vis des Etats-Unis.
01:18Et à Bruxelles, la Commission européenne affûte ses armes avec beaucoup de prudence.
01:22Valérie Astruc est notre correspondante sur place.
01:26Négocier les armes à la main en espérant ne pas les dégainer.
01:30Côté bâton, la Commission envisage de frapper là où ça fait mal, comme taxer les géants
01:34américains du numérique problème l'Irlande qui les héberge est réticente, ou bien taxer
01:40les flux financiers qui partent aux Etats-Unis.
01:43Côté carottes et parallèlement, la Commission va soumettre aux Américains une liste de
01:48concessions et de points négociables comme acheter plus de gaz naturel liquéfié, de
01:53matériel militaire américain ou abaisser les barrières douanières européennes sur
01:58les voitures américaines.
02:00Quant au calendrier, cela prend du retard.
02:02Les contre-mesures aux premières taxes sur l'acier aluminium devraient entrer en vigueur
02:07mi-avril.
02:08Fin avril, la riposte aux taxes de 25% sur l'automobile et ensuite seulement viendraient
02:14les mesures de rétorsion aux annonces américaines de cette semaine.
02:18Un diplomate l'assure, cela va être chaotique, on entre dans un autre monde.
02:24Valérie Astruc à Bruxelles, alors pour bien comprendre notre débat du jour, il faut rappeler
02:28je crois que la réaction européenne ne peut venir que de Bruxelles et pas de Paris ou
02:32de Berlin.
02:33Pourquoi ? Parce que le commerce est ce qu'on appelle une compétence exclusive de l'Union
02:37Européenne.
02:38Les Etats ont délégué ce droit à l'Union Européenne, c'est donc Ursula von der Leyen
02:42qui doit décider ce que l'Europe doit faire.
02:45Alors évidemment, elle le fera avec l'accord des Etats membres, mais c'est à elle que
02:49cela revient.
02:50D'où la difficulté d'ailleurs de la chose.
02:52Et puis deuxièmement, puisque nous allons parler de négociations entre Bruxelles et
02:56Washington, il faut savoir qu'il y a actuellement des discussions entre l'administration américaine
03:00et je dirais l'administration européenne, mais que jamais pour l'instant Ursula von
03:05der Leyen n'a pu parler à Donald Trump, ça en dit long, sur le mépris que Donald
03:10Trump nourrit justement vis-à-vis de l'Union Européenne.
03:13Il y a donc plusieurs types de ripostes possibles pour l'Union Européenne, avec des lignes
03:17de fracture au sein même des 27.
03:20Patrice Moyon, quels sont les pays qui sont pour une réponse plutôt dure et ceux qui
03:25au contraire se montrent prudents ?
03:26Deux éléments de réponse.
03:28D'abord sur la scène internationale, les Chinois n'ont pas tardé à répliquer en
03:31portant leurs douanes vers les Etats-Unis à 34%.
03:36Ils ont mis 16 entreprises américaines sur une liste noire et limité les exportations
03:40de 7 métaux stratégiques.
03:42En Europe, l'Europe doit parler d'une seule voix, mais il y a plus que des nuances entre
03:49les différents pays de l'Union Européenne.
03:51L'Allemagne et la France sont pour l'instant sur une ligne plutôt dure, l'Italie sur
03:55une ligne plutôt de négociation, un pays comme l'Irlande effectivement a de forts
04:00intérêts sur le plan économique, donc serait prêt à négocier.
04:04Donc il va falloir que Ursula von der Leyen arrive à trouver une position commune et
04:11ne tarde pas trop parce qu'effectivement les Etats-Unis sont quand même en position
04:14de force.
04:15C'est vrai que Romain Gueniot aussi, une Europe qui pourrait taper là où ça fait
04:20mal, taxer les services numériques, en clair les GAFAM, les Google, Amazon, Meta et autres.
04:25Le New York Times croit savoir d'ailleurs que Bruxelles s'apprêterait à infliger
04:29une amende d'un milliard de dollars à X, le réseau social propriété d'Elon Musk.
04:34C'est vrai ?
04:35Pour être honnête, je n'ai pas confirmation de cette information, mais ce qui est sûr
04:38c'est que des enquêtes sont en cours à Bruxelles, elles visent les géants de la
04:41tech américain, comme X, mais aussi Meta, Apple et Google, et donc que des amendes
04:46pourraient tomber.
04:47Ces enquêtes ont été lancées après l'adoption de nouvelles règles en 2023, qui visent à
04:52lutter contre la désinformation, la diffusion de contenu haineux en ligne, mais aussi à
04:56limiter la domination de ces géants sur l'économie numérique.
04:59Et ces règles font clairement partie des armes de l'Europe, et elles pourraient s'en
05:03servir, soit en accélérant ces enquêtes, soit en utilisant justement ces règles et
05:08les amendes potentielles comme un moyen de négociation avec l'administration Trump,
05:11puisque les amendes peuvent quand même séduire jusqu'à 6% du chiffre d'affaires de ces
05:13groupes.
05:14L'autre possibilité, et on l'entendait dans le reportage, c'est de taxer davantage
05:18les géants du numérique.
05:19Plusieurs responsables politiques l'ont évoqué, en France, en Allemagne, il faut
05:23rappeler que l'Europe c'est quand même un marché essentiel pour ces géants, c'est
05:26quasiment un quart de leur revenu.
05:27Un impôt spécial avait déjà été créé d'ailleurs, la taxe GAFAM si vous vous souvenez,
05:32elle pourrait être augmentée.
05:33Le problème c'est que tous les pays ne l'appliquent pas, et il n'y a pas vraiment d'harmonisation
05:37au sein de l'Union sur le sujet fiscal.
05:38On parle d'Elon Musk justement, qui a eu une déclaration hier en Italie, qui a dit
05:43espérer une zone de libre-échange entre l'Europe et l'Amérique du Nord, complètement
05:47à contre-courant des déclarations de cette semaine à la Maison-Blanche, comment on peut
05:51l'interpréter ça ?
05:52Je crois qu'Elon Musk peut-être se rend compte effectivement que la politique des
05:57droits de douane, la guerre commerciale qui a été enclenchée, est aussi un peu compliquée
06:02pour lui-même, pour ses entreprises, il faut rappeler que c'est le patron de Tesla, le
06:05patron de SpaceX, le patron de Vix, il a des intérêts économiques très très importants,
06:09et on a vu ces dernières semaines, ces derniers mois, par exemple, que Tesla était en grande
06:13difficulté, que les ventes s'effondraient, et qu'il se rend compte qu'il a peut-être
06:17des problèmes pour lui aussi.
06:18Ses intérêts économiques parlent, Patrice Moyon ?
06:21Ses intérêts économiques parlent, oui certainement, et puis maintenant il faut voir comment l'Union
06:26européenne va réagir.
06:27Est-ce qu'elle peut frapper au portefeuille les secteurs les plus stratégiques pour les
06:32Américains aujourd'hui en Europe, parce que le déficit commercial entre l'Union européenne
06:37et les Etats-Unis n'est pas si élevé, en revanche l'avantage des Etats-Unis, ils portent
06:41sur les services, ils portent aussi sur les banques, donc l'une des solutions ce serait
06:45effectivement de taxer les services numériques, et même peut-être par exemple, une des possibilités
06:50ce serait de taxer les enchères numériques, vous savez que les grandes entreprises numériques
06:55américaines sont en position de quasi-monopole sur le marché européen, et ce qui ferait
06:58une source de revenus pour les différents pays de l'Union européenne.
07:01Pour contre-attaquer, François, l'Union européenne dispose aussi d'un instrument
07:05un peu mystérieux, en tout cas par son nom, qui n'a jamais été utilisé, c'est l'instrument
07:10anti-coercition, est-ce qu'on peut rappeler de quoi il s'agit ?
07:12Alors effectivement, l'instrument anti-coercition a été mis sur pied on va dire en 2023, jamais
07:19utilisé, en fait ce qui s'est passé c'est suite à ce qui s'est passé en 2021 avec
07:23la Lituanie, la Lituanie a eu un conflit avec la Chine, la Lituanie avait ouvert une représentation
07:30de Taïwan dans son pays, Pékin était très en colère et du coup les relations commerciales
07:36avaient été coupées, et la petite Lituanie, c'est un tout petit pays, s'est retrouvée
07:39tout seul face aux géants chinois, et donc suite à ça les Européens se sont dit il
07:44faut faire quelque chose, il faut que dans ce cas-là, ou dans d'autres cas, ce qui
07:48est en train de se passer avec les Etats-Unis, il faut qu'il y ait une réaction possible
07:51de l'ensemble de l'Union européenne, d'où cet instrument, effectivement le nom
07:55n'est peut-être pas très bien choisi parce que c'est un peu technique, mais instrument
07:58anti-coercition, et en fait c'est, à Bruxelles on présente ça comme le bazooka
08:03législatif, en fait c'est une arme de dissuasion, le problème d'ailleurs c'est
08:08que c'est une arme de dissuasion, c'est-à-dire que normalement l'arme de dissuasion,
08:11on ne l'utilise pas, elle est faite pour ne pas être utilisée, pour faire peur,
08:14pour que les autres, et là on voit qu'on est attaqué, et que donc peut-être ça intervient
08:18un peu tard, en fait de quoi il s'agit, ça peut être des réponses en termes de
08:25droits de douane, voilà, ça peut être aussi le fait de fermer par exemple les
08:28marchés européens, les marchés publics européens aux entreprises
08:33américaines dans le cas présent, ça peut être aussi, on l'a déjà évoqué,
08:37et bien taper sur les GAFAM, sur le numérique, donc vous voyez l'échantillon
08:43est assez large, la question qui va se poser c'est de savoir si l'Europe aura le
08:47courage de faire ça, vraisemblablement ce qui va se passer c'est que, en tout cas
08:51Ursula von der Leyen, elle a l'air de vouloir plutôt favoriser la négociation
08:54et c'est uniquement si jamais la négociation ne fonctionnait pas qu'on
08:58pourrait peut-être envisager ça. Et je reviens sur ce que vous avez commencé à
09:02évoquer, Patrice, voyons les banques, restreindre l'accès des banques
09:05américaines en Europe, est-ce que ça, ce ne serait pas une partie de la solution ?
09:07Ben ça fait partie de l'arsenal, c'est pas la seule solution en fait, ce qu'il faut
09:11c'est que la réponse de l'union européenne elle doit être extrêmement
09:15ciblée, c'est à dire faire le plus de mal possible pour créer un rapport de
09:18force, mais essayer de limiter au maximum les inconvénients pour les
09:22européens, donc c'est vraiment quelque chose d'extrêmement subtil dans la
09:26réponse parce qu'il faut quand même que le rapport de force soit suffisant pour
09:30que les américains reculent, or pour l'instant Donald Trump ne semble pas
09:32décidé à reculer. Et c'est faisable facilement ? C'est possible, techniquement
09:36l'Europe dispose de tout l'arsenal réglementaire pour répondre aujourd'hui
09:40aux Etats-Unis. Merci Patrice Moyon, Romain Gueniot, vous
09:43restez avec nous, on poursuit ce débat sur la façon dont l'Europe peut répondre aux
09:47Etats-Unis à cette guerre commerciale lancée par Donald Trump dans la suite
09:51des informés de l'Europe après le fil info de 9h50 avec Yann Ferchix.
09:54Une attaque de missiles sur Kiev au cours de la nuit, elle a déclenché des
09:58explosions et des incendies, au moins trois personnes ont été blessées, d'autres
10:02tirs de missiles ont été constatés depuis le nord de l'Ukraine en réaction
10:05de l'armée polonaise dite avoir débuté des opérations dans son espace aérien.
10:09La mobilisation des soutiens de Marine Le Pen cet après-midi près des
10:13Invalides à Paris, six jours après sa condamnation à cinq ans d'inéligibilité
10:17dans l'affaire des assistants d'eurodéputés FN, ils veulent faire
10:20entendre leur colère, Marine Le Pen prendra la parole tout comme le maire de
10:23Perpignan, Louis Alliot, lui aussi condamné dans ce dossier et contre
10:27manifestation prévue place de la République toujours dans la capitale à
10:31l'appel des Verts et de la France Insoumise de son côté, le parti
10:34Renaissance est en meeting à Saint-Denis, meeting prévu là de longue date.
10:38Un sommet trilatéral sur Gaza pour Emmanuel Macron, ce sera lors de son
10:42déplacement en Égypte demain et mardi, le chef de l'état se réunira avec son
10:46homologue égyptien fatal Sisi ainsi que le roi de Jordanie.
10:49Le début du Masters Mill de tennis de Monte-Carlo avec deux français à
10:53l'affiche aujourd'hui, Giovanni Ampecci Pericard et Richard Gasquet, Richard
10:58Gasquet bientôt 39 ans, qui mettra fin à sa carrière dans un mois et demi à
11:02Roland-Garros.
11:05France Info. Les informés de l'Europe, François
11:11Baudonnet, Benjamin Fontaine. La deuxième partie des informés de
11:16l'Europe ce matin avec vous Romain Gueniot et Patrice Moyon, reporter
11:21chroniqueur au quotidien Ouest France. Romain Gueniot, vous êtes journaliste en
11:24chef du service TechMedia au quotidien Les Echos. On évoque la façon dont
11:29l'Europe peut répliquer à la hausse des droits de douane imposés par Donald
11:31Trump. Alors justement, mi-avril Bruxelles va dévoiler une liste de
11:35produits américains qui auront des droits de douane plus importants. C'était
11:38une réponse déjà annoncée il y a quelques semaines pour répondre aux 25%
11:42de droits sur l'acier et l'aluminium notamment. Le bourbon n'y figure pas.
11:46Pourquoi ? Je crois que c'est pas tout à fait tranché encore. Il y a encore des
11:50négociations en cours. L'exemple du bourbon est très intéressant parce que
11:54c'est un symbole fort. C'est un alcool américain par excellence. Il est notamment
11:58produit dans le Kentucky, un état qui a toujours voté Donald Trump.
12:01Donc c'est aussi pour ça que Bruxelles l'avait ciblé comme l'un des produits
12:05à taxer dans son premier paquet de mesures de rétorsion. Et Trump n'avait
12:08pas du tout apprécié, souvenez-vous. Il avait menacé de taxer à 200% en retour
12:12tous les alcools européens. Ça avait créé vraiment une panique dans le secteur.
12:15Finalement c'est la taxe de 20% qui devrait s'appliquer, comme tous les autres
12:19produits. Mais pour le secteur des vins et des spiritueux, qui est déjà pas très
12:22en forme, c'est beaucoup. Les Etats-Unis sont quand même le premier marché à
12:26l'exportation pour les alcools européens. C'est environ 8 milliards d'euros, dont la
12:30moitié pour la France. Donc ça risque de coûter très cher. Alors pour le bourbon,
12:33les négociations sont en cours normalement. Et la filière demande
12:37effectivement qu'on retire le bourbon de la liste des produits à taxer pour
12:41éviter justement cette escalade. Donc on verra dans quelques jours si ça marche.
12:44Autre point, François Bodonnet, pour Amadou et Donald Trump. Est-ce qu'il n'est pas
12:48choquant de proposer aux Etats-Unis de leur acheter plus d'armes alors qu'au
12:51même moment, justement, l'Europe essaie de se désintoxiquer finalement de
12:55l'armement américain ?
12:56C'est une très mauvaise idée. C'est une très très mauvaise idée. C'est d'ailleurs
13:00assez incompréhensible. Ça tombe effectivement au moment, et on l'a vu, on
13:05en a parlé souvent ici, où l'Europe justement essaye donc de se réarmer et
13:09de se désintoxiquer, vous l'avez très bien dit, de l'armement américain. En fait
13:14aujourd'hui, quand l'Europe achète des armes à l'extérieur de l'Europe, c'est
13:19quasiment à 65%, 66%, quasiment les deux tiers aux Etats-Unis.
13:23Donc si on allait dire aux Etats-Unis, bah écoutez, soyez gentils avec nous
13:28parce qu'on va vous acheter vos armes, ça ne va pas du tout. Ça montre d'abord une
13:31grande faiblesse, je crois, de l'Europe. Ensuite, ça prouverait que la Commission
13:35européenne ne sait pas où elle veut aller, puisque vous avez d'un côté un
13:39commissaire européen au commerce et de l'autre un commissaire européen à la
13:43défense qui ne dirait pas la même chose. Et puis en plus, de toute façon, je crois
13:46que c'est aussi ne pas comprendre le fonctionnement européen, parce qu'aujourd'hui
13:49ce n'est pas la Commission européenne qui décide où les armes vont être achetées,
13:53même si, par exemple, vous savez, il y a un prêt de 150 milliards d'euros
13:57qui devrait servir à acheter des armes et l'idée c'est que 65% de cet argent
14:04serve justement à acheter des armes européennes.
14:08Mais de toute façon, ça ne se passe pas véritablement comme ça. Ce sont les
14:10Etats membres qui décident. Alors on voit, par exemple, que le Portugal
14:13récemment a dit, ah ben finalement, peut-être mes avions, je ne vais peut-être pas les
14:17remplacer par des F-35 américains, peut-être plutôt par des avions
14:20européens. Mais en tout cas, les décisions sont prises dans les capitales européennes.
14:23Donc ça serait une très très mauvaise idée et ça serait un très mauvais signal
14:26envoyé à Washington.
14:27Mais Patrice Moyon, est-ce que la solution pour l'Union européenne, ce ne serait pas
14:30finalement de se détourner des Etats-Unis et de chercher de nouveaux partenaires économiques,
14:34commerciaux ?
14:35Alors c'est une des perspectives. Il faut savoir que les Etats-Unis représentent 15%
14:39à peu près des échanges mondiaux, sans doute plus avec les chaînes de valeur.
14:44Donc pour l'Union européenne, effectivement, ça relance l'idée d'ouvrir de nouveaux
14:48marchés. Alors parmi les accords controversés qui sont en cours de finalisation, il y a
14:55bien sûr le Mercosur qui permettrait d'ouvrir le marché des pays d'Amérique du Sud.
15:00Mais il y a aussi des négociations actuellement en cours avec des pays comme la Thaïlande,
15:05les Philippines. Alors l'Australie, ça coinçait. Et puis ce qu'il faut voir, c'est que sur
15:08la scène asiatique, aujourd'hui, paradoxalement, on voit la Chine, le Japon et la Corée relancer
15:14des discussions pour un accord de libre-échange. Donc on pourrait avoir sur le plan commercial
15:20dans le monde des Américains très isolés et les Européens ont effectivement intérêt
15:24à diversifier aujourd'hui leurs accords commerciaux.
15:27Et justement, Romain Gueniot, est-ce que l'autre solution, finalement, ce ne serait pas de
15:31baser la croissance européenne sur l'Europe, tout simplement ?
15:34Je suis d'accord avec vous, Benjamin. On a trop tendance à oublier notre propre puissance
15:38économique. L'Union européenne, c'est quand même le premier marché au monde avec 450
15:42millions d'habitants, des grandes entreprises qui sont championnes dans leur secteur, un
15:47tissu de PME très riche. Et les premiers clients des pays européens sont d'ailleurs
15:51souvent des pays européens. On peut prendre l'exemple de la France. Huit de nos dix
15:54premiers partenaires économiques sont des pays européens, avec l'Allemagne en premier
15:57évidemment, et les deux autres sont la Chine et les Etats-Unis. Mais on ne peut évidemment
16:01pas vivre en autarcie au sein de l'Union. Il y a des services et des produits qu'on
16:04ne fabrique pas ou en très faible quantité. On a parlé plutôt des services numériques
16:09par exemple. Nous n'avons pas réussi à construire un Google, un Microsoft ou un Netflix
16:12européen et notre déficit commercial avec les Etats-Unis dans le numérique est gigantesque.
16:17Après, cette crise peut aussi servir de sursaut pour l'Europe. Dans le numérique, il y a
16:21une nouvelle révolution qui est en marche, celle de l'intelligence artificielle. Et
16:25nous avons dans ce domaine des acteurs qui comptent, comme le français Mistral. Alors,
16:29une des réponses à la guerre commerciale, ça peut être par exemple d'utiliser davantage
16:32Mistral et le chat. Mistral qui fait de l'intelligence artificielle. Plutôt que Penea et Chadjibuti.
16:36Oui, ça peut être une solution, effectivement. François, pour terminer, est-ce que la Chine,
16:40qui est elle aussi très fortement taxée par Donald Trump, ne va pas chercher finalement
16:44à nous vendre ses invendus ? Est-ce qu'on ne va pas voir déferler de la marchandise
16:49chinoise en Europe après ces droits de douane ?
16:50C'est un risque énorme parce que la Chine, nous on pleure parce qu'on est taxé à 20%,
16:55mais la Chine est taxée à 54%. Donc, c'est absolument énorme.
16:59Elle a répliqué rapidement d'ailleurs. Elle a répliqué rapidement. Elle a mis
17:02une riposte à 34% sur les produits américains. Mais effectivement, où va-t-elle vendre maintenant
17:08ses produits, ses vêtements par exemple, ses jouets, son électroménager ? Evidemment,
17:13elle va être tentée de les vendre en Europe. Donc, c'est un risque évidemment pour les
17:19Européens. Et à la fois, je dirais, on connaît très bien ce risque parce qu'évidemment,
17:23ça fait plusieurs décennies maintenant qu'on est, je dirais, sous le feu de cette bataille
17:28commerciale avec la Chine. Donc, il y a des enquêtes par exemple qui sont en cours, des
17:32enquêtes en anti-dumping, en particulier par exemple sur les véhicules électriques.
17:36Donc oui, il y a un risque énorme. Et à la fois, il a été anticipé. Et puis l'Europe,
17:42globalement, elle sait faire avec les Chinois.
17:44Donc, on verra effectivement comment ce marché se répand ensuite en Europe. Ce sera à observer
17:50dans les prochaines semaines, les prochains mois évidemment. Merci François. Merci Patrice
17:54Moyon, reporter et chroniqueur au quotidien. West France, Romain Gueniot, journaliste,
17:58chef du service TechMedia au quotidien, Les Echos. Merci d'avoir été avec nous pour
18:02les informer d'Europe. Cette émission est à retrouver en podcast sur franceinfo.fr.
18:05Très bon dimanche. L'info continue sur France Info.

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