Bruno était enfant lorsqu’il est arrivé à l’institut Sainte-Croix de Riaumont (Pas-de-Calais) au début des années 1990. Cet Aixois de 45 ans raconte y avoir essuyé les coups de Philippe Vedovini, le grand-père du petit Émile, qu’on appelait alors "Frère Philippe".
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00:00Il passait dans un couloir, de toute façon, il suffisait qu'on soit en train de rigoler et machin.
00:03Vous parlez de quoi les branleurs ? Et bam, on s'en prenait une gratuite.
00:06Il y a un an, suite à la médiatisation de la disparition puis de la mort d'Emile,
00:17ressortait dans les médias une affaire impliquant Philippe Bedovini, le grand-père du petit garçon,
00:22auditionné en 2018 en tant que témoin assisté pour des faits de violences physiques.
00:26De 1991 à 1994, le grand-père d'Emile était éducateur dans la communauté de Riomont,
00:31un pensionnat catholique connu pour sa rigueur et sa fermeté.
00:35Selon plusieurs témoignages, Philippe Bedovini aurait été l'un des encadrants à la main lourde,
00:39mais n'avait pas été mis en examen par les enquêteurs,
00:41même s'il avoue avoir donné quelques gifles, coups de poing et coups de pied.
00:45Bruno était l'un des pensionnaires de Riomont à cette époque,
00:47et se souvient de celui que l'on appelait à l'époque frère Philippe,
00:51l'un des plus violents encadrants selon lui.
00:53C'était l'un de celui qu'on ne voulait surtout pas croiser dans les couloirs,
00:58en fin de journée ou après avoir pris la douche ou quoi,
01:01quand il fallait rentrer dans les chambres,
01:03il valait mieux ne pas le croiser lui s'il était de garde,
01:06parce qu'il était très très mauvais.
01:08On pouvait être trois ou quatre, soit c'était le coup de pied au cul,
01:12soit c'était la claque qui arrivait derrière,
01:14ou des fois être chopé en disant devant les collègues,
01:17il est sympa votre collègue et tout,
01:19en nous frottant la tête, en sachant qu'on avait les crânes rasés.
01:23Toutes les semaines, donc ça gratuitement,
01:25c'était pas parce qu'on avait fait des bêtises,
01:26sa spécialité c'était le coup de pied de toute façon,
01:29dès qu'on entendait la souteinte se lever, on savait que ça allait tomber.
01:31Des fois des patates dans les épaules,
01:33parce qu'il voulait pas viser, il mettait pas de patates dans les visages,
01:36il voulait pas que ça se voie.
01:37Mais les claques derrière la tête ça se voit pas,
01:39il s'en foutait que ça soit un enfant de 7 ans, que ça soit un gamin de 15 ans,
01:42garde de chaume quoi, il est là comme si on était des prisonniers chez lui quoi.
01:45Je m'étais plaint à ma mère qui me tapait,
01:48donc du coup ma mère avait appelé le père Aragouache pour lui dire,
01:50oh votre collègue, il faut qu'il se détende un peu,
01:52mon fils c'est pas un punching ball.
01:54Le père Aragouache forcément lui a fait une brimade,
01:56il est revenu me voir, il m'a remis une volée.
01:58La prochaine fois que tu te plains à ta mère, ça sera double.
02:00J'avais des petits copains aussi,
02:02qu'on voyait, ça nous arrivait de se voir en dehors de Réaumont,
02:05les week-ends ou quoi, les parents se rejoignaient,
02:08et on parlait de ça,
02:09ah ouais toi aussi ton fils s'est fait frapper, bah par lequel ?
02:11Bah frère Philippe.
02:13Putain mais Julien vient de me dire pareil,
02:14frère Philippe il est allé à Malaise, il nous tape comme ça gratuit,
02:17et du coup les parents étaient montés au créneau,
02:19mais c'est passé comme si vous aviez pissé dans un melon.
02:23Ce passé tumultueux, et sa réputation d'homme violent avec sa famille,
02:26font de ce patriarche de 59 ans,
02:28le coupable idéal dans l'affaire de la mort de son petit-fils.
02:31Malgré tout, il est important de rappeler qu'aucun lien n'a été établi
02:34entre l'affaire de Réaumont et celle de la mort d'Émile,
02:37et qu'à l'heure actuelle,
02:38Philippe Védovigny n'a été mis en examen dans aucune d'entre elles.