Le quadruple champion du monde de snowboard freeride nous explique les particularités d'un run, du comptage des points jusqu'au décryptage de ses tricks préférés.
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00:00Chaque saut est vraiment différent, et c'est ça qui fait aussi la technicité de notre sport.
00:07On repère une face aux jumelles d'en face, et ensuite il faut y aller et réaliser ce qu'on a imaginé de la bonne façon.
00:21Donc un run de freeride, on est noté sur 100, donc de 0 à 100, et on a une porte de départ et une porte d'arrivée.
00:27Quand on part de la porte d'arrivée, on part à 50 points, et en fonction de ce qu'on arrive à exécuter, on gagne des points ou on perd des points.
00:34Par exemple, on saute une barre de 10 mètres, on gagne peut-être 20 points, alors que si on fait une figure, peut-être que ces points doublent aussi, on peut gagner peut-être 40 points.
00:43Si on passe à côté d'un module et qu'on lévite, on perd des points, on perd peut-être 10, 15 points.
00:50Si on fait une erreur, on perd peut-être 15, 20 points en fonction de la chute.
00:54Tout ça s'additionne, et on arrive à une note quand on passe la ligne d'arrivée.
00:59Donc les critères qui sont pris en compte par les juges, le plus important c'est le wow effect.
01:03Il faut réussir à surprendre les juges, et c'est là où au final tu as une super note.
01:08Mais après les critères principaux sont la vitesse, la créativité, la difficulté, l'engagement, la taille des jumps, le freestyle, air handstyle, donc tout ce qui est figure.
01:21Chaque fois qu'on fait une compétition, on fait un run, mais on n'a qu'un run et on ne l'a jamais fait avant.
01:26On arrive la veille de la compétition, on se met en face de la montagne, on repère avec des jumelles, on reçoit aussi des photos de la face de l'organisation, on étudie, et on est forcément attiré par des sauts qu'on a envie de faire.
01:39Après le but c'est de les relier et d'en faire un maximum si possible, mais qu'ils soient le plus gros possible et le plus impressionnant.
01:46Une fois qu'on a repéré une ligne, on la dessine un peu sur des photos, sur le téléphone, on aime bien tous faire ça.
01:52On la visualise, donc on s'imagine en train de la rider, on s'imagine comme si un drone nous filmait et on se voit de l'extérieur la faire.
02:01On essaie aussi d'anticiper les émotions, le stress qu'on va avoir, le bruit qu'il y aura, etc.
02:07Pour se mettre vraiment dans les meilleures conditions.
02:10Une fois qu'on est au start, comme si on l'avait déjà fait, et qu'on ait juste appuyé sur un bouton play, c'est parti.
02:18Le but c'est que ça se passe comme prévu, mais ce n'est pas toujours facile.
02:22Le backflip, c'est une figure super classique et qui en freeride est super propice pour ce sport et super agréable.
02:37Il faut bien se laisser sortir, bien bord à plat, et ensuite dès qu'on est en l'air, on commence à regarder gentiment derrière.
02:45On ouvre un peu les bras, on profite, on attend, et on se prépare pour la réception.
02:50On ramène les jambes au dernier moment, et paf, on replaque et c'est parti, on continue.
02:55La technique c'est d'être bien sur ses appuis, être un bon rider, bien bas, bien popé, en l'air être bien groupé et gainé.
03:04Et à la réception, on anticipe, on s'agrandit un peu et on amortit au mieux possible l'impact.
03:09Pour moi, ce qui est le plus facile, c'est de passer une barre rocheuse en 3-6 back.
03:13C'est ce que je fais souvent en compétition, parce que je sais que j'arrive sur mes appuis, je suis bien, je pop, je tourne la tête,
03:20et puis là je fais un 3-6, du coup la barre fait un peu moins peur, parce que quand on tourne, on ne voit pas tout.
03:25Et puis je suis bien au-dessus de mes appuis avant de réceptionner, donc pour moi c'est un moyen assez facile.
03:31On a toujours des surprises, et c'est ça qui est fou avec notre sport.
03:34On essaie d'anticiper comment va être la neige, quelle taille va faire la barre rocheuse, etc.
03:38Du coup, on se prépare, mais il faut aussi être prêt à rider avec le flow, l'instinct.
03:44On peut arriver devant une barre rocheuse, au dernier moment, on voit que par exemple, il n'y a pas assez de pop,
03:49ou il y a un petit caillou qui dépasse, et là, il faut être capable de se dire,
03:52ah ben non, je ne le fais pas, ce n'est pas comme j'avais prévu, ce n'est pas raisonnable, ça ne va pas fonctionner.
03:56Ce sont des petites décisions qui se passent super rapidement, et le but c'est de faire un run le plus fluide possible,
04:01sans qu'il y ait trop d'hésitation, qu'il soit visible par le spectateur.