Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Jeudi 3 avril 2025 : l'humoriste, acteur et réalisateur Michaël Youn. Il est à l'affiche de la série "Flashback", diffusée sur TF1, dès ce soir.
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00:00Bonjour Mickaël Youn.
00:01Ah ouais, comme ça ?
00:03Bonjour Mickaël Youn.
00:03Bonjour.
00:05Vous êtes cet artiste pluridisciplinaire,
00:07j'ai même envie de dire pluri-indisciplinaire,
00:09tour à tour acteur, rappeur, humoriste,
00:11chanteur, réalisateur, scénariste, producteur, animateur de radio et de télé.
00:15Ce qui définit votre parcours réside finalement en un mot.
00:17C'est Troublion.
00:18C'est le morning live sur M6 qui vous a fait connaître et
00:21permet de montrer toute l'étendue de votre personnalité, vous offrant un
00:24tremplin pour vous lancer dans cette passion qu'est le cinéma,
00:27la buzz, les 11 commandements, Is No Good, Incontrôlable sont des films
00:31qui ont marqué votre vie d'acteur, Fatal, Vive la France, votre casquette
00:34de réalisateur, Fatal Bazooka et le groupe Bratislava Boys, votre carrière
00:38de chanteur.
00:39C'est terrible d'ailleurs ce nom, c'est insupportable.
00:42Les Bratislava Boys ?
00:43Dès qu'on a un peu de culture ou de géographie, on a envie de dire
00:46Bratislava Boys.
00:47Voilà, c'est ça.
00:48Du coup, je ne me suis pas trompée.
00:50Le point commun à tout ça, c'est le jeu.
00:52Vous êtes insatiable dans sa pratique et c'est ce qu'on découvre
00:56dans la série Flashback sur TF1 à partir de ce soir.
00:59C'est une comédie policière qui a reçu d'ailleurs la mention spéciale
01:02du jury du Festival de la Fiction de La Rochelle en 2024.
01:05C'est l'histoire d'Elsa, une agent de la police scientifique de Lyon,
01:09qui va décider de récupérer les scellés
01:13qui correspondent à ce qui avait été saisi lors de la mort
01:17et le décès de son père.
01:18L'assassinat, on peut dire l'assassinat de son père.
01:21Alors, c'est à la fois ancré dans la réalité et en même temps, il y a
01:24un saut temporel très intéressant.
01:27Parce qu'elle a un accident et au lieu de mourir, elle est
01:31happée dans un vortex et projetée
01:3430 ans plus tôt, en 1994.
01:36Ce qui va lui permettre de rencontrer son père et de tenter d'élucider
01:40sa mort pour l'éviter, justement, et pouvoir vivre avec lui.
01:44Il y a un côté très Navarro, finalement, dans cette série.
01:46Assumé complètement.
01:47C'est ce qui vous a plu, ça ?
01:49Évidemment, le fait de se replonger dans cet univers
01:52qui a... J'ai été un peu biberonné avec Belmondo,
01:56avec Delon, avec Navarro, avec ces...
02:00Je suis désolé pour les fans, mais avec ces mauvais polars
02:05fin des années 80, début des années 90, c'est pas qu'ils étaient mauvais,
02:08mais c'était, voilà, c'était assez basique.
02:10Aujourd'hui, on appelle ça de la masculinité toxique et c'était
02:13assez jubilatoire de pouvoir justement me glisser dans la peau
02:17d'un personnage qui est un dinosaure.
02:21Vous êtes le père, en fait.
02:22Je suis le père, je suis le père et je suis misogyne, raciste, homophobe,
02:27sexiste, pas méchant,
02:30mais un peu un peu bas de plafond, quand même.
02:33C'est un tête à tête, cette série entre deux générations,
02:37entre un père et une fille.
02:39C'est assez fort.
02:39C'est en cela, d'ailleurs, que ça prend vraiment une grosse ampleur.
02:46J'imagine que vous pensez à votre père, vous-même, qui a toujours été...
02:51Là, il était prof de maths, il était psychologue.
02:54Il vous a toujours suivi.
02:55Vous avez fait signer un contrat, je me rappelle, assez incroyable.
02:59C'est une belle mémoire.
03:01Où il vous avait obligé à ramasser le pain si vous n'alliez pas chercher le pain.
03:06Et si vous n'alliez pas chercher le pain, il vous interdisait de télévision.
03:09Qu'est-ce qu'il vous a transmis, ce père, Mickaël ?
03:11Le respect.
03:12Alors, pour certains auditeurs, ça peut paraître un peu...
03:16Mickaël Jun qui parle de respect.
03:18Devant les caméras, je suis parfois, comme vous le disiez tout à l'heure,
03:21troublion, fauteur de trouble.
03:23Je suis parfois un peu irrévérencieux, pas toujours...
03:27Pas toujours très respectueux de ce qui se passe.
03:29Mais en dehors, dans la vie, je suis quelqu'un de très poli, très respectueux.
03:33Et mon père m'a appris ça.
03:36Le respect des engagements, le respect de la parole donnée
03:39quand on serre la main à quelqu'un.
03:42Mes parents, ma mère aussi,
03:44mes parents sont des Français à la peinture très fraîche.
03:49Et c'était très important pour eux de bien rentrer dans le moule,
03:54de ne pas dépasser, de ne pas se faire remarquer.
03:58Et j'ai raté ça, concrètement, moi, c'est raté.
04:03Mais dans la vie de tous les jours, je crois qu'ils m'ont appris à être un bon citoyen.
04:08Est-ce que vos grands-parents ont joué un rôle sur le fait, justement, de dédramatiser ?
04:12Parce que ce qu'ils ont vécu était difficile.
04:15Algériens, Italiens, ils ont eu vraiment beaucoup de difficultés
04:18à obtenir cette nationalité française, à se faire respecter, à exister.
04:23Ils n'ont pas eu de difficultés à obtenir la nationalité française.
04:26Mais c'est vrai que leurs grands-parents, effectivement,
04:29c'est ce que vous disiez, pardon, j'ai confondu parents et grands-parents.
04:33Mais oui, mes grands-parents, ça a été compliqué
04:37d'être assimilé et d'être français.
04:40Du côté de ma mère, on se faisait traiter de salarital.
04:43Du côté de mon père, on se faisait traiter de sal juif.
04:47Ça a été, je pense,
04:52assez constitutif pour mes parents.
04:56Et ça leur a demandé un grand amour de la France et un grand respect de la France.
05:02Je me souviens que quand je me suis fait réformer du service militaire, mon père m'a parlé...
05:06T'étais P4, ouais.
05:07Ouais, P4, parce que je voulais pas y aller.
05:08C'était un souhait, c'était un vrai souhait.
05:09C'était de se dire je suis contre les armes, portez les armes.
05:11Je voulais pas y aller et mon père m'a pas parlé pendant six mois
05:15parce qu'il m'a dit tout ce que la France m'a donné.
05:17Et toi, tu pouvais juste la remercier un tout petit peu en allant passer,
05:21je sais plus combien c'était, six mois, huit mois sous les drapeaux.
05:23Et t'as pas voulu. Je suis fâché, Mickaël.
05:27C'est dur, ça, hein ?
05:29Moi, on n'a pas voulu trop longtemps non plus.
05:30Mais aujourd'hui, je comprends.
05:32Je comprends parce que ça prend plus de sens
05:36d'avoir pas que des droits, d'avoir aussi des devoirs.
05:41Votre but, c'est de faire marrer les gens.
05:43Provoquer des émotions.
05:44Oui, et vous êtes capable de tout pour ça.
05:48De moins en moins.
05:49Alors, dis donc, tu t'assagis.
05:51On le voit d'ailleurs dans Flashback, c'est ce rôle de père.
05:54Vous l'endossez à la perfection.
05:56Maintenant, j'ai des enfants, j'en ai des responsabilités.
06:00Puis le truc, c'est que mes enfants commencent à être grands
06:02et ils regardent ce que je fais et ça pose problème.
06:05C'est-à-dire que mon petit de 5 ans a vu les 11 commandements
06:08et qui s'est dit « Ah, on peut faire ça ?
06:10Ah, d'accord, on peut embêter la police.
06:12On peut remplir des maisons de piscine.
06:15On peut faire des concours de vomi.
06:18Non, non, il faut être encadré par des professionnels.
06:21J'ai beaucoup de mal, moi, à la maison, à être une autorité légitime.
06:24C'est très compliqué.
06:27Donc, j'essaie de faire un peu attention.
06:30Mais bon, j'ai toujours cette fibre en moi.
06:32C'est vrai que je ne sais pas.
06:34Je ne pense pas qu'aujourd'hui, je me mettrais debout sur cette table
06:37en string et à brûler dessus avec un mégaphone,
06:41parce que je l'ai déjà fait.
06:42Ce n'est pas parce que je ne veux plus le faire.
06:44C'est parce que je l'ai déjà fait qu'il faut avancer.
06:46On ne va pas refaire tout le temps la même chose.
06:48Le cinéma vous a vraiment ouvert les portes très rapidement.
06:50Ça a fonctionné très vite aussi, avec un vrai public qui vous a suivi.
06:54C'est-à-dire qu'effectivement, ce que vous avez réussi à acquérir avec la télé
06:57a suivi aussi au cinéma, d'abord en tant qu'acteur,
07:01ensuite en tant que réalisateur, avec ce besoin de raconter vos propres histoires.
07:04Le cinéma était le but.
07:05C'est la même chose, d'ailleurs, je pense, chez Djamal.
07:07En fait, je suis un peu un escroc.
07:09Mais ça, beaucoup de gens ont le syndrome de l'escroc dans ce métier.
07:14Ce n'est pas vraiment raconter des histoires.
07:16C'est plutôt être chef d'orchestre, ce qui me motive vraiment dans la réalisation.
07:21Pourquoi je dis escroc ?
07:22Parce que je ne pense pas avoir des choses incroyables à raconter.
07:25Quand je vois surtout
07:28les films que j'aime et les histoires qui se racontent dedans,
07:32je n'ai pas l'impression de faire partie de la même famille que Coppola ou que Jacob Tiard.
07:36Ça, c'est sûr.
07:37Donc, c'est plus la volonté d'être chef d'orchestre, de pouvoir tout maîtriser
07:40et de savoir comment est-ce qu'on fait rigoler avec des images et du son.
07:44Pour terminer, Flashback, c'est l'occasion pour Elsa de retrouver son père,
07:49de le récupérer.
07:50Si vous pouviez changer et remonter le temps, vous changeriez quoi ?
07:55Mon sexe. Pas la taille, le genre.
07:59Si je pouvais, si je pouvais revenir en arrière, je choisirais d'être une femme.
08:04Je viens de passer 50 ans dans la peau d'un homme.
08:07Je n'ai connu que la moitié de ce qu'est l'humanité.
08:09J'aimerais bien être une femme, en fait.
08:11Ça ne veut pas dire que je suis en transition,
08:15mais s'il y avait un truc à refaire plutôt que...
08:18Ou alors peut-être, je ne sais pas, amener la pénicilline au moyen d'âge
08:20histoire que les gens ne meurent pas.
08:21Et encore, ça, je crois que je m'en fous.
08:22C'était loin. Donc être une femme.