Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00Bon, Eugénie Bastier est avec nous sur Europe 1. Bonjour Eugénie.
00:03Bonjour à tous.
00:04Alors, François Bayrou a annoncé avoir changé d'avis sur la proposition de loi
00:07sur l'interdiction du voile dans les compétitions sportives.
00:10Oui, ce sont nos confrères de l'opinion qui ont révélé cette conversation intéressante.
00:14Hier matin, alors que Laurent Wauquiez lui demandait d'inscrire à l'agenda de l'Assemblée
00:18le texte déjà voté au Sénat qui propose d'interdire le voile dans les compétitions sportives,
00:23le Premier ministre s'est montré réticent.
00:26Il ne faut pas stigmatiser nos 9 millions de compatriotes musulmans, a-t-il argumenté ?
00:31Alors, on pourrait lui répondre que le voile est une prescription islamiste
00:35et que seul un quart des femmes musulmanes le portent,
00:38même si ce chiffre, c'est vrai, est en constante augmentation, notamment chez la jeunesse.
00:42François Bayrou a également déclaré que ce n'était pas le moment de faire ce genre de débat qui clive.
00:48On lui répondra que ce n'est jamais le bon moment
00:50et que s'il a tant peur de cliver, on pourrait lui suggérer de supprimer de l'ordre du jour
00:54le texte de loi sur la fin de vie, qui est là aussi un débat clivant et inflammable.
00:58Pourtant, François Bayrou s'était dit favorable à la loi interdisant le voile dans les compétitions sportives
01:03il y a à peine un mois.
01:04Oui, le Premier ministre a d'ailleurs tenu à clarifier sa position sur X.
01:07Il a dit l'objet de la proposition de loi du Sénat qui sera inscrite à l'Assemblée nationale
01:11n'est pas l'interdiction du voile dans le sport,
01:14mais l'interdiction dans les compétitions officielles, c'est cela qui a mon accord.
01:18La distinction est subtile, reste qu'il n'a pas donné de date pour mettre cette loi à l'agenda,
01:23on le sent effectivement frileux.
01:25Le flot actuel des positions de Bayrou sur le voile n'est pas nouveau.
01:28Ses errements datent des années 90.
01:31Souvenez-vous, après l'affaire des voiles de Crel, Lionel Jospin avait refusé de trancher,
01:35envoyant la décision au juge, encore eux, du Conseil d'État.
01:39François Bayrou, qui lui avait succédé en tant que ministre de l'Éducation nationale,
01:43avait refusé d'en passer par une loi, préférant s'en remettre à une circulaire
01:47qui donnait des consignes de prudence et de discrétion au chef d'établissement.
01:51En 2004, il s'était abstenu lors du vote de la loi interdisant les signes religieux à l'école,
01:57car il estimait qu'il fallait plutôt apaiser le climat.
02:01En 2007, Bayrou avait su draguer et séduire une partie de la communauté musulmane hostile à Nicolas Sarkozy.
02:07A l'époque, il avait donné une interview au site ouma.com.
02:11Il s'y disait révulsé par l'islamophobie et favorable aux droits de vote des étrangers aux élections locales.
02:18Ce n'est pas pour rien que Michel Houellebecq l'avait choisi comme premier ministre de fiction
02:22du président musulman Ben Abbes dans son roman Soumission.
02:26Et quelle est la conviction profonde de François Bayrou, pensez-vous, au sujet de l'islam et des musulmans ?
02:30C'est difficile à dire, sans doute celle d'un démocrate chrétien au logiciel un peu périmé.
02:35Le maire de Pau voit dans les musulmans les nouveaux protestants,
02:39et se voudrait, tel Henri IV, le réconciliateur des français afin d'éviter une nouvelle guerre civile.
02:44Il y a tout juste 20 ans, il avait été un des premiers, avec Jean-Luc Mélenchon,
02:48à protester contre la mise en berne des drapeaux français pour la mort du pape Jean-Paul II.
02:52Il s'était opposé à la mention des racines chrétiennes de l'Europe dans la constitution européenne.
02:58Il y a chez lui un mélange entre la laïcité ratsoc,
03:02la culpabilité catholique envers sa propre histoire,
03:05et une grande naïveté face à l'islam conquérant.
03:08On peut être d'accord sur une chose, ce n'est pas une loi sur le voie de l'ansport
03:12qui stoppera l'islamisation de la France, qui est avant tout une question démographique.
03:16Mais ce n'est pas en cédant aux islamistes qu'on reculera la guerre civile.