Droits de douane de Donald Trump : l'Europe doit-elle riposter ?

Sud Radio

Les Vraies Voix avec Frédéric Rouanet, président du Syndicat des vignerons de l'Aude ; Frédéric Gueguen, viticulteur et vice-président de la Fédération de défense de l'appellation Chablis.  Retrouvez Les Vraies Voix avec Cécile de Ménibus et Philippe David  du lundi au vendredi de 17h à 20h sur #SudRadio. --- Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry   ———————————————————————  ▶️ Suivez le direct : https://dai.ly/x8jqxru 🎧 Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/   ———————————————————————  🔴 Nous suivre sur les réseaux sociaux 🔴  ▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel  ▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/  ▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio  ▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr  ———————————————————————  ☀️ Et pour plus de vidéos des Vraies Voix : https://youtube.com/playlist?list=PLaXVMKmPLMDRB7z8JrbG9LyNtTmhxaU-a   ##LE_GRAND_DEBAT_DES_VRAIES_VOIX-2025-04-03##

Transcript

00:00Les vraies voix sud-radio, le grand débat du jour.

00:22Si nous étions attaqués sur des sujets commerciaux,

00:25l'Europe, comme une puissance qui se tient, devra se faire respecter et donc réagir.

00:38Tous les économistes sont d'accord pour dire que c'est une catastrophe.

00:44Les marchandises européennes taxées à 20% aux Etats-Unis, Emmanuel Macron réunit en ce moment même les secteurs concernés à l'Elysée.

00:50Les alcools français redoutent un recul des exportations de 800 millions d'euros.

00:54Alors, parlons vrai. Pensez-vous que les conséquences en France vont être importantes pour l'économie et pas seulement pour les alcools ?

01:00Et à cette question droite-doigte de Trump, l'Europe doit-elle riposter ?

01:04Bizarrement, vous dites non à 56%.

01:07Alors, quand on vous frappe la joue droite, vous tendez la joue gauche ?

01:10Ou vous voulez faire œil pour œil, dent pour dent ?

01:12Venez nous le dire au 0826 300 300.

01:15Frédéric Guéguen est avec nous, viticulteur, vice-président de la Fédération de Défense de l'Appellation,

01:20Chablis, et Frédéric Rouanet, président du Syndicat des Vignerons de l'Aude.

01:24Merci d'avoir accepté notre invitation, chers messieurs.

01:28D'abord, on va exceptionnellement les faire peut-être réagir.

01:32Vous puissiez commenter.

01:34Frédéric Guéguen, 20%.

01:37L'impact, même si on le disait tout à l'heure, c'est un moindre mal par rapport aux 200 qui étaient annoncés,

01:42mais 20%, ça va quand même faire reculer le marché.

01:46Pour les producteurs de Chablis notamment, qui sont des vins plutôt haut de gamme quand même.

01:49Effectivement, nous sommes dans une moyenne gamme.

01:52On touche justement la clientèle des consommateurs moyens,

01:56et l'inflation que cela va provoquer va toucher la classe moyenne américaine,

02:00qui sont plutôt les consommateurs des vins de Chablis.

02:03On serait sur les grands vins de Bourgogne, les grands Bordeaux, qui se vendent très cher,

02:06et qui touchent une plaque déjà aisée.

02:0820% de taxe supplémentaire ne va pas changer grand-chose.

02:12Nous, effectivement, on risque d'avoir un impact,

02:16puisque nos importateurs vont certainement répercuter une partie de la hausse vers les consommateurs,

02:21et on peut s'attendre à une baisse.

02:23Néanmoins, il y a 4 ans, lorsqu'il y avait déjà eu une taxe de la part de Donald Trump,

02:28nous n'avions pas ressenti vraiment de baisse sur le marché américain.

02:31Donc j'ai envie de rester, comment dire, optimiste.

02:34On met le cap au sud, direction l'Aude.

02:36Frédéric Rouanet, vous êtes président du syndicat des vignerons de l'Aude.

02:39Vous avez la même approche, vous qui êtes peut-être plus concurrencés par les vins du Nouveau Monde,

02:44comme, je ne sais pas, le Chili, l'Argentine, l'Afrique du Sud, l'Australie,

02:48qui sont peut-être moins taxés que l'Europe par Trump.

02:52Nous, on sait très bien l'impact que ça va avoir,

02:56puisque nous l'avons vécu au premier mandat de Trump.

03:00Donc oui, ça va vraiment avoir un impact.

03:04Ça a eu lieu il y a 7 ans en arrière, maintenant je crois, ou 6 ans.

03:09Et malheureusement, ça avait fait baisser les ventes,

03:14parce qu'une hausse de prix d'un produit amène toujours à une perte de volume.

03:21Une perte de volume de ventes.

03:23Voilà.

03:24Philippe Biliger.

03:25On a l'impression que c'est un sujet d'abord d'une immense monopolie mondiale,

03:31ou d'un jeu de massacres et de cirons chers,

03:36et pourtant c'est extrêmement grave,

03:38même si je ne suis pas le plus compétent pour parler de cela.

03:42Mais vous étonniez, Philippe, tout à l'heure,

03:45de la faible majorité qui avait l'air de ne pas souhaiter des rétorsions.

03:53Peut-être est-elle très attentive au fait que des analyses en France

03:58ont été faites parfois par des experts

04:01qui disaient qu'il fallait faire attention

04:04de ne pas tomber dans une rétorsion trop dure,

04:08parce que l'Europe et la France s'y perdraient.

04:11Je mets un point d'interrogation au bout de cette phrase.

04:14Éric Reuvel.

04:15Je pense que c'est une réponse de bon sens en réalité, Philippe.

04:20Parce que comme Trump a montré qu'il n'y avait pas de limite,

04:23si votre décision en Europe c'est d'augmenter les droits de douane,

04:28il y a d'autres méthodes que je vais expliquer.

04:30Mais d'augmenter les droits de douane sur les produits américains,

04:32Trump peut très bien, dans 15 jours, vous faire un nouveau jour de la libération,

04:36reprendre un nouveau tableau en disant

04:38« vous m'avez recollé ça, je vous recolle ça ».

04:40Le président de la République, tout à l'heure,

04:42dans son intervention à l'Élysée, a estimé,

04:45je ne sais pas comment ils ont fait le calcul,

04:47que dans un premier temps, ça allait coûter 2 points de PIB aux États-Unis.

04:51Un point de PIB aux États-Unis, c'est 290 milliards de dollars.

04:54Le PIB américain, c'est 29 000 milliards de dollars.

04:58Nous, c'est 3 000 milliards.

05:01Donc 2 points de PIB, ça ferait 580 milliards de dollars immédiatement,

05:06avec l'application de ces droits de douane aux États-Unis.

05:09Parce que quand vous allez importer des pièces,

05:11par exemple qui rentrent dans la construction des voitures,

05:13ça va augmenter le prix des voitures.

05:15Parce que ces pièces viennent de l'extérieur.

05:17Donc il y a le sujet pour Trump et l'économie américaine,

05:21qui n'est pas du tout tranché.

05:23Et il y a aussi l'idée, et celle-là je la défends,

05:26que pour une fois, puisque c'est une compétence européenne de Bruxelles,

05:30les mesures qui vont être mises en application à partir de la mi-avril,

05:34puis à la fin du mois d'avril, décidées par l'Europe,

05:37ce ne sera peut-être pas des droits de taxes supplémentaires,

05:40pour les raisons que j'évoquais.

05:41Ce sera ce qu'on appelle une contrainte coercitive,

05:44qui est une technique européenne qu'on peut appliquer,

05:47qu'on n'a jamais appliquée, et qui a précisément deux chemins.

05:50Le premier, c'est d'interdire à un pays des investissements

05:53de ses banques ou de ses fonds d'investissement.

05:55Ça pourrait s'appliquer aux Etats-Unis.

05:57Et le deuxième moyen, c'est d'interdire

06:00tous les marchés publics européens aux entreprises américaines.

06:04Et ça, ce n'est pas une augmentation des lois de douane,

06:06mais ça peut, alors ça ne fera pas fléchir Trump,

06:08mais ça peut avoir un impact.

06:10Pour ceux qui commandent des F-35, ça va être compliqué dans ces cas-là,

06:13parce que là, c'est qu'ils ne peuvent plus les commander.

06:15Moi je pense que ce ne seraient pas nécessairement les mesures les plus difficiles.

06:18Moi je pense évidemment que l'Europe doit réagir.

06:20Je pense d'abord que Donald Trump fait une erreur d'interprétation sur l'économie,

06:24parce que son déficit, en tout cas au niveau de la balance des paiements,

06:27n'est pas si important que ça.

06:28En effet, il a un gros déficit commercial, c'est-à-dire sur les exportations

06:31de biens et de marchandises, choses matérielles.

06:33Si on comprend les services numériques dans tout ça,

06:35et qu'on regarde ce qui s'appelle la balance des paiements

06:37et qui comprend aussi les flux financiers,

06:38le déficit par rapport à l'Europe, il est de 40 ou de 50 milliards.

06:41Ce qui n'est pas énormissime non plus.

06:43En plus, il a envie de se lancer dans une bataille économique contre la Chine.

06:46Donc il ferait mieux de s'entourer d'alliés, et notamment de l'Europe.

06:49Donc je ne comprends pas trop sa réaction par rapport à l'Europe.

06:52On a des moyens de rétorsion, il faut le dire économiquement.

06:55Le CEPI a récemment fait une étude et montre qu'apparemment,

06:59il y aurait 32 produits essentiels que l'Europe exporte vers les États-Unis.

07:03Ça comprend des produits pharmaceutiques, des pièces dans l'industrie,

07:05des choses comme ça, etc.

07:07On pourrait créer un embargo sur ces pièces-là,

07:09parce qu'il y en a beaucoup moins qui viennent des États-Unis vers l'Europe

07:12et dont on a réellement besoin.

07:13Donc on a une force de négociation.

07:15Le problème, c'est qu'en Europe, la compétence commerciale

07:18est une compétence exclusive de l'Union Européenne.

07:20Donc ça se gère au niveau de l'Union Européenne,

07:22à ce qu'on appelle la majorité qualifiée.

07:24Mais c'est tant mieux, Michael, parce que c'est un marché

07:26de 450 millions de consommateurs en Europe.

07:28Si chaque pays européen y allait tout seul,

07:31avec son fusil et ses trois cartouches,

07:33ça ne peserait absolument rien.

07:35Bien sûr.

07:36C'est important.

07:37Mais le problème, c'est que ça va trop lentement

07:39et qu'il faut une majorité qualifiée.

07:40Tous les pays ont des intérêts différents dans l'Union Européenne.

07:42Comme d'habitude, on se retrouve bloqués.

07:44Si vous me permettez, c'est qu'évidemment,

07:46Trump s'est bien gardé de dire qu'en termes de services,

07:49les États-Unis étaient excédentaires,

07:51ce qui fait que la balance des paiements courants

07:53n'est pas si déficitaire que ça.

07:55Et deuxième chose, il y a un déficit commercial

07:58de 300 milliards avec la Chine, quand même,

08:00en faveur de la Chine.

08:02Mais ce qu'il a oublié de dire,

08:03c'est que pendant des années et des années,

08:05les excédents commerciaux chinois

08:07servaient en achetant des bonds du trésor américain

08:10à financer la dette américaine.

08:12Je suis d'accord.

08:13Mais c'est un modèle économique qu'il faut revoir,

08:15y compris en Europe.

08:17Frédéric Guéguin.

08:18Frédéric Guéguin et Frédéric Rouanet.

08:20Est-ce que vous avez-vous déjà anticipé,

08:22en vous disant, bon,

08:24le marché américain risque de baisser,

08:26on va tenter d'aller vers de nouveaux marchés.

08:28Alors, on parlait de la Chine il y a quelques instants,

08:30ça peut être le Japon, ça peut être le Brésil,

08:32ça peut être ce que vous voulez.

08:33Vous en êtes là, vous notamment, dans le Chablis

08:35et dans l'Aude également ?

08:36Frédéric Guéguin pour le Chablis.

08:38Écoutez, nous sommes déjà tournés vers ces marchés

08:40de l'Asie, bien sûr.

08:41On pense à les développer davantage.

08:43Mais encore une fois,

08:44je pense qu'il faut raison garder,

08:46il ne faut pas s'inquiéter,

08:47il faut rester mesuré.

08:49Moi, je partage un peu l'avis d'Éric Reuvel.

08:51Il faut rester, voilà.

08:53D'autant plus qu'on a aussi un différentiel monétaire

08:55qui est plutôt à notre avantage aujourd'hui,

08:57à parité de l'euro-dollar quand même.

08:59Voilà, c'est 1 euro 10, 1 dollar.

09:01Donc, 1 dollar 10, voilà.

09:03Donc, c'est quand même plutôt à notre avantage.

09:05Donc, voilà.

09:07Mais effectivement, d'autres marchés sont à développer.

09:09Et dans l'Aude, pour vous, Frédéric Rouanet,

09:11vous avez attaqué d'autres marchés en se disant,

09:13bon, si les USA baissent,

09:15on va aller remplir le carnet de commandes ailleurs.

09:18Alors, déjà,

09:20pour revenir à tout ce qui s'est dit

09:22entre ma première intervention et maintenant,

09:25pour que les auditeurs comprennent bien,

09:27c'est que quand même, il y a

09:29un peu une viticulture nationale,

09:31voire européenne,

09:32qui est sacrifiée sur l'autel

09:34de discussions politiques

09:36qui nous dépassent complètement.

09:38Après, vous parlez de milliards, de mille milliards.

09:40Moi, je pense au pauvre vigneron

09:42qui est dans ses vignes aujourd'hui,

09:43qui travaille pour faire du vin

09:44et qui essaie, malheureusement, de le vendre comme il peut.

09:46Ça, c'est la première des choses.

09:48La deuxième des choses, c'est qu'il faut savoir

09:50que certains avaient fait des stocks, déjà,

09:52pour les États-Unis, qui les ont fait partir avant

09:54et autres, parce qu'on sentait que ça allait arriver,

09:56cette taxe, dès que Trump a été élu.

09:59Et bien sûr qu'on va aller

10:02chercher des marchés ailleurs.

10:04On va essayer un peu de se débrouiller,

10:06de compenser un peu les volumes

10:08qu'on va perdre sur les États-Unis.

10:10Maintenant, ce que je pense aussi,

10:12c'est que, dans les négociations,

10:14quand les dirigeants haut placés

10:16font ce genre de négociations,

10:18moi, je pense qu'il faut qu'ils aillent aussi vers

10:20des compensations pour aider

10:22les vignerons européens

10:24à survivre à ce genre

10:26de négociations qui nous dépassent,

10:28je le rappelle, totalement.

10:30C'est vrai que ça va être compliqué,

10:32parce qu'entre les problèmes climatiques

10:34que vivent

10:36les viticulteurs et maintenant

10:38ces droits de douane,

10:40est-ce que le gouvernement pourra faire un effort

10:42ou pas, Philippe Giger ou Éric Trebel ?

10:44J'aborde l'intérêt des débats

10:46au vrai voie.

10:48Je ne connaissais pas

10:50ce que vous avez évoqué, Éric,

10:52cette possibilité de riposte

10:54qui n'entraînerait pas

10:56de la part des États-Unis

10:58une réaction

11:00agressive à notre égard.

11:02Est-ce que vous croyez

11:04véritablement que la France est prête

11:06à mettre en œuvre

11:08ces mesures-là ?

11:10D'abord, ça n'implique pas que

11:12Trump n'élèverait pas de nouveau ses droits de douane

11:14si on prenait ces mesures coercitives dont je vous parlais.

11:16Mais oui, la France est prête, puisque le président de la République

11:18vient d'en reparler à l'Élysée

11:20dans son discours devant les différents représentants

11:22des secteurs. Mais,

11:24comme vous l'avez dit, Michael, le problème, c'est que c'est une compétence

11:26européenne et qu'il faut mettre tout le monde

11:28d'accord, que les

11:30intérêts sont totalement divergents,

11:32que l'Allemagne a besoin d'exporter

11:34ses Audi, ses Volkswagen,

11:36son Porsche BMW,

11:38et que les sujets

11:40sont très différents. Voyez, par exemple, l'Irlande,

11:42qui a un taux de fiscalité sur les entreprises

11:44extrêmement bas, extrêmement bas.

11:46Je crois qu'on est à 12% d'IS,

11:48un truc comme ça, c'est extrêmement bas.

11:50Est-ce que vous pensez que l'Irlande va faire un effort

11:52là-dessus ? Non, il n'y a pas de raison,

11:54puisque c'est la raison pour laquelle l'Irlande

11:56dégage des excédents budgétaires,

11:58c'est grâce à son taux de fiscalité.

12:00Il n'y a pas d'unité de la fiscalité en Europe.

12:02Mais l'autre sujet qui peut être

12:04très inquiétant pour le continent européen,

12:06c'est que tout le commerce

12:08asiatique qui va être taxé lourdement,

12:10la Chine c'est plus 37%, où l'Europe

12:12est à plus 20% après les annonces de

12:14Trumpière. En fait, tout ce commerce

12:16asiatique risque de

12:18se relocaliser en

12:20direction de l'Europe. Donc ça veut dire qu'on a peut-être

12:22des secteurs, je ne parle pas du vin messieurs,

12:24mais il y a des secteurs qui vont

12:26peut-être être complètement

12:28solubles, parce qu'ils vont

12:30avoir affaire à une concurrence asiatique

12:32qui va venir envahir le marché européen,

12:34qui va être terrible, parce qu'ils ne pourront plus exporter aux Etats-Unis.

12:36L'Europe, d'ailleurs,

12:38ferait bien de réagir, parce que, pour le coup,

12:40les droits de douane entre les Etats-Unis et la France,

12:42je trouve qu'ils n'ont pas de pertinence,

12:44parce qu'on est face à des marchés qui sont à peu près

12:46similaires. Mais par rapport à la Chine,

12:48quand on s'adresse à des pays qui en effet

12:50font du dumping social et fiscal

12:52et qui produisent à un dollar,

12:54là où on produit à 10 ou 15 dollars,

12:56là on devrait mettre des droits de douane

12:58pour équilibrer un petit peu le jeu. Mais l'Europe

13:00ne le fera pas, parce que c'est par essence

13:02une machine qui ne marche pas, avec une

13:04idéologie libérale, qui ne met que le

13:06consommateur au centre de la chose. Parce qu'il faut dire une chose,

13:08c'est quand on met des droits de douane,

13:10en effet, les prix sont plus élevés.

13:12Donc il faut expliquer aux consommateurs qu'il y a une autre

13:14manière de consommer, qu'il faut peut-être acheter

13:16local, autrement,

13:18qu'on va peut-être acheter des fruits de saison,

13:20plutôt que d'acheter des fruits qui viennent de l'autre bout du monde

13:22et hors de prix. Donc c'est

13:24une reconfiguration économique et humaine.

13:26Frédéric Rouanet,

13:28vous êtes président du syndicat des vignerons de l'Aude.

13:30Vous n'avez pas peur que dans cette

13:32négociation où on vous taxe le bourbon

13:34mais nous on vous taxe les

13:36vins, etc., les agriculteurs

13:38soient encore les perdants, au profit

13:40notamment de l'industrie allemande,

13:42qui, comme le disait Éric Reuvel, ne veut surtout pas

13:44voir ses berlines de luxe taxées, surtout

13:46qu'une bonne partie d'entre elles est fabriquée aux Etats-Unis.

13:50Moi, ma première pensée,

13:52c'est qu'on fait un peu, ça me rappelle

13:54un peu quand on regarde des reportages sur

13:56les guerres et autres, les dirigeants décident

13:58et les populations subissent.

14:00On en est un peu là.

14:02Je rejoins un peu

14:04l'intervention

14:06antérieure.

14:08On est une Europe très faible,

14:10avec des dirigeants qui ont peur de tout.

14:12Avec des dirigeants qui ont peur de tout.

14:14Et du coup,

14:16on n'a pas cherché

14:18à un peu inquiéter Donald Trump

14:20sur d'autres produits.

14:22On n'a pas cherché ça.

14:24Les vignerons, ils vendront moins de vin,

14:26peu importe, c'est pas grave.

14:28Je rejoins sur le fait

14:30qu'on leur dira de mieux consommer.

14:32Oui, mais en attendant, c'est des hectares et des hectares

14:34de vignes qui s'arrachent, des friches

14:36qui gagnent, qui se gagnent,

14:38et des chômeurs

14:40et des RSA qu'on paye tous les mois,

14:42parce qu'on n'a pas aidé

14:44les gens qui étaient déjà en place dans leur métier.

14:46Moi, je suis désolé,

14:48mais nos dirigeants ont montré une défaillance,

14:50encore une fois,

14:53Frédéric Guéguen,

14:55votre approche, Bud Chablis ?

14:57Pardon ?

14:58Votre approche, vous n'avez pas peur d'être sacrifié à nouveau

15:00au profit notamment de l'industrie allemande ?

15:02Frédéric Guéguen, il est plus optimiste, déjà.

15:04Oui, j'ai envie d'être optimiste.

15:06Moi, oui, je suis d'une nature assez optimiste,

15:08mais néanmoins, vous savez, les vins de Chablis sont quand même exportés

15:10à plus de 20% aux Etats-Unis,

15:12donc ça aura forcément un impact.

15:14C'est un gros marché pour nous.

15:16Moi, c'est autour de 12 à 14%, donc bien sûr.

15:18Mais vous voyez, mardi soir, j'ai dîné

15:20avec des importateurs américains

15:22qui, eux, ne sont pas trop inquiets.

15:24Voilà, plutôt au petit vif.

15:26Et encore ce matin, on a expédié des vins pour les Etats-Unis.

15:28Donc, vous voyez, j'ai envie de dire,

15:30on va peut-être passer

15:32un moment

15:34un peu plus difficile,

15:36mais je pense que les consommateurs américains

15:38auront encore envie de consommer des vins français.

15:40Et donc, même s'il y a une petite...

15:42Parce que 20%, ce n'est pas 20%

15:44net sur le prix des vins,

15:46c'est 20% sur le prix d'importation,

15:48ce n'est pas 20% net non plus.

15:50Donc, l'impact est moindre.

15:52Vous voyez, une bouteille de Chablis

15:54vaut autour de 40$ aux Etats-Unis.

15:56Elle va passer autour d'un petit peu plus de 50$.

15:58Voilà, 50-55$.

16:00Donc, ce n'est pas non plus...

16:02Quand vous dites que les importateurs américains

16:04sont optimistes... Oui, non, pardon.

16:06Je voulais vous poser une question, mais c'était un plaisir.

16:08Il y a l'heure, il y a l'heure.

16:10C'était un plaisir, en tout cas.

16:12Et c'était une très bonne question.

16:15Merci beaucoup Frédéric Guéguin, viticulteur, vice-président de la Fédération de défense et de l'appellation de Chablis.

16:22Et merci beaucoup Frédéric Rouanet, président du syndicat des vignerons de l'Aude.

16:26Et bien entendu, vous nous avez derrière vous.

16:28L'antenne vous est ouverte quand vous en avez besoin.

16:30Restez avec nous dans un instant.

16:32Le qui, c'est qui, qui l'a dit.

16:34On va récupérer Mickaël.

16:36Et on va jouer avec nos vrais membres.

16:38Il a un très joli prénom.

16:40C'est vrai.

16:43Sud Radio, votre attention est notre plus belle récompense.

16:47C'est vraiment agréable d'entendre une radio aussi joyeuse.

16:50Même que ce soit 7h du matin et le soir, c'est excellent.

16:53Sud Radio, parlons vrai.

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