A 19 ans, il vient de parcourir 5.000 kilomètres à pied et sans argent, "par amour du contact humain"
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00:00Ici Bourgogne, dès votre réveil, ici matin.
00:06Il y a ceux qui font le tour du monde en avion avec un bon paquet d'économies et puis il y a ceux qui le font à pied.
00:11Et sans argent, l'invité d'ici matin appartient à la seconde catégorie.
00:14Thibault Lolieu, originaire de Sornay en Saône-et-Loire, revient d'une aventure extraordinaire.
00:19Il va vous la raconter.
00:20Un an de voyage a compté uniquement sur la solidarité des gens pour atteindre son objectif.
00:25L'Islande en passant par l'Angleterre, l'Irlande, l'Ecosse.
00:28Il est rentré mercredi et il est déjà dans les studios d'ici Bourgogne.
00:31Avec vous, Arnaud Racapé.
00:32Bonjour Thibault.
00:33Bonjour Arnaud.
00:34Bonjour Rémi, également votre papa qui est là avec nous en studio.
00:38Thibault, on a une première question très simple.
00:40Pourquoi ? Qu'est-ce qui vous est passé par la tête le 11 mars 2024 quand vous êtes parti,
00:45quand vous quittez la maison, quand vous quittez la famille ?
00:48Eh bien j'avais déjà ce projet en tête depuis tout petit, depuis que j'avais 15-16 ans.
00:52Et j'attendais vraiment que ça de partir, voilà.
00:54Pourquoi ? Parce que j'aime la rencontre humaine.
00:57Je pense que c'est la base dans la vie, c'est la rencontre avec l'humain.
01:01Et j'avais envie de l'expérimenter, de plus j'aimais la marche.
01:04Donc j'ai assemblé les deux et je me suis dit pourquoi pas partir
01:07avec l'objectif de rallier l'Islande dans un premier temps.
01:10Et c'est ce que j'ai fait, je suis parti, voilà.
01:12Je n'ai pas cherché à remettre le lendemain, je me suis dit on y va et on verra.
01:15On réagit comment quand on est le papa, Rémi ?
01:18On est inquiet au départ.
01:20Ouais.
01:21Et puis on ne veut pas qu'il parte comme ça.
01:25Vous avez essayé de le dissuader ?
01:26Ouais, bien sûr, bien sûr.
01:28J'ai vraiment essayé de l'empêcher de le faire au départ.
01:32J'étais inquiet, moi.
01:34Et alors il vous a convaincu comment ?
01:36Il ne m'a pas laissé le choix.
01:38C'est pour ça qu'il est parti à 18 ans.
01:39Parce qu'au départ, à 16 ans déjà, il voulait le faire.
01:42Je l'ai retenu pendant deux ans.
01:45Alors je lui disais quand t'auras 18 ans, on verra.
01:49À un moment, il a fallu assouplir.
01:51À 18 ans, il est parti.
01:53L'idée, Thibaut, de partir comme ça sans argent, c'est pour pimenter le truc ?
01:57Ou bien vraiment pour l'idée de se prouver que l'humain est encore là et que ça peut fonctionner ?
02:03Alors d'un côté, il y a pour montrer qu'il reste de l'humanité dans ce monde.
02:07Et autour de nous surtout.
02:09Parce que quand on est dans la société actuelle, on ne se rend pas compte.
02:12On croit qu'il n'y a pas d'humanité.
02:14Mais quand on sort un petit peu, qu'on va voir ailleurs, il y a beaucoup d'humanité.
02:17Sans argent.
02:18Parce que l'argent, c'est quelque chose qui revient souvent dans la vie de tous les jours.
02:21Et j'ai voulu faire sans.
02:22Me dire, allez, on oublie cette question d'argent et on part.
02:25Et ça a marché ? La générosité des gens était là au rendez-vous tout le temps ?
02:28Il y a de la générosité de partout.
02:30Y compris en France ?
02:31En France.
02:32On a tendance à se dire, les Français...
02:33Non, les Français sont très accueillants.
02:35Tout autant que les Allemands, les Irlandais, les Tchèques.
02:38Les Français sont vraiment très accueillants.
02:40Si on vous demande de choisir un ou deux moments particuliers,
02:43ou une ou deux rencontres particulières pendant ces mois de voyage,
02:46vous choisiriez ?
02:48Je choisirais une fille qui s'appelle Hélène,
02:50que j'ai rencontrée en Bretagne, en Ille-et-Vilaine,
02:52qui m'a hébergé cinq jours chez elle.
02:54Elle était congolaise.
02:55Et elle a fait un petit documentaire sur moi.
02:57Et elle m'a accompagné sur le long de la côte bretonne.
03:00Et même le premier jour où je suis arrivé en Angleterre,
03:03elle a pris un billet.
03:04Le lendemain, elle m'a rejoint.
03:05D'accord, sympa.
03:06Thibaut, vous ne marchez pas sur l'eau.
03:08Vous avez fait comment pour traverser la Manche sans envant ?
03:11J'ai fait du bateau-stop.
03:12C'est-à-dire, on va vers un port.
03:14On demande aux bateaux si on peut aller avec eux pour l'Angleterre.
03:18Ce n'est pas facile, parce qu'il faut aller dans les bonnes saisons.
03:21Et moi, je suis arrivé début avril.
03:22Ce n'était pas les bonnes saisons en Bretagne.
03:24Ils m'ont dit, va à Cherbourg.
03:25Et du coup, moi, je suis allé à Roscoff.
03:27Et ça a marché tout de suite ?
03:29Non, j'ai attendu deux semaines à Saint-Malo.
03:32Et de là, j'ai marché à pied jusqu'à la frontière du Finistère,
03:35vers Roscoff, où j'ai tombé.
03:37A l'inverse, vous avez forcément connu des moments compliqués,
03:40de doute, de solitude.
03:42Là, qu'est-ce qui ressort ?
03:43Là, ce n'est pas facile.
03:45On se dit, est-ce que ça va marcher ?
03:46Surtout après 15 jours à Saint-Malo.
03:48Je me suis dit, ça fait quand même un peu long.
03:51Il y avait des gens qui me disaient,
03:53pourquoi tu ne prends pas un billet ?
03:54C'est simple, tu arrives en Angleterre.
03:55Et moi, je voulais vraiment le faire.
03:56Donc, j'ai persisté.
03:57Il y a des moments où on marche dans le vide.
03:59On se dit, où on va ?
04:00Est-ce que ça va marcher ?
04:01Il fallait juste y croire.
04:02Et en fait, pas forcément trop chercher.
04:05Se laisser marcher, guider.
04:07Et en fait, c'est au moment où on ne s'y attend pas que ça marche.
04:09Donc, il n'y a pas eu vraiment de crainte,
04:11de doute de votre côté ?
04:12Ah si, il y en a eu quand même pas mal.
04:14Ça a fini par marcher en tout cas.
04:16Il est 7h48, l'invité de la rédaction d'Issi Bourgogne.
04:19C'est un jeune homme de 19 ans
04:20qui vous raconte son incroyable voyage à pied.
04:22On le disait, votre objectif, Thibaut, c'était l'Islande.
04:25Ça ne s'est pas fait, pourquoi ?
04:26Ça ne s'est pas fait parce que moi,
04:27je voulais aller en avion stop en Islande.
04:29L'avion stop, c'est comme le bateau.
04:31L'avion, c'est plus difficile.
04:32Surtout qu'il faut trouver un avion privé.
04:34Il y a une assurance derrière.
04:35Les gens ont très peur.
04:36J'étais au nord de l'Ecosse, à l'extrême nord,
04:38en face des Shetlands, des îles ferrouées.
04:40Et j'ai attendu 45 jours à l'aéroport.
04:42Voilà.
04:4345 jours, et au bout de 45 jours,
04:45vous avez dit non, monsieur, ça ne va pas être possible ?
04:47Exactement.
04:48Ils m'ont refusé l'aéroport.
04:50Je m'étais disputé avec un des employés
04:52parce que je trouvais qu'ils ne faisaient pas assez d'efforts
04:54pour me trouver un avion.
04:56Et de là, c'était décembre, il faisait froid dans le nord.
04:58Alors j'ai dit, allez, peut-être qu'on va redescendre
05:00sur Amsterdam et découvrir l'Allemagne.
05:02D'accord.
05:03Donc là, vous faites Danemark, Allemagne, Prague, c'est ça ?
05:06C'est ça, on va dire.
05:07D'accord.
05:08Avant de rentrer, c'est ça ?
05:09De Prague jusqu'à chez moi.
05:10Ok.
05:11Vous avez une idée du nombre de kilomètres
05:12que vous avez fait à pied ?
05:135 000.
05:145 000, c'est beaucoup.
05:15Peut-être plus, mais 5 000, c'est sûr.
05:17Vos limites physiques, vous les avez atteintes ?
05:20Oui.
05:21J'atteins mes limites.
05:22Que ça soit marcher tous les jours,
05:24ou des fois marcher sans avoir quelque chose dans le ventre.
05:27Parce que des fois, ce n'est pas facile.
05:29Des fois, on ne traverse rien de la journée.
05:32Dormir mouillé dans la tente, dormir sous les moins 9 degrés,
05:35ce n'est pas facile tous les jours.
05:38Vous gardiez le contact avec la famille régulièrement ?
05:40Oui.
05:41Rémi, c'est bon, vous confirmez ?
05:42Super.
05:43Très souvent.
05:44Ça m'a vraiment fait plaisir,
05:45parce qu'il a vraiment assuré ce côté-là.
05:48Il a toujours communiqué, chaque jour.
05:52Vous me disiez, hors studio,
05:54vous me disiez, j'avais plus de nouvelles,
05:56c'est-à-dire qu'il était loin,
05:57que quand il était à la maison.
06:01Et maintenant, Thibault, on se pose la question,
06:03c'est quoi la suite pour vous ?
06:04Vous êtes rentré mercredi,
06:06est-ce qu'il y a un grand vide ?
06:07Il y a un grand vide déjà.
06:08Ou au contraire, c'est le champ des possibles qui s'ouvre ?
06:12Alors, les rêves font la courte échelle aux rêves,
06:14comme on le sait.
06:15Là, je me pose, je vois de la famille,
06:17je sais que je repars en mai, jusqu'à juillet.
06:20Pour moi, sans connexion, sans internet,
06:23je pars en Ardèche,
06:24et dans le Puy-de-Dôme,
06:25juste pour moi, pour me relaxer avec ma tante,
06:27rencontrer des gens forcément,
06:29mais juste pour quitter un peu tous ces réseaux,
06:31parce que c'est quand même quelque chose,
06:32tous les jours, de partager,
06:33partager un moment,
06:34on a envie de se déconnecter,
06:35et de respirer un moment.
06:36Après ça, bien sûr,
06:37il y aura des autres voyages qui vont arriver,
06:39je pense surtout à 2026,
06:40avec un très gros projet qui me tiendra à cœur,
06:42dont je vous prépare certainement,
06:44parce qu'il est très gros aussi.
06:45Très loin ?
06:46Très loin aussi.
06:47D'accord.
06:48Bon, le rendez-vous est pris.
06:49Merci beaucoup à vous deux
06:50d'avoir fait le déplacement
06:51depuis la Saône-et-Loire jusqu'à nous.
06:53J'imagine que pour vous Thibaut,
06:54la Saône-et-Loire jusqu'à Dijon,
06:56c'est un trajet acceptable,
06:57vu ce que vous avez fait.
06:58C'était pas trop l'aventure.
06:59Bonne continuation en tout cas,
07:00bonne Ardèche,
07:01et à bientôt.
07:02Merci beaucoup.
07:03Attention Thibaut,
07:04n'allez pas à Gaston Gérard ce soir
07:05avec ce maillot.
07:06Non, vous inquiétez pas.
07:07Après, je serai bien bien.